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Deux balles pour "suicider" Pierre Bérégovoy, c'est beaucoup...

Démarré par JacquesL, 07 Avril 2010, 10:36:57 PM

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JacquesL

Deux balles pour "suicider" Pierre Bérégovoy, c'est beaucoup...

Déjà diffusé par Planète le 27 mars et le 6 avril, sera rediffusé dans la nuit du 14 au 15 avril :

CiterLa double mort de Pierre Bérégovoy

Samedi 1er mai 1993. Un mois après avoir cédé sa place de Premier ministre à Edouard Balladur à la suite de la défaite de la gauche aux législatives, Pierre Bérégovoy meurt d'une balle dans la tête. L'enquête conclut rapidement au suicide. Pourtant, des zones d'ombre subsistent. Ainsi, les témoignages sont toujours restés confus et contradictoires, aucune expertise balistique n'a été effectuée, la famille n'a jamais eu accès au rapport d'autopsie. Sensible à cette affaire depuis 2001, Francis Gillery a interrogé témoins et protagonistes, mettant en lumière les faits eux-mêmes, échafaudant également quelques hypothèses qui tiennent compte du contexte de l'époque, plutôt chahuté. Pierre Bérégovoy, ministre des Finances de François Mitterrand, était-il devenu gênant ?

C'est ma compagne qui l'a vu et me l'a signalé, j'enregistrerai à la prochaine diffusion.

Deux balles, dont l'une a éclaté tout l'occiput.
La volonté de ne pas l'hospitaliser à Nevers, où insuffisamment de complicités étaient réunies. Amené à train d'escargot à Paris, au Val de Grâce. Scanner disparu dès le lendemain, autopsie gardée secrète, les projectiles invisibles et le laboratoire de la police scientifique prié d'aller se faire voir ailleurs...

La loi qu'il avait fait passer, contre la corruption, n'a jamais été applicable faute de financement des moyens policiers et judiciaires.
L'impression qui se dégageait de l'enquête selon m'Amie, est que Bérégovoy a été exécuté par la grande corruption, sous la couverture du ministre de la police de l'époque, que vous retrouverez facilement aux archives (vous savez bien, le vendeur de pastis...) : Pierre Bérégovoy en savait vraiment trop.

Dans le mois qui a précédé son exécution, les cambriolages ont été multipliés autour de lui, avec la même facture par la même équipe : à l'Assemblée Nationale, chez son notaire...
On cherchait à récupérer des documents... Comme ministre des finances, Bérégovoy avait été obligé de couvrir quantités de coups financiers tordus, qu'il ne supportait plus. Il savait trop de choses pour que la grande corruption le supporte encore vivant.

Vidéos :
http://www.dailymotion.com/video/x5b5ss_la-double-mort-de-pierre-beregovoy
http://www.dailymotion.com/video/x5b6y2_la-double-mort-de-pierre-beregovoy
http://www.dailymotion.com/video/x5b7gw_la-double-mort-de-pierre-beregovoy
http://www.dailymotion.com/video/x5b7z4_la-double-mort-de-pierre-beregovoy
http://www.dailymotion.com/video/x5b8fh_la-double-mort-de-pierre-beregovoy
Un témoin s'est manifesté longtemps après : il a vu deux "militaires" en costume, qui l'ont prié de dégager après les deux coups de feu, et la Renault 25 de la version officielle n'y était pas encore. Le commando de tueurs comprenait aussi une femme âgée et distinguée avec petit chien, qui proclamait "J'ai tout vu !" - et qui est évidemment absente elle aussi de la version officielle.

Le chauffeur et le garde du corps, aux ordres mais limités, ont produit toutes sortes de fantasmagories ahurissantes, qu'il a fallu biffer de la version officielle, genre "il a tenté de se jeter par la fenêtre du palais ducal", etc.
...

En clair, que ce soit sous François Mitterrand, ou sous la droite, la grande corruption n'a jamais cessé de diriger discrètement la France.

JacquesL

Discours d'investiture, avril 1992 :
"La France souffre du règne de l'argent fou, comme si tout s'achetait, pourvu qu'on y mette le prix.
Chômage, insécurité, corruption, voilà les trois fléaux qui démoralisent la société française.
J'entends vider l'abcès de la corruption.
Toutes les procédures seront conduites à leur terme. S'il est des dossiers qui traînent, croyez-moi sur tous les bancs de cette assemblée, ils ne traîneront plus.
Croyez-vous, que je prendrais la responsabilité de tels propos, devant la représentation nationale, que je respecte, et devant l'opinion publique, si je n'avais pas l'intention de prendre tous les engagements que je prends devant vous, alors je vous demande, les yeux dans les yeux, de m'entendre.
J'ai ici une liste de personnalités dont je pourrais éventuellement vous parler.
...
" (la droite s'agite et crie sur les bancs)

Or dans l'éventualité d'être interrogé par le juge, Bérégovoy était visiblement prêt à parler, pas seulement de Patrice Pelat, pas seulement d'Urba, mais aussi d'affaires bien plus gênantes, notamment pour François Mitterrand, comme celle des frégates de Taïwan.
Les six frégates qui valaient au départ onze milliards, au moment du contrat signé sous Edith Cresson en 1991, finit à seize milliards. La différence est en commissions (à Taïwan et à des militaires de RPC) et rétrocommissions qui retournent en France. Neuf morts dans cette affaire, par meurtres.
Livre : Taïwan connection ; scandales et meurtres au coeur de la république.

Plus grave encore pour Mitterrand, Bérégovoy va lever le Secret-Défense et autoriser l'enquête sur le scandale des écoutes téléphoniques de la cellule de l'Elysée.
Et il met en place le Service Central de Prévention de la Corruption, loi du 25 janvier 1993. Obligation aux entreprises de déclarer ce qu'elles donnent, et à qui elles le donnent. Le Sénat refuse de voter la loi : le Sénat est à droite... Bernard Challe, Conseiller honoraire à la Cour de Cassation, témoigne que Pierre Bérégovoy a été le seul homme politique à avoir une réelle volonté de lutter contre la corruption et le trafic d'influences. Bérégovoy a été le premier, et le dernier.

De la déroute électorale du PS (qui perd 200 sièges) et de la gauche les 21 et 28 mars 1993, le rescapé le plus illustre est Pierre Bérégovoy, confortablement réélu. Ce qui aggrave la jalousie et la haine à l'intérieur du pouvoir et du PS contre lui.
Après mars 1993, ce Service Central de Prévention de la Corruption n'a jamais eu les moyens de sa mission, n'a pas eu les trois magistrats qui devaient lui être affectés, le Conseil Constitutionnel lui a retiré ses moyens d'investigation, et il s'est réduit à une cellule d'experts, sans moyens d'investigation.

C'est la stagiaire du Journal du Centre à Nevers qui la première a écrit la version du suicide, diffusée à 19 h par Reuters puis l'AFP, et qui est restée la version officielle, sans avoir rien pu voir elle-même, renseignée par la Préfecture et les gendarmes locaux, qui n'avaient pas vu grand chose.

Les nivernais sont gens timides et réservés, voyaient que ça ne collait pas, et s'en tenaient là.

En fait, suffisamment de moyens avaient été mis en oeuvre pour isoler Bérégovoy, pour qu'il soit ensuite facile de bâtir la rumeur d'état dépressif.

Dominique Labarrière, auteur de "Cet homme a été assassiné" : Le coup de la dépression, c'est une thèse parisienne, qu'on nous a soutenue dès le premier jour, or on va découvrir par la suite nombre de faits qui ne collent pas avec cette thèse.

C'est le Parisien du 28 novembre 2002 qui révèle qu'il existait une enquête secrète menée par les Renseignements Généraux, menée plus de sept ans après la mort du premier ministre, soit en 2001, et qui répondait aux préoccupations préélectorales du clan Chirac contre la crainte de la candidature Jospin. On espérait sans doute pouvoir distiller entre le premier et le second tour de scrutin, des révélations gênantes pour le Parti Socialiste.
A la tête de cette enquête, Yves Bertrand, directeur des RG, très excité par l'affaire Bérégovoy, et son homme de confiance le commandant Rouch. Témoignage par Hubert Marty Vrayance, Directeur des RG de la Nièvre de 1988 à 1992, qui a été chargé d'exécuter cette enquête : "ils ont déjà des éléments très précis, ils me parlent d'une équipe, d'un commando, de personnes qui étaient chargées de suivre de près l'ancien premier ministre, et qui étaient chargées très certainement de récupérer des documents très précieux, très compromettants, que Bérégovoy avait en sa possession. J'avais l'avantage d'habiter toujours la Nièvre, où j'avais alors une maison. J'avais des contacts, il m'était facile de rencontrer des gens, de vérifier, recueillir des témoignages, presque tout au long de l'année 2001.
Et alors le personnage Bérégovoy n'est pas du tout le fou dépressif qu'on a pu raconter. C'est au contraire un homme qui se tient en réserve de la République. Comme tous les autres premiers ministres de la 5e République, il avait des visées autres sur sa prochaine candidature à la présidence. Ce qui m'a permis d'aboutir à la certitude de l'assassinat, c'est l'étonnante suite de cambriolages que je vais découvrir au long de mon enquête, tous autour de la personne de Bérégovoy, et l'année qui précède sa mort :
On avait cassé la maison de campagne de Bérégovoy en Normandie, été 92
puis l'attaché de presse de Matignon, Alain Maligorne, janvier 93,
puis le coffre-fort de l'Assemblée Nationale, où les ministres socialistes avaient déposé leurs déclarations de patrimoine en 88, mais surtout ce qu'on recherchait, c'était celle de Pierre Bérégovoy, et voir si dans son coffre, il n'avait pas mis dans son coffre des documents compromettants,
en avril 1993, c'est le notaire de Pierre Bérégovoy qui est cambriolé, la nuit du 15 au 16 avril,
et alors je suis allé au commissariat de Nevers, voir l'album photos de l'Identité judiciaire, et je constate que c'est la même équipe qui m'a cambriolé un an avant, qui fait la même mise en scène, qui a la même méthode pour casser les portes, renverser les affaires, la même méthode de fouille et d'intimidation...
Le notaire décrit un homme terrorisé et traqué, qui lui a dit "Tout ça c'est à cause de moi, j'ai couvert de nombreuses affaires quand j'étais ministre des finances, je ne me suis pas enrichi moi-même, je sais beaucoup de choses, j'ai couvert d'énormes détournements qui compromettent tout le monde, et c'est pour cela qu'on me cherche".


Avant sa mort, Pierre Bérégovoy aura vécu un mois d'avril oppressant, où il se sait en danger de mort.
Une semaine avant son décès, il prendra par exemple la précaution de remettre une enveloppe à sa secrétaire, avant de se rendre à un rendez-vous. En quittant son bureau de l'Assemblée Nationale, boulevard Saint-Germain, il lui a dit : "Si je ne suis pas de retour dans un quart d'heure, postez ce courrier", adressé à sa femme. De retour sain et sauf dix minutes plus tard, il a repris cette mystérieuse enveloppe, qui n'est jamais réapparue.

JacquesL

Suite de la transcription de la vidéo.

Qui a donné l'ordre aux gendarmes de Nevers de ne rien enquêter sur cet homicide ?

Suite du témoignage de Hubert Marty Vrayance.

"Nous avons donc depuis un an, une équipe qui suit le premier ministre pas à pas, qui cherche à récupérer des documents qu'il a, et je pense que c'est ces documents qu'il devait remettre à un inconnu au bord du canal latéral de la Loire où il a été abattu, le 1er mai 1993.
"
Les gendarmes sont des militaires, corps créé par Charles VII, et ils sont notamment privés de tout droit syndical.

"Je voudrais revenir sur l'enquête.
Parce que mettons nous à la place des enquêteurs des gendarmes, qui doivent enquêter sur un homicide, dont toutes les autorités de l'Etat, dès le début, nous ont dit que c'était un suicide. Voit-on les gendarmes de la brigade de Nevers, section en charge de Bourges, aller contre une thèse officielle ? Le lundi ou le mardi suivant la mort de Pierre Bérégovoy, alors que tout le monde s'apprêtait à suivre les obsèques nationales qu'on va lui faire, remettre en cause cette thèse officielle ?
Moi j'ai discuté à cette époque avec un officier de gendarmerie de valeur, qui veut garder l'anonymat, qui a participé à l'enquête, qui m'a dit "On n'a rien pu faire. C'est une affaire d'état. On a fait une enquête de circonstance, pour dire qu'on avait fait une enquête. Mais on n'a rien. Le rapport d'autopsie, on l'a quasiment pas vu. La famille ne l'a jamais vu. Les tests de paraffine, on n'a rien pu faire. Vérification avec l'arme, on ne sait rien. On a un garde du corps qui est aux ordres. Aux ordres !  Aux ordres, et qui ne peut pas parler, qui ne peut rien dire, qui est visiblement terrorisé. Donc enquête ? Rideau ! C'est une affaire d'état, et on ne peut pas creuser.
"

Pierre Bérégovoy quitte Paris le 30 avril 1993 dans la matinée, il arrive pour un séjour de trois jours à Nevers.
Son chauffeur Jean-François Ragounoux et son garde du corps Sylvain Lespor le prennent sous leur protection à la sortie du train. Le lendemain 1er mai, il reçoit traditionnellement les syndicats au palais ducal. La journée s'annonce calme, et Pierre Bérégovoy particulièrement disponible.
Docteur Jean Nicot, adjoint de Pierre Bérégovoy :
"Oh moi je l'ai quitté à midi après le vin d'honneur qui était traditionnel après le petit discours, et qu'on ait salué les syndicalistes, je suis rentré à la maison, tranquillement. Rien n'était prévisible."

Claude Biancalana, inspecteur principal des R.G. de la Nièvre :
"J'étais donc en service dans le cadre de mes fonctions professionnelles aux Renseignements généraux de Nevers, et j'étais à l'extérieur au moment de la sortie de M. le premier ministre, puisqu'il avait toujours ce titre, et il est venu à ma rencontre, me présentant son officier de sécurité, et il m'a dit "Je vous le confie, afin que vous le formiez". Il était clair qu'il souhaitait que je le fasse profiter de mon expérience professionnelle quelqu'un qui allait s'installer à Nevers, et devenir localement l'officier de sécurité de l'ancien premier ministre. Cette démarche, je l'ai perçue comme la démarche de quelqu'un qui s'inscrivait dans le futur, dans l'avenir immédiat. C'était clairement ça, pas de problème. Je pense qu'il avait une attitude toute à fait normale, voire même détendue à ce moment là."

Après le déjeuner en famille chez sa soeur, toujours accompagné de son garde du corps et de son chauffeur, Pierre Bérégovoy se fait conduire vers 15 h 45 au parc Roger Salengro, où se déroule la traditionnelle course cycliste du 1er mai. L'ancien premier ministre se mettre dès lors, et pour les trois heures qui lui restent à vivre, en quête de son chef de cabiner, Didier Poulot. Bien que le futur maire de Nevers assure s'être trouvé à cette manifestation, les deux hommes ne s'y croiseront pas. Puis, peu après seize heures, Pierre Bérégovoy se fait déposer au pied de son appartement rue Saint-Martin A partir de ce moment, le récit officiel des événements ne tiendra plus qu'aux seules déclarations concertées de ce chauffeur et du garde du corps.  Et leur version des faits cousue d'invraisemblances jettera le doute. Certaines de leurs déclarations apparaîtront même complètement fantaisistes. Un peu plus tard dans l'après midi, les deux hommes prétendront avoir attendu Pierre Bérégovoy à sa demande au pied du palais ducal, pour l'avoir soudain aperçu, tentant de se jeter par la fenêtre d'une de ces tours.

La caméra montre des fenêtres à vitraux, qui ne peuvent s'ouvrir...

Cet épisode grotesque sera repris par quelques média. Après la fable de la tour, ce sera le roman de la gare. Le maire de Nevers s'y serait fait conduire peu avant de se rendre à une compétition de canoë-kayak, et aurait cherché à se jeter sous un train qui n'est jamais passé. Cette deuxième tentative de suicide imaginaire n'a été confirmée par personne. Pierre Bérégovoy s'était en revanche bien rendu au palais ducal, pour se faire curieusement ouvrir le bureau d'apparat. un bureau où il ne conservait aucun dossier, comme le confirme le gardien de l'époque Pierre Carlin, qui témoigne avoir ensuite vu l'ancien premier ministre repartir seul.

Le point commun entre les différents lieux de Nevers visités par le maire cet après-midi fatal, c'est le téléphone.

Hubert Marty Vrayance reprend la parole :
"Il est revenu, une demi-heure trois quart d'heure dans ce restaurant (rue du 14 juillet) prendre un thé, et je crois que cette fois aussi, il dû passer un ou deux coups de téléphone depuis ce restaurant. Le dernier mois de sa vie, il n'était pas très sûr de ses liaisons téléphoniques, il était persuadé d'être sous écoute, d'être surveillé en permanence, donc il venait passer des coups de fil privés chez le restaurateur. Le restaurateur m'a expliqué qu'à plusieurs reprises Pierre Bérégovoy a eu des conversations très animées avec certaines autorités, certains ministres, certains membres du Parti Socialiste éminents, et que les conversations étaient souvent très tendues, et que visiblement il y avait un contentieux sur une affaire particulière entre lui et des responsables. Et donc souvent à la fin des conversations il m'expliquait que Pierre Bérégovoy avait l'air soucieux et très inquiet."

Puis ce sera le moment du dernier rendez-vous connu, la remise des coupes d'une compétition de canoë-kayak, qui se déroule au camping municipal, sur les bords de Loire. Pierre Bérégovoy arrive vers 17 h 30 en compagnie de ses deux protecteurs. La balle mortelle le frappera dans environ trois quarts d'heure.

Pierre Mignard, le président du club, a été la dernière personne à le voir, en dehors de son garde du corps, et de son chauffeur.
"
- Nous avons bu le pot de l'amitié. Et après, il a sauté serrer la main du nouveau gérant du camping, le jeune homme de là bas, et puis je l'ai rejoint près de sa voiture, et nous avons discuté.
- Et il est parti à quelle heure ?
- Vers les 18 h 10, 18 h 15.
"

Le procureur Dominique Lebras, qui a obéi et qui a enterré l'affaire :
"Ils sont sur le camping, la cérémonie a eu lieu, il a participé à la remise des coupes, et à ce moment là, il dit à son ch.. à son garde du corps de rester au terrain de camping, il demande à son chauffeur de le conduire sur les bords de la Loire, en disant "On reviendra tout à l'heure" et donc le garde du corps reste là, lui il part avec le chauffeur, Arrivé au lieu dit le peuplier Seul ou Solitaire, il demande à son chauffeur de le laisser seul dans le véhicule pour qu'il puisse téléphoner, question de confidentialité, et il passe donc deux appels téléphoniques dont l'heure et la durée exactes, j'ai noté ici que c'était à 17 h 48 un premier appel téléphonique et un second  appel à 17 h 53. Et ces appels sont très courts, hein, voyez j'avais là le premier 32 secondes et le second 36 secondes. Bon, on le sait aujourd'hui, le dernier appel passé l'a été à une femme qui n'était pas l'épouse, mais ça a duré 36 secondes comme je l'ai dit. Bon, c'est quand même quelque chose d'un peu délicat, ça touche à l'intimité heu, d'un homme, d'un couple etc. Bon, est-ce à nous de, de fff, bon !
- Et l'autre appel, c'est une femme aussi ?
- Non, non, l'autre appel, c'est je crois vers la mairie. Non non, l'autre appel c'est vers la mairie.
 
"

Le procureur de la république nous révélant pour la première fois l'heure exacte des deux derniers appels téléphoniques passés par Pierre Bérégovoy, l'un chez son chef de cabinet Didier Boulaud, l'autre à Paris, contredit définitivement la version officielle. L'heure exacte nous apprend que ces appels n'ont pas pu être passés depuis le peuplier Seul, où l'ancien premier ministre ne s'est, de toute évidence, jamais rendu, mais bien depuis le camping. Arrivé vers 17 h 30 au Canoë-Kayak Club Nivernais, Pierre Bérégovoy ne pouvait en être reparti dix minutes plus tard. Ainsi, lorsqu'il passe les deux derniers appels téléphoniques de 17 h 48 et 17 h 53, il se trouve toujours bien au camping.

Delphine Byrka, grand reporter à Paris Match :
"Les témoins au club, les derniers qui l'ont vu vivant, se souviennent que les portes de la voiture étaient ouvertes, avec utilisation du téléphone, et qu'il fonctionnait parfaitement."

Qui a eu l'idée du détour par le Peuplier Seul ? Cette version que répéteront le chauffeur et le garde du corps, sert en fait à combler le trou d'un quart d'heure dans l'emploi du temps qui induit au "suicide". Mais cette construction est surtout indispensable pour expliquer que Pierre Bérégovoy à l'abri des regards, y aurait subtilisé le revolver 357 Magnum du garde du corps,  prétendument oublié dans la boîte à gants. En sortant du camping, la Renault 25 de l'ex-premier ministre ne s'est pas dirigée vers le canal, mais vers le pont de Loire, comme l'avait confirmé le soir même le gardien du camping, mort depuis, "suicidé" de DEUX balles de fusil dans le ventre.


Delphine Byrka, grand reporter à Paris Match :
"Le premier mai, je reçois un coup de fil de la rédaction me demandant de partir avec un grand reporter Alain Bizot, immédiatement à Nevers, parce que on nous annonce que Pierre Bérégovoy s'est suicidé. Nous arrivons le soir même à Nevers, Je passe surtout beaucoup de temps avec les gens du canoë-kayak, j'essaie de retrouver les dernières personnes qui lui ont parlé. Alors il y a le fameux gardien du camping qui m'explique à quelle heure exactement est sortie la voiture, et lui me donne une direction de sortie de la voiture, opposée à celle qui sera la version officielle, dans le descriptif du parcours de la voiture après le cérémonie de remise de médailles au club de canoë-kayak.

Alors ce qui est amusant, c'est que je vais le voir le lendemain matin très tôt, il refuse de me parler en m'expliquant que la police était passée, et qu'il ne pouvait plus rien me dire, et qu'il s'était forcément trompé sur ce qu'il avait dit, même s'il avait été très catégorique la veille. Et voilà, aujourd'hui, il ne voulait absolument plus parler.
"

JacquesL

La suite du scénario laisse entendre qu'il n'y aurait eu aucun passant, donc aucun témoin aux alentours du Canal de la Jonction, pourtant très fréquenté le week-end, lorsque le chauffeur dépose Pierre Bérégovoy. Personne non plus durant le quart d'heure qui va suivre.

Le procureur Dominique Lebras, toujours aux ordres :
"Arrivé à ce pont là, il demande à son chauffeur de le laisser là, et il descend du véhicule pour aller se promener le long du canal, où il avait parait-il l'habitude d'aller se promener. Et il dit "Vous allez jusqu'au terrain de camping, vous récupérez le garde du corps et vous revenez me chercher." Voilà. "

Mais Pierre Bérégovoy agonisant ne sera pas retrouvé sur la berge de du canal où comme tous les niversois, il avait l'habitude de se promener, il gisait au creux du fossé du chemin de contre-halage, sur l'autre rive, abandonnée à l'époque aux friches et aux broussailles.

Le procureur Dominique Lebras :
"Il a demandé à son chauffeur de le laisser là, et d'aller chercher Hibon. Sans doute avait-il déjà, ou plutôt avait-il déjà le projet de se suicider...
En fait, il devait avoir l'arme contre lui, dans sa veste, et il devait se serrer les bras le long, contre le corps pour éviter que l'arme ne tombe.
Et c'est quand le chauffeur est allé prendre le garde du corps au terrain de camping, c'est pas très loin et là machinalement le garde du corps ouvre la boîte à gants, où il laissait l'arme, et l'arme n'y était plus, et il a tout de suite songé que quelque chose de grave pouvait se produire.
Arrivant sue le pont là, il y a un petit pont etc. et ils sont aussitôt partis sur le chemin de halage, et c'est là, ils ne le voyaient pas, ils étaient effrayés, ils sentaient que quelque chose d'anormal s'était passé, ils ne le voyaient pas. Et c'est en roulant qu'à ce moment là ils l'ont aperçu à l'instant, après sur les bords.
Voyez-vous, moi je...
" (geste d'impuissance)

La caméra montre une voiture qui manoeuvre pour s'engager sur le chemin de contre-halage.

Comment le chauffeur et le garde du corps ont-ils pu s'arrêter à l'endroit exact où l'on retrouvera Pierre Bérégovoy, sans connaître l'emplacement à l'avance ?
L'ancien premier ministre était invisible, reposait dans un fossé recouvert d'herbes hautes...
Il faudra le témoignage d'une infirmière longtemps ignorée par la police, pour confirmer cette arrivée fulgurante et cet arrêt si impossible de précision.
Seul le journaliste Jean Ker réussira en 1997 à rencontrer cette femme très discrète.

Jean Ker, journaliste d'investigation à Paris Match.
"Evidemment, comme tout reporter, je voulais tout avoir tout de suite, comme ça. Je pensais que cette femme allait me dire comme ça un coup de téléphone, je vous attends... Elle a protégé son anonymat. Elle m'a dit "oui c'est exact, on était à l'écluse, vers 18 h on est revenus. A un moment, on a vu une voiture noire soudain, qui a traversé le pont à toute vitesse, qui est venue ici sur la rive, qui a longé une petit peu la rive, et qui s'est arrêtée près d'un bosquet. On a été surpris, et nous en même temps, on continuait d'avancer vers le pont, et on a vu que deux hommes, qui avaient l'air affolés, qui se penchaient dans le bosquet, qui rentraient dans la voiture, etc. qui bougeaient, ils avaient l'air affolés complètement. Qu'est-ce qui s'est passé ? Hé bien on continuait à marcher, on est arrivés à leur hauteur. Ils nous interpelés en nous disant "Vous pouvez prévenir les secours, monsieur (elle n'avait pas entendu le nom, il y avait de l'écho, il y avait du bruit) s'est tiré une balle dans la tête. Heu, le portable ne passe pas ici."
"

Le procureur Dominique Lebras :
"Oui, c'est le chauffeur ou le garde du corps, qui depuis la voiture, qui a un téléphone à bord, qui a appelé le numéro 17. Il était 18 h 10.
"

On aura remarqué l'incohérence d'heure, avec le témoignage du président du Club Nivernais de Canoë et Kayak.

Jean Ker, journaliste d'investigation à Paris Match.
"Elle, elle continue à partir assez vite, elle arrive sur le bord du canal, elle voit la voiture noire, elle s'approche, et elle voit un homme qui est complètement prostré, et lui dit :
"Il s'est tiré une balle dans la tête avec mon arme de service".
Première parole qu'elle entend.
"

Roger-Georges Querry, ancien directeur du service de protection des hautes personnalités.
"Un policier ne doit pas perdre de vue son arme. C'est une erreur gravissime.
"

Le procureur Dominique Lebras :
"Moi, ça ne me paraît pas stupide. Si vous voulez prendre rapidement quelque chose, une arme, et qu'elle est devant vous, quand vous indicez c'est dangereux, vous laissez la boîte ouverte, l'arme est prête à être saisie. Hein, alors que si elle est sur vous, vous allez avoir bien plus de difficultés à la sortir.
Et puis bon, heu...
"

Roger-Georges Querry, ancien directeur du service de protection des hautes personnalités.
"Son arme doit être en permanence à la ceinture de l'officier de sécurité. A la ceinture ou sous son aisselle, peu importe, mais portée par le policier. Et elle ne doit en aucun cas traîner où que ce soit, et y compris dans la boîte à gants du véhicule. J'avais effectivement fait un rappel en ce sens, dès le mois de mars 93.
Bien évidemment, je n'ai jamais eu accès à l'enquête judiciaire, et je n'ai même pas vu non plus l'enquête administrative qui remonte directement au ministre de l'Intérieur.
"

Hubert Marty Vrayance.
"On aurait pu penser que le ministre le l'intérieur, M. Charles Pasqua, tente à un moment ou un autre, d'exploiter plus ou moins l'affaire. Or là, ce qui est très étonnant, c'est qu'on observe plus qu'une complicité, je dirais une immense connivence. Et je voudrais mettre cette connivence en relation avec une rencontre fortuite que j'ai eu moi, avec madame Bérégovoy, un soir d'août 94. Et elle m'a dit, vous savez, je me pose beaucoup de questions, notamment sur l'attitude de Charles Pasqua, dans cette affaire. Elle m'a dit "Comment ça se fait qu'il a insisté pour que on écrive une lettre qu'on ne demandera pas de sanction vis à vis du garde du corps." Très étonnant, très étonnant...  

Roger-Georges Querry :
"J'ai le souvenir que la famille de Pierre Bérégovoy avait demandé à ce que ce policier ne soit pas sanctionné. Mais il a été ensuite muté. Il a bien évidemment quitté le service. Il est parti, on l'a éloigné, quoi."

Jean Ker, journaliste :
"Et le garde du corps lui dit : "Ne le bougez pas madame, on va attendre les secours".
Et elle "Oui, mais je vais faire les premiers soins".
Elle s'agenouille près de lui. Qu'est-ce qu'elle voit, elle me dit : "Je vois pour la première fois Bérégovoy, je l'avais déjà vu comme ça à la télévision, je ne le connaissais pas. Il était sur le dos, .. je ne voyais pas grand chose car son visage était du côté des broussailles, et l'arme était posé à côté de lui."
Et puis c'était sombre, c'était broussaillé autour, c'était pas dégagé comme maintenant. Puisque de la rive on voyait un trou sombre, alors ça faisait un bosquet. Ça faisait un bosquet, carrément un bosquet, tout fermé comme ça !
il était sur le dos, il avait les bras le long du corps. Ça c'était un détail important. Elle m'a dit : "il avait les bras le long du corps, le visage légèrement tourné". Donc moi quand elle m'a dit qu'il avait le visage tourné et qu'elle avait du mal à voir les blessures, je lui ai demandé s'il avait plusieurs blessures, qu'est ce qu'il avait, elle m'a dit : "je ne veux pas vous répondre. Secret professionnel."
"

L'infirmière s'était bien gardée d'en dire plus sur ce qu'elle avait vu. Elle savait que la version officielle posait un vrai problème, en parlant d'une balle qui aurait traversé la tête de droite à gauche. L'emplacement réel du trou d'entrée de la balle est devenu un secret d'état, comme en témoigne ce bref échange téléphonique avec le responsable du SAMU.

- Quand vous avez récupéré Monsieur Bérégovoy, où se trouvait l'impact de balle ?
Docteur Alain Chantegret, 30 janvier 2008.
"- Alors ça je ne m'en souviens plus. Et je ne vous le dirai pas, parce que j'ai pas à le dire.
- Mais pourquoi c'est un secret, s'il s'est suicidé ?
- Ecoutez monsieur, j'ai le droit de faire ce que je veux. Et je vous dis non. Alors ne venez même pas demain, c'est terminé. Au revoir !
"
Biip ! Biip ! Biip !

Procureur Dominique Lebras :
"De ma mémoire, moi... Heu, la balle a traversé, il y avait une entrée et une sortie. Je crois que c'est à peu près comme ça, là, c'est légèrement, heu, à droite et puis heu, légèrement ascendante.
-
- De l'autre côté, oui, par là.
Il désigne l'autre tempe.
"


Ici  j'interromps la retranscription de la vidéo, pour observer qu'une telle trajectoire de balle, toute propre, telle que fantasmée par le procureur Lebras, n'aurait pu en aucun cas tuer Pierre Bérégovoy, elle aurait seulement endommagé le cortex frontal. On a le cas de Phinéas Gage, qui s'est pris sa barre à mine dans cette zone, et qui a survécu. Je renvoie le lecteur aux ouvrages de base en neurosciences, tous font appel à la biographie de Phineas Gage. On a aussi des observations de médecins militaires, M. Konoyé par exemple, durant la guerre russo-japonaise de 1905, observations qui elles aussi font partie du cursus de base de tout étudiant en neurosciences.


Jean de Tonquedec, ancien industriel de l'armement :
"Une balle de 357 Magnum a une telle force, qu'elle va pulvériser littéralement la partie du crâne opposée à son entrée, et se perdre dans la nature.
Le trou est du diamètre de la balle en entrée, et la sortie, c'est la moitié de la tête qui est partie.
"


A suivre.

JacquesL

Des charognards très exercés, au service du pouvoir central.

Guy Ruiz, photographe au Journal du Centre.

"J'étais de permanence ce jour là, avec une consoeur, et nous étions chez les pompiers. Donc il y eu un appel téléphonique qu'il y avait quelqu'un de la municipalité, qui était , on ne savait pas exactement, sur le bord du canal. Le capitaine a pris sa voiture. On a pris la voiture du journal, on l'a suivi jusqu'ici (il désigne le pont sur le Canal de Jonction), et arrivant là, on a aperçu la voiture du, de Bérégovoy, et le garde du corps, mais nous, on n'a pas pu avancer. Et il avait l'air agacé, parce qu'il était surpris sûrement de nous voir arriver en même temps que le capitaine des pompiers. Bon, le chauffeur, on l'a pas vu du tout. Enfin moi personnellement, je ne l'ai pas vu, le chauffeur. Je ne sais pas où il était, lui. il n'y a eu que le capitaine des pompiers, quand il est revenu, il nous a dit, c'est Béré.
Il n'y a personne, quoi, pas un chat. C'est vraiment, personne. Alors là j'étais avec Sylvie Anibal, qui était toute jeune journaliste à cette époque là.
Je l'ai donc laissée en plan ici, et j'ai fait le tour tout seul. Sylvie Anibal n'a jamais pu approcher Pierre Bérégovoy. C'était vraiment clair et net, là.
On n'a pas pu le voir, c'était pas fait comme c'est aujourd'hui, il y avait un fossé, pourquoi, parce que le garde du corps était là, et qu'il empêchait la presse, évidemment.
Je me suis dépêché, j'ai laissé ma consoeur toute seule, j'ai repris la voiture, et j'ai refait le tour du canal, pour venir directement en face, et faire mes premières photos.
"

En photographiant les secours, et Pierre Bérégovoy sur la civière, Guy Ruiz va fixer la scène pour l'histoire, et permettre de bien comprendre que la balle mortelle est entrée par le dessus de la tête, et non par la tempe droite. Publiée dès le lendemain, cette photo ne suscitera aucun commentaire.

Guy Ruiz, photographe au Journal du Centre.
"Je rentre au journal, je développe mes pellicules tout de suite, et je me rends compte du trou dans la tête, mais pour moi, je... (grimace), j'imagine rien, parce que, je sais pas. Je sais pas, et on voit du sang en effet filer, j'aurais jamais pensé avoir fait cette photo.
On le voit sur la photo, le sang couler beaucoup.
"

La tête de l'ancien premier ministre était quasiment intacte. L'alvéole sanglante montrée sur ces photos, n'est autre qu'un trou d'entrée à bout touchant. Rien n'indique qu'un trou de sortie ait jamais existé. Les confidences du chirurgien responsable de l'équipe médicale de Nevers nous confirmeront bien qu'une balle qualifiée d'explosive, a détruit le cerveau, en entrant par le haut de la tête et se fragmentant à l'intérieur du crâne.
Rarissime sur un 357 Magnum, une balle explosive est faite pour tuer. Et par nature, elle ne ressort pas.

Docteur Jean Nicot, adjoint de Pierre Bérégovoy :
"On a eu l'impresssion que c'était un projectile qui était entré, et qui n'était pas ressorti. Alors je ne sais pas s'il y avait un orifice de sortie, et un orifice d'entrée. Enfin l'orifice d'entrée, sûrement, mais l'orifice de sortie, je n'ai rien vu de semblable."

L'ineffable procureur Dominique Lebras :
"J'étais présent, moi, à l'autopsie ! Mais oui, j'étais là.
- Et alors vous n'avez pas vu la balle ?
- Ah non ! Ça a traversé ! De mémoire, enfin je... Enfin bon qu'elle soit dedans ou qu'elle en soit pas dedans, le problème est le même, hein ! il a reçu la balle !
"

Docteur Jean Nicot, adjoint de Pierre Bérégovoy :
"Il avait quelque chose de métallique dans le crâne.
On avait aussi l'impression que le cerveau était très, enfin la partie antérieure du cerveau était très abimée, plus ou moins liquéfiée.
Comme j'étais médecin à l'hôpital, je me suis précipité là bas, et les collègues m'ont autorisé à aller le voir, sachant que j'étais assez proche de lui. J'ai vu son visage, il avait un bandage autour de la tête, je n'ai pas vu du tout les orifices d'entrée ni de sortie de la balle. Le plus inquiétant, est qu'il avait des mouvements d'enroulement des bras, ce qui traduit en règle générale une décérébration. C'est à dire qu'il avait une mort cérébrale. Et mon collègue Cisterne m'a montré un cliché de scanner qui avait été fait. Je ne sais plus si c'était un scanner ou une radio. Je les ai regardés, ces clichés, deux minutes. Même pas deux minutes, je les ai regardés, "Ah oui, il y quelque chose dedans". On avait l'impression que la partie antérieure du cerveau était complètement en bouillie. Et tout le monde était persuadé qu'il ne survivrait pas à ce genre de blessure, ou s'il survivait par miracle, ce serait dans un état végétatif.
"

A Nevers, l'équipe médicale savait que Pierre Bérégovoy était condamné, quand l'ordre parisien de transfert par hélicoptère au Val de Grâce, est survenu. La confusion entre les communiqués de presse annonçant puis démentant tour à tour la mort de l'ancien premier ministre vient de là.

Docteur Danier Rostrin, conseiller général UMP de la Nièvre.
"Une fois que l'hélicoptère est arrivé, j'ai vu effectivement, le chariot monter dans l'hélicoptère. Les portes se sont refermées. Et là encore une fois, on s'est demandés pourquoi l'hélicoptère ne décollait pas. Et l'hélicoptère est resté sur place pendant encore au moins une demi-heure, trois quarts d'heure.
Incompréhensible. Tous ces délais, pour faire venir l'hélicoptère, puis faire décoller l'hélicoptère... On m'a expliqué par la suite que il serait décédé entre le moment où on a admis Pierre Bérégovoy dans l'hélicoptère, et le moment où l'hélicoptère a décollé. Ce qui expliquerait le fait du retard ?
"

Docteur Jean Nicot, adjoint de Pierre Bérégovoy :
"Il semblerait que ce soit Mitterrand qui a ordonné le transfert au Val de Grâce. Personne ne pensait qu'il arriverait vivant là bas. C'était certainement pour des raisons de "sécurité", éviter que tout le monde ne mette le nez dedans. C'est plus facile de surveiller au Val de Grâce que, à l'hôpital de Nevers."

François Mitterrand :
"Nous avions déjà discuté avec le chirurgien, le neurochirurgien du Val de Grâce, qui disait, d'après les informations que j'ai, c'est une blessure, en terme chirurgical, "propre", c'est un tracé. Et si, la façon dont les choses ont été disposées, la trace de la balle dans son crâne, dans la partie antérieure du crâne, il est possible qu'il n'y ait pas de dégâts considérables."

Docteur Danier Rostrin, conseiller général UMP de la Nièvre.
"Il m'avait bien été confirmé que la balle était intracrânienne. Elle n'était pas sortie du crâne. Donc ça ne pouvait pas être une balle de 357 Magnum. C'était obligatoirement une balle de petit calibre. J'ai donc demandé à voir le scanner. Et là on m'a répondu que tout le dossier radiographique avait été envoyé au Val de grâce, et qu'on n'avait plus aucune archive concernant le passage de Pierre Bérégovoy à l'hôpital."

Arrivés à Paris par la route bien avant l'hélicoptère, la famille Bérégovoy y apprendra le décès en présence de François Mitterand, de Charles Pasqua. L'autopsie qui contredira les médecins de Nevers et validera le "suicide", a discrètement eu lieu dans la nuit du dimanche 2 mai, à l'Institut Médico-Légal de Paris. Pratiqué par madame Leconte, elle ne sera jamais rendue publique. On retrouvera le nom du professeur Leconte dans d'autres autopsies et expertises controversées, notamment à propos du pseudo-suicide du juge Borel à Djibouti, ou des morts brutales de la princesse Diana, Dodi Al--Fayed et leur chauffeur à Paris.

François Colcombet, ancien député et magistrat.
"C'est en général à Paris que se passent ce genre d'affaires. Il faut dire que la ville est équipée, équipée de multiples façons, parce qu'elle a des médecins spécialisées, des salles etc., mais aussi de gens qui savent faire. Des gens à qui il n'est pas besoin de dire des choses, ils comprennent à demi-mot, pour le meilleur et pour le pire, des gens qui vont vite, qui sont disponibles tout de suite, qui savent faire des rapports, etc. etc... J'ai assisté, dans de toutes autres affaires, j'ai eu affaire à des gens qui téléphonaient à la fois à l'Elysée et au procureur général, en temps réel, en informant l'Elysée avant le procureur général ou le ministre. Si vous voulez, on est dans un contexte comme celui-ci. "

Procureur Dominique Lebras :
"Tout était prêt. Paris s'est occupé également de l'ambulance qui transportait discrètement le corps et le rapatrierait tout aussi discrètement.
"

A suivre, il reste encore la cinquième vidéo...

JacquesL

Michèle Rudler, ancienne directrice du Laboratoire de police technique et scientifique de Paris :
"Bien, j'apprends ce qui vient de se passer à Nevers. Bon, les services de police judiciaire qui me disent : "Pierre Bérégovoy s'est suicidé. Vous aurez donc les munitions à analyser. Soyez disponible" quelque chose du genre. Bon. Je vais donc à l'Institut Médico-Légal, où on me dit :"Il n'est pas question que vous restiez là!".
Bon, je trouve ça bizarre, mais enfin on me disait, "il y aura l'autopsie du premier ministre, on veut le minimum de gens sur place". Ce qui est assez compréhensible. Et donc je m'en vais, et je regagne le laboratoire de police scientifique du Quai de l'Horloge. Et j'attends.
Bon, puis le soir, rien ne se passe, mais l'autopsie ayant eu lieu très tard, puisqu'on avait dit qu'elle aurait lieu vraiment dans le courant de la nuit, je me dis bon on verra bien demain matin.
Et depuis rien. Silence radio. Je n'ai rien eu. Rien. Ce qui s'appelle pas de projectile, pas de douille, pas d'arme à analyser, rien. Voilà. Alors je ne peux pas vous en dire plus. j'ai demandé à mes collègues de la gendarmerie de Nevers, qui comme moi, n'avaient rien eu. Et donc je ne peux pas, je ne sais pas ce qu'il s'est passé, sinon qu'il est mort, quand même.
"

L'ineffable procureur Dominique Lebras :
"Il y avait deux cartouches percutées. C'était un révolver. Donc il y a un barillet, et il y avait deux cartouches percutées dans le barillet. Et qu'à priori les blessures correspondent à ce type d'arme.
Mais après vous, on peut toujours, on peut toujours penser que c'est pas cette arme-là, que c'est quelqu'un d'autre qui a fait le coup, qu'on a tiré deux coups. Hé oui, on peut toujours, écoutez...
"

Michèle Rudler, ancienne directrice du Laboratoire de police technique et scientifique de Paris :
"D'ailleurs je n'ai pas eu non plus à faire analyser les résidus de poudre éventuels sur les mains du premier ministre. Je n'ai rien eu dans cette affaire. Donc je ne sais où c'est allé, ni qui a fait cette analyse. "

Trois ans après la mort de Pierre Bérégovoy, un responsable de l'Institut Médico-Légal de Paris, va curieusement solliciter la présence d'un huissier pour un constat concernant l'autopsie de l'ancien premier ministre.

Pierre Pécastaing. Ancien huissier. Avocat honoraire au barreau de paris.
"Alors je me suis rendu sur les lieux. J'ai été reçu par une personne qui s'est présentée, me semble-t-il comme un directeur ou directeur de l'Institut, et qui m'a fait part de sa préoccupation. Il s'apprêtait à quitter sa fonction, et il craignait que le rapport d'autopsie de Monsieur Bérégovoy, qui était dans ses archives, soit volé, à la suite d'un cambriolage. Et il ne voulait pas être tenu pour responsable de ce fait. Je lui ai posé la question quand-même, pourquoi venir le cambrioler ? Et en souriant, il m'a dit que selon son opinion, cette autopsie était pour le moins critiquable, et que c'était un euphémisme dans sa bouche. Et je ne l'ai pas compulsée, évidemment. C'était un dossier qui faisait à peu près un centimètre d'épaisseur, dans une chemise blanche, ce souvenir, c'est tout. Il a été remis en place, et l'armoire a été fermée."

Pour lever le doute grandissant sur les circonstances de la mort de son mari, Gilberte Bérégovoy demandera des années durant à avoir accès au rapport d'autopsie. Mais cette requête si légitime ne sera jamais satisfaite. Alors de guerre lasse, avec tact et prudence, elle sortira de son silence.

Gérard Carreyrou, journaliste, ami de Pierre Bérégovoy.
"Gilberte Bérégovoy a très peu parlé de la mort de son mari. Et dans les premiers temps, les premiers mois, les premières années, elle n'a rien dit. Elle a été complètement neutralisée par le système Mitterrand. On a fait le nécessaire, à l'Elysée et autour, et avec un certain nombre d'hommes, dont Michel Charasse, pour neutraliser éventuellement les questions. Et notamment les questions de la famille, les questions des proches, comme d'ailleurs Gilberte Bérégovoy qui s'est dite "Pourquoi n'ai-je  pas le rapport d'autopsie ?" Et ce n'est je crois quatre ou cinq ans après, qu'elle a fait une interview à Paris Match, où elle a dit pour la première fois des choses, elle a fait part pour la première fois de ses doutes, en disant je ne comprends pas qu'on n'ait pas retrouvé son agenda, je ne comprends pas... Mais ça, elle ne l'avait jamais dit au début. "


Delphine Byrka, grand reporter à Paris Match :
"Je sais que quand j'ai souhaité la revoir, parce que je l'avais déjà rencontrée au moment de la nomination de Pierre Bérégovoy à Matignon, j'avais travaillé sur l'enquête de biographie classique, j'ai dû passer par l'association des collaborateurs de Pierre Bérégovoy, et puis par différentes personnes au sein du P.S., et tout le monde m'a découragé d'aller la rencontrer. Tout le monde m'a dit : "Elle est dépressive au plus haut degré, et elle ne sait plus ce qu'elle dit", heu, quasi folle...
"

Gérard Carreyrou :
"Ce sont les mêmes, qui à partir du moment où elle a commencé à parler, ont dû dire "hé bin oui, elle est, elle va pas bien, elle dit n'importe quoi, etc". Ça c'est clair pour la discréditer."

Delphine Byrka, grand reporter à Paris Match :
"Je peux affirmer, qu'elle était peut-être dépressive, mais comme toute personne qui n'a pas fait son deuil de la mort d'un proche. Mais je peux vous dire qu'elle n'avait  rien, mais vraiment rien d'une folle."

Jean Montaldo, journaliste et écrivain.
"Gilberte Bérégovoy, après la mort de son mari, est nommée, je me demande bien pourquoi, au Conseil Economique et Social."

Voix de Glberte Bérégovoy, RTL, 9 avril 1997.
"Mes filles (inaudible) m'ont dit que papa n'a pas pu se suicider, dans la mesure où il n'a rien laissé. J'accumule quand même, pas des preuves, parce que si j'avais des preuves, je n'hésiterais pas à remettre toute l'affaire.. Mais je n'ai pas de preuves, je n'ai que des doutes. Parce qu'il connaissait trop de choses. Je ne sais pas, je ne pourrais accuser personne, je n'ai aucune preuve ! Mais c'est vrai qu'il connaissait beaucoup de choses... Et puis, je m'interroge de plus en plus."

Procureur Dominique Lebras :
"Je ne suis tenant de rien. N'est-ce pas, on fait une enquête, j'ai fait une enquête, le juge d'instruction a poursuivi cette enquête, nous sommes aboutis à la conclusion que c'était un suicide. Bon ! Si on nous apporte des éléments autres, Soit !"

Allaient-il venir se présenter spontanément, ces témoins que personne ne cherchait ?
Pourquoi se seraient-ils venus raconter ce qu'ils avaient pu voir et entendre, à des autorités qui avaient refermé très vite refermé le dossier sur un suicide ?
Le silence et le calme régnaient de nouveau sur la ville. Ce n'était donc pas sur l'appareil judiciaire qu'il fallait compter, mais bien sur l'écoulement du temps.

En 2007, un nouveau témoin s'est décidé à parler.

JacquesL

En 2007, un nouveau témoin s'est décidé à parler.

Jacques-Marie Bourget, grand reporter à Paris  Match :
"J'ai un ami qui est, famille de magistrats, professions juridiques, quelqu'un d'extrêmement sérieux, qui me dit : "Dans mon entourage, j'ai rencontré quelqu'un qui était présent au moment du suicide de Pierre Bérégovoy, et qui a entendu deux coups de feu."
Je le vois, plusieurs fois. On discute, etc. mais toujours il était très très peureux, j'arrive à le convaincre. On était allé sur les lieux où il était là, il était présent, au moment de l'histoire avec deux de ses camarades. Ils avaient une vingtaine d'années, ils sortaient du service militaire. Et ils étaient au bord du canal parce qu'ils attendaient l'heure d'un concert qui devait se dérouler le soir à Nevers. Eux-mêmes habitaient dans la région de Moulins.
"


Pascal Mornac, témoin :
"J'étais avec des potes, et on s'est retrouvés comme des jeunes je dirais, à faire le tour, vadrouiller dans un petit lieu sympa, pour trouver un petit endroit cool, tranquille, et puis on a atterri ici. Et j'ai commencé à faire un petit peu de musique. A l'époque, il n'y avait pas trop de voitures encore qui passaient, donc c'était assez tranquille. Donc on était là, je faisais de la musique, entre potes, et deux coups de feu. Ce n'était pas un écho, je dirais. Un écho, c'est tout de suite. Là c'était quand même bien séparé.
Qu'est ce que c'est ?
Qu'est-ce qu'on fait ? On y va ? On va voir ? Et puis on commence à se diriger vers ce qui semblait les coups de feu, en passant par la route. Là, c'était la curiosité, de dire "On veut voir". Et après, c'est la peur de dire "On a pas vu", et l'angoisse "Qu'est-ce qui s'est passé ?".
Et après on a traversé en direction du canal, et on s'est retrouvés sur le chemin. La première personne que je vois, c'est une dame, âgée, avec un chien. Dans le 16e, des fois on les voit ces dames qui promènent leur chien. Elles ont quand même la classe.
Et un homme, au regard sévère, assez costaud quand même, hein, quelqu'un d'assez fort, en costume, les cheveux rasés. Et ce qui nous a paru bizarre, parce qu'après on en a parlé avec mes potes, ce qui nous a paru bizarre, le costume ne lui allait absolument pas. Les deux personnes qui avaient des costumes avec ce regard un peu je dirais type militaire. J'ai toujours dit que c'étaient des militaires, comme la légion, des personnes comme ça. Le costume ne leur allait pas du tout, mais c'était incroyable, quoi.
L'homme en costume était à peu près dans cette zone, et la troisième personne qui était un peu style militaire était là bas, vers les arbres.
" (Là où Pierre Bérégovoy a été retrouvé).


Jacques-Marie Bourget, grand reporter à Paris  Match :
"Sans arrêt il revenait sur ces militaires, et ça me semblait un peu, je sais pas... Traumatisés par ces militaires. Pour moi c'étaient des flics. Des flics en civil ? Pour le premier mai, on a peut-être téléphoné aux RG ou à des flics : "Allez vite au bord de l'eau faire la police, il y a un problème"."


Pascal Mornac, témoin :
"On leur a expliqué. On peut vous aider, on a entendu deux coups de feu, écoutez.
Réponse : "Mais ! Dites pas des conneries ! N'importe quoi !"
Et la personne âgée, la dame avec son chien aussi a dit "mais j'ai tout vu !". Enfin, on ne sait pas ce qu'elle a vu, mais elle a tout vu. Et elle a dit "Dites pas n'importe quoi !"
Et après le monsieur nous a demandé de dégager: "Dégagez ! Vous avez rien à faire ici !"
Type militaire, regard un peu méchant, le visage coupé à la serpette, vraiment le dur.
"

Jacques-Marie Bourget, grand reporter à Paris  Match :
"Tout d'un coup, quand je, mais c'est élémentaire, j'aurais dû lui poser la question dès le départ, alors que j'ai discuté pendant des jours avec lui, sans jamais poser cette question, et c'est en regardant les photos de la scène que je lui ai demandé :
"Tu étais à combien de la voiture de Bérégovoy ?
- Mais elle était pas là, il n'y avait aucune voiture, là. La voie était totalement libre.
"

Pascal Mornac, témoin :
"Il n'y avait pas de voiture planquée, il n'y avait rien. Quand nous on est arrivés, il n'y avait pas de voiture. Il n'y avait même pas.
Après, bien sûr j'ai vu la photo de la voiture, la Renault 25. Mais elle n'y était même pas, la Renault 25. La voiture n'y était pas.
"


Jacques-Marie Bourget, grand reporter à Paris  Match :
"Et c'est à ce moment là que j'ai réalisé qu'on passait dans une toute autre histoire, on passe derrière le mur. Là c'est une autre aventure, exemplaire.
C'est le fait que ces deux militaires soient là, présents là, à un moment où ils n'ont rien à faire, enfin ils, ça n'existe pas dans le dossier. Alors qu'est-ce que c'est que ces deux militaires ?
"

Saura-t-on jamais qui étaient cette femme et ces deux hommes sortis de nulle part, interdisant le passage quelques minutes à peine après les coups de feu mortels ?
Le chauffeur et le garde du corps, ont-il été en contact avec eux, avant ou après leur arrivée précipitée ?
Et surtout, que faisaient ces individus absents de la version officielle, à quelques mètres du fossé où gisait Pierre Bérégovoy  ?

Pierre Bérégovoy est mort le premier mai 1993, mais sommes nous bien sûrs que c'est sa mémoire que l'on protège, en parlant d'un geste d'honneur ?

Ce film a été réalisé par Francis Gillery.

JacquesL

#7
Analyse des contradictions, nouvelles questions, et la logistique des assassins...

Plus de détails sur la munition 357 Magnum :
http://fr.wikipedia.org/wiki/.357_Magnum

Le procureur Lebras se coupe : tantôt il parle de deux balles, car deux cartouches percutées dans le barillet, tantôt d'une seule balle.
En revanche Pascal Mornac a bien entendu deux détonations, bien séparées, de même force, qui sont compatibles avec le bruit énorme d'un 357 Magnum.
Mais il n'est toujours pas prouvé que la munition qui est entrée par le dessus du crâne de la victime soit une de ces deux là.
Et il reste le mystère de l'usage d'au moins le second projectile 357 Magnum.

On ne sait pas si une balle explosive se trouvait dans une (ou deux) des deux cartouches, dont les douilles ont été retrouvées dans le barillet. On ne sait pas qui est capable de fabriquer cette munition.

Il y a contradiction entre les heures. Selon Pierre Mignard, Bérégovoy et son chauffeur ont quitté le camping vers 18 h 10, 18 h 15.
Selon Dominique Lebras, le chauffeur a composé le numéro 17 à 18 h 10. Discordance d'au moins vingt minutes.

On ne sait pas qui a terrorisé le gardien du camping, pour l'obliger à prétendre le contraire de son premier témoignage. On ne sait pas qui l'a "suicidé" ensuite, ni quand.

On ne sait pas qui a terrorisé et compromis le responsable du SAMU, Alain Chantegret.

On ne sait pas depuis combien de temps le chauffeur et le garde du corps étaient retournés en agents doubles, chargés simultanément de protéger Pierre Bérégovoy, et d'aider à son assassinat. On ne sait pas qui était leur officier traitant. On ne sait pas ce qu'ils sont devenus, quelle a été l'évolution de leur train de vie, ni par quelle faiblesse ils ont été circonvenus. Ce manipulateur faisait-il partie de leur hiérarchie directe ?

On ne sait pas si les cambriolages autour de Pierre Bérégovoy ont été fructueux ou infructueux. Quels documents restaient-ils encore entre les mains de l'ancien premier ministre quand il a été exécuté ?

On s'explique mal les positions respectives du tireur et de la victime, pour une entrée de balle sur le dessus du crâne. Il a pu être utilisé une fléchette intramusculaire, pour injecter un incapacitant, laissant ensuite une loque facile à manipuler, à placer au fond du fossé, et à exécuter d'une balle explosive par le dessus du crâne. Voire de deux balles, la seconde par le même trou.

Une autopsie fouillée aurait pu préciser cela facilement, mais celle-ci n'a été qu'un maquillage de plus.

La vidéo n'a pas précisé à un non-niversois, le trajet réel de la voiture, partie vers le pont de Loire.

Evaluer la logistique rassemblée, autour d'un seul homme à assassiner :

Le commando de tueurs :
2 tireurs de formation militaire, une dame âgée avec chien, mais qui a pu être grimée pour exagérer son âge réel.
Un chauffeur pour les amener là, voire faire le guet d'un des deux côtés du chemin de contre-halage. Puis pour les exfiltrer. Le témoin n'a pas précisé comment était chaussée la dame. Il faut une, voire deux voitures. Et peut-être un second guetteur.
Soit un commando de trois personnes au minimum, quatre probables, cinq possibles.
Et il faut envoyer en Amérique du Sud les deux tueurs, avec vrais-faux passeports. Pasqua sait faire, il a l'habitude.

Les cambrioleurs :
L'optimum sur place est de deux, trois sont possibles. Un ou deux guetteurs et chauffeurs.
Total trois à cinq personnes.
Une à deux personnes pour analyser le butin.

Equipe d'espionnage, filature, films, poses de micros, écoutes : deux à huit personnes.

Y a-t-il eu délusion, faire croire à Pierre Bérégovoy qu'il avait quelque chose à faire là où il a été tué, et qui soit de nature à lui faire éloigner son garde du corps ?
Nous pataugeons en pleine conjecture, on ne sait rien de solide.
Si délusion il y a eu, cela représente encore un ou deux espions manipulateurs de plus.

Tout ça, ça a été financé sur quels fonds ? Sur nos impôts, par exemple sur fonds secrets ?

La rédaction a été ambiguë au début : qui est l'officier de sécurité, que Bérégovoy présente à Claude Biancalana ?


Il est à remarquer que la cellule d'espionnage, de cambriolages, et le commando de tueurs, n'ont souffert d'aucune rupture au changement de gouvernement, passé de gauche à droite fin mars début avril 1993. La chaîne de commandement est demeurée intacte. La connivence entre Charles Pasqua et François Mitterrand était parfaite, pour "suicider" l'assassiné.

Pour nous, intellectuels et hommes de gauche de base, Pasqua est inoubliable : c'est le truand qui, à la tête du S.A.C. avait prévu de nous arrêter tous et de nous concentrer dans les stades, comme au Chili en 1973. En attendant de nous fusiller ou nous pendre.

Or quoi n'a pas changé fin mars 1993 ?
L'Elysée, à coup sûr.
Les affairistes, pirates de haut vol, dont plusieurs étaient toujours des amis personnels de François Mitterrand.
L'armée, la police, les réseaux dans la police... Les services secrets.
Elf, qui abritait notamment le trésor de guerre des gaullistes et de la françAfrique, bien verrouillé dans ses doubles et triples comptabilités.
Les réseaux de corruption du trafic d'armes.

J'en oublie forcément.

JacquesL

CiterDelphine Byrka, grand reporter à Paris Match :
"Je sais que quand j'ai souhaité la revoir, parce que je l'avais déjà rencontrée au moment de la nomination de Pierre Bérégovoy à Matignon, j'avais travaillé sur l'enquête de biographie classique, j'ai dû passer par l'association des collaborateurs de Pierre Bérégovoy, et puis par différentes personnes au sein du P.S., et tout le monde m'a découragé d'aller la rencontrer. Tout le monde m'a dit : "Elle est dépressive au plus haut degré, et elle ne sait plus ce qu'elle dit", heu, quasi folle...
"

Gérard Carreyrou :
"Ce sont les mêmes, qui à partir du moment où elle a commencé à parler, ont dû dire "hé bin oui, elle est, elle va pas bien, elle dit n'importe quoi, etc". Ça c'est clair pour la discréditer."

Delphine Byrka, grand reporter à Paris Match :
"Je peux affirmer, qu'elle était peut-être dépressive, mais comme toute personne qui n'a pas fait son deuil de la mort d'un proche. Mais je peux vous dire qu'elle n'avait  rien, mais vraiment rien d'une folle."

Voir aussi plus le complot pour présenter Pierre Bérégovoy comme un fou suicidaire, tentant de se jeter sous un train qui n'a jamais existé, ou des fenêtres à vitraux qu'il est impossible d'ouvrir.

Il est permis de se demander pourquoi j'ai consacré tant d'heures, d'abord à rechercher une copie en vidéo de ce film, et surtout pour retranscrire fidèlement les quatre derniers épisodes. Quelle est donc mon implication personnelle sur ce genre d'assassinats si puissamment organisés ?

C'est qu'évidemment, ces complots pour disqualifier les témoins gênants, et disqualifier les victimes, je ne connais que trop : c'est justement cela le contexte de ma vie depuis que ma chère épouse a missionné sa fille aînée d'une mission parricide.

C'est l'immensité des complicités et des connivences envers les deux tueuses conjurées, qui m'a contraint à devenir écrivain ironiste, voire pasticheur, depuis le 18 août 1997.

JacquesL

Citation de: Julien ArlandisLe 12/04/2010 23:22, Julien Arlandis a écrit :

> C'est quoi ce long monologue sur la mort de Bérégovoy? J'ignore si cet
> homme a été assassiné mais l'enquête réalisée par l'équipe de "un jour
> un destin" réfute point par point les éléments de cette hypothèse, cela
> m'avait semblé du moins très convainquant. Pour le reste le destin de
> cet homme ressemble étrangement à celui de Robespierre, sa droiture, son
> combat contre la corruption, et puis cette erreur politique fatale de
> porter publiquement des accusations à l'assemblée mais sans citer les
> noms aura eu raison de ces deux hommes.

Je te remercie d'évoquer cette faute stratégique majeure.
J'ai l'impression qu'il y en a eu d'autres.
Il n'a pas su se servir de la presse ni de conférences de presse. En
particulier les derniers jours, lorsqu'il savait ses jours en danger.

Il me semble que prisonnier de sa fidélité à Mitterrand, et du système
Mitterrand, dont tout comme tant d'autres (comme presque tout le monde,
en fait), il n'a pas mesuré à temps la toxicité et la perversité, il
n'a jamais su trouver les alliés indispensables, les forces sociales
qui auraient eu intérêt à éradiquer la grande corruption au moins des
rouages de l'Etat.

Son destin me semble très proche de celui de Mohammed Boudiaf.

JacquesL

#10
Le contre-feu allumé au secours de la thèse officielle :
http://www.lepoint.fr/actualites-medias/2008-04-09/france-2-le-dernier-secret-de-pierre-beregovoy-devoile/1253/0/236667

CiterPublié le 09/04/2008 à 17:51 - Modifié le 09/04/2008 à 17:52 Le Point.fr

France 2
Le dernier secret de Pierre Bérégovoy dévoilé

Emmanuel Berretta


Le 1er mai 1993, Pierre Bérégovoy se logeait une balle dans la tête, au bord d'un canal, dans la Nièvre, sa région. Il mourrait quelques heures plus tard des suites de ses blessures, au-dessus de Pithiviers dans l'hélicoptère qui devait le conduire à l'hôpital militaire du Val-de-Grâce. Laurent Delahousse retrace ce mercredi soir dans Un jour, un destin  (à 23 heures sur France 2), les derniers instants de l'ancien Premier ministre de François Mitterrand. Et surtout, grâce au témoignage de son directeur de cabinet, il lève le dernier secret de l'ancien locataire de Matignon.

Le suicide de Pierre Bérégovoy, à l'âge de 68 ans, a été contesté. Des journalistes ont parlé d'assassinat, estimant que ce proche de François Mitterrand était sur le point de faire des révélations fracassantes. Selon cette théorie du complot, des hommes-grenouilles en plongée dans le canal l'auraient abattu. Trois faits troublants ont semé le doute : des témoins ont entendu une double détonation ; le carnet d'adresses de Pierre Bérégovoy n'a pas été retrouvé et, juste avant de passer à l'acte, il a téléphoné une dernière fois à une personne jamais identifiée. Sa veuve, Gilberte, va s'accrocher à cette thèse jusqu'à la fin de sa vie. Elle décédera persuadée que son époux a été abattu, tant il lui paraissait inconcevable que Pierre Bérégovoy ait pu se donner la mort.

Le carnet d'adresses retrouvé

L'enquête de Laurent Delahousse et de ses équipes démonte totalement la théorie conspirationniste. Les enquêteurs de l'époque, qui s'étaient jusqu'ici murés dans le silence, expliquent la double détonation par le fait que Pierre Bérégovoy a d'abord testé le pistolet de son garde du corps avant de retourner l'arme contre lui-même. Quant au carnet d'adresses, c'est le directeur de cabinet qui, arrivé sur les lieux, a lui-même subtilisé ledit carnet. Il l'explique à Laurent Delahousse. La raison ? Humaine, trop humaine...

Le carnet contenait des noms et des numéros de téléphone qui auraient pu faire beaucoup de peine à Gilberte Bérégovoy. Le destinataire du dernier coup de fil de Pierre Bérégovoy s'en déduit aisément. Ce carnet est désormais entre les mains de la famille de l'ancien Premier ministre.
Chapeau à Laurent Delahousse et à ses équipes !

http://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_B%C3%A9r%C3%A9govoy

CiterPierre Bérégovoy se suicide [7]  près de Nevers, le 1er mai 1993, sur la berge du canal de la Jonction. Il meurt quelques heures plus tard, lors de son transfert héliporté vers l'hôpital militaire du Val-de-Grâce. Ses obsèques ont lieu quelques jours plus tard à Nevers, en présence du président de la République et d'autres personnalités politiques françaises. Il est enterré à Nevers.

Retrouvé gravement blessé en fin d'après-midi le 1er mai 1993, il est victime d'un traumatisme crânien causé par un tir de revolver. Les pompiers de Nevers, prévenus par téléphone à 18 h 18, arrivent sur place vers 18 h 22.

Transporté à l'hôpital de Nevers, il décède dans l'hélicoptère chargé de le rapatrier à l'hôpital du Val-de-Grâce (encore stationné sur le tarmac de l'hôpital, ce qui explique qu'il n'ait décollé que 45 minutes plus tard).

L'enquête de police a conclu, de manière formelle, au suicide de Pierre Bérégovoy au moyen de l'arme de service de son officier de sécurité.

Le Nouvel Observateur, dans son édition du 1er mai 2008 [7], indique que :

«  L'enquête de police a conclu à un suicide. Ses proches le décrivaient comme dépressif depuis la défaite de la gauche aux législatives de mars 1993 et la polémique à propos de l'achat d'un appartement à Paris grâce à un prêt à 0 % consenti par Roger-Patrice Pelat, un proche de François Mitterrand. »

Le Monde indique dans son édition datée du 4 mai 1993 [8] :

« [...] Pour toute décision importante, Pierre Bérégovoy réfléchissait longtemps avant de prendre une option et, une fois son choix arrêté, il s'y tenait et allait jusqu'au bout. Tel semble aussi avoir été le cas pour sa décision de mettre fin à ses jours. C'est la conclusion unanime à laquelle sont arrivés, dimanche, les proches collaborateurs de l'ancien premier ministre, qui l'ont accompagné, pendant dix ans, à la municipalité de Nevers »

François Mitterrand, président de la République en exercice, déclara lors des obsèques de Pierre Bérégovoy :

   « [...] Toutes les explications du monde ne justifieront pas qu'on ait pu livrer aux chiens l'honneur d'un homme et finalement sa vie, au prix d'un double manquement de ses accusateurs aux lois fondamentales de notre République, celles qui protègent la dignité et la liberté de chacun d'entre nous. L'émotion, la tristesse, la douleur qui vont loin dans la conscience populaire depuis l'annonce de ce qui s'est passé samedi [...] lanceront-elles le signal à partir duquel de nouvelles façons de s'affronter - tout en se respectant - donneront un autre sens à la vie politique ? Je le souhaite, je le demande et je rends juges les Français du grave avertissement que porte en elle la mort voulue de Pierre Bérégovoy. »

Michel Charasse est allé dans le même sens : « Je serais juge ou journaliste, je ne dormirais pas bien ce soir. [...] Il a été accablé par une injustice personnelle insupportable. Depuis deux mois, il suivait un chemin de croix épouvantable [8] »

...

Les circonstances politiques et factuelles de la disparition de l'ancien Premier ministre aiguisent l'intérêt et l'imagination.

En 1999, prenant appui sur ce cas et celui de Robert Boulin, Hamedi Karine publie sa thèse de science politique montrant que, d'une façon générale, le suicide d'un homme politique arrange tout le monde [9]. En 2002, bien que la hiérarchie des Renseignements généraux déclare officiellement ne pas la tenir pour crédible, le quotidien Le Parisien fait état d'une note interne de ce service concluant à l'assassinat. Signée par Didier Rouch, cette note de 27 pages, intitulée « L'étrange suicide », résume une contre-enquête réalisée sous la responsabilité de l'ex-commissaire des Renseignements généraux de la Nièvre de l'époque, Hubert Marty-Vrayance [10],[11],[12]. Ce dernier affirmera avoir travaillé pour le compte du directeur des RG, Yves Bertrand, qui lui aurait demandé de creuser la piste du meurtre, en parlant notamment d'un « commando » chargé de surveiller Bérégovoy [11]. Bertrand a catégoriquement nié cette version des faits [11]. Selon ce rapport, Pierre Bérégovoy aurait été abattu par des hommes-grenouille. L'argument le plus probant concerne le calibre de la balle tueuse qui serait différent de celui de l'arme de service supposée avoir été utilisée par Pierre Bérégovoy.

Successivement, en 2003, puis en 2008, deux journalistes, Dominique Labarrière et Éric Raynaud, après enquêtes, signent chacun un livre dans lequel ils prennent parti pour la thèse de l'assassinat, affirmant que Bérégovoy aurait menacé de révéler des informations explosives [13].

Cependant, un documentaire présenté par Laurent Delahousse, diffusé sur France 2 en avril 2008, a rejeté cette hypothèse en prétendant lever les principales zones d'ombre sur lesquelles elle se fondait [14],[15],[16]. Le documentaire apporte une explication aux deux coups de feu entendus par certains témoins : le premier aurait été un coup d'essai tiré par Pierre Bérégovoy lui-même, de manière à s'assurer du fonctionnement de l'arme dont il n'avait pas l'habitude ; il révèle également que Didier Boulaud (directeur de cabinet de Pierre Bérégovoy à l'époque) a subtilisé le répertoire de l'ancien premier ministre [17], du fait qu'il contenait des informations personnelles qu'il aurait été fâcheux de montrer à sa femme. Il accrédite finalement le fait qu'une autopsie et une analyse balistique comparative ont bien été pratiquées contrairement à certaines affirmations. Enfin, le documentaire atteste que dans les semaines qui précèdent, Pierre Bérégovoy aurait dit à son directeur de cabinet penser à imiter Roger Salengro (qui s'est suicidé parce qu'il était calomnié) et il semble avéré qu'il était traité pour un état fortement dépressif qui avait alerté ses proches. Confirmation est toutefois apportée par son épouse Gilberte qu'il ne lui a pas laissé de lettre d'adieu.

Par contre, le journaliste du Monde, Jacques Follorou, rapporte dans son livre, publié également en avril 2008, les confidences de l'ancien gendre de Pierre Bérégovoy, l'avocat Vincent Sol, concernant deux lettres que Pierre Bérégovoy lui aurait remises en main propre quelques semaines avant sa mort, dont celle, qui lui était destinée, lui demandant de s'occuper de la famille après sa mort [5].

Dans la même optique, l'enquête de Benoît Collombat, diffusée en mai 2008 sur France Inter[18], a apporté les précisions de témoins qui n'avaient pas encore parlé [19] : le responsable des pompiers de Nevers, le lieutenant-colonel Daniel Saksik, et le docteur Alain Chantegret, responsable du SAMU de la Nièvre, premiers sur les lieux, confirment le suicide.

Un documentaire réalisé par Francis Gillery et diffusé sur France 3 simultanément en mai 2008[20], présente certains éléments perturbants qui laissent persister le doute : rétractation ou refus de parler de certains témoins, déclarations invraisemblables du garde du corps et du chauffeur, impossibilité d'accès aux scanners effectués à l'hôpital, impossibilité d'accès à l'autopsie, police scientifique et technique écartée, aveux de gendarmes reconnaissant que l'enquête était de pure forme, cliché photographique semblant démentir la balistique officielle, apparition en 2007 d'un témoin de la scène relatant la présence sur les lieux de deux personnes manifestement militaires bloquant l'accès à la zone au moment même des coups de feu, etc. [21]. Au cours du débat ayant suivi cette diffusion, un ami intime de l'ancien Premier ministre, le journaliste Gérard Carreyrou, par ailleurs convaincu du suicide, s'étonne lui-même que pour faire taire la polémique, les autorités n'aient toujours pas publié les résultats de l'autopsie et de l'étude balistique.

Le 1er mai 2009, France 2  a diffusé Un homme d'honneur, téléfilm  de 90 minutes réalisé par Laurent Heynemann, avec Daniel Russo dans le rôle de Pierre Bérégovoy et Dominique Blanc dans celui de sa femme, Gilberte ; le scénario épouse la thèse officielle du suicide. Suite à cette fiction, la chaîne a rediffusé [14],[15],[16]  le numéro du magazine Un jour, un destin intitulé Pierre Bérégovoy : la vérité sur ses derniers jours.

Mais voici d'autres éléments :
http://www.dailymotion.com/video/20084716
Avec la fin de l'émission, sur d'autres assassinats commandés par au moins une partie de l'Etat : http://www.dailymotion.com/video/x43dct_crimes-politiques-etat-gouvernement

CiterLe 1er mai 1993, Pierre Bérégovoy décédait " après s'être tiré une balle dans la tempe ", selon la version officielle servie aux médias. Le 1er mai 2003, alors qu'on commémore le dixième anniversaire de sa mort, Eric Raynaud se penche par curiosité sur les archives de 1993. Une photo du Premier ministre le trouble : elle semble montrer un impact de balle au sommet du crâne. Il y aurait donc eu une deuxième balle. C'est-à-dire une de trop...
En tout cas au moins une balle est incompatible avec la version prétendue par le procureur Dominique Lebras : celle qui a troué le sommet du crâne, photos de Guy Ruiz.
On induit le lecteur à confondre le carnet d'adresses, dit subtilisé par Didier Boulaud, et l'agenda des rendez-vous.
Contradiction aussi sur le lieu et l'heure du décès : au dessus de Pithiviers dit l'un, sur le tarmac à Nevers dit l'autre.


JacquesL

Nouveau livre de Dominique Labarrière : La mort de Pierre Bérégovoy. à la Table Ronde.

Rien de nouveau sur le mode de l'assassinat (voire des négligences à ce sujet), mais des précisions sur les mobiles des comploteurs, dont François Mitterrand et Michel Charasse, et la grande corruption. Notamment ceux qui colportent la légende de la dépression et de l'envie du suicide, en complète et volontaire contre-vérité.
Des précisions nouvelles aussi sur le passé de résistant de Pierre Bérégovoy, et ce lien de résistance qui pouvait le lier à Roger-Patrice Pelat, lien incompréhensible à ceux de l'extérieur. On apprend que Bérégovoy n'a jamais été demandeur, mais ce fut Pelat qui lui proposa ce prêt pour acheter son modeste appartement.