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Message subliminal de Pékin à Washington au milieu des tambours de guerre

Démarré par JacquesL, 13 Août 2024, 10:27:01 PM

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JacquesL

Message subliminal de Pékin à Washington au milieu des tambours de guerre



par Lama El Horr

La colère est pyromane. Sous son emprise, on a tendance à provoquer une réaction de l'adversaire, qui servira de carburant pour attiser les flammes, et accroître ainsi la légitimité de l'enfer colérique. La méthode est commode pour pratiquer l'inversion accusatoire et faire de celui qui réagit à l'agression l'instigateur de l'enfer.

Aujourd'hui, Washington est en colère. L'objet de cette colère est la spectaculaire montée en puissance de la Chine, qui ébranle chaque jour davantage les fondements et la légitimité de la domination des États-Unis sur le monde. Cette colère américaine a désespérément besoin de prétextes pour à la fois justifier et intensifier les hostilités à l'encontre de Pékin. Les États-Unis cherchent donc à provoquer une réaction violente de la part de leur principal rival géopolitique : la Chine.

Jusqu'ici, cette stratégie américaine de la surenchère a eu l'effet inverse de celui escompté. Que ce soit dans le voisinage immédiat de Pékin, au Moyen-Orient, en Afrique ou en Europe, les pressions américaines contre la Chine et ses partenaires ont renforcé la vocation pacifiste de Pékin, au point d'en faire un acteur diplomatique incontournable pour le règlement des crises mondiales les plus aiguës. Au grand dam de la soif d'incendies de Washington.


Une escalade des tensions minutieusement organisée par Washington et ses alliés

La stratégie d'escalade des tensions de Washington a pour objectif de cibler les points d'appui qui donnent à la multipolarité prônée par Pékin et la Russie une réalité géopolitique. Alimenter des conflits impliquant les partenaires stratégiques de Pékin est la voie que semblent avoir choisie les États-Unis pour freiner la montée en puissance de la Chine et nuire à ses investissements stratégiques.

Lorsque Washington permet à Israël d'assassiner, sur le sol iranien et au lendemain de la Déclaration de Pékin, le chef politique du Hamas en charge des négociations, les efforts de la diplomatie chinoise pour unifier les factions palestiniennes sont visés aussi. Lorsque Israël bombarde le consulat iranien à Damas au mépris de la Convention de Vienne, la Chine, qui a conclu un partenariat stratégique avec l'Iran et la Syrie, est visée aussi. Lorsque Washington et ses alliés bombardent le Yémen pour lever tout obstacle au nettoyage ethnique des territoires palestiniens, la Chine, qui a œuvré au rapprochement entre Riyad et Téhéran, puis entre Riyad et Sanaa, est visée aussi. Lorsque les membres du Conseil de sécurité de l'ONU adoptent une résolution sur la nécessité d'un cessez-le-feu à Gaza, et que les États-Unis décrètent que cette résolution est non-contraignante, la Chine, qui exhorte au respect du droit international et dont les intérêts stratégiques sont menacés par l'insécurité régionale, est visée aussi.

Les derniers développements relatifs au Sahara occidental comportent des similitudes frappantes avec l'Asie de l'Ouest. Comme pour la question palestinienne, le bloc occidental fait fi du droit international, qui consacre le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination – à la différence près qu'ici, c'est le partenariat économique Chine-Algérie, et le partenariat sécuritaire Russie-Algérie, qui semblent dans le viseur de Washington. Sans oublier que le gaz algérien est censé soulager les Européens des sanctions antirusses, et que l'Algérie continue de porter haut la voix du peuple palestinien.

Susceptible d'attiser les tensions sur le flanc ouest de l'Afrique du Nord, le Sahara occidental est une aubaine pour Washington dans un contexte où l'Algérie et ses voisins méridionaux (Mali, Niger, Burkina Faso) ont enclenché un processus de décolonisation de leur modèle de développement et de sécurité – processus en voie de s'étendre à d'autres pays qui vivent également sous tutelle occidentale depuis leur indépendance, tels que le Tchad et le Nigéria.

À l'instar d'Israël face à l'Iran, de l'Ukraine face à Moscou ou de Séoul face à Pyongyang, la France se voit attribuer un rôle d'exécutant de la stratégie américaine d'endiguement de la Chine, à travers la diabolisation de l'Algérie. Paris est aidé dans sa mission par les accords d'Abraham, qui furent conclus entre le Maroc et Israël sous l'égide de l'administration Trump, et qui contribuent à renforcer la présence de l'OTAN en Afrique du Nord – de manière moins brutale, pour l'heure, qu'en ex-Yougoslavie.

Cette stratégie de l'escalade atlantiste frise le grotesque lorsqu'il s'agit du Venezuela, pays candidat aux BRICS, qui est aussi l'une des principales réserves mondiales de pétrole et de gaz. Après les décennies d'outrages subis par Caracas – tentatives de coups d'État, mise à mort médiatique des dirigeants légitimes, asphyxie de l'économie par des sanctions relevant d'un régime d'apartheid –, les États-Unis ne sont toujours pas parvenus à leurs fins : prendre le contrôle des ressources stratégiques du pays et y installer leurs bases militaires. Comme dans le cas de l'Iran, l'assistance de Pékin et de Moscou a été cruciale pour empêcher l'effondrement du Venezuela.

La décision du bloc occidental de renouer avec l'affront de ne pas reconnaître le président élu vient d'être sévèrement contrariée par Pékin et Moscou. Convié au Sommet des BRICS qui se tiendra en Russie en octobre, Nicolás Maduro a annoncé qu'il pourrait confier l'exploitation des ressources stratégiques de son pays aux membres de cette structure. Caracas semble mettre en garde Washington : Qui ne réfrène pas sa convoitise s'expose au risque de tout perdre.

Aux portes de la Chine, le déferlement de violence qui a contraint à la démission Sheikh Hasina, Premier ministre du Bangladesh – autre pays candidat aux BRICS – soulève des questions quant à la stratégie indo-pacifique de Washington. Les déclarations de l'ex-chef du gouvernement relatives aux intentions d'un «certain pays» de construire une base militaire sur l'île de saint Martin, dans la baie du Bengale, mais aussi de créer un État chrétien qui inclurait des morceaux du Bangladesh, du Myanmar, voire de l'Inde, offrent une lecture des événements fort distincte de ce qu'en disent les médias occidentaux et Muhammad Yunus, le Nobel bangladais qui vient de se voir confier la tête du gouvernement intérimaire.


Un bras de fer, deux conceptions du monde

À travers leurs dirigeants, leurs pays satellites et leurs porte-voix que sont les médias mainstream, les États-Unis s'évertuent à dépeindre les tensions Est-Ouest comme un conflit de hiérarchie entre deux modèles de gouvernance : les démocraties libérales, synonyme d'Occident, et les autocraties, synonyme des puissances émergentes. En face, la Chine offre une autre lecture : le motif des tensions géopolitiques mondiales s'explique par la remise en question de la hiérarchie des pouvoirs dans un monde dont l'écrasante majorité conteste l'hégémonie américaine.

Malgré les risques d'affrontement qu'elle fait craindre, l'exacerbation des tensions entre Pékin et Washington a certainement un mérite : celui de montrer que les deux puissances ont deux conceptions diamétralement opposées du monde, de leur place dans le monde et des règles censées régir les relations entre États.

De même qu'elle ne conçoit pas sa propre souveraineté sans le respect de la souveraineté des autres États – ce qui implique la primauté du principe de non-ingérence et le refus de tout pouvoir hégémonique –, la Chine considère aussi qu'il existe une interdépendance entre son développement et celui des autres nations. C'est l'idée fondatrice des Cinq principes de coexistence pacifique, complétés par la vision d'une Communauté de destin pour l'humanité.

Là se trouve le socle de la philosophie politique chinoise, où les notions de développement, de sécurité et de paix sont indissociables. La BRI et les initiatives chinoises de Sécurité, de Développement et de Civilisation sont les illustrations les plus abouties de ce concept d'interdépendance civilisationnelle. En quelque sorte, pour Pékin, nous pilotons tous un même navire : il incombe donc à chacun d'être à la fois un bon pilote, un bon coéquipier et un bon visionnaire, car il faudra travailler collectivement à la prospérité et contourner collectivement les embûches. Autant dire que le succès d'un tel projet dépend de la préservation de la paix sur le navire.

Au contraire, les États-Unis estiment que leur souveraineté est tributaire de la subordination des autres États à leur puissance, et que la poursuite de leur développement passe par l'obstruction de l'indépendance économique, technologique et militaire des autres acteurs mondiaux. Cette négation du droit des peuples à l'autodétermination trahit une conception suprémaciste de la puissance – qui n'est pas sans cohérence avec l'idéologie impérialiste –, et suscite logiquement des objections à travers le monde.

En dépit de ces objections, l'administration américaine continue, à en juger par sa fuite en avant militariste, de reprendre à son compte la déclaration attribuée à Caligula : «Qu'ils me haïssent, pourvu qu'ils me craignent !». Or, aujourd'hui, si l'on excepte les membres de l'UE et une poignée d'autres États satellites, force est de constater que les États-Unis ne suscitent plus le respect craintif qu'inspirait l'âge d'or de leur omnipotence – malgré le budget de plus en plus exorbitant alloué à leur industrie de l'armement.


Derrière la posture placide de Pékin, un message à Washington

Dans ce contexte géopolitique explosif, Washington cherche à acculer Pékin contre le mur, en limitant le choix du géant asiatique à deux options. Soit la Chine persiste à éviter la confrontation – auquel cas Washington gagnera fatalement du terrain –, soit la Chine s'enfonce dans l'engrenage de la pyromanie américaine – auquel cas Pékin se détournera de ses priorités géopolitiques, au profit de celles de son rival. En d'autres termes : Washington offre à Pékin le choix entre capituler et capituler.

La Chine, qui n'entend pas les choses de cette manière, lorgne une troisième voie : le pacifisme sans capitulation. Qu'il s'agisse de Taïwan, de la péninsule coréenne, des tensions en mer de Chine méridionale, ou des conflits opposant l'OTAN et la Russie, mais aussi les États-Unis et Iran, la Chine persiste à plaider pour un règlement pacifique des différends. À l'appui de cette position, Pékin a tissé un réseau de partenariats inclusifs, par opposition aux alliances militaires exclusives.

De toute évidence, ce plaidoyer pacifiste reflète la décision stratégique des autorités chinoises de proscrire toute réaction impulsive aux provocations militaires de Washington. Le défi de la Chine consiste à briser la logique militariste des États-Unis, sans assouvir leur stratégie d'embrasement.

Pour l'heure, Pékin a décidé de relever ce défi par le silence. Une bonne illustration en est le conflit qui secoue le Moyen-Orient et Gaza. Le silence chinois a poussé le bloc occidental à dévoiler ses cartes et à se discréditer lui-même. «Liberté», «Droits de l'homme», «Démocratie» et «Droit international» subissent le même carnage que le peuple palestinien.

Le silence de Pékin permet aussi de maintenir Washington dans l'ignorance des capacités militaires des partenaires de Pékin et Moscou. Les assassinats extra-judiciaires des chefs palestiniens, libanais et iraniens, marqués du sceau de l'illégalité internationale, sont la démonstration même de la frustration des États-Unis face au calme militaire de leurs adversaires géopolitiques.

À cela s'ajoutent les demandes d'adhésion ininterrompues aux BRICS et à l'OCS, marques de fabrique du monde multipolaire. Cette simple réalité signifie que la tornade d'hostilités envers Pékin n'a pas réussi à détourner la majorité mondiale de son aspiration à s'émanciper de l'ordre hégémonique américain. Or, si vivre sous le joug américain est intolérable pour l'Iran, l'Algérie ou le Venezuela, il est facile d'imaginer le degré d'irritation que doit ressentir la deuxième puissance économique mondiale.

Mais en définitive, comme l'a montré le conflit OTAN-Russie, les États-Unis ne conçoivent pas que la force de dissuasion de leurs rivaux puisse s'appliquer à eux aussi. Ce n'est qu'en se confrontant militairement à l'OTAN, par Ukraine interposée, que la force de dissuasion russe a pu être restaurée. Les provocations contre Moscou ont ainsi révélé que Washington ne possédait pas tous les détails relatifs à l'architecture militaire russe. L'issue qui se dessine aujourd'hui de ce conflit, qui révèle au grand jour la supériorité écrasante de l'armée russe, suggère que Moscou, à l'instar de Pékin et Téhéran, avait fait montre d'une patience stratégique illimitée avant de recourir à l'option militaire. Les États-Unis et leurs alliés de l'OTAN ont malheureusement découvert cette réalité au même moment où ils découvraient la puissance de feu de Moscou.

À l'heure actuelle, à Washington qui semble dire : «Nous dirigeons le monde, et la Chine fait partie du monde», la Chine semble répliquer, à la manière de Aimé Césaire : «La force n'est pas en nous, mais au-dessus de nous».

source : New Eastern Outlook

https://reseauinternational.net/message-subliminal-de-pekin-a-washington-au-milieu-des-tambours-de-guerre/