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La revue de presse du 15 juillet 2024

Démarré par JacquesL, 15 Juillet 2024, 02:00:05 PM

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JacquesL

La revue de presse du 15 juillet 2024

Publié le juillet 15, 2024 par Wayan
 

Par Wayan – Le 15 juillet 2024 – Le Saker Francophone




La réunion de l'OTAN de cette semaine ne fut qu'une répétition de celle de l'année précédente. Promesse d'intégrer l'Ukraine dans l'OTAN quand ce pays aura vaincu la Russie :

« « L'avenir de l'Ukraine réside dans l'OTAN », ont déclaré les membres de l'alliance dans leur communiqué. "Nous continuerons à le soutenir sur son chemin irréversible vers une pleine intégration euro-atlantique, y compris l'adhésion à l'OTAN."


L'alliance a salué les réformes démocratiques, économiques et sécuritaires nécessaires à l'adhésion de l'Ukraine et a déclaré qu'elle recevrait une invitation "lorsque les Alliés seront d'accord et que les conditions seront remplies".


Le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, a souligné que l'Ukraine ne rejoindrait pas immédiatement les rangs de l'alliance. Mais il a insisté sur le fait que cela devrait se produire après la fin de la guerre pour garantir que la Russie n'attaque plus jamais l'Ukraine. »

Or la Russie déclare depuis le coup d'Etat du Maidan que l'adhésion de l'Ukraine à l'OTAN est une ligne rouge pour elle. Elle ne peut donc comprendre ce message de l'OTAN que comme une provocation la poussant à envahir toute l'Ukraine pour éviter que l'OTAN ne s'y installe. Mais envahir toute l'Ukraine est un piège dans lequel elle sait qu'elle ne doit pas tomber car elle ferait face à une guérilla permanente, alimentée par l'OTAN dans l'ouest du pays, qui prendrait son énergie. Elle est donc stratégiquement coincée. Ce qui explique le statu quo actuel sur le champ de bataille, la lente destruction des ressources humaines et économiques ukrainiennes étant la meilleure solution à long terme pour la Russie. Puisque les extrémistes au pouvoir en Ukraine sont prêts à combattre jusqu'au dernier ukrainien, eux compris.

Alors, pour augmenter la pression, les Etats-Unis ont décidé d'installer des missiles à moyenne portée en Allemagne, plaçant Moscou à courte distance de ces missiles, alors que la Russie n'a pas de missiles placés à courte distance de Washington :

« Les États-Unis commenceront à déployer des missiles à plus longue portée en Allemagne en 2026, ont annoncé mardi les deux pays lors d'une réunion de l'alliance de l'OTAN, une étape majeure visant à contrer ce que les alliés considèrent comme une menace croissante que la Russie représente pour l'Europe.

Cette décision fera que l'Allemagne hébergera les armes étasuniennes les plus puissantes basées sur le continent européen depuis la guerre froide, un avertissement clair adressé au président russe Vladimir Poutine.

Un communiqué américano-allemand a déclaré que les « déploiements épisodiques » étaient en préparation pour le stationnement à plus long terme en Europe de capacités qui comprendraient le SM-6, le Tomahawk et des armes hypersoniques à plus grande portée. »

Evidemment, et la Russie a prévenu, cela fera de l'Allemagne une des premières cibles de la Russie en cas de conflit généralisé :

« Dans un article publié jeudi sur Telegram, Antonov [l'ambassadeur russe à Washington, NdT] a dénoncé cette décision comme « une grave erreur de Washington ». « De telles mesures extrêmement déstabilisatrices constituent une menace directe à la sécurité internationale et à la stabilité stratégique », a-t-il déclaré.

L'envoyé a souligné que le déploiement prévu « augmente les risques d'une course aux armements en matière de missiles », ajoutant que cela pourrait déclencher « une escalade incontrôlée dans un contexte de tensions dangereusement croissantes entre la Russie et l'OTAN ».

Antonov a également déclaré que la Russie avait toujours cherché à réduire les risques posés par les désaccords sur les capacités de missiles. "Au lieu du désir de paix dont la Russie a fait preuve à maintes reprises, les Américains se sont engagés sur la voie dangereuse du militarisme", a déclaré l'ambassadeur.

Il a souligné que la tolérance de la Russie à l'égard des atteintes à sa sécurité n'est « pas illimitée ». « L'Allemagne ne comprend-elle pas que l'émergence de moyens de missiles américains sur le sol allemand amènera ces installations à se retrouver dans la ligne de mire de la Russie ? "Ce n'est pas du baratin, c'est la simple logique d'une personne normale", a expliqué Antonov. »

Malgré cela le gouvernement allemand, dit « centriste », accueille bien cette décision étasunienne, seul les partis dits « extrémistes » font remarquer qu'elle est dangereuse pour le pays :

« Nils Schmid, porte-parole des sociaux-démocrates de Scholz, a déclaré à Reuters "qu'il s'agit d'une mesure nécessaire pour dissuader la Russie".

Les conservateurs de l'opposition, qui – compte tenu de l'impopularité de la coalition de centre-gauche de Scholz – pourraient être au pouvoir au moment du déploiement des missiles, ont également soutenu cette décision.

L'AfD, qui s'oppose aux livraisons d'armes allemandes à l'Ukraine tout en luttant contre l'invasion russe, et est considérée par ses critiques comme trop amicale avec Moscou, affirment que cette décision étasunienne relative au missile fait de « l'Allemagne une cible ».

"Le chancelier Olaf Scholz n'agit pas dans l'intérêt de l'Allemagne", a déclaré le leader de l'AfD, Tino Chrupalla. "Il permet que les relations entre l'Allemagne et la Russie soient définitivement endommagées et nous retombons dans le schéma du conflit Est-Ouest."

Le parti de gauche Die Linke a qualifié cette décision de "très problématique" qui pourrait lancer une nouvelle course aux armements sous le signe de la dissuasion. Sahra Wagenknecht, qui dirige un nouveau parti de gauche également opposé à l'envoi d'armes en Ukraine, l'a qualifié de "très dangereuse". »

Il est de plus en plus évident que, sous prétexte de la « protection », les Etats-Unis sont en train de transformer l'Europe en force proxy dans sa guerre hybride contre la Russie. Le plus étonnant est la faible résistance des partis dits « centristes, modérés » contre cette tendance. Ils sont plus "va-t-en-guerre" que les partis dits « extrémistes ». Comme nous le verrons plus loin en parlant du "voyage diplomatique pour la paix" d'Orban.

Autre décision prise au cours cette réunion annuelle de l'OTAN, son internationalisation. Cela ne date pas d'aujourd'hui, on se rappelle la Lybie et l'Afghanistan. Mais aujourd'hui elle recule encore ses limites en se tournant vers l'Extrême Orient, avec la Chine en ligne de mire :

« Concernant les dossiers en Indo-Pacifique, une réunion est prévue avec des partenaires privilégiés mais qui ne sont pas membres de l'Otan : les représentants du Japon, de la Corée du Sud, de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande seront là pour souligner l'importance de la présence occidentale dans la région.

Il ne s'agit pas de faire adhérer ces pays, mais il s'agit plutôt de signaler que le regard des États-Unis reste également dirigé vers cette zone, où les ambitions et l'expansionnisme de la Chine représentent un défi aussi important que ce qui se passe en Europe, le terrain habituel d'opération de l'Otan. »

Le Japon est le pays le plus enthousiaste à cette perspective :

« Dans des remarques écrites à Reuters, le dirigeant japonais a déclaré que « l'Ukraine d'aujourd'hui pourrait être l'Asie de l'Est demain », exhortant la communauté mondiale à ne pas accepter les tentatives de la Russie et de ses alliés de saboter l'ordre international établi. Il a particulièrement souligné la coopération croissante de la Russie avec la Corée du Nord comme une source de préoccupation.

"Les sécurités de la zone euro-atlantique et de l'Indo-Pacifique sont indissociables, et l'agression de la Russie contre l'Ukraine et sa coopération militaire approfondie avec la Corée du Nord le rappellent clairement... Le Japon est déterminé à renforcer sa coopération avec l'OTAN et ses partenaires", a-t-il ajouté ". L'Occident a accusé à plusieurs reprises Pyongyang de fournir à la Russie des armes utilisées sur la ligne de front, des affirmations que la Russie et la Corée du Nord ont démenties. »

Evidemment la Russie ne voit pas cette extension de l'OTAN d'un bon œil :

« Moscou a dénoncé ces affirmations comme étant « totalement absurdes » et a défendu ses liens avec ses partenaires asiatiques comme des relations internationales normales. Le président russe Vladimir Poutine a souligné le mois dernier que la coopération du pays avec la Chine en particulier n'était « dirigée contre personne » mais constituait le « principal facteur de stabilisation sur la scène internationale » et était axée sur les intérêts du peuple.

D'un autre côté, la Russie a souvent critiqué les efforts occidentaux visant à accroître son influence mondiale, citant l'expansion de l'OTAN vers ses frontières et son intérêt pour l'Ukraine comme principales raisons du lancement de son opération militaire en février 2022.

Lors de sa visite au Vietnam le mois dernier, Poutine a également attiré l'attention sur l'attention croissante de l'OTAN sur la région Asie-Pacifique et sur les tentatives de « mettre en place un système de blocs » dans la région, ce qu'il a qualifié de menace pour la sécurité de la Russie et de tous les pays asiatiques.

"L'OTAN s'y installe déjà comme s'il s'agissait d'un lieu de résidence permanent... Nous sommes obligés de réagir à cela et nous le ferons", a-t-il déclaré. »

Et la Chine non plus :

« La Déclaration du Sommet de Washington de l'OTAN est remplie d'une mentalité de guerre froide et d'une rhétorique belliqueuse, et les paragraphes relatifs à la Chine sont provocateurs avec des mensonges et des diffamations évidentes. La Chine rejette et déplore fermement ces accusations et a déposé des contestations sérieuses auprès de l'OTAN, a déclaré jeudi un porte-parole de la mission chinoise auprès de l'UE.

Les remarques du porte-parole interviennent après que l'OTAN a affirmé que la Chine était devenue un « catalyseur décisif » du conflit russo-ukrainien et posait des « défis systémiques » à la sécurité euro-atlantique dans sa déclaration du sommet, a rapporté Reuters. La déclaration de mercredi contenait également des accusations contre la Chine sur des questions cybernétiques, spatiales, nucléaires et autres.

Le porte-parole chinois a réfuté les affirmations de l'OTAN, soulignant que la position de la Chine sur l'Ukraine est ouverte et honnête, et que chacun sait que la Chine n'est pas l'architecte de la crise ukrainienne. La Chine vise à promouvoir les pourparlers de paix et à rechercher un règlement politique, et cette position est approuvée et saluée par la communauté mondiale dans son ensemble.

La Chine est un pays qui tient parole et ne fournit jamais d'armes mortelles à aucune des parties au conflit, et exerce un contrôle strict des exportations de biens à double usage, notamment les drones civils. Les flux commerciaux normaux entre la Chine et la Russie ne ciblent aucun tiers et ne devraient pas non plus être soumis à des perturbations ou à des coercitions, a déclaré le porte-parole.

"La crise ukrainienne dure depuis si longtemps. Mais qui met de l'huile sur le feu ? Qui attise les flammes ? Et qui recherche des gains égoïstes ? La réponse est claire pour tout le monde. Nous exhortons l'OTAN à écouter attentivement la communauté internationale et d'en tenir compte. Au lieu de faire des autres des boucs émissaires, l'OTAN devrait réfléchir sur elle-même, prendre des mesures concrètes pour désamorcer la situation et résoudre le problème", a noté le porte-parole. »

Cette réunion de l'OTAN aura donc marqué la volonté du Bloc Occidental de prolonger la nouvelle guerre froide contre la Russie et la Chine. Mais là encore entre la volonté de contraindre ces deux pays et la capacité de le faire militairement et économiquement il y un fossé évident. Alors la provocation et la guerre hybride restent les techniques les plus économes pour l'Occident.
****
Cependant, le camp occidental, en particulier en Europe, n'est pas unanime à vouloir provoquer sans arrêt la Russie et la Chine. Certains préfèreraient la coopération et des relations plus paisibles. C'est le cas d'Orban, le dirigeant hongrois qualifié « d'extrémiste » par les médias grand public. Il a donc profité que ce soit au tour de la Hongrie de prendre la présidence tournante de l'Union Européenne pour aller officiellement exposer son point de vue à Poutine et à Xi Jinping.

Il a d'abord commencé par une visite à Zelensky pour prendre la température. Si les médias ont été discrets sur la réaction de Zelensky, l'UE a tout de suite affiché son refus de la mission d'Orban :

« Plus tôt cette semaine, Orban s'est rendu à Kiev où il a exhorté le président ukrainien Volodymyr Zelenskiy à envisager un cessez-le-feu pour accélérer la fin de la guerre avec la Russie.

"La présidence tournante de l'UE n'a pas pour mandat de dialoguer avec la Russie au nom de l'UE", a déclaré Charles Michel, président du Conseil des dirigeants de l'Union européenne, sur la plateforme de médias sociaux X, en réaction à la visite d'Orban à Moscou.

"Aucune discussion sur l'Ukraine ne peut avoir lieu sans l'Ukraine", a-t-il ajouté. »

"Aucune discussion sur l'Ukraine ne peut avoir lieu sans l'Ukraine" exhorte Michel alors qu'Orban est en pleine discussion avec Zelensky. Il semble plutôt qu'il ait voulu dire « Aucune discussion sur l'Ukraine ne peut avoir lieu sans l'aval des Etats-Unis et de l'UE ».

Pas du tout arrêté par la rebuffade européenne, Orban rend une visite surprise à Poutine :

« Vendredi, le Premier ministre hongrois Viktor Orban s'est entretenu avec le président russe Vladimir Poutine sur un éventuel accord de paix en Ukraine, provoquant la colère de certains dirigeants de l'Union européenne qui ont mis en garde contre l'apaisement de Moscou et ont déclaré qu'il ne parlait pas au nom de l'UE.

Il s'agissait de la première rencontre d'un dirigeant européen avec Poutine à Moscou depuis avril 2022, deux mois après que Moscou a lancé son invasion à grande échelle de l'Ukraine, et la première d'Orban depuis lors, bien que les deux se soient rencontrés ailleurs. »

« Un porte-parole de M. Orban, Zoltan Kovacs, a déclaré que le dirigeant hongrois était à Moscou « dans le cadre de sa mission de paix ». Orban a lancé de vagues appels à un cessez-le-feu et à des négociations directes entre Moscou et Kiev, une position que les dirigeants des deux pays ont rejetée. Il n'a présenté publiquement aucun plan concret de règlement.

M Poutine et M. Orban se sont réunis pendant plus de deux heures, mais rien n'indiquait que les pourparlers avaient eu pour effet d'influencer M. Poutine. Le dirigeant hongrois a semblé le reconnaître, déclarant ensuite aux journalistes que les positions de Kiev et de Moscou « sont très éloignées ». »

Dans la foulée il s'est rendu en Chine, l'autre bête noire de l'Occident :

« Le Hongrois Orban s'entretient avec Xi lors d'une visite surprise à Pékin, quelques jours après sa rencontre avec Poutine

Le Premier ministre hongrois Viktor Orban a rencontré lundi le dirigeant chinois Xi Jinping à Pékin, quelques jours après une visite controversée à Moscou et une autre à Kiev que le dirigeant européen d'extrême droite a qualifiée de « mission de paix ».

Orban, qui a été largement critiqué en Occident pour son positionnement favorable à la Russie en pleine attaque de Moscou contre l'Ukraine, a publié une photo de son arrivée à un aéroport de Pékin avec la légende « Mission de paix 3.0 » sur la plateforme de médias sociaux X.

Les entretiens entre les deux dirigeants au Diaoyutai State Guesthouse à Pékin ont porté sur une « communication approfondie » sur la guerre en Ukraine, selon un communiqué publié par la chaîne de télévision publique chinoise CCTV. »

Orban aura ponctué sa « mission de paix » par une lettre d'opinion écrite pendant son voyage, publiée par un magasine étasunien, Newsweek, qui n'aura été ni reprise ni commentée par aucun média grand public européen :

« L'OTAN approche d'un moment décisif. Il convient de rappeler que l'alliance militaire la plus réussie de l'histoire du monde a commencé comme un projet de paix et que son succès futur dépend de sa capacité à maintenir la paix. Mais aujourd'hui, au lieu de la paix, l'ordre du jour est la poursuite de la guerre ; au lieu de se défendre, c'est l'offensive. Tout cela va à l'encontre des valeurs fondatrices de l'OTAN. L'expérience historique de la Hongrie montre que de telles transformations ne mènent jamais dans la bonne direction. La tâche aujourd'hui devrait être de préserver l'alliance en tant que projet de paix.

Lorsque nous devons faire des déclarations sur l'OTAN, nous, Hongrois, nous trouvons dans une position particulière. Notre adhésion à l'OTAN était la première fois depuis plusieurs siècles que la Hongrie rejoignait volontairement une alliance militaire. L'importance de notre adhésion ne devient claire qu'à la lumière de l'histoire de la Hongrie.

L'histoire de la Hongrie au XXe siècle est aussi, malheureusement, une histoire de défaites dans les guerres. Notre expérience collective est celle de guerres menées périodiquement au sein de systèmes d'alliances dont nous ne voulions pas initialement faire partie et qui ont été établis dans un esprit de conquête – ou du moins avec des objectifs explicitement militaristes. Même si nous avons cherché à rester à l'écart des deux guerres mondiales et quelle que soit la véhémence avec laquelle nous avons essayé d'avertir les pays avec lesquels nous avons été contraints de conclure des alliances, chaque occasion a entraîné une défaite qui a presque effacé la Hongrie de la surface de la Terre.

Même si le pire ne s'est pas produit, nos pertes restent colossales. Ces guerres n'ont laissé à la Hongrie aucun contrôle sur son avenir. Après 1945, nous sommes devenus malgré nous une partie du bloc soviétique, et donc également du Pacte de Varsovie : l'alliance militaire de ce qui était alors le bloc de l'Est. Les Hongrois ont protesté de toutes les fibres de leur être. Nous avons fait tout ce qui était en notre pouvoir pour provoquer la chute du Pacte de Varsovie. En 1956, notre révolution a enfoncé le premier clou dans le cercueil du communisme ; et, alors que ce système était finalement en train d'être renversé, notre Premier ministre de l'époque a été le premier dirigeant de l'ancien bloc de l'Est à déclarer (à Moscou !) que le Pacte de Varsovie devait être dissous. Le reste appartient à l'histoire. L'alliance militaire qui nous avait été imposée s'est rompue presque immédiatement et, quelques jours seulement après cette fameuse réunion à Moscou, le ministre hongrois des Affaires étrangères se trouvait à Bruxelles pour négocier le début de notre processus d'adhésion à l'OTAN.

Lorsque la nation hongroise a rejoint l'OTAN, elle n'était plus membre volontaire d'une alliance militaire depuis longtemps – peut-être cinq cents ans. L'importance de cette circonstance ne peut être surestimée. Outre notre désir naturel de nous libérer de la domination soviétique et de rejoindre l'Occident, un facteur particulier rendait l'OTAN attractive pour nous : nous rejoignions enfin une alliance militaire qui s'engageait non pas à faire la guerre mais à maintenir la paix, et non à mener des offensives expansionnistes mais pour la défense de nous-mêmes et des autres. Du point de vue hongrois, nous n'aurions pas pu espérer mieux... »

Le « mission de paix » d'Orban n'est évidemment pas arrivé à ses fins mais elle aura au moins montré que Poutine et Xi Jinping sont prêts à discuter avec les européens, au contraire de ce que prétendent les médias grand public. Mais le rejet de cette initiative par les autres dirigeants européens aura montré autre chose, ces derniers ne veulent pas entendre parler de discussions, et encore moins de bonnes relations, avec la Russie. Voici quelques déclarations, parmi beaucoup d'autres du même genre, de ces dirigeants :

« Le Premier ministre suédois Ulf Kristersson : « Irresponsable et déloyal de la part du Premier ministre hongrois Viktor Orbán d'utiliser la présidence hongroise de l'UE pour visiter Moscou et le président Poutine. Cela envoie un mauvais signal au monde extérieur et constitue une insulte à la lutte du peuple ukrainien pour sa liberté. Viktor Orbán est seul dans ce domaine. Il ne parle pas au nom de l'Union européenne ni au nom des autres chefs d'État ou de gouvernement de l'UE. »

 Le Premier ministre tchèque Petr Fiala : « Viktor Orbán ne représente pas nos intérêts ni ceux de l'UE à Moscou. Il n'a pas non plus de mandat pour négocier en notre nom. La position tchèque est claire : Poutine est l'agresseur, nous sommes aux côtés de l'Ukraine. »

 La Première ministre danoise Mette Frederiksen : « La visite du Premier ministre Orban à Moscou est profondément préoccupante. Orban ne parle pas au nom de l'UE. Il n'y a rien à dire tant que la Russie continue d'attaquer l'Ukraine. » »

Ils iront même jusqu'à bouder la présidence hongroise pour montre leur refus de toute discussion de paix avec la Russie :

« La Suède et plusieurs autres pays de l'Union européenne n'enverront pas de ministres aux réunions gouvernementales liées à la présidence hongroise de l'UE ce mois-ci, en signe de protestation contre les entretiens de Victor Orban avec le président russe Vladimir Poutine, a annoncé le gouvernement suédois.

"Les actions hongroises pendant la présidence (de l'UE) sont néfastes et doivent avoir des conséquences. La Suède ne participera donc pas au niveau politique aux réunions gouvernementales informelles de juillet", a déclaré Jessika Roswall, ministre suédoise des Affaires européennes, dans une déclaration écrite à Reuters jeudi.

Roswall a déclaré que la Suède, la Finlande, l'Estonie, la Lettonie, la Lituanie et la Pologne seraient représentées uniquement par des fonctionnaires et que d'autres pays membres de l'UE discutaient de mesures similaires. La Hongrie assurera la présidence tournante de l'UE pendant six mois, jusqu'au 31 décembre. »

En voyant la haine de la Russie dans les réponses des dirigeants européens aux appels à la paix d'Orban, il est visible que la paix n'est pas une perspective d'avenir pour le destin de l'Europe.

Le réflexe facile, conditionné par le système politico-médiatique, est d'en reporter la faute sur « l'expansionnisme de Poutine ». Mais, dans les faits, sur quelles régions a porté l'expansionnisme russe ? Sur des petites régions russophones qui l'appelaient de leurs vœux, en Géorgie (l'Ossétie et l'Abkhazie), en Moldavie (la Transnistrie) et en Ukraine (le Donbass et la Crimée). La Russie n'a jamais prétendu reprendre l'Empire soviétique comme le prétendent mensongèrement des analystes va-t-en-guerre occidentaux payés par le Complexe militaro-industriel. Mais dépeindre la Russie comme le Grand méchant loup favorise tellement ses affaires.

Par contre, la Russie a toujours réagi à l'expansionnisme de l'OTAN, bien factuel celui-là, et s'étendant petit à petit jusqu'aux frontières russes, avec la Finlande dernièrement, mettant en danger sa sécurité stratégique, l'Ukraine étant la dernière ligne rouge qu'il ne fallait pas franchir est qui, du coup, a été allègrement franchi par les Etats-Unis en favorisant un coup d'Etat à Kiev pour installer au pouvoir la frange russophobe de la population occidentale de l'Ukraine. La tactique de la provocation.

Les dirigeants européens font semblant de ne pas comprendre l'importance pour la Russie d'assurer sa sécurité stratégique en ne laissant pas une entité ouvertement anti-russe comme l'OTAN s'installer à ses frontières. Que feraient les Etats-Unis si la Russie ou la Chine installaient des bases militaires et des rampes de missiles à Cuba, au Mexique ou au Canada. Ils réagiraient immédiatement pour empêcher une telle chose, avec raison. Alors qu'ils font la même chose contre la Russie, avec l'Ukraine et la Géorgie et contre la Chine avec Taiwan, le Japon et les Philippines. Puis, lorsque ces pays menacent de se défendre, les Etats-Unis les accusent « d'agressivité » ou "d'expansionnisme".

Cela fait partie du jeu, admettons, mais un jeu à somme nulle qui devrait, au 21eme siècle, être dépassé. Alors que la Chine et la Russie propose un avenir basé sur la « win-win solution », qu'elles sont en train de mettre en place en Eurasie.

Mais qu'en retire l'Europe, si ce n'est la menace d'une destruction dans une guerre entre deux, ou trois, puissances nucléaires ? Pourtant nos dirigeants en place, qualifiés de « centristes, modérés » par les médias, laissent faire cela, alors qu'ils sont assez éduqués pour en réaliser le risque. Pourquoi sont-ils prêts à sacrifier l'intérêt de l'Europe pour satisfaire le gout hégémonique des Etats-Unis ?

Tant que, par pure mauvaise foi, les dirigeant européens ne reconnaitront pas ces faits et refuseront tous contacts pacifiques avec le gouvernement russe il est évident que le destin de l'Europe se dirigera vers une énième guerre dévastatrice pour le continent. Aux détriments des populations qui, aveuglées par la propagande de guerre antirusse qu'elles subissent, ne voient pas que le danger vient de l'attitude belliqueuse de leurs propres gouvernements et non pas d'une illusoire « Russie expansionniste ».

La façon dont la « mission de paix » d'Orban, aussi impossible fût-elle, a été accueillie par les dirigeants européens nous aura confirmé de manière évidente cette attitude belliqueuse, dirigée d'abord contre la Russie puis maintenant contre la Chine.

La Chine, avec le recul géographique et politique qu'elle a vis-à-vis de l'Europe, voit très bien cette situation. Lisez cet article titré « l'Europe devrait prendre conscience du « Game of thrones » [la lutte pour le pouvoir] étasunien dans la crise ukrainienne » :

« Dans l'esprit des États-Unis et de certains pays européens, la Chine est devenue un « manipulateur » capable de contrôler le conflit russo-ukrainien en raison de ses relations avec la Russie. Certains pays européens sont tombés dans le piège du discours américain, suivant aveuglément le discours selon lequel la Chine est « responsable » de la crise ukrainienne. Mais cela ne fera que conduire l'Europe à s'enliser profondément dans le conflit et à la plonger dans une crise encore plus grave.

Le secrétaire d'État américain Antony Blinken a affirmé que la Chine contribuait à alimenter « la plus grande menace à la sécurité... depuis la fin de la guerre froide » pour l'Europe et aidait la Russie à « soutenir la guerre » en Ukraine. Les remarques de Blinken ont récemment trouvé un certain écho en Europe. Selon Bloomberg, certains responsables européens ont déclaré que « des sociétés chinoises et russes développent un drone d'attaque similaire à un modèle iranien déployé en Ukraine », ce qui suggère que c'est « un signe que Pékin pourrait être sur le point de fournir le type d'aide meurtrière contre lequel les responsables occidentaux ont mis en garde." Alexander Stubb, le président finlandais, a même déclaré mardi dans une interview qu'un seul appel téléphonique de Chine « résoudrait cette crise ».

Un tel battage médiatique sur la « responsabilité » de la Chine dans la crise ukrainienne n'est qu'une astuce des États-Unis pour continuer à exacerber le conflit russo-ukrainien. Cependant, certains pays européens non seulement n'ont aucune défense contre les intentions américaines, mais emboîtent le pas en rendant la rhétorique sensationnelle. Il est triste de voir qu'ils sont menés par le bout du nez par les États-Unis et ne parviennent pas à reconnaître le véritable cerveau qui entraîne l'Europe dans un désastre provoqué par l'homme.

L'Europe semble avoir oublié que la crise en Ukraine l'a déjà plongée dans le chaos. Une grande quantité de capitaux a quitté l'Europe et les coûts économiques de plus en plus élevés sont devenus insupportables. Les fonds et les armes qu'ils ont fournis à l'Ukraine sous la pression des États-Unis n'ont fait qu'empirer la situation. L'Europe est impuissante, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur, face aux crises.

Compte tenu de la vulnérabilité de ses propres mécanismes de sécurité, l'Europe est plongée dans une grande instabilité. « L'Europe se trouve désormais dans une position difficile à cause des États-Unis », a déclaré au Global Times Gao Jian, directeur du Centre d'études britanniques à l'Université d'études internationales de Shanghai.

Cependant, les États-Unis, tout en observant la situation tragique en Europe, ne font qu'exercer des pressions et inciter à la panique. La détérioration des conditions de sécurité pousse les pays européens à augmenter leurs dépenses militaires, ce qui ne fait que permettre aux États-Unis d'en récolter encore plus de bénéfices.

Les États-Unis s'emploient également à nuire aux intérêts et à l'image internationale de la Chine en dénigrant les relations sino-russes. "Aux yeux des États-Unis, lier la Chine à la Russie est un bon choix pour nuire et réduire l'influence mondiale de la Chine. Il existe également un agenda caché visant à saper directement les relations Chine-UE", a ajouté Gao.

Les États-Unis créent des obstacles au développement des relations bilatérales entre la Chine et l'Europe, en présentant délibérément la Chine comme un soi-disant adversaire de l'idéologie occidentale. Elle tente de créer une atmosphère négative en Occident, notamment parmi ses propres alliés, en exaltant la théorie selon laquelle la Chine est responsable de la crise en Ukraine, a déclaré Li Haidong, professeur à l'Université chinoise des affaires étrangères. Il s'agit d'un projet typique et extrêmement faible qui sacrifie les intérêts des autres pays pour satisfaire l'extrême égoïsme des États-Unis.

La cause profonde du conflit russo-ukrainien réside aux États-Unis. Washington ne veut pas que le conflit s'arrête car les troubles peuvent donner au pays l'opportunité de maintenir son hégémonie. Les États-Unis traitent la crise ukrainienne comme un « Game of thrones » et rejettent ensuite la faute sur la Chine.

La vérité est que la Chine a répété à plusieurs reprises que ce n'était pas elle qui avait déclenché la crise ukrainienne, et qu'elle n'y était pas non plus partie ou participante. La Chine a toujours joué un rôle actif dans la recherche d'une solution pacifique au conflit.


La seule façon d'apaiser les tensions est la communication et le dialogue. Organiser des sommets pour convaincre un seul camp ne fera qu'alimenter le feu du conflit. Suivre les États-Unis en qualifiant la Chine de « plus grande menace pour la sécurité » ne sauvera pas l'Europe de la crise. L'Europe est déjà tombée dans le piège tendu par les États-Unis, et s'ils ne voient pas les marionnettistes derrière eux, ils ne feront que s'enfoncer encore plus profondément. La situation difficile de l'Europe doit être résolue par elle-même. »

Pour finir ce chapitre sur le besoin de rétablir des relations sérieuses avec la Russie, voici la traduction en français d'une analyse faite par un ancien analyste de la CIA spécialiste de la Russie, intitulé justement « nous avons besoin d'un débat rationnel sur la « menace russe » » :

« Comprendre les intentions d'un adversaire potentiel est l'un des défis les plus importants et les plus difficiles à relever pour un homme d'État. Sous-estimer les intentions agressives d'un État peut décourager les préparatifs défensifs adéquats nécessaires à la prévention d'une guerre, comme cela s'est produit dans le prélude à la Seconde Guerre mondiale. La surestimer peut engendrer un cycle de mesures militaires de plus en plus menaçantes qui débouche sur un conflit qu'aucune des parties n'a souhaité, comme cela s'est produit pendant la période précédant la Première Guerre mondiale.

Il est essentiel de trouver le juste milieu entre ces deux pôles pour faire face aux intentions de la Russie à l'égard de l'OTAN, qui célèbre cette semaine son 75e anniversaire lors d'une réunion au sommet à Washington. Il est particulièrement important de trouver un juste équilibre entre la dissuasion et la diplomatie, étant donné l'arsenal massif d'armes nucléaires de la Russie, qui rend les enjeux de toute descente dans un conflit direct entre la Russie et l'OTAN potentiellement existentiels.

Mais à en juger par la rhétorique de l'OTAN, aucun équilibre aussi délicat n'est nécessaire : le défi russe est considéré comme une reprise moderne de l'agression de l'Allemagne nazie, le principal danger auquel l'alliance est confrontée étant la tentation d'apaisement, invitant ainsi la Russie à poursuivre sa conquête. D'où l'affirmation récente du président Biden selon laquelle si l'armée russe n'est pas stoppée de manière décisive en Ukraine, elle « passera à la Pologne et à d'autres endroits ».

La Russie nourrit-elle en fait des intentions de conquête militaire à l'encontre des États membres de l'OTAN ? Compte tenu de la prudence dont Poutine a fait preuve jusqu'à présent dans la guerre en Ukraine en évitant d'attaquer directement les membres de l'OTAN, la réponse est probablement non....Lire la suite »
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En Afrique saharienne les cartes sont rebattues par une jeune génération qui cherchent à se sortir de l'influence occidentale :

« Lors du premier sommet des trois chefs d'État du Mali, du Burkina Faso et du Niger réunis à Niamey, quatre documents engageant leurs États ont été signés et adoptés : le traité portant création de l'AES [Association des Etats du Sahel, NdT] ; le règlement intérieur du collège des chefs d'État de l'AES ; le communiqué final et une déclaration dite de Niamey.

Les dirigeants des trois pays « ont décidé de franchir une étape supplémentaire vers une intégration plus poussée entre les États membres. À cet effet, ils ont adopté le traité instituant une confédération entre le Burkina Faso, le Mali et le Niger dénommée Confédération des États du Sahel », ont-ils indiqué à l'issue de leur premier sommet dans la capitale nigérienne.

La déclaration de Niamey acte également le retrait « irrévocable » de la Cédéao, ce qu'avait exprimé, quelques heures plus tôt, le général Tiani au cours de son discours.

Cet élan populaire constitue le meilleur gage de construction d'une confédération de peuples et non un édifice bureaucratique. Nos peuples ont irrévocablement tourné le dos à la Cédéao.

Le sommet de Niamey a accordé une place de choix à la libre-circulation des personnes et des biens au sein de la Confédération. En franchissant cette nouvelle étape, les chefs d'État de l'AES ont décidé de la mise en place d'une force unifiée de l'AES et d'un plan dit trilatéral permanent pour les actions militaires. Sur le plan du développement économique et social, la Confédération de l'AES a décidé de la création entre autres d'une banque d'investissement et la mise en place d'un fonds de stabilisation. »

Le lendemain avait lieu un sommet de la CEDEAO qui accusait le coup :

« La conférence a commencé par un long huis clos qui a duré au moins deux heures. Les chefs de l'État se sont enfermés. Cela arrive quelquefois, mais cela veut dire aussi, quand cela arrive dans ce genre de sommets, qu'il y a des sujets importants.

Le sujet important sur la table était non seulement la confirmation du départ de la Cédéao des trois pays – le Mali le Niger et le Burkina Faso – mais surtout la décision de créer une confédération par ces trois pays.

D'après nos informations, ils ont eu la dent plutôt dure contre les putschistes du Mali, du Burkina et du Niger. Lors du huis clos, un chef d'État aurait déclaré par exemple : « Nous nous attendions à cela. Nous avons pris les précautions. Il y avait deux options, les faire revenir par la négociation, ou assumer leur départ. Mais ils vont partir avec les conséquences ».

Le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye, dont c'était le premier sommet, a pris la parole lors du huis clos. Et d'après nos informations, il a parlé de risques de désintégration de l'organisation. Il a également demandé de débarrasser la Cédéao de clichés qui l'accusent d'être à la solde de puissances étrangères, donc des propos souverainistes. Ensuite, il a demandé d'éviter les manipulations de Constitutions.

Le président sénégalais a accepté de se rendre chez les putschistes, mais s'il n'y a pas d'autres solutions, « on va acter la rupture, avec les conséquences ». »

Du succès de cette Confédération de l'AES dépendra la reprise en main par les pays africains francophones de leur propre souveraineté.
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En Palestine, le carnage continue dans l'indifférence la plus complète du reste du monde :

« L'armée israélienne poursuit ses attaques d'ampleur dans la bande de Gaza. Alors que l'État hébreu a annoncé mercredi 10 juillet avoir mis un terme à sa vaste opération dans le quartier dévasté de Choujaïya, à Gaza-ville, les habitants affichent leur désespoir face à ce quartier, réduit en champ de ruines »

Il faut dire que les personnes publiques qui osent critiquer ce carnage sont de plus en plus soumis à de l'intimidation officielle :

« Ce mardi 9 juillet, au matin, le directeur de recherche émérite au CNRS et spécialiste de l'Islam, François Burgat, était convoqué par la police « dans le cadre d'une procédure pour apologie du terrorisme » ouverte à son encontre, comme l'a annoncé Rafik Chekkat, son avocat, sur X.

Dans le cadre de cette répression scandaleuse, l'universitaire a été placé en garde-à-vue pendant plusieurs heures avant d'être libéré en fin d'après-midi.

Spécialiste du Moyen-Orient et de l'islamisme, le politiste François Burgat est visé par une plainte de l'Organisation Juive Européenne (OJE), organisation soutenant l'État génocidaire Israélien et promouvant la répression de ses opposants. Ces derniers mois, celle-ci est à l'initiative de dizaines de dépôts de plainte pour apologie du terrorisme contre des soutiens à la Palestine, à l'image de Rima Hassan ou de Mathilde Panot. Fin juin, le chercheur, avait annoncé être poursuivi à son tour sur son compte X. »

Nous finirons cette revue de presse par cet entretien avec un professeur de français palestinien résidant à Gaza :

« Ziad Medoukh est professeur de français dans les universités de Gaza, poète et écrivain francophone. Depuis le 7 octobre, il a décidé de rester dans la ville de Gaza, malgré la guerre quotidienne et les bombardements à répétition. Les universités de la ville ont été partiellement voire totalement détruites par l'armée israélienne. Depuis la nouvelle opération israélienne au nord de l'enclave, le professeur a pris la fuite vers les quartiers ouest. Entretien.

RFI : Pouvez-vous décrire le déroulé de ces derniers jours ?

Ziad Medoukh : Il y a quelques jours, peut-être quatre, nous avons reçu des tracts depuis les airs, des appels et des messages sur nos téléphones, envoyés par l'armée d'occupation [israélienne]. Auparavant, ils demandaient d'évacuer quartier par quartier, zone par zone. Mais cette fois-ci, à la surprise générale, ils ont demandé à la population de la ville de Gaza de quitter les lieux. Depuis jeudi, les Israéliens se sont retirés des quartiers Est de la ville mais continuent leur opération dans le centre et dans le sud de la ville de Gaza. Notre seule échappatoire était vers l'ouest. Comme moi, 90% de la population de la ville de Gaza a trouvé refuge sur la côte, dans les quartiers près de la mer. Environ 50 000 familles sont parties vers le centre de Gaza, mais la majorité, près de 450 000 Palestiniens, sont concentrés dans l'ouest de la ville.

À quoi ressemble votre quotidien ?

Depuis trois jours, on vit l'horreur absolue. On a fui sous les bombes et la menace permanente des tirs. On est encerclés. Il y avait des snipers, des avions militaires qui cible des bâtiments et des infrastructures, des chars qui tirent, postés à deux kilomètres d'ici. Le bourdonnement des drones est constant au-dessus de nos têtes, ils patrouillent 24h sur 24. Comme on est sur le littoral, la marine israélienne bombarde la zone, surtout la nuit. Cela fait trois jours qu'on n'arrive pas à dormir. Moi je me trouve au rez-de-chaussée d'un bâtiment avec 120 personnes. Il n'y a pas de nourriture. C'est la peur, l'angoisse, l'inquiétude pour toute le monde, notamment les enfants, les femmes et les personnes âgées. Cela nous rappelle les premiers jours de la guerre, début octobre avec le début de l'offensive militaire israélienne. On a l'impression d'être retourné à la case départ.

Pourquoi les habitants ont-ils en majorité refusé de partir ?

Ils ont refusé comme moi de se déplacer vers le centre de la bande de Gaza, parce que là-bas, il y a des barrages militaires, il y a l'humiliation. Contrairement à ce que disent les Israéliens, nous sommes convaincus qu'il y a aucun lieu sécurisé à Gaza. Selon des familles qui sont partis vers le centre de l'enclave, des habitants ont été assassinés au niveau des barrages de l'armée israélienne, il y a des personnes qui ont été arrêtées. Personne n'est à l'abri et donc les gens préfèrent mourir chez eux. Toute la bande de Gaza est sous les bombes, la situation est horrible.

Alors qu'un nouveau round de discussions a débuté entre le Hamas et Israël pour négocier une trêve dans les combats, comment comprenez-vous cette nouvelle opération israélienne à Gaza ?

Selon moi, l'objectif numéro un des Israéliens, avec cette nouvelle agression, c'est d'écraser la volonté et le moral d'une population qui résiste, qui a décidé de rester, de ne pas partir de leurs maisons depuis presque dix mois. L'armée israélienne est en train de se venger sur cette population. La cible numéro un, ce sont les civils, les enfants, les femmes, les personnes âgées. C'est rare qu'on trouve des militants (du Hamas) parmi les morts. Israël détruit les écoles, les mosquées, les universités, les infrastructures civiles, les puits d'eau. La stratégie d'Israël est de mettre la pression sur cette population civile qui a fait échouer le plan de Netanyahu et de son gouvernement d'extrême droite de chasser les Palestiniens de leur terre. Malgré la famine, malgré le manque de tout, la pénurie d'eau, d'électricité, de médicaments, de nourriture, malgré les morts, les blessés, la destruction massive, les Palestiniens sont toujours là. Ils ne vivent pas. Ils survivent. Ils attendent avec beaucoup de volonté, détermination, avec beaucoup d'espoir qu'il y aura un changement.

Avez-vous un espoir que ces discussions aboutissent et que la guerre s'arrête ?

La population attend avec beaucoup d'espoir les pourparlers au Caire, en Égypte, et à Doha au Qatar pour arriver un cessez-le-feu. Mais en attendant, nous vivons dans la peur, l'angoisse, l'inquiétude et surtout le manque de tout, la pénurie d'eau et de nourriture. Les organisations humanitaires ne peuvent plus venir. Il n'y a plus de marchés, plus de centres médicaux. On habite des quartiers dévastés, dans des immeubles au bord de l'effondrement. On n'a pas le choix, il n'y a pas de lieu sécurisé, il n'y a pas de place pour loger tout le monde. Nous sommes en train de supporter l'insupportable. Nous attendons de voir comment la situation va évoluer : soit on arrive à un cessez-le-feu dans les jours qui viennent, soit l'armée israélienne continue la guerre, son agression, ses bombardements terribles partout dans la bande de Gaza. »

Il est visible que le gouvernement Netanyahou a choisi la deuxième solution :

« Les pourparlers de cessez-le-feu à Gaza ont été interrompus après trois jours d'intenses négociations qui n'ont pas abouti à un résultat viable, ont déclaré samedi deux sources de sécurité égyptiennes, accusant Israël de ne pas avoir une véritable intention de parvenir à un accord.

Selon les sources, la délégation israélienne donnerait son accord sur plusieurs conditions en discussion, mais reviendrait ensuite avec des amendements ou introduire de nouvelles conditions qui risquaient de faire sombrer les négociations.

Les sources ont indiqué que les médiateurs considéraient les « contradictions, les retards dans les réponses et l'introduction de nouvelles conditions contraires à ce qui avait été convenu précédemment » comme des signes que la partie israélienne ne considérait ces pourparlers que comme une formalité visant à influencer son opinion publique. »

Jusqu'à la destruction totale de Gaza, pendant que la police des gouvernements occidentaux met en garde à vue, pour antisémitisme, ceux qui dénoncent ce massacre.

A lundi prochain
 

https://lesakerfrancophone.fr/la-revue-de-presse-du-15-juillet-2024