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La revue de presse du 3 juin 2024

Démarré par JacquesL, 03 Juin 2024, 05:21:22 PM

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JacquesL

La revue de presse du 3 juin 2024

Publié le juin 3, 2024 par Wayan


Par Wayan – Le 3 juin 2024 – Le Saker Francophone



Pendant que les médias grand public orientent l'attention de la population européenne vers « le risque d'une victoire de l'extrême droite aux prochaines élections européennes » et celle de la population étasunienne sur les procès contre Trump, les dirigeants occidentaux préparent la prochaine escalade contre la Russie pour « se protéger de la menace russe ». Ce qui revient à dire que nous allons aiguillonner, ou plus exactement faire aiguillonner par l'Ukraine, l'ours russe pour mieux s'en protéger. La seule explication à cette attitude aberrante est qu'ils confondent toujours, malgré 2 ans d'échecs, l'ours russe et Winny l'ourson :

« Les secrétaires généraux de l'OTAN n'attaquent généralement pas la politique du pays membre le plus grand et le plus important de l'alliance. Mais c'est exactement ce qu'a fait Jens Stoltenberg, dont les dix années à la tête du groupe touchent à leur fin. Dans une interview accordée à The Economist le 24 mai, il a appelé les alliés de l'OTAN qui fournissent des armes à l'Ukraine à mettre fin à leur interdiction de les utiliser pour frapper des cibles militaires en Russie. La cible claire, bien qu'anonyme, de M. Stoltenberg était la politique maintenue par Joe Biden, le président américain, consistant à contrôler ce que l'Ukraine peut et ne peut pas attaquer avec des systèmes fournis par les États-Unis. »

Et dans la foulée, pour augmenter la pression sur Biden :

« L'Assemblée parlementaire de l'OTAN a récemment défendu le droit de l'Ukraine d'utiliser des armes fournies par l'Occident pour cibler des objectifs militaires sur le territoire russe, une décision soutenue par la majorité des législateurs de l'Assemblée et renforcée par le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg. Cette déclaration intervient dans un contexte de pression accrue de la part des alliés occidentaux de l'Ukraine pour qu'ils augmentent leur soutien alors que la Russie intensifie ses actions offensives. »

Les dirigeants européens sont entrés dans la danse :

« GRANDE-BRETAGNE

Lors d'une visite à Kiev le 3 mai, le ministre britannique des Affaires étrangères David Cameron a déclaré à Reuters que l'Ukraine pourrait utiliser les armes fournies par Londres pour frapper des cibles en Russie et qu'il appartenait à Kiev de décider de le faire.

"L'Ukraine a ce droit", a-t-il déclaré. "Tout comme la Russie frappe à l'intérieur de l'Ukraine, vous pouvez tout à fait comprendre pourquoi l'Ukraine ressent le besoin de s'assurer qu'elle se défend."

FRANCE ET ALLEMAGNE

Le président français Emmanuel Macron a déclaré mardi que l'Ukraine devrait être autorisée à frapper des sites militaires en Russie que Moscou utilisait pour attaquer l'Ukraine.

"Nous pensons que nous devrions leur permettre de neutraliser les sites militaires à partir desquels des missiles sont tirés, les sites militaires à partir desquels l'Ukraine est attaquée", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse conjointe avec le chancelier allemand Olaf Scholz.

"(Mais) nous ne devrions pas leur permettre de frapper d'autres cibles en Russie et des sites civils ou militaires en Russie..."

Interrogé à ce sujet, Scholz a déclaré : "Je trouve étrange que certains affirment que (l'Ukraine) ne devrait pas être autorisée à se défendre et à prendre des mesures appropriées".

Cette mémoire de poisson rouge de ces mêmes dirigeants qui, il y a à peine quelque mois, disaient :

« Le chancelier allemand Olaf Scholz a clairement indiqué lundi qu'il restait réticent à envoyer des missiles de croisière à longue portée Taurus en Ukraine, soulignant le risque que son pays soit directement impliqué dans la guerre. »

Sa réticence a disparu et la crainte d'une guerre européenne aussi. Quelle pression fut assez forte pour que lui, tout comme Macron, retournent leur veste et prennent un si grand risque pour la sécurité de leur pays ?

Mais la pression est aussi forte à l'intérieur des Etats-Unis :

« Cher secrétaire Austin,

Nous vous écrivons en notre qualité de membres de la Chambre des représentants des États-Unis pour vous faire part de notre soutien fort à plusieurs demandes urgentes de la part de nos collègues ukrainiens :

(1) Autoriser l'utilisation d'armes fournies par les États-Unis pour frapper des cibles stratégiques du Territoire russe dans certaines circonstances : nos alliés ukrainiens demandent l'autorisation d'utiliser certaines armes fournies par les États-Unis pour mener des opérations sur des cibles stratégiques à l'intérieur du territoire russe et sous contrôle russe. Selon rapport de Politico du 14 mai, la politique actuelle de l'administration Biden menotte l'Ukraine. »

Il est révélateur que des membres du Congrès étasunien soit obligés de se référer à un article de Politico pour évaluer la « politique de l'administration Biden ».

Finalement c'est l'entourage proche de Biden qui va augmenter la pression, dans la même semaine, telle une attaque coordonnée contre le relent de sagesse d'un vieil homme de 80 ans. Il va forcément céder :

« Le secrétaire d'État américain Antony Blinken fait pression sur l'administration du président Joe Biden pour qu'elle autorise l'Ukraine à attaquer des cibles situées au plus profond de la Russie avec des armes américaines, a rapporté jeudi le New York Times, faisant référence à des responsables américains anonymes.

L'interdiction, selon la Maison Blanche, a été imposée par crainte que si des armes américaines étaient utilisées à l'intérieur de ce que Washington reconnaît comme territoire russe, cela déclencherait une escalade et potentiellement une Troisième Guerre mondiale. Blinken a plaidé en faveur de la suppression des restrictions après avoir effectué une visite « qui donne à réfléchir » à Kiev au début du mois, a indiqué le journal, citant des sources internes. »

Pour mieux faire avaler la pilule et les peurs de la réaction russe :

« L'Ukraine a utilisé à plusieurs reprises des armes occidentales contre des cibles situées à l'intérieur de ce qu'elle reconnaît comme territoire russe, a affirmé l'Agence France Presse (AFP).

Certains hauts responsables occidentaux ont exhorté les pays qui font don de munitions à longue portée à l'Ukraine à ne pas interdire leur utilisation au plus profond de la Russie, tandis que d'autres se sont publiquement opposés à cette idée. Des restrictions contre de telles frappes ont notamment été imposées par les États-Unis, principal fournisseur d'armes de Kiev. Washington a déclaré que l'interdiction visait à empêcher une escalade du conflit, et n'a donné aucune indication quant à sa levée.

Mardi, l'agence de presse a cité plusieurs experts, qui estiment que les donateurs ne devraient pas s'inquiéter, car plusieurs autres lignes rouges russes auraient déjà été franchies sans conséquence.

"Des armes occidentales ont déjà été utilisées à plusieurs reprises contre le territoire russe, plus récemment contre la ville méridionale de Krasnodar, ont indiqué plusieurs sources occidentales", affirme le rapport.

L'AFP n'a fourni aucun détail sur ces incidents ni sur les armes impliquées. »

Exemple typique de manipulation des consciences par les agences de presse. « Plusieurs sources occidentales » non nommées. « Aucun détail sur ces incidents ». Et, surtout, le sous-entendu d'un tel article est que la Russie n'a jamais réagi, alors pourquoi réagirait-elle aujourd'hui ? Aucun risque, allons-y. Si c'est l'AFP qui le dit alors c'est que c'est vrai pense le lecteur non averti.

Figue de barbarie sur le gâteau cramé, dans la même semaine, l'OTAN et l'Allemagne déclare qu'ils veulent bien que l'Ukraine tire sur la Russie mais pas qu'elle se protège des inévitables tirs russes de riposte :

« L'OTAN n'a pas l'intention d'utiliser ses défenses aériennes pour protéger l'Ukraine, a insisté le secrétaire général du bloc militaire, Jens Stoltenberg. Son commentaire intervient quelques jours après que l'Ukrainien Vladimir Zelensky a exhorté les États-Unis et leurs alliés à abattre les missiles russes. »

« Berlin considère que la demande de Vladimir Zelensky d'un « bouclier antimissile » de l'OTAN sur l'Ukraine va trop loin, a déclaré lundi le porte-parole du gouvernement allemand, Steffen Hebestreit.

S'adressant au New York Times la semaine dernière, le dirigeant ukrainien a affirmé que l'OTAN devrait abattre les missiles russes depuis son propre territoire, comme les États-Unis et le Royaume-Uni l'ont fait avec les missiles et drones iraniens pointés vers Israël.

« De notre point de vue, cela signifierait une implication directe dans ce conflit. Et ce n'est pas un objectif que nous visons », a déclaré Hebestreit aux journalistes à Berlin. »

L'occident explique donc au gladiateur Zelensky, « tiens, voilà une épée. Mais pas de bouclier, cela pourrait fâcher tes adversaires. Allez, rentre dans l'arène ».

Voyant cela, Poutine a encore averti :

« Le président russe Vladimir Poutine a mis en garde mardi contre de « graves conséquences » si les pays occidentaux laissaient l'Ukraine utiliser leurs armes pour frapper le sol russe.

« Cette escalade constante peut avoir de graves conséquences », a déclaré Poutine aux journalistes mardi en Ouzbékistan, selon plusieurs agences de presse.

« Si ces graves conséquences se produisent en Europe, comment les États-Unis se comporteront-ils, compte tenu de notre parité dans le domaine des armes stratégiques ? Poutine a ajouté dans ses remarques aux journalistes. « C'est difficile à dire : veulent-ils un conflit mondial ?

L'utilisation d'armes à longue portée pour frapper la Russie s'appuierait sur les données des services de renseignement occidentaux, a déclaré Poutine, et suggérerait que le personnel militaire de l'OTAN serait impliqué dans les attaques. Poutine a lancé un avertissement sévère contre une telle démarche.

"Les représentants des pays membres de l'OTAN, en particulier en Europe, devraient être conscients de ce avec quoi ils jouent", a déclaré Poutine. « Les pays dotés d'un petit territoire et d'une population dense » doivent être particulièrement prudents, a prévenu Poutine. »

En particulier ce petit territoire qu'est l'Angleterre :

« La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a déclaré jeudi que Moscou riposterait en frappant des cibles britanniques si des armes britanniques étaient utilisées par l'Ukraine pour frapper le territoire russe.

Zakharova a déclaré aux journalistes que des cibles britanniques « sur le territoire ukrainien et au-delà de ses frontières » pourraient être touchées dans un tel scénario. »

Mais, certain de la supériorité occidentale contre la Russie, Stoltenberg balaye ces avertissements d'un revers de la manche :

« Le chef de l'OTAN, Jens Stoltenberg, a rejeté vendredi les avertissements du président russe Vladimir Poutine selon lesquels autoriser l'Ukraine à utiliser des armes occidentales pour frapper à l'intérieur du territoire russe pourrait conduire à une escalade.

S'exprimant en marge d'une réunion des ministres des Affaires étrangères de l'OTAN à Prague, Stoltenberg a déclaré que l'alliance avait déjà entendu de tels avertissements à plusieurs reprises et que la légitime défense n'était pas une escalade.

"Cela n'a rien de nouveau. Depuis longtemps, chaque fois que les alliés de l'OTAN apportent un soutien à l'Ukraine, le président Poutine essaie de nous menacer de ne pas le faire", a-t-il déclaré aux journalistes. "Quant à l'escalade – eh bien, c'est la Russie qui a escaladé en envahissant un autre pays." »

Finalement Biden a rapidement cédé aux pressions, mais « en secret » nous annonce Politico :

« Biden a secrètement donné à l'Ukraine la permission de frapper en Russie avec des armes américaines. Il s'agit d'un revirement majeur qui aidera l'Ukraine à mieux défendre sa deuxième plus grande ville. »

Quand le président des Etats-Unis est obligé de prendre « en secret », de polichinelle, une décision qui peut avoir des conséquences catastrophiques pour la sécurité des populations européennes on se demande vraiment quelle tangente est en train de prendre la politique du bloc occidental.

Quant aux dirigeants européens, les premiers concernés en cas de dérapage dans ce rapport de force avec la Russie, ils semblent prêts à risquer la sécurité de leurs populations pour suivre des diktats venus, non pas de Biden comme on a pu le voir, mais de puissances qui cherchent vraiment à ce que la situation dégénère totalement en Europe. Le complexe militaro-industriel étasunien ? Il en est le premier bénéficiaire, en augmentant ses ventes à l'Europe, mais aussi en tentant de détruire un pays qui est en train de devenir un concurrent de taille par la puissance des armes qu'il fabrique, la Russie. Qui d'autre serait prêt à pousser le monde vers une troisième guerre mondiale ?

Poutine ! répondront mécaniquement ceux qui s'abreuvent à la propagande des médias grand public. Mais si Poutine voulait vraiment détruire l'Europe, pourquoi ne le fait-il pas immédiatement. Un fou ne retient pas sa folie. Il en a largement les moyens avec les bombes, nucléaires ou pas, dans son arsenal. Et pourtant, même Kiev n'est toujours pas détruite. Ce qui montre bien sa retenue. Non, Poutine ne veut pas de dérapage vers une guerre européenne, comme veut le faire croire la propagande médiatique mais, si on touche à la Russie, alors... « graves conséquences ».

Parmi les dirigeants européens fiers de mener le continent à la catastrophe, Macron aura l'honneur d'avoir été le premier à jeter des troupes dans le chaudron ukrainien :

« Le premier groupe d'instructeurs militaires français arrive en Ukraine, a déclaré vendredi un homme politique ukrainien de premier plan, Alexeï Gontcharenko.

Sa déclaration intervient quelques jours seulement après que le commandant en chef ukrainien Alexandre Syrsky a annoncé qu'il avait autorisé la présence de personnel français dans le pays.

« Mes sources m'ont informé que le premier groupe d'instructeurs français est déjà en route pour l'Ukraine », a écrit Goncharenko, député ukrainien et délégué à l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe, sur X (anciennement Twitter). »

Evidemment, pas un mot sur ce sujet dans la presse française. La population risquerait de protester.

Et pas un mot de paix non plus, si ce n'est cette nouvelle parodie de pourparlers en suisse, prise à l'initiative du vaincu et à laquelle le vainqueur n'est même pas invité. Même Biden n'est plus emballé par un tel cirque :

« Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a exhorté Joe Biden à assister à un prochain sommet de paix en Ukraine, en Suisse, affirmant que seul Vladimir Poutine l'« applaudirait » s'il ne se présentait pas.

Bien que l'administration Biden ait été un fervent partisan de Kiev, des rapports suggèrent que le président Biden et la vice-présidente Kamala Harris devraient rater le sommet, ce qui serait un coup dur pour M. Zelensky – même si une certaine forme de présence de Washington est attendue. »

Pour finir sur ce chapitre, voici une analyse en français écrite par Caroline Galacteros :

« Nous ne pratiquons plus seulement le somnambulisme. Nous sommes désormais des funambules. Nous nous hasardons en tutu sur une corde raide, sans barre d'équilibre ni filet. Le gouffre se creuse entre deux parties du monde de plus en plus antagonistes dans leurs intérêts, leurs postures et leurs ambitions. En Europe, la sécurité est en lambeaux mais, à quelques semaines du scrutin européen, en France du moins, on fait comme si de rien était. Pourtant, la situation en Ukraine se détériore de jour en jour. Les tendances identifiées voici plus d'un an se confirment chaque jour d'avantage. Les forces ukrainiennes sont en mal criant d'hommes et de matériels, et le différentiel de puissance avec la Russie parait désormais irrattrapable. Tous les observateurs civils et militaires sérieux le savent. Les Anglo-saxons ont commencé à l'avouer à mi-mots dès le printemps 2023. Mais cela n'a pas l'air de les conduire à la raison, et les Européens moins encore.

Tout au contraire, nous doublons, triplons la mise, comme investis d'une mission impossible mais sacrée. On nourrit l'escalade verbale, on verse des chaudrons d'huile bouillante sur le feu. « La Russie ne doit pas gagner, sinon c'est l'Europe qui est en danger ». Voilà une pétition de principe parfaitement fausse, et en plus moralement indéfendable pour les « valeurs » européennes, car cela revient à envoyer sans finalement de scrupules à la mort et en pure perte une jeunesse perdue pour une négociation inévitable que chaque jour perdu rendra in fine plus défavorable à leur pays. Mais on n'en a cure. La suite de l'analyse... »
***

La Géorgie continue de subir de fortes pressions de l'Occident pour empêcher qu'elle se protège de ces mêmes pressions. On se souvient que le parlement élu démocratiquement de Géorgie a voté une loi imposant aux ONG et médias géorgiens financé à plus de 20% par de l'argent étranger de le déclarer officiellement. Une loi prise dans le but déclaré d'empêcher que ce pays voisin de la Russie ne subisse le même sort que l'Ukraine. Les gouvernements occidentaux, dont la France, dénoncent cette loi comme « contraire aux valeurs démocratiques européennes ». Mais alors comment se fait-il que le gouvernement français soit en train de faire voter exactement le même genre de loi :

« Ingérences étrangères en France

Proposition de loi visant à prévenir les ingérences étrangères en France

Procédure accélérée engagée par le Gouvernement le 20 mars 2024

Texte n° 2150 de M. Sacha HOULIÉ, Mme Constance LE GRIP et M. Thomas GASSILLOUD, déposé à l'Assemblée Nationale le 6 février 2024 »

Là encore, pas un média grand public français n'a relevé cette évidente contradiction. Loi contre les influences étrangères en France « bon pour la démocratie européenne » mais en Géorgie, « contraire à la démocratie européenne » ?

Immédiatement, la présidente géorgienne a mis son véto contre cette loi, comme l'en autorise la loi géorgienne :

« La présidente géorgienne Salomé Zourabichvili a annoncé qu'elle avait opposé son veto à un projet de loi sur les agents étrangers, a rapporté samedi l'agence de presse officielle russe TASS.
Zourabichvili avait déclaré précédemment qu'elle opposerait son veto au projet de loi, ce qui a déclenché des manifestations de rue, mais sa décision peut être annulée par un autre vote au Parlement, contrôlé par le parti au pouvoir en Géorgie et ses alliés

"Aujourd'hui, j'ai opposé mon veto à une loi russe. Cette loi est russe dans son essence et son esprit", a-t-elle déclaré lors d'un point de presse. "Cela est contraire à notre Constitution et à toutes les normes européennes, et représente donc un obstacle à notre voie européenne.". »

Mais qui Salomé Zourabichvili ?

« Zourabichvili est né à Paris, en France, dans une famille de réfugiés politiques géorgiens. Elle a rejoint le service diplomatique français dans les années 1970 et, pendant trois décennies, a occupé divers postes diplomatiques de plus en plus élevés. De 2003 à 2004, elle a été ambassadrice de France en Géorgie. En 2004, d'un commun accord entre les présidents français et géorgien,[3] elle accepte la nationalité géorgienne et devient ministre des Affaires étrangères de la Géorgie. Au cours de son mandat au ministère géorgien des Affaires étrangères (MAE), elle a négocié un traité qui a conduit au retrait des forces russes des parties incontestées du continent géorgien. »

Précision qui ne sera, là non plus, donnée par aucun média grand public, tant cela met aussi en question la narrative officielle occidentale car elle permet de comprendre pourquoi la présidente géorgienne a immédiatement opposé son véto à une loi permettant de protéger le pays des influences occidentales.

Il est évident que Zourabichvili, ancienne diplomate française, sait très bien que son pays de naissance est en train de voter la même loi au même moment. Mais elle joue visiblement un double jeu, en faveur de l'UE et à l'encontre de la sécurité de la Géorgie.

C'est un exemple typique de « psyop », opérations psychologiques, dans laquelle les médias collaborent avec les gouvernements pour manipuler l'opinion publique et atteindre des objectifs géopolitiques cachés au public. Dans ce cas précis, déstabiliser la Géorgie grâce à un agent étranger implanté au plus haut niveau de l'Etat géorgien pour planter une autre aiguillon dans le dos de l'ours russe.

Pour ceux qui rétorqueraient « mais qu'en est-il des manifestants contre cette loi, elle a bien une opposition populaire ? ». Et bien en France aussi mais évidemment les médias ne relaient pas cette information donc la population ne le sait pas, seule la presse alternative en parle :

« La proposition de loi « Prévenir les ingérences étrangères en France» , présentée par le député Sacha Houlié avec le soutien du camp présidentiel, a été adoptée par l'Assemblée Nationale (27 mars) et le Sénat (22 mai) avec le soutien des partis Les Républicains et Rassemblement national – alliés naturels du gouvernement pour les lois sécuritaires, mais ici, avec également le soutien du PS et d'EELV.

L'objectif affiché de cette loi est de limiter les intrusions d'autres Etats via l'espionnage et les manipulations pour contraindre les intérêts géopolitiques de la France. Mais, alors que le gouvernement dispose déjà de nombreux outils pour éviter ces intrusions, ce texte fraîchement adopté ne peut qu'inquiéter. En effet, ces dispositions pourraient avoir pour conséquence de soumettre des associations d'intérêt public œuvrant pour l'intérêt collectif à des obligations de déclaration des subventions de fondations étrangères, renforçant ainsi les possibilités de contrôle gouvernemental.

Par ailleurs, dans une logique constante de solutionnisme technologique, le texte promeut l'extension d'une technique de renseignement dite de l'algorithme de détection ou « boîte noire de renseignement ».

Cette technique a été instaurée par la loi renseignement de 2015 et nos organisations s'y étaient alors fermement opposées. Elle implique, en effet, la nécessaire surveillance de l'intégralité des éléments techniques de toutes les communications de la population (qui contacte qui ? quand ? comment ? voire pourquoi ?), qu'elles soient téléphoniques ou sur internet, tout cela pour poursuivre l'objectif de détecter automatiquement des profils effectuant un certain nombre d'actions déterminées comme étant « suspectes ». Ces profils seront ensuite ciblés et plus spécifiquement suivis par des agents du renseignement. Cette technique agit donc à la manière d'un énorme « filet de pêche », jeté sur l'ensemble des personnes résidant en France, la largeur de maille étant déterminée par le gouvernement.

En raison de son caractère hautement liberticide, cette mesure avait été limitée à la stricte lutte contre le risque terroriste et instaurée de façon expérimentale pour quelques années avec des obligations d'évaluation. Malgré des résultats qui semblent peu convaincants et des rapports d'évaluation manquants, cette technique a, depuis, été pérennisée et explicitement élargie à l'analyse des adresses web des sites Internet.

Les boîtes noires comme les autres techniques d'intrusion du renseignement offrent des possibilités terrifiantes, qu'elles soient prévues par la loi ou utilisées abusivement. Cette démultiplication des capacités de surveillance participe à l'actuelle dérive autoritaire d'un pouvoir qui se crispe face aux contestations pourtant légitimes de sa politique antisociale et climaticide et devrait toutes et tous nous inquiéter alors que les idées les plus réactionnaires et de contrôle des populations s'intensifient chaque jour un peu plus. »

Pour confirmer, s'il le fallait encore, que le bloc occidental est prêt à tout pour atteindre ses objectifs en Géorgie :

« Selon Blinken, la législation qui a déclenché des protestations massives, « étoufferait l'exercice des libertés d'association et d'expression », stigmatiserait de nombreuses organisations et entraverait le travail des médias. Il a également déclaré que le projet de loi « va à l'encontre de l'objectif déclaré de longue date de la Géorgie... d'intégration euro-atlantique et de partenariat stratégique avec les États-Unis ».

« En réponse à ces actions, le Département d'État met en œuvre une nouvelle politique de restriction des visas pour la Géorgie qui s'appliquera aux personnes responsables ou complices de l'atteinte à la démocratie en Géorgie, ainsi qu'aux membres de leur famille », a déclaré Blinken.

Il a ajouté que ceux qui sont considérés comme portant atteinte à la démocratie en Géorgie [C'est-à-dire les députées du parlement géorgien élus démocratiquement, NdT] « pourraient ne pas être éligibles aux visas américains » et se voir interdire de voyager aux États-Unis, notant que les mêmes restrictions pourraient s'appliquer aux membres de la famille immédiate de ces personnes.

Le secrétaire d'État a également annoncé « un examen complet de la coopération bilatérale entre les États-Unis et la Géorgie », tout en exprimant l'espoir que les responsables de Tbilissi finiront par abandonner le projet de loi.

L'UE s'est également prononcée contre la proposition, le Financial Times rapportant que certains membres du bloc ont insisté pour suspendre les voyages sans visa avec la Géorgie en raison de la controverse. Par ailleurs, Foreign Policy a rapporté mardi que l'UE pourrait refuser la confirmation du statut de candidat de la Géorgie en octobre si le projet de loi n'est pas retiré. »

La réponse du gouvernement géorgien :

« Le parti au pouvoir en Géorgie a accusé vendredi les Etats-Unis de mener une politique de "menaces et de chantage" après que Washington a annoncé de nouvelles restrictions de visa concernant un projet de loi sur les "agents étrangers".

Le parti au pouvoir, le Rêve géorgien, a déclaré sur Facebook que les restrictions en matière de visa n'étaient "rien d'autre qu'une tentative grossière de restreindre l'indépendance et la souveraineté de la Géorgie". "Aucun chantage, quel qu'il soit, ne peut nous contraindre à aller à l'encontre de notre pays", a-t-il déclaré.

Le chef de la faction parlementaire du bloc au pouvoir a déclaré que la décision américaine était "une farce" et qu'elle menaçait de restreindre l'indépendance de la Géorgie. "L'indépendance du pays ne se vend pas contre des visas", a écrit Mamuka Mdinaradze sur Facebook. »

Dans la foulée le parlement a repoussé le véto de la présidente est définitivement adopté cette loi :

« Le parlement géorgien a annulé mardi le veto présidentiel sur la législation sur les « agents étrangers » qui a alimenté les inquiétudes occidentales et déclenché des protestations massives depuis des semaines.

Le Parlement, contrôlé par le parti au pouvoir Rêve géorgien, a rejeté le veto de la présidente Salomé Zurabichvili sur la législation qui, selon elle et d'autres critiques, restreindrait la liberté des médias et entraverait les chances de la Géorgie d'adhérer à l'Union européenne. »

Les pressions vont-elles s'arrêter là ? Elles risquent au contraire de s'accentuer sur ce pays qui résiste pour que la propagande étrangère ne le divise pas entre « pro-russes » et « pro-occidentaux » et que cela finisse en guerre civile, comme cela fut le cas à partir de 2014 en Ukraine, poussant finalement la Russie à intervenir pour protéger la population « pro-russe ». La Géorgie a déjà connu ce genre de problèmes dans les années 90, après la dissolution de l'Union Soviétique, et ne veut pas que cela recommence.
***

Il devient de plus en plus évident que l'objectif israélien est de détruire totalement Gaza d'une part et d'empêcher toute possibilité de création d'un état palestinien d'autre part. Il n'y a que les dirigeants et les médias grand-publics pour faire semblant de ne pas voir l'évidence. 70% des infrastructures et habitation de Gaza avaient déjà été détruites. Les 30% restant étant la ville de Rafah qui est en train d'être détruite à son tour, ce qui fera que l'enclave de Gaza sera complètement ravagée :

« Les bombardements israéliens sont incessants sur Rafah. Cette ville du sud de la bande de Gaza est devenue l'épicentre de la guerre, un million de personnes l'ont fuie depuis début mai et le lancement de l'offensive terrestre israélienne. C'est un désastre humanitaire dans cette région qualifiée d'« enfer sur terre » par l'ONU. Tous les hôpitaux de Rafah ont fermé, assurent les Gazaouis. »

La frontière avec l'Egypte est tombée aux mains de l'armée israélienne isolant totalement Gaza du monde extérieur :

« Les autorités égyptiennes ont protesté à plusieurs reprises depuis l'incursion des blindés israéliens dans le corridor de Philadelphie, dont l'armée de l'État hébreu a annoncé avoir pris le contrôle mercredi 29 mai. Une zone tampon de 14 kilomètres de long à l'intérieur de la bande de Gaza, qui borde la frontière égyptienne, mais qui est démilitarisée conformément au traité de paix. L'Égypte accuse Israël de jouer avec le feu en procédant à cette violation des accords et a déclaré se réserver « le droit de prendre toutes les mesures nécessaires pour sauvegarder la sécurité de son territoire ». »

Première conséquence de ce blocus total de Gaza :

« Les Nations Unies, qui ont mis en garde contre la famine à Gaza, ont déclaré mercredi que le montant de l'aide humanitaire entrant dans l'enclave a diminué des deux tiers depuis qu'Israël a commencé ce mois-ci son opération militaire dans la région de Rafah, au sud de l'enclave.

"La quantité de nourriture et d'autres aides entrant à Gaza, déjà insuffisante pour répondre aux besoins croissants, a encore diminué depuis le 7 mai", a déclaré le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA). »

Deuxième conséquence, il n'a y a plus de possibilité de soins médicaux importants dans l'enclave alors que les bombes pleuvent :

« Les enfants blessés de Gaza se voient refuser toute aide médicale alors que le terminal de Rafah est fermé.

La tante d'Ahmed Abu Athab sanglote alors qu'elle implore le monde de faire sortir le garçon de Gaza pour des soins médicaux après qu'il ait été blessé par des tirs israéliens cette semaine et qu'il ait rejoint la liste croissante des blessés coincés dans le territoire assiégé sans aide médicale.

Le garçon était allé à la plage mardi pour se laver avec un groupe d'enfants et un missile est tombé alors qu'ils sortaient de l'eau, le touchant avec des éclats d'obus, a-t-elle expliqué. »

Le gouvernement israélien prévient que ce n'est pas fini :

« "Les combats à Gaza se poursuivront pendant au moins sept mois supplémentaires", a déclaré le conseiller à la sécurité nationale du Premier ministre, Tzachi Hanegbi, à la radio publique israélienne Kan.

Les Forces de défense israéliennes (FDI) ont déclaré mardi que leurs troupes opéraient de manière « très ciblée » contre les derniers bataillons du Hamas à Rafah, d'où plus d'un million de Palestiniens ont fui au cours des trois dernières semaines.

Le gouvernement américain a également déclaré qu'il ne pensait pas qu'« une opération terrestre majeure » était en cours, susceptible de déclencher un changement dans sa politique en matière d'aide militaire à Israël.

Hanegbi – considéré comme un proche confident du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu – a déclaré à Kan qu'il s'attendait à sept mois supplémentaires de conflit "afin de consolider nos acquis et ce que nous définissons comme la destruction des capacités gouvernementales et militaires du Hamas et [Palestinien] Jihad islamique". »

Tout cela grâce à la complicité active des dirigeants étasuniens :

« Des munitions fabriquées aux États-Unis ont été utilisées dimanche lors de la frappe meurtrière israélienne contre un camp de personnes déplacées à Rafah, selon une analyse de CNN d'une vidéo de la scène et un examen par des experts en armes explosives. »

« Nikki Haley, ancienne candidate républicaine à la présidentielle, a écrit « Achevez-les ! » sur un obus d'artillerie israélien lors d'une récente visite en Israël, en pleine attaque sur Gaza qui a fait des dizaines de milliers de morts au cours des huit derniers mois.

Une image de Haley accroupie devant des palettes d'obus, écrivant avec un marqueur sur l'une d'elles, a été partagée sur les réseaux sociaux par Danny Danon, homme politique israélien et ancien ambassadeur aux Nations Unies. Une deuxième image qu'il a partagée montrait le message signé de Haley : "Achevez-les – America EST DE TOUT CŒUR avec Israël, toujours." »
Le message est on ne peut plus clair.

Et pour bien montrer que, malgré l'unanime condamnation du « Sud Global » et des instances juridiques internationales, le Bloc Occidental est « de tout cœur » prêt à accompagner Netanyahou dans son horrible projet, il est invité à venir le défendre auprès du public occidental. D'abord en France :

« Le chef du gouvernement israélien a martelé ses arguments, ce jeudi soir sur la chaîne de télévision française LCI, dépendant du groupe TF1. Aux yeux de Benyamin Netanyahu, côté palestinien à Gaza, « le nombre de pertes civiles relatives aux pertes de combattants » constitue « le taux le plus bas qu'on a vu dans une guerre urbaine ». Selon lui, accuser l'armée israélienne de cibler des civils, ou de les affamer, relève de « calomnies antisémites ».

Netanyahu était interrogé depuis Israël par le journaliste Darius Rochebin. Un entretien enregistré au préalable et diffusé à 20h30, heure de Paris. Mais dès avant 19 heures, aux abords du siège du groupe, après l'annonce dans l'après-midi de la diffusion de l'intervention du Premier ministre israélien, de premiers protestataires se sont mis à manifester leur indignation. Le rassemblement se poursuivait encore à 22 heures.»

Et bientôt aux Etats-Unis :

« Les dirigeants du Sénat et de la Chambre des représentants américains ont invité vendredi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à s'adresser à une réunion conjointe du Congrès, une démonstration de soutien au milieu des divisions partisanes concernant la campagne israélienne à Gaza.

La lettre invitant Netanyahu a été signée par le président républicain de la Chambre des représentants Mike Johnson, le chef de la majorité démocrate au Sénat Chuck Schumer, le chef républicain du Sénat Mitch McConnell et le leader démocrate de la Chambre des représentants Hakeem Jeffries.

"Pour bâtir sur notre relation durable et souligner la solidarité de l'Amérique avec Israël, nous vous invitons à partager la vision du gouvernement israélien pour défendre la démocratie, combattre le terrorisme et établir une paix juste et durable dans la région", indique la lettre. »

Pendant ce temps, les nouvelles montrant l'attitude mafieuse et génocidaire de l'Etat israélien continue de pleuvoir :

« Quatre sources ont confirmé que Bensouda [une procureure de la Cour Pénale Internationale chargée d'enquêter sur Israël. NdT] avait informé un petit groupe de hauts responsables de la CPI des tentatives de Cohen [un fonctionnaire israélien, NdT] pour l'influencer, au milieu d'inquiétudes quant à la nature de plus en plus persistante et menaçante de son comportement.

Trois de ces sources étaient au courant des révélations formelles de Bensouda à la CPI sur cette affaire. Ils ont déclaré qu'elle avait révélé que Cohen avait fait pression sur elle à plusieurs reprises pour qu'elle ne procède pas à une enquête criminelle dans l'affaire Palestine de la CPI.

Selon des témoignages partagés avec des responsables de la CPI, il lui aurait dit : « Vous devriez nous aider et nous laisser prendre soin de vous. Vous ne voulez pas vous lancer dans des activités qui pourraient compromettre votre sécurité ou celle de votre famille. »

Une personne informée des activités de Cohen a déclaré qu'il avait utilisé des « tactiques méprisables » contre Bensouda dans le cadre d'une tentative finalement infructueuse de l'intimider et de l'influencer. Ils ont comparé son comportement à du « harcèlement ».

Le Mossad s'est également vivement intéressé aux membres de la famille de Bensouda et a obtenu des transcriptions d'enregistrements secrets de son mari, selon deux sources ayant une connaissance directe de la situation. Les responsables israéliens ont ensuite tenté d'utiliser ces informations pour discréditer le procureur.

Les révélations sur l'opération de Cohen font partie d'une enquête à venir menée par le Guardian, la publication israélo-palestinienne +972 Magazine et le journal en hébreu Local Call, révélant comment plusieurs agences de renseignement israéliennes ont mené une « guerre » secrète contre la CPI pendant près d'une décennie. »

« RSF appelle le procureur de la Cour pénale internationale « à enquêter sur des crimes commis contre au moins neuf reporters palestiniens entre le 15 décembre 2023 et le 20 mai 2024 ». Selon elle, plus de 100 journalistes de Gaza ont été tués par l'armée israélienne. Elle précise qu'il s'agit de sa troisième plainte sur la mort de journalistes à Gaza devant la CPI de La Haye, depuis celles des 31 octobre et du 22 décembre.

Sa plainte spécifique de ce lundi fait état de « huit cas supplémentaires de journalistes palestiniens et d'un reporter blessé », tous « dans l'exercice de leurs fonctions ». L'ONG affirme avoir « des motifs raisonnables de croire que certains de ces journalistes ont été victimes d'homicides intentionnels, les autres d'attaques intentionnelles contre des civils par l'armée israélienne ». »

"Depuis le début de la guerre à Gaza, ces images reviennent sans cesse : des Gazaouis arrêtés par l'armée israélienne, dénudés, les yeux bandés, agenouillés et les mains liées dans le dos. Accusés d'appartenance au Hamas, ils sont notamment emprisonnés à Sdé Teiman, une base de l'armée israélienne dans le désert. Un médecin israélien, un lanceur d'alerte qui y a travaillé, dénonce des traitements inhumains infligés aux détenus gazaouis."

« DÈS LE MOIS DE NOVEMBRE, des informations ont fait état de médecins arrêtés et portés disparus dans le nord de Gaza. Selon l'Organisation mondiale de la santé, au moins 214 membres du personnel médical de Gaza ont été arrêtés par l'armée israélienne. Début mai, la détention et les allégations de torture du personnel médical de Gaza ont fait la une des journaux lorsque les autorités israéliennes ont annoncé la mort d'Adnan Al-Bursh, un chirurgien bien connu et chef du service orthopédique de l'hôpital Al-Shifa. Après avoir été placé en détention en décembre, les responsables ont déclaré qu'Al-Bursh était décédé en avril alors qu'il se trouvait dans la prison d'Ofer, un centre de détention israélien en Cisjordanie occupée.

« Le cas du Dr Adnan suscite de sérieuses inquiétudes quant à sa mort suite à la torture infligée par les autorités israéliennes. Sa mort exige une enquête internationale indépendante », a déclaré la semaine dernière Tlaleng Mofokeng, rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit à la santé. « Le meurtre et la détention de professionnels de santé ne constituent pas une méthode de guerre légitime. Ils ont un rôle légitime et essentiel dans la prise en charge des malades et des blessés en période de conflit.

Al-Bursh est l'un des au moins 493 travailleurs médicaux palestiniens tués à Gaza depuis le 7 octobre, selon le ministère de la Santé. »

Qui peut encore croire de qu'Israël soit à Gaza pour « se battre contre le Hamas » ? A part les analystes de plateaux TV et les dirigeants politiques en place.
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Pendant que le monde occidental se débat dans des problèmes qu'il créé lui-même à cause de son incapacité à s'adapter à un monde en pleine évolution, l'Asie se prépare, même entre pays antagonistes depuis longtemps :

« Le sommet annuel entre la Corée du Sud, le Japon et la Chine a eu lieu à Séoul ce 27 mai. Les Premiers ministres chinois et japonais et le président sud-coréen se sont entretenus, une première depuis 2019. De fortes tensions ont perturbé les relations entre les trois pays ces dernières années, notamment du fait du rapprochement de la Corée du Sud et du Japon avec les États-Unis. Mais cette reprise du dialogue a tout de même pu déboucher sur une déclaration commune.

Le fait que ce sommet se soit déroulé, est déjà une information clé pour les trois voisins dont les relations se sont nettement dégradées ces dernières années, même une poignée de mains entre les leaders semblait être une avancée. « Ce sommet est un nouveau départ », a promis le Premier ministre chinois Li Qiang, lors de la conférence de presse faisant suite à la rencontre.

Avec Fumio Kishida, le Premier ministre japonais et Yoon Suk-yeol, le président sud-coréen, ils se sont concentrés sur les sujets où des coopérations semblaient possibles : l'économie, les échanges culturels, les nouvelles technologies, le développement durable, la santé ou encore le vieillissement de la population. L'idée principale était de relancer les discussions trilatérales, notamment sur un possible accord de libre-échange, et faire de nouveau de cette rencontre un rendez-vous régulier. Ce qui ressort de la déclaration commune, c'est une recherche de consensus sans avancée majeure sur les dossiers importants. »

Le compte rendu chinois :

« La Chine, le Japon et la Corée du Sud, en tant que pays voisins inchangeables, sont interdépendants en termes de paix et de stabilité régionales, ainsi que de développement économique et de prospérité. Malgré les actions et les bruits continus menés par les États-Unis, tels que le « découplage » de la Chine, la construction de « petites cours et de hautes clôtures » et la « réduction de la dépendance à l'égard de la Chine pour assurer la sécurité économique », la Chine est le plus grand partenaire commercial du Japon et de la Corée du Sud, et le Japon et la Corée du Sud sont d'importants partenaires commerciaux de la Chine. Ce modèle de base restera stable. La Chine, le Japon et la Corée du Sud ont revitalisé l'importante coopération existante dans le cadre de l'accord de libre-échange Chine-Japon-Corée du Sud, tout en introduisant de nouvelles initiatives telles que le « Centre de coopération en matière d'innovation Chine-Japon-Corée du Sud » et le Centre de coopération en matière d'innovation Chine-Japon-Corée du Sud. La capacité à activer la coopération existante et à générer de nouvelles initiatives découle de la logique inhérente à la demande interne. Cela reflète des besoins de coopération traditionnels qui ont été validés depuis de nombreuses années et qui font preuve d'une forte résilience. Dans le même temps, les nouvelles initiatives démontrent des tendances émergentes qui s'alignent et s'adaptent aux exigences futures de la coopération trilatérale. »

Les autres pays asiatiques accueillent positivement l'initiative. Voici le rapport du Jakarta Post :

« Un sommet pour la paix

Le sommet tripartite entre la Corée du Sud, le Japon et la Chine mardi a été une grande victoire pour l'Asie du Nord-Est ainsi que pour ses voisins du Sud-Est, même si les trois dirigeants ont progressé dans divers secteurs sans aborder les questions majeures. »

Pas du tout pour la paix dans la région, au même moment les Etats-Unis aiguillonnaient le dragon chinois :

« Une délégation de législateurs américains dirigée par Michael McCaul, président de la commission des affaires étrangères de la Chambre des représentants, se rend à Taiwan cette semaine, a annoncé dimanche l'ambassade américaine de facto.

La délégation est à Taiwan de dimanche à jeudi, a indiqué l'Institut américain de Taiwan dans un communiqué, un voyage qui intervient peu de temps après que la Chine a mis fin à deux jours d'exercices militaires autour de l'île. »

Et, comme pour la Russie, il faut d'abord dénigrer l'ennemi auprès des populations occidentales pour justifier l'attitude agressive de leurs gouvernements. C'est le rôle des médias :

« Il s'agit d'une étude très intéressante du King's College de Londres sur la couverture médiatique de la Chine dans les médias britanniques : https://t.co/t29Jz9gZVo

Sans surprise, l'étude révèle que la couverture de la Chine est systématiquement négative dans tous les grands médias, avec une « absence presque totale de couverture positive de la Chine dans les médias britanniques ».

Et, chose intéressante, alors que l'on entend souvent les médias se défendre en disant qu'ils critiquent « le gouvernement, pas le peuple », l'étude révèle que ce n'est pas du tout le cas : « c'est la Chine, pas (seulement) le Parti communiste chinois, qui est présentée négativement dans les médias britanniques".

Ils ont également examiné si le fait d'avoir des journalistes basés en Chine rendait la couverture médiatique plus équilibrée et ont constaté qu'ils mettaient autant l'accent sur les aspects négatifs que leurs collègues britanniques. Un exemple est celui des colonnes de Chaguan dans The Economist, écrites par David Rennie, basé à Pékin : leur analyse « a identifié une couverture négative dans 84 % des colonnes de Chaguan, avec seulement quatre rapports (1,5 %) étant codés de neutre à positif, aucun n'étant clairement codé positif."

Même le Financial Times, souvent considéré comme le média le plus nuancé, s'est révélé incroyablement biaisé. L'étude a examiné 133 « grandes lectures » sur la Chine rédigées sur une période de 4 ans (2019-2022) et a révélé que seulement 2 (1,5 %) avaient été positives contre 115 (86 %) négatives, et le reste neutre.

Comme le note l'étude, cela « a des implications importantes pour la politique britannique à l'égard de la Chine » car « si la couverture médiatique est majoritairement négative, l'opinion publique est vouée à être influencée de la même manière. Cela permet ainsi au gouvernement britannique d'adopter une politique plus critique envers la Chine ».

En d'autres termes, ce que nous examinons ici est ce que Chomsky appelle le « la fabrication du consentement ». Pensez-y la prochaine fois que vous serez tenté de penser que l'Occident a une « presse libre »... »

« La fabrication du consentement », un essai du linguiste étasunien Noam Chomsky datant de 1988, est un des premiers travaux d'analyses de la façon dont la presse occidentale façonne les esprits des populations afin qu'elles consentent à des décisions qu'elles n'auraient pas acceptées si elles avaient été objectivement informées. En d'autres mots un des premiers livres analysant la propagande médiatique occidentale moderne.

Et une des plus grandes réussites de la propagande occidentale est que, malgré des études comme celles de Chomsky ou celle du King's College de Londres, la majorité de la population occidentale pense toujours qu'il y a une propagande russe, une propagande chinoise, mais pas de propagande occidentale. D'où, comme le dit Bertrand, sa foi aveugle en « la presse libre ».

A lundi prochain


https://lesakerfrancophone.fr/la-revue-de-presse-du-3-juin-2024