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L’UE mise à genoux par les Straussiens

Démarré par JacquesL, 15 Septembre 2022, 09:36:17 PM

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JacquesL

L'UE mise à genoux par les Straussiens



par Thierry Meyssan.
Un groupuscule états-unien, constitué autour de la pensée du philosophe Leo Strauss, contrôle désormais à la fois le secrétariat à la Défense et celui d'État. Après avoir organisé quantité de guerres depuis celles de Yougoslavie, ils ont imaginé celle d'Ukraine. Il manipule désormais l'Union européenne et s'apprête à la priver de sources d'énergie. Si les dirigeants européens n'ouvrent pas les yeux, leur alliance avec Washington conduira à l'effondrement de l'économie de l'Union. Il ne sert à rien de croire que les Européens seront épargnés parce que développés. Les straussiens ont écrit, dès 1992, qu'ils n'hésiteraient pas à détruire l'Allemagne et l'UE.

À partir de 1949, le philosophe allemand juif Leo Strauss enseigna à l'université de Chicago. Il constitua bientôt un petit groupe de disciples juifs, choisis parmi ses élèves. Il leur délivra un enseignement oral, bien différent de ses écrits. Selon lui, les démocraties avaient montré leur incapacité à protéger les juifs de la solution finale nazie. Pour éviter que ce drame ne se reproduise et que le marteau ne s'abatte à nouveau sur eux, ses disciples devaient donc se placer de l'autre côté du manche. Il leur conseilla d'édifier leur propre dictature.

Organisant ses disciples, Leo Strauss les appela ses « hoplites » (les soldats de Sparte). Il les éduqua à aller perturber les cours de certains de ses collègues professeurs.

Plusieurs des membres de cette secte ont occupé de très hautes fonctions aux États-Unis et en Israël. Le fonctionnement et l'idéologie de ce groupuscule ont fait l'objet de controverses après les attentats du 11 septembre 2001. Une abondante littérature a opposé les partisans et les adversaires du philosophe. Les faits sont cependant indiscutables1.

Des auteurs antisémites ont amalgamé, à tort, les straussiens, les communautés juives de la diaspora et l'État d'Israël. Or, jamais l'idéologie de Leo Strauss n'a été discutée dans le monde juif avant le 11-septembre. D'un point de vue sociologique, il s'agit d'un phénomène sectaire, pas du tout représentatif de la culture juive. Toutefois, en 2003, les « sionistes révisionnistes » de Benjamin Netanyahu conclurent un pacte avec les straussiens US, en présence d'autres dirigeants israéliens2. Cette alliance ne fut jamais publicisée.

Une des caractéristiques de ce groupuscule est d'être prêt à tout. Par exemple, ils voulaient faire revenir l'Irak à l'âge de pierre. C'est effectivement ce qu'ils ont fait. Pour eux tous les sacrifices sont possibles, y compris pour eux mêmes, pourvu qu'ils restent les premiers ; pas les meilleurs, les premiers !3


Paul Wolfowitz.

En 1992, un conseiller du secrétaire à la Défense, le straussien Paul Wolfowitz, rédigea le Defense Planning Guidance. C'était le premier document officiel US reflétant la pensée de Leo Strauss4. Wolfowitz a été initié à la pensée de Strauss par le philosophe états-unien Allan Bloom (ami du Français Raymond Aron), il n'a lui-même connu que brièvement le maître à la fin de son enseignement à Chicago. Cependant, l'ambassadrice US à l'ONU, Jeane Kirkpatrick, l'a reconnu comme « une des grandes figures straussiennes »5.

Dans le contexte de la dissolution de l'Union soviétique, Wolfowitz développe une stratégie pour maintenir l'hégémonie des États-Unis sur la totalité du reste du monde.

Le Defense Planning Guidance aurait dû rester confidentiel, mais le New York Times en révéla les principales lignes et en publia des extraits6. Trois jours plus tard, le Washington Post en révéla d'autres détails7. En définitive, le texte original ne fut jamais rendu public, mais une version retouchée par le secrétaire à la Défense (et futur vice-président), Dick Cheney, circula.

On sait que le document initial se fonde sur une série de réunions auxquelles trois autres personnes, toutes straussiennes, ont participé : Andrew Marshall, le « penseur » du Pentagone (qui fut remplacé trois ans après sa mort par Arthur Cebrowski), Albert Wohlstetter, le penseur de la stratégie de dissuasion atomique, et son gendre Richard Perle, le futur directeur du Defense Policy Board. Le Defense Planning Guidance a été rédigé par un élève de Wohlstetter, Zalmay Khalilzad (futur ambassadeur à l'Onu).

Le document évoque un nouvel « ordre mondial [...] au final soutenu par les États-Unis », dans lequel l'unique superpuissance n'aurait plus que des alliances conjoncturelles, au gré des conflits. L'ONU et même l'OTAN seraient de plus en plus mises sur la touche. Plus largement, la doctrine Wolfowitz théorise la nécessité pour les États-Unis de bloquer l'émergence de tout compétiteur potentiel à l'hégémonie états-unienne, notamment les « nations industrielles avancées » telles que l'Allemagne et le Japon. Particulièrement visée, l'Union européenne : « Bien que les États-Unis soutiennent le projet d'intégration européenne, nous devons veiller à prévenir l'émergence d'un système de sécurité purement européen qui minerait l'OTAN, et particulièrement sa structure de commandement militaire intégré ». Les Européens seront ainsi priés d'inclure dans le Traité de Maastricht une clause subordonnant leur politique de défense à celle de l'OTAN, tandis que le rapport du Pentagone préconise l'intégration des nouveaux États d'Europe centrale et orientale au sein de l'Union européenne, tout en leur faisant bénéficier d'un accord militaire avec les États-Unis les protégeant contre une éventuelle attaque russe8.

Or, depuis trente ans, ce document est patiemment mis en œuvre.

Le Traité de Maastricht inclut effectivement au titre V, article J4, un paragraphe 4 qui stipule : « La politique de l'Union au sens du présent article n'affecte pas le caractère spécifique de la politique de sécurité et de défense de certains États membres, elle respecte les obligations découlant pour certains États membres du traité de l'Atlantique Nord et elle est compatible avec la politique commune de sécurité et de défense arrêtée dans ce cadre ». Ces dispositions ont été reprises dans les différents textes jusqu'à l'article 42 du traité sur l'Union européenne.
Les États, anciennement membres du Pacte de Varsovie, ont presque tous adhéré à l'Union européenne. Cette décision a été un choix imposé par Washington et annoncé par le secrétaire d'État James Baker juste avant la réunion du Conseil européen qui l'a avalisée.

En 2000, Paul Wolfowitz fut, avec Zbignew Brzezinki, l'orateur principal d'un vaste colloque ukraino-US à Washington, organisé par les « nationalistes intégraux » ukrainiens réfugiés aux USA. Il y prit l'engagement de soutenir l'Ukraine indépendante, de provoquer une entrée en guerre de la Russie contre elle, et au final de financer la destruction du rival renaissant des États-Unis9.

Ces engagements ont été mis en application avec l'adoption, le 28 avril 2022, de l'Ukraine Democracy Defense Lend-Lease Act of 202210. L'Ukraine est désormais dispensée de toutes les procédures de contrôle des armements, notamment des certificats de destination finale. Des armes très couteuses sont cédées en prêt-bail par les USA à l'UE pour défendre l'Ukraine. Lorsque la guerre sera finie, les Européens devront payer ce qu'ils auront consommé. Et l'addition sera lourde.


Victoria Nuland et Anthony Blinken dans le bureau de John Kerry.

Bien que les élites européennes aient jusqu'à présent bénéficié de leur alliance avec les États-Unis, elles ne doivent pas s'étonner, au vu du Defense Planning Guidance, que ceux-ci tentent de les détruire aujourd'hui. Elles ont déjà vu ce dont Washington était capable après les attentats du 11-Septembre : Paul Wolfowitz interdit aux pays qui avaient exprimé des réserves sur cette guerre, comme l'Allemagne et la France, de conclure des contrats pour la reconstruction de l'Irak11.

Actuellement, la hausse des prix des sources d'énergie à laquelle s'ajoute désormais leur raréfaction menacent non seulement le chauffage et le transport des particuliers, mais surtout la survie de toutes leurs industries. Si ce phénomène se prolonge, c'est l'économie de l'Union européenne dans son ensemble qui s'effondrera brutalement ramenant sa population au moins un siècle en arrière.

Ce phénomène est difficile à analyser car les prix et la disponibilité des sources d'énergie varient en fonction de nombreux facteurs.

En premier lieu, les prix dépendent de l'offre et de la demande. Ils ont donc remonté avec le redémarrage économique global de la fin de l'épidémie de Covid-19.

En second lieu, les sources d'énergie sont les principales cibles des spéculateurs. Plus encore que les monnaies. Le prix mondial du pétrole peut être multiplié par 2,5 uniquement par effet de la spéculation.

Jusque là, tout est habituel et connu. Mais les sanctions occidentales contre la Russie, à la suite de son application de l'Accord de Minsk II dont elle s'était portée garante devant le Conseil de sécurité, ont cassé le marché mondial. Désormais, il n'y a plus de prix global, mais des prix différents selon les pays des vendeurs et des clients. Il existe toujours des prix quotés en bourse à Wall Street et à la City, mais ils n'ont aucun rapport avec ceux pratiqués à Beijing et à New Delhi.

Surtout, le pétrole et le gaz, qui étaient abondants dans l'Union européenne, commencent à y manquer, alors qu'au plan global, ils sont toujours surabondants.

Tous nos repères sont bousculés. Nos outils statistiques, conçus pour le marché global, ne sont absolument pas adaptés à la période actuelle. Nous ne pouvons donc que poser des hypothèses, sans aucun moyen de les vérifier. Cette situation permet à beaucoup de raconter n'importe quoi avec un air docte ; en fait nous évoluons tous au jugé.

L'un des facteurs actuels est le reflux des dollars qui servaient aux échanges et à la spéculation et qui ne sont plus utilisables pour ces transactions dans certains pays. Cette monnaie, principalement virtuelle, quitte la Russie et ses alliés pour aller ou revenir dans les pays où elle a encore cours. Il s'agit là d'un phénomène gigantesque que la Réserve fédérale et les armées US ont toujours voulu éviter, mais que les straussiens de l'administration Biden (le secrétaire d'État Antony Blinken et son adjointe Victoria Nuland) ont délibérément provoqué.
Persuadés à tort que la Russie a envahi l'Ukraine et tente de l'annexer, les Européens s'interdisent de commercer avec Moscou. En pratique, ils consomment toujours du gaz russe, mais ils se persuadent que Gazprom va leur couper le robinet. Leur presse a, par exemple, annoncé que la compagnie russe fermait le gazoduc Nord Stream, alors qu'elle avait annoncé une interruption technique de trois jours. Habituellement, les livraisons des gazoducs sont interrompues pour maintenance pendant deux jours, tous les deux mois. Ici, Gazprom a été entravé dans son entretien par le blocus occidental qui empêchait qu'on lui retourne les turbines qu'il avait envoyées en réparation au Canada. Peu importe, les populations ont compris que les méchants Russes leur avaient coupé le gaz à la veille de l'hiver.

La propagande européenne vise à préparer l'opinion publique à une fermeture définitive du gazoduc et à en faire porter la responsabilité à la Russie.

Dans cette affaire, les dirigeants de l'Union ne font qu'appliquer les directives des straussiens. Ce faisant, ils sabordent l'industrie européenne au détriment de leurs citoyens. Déjà quelques usines à forte consommation d'énergie ont réduit leur production, voire ont fermé.
Ladislav Vrábel a organisé la première manifestation pro-Russe dans l'Union européenne. Cet entrepreneur de 44 ans s'était déjà fait remarquer en contestant les mesures contraignantes de Bruxelles contre l'épidémie de Covid-19
vidéo
https://reseauinternational.net/wp-content/uploads/2022/09/1-1.webm?_=1


Le processus de décrépitude de l'Union européenne se poursuivra tant que personne n'osera s'y opposer. À la surprise générale, une première manifestation favorable à la Russie s'est tenue, le 3 septembre à Prague. La police a admis la présence de 70 000 personnes (pour un pays de 10 millions d'habitants), mais ils étaient probablement beaucoup plus nombreux. Les commentateurs politiques les méprisent et les considèrent comme les « idiots utiles de Poutine ». Mais ces insultes masquent mal le malaise des élites européennes.

Les experts en matière d'énergie considèrent inévitables des coupures de courant dans toute l'Union. Seule la Hongrie, qui a obtenu préalablement des dispenses, pourrait échapper aux règles du marché unique de l'énergie. Ceux qui pourront produire de l'électricité devront la partager avec ceux qui en sont incapables. Peu importe que cette incapacité soit le fruit d'une malchance ou d'une imprévoyance.

Bruxelles devrait commencer par des baisses de tension, puis décréter des coupures la nuit, et enfin le jour. Les particuliers auront des difficultés à entretenir des ascenseurs, à chauffer leurs logements en hiver, à faire la cuisine s'ils utilisent des plaques électriques et, ceux qui utilisent des trains, des autobus ou des voitures électriques, devraient avoir des difficultés pour se déplacer. Les entreprises qui consomment beaucoup d'énergie, comme les hauts fourneaux, devraient fermer. Des infrastructures devraient devenir impraticables, comme les tunnels longs qui ne pourront plus être aérés. Surtout les installations électroniques conçues pour fonctionner en continu ne supporteront pas des coupures répétées. Ce sera par exemple le cas des antennes indispensables aux réseaux de téléphonie mobile qui seront bonnes à jeter au bout de trois mois de ce traitement.

Dans les pays du tiers-monde où l'électricité est rare, on utilise des leds à batterie pour s'éclairer et des UPS pour alimenter des machines à faible consommation, comme les ordinateurs ou des télévisions. Mais ces matériels sont pour le moment absents des commerces dans l'Union.
Le PIB de l'UE a déjà baissé de près de 1%. Cette récession se poursuivra-t-elle comme le planifient les straussiens ou les citoyens de l'Union l'interrompront-ils comme tente de le faire une partie du peuple tchèque ?

Les straussiens iront jusqu'au bout. Ils ont profité de la décadence états-unienne pour s'arroger le vrai Pouvoir. Puisque qu'un junkie, jamais élu, peut utiliser des avions officiels à gogo pour faire des affaires partout dans le monde12, ils se sont discrètement installés dans l'ombre du président Biden et gouvernent à sa place. Les dirigeants européens, eux, sont soit aveugles, soit trop engagés pour s'arrêter, reconnaître leur trente ans d'erreurs et faire demi-tour.

Ce qu'il faut retenir :
Les straussiens forment une secte fanatique prête à tout pour maintenir la suprématie des États-Unis sur le monde. Ils ont imaginé les guerres qui endeuillent le monde depuis trente ans et celle d'Ukraine aujourd'hui.

Ils ont persuadé l'Union européenne que Moscou voulait annexer d'abord l'Ukraine, puis toute l'Europe centrale. Sur ce, ils ont convaincu Bruxelles de stopper tout commerce avec la Russie.
La crise énergétique qui débute dirige l'Union européenne vers des coupures d'électricité et de courant qui feront des ravages sur le mode de vie de ses citoyens et sur son économie.

Thierry Meyssan
source : Réseau Voltaire

  • Les spécialistes de la pensée politique de Leo Strauss l'interprètent de manière très contradictoire. Pour ma part, je ne m'intéresse pas à ce que pensait le philosophe d'auteurs classiques, mais à ce que professent ceux qui, à tort ou à raison, se réclament de lui au Pentagone et, désormais, au département d'État. « Political Ideas of Leo Strauss », Shadia B. Drury, Palgrave Macmillan (1988.) ; « Leo Strauss and the Politics of American Empire », Anne Norton, Yale University Press (2005) ; « The Truth About Leo Strauss : Political Philosophy and American Democracy », Catherine H. Zuckert & Michael P. Zuckert, University of Chicago Press (2008) ; « Leo Strauss and the conservative movement in America : a critical appraisal », Paul Edward Gottfried, Cambridge University Press (2011) ; « Crisis of the Strauss Divided : Essays on Leo Strauss and Straussianism », East and West, Harry V. Jaffa, Rowman & Littlefield (2012) ; « Leo Strauss and Anglo-American Democracy : A Conservative Critique », Grant Havers, Cornell University Press (2013) ; « Leo Strauss and the Invasion of Iraq : Encountering the Abyss », Aggie Hirst, Routledge (2013) ; « Leo Strauss, The Straussians, and the Study of the American Regime », Kenneth L. Deutsch, Rowman & Littlefield (2013) ; « Straussophobia : Defending Leo Strauss and Straussians Against Shadia Drury and Other Accusers », Peter Minowitz, Lexington Books (2016) ; « Leo Strauss in Northeast Asia », Jun-Hyeok Kwak & Sungwoo Park, Routledge (2019).
  • « Sommet historique pour sceller l'Alliance des guerriers de Dieu », Réseau Voltaire, 17 octobre 2003.
  • Pour une brève histoire des straussiens, voir : « Vladimir Poutine déclare la guerre aux Straussiens », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 5 mars 2022.
  • Le rapport de 1976 de l'« Équipe B » accusant l'URSS de vouloir dominer le monde n'était pas un exposé de la doctrine, mais un argument de propagande pour la justifier.
  • Entretien avec James Mann, cité dans « Rise of the Vulcans : The History of Bush's War Cabinet », James Mann, Viking (2004).
  • « US Strategy Plan Calls For Insuring No Rivals Develop » Patrick E. Tyler, New York Times, March 8, 1992. Le quotidien publie également de larges extraits en page 14 : « Excerpts from Pentagon's Plan : « Prevent the Re-Emergence of a New Rival » ».
  • « Keeping the US First, Pentagon Would preclude a Rival Superpower », Barton Gellman, The Washington Post, March 11, 1992.
  • « Paul Wolfowitz, l'âme du Pentagone », par Paul Labarique, Réseau Voltaire, 4 octobre 2004.
  • Cf. « Ukraine : la Seconde Guerre mondiale ne s'est jamais terminée », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 26 avril 2022.
  • « Ukraine Democracy Defense Lend-Lease Act of 2022 », US Congress.
  • « Instructions et conclusions sur les marchés de reconstruction et d'aide en Irak », par Paul Wolfowitz, Réseau Voltaire, 10 décembre 2003.
  • « La décadence de l'Empire états-unien », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 6 septembre 2022.

JacquesL

Pourquoi l'Allemagne se suicide-t-elle ?
Pour les mêmes raisons qui font que l'UE et le Royaume-Uni se désindustrialisent !

Par David Chu – Le 18 septembre 2022 – The Saker's Blog


« C'est une vraie question, n'est-ce pas ? Pourquoi ? Le comment et le qui ne sont que des décors pour le public. Oswald, Ruby, Cuba, la mafia. Cela les maintient dans l'expectative comme une sorte de jeu de société, les empêchant de poser la question la plus importante, pourquoi ? Pourquoi Kennedy a-t-il été tué ? Qui en a profité ? Qui a le pouvoir d'étouffer l'affaire ? Qui ? » ~ Mr. X dans le film JFK
Pourquoi l'Allemagne se fait-elle harakiri (ou seppuku) ?
Parce que les Américains leur ont ordonné de le faire !

Récemment, William F. Engdahl a écrit un article très intéressant intitulé « Europe's Energy Armageddon From Berlin and Brussels, Not Moscow » [C'est Berlin et Bruxelles qui sont les causes de l'Armageddon énergétique européenne, pas Moscou] qui a été retravaillé dans l'article de Pepe Escobar intitulé « Germany's Energy Suicide : An Autopsy » [Le suicide énergétique allemand : une autopsie].
Les deux articles expliquent de manière fascinante comment l'Allemagne se suicide. Agenda vert 2030. La grande réinitialisation. Etc.
J'ai envoyé un courriel à Engdahl au sujet de la déclaration suivante qu'il a écrite dans son article et je lui ai demandé : « Quelle est la véritable raison de la désindustrialisation complète de l'Allemagne ? En dehors des conneries sur l'énergie verte ou le Great Reset » :
CiterCe n'est pas parce que des politiciens comme Scholz ou le ministre allemand de l'économie verte Robert Habeck, ou le vice-président de la Commission européenne chargé de l'énergie verte, Frans Timmermans, sont stupides ou désemparés. Corrompus et malhonnêtes, peut-être oui. Mais ils savent exactement ce qu'ils font. Ils lisent un script. Tout cela fait partie du plan de l'UE visant à désindustrialiser l'une des concentrations industrielles les plus efficaces énergétiquement de la planète. Il s'agit de l'Agenda vert 2030 de l'ONU, également connu sous le nom de Grande Réinitialisation de Klaus Schwab. (Les caractères gras sont de moi).
Pour une raison quelconque, Engdahl n'a pas répondu à mon courriel. Mais dans le courriel que je lui ai envoyé, j'ai essentiellement répondu à ma question lorsque j'ai demandé ce qui suit :
CiterS'agit-il d'émasculer complètement l'Europe afin de la rendre totalement dépendante des États-Unis tant pour l'énergie que pour la technologie ? Le reste du monde se dirige vers la Route de la soie et les BRICS. Le seul bloc restant à récolter, c'est-à-dire à violer et à piller pour les Américains, est l'Europe (plus le Japon et la Corée du Sud).
C'était le 5 septembre 2022.
Le 16 septembre 2022, RT (Russia Today) a publié un article intitulé « Elite US think tank dismisses EU plot report as 'fake' » [le groupe de réflexion de l'élite rejette le rapport sur le complot contre l'Europe, disant que c'est un « faux »] :
CiterL'histoire d'un prétendu plan américain visant à drainer les ressources de l'UE pour soutenir son économie a été rapportée mardi par Nya Dagbladet, un média suédois qui se décrit comme anti-globaliste, humaniste, pro-liberté et indépendant. Une version en langue anglaise a été publiée plus tard dans la semaine.
Le journal affirme avoir obtenu un document classifié signé par la RAND Corporation, intitulé « Weakening Germany, strengthening the US« [Affaiblir l'Allemagne, renforcer les USA]. Le document, qui aurait été écrit en janvier, décrit un scénario selon lequel les États-Unis pourraient aider leur économie en difficulté en drainant les ressources de leurs alliés européens.
Le prétendu complot consistait à pousser la Russie à attaquer l'Ukraine, ce qui obligerait l'UE à imposer des sanctions à la Russie et à découpler leurs économies de l'énergie russe.
Eh bien, aujourd'hui (17 septembre 2022), j'ai contacté les deux auteurs suédois du Nya Dagbladet et leur ai demandé de me fournir le document de la RAND. Markus Andersson, l'un des auteurs et rédacteur en chef, a rapidement répondu et voilà le « faux » document de la RAND :

https://nyadagbladet.se/wp-content/uploads/2022/09/rand-corporation-ukraina-energikris.pdf
Vous feriez mieux d'enregistrer une copie de ce PDF sur votre disque dur et de le transmettre à tous vos amis, en particulier aux personnes qui vivent en Allemagne, avant que les gens de RAND ne crient au meurtre et ne fassent disparaître ce document très important !

Très bientôt maintenant, les gens de RAND vont le qualifier de « faux« . [C'est fait, NdT]
Le rapport RAND est intitulé « Résumé : affaiblir l'Allemagne, renforcer les USA« .

Il est daté du 25 janvier 2022 et porte la mention « confidentiel« . La liste de distribution comprend le WHCS (White House Chief of Staff), l'ANSA (Assistant du Président pour les affaires de sécurité nationale), le Département d'État, la CIA (Central Intelligence Agency), la NSA (National Security Agency) et le DNC (Democratic National Committee).
Jetons un petit coup d'œil à ce « faux » document.
CiterL'état actuel de l'économie américaine ne permet pas de penser qu'elle puisse fonctionner sans le soutien financier et matériel de sources extérieures. La politique d'assouplissement quantitatif, à laquelle la Fed a eu régulièrement recours ces dernières années, ainsi que l'émission incontrôlée de liquidités lors des confinements Covid 2020 et 2021, ont conduit à une forte augmentation de la dette extérieure et à une augmentation de l'offre de dollars.
La détérioration continue de la situation économique risque fortement d'entraîner une perte pour le Parti démocrate au Congrès et au Sénat lors des prochaines élections qui se tiendront en novembre 2022. La mise en accusation du président ne peut être exclue dans ces circonstances, ce qui doit être évité à tout prix. [Les caractères gras sont de l'auteur].
Il est urgent que des ressources affluent dans l'économie nationale, notamment dans le système bancaire. Seuls les pays européens liés par les engagements de l'UE et de l'OTAN seront en mesure de les fournir sans coûts militaires et politiques importants pour nous.
Le principal obstacle à cela est l'indépendance croissante de l'Allemagne. Bien qu'elle soit encore un pays à la souveraineté limitée, elle s'oriente depuis des décennies vers la levée de ces limitations et la transformation en un État totalement indépendant. Ce mouvement est lent et prudent, mais régulier. Les extrapolations montrent que le but ultime ne pourra être atteint que dans plusieurs décennies. Toutefois, si les problèmes sociaux et économiques des États-Unis s'aggravaient, le rythme pourrait s'accélérer considérablement...
Vulnérabilités de l'économie allemande et européenne
On peut s'attendre à une augmentation du flux de ressources de l'Europe vers les États-Unis si l'Allemagne commence à connaître une crise économique contrôlée [les caractères gras sont de l'auteur]. Le rythme du développement économique de l'UE dépend presque sans alternative de l'état de l'économie allemande. C'est l'Allemagne qui supporte l'essentiel des dépenses destinées aux membres les plus pauvres de l'UE.
Le modèle économique allemand actuel repose sur deux piliers. Il s'agit de l'accès illimité aux ressources énergétiques russes bon marché et à l'énergie électrique française bon marché, grâce à l'exploitation de centrales nucléaires. L'importance du premier facteur est considérablement accrue. L'arrêt des approvisionnements russes peut très bien créer une crise systémique qui serait dévastatrice pour l'économie allemande et, indirectement, pour l'ensemble de l'Union européenne... [Les caractères gras sont de l'auteur].
Une crise contrôlée
En raison des contraintes de la coalition, les dirigeants allemands ne contrôlent pas totalement la situation dans le pays. Grâce à nos actions précises, il a été possible de bloquer la mise en service du gazoduc Nord Stream 2, malgré l'opposition des lobbyistes des industries sidérurgiques et chimiques. Cependant, la détérioration dramatique du niveau de vie pourrait inciter les dirigeants à reconsidérer leur politique et à revenir à l'idée de souveraineté européenne et d'autonomie stratégique.
La seule façon possible de garantir le rejet par l'Allemagne des approvisionnements énergétiques russes est d'impliquer les deux parties dans le conflit militaire en Ukraine. La poursuite de nos actions dans ce pays entraînera inévitablement une réponse militaire de la Russie. Les Russes ne pourront évidemment pas laisser sans réponse la pression massive de l'armée ukrainienne sur les républiques non reconnues du Donbass. Cela permettrait de déclarer la Russie comme agresseur et de lui appliquer l'ensemble du train de sanctions préparé à l'avance. ...] [Les caractères gras sont de l'auteur].
Le résumé de RAND détaille ensuite les « Conséquences attendues » avec des projections de pertes financières et économiques pour l'Allemagne.
Le reste, comme on dit, est... (presque) Mission accomplie !

David Chu

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
https://lesakerfrancophone.fr/pourquoi-lallemagne-se-suicide-t-elle

JacquesL

L'Armaggedon énergétique européen de Bruxelles et de l'Allemagne, pas de la Russie

Par F. William Engdahl − Le 31 Aout 2022 − Source New Eastern Outlook

Le ministre allemand de l'Économie Verte Robert Habeck

Le 22 août, les prix du marché du gaz naturel s'échangeaient sur le Pôle allemand du THE (Pôle d'Echange Europe) à 1000% des prix de l'année dernière. Les citoyens s'entendent dire par Scholtz que la raison en est Poutine et la guerre de la Russie en Ukraine. La vérité est bien différente. Les politiciens de l'UE et des intérêts financiers puissants utilisent la Russie pour dissimuler le fait que cette crise de l'énergie est Made in Allemagne et Bruxelles.

Non pas parce que des politiciens comme Scholtz, le ministre de l'Économie Verte Robert Habeck ou le Vice-Président de la commission Européenne à l'Énergie Verte Franz Timmermans seraient complètement stupides ou paumés. Corrompus et malhonnêtes, probablement, oui. Ils savent parfaitement ce qu'ils font. Ils lisent un script. Cela fait partie intégrante du plan européen pour désindustrialiser l'une des concentrations énergétiques les plus efficaces de la planète. Ceci est le plan des Nation Unies pour l'Agenda Vert 2030, connu autrement sous le nom de Grande Réinitialisation de Klaus Shwab.

Dérégulation du marché du gaz européen

Ce que dissimulent soigneusement la Commission Européenne et les ministres du gouvernement d'Allemagne ou d'ailleurs dans l'Union, c'est la façon dont ils ont transformé la manière de déterminer les prix du gaz aujourd'hui. Pendant presque deux décennies, la Commission Européenne, soutenue par des méga banques type JP Morgan, ou de grands Fonds de Pension spéculateurs, a commencé à poser les jalons de ce qui est devenu aujourd'hui une complète dérégulation du marché du gaz naturel. Au nom de la « libéralisation » du marché du gaz de l'UE, ce qui a été autorisé, c'est la fixation des prix sur l'échange libre, dérégulé et en temps réel, plutôt que sur des contrats à long terme.

Aux alentours de 2010, l'UE a commencé à favoriser un changement radical dans les règles de fixation des prix du gaz. Avant cela, la plupart des prix était fixée par les contrats à long terme de livraison par gazoduc. Le plus grand fournisseur, le Russe Gazprom, approvisionnait l'UE en gaz, et plus spécialement l'Allemagne, par des contrats à long terme indexés sur le prix du pétrole. Jusqu'aux années précédentes, presque aucune livraison de gaz n'était importée par méthaniers. En 2016, après le changement du corpus législatif US autorisant l'exportation de GNL tiré de la production massive de gaz de schiste, les fournisseurs de gaz naturel américains ont entamé la construction de leurs terminaux de livraison de GNL. IL faut en moyenne 3 à 5 ans pour construire ces terminaux. Au même moment, la Pologne, la Hollande et d'autre pays de l'UE ont commencé à construire leurs terminaux d'importation pour recevoir le GNL de l'étranger.

Au sortir de la seconde guerre mondiale, l'émergence des géants de l'industrie pétrolière anglo-saxonne, alors appelés les Sept Sœurs, a créé un monopole sur le prix global du pétrole. Comme l'a mentionné Henry Kissinger pendant le choc pétrolier des années 70, « Contrôlez le pétrole, et vous contrôlerez des nations entières ». Depuis les années 80, les banques de Wall Street, menées par Goldman Sachs, ont créé un nouveau marché sur le « pétrole-papier », ou contrats à terme, ainsi que d'autres produits dérivés sur le cours du baril. Cela a engendré un énorme casino de profits spéculatifs contrôlé par une poignée de banques géantes de New York et de la City de Londres.

Ces mêmes puissances financières sont à l'œuvre depuis des années pour créer un système similaire de marché globalisé du « gaz-papier », avec des contrats à terme qu'elles pourraient contrôler. La Commission Européenne et son Agenda Vert pour « décarboner » l'économie d'ici 2050 en éliminant les combustibles à base de pétrole, de gaz, et de charbon, a créé le piège parfait qui a conduit à l'explosion des prix du gaz dans l'UE depuis 2021. Afin d'imposer ce contrôle du marché « unifié », l'UE a subi des pressions de la caste mondialiste pour imposer à Gazprom de nouvelles pratiques draconiennes et, de fait, illégales, afin de forcer l'ouverture à la concurrence du propriétaire russe des réseaux gazoducs de l'UE.

Les grandes banques et les gestionnaires de l'énergie qui contrôlent la politique de l'Union Européenne à Bruxelles ont créé un nouveau système de prix indépendants, parallèles aux prix stables et à long terme des pipelines de gaz qu'ils ne contrôlaient pas.

Dès 2019, une série de directives bureaucratiques de la Commission Européenne à Bruxelles a permis de déréguler complètement le prix des transactions du gaz sur le marché de l'UE, en dépit du fait que la Russie était toujours, de loin, la première source d'importation. Une série de pôles virtuels d'échanges a été introduite pour permettre l'échange des contrats à terme du gaz dans plusieurs pays de l'Union. Dès 2020, le hollandais TTF (Etablissement de Transferts des Titres) a été le pôle dominant du marché d'échange du gaz pour l'UE, le soi-disant standard européen.

Remarquablement, le TTF est une plateforme virtuelle d'échange des contrats à termes gaziers pour les transactions entre banques et autre investisseurs financiers hors de contrôle. Cela signifie que tout se passe, de facto, de manière dérégulée, en dehors de tout échange contrôlé. Ceci est primordial pour bien comprendre le jeu joué par l'Union Européenne.

En 2021, seulement 20% de tout le gaz naturel importé par l'UE était du GNL, dont les prix étaient déterminés par les marchés à terme du pôle TTF, dans les faits devenu le standard européen, détenu par le même gouvernement hollandais qui attaque aujourd'hui ses fermes agricoles sur des allégations frauduleuses de pollution au nitrates. La plus grande part d'importation du gaz européen venait du russe Gazprom qui fournissait plus de 40% des importations en 2021. Les prix de ce gaz, issus de contrats à long terme sur les gazoducs, était largement plus bas que les prix spéculatifs du TTF pratiqués aujourd'hui. En 2021, les états européens ont dû s'acquitter d'une charge supplémentaire estimée à 30 milliards pour le gaz naturel, comparé aux prix offerts par Gazprom et leur indexation sur ceux du pétrole. Les banques ont adoré. L'industrie de l'UE et les consommateurs, eux, non. C'est seulement en détruisant la part du marché russe dans l'UE que les intérêts financiers et les défenseurs du Green Deal ont pu imposer leur contrôle du marché du GNL.

Fermer les gazoducs de l'UE

Avec le soutien ferme et entier de l'UE sur le nouveau marché du gaz en gros, Bruxelles, l'Allemagne et l'OTAN ont commencé à fermer les gazoducs stables et pérennes de l'UE.
Après qu'elle a coupé ses liens diplomatiques avec le Maroc suite à des contestations territoriales, l'Algérie a annoncé que le gazoduc Maghreb-Europe (MGE), qui a été lancé en 1996, cesserait toute opération dès le 31 octobre 2021, à l'expiration des conventions afférentes.

En septembre 2021, Gazprom a terminé le gazoduc Nord Stream 2 de plusieurs milliards qui passe sous la mer Baltique pour rejoindre l'Allemagne. Cela devait doubler la capacité du Nord Stream 1 à 110 milliards de mètres cubes annuels, permettant à Gazprom de s'affranchir des interférences sur la livraison de gaz par le gazoduc Soyuz qui traverse l'Ukraine. La Commission Européenne, soutenue par l'administration Biden, a bloqué avec des artifices bureaucratiques l'ouverture de ce pipeline en février 2022, et finalement le chancelier allemand Scholtz a imposé des sanctions sur ce gazoduc au titre de la reconnaissance par la Russie des républiques populaires de Donetsk et de Luhansk. Avec la crise grandissante du gaz, le gouvernement allemand a refusé l'ouverture du Nord Stream 2 en dépit du fait qu'il était opérationnel.

Puis le 12 mai 2022, en dépit du fait que les livraisons de gaz Gazprom par le gazoduc Soyouz aient été ininterrompues pendant les trois mois de conflit, en dépit des opérations en Ukraine, le régime de Zelinsky contrôlé par l'OTAN à Kiev a fermé un des importants pipelines russes passant par Luhansk et qui fournissait du gaz aussi bien à son pays, l'Ukraine, qu'aux états de l'UE, en déclarant qu'il resterait fermé jusqu'à ce que l'Ukraine obtienne le contrôle complet sur ses systèmes de livraison qui traversent les deux républiques du Donbass. Cette coupure de la ligne Soyuz par l'Ukraine a privé l'UE d'un tiers de son gaz. Cela n'a certainement pas arrangé le sort de l'économie européenne, alors que dans le même temps l'Ukraine mendiait davantage d'armes de ces mêmes pays membres de l'OTAN. Le Soyuz avait ouvert en 1980, du temps de l'Union Soviétique, pour livrer le gaz du champ gazier Orenburg.
Ensuite ce fut le tour du gazoduc russe Jamal qui passe par le Belarus, la Pologne jusqu'en Allemagne. En décembre 2021, deux mois avant le début du conflit en Ukraine, le gouvernement polonais a coupé la section polonaise du Gazoduc, coupant la fourniture du gaz Gazprom aussi bien à l'Allemagne qu'à la Pologne. En place de quoi, les compagnies gazières polonaises ont acheté le gaz russe stocké dans les réserves des compagnies de gaz allemandes, et via la section Pologne-Allemagne du Jamal, se le sont fait livrer en sens inverse et à un prix plus élevé. Les compagnies allemandes ont acheté le gaz russe par des contrats à long terme à bas-coût, et l'ont revendu à la Pologne avec une forte marge. Cette folie a été délibérément minimisée par le ministre allemand de l'économie verte, Habeck, le chancelier Scholtz et les médias allemands, même si cela augmente le coût du tarif et aggrave la crise du gaz en Allemagne. Le gouvernement polonais a refusé de renouveler ses contrats avec la Russie, et au lieu de cela, achète son gaz à l'Allemagne à des prix supérieurs. Avec pour résultat que désormais plus aucun gaz russe ne circule jusqu'à l'Allemagne par le Jamal.

Enfin, la fourniture de gaz russe via le gazoduc sous-marin Nord Stream 1 a été interrompue parce qu'elle nécessitait la réparation d'une turbine à gaz fabriquée par Siemens. Cette turbine a été envoyée dans une installation spéciale de Siemens au Canada où le gouvernement anti-russe du régime Trudeau l'a retenue pendant des mois avant de finalement la rendre à la demande du gouvernement allemand. Pourtant, ils ont délibérément refusé de garantir son expédition au fournisseur russe, pour l'envoyer plutôt à Siemens en Allemagne, où elle attend que les gouvernements allemand et canadien s'accordent mutuellement sur une exemption des sanctions avant son transfert en Russie. Par ce procédé, l'approvisionnement du gaz Gazprom du Nord Stream 1 a été réduit considérablement à 20% de son débit initial.

En janvier 2020, Gazprom a commencé à envoyer du gaz par son gazoduc Turkstream de la Turquie en direction de la Bulgarie et de la Hongrie. En mars 2022, la Bulgarie, avec le soutien de l'OTAN, a unilatéralement coupé la livraison de gaz du Turkstream. La Hongrie de Victor Orban, par contraste, a sécurisé avec la Russie la continuation de l'approvisionnement de gaz du Turkstream. Avec pour résultat que la Hongrie aujourd'hui ne connait pas de crise énergétique et importe par des pipelines gaziers du gaz fixé contractuellement à bas coût.

En sanctionnant ou en coupant systématiquement l'approvisionnement contractuel de gaz à long terme et à bas coût, les spéculateurs sur le gaz via le hollandais TTP ont été capables à chaque hoquet ou choc énergétique dans le monde, que ce soit une sécheresse record en Chine ou un conflit en Ukraine, d'exporter des restrictions aux USA, et de mettre aux enchères le marché de gros du gaz. A la mi-août, les prix du marché à terme au TTP étaient 1000% plus élevés que l'année précédente, et continuent d'augmenter quotidiennement.

La folie allemande du prix le plus haut

Le sabotage délibéré des prix de l'énergie et de l'électricité devient chaque jour plus absurde. Lindner a appelé à un changement urgent des lois allemandes sur l'énergie en découplant certains marchés. Cautionnant le fait que le gouvernement devait être attentif à ne pas trop intervenir, le Ministre fanatique de l'Économie Verte Robert Habeck a immédiatement répondu :
CiterNous travaillons durement à trouver un nouveau modèle de marché. Nous avons besoin de marchés opérationnels et, dans le même temps, nous avons besoin d'établir de bonnes règles pour que les positions sur ces marchés ne fassent pas l'objet d'abus.

En fait Habeck est en train de faire son possible pour consolider l'Agenda Vert et éradiquer le gaz, le pétrole et le nucléaire, pourtant la seule énergie fiable du moment. Il refuse de considérer la réouverture de trois usines nucléaires fermées il y a un an, ou de reconsidérer la fermeture des trois autres prévue pour décembre, et dit dans une interview au Bloomberg :
CiterJe ne vais pas aborder cette question sur des fondements idéologiques. L'énergie nucléaire n'est pas la solution, c'est le problème.
Habeck, comme la présidente de la Commission Européenne Ursula von der Leyen, ont répété que le solaire et l'éolien étaient la réponse à la crise énergétique qu'ils ont délibérément créée. A tout égard, la crise énergétique suicidaire de l'Europe a été fabriquée de toutes pièces en Allemagne, pas en Russie.

F. William Engdahl est un conférencier et consultant en risques stratégiques. Diplômé de l'Université de Princeton et auteur de best-sellers sur le pétrole et la géopolitique, exclusivement pour le magazine en ligne « New Eastern Outlook ».

Traduit par Maud, relu par Wayan, pour le Saker Francophone
https://lesakerfrancophone.fr/larmaggedon-energetique-europeen-de-bruxelles-et-de-lallemagne-pas-de-la-russie