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Syrie. La guerre reprend sur plusieurs fronts

Démarré par JacquesL, 23 Mars 2021, 05:34:25 PM

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JacquesL

Syrie. La guerre reprend sur plusieurs fronts
https://lesakerfrancophone.fr/syrie-la-guerre-reprend-sur-plusieurs-fronts
Par Moon of Alabama – Le 22 mars 2021

Dix ans après son début et une courte accalmie dans les combats, la guerre en Syrie semble désormais reprendre sur plusieurs fronts.


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La semaine dernière, Bloomberg publiait une tribune du président turc Erdogan dans laquelle il implorait l'aide « occidentale » :

CiterAujourd'hui, alors que les discours sur la démocratie, la liberté et les droits de l'homme sont de nouveau en vogue, des actions humanitaires en Syrie seraient la mesure ultime de notre sincérité. Je crois que le rétablissement de la paix et de la stabilité dans la région dépend d'un soutien occidental véritable et fort à la Turquie. ...
Malheureusement, les rebelles modérés, nos partenaires locaux, sont devenus la cible d'une campagne de dénigrement coordonnée malgré leur travail acharné et leur sacrifice pour vaincre ISIS et le Parti des travailleurs du Kurdistan, ou PKK, une autre organisation terroriste désignée.

Les zones de sécurité, que la Turquie a créées en coopération avec ses partenaires locaux, sont la preuve de notre engagement envers l'avenir de la Syrie. Ces zones sont devenues des îlots de paix et de stabilité, ainsi que des écosystèmes autonomes.

Ces « îlots de paix », situés dans la région d'Idleb occupée par la Turquie et le long de la frontière turque, sont le théâtre de nombreuses luttes intestines entre Hayat Tahrir al Sham (HTS), aligné sur Al-Qaïda, et les « rebelles modérés » de diverses obédiences islamistes. HTS a en grande partie remporté la victoire et dirige la région en coopération avec les troupes d'occupation turques. Mais pour contrôler la zone, il faut beaucoup d'argent et la Turquie en manque actuellement. Le récent licenciement par Erdogan du directeur de sa banque centrale a entraîné une nouvelle chute de l'économie turque :

CiterLe dollar a augmenté de 15 % par rapport à la lire turque et l'indice boursier BIST-100 a baissé de 10 % après la décision du président Recep Tayyip Erdogan de remplacer le gouverneur Naci Agbal par Sahap Kavcioglu - le troisième changement à la Banque centrale de la République de Turquie (CBRT) en deux ans.

Ainsi, Erdogan demande plus d'argent tout en menaçant de pousser davantage de réfugiés vers l'Europe :

CiterLa troisième option, la plus sensée [pour l'Occident], est d'accompagner au mieux la Turquie et de faire partie de la solution en Syrie, à un coût minimal et avec un impact maximal.

Nos attentes spécifiques sont évidentes. Tout d'abord, nous attendons de l'Occident qu'il adopte une position claire contre les YPG, la branche syrienne du PKK, qui attaquent les zones de sécurité et font le jeu du régime. Au lieu de cela, un soutien adéquat doit aller à l'opposition syrienne légitime comme un investissement dans la paix et la stabilité.

En outre, nous appelons les nations occidentales à assumer leurs responsabilités pour mettre fin à la crise humanitaire, car si elles ne partagent pas le fardeau de la Turquie, de nouvelles vagues de migration vers l'Europe pourraient se produire.

Enfin et surtout, nous exigeons que l'Occident investisse dans les zones de sécurité en Syrie et soutienne sans équivoque ce projet de paix. Nous devons montrer au monde qu'il existe une alternative démocratique et prospère pour l'avenir de la Syrie.

Vendredi, la Turquie a ouvert un nouvel avant-poste militaire en Syrie, près du poste frontière de Bab al-Hawa. Cette mesure est contraire à l'accord conclu avec la Russie.

Plusieurs escarmouches ont eu lieu entre les troupes turques, les rebelles qu'elles soutiennent et les unités kurdes des FDS qui règnent sur le nord-est de la Syrie avec le soutien de l'occupation américaine.

Malgré les hostilités entre eux, les Kurdes soutenus par les États-Unis font des affaires avec les djihadistes soutenus par la Turquie. Le pétrole que les Kurdes pompent dans les puits syriens est vendu aux « rebelles » d'Idleb qui l'exportent vers la Turquie.

Cette exportation de pétrole est récemment devenue une cible des forces russes. Le 7 mars, un missile a frappé près d'al-Bab et détruit 180 camions de pétrole. Le 14 mars, une autre attaque a détruit l'infrastructure pétrolière contrôlée par les HTS à Idleb. En réponse, les « rebelles » ont tiré des missiles sur la ville d'Alep, tenue par le gouvernement, après quoi une autre frappe a touché des installations gazières près de la frontière turque :
Citer
Une installation gazière a été touchée près de la ville de Sarmada, dans la province d'Idlib, et des dizaines de camions chargés et garés sur un parking situé près du poste frontière de Bab al Hawa ont été incendiés. Il s'agit de la dernière attaque en date contre des installations pétrolières qui constituent la base de l'économie d'une région qui compte plus de quatre millions d'habitants.

Selon les services de renseignement occidentaux, la Russie est à l'origine de tirs de missiles balistiques effectués au début du mois, qui ont mis le feu à des dizaines de raffineries de pétrole locales près des villes d'al-Bab et de Jarablus, plus à l'est, dans une zone tenue par les rebelles et où la Turquie exerce une influence et dispose d'une importante présence militaire.
Dans le nord-est, les SDF kurdes, alliés des États-Unis, détiennent toujours plusieurs milliers d'anciens combattants d'ISIS. Quelquefois, quelques dizaines d'entre eux sont libérés. Ils sont déplacés dans le désert du sud-est, où les forces américaines basées à al-Tanf, dans le triangle frontalier Syrie-Irak-Jordanie [en vert sur la carte du haut], sont censées les former et les équiper. Ils attaquent ensuite les forces gouvernementales syriennes. Comme le rude désert rend difficile tout combat au sol, la Russie a renouvelé une campagne aérienne contre ces restes d'ISIS :

CiterIl y a plusieurs objectifs derrière les frappes aériennes russes. Le principal d'entre eux est de sécuriser les routes de la région de Badia (le désert syrien), de limiter les opérations et les capacités militaires d'ISIS et de freiner la propagation de cette organisation dans la Badia, qui s'étend sur les provinces de Raqqa, Hama, Homs, Deir Ez-Zor et Alep.

Le conflit entre les Kurdes et la Turquie dans le nord-est reprend également :

CiterEn ce qui concerne les environs de Raqqah, les FDS ont indiqué que leurs combattants avaient repoussé deux attaques menées par des proxy turcs. La première visait le village de Saida, à l'ouest d'Ain Issa. La seconde attaque visait la ville de Mu'alk à l'est.

Aucun nombre précis de victimes n'a été communiqué.

La zone autour d'Ain Issa est instable depuis un certain temps déjà, la Turquie et ses proxy attaquant fréquemment la périphérie de la ville. On s'attend depuis des mois à ce qu'Ankara capture la ville.

Probablement en réponse à cela, deux roquettes ont été lancées depuis la Syrie vers la ville de Kilis, dans le sud de la Turquie. Selon des sources syriennes, les deux roquettes ont été lancées depuis les environs de la ville de Tell Rifaat, dans le nord de la campagne d'Alep. Ces positions appartiennent aux Unités de protection du peuple (YPG), qu'Ankara considère comme terroristes. Les YPG constituent également le noyau des SDF.

L'armée turque a bombardé une douzaine de villes et de villages en réponse à cette attaque. De lourds affrontements ont également été signalés entre les combattants kurdes et les militants de l'Armée nationale syrienne soutenue par la Turquie, à l'ouest de la ville d'al-Bab, occupée par la Turquie.

Pendant ce temps, l'économie syrienne, entravée par les sanctions, le manque de revenus pétroliers et le crash des banques libanaises, s'est encore détériorée. Une guerre par la faim a remplacé la guerre par les armes.

Avec le dixième anniversaire de cette guerre, beaucoup semblent avoir oublié que ce sont les États-Unis qui ont commencé à alimenter cette catastrophe, alors qu'ils n'ont toujours pas de plan pour y mettre fin :

CiterCe qui est triste dans la déclaration commune des États-Unis et de leurs alliés européens, c'est qu'elle ne se contente pas de réécrire l'histoire et de répandre des mensonges, elle transmet aussi un sentiment de désespoir, car il n'y a aucun espoir de voir le bout du tunnel dans un avenir concevable.

La politique américaine en Syrie est opaque. Elle oscille entre la volonté d'empêcher une résurgence d'ISIS, la confrontation avec l'Iran, une riposte à la Russie, la fourniture d'une aide humanitaire et même la protection d'Israël, alors que le nœud du problème est que les administrations américaines successives n'ont pas réussi à formuler une stratégie claire et à justifier la présence militaire américaine en Syrie.

Cette semaine, le secrétaire d'État américain, Anthony Blinken, s'entretiendra avec le ministre turc des affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu.

La déclaration d'aujourd'hui de l'administration Biden était plutôt amicale :
Jen Psaki, a ajouté : « La Turquie est un allié de longue date et apprécié de l'OTAN. Nous avons des intérêts communs dans la lutte contre le terrorisme, la fin du conflit en Syrie et la dissuasion des influences malveillantes dans la région. »

Il est tout à fait possible que l'administration Biden ait des plans pour réinitialiser l'impasse actuelle en Syrie en s'alliant avec la Turquie pour une nouvelle attaque contre Damas.

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Hervé pour le Saker Francophone

JacquesL

Syrie – Après dix ans de conflit, les États-Unis misent-ils sur l'asphyxie économique ?

https://reseauinternational.net/syrie-apres-dix-ans-de-conflit-les-etats-unis-misent-ils-sur-lasphyxie-economique/


24 mars 2021/Réseau International /5 Commentaires / 270 vues

Selon le ministre syrien du Pétrole, les États-Unis continuent de piller les hydrocarbures du pays. Il accuse l'Oncle Sam de « piraterie ». La Franco-Syrienne Ayssar Midani abonde dans son sens. Celle qui préside la Fondation Descendants d'Ashtar juge que la stratégie américaine s'inscrit dans un plan plus large d'asphyxie financière de Damas.

« Les Américains et leurs alliés ciblent la richesse pétrolière syrienne et ses pétroliers comme des pirates », s'indignait le 19 mars le ministre syrien du Pétrole et des Ressources minérales, Bassam Tomeh, sur une télévision syrienne.

En effet, la frustration est de mise à Damas. Alors que le pays en a presque fini avec la guerre, il doit désormais porter un second fardeau, une crise économique aggravée par les sanctions occidentales.

Face à ces mesures coercitives, l'État syrien n'a que peu de marges de manœuvre. Impulsées par Washington et ses alliés, les mesures de rétorsion visent à confisquer les clés d'une reconstruction qui pourrait participer à réaffirmer la légitimité politique du gouvernement de Damas.

« Il y a une entreprise d'appauvrissement et d'étouffement du peuple syrien. Privé de toutes ses ressources, l'État ne peut assurer les services dont il est normalement responsable », confie au micro de Sputnik Ayssar Midani.

D'après celle qui suit le conflit depuis près de dix ans, « les Américains volent le pétrole syrien pour empêcher Damas d'entreprendre la reconstruction du pays. Ils continuent d'alimenter à cette fin leur milice des Forces démocratiques syriennes, qui ne sont ni syriennes, ni démocratiques ».

Le pétrole, nerf de la guerre
En 2008, le secteur pétrolier représentait 23% des recettes publiques du pays, 20% du montant total des exportations et 22% du PIB de la Syrie.

À cette époque-là, le pays exportait environ 150 000 barils par jour. Le pétrole représentait la majorité des revenus d'exportation de l'État.

Aujourd'hui le pays n'a accès qu'aux miettes de cette manne financière. Un manque à gagner que le ministre syrien du Pétrole évalue à 92 milliards de dollars.

La plupart des réserves se trouvent au nord-est de la Syrie, aujourd'hui sous contrôle américano-kurde. La compagnie américaine Delta Crescent Energy les exploite à sa guise.

Damas ne peut y accéder. Les États-Unis nient pourtant toute velléité d'accaparer le pétrole syrien. Ils justifient leur présence au sol par la lutte contre « Daech ».

Toutefois, rappelle Ayssar Midani, qui se rend régulièrement en Syrie : « Il n'y a pas que le pétrole ! »

« Les Américains s'attaquent également aux ressources agricoles du pays. Ils ont déjà brûlé des récoltes de blé dans la région de Hassaké, au nord-est de la Syrie. Il y a également des coupures volontaires d'eau et d'électricité pour les habitants », avance-t-elle.

« L'un des aspects de cette politique est la poursuite de l'occupation étrangère de certaines régions syriennes. De sorte que les Syriens n'ont notamment pas accès à leurs propres gisements de pétrole et de gaz, ainsi qu'aux champs agricoles dans le Nord-Est », expliquait récemment à Sputnik l'ambassadeur de Russie à Damas.

En s'attaquant aux revenus liés au blé et au pétrole, Washington met à mal le triptyque qui a fait la force économique de ce pays naguère prospère : pétrole, blé et tourisme.

Sanctions et inflation
En effet, avant la guerre, l'économie syrienne reposait surtout sur ces trois secteurs clés. Pour des raisons évidentes, le tourisme est actuellement sous cloche, bien que Damas essaye de lui redonner vie, notamment sur sa côte ouest.

Avec l'attaque en règle des États-Unis contre les deux autres secteurs, le pays se retrouve totalement désarmé pour entamer sa reconstruction économique, sociale et politique.

« Ce qui s'est passé tout au long de la guerre [en Syrie, ndlr] ne s'est produit dans aucun pays, en ce sens que cela nous a empêchés d'exploiter nos richesses et, dans le même temps, a empêché les produits de base d'atteindre notre pays », a déploré Bassam Tomeh.

À cela s'ajoutent des facteurs économiques exogènes qui paralysent également le redémarrage de l'activité.

D'une part, il y a les sanctions imposées par Washington sous Donald Trump et maintenues par son successeur.

Baptisées loi César, celles-ci prévoient le gel des avoirs et l'impossibilité d'accès au système bancaire américain à 411 personnalités syriennes et 111 entreprises.

Cette loi cible la coopération étrangère avec Damas et l'interdit de facto sous peine de sanctions.

D'autre part, la livre syrienne connaît depuis quelques années une chute vertigineuse.

Le phénomène s'est largement accéléré en 2020 avec la crise économique et politique qui a frappé le voisin libanais.

En novembre dernier, le président syrien Bachar el-Assad avait déclaré que « le cœur du problème » était lié au blocage de « l'argent que les Syriens ont [...] déposé au Liban ».

« Lorsque les banques libanaises ont fermé, nous en avons payé le prix ». Résultat des courses, la livre syrienne a plongé début mars à 4 000 livres pour un dollar. Un seuil historique, loin des 47 livres pour un dollar d'avant-guerre.

« Une démarche politique pour délégitimer Damas »
L'écroulement de la monnaie locale a propulsé l'inflation à un niveau record. Selon le Programme alimentaire mondial, les prix des denrées alimentaires ont été multipliés par 33 en dix ans. 60% de la population vit dans une situation d'insécurité alimentaire.

« La dernière étape de cette entreprise, c'est de s'attaquer à ceux qui nous envoient de l'aide », explique Ayssar Midani en référence au cargo iranien en route pour la Syrie attaqué en Méditerranée le vendredi 12 mars.

« La logique derrière tout cela est de pousser les Syriens à l'exode. Leur faire croire que l'État central de Damas ne peut leur fournir les biens et les services qu'un État peut et doit normalement fournir à ses citoyens. Une démarche politique pour délégitimer Damas », conclut-elle.

source : https://french.alahednews.com