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Explosion de Beyrouth, récapitulation

Démarré par JacquesL, 07 Août 2020, 01:43:00 PM

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JacquesL

https://lesakerfrancophone.fr/explosion-de-beyrouth-recapitulation
Explosion de Beyrouth, récapitulation

Par Moon of Alabama − Le 5 août 2020

Hier, 2 750 tonnes de nitrate d'ammonium stockées dans un entrepôt du port de Beyrouth, au Liban, ont explosé. L'explosion a tué plus de 100 personnes et en a blessé plus de 4 000. De nombreux bâtiments à Beyrouth ont été gravement endommagés. L'onde de choc a brisé des fenêtres jusqu'à 16 km de distance. Le port de Beyrouth est en grande partie détruit. La réserve nationale de céréales du Liban, stockée dans des silos à grains à côté de l'explosion, a disparu.


Cela s'ajoute à la crise économique et monétaire au Liban et à une phase de croissance exponentielle de l'épidémie de coronavirus.

En 2013, les autorités libanaises ont arrêté un navire (pdf) qui avait été abandonné par son propriétaire :

CiterLe 23/9/2013, le m / v Rhosus, battant pavillon moldave, a quitté le port de Batoumi, en Géorgie, en direction de Biera au Mozambique, transportant en vrac 2750 tonnes de nitrate d'ammonium.
En route, le navire a rencontré des problèmes techniques qui ont obligé le capitaine à entrer dans le port de Beyrouth. Lors de l'inspection du navire par le contrôle de l'État du port, le navire n'a pas été autorisé à naviguer. La plupart des membres d'équipage, à l'exception du capitaine et de quatre membres d'équipage, ont été rapatriés et peu de temps après, le navire a été abandonné par ses propriétaires après que les affréteurs et l'entreprise de fret ont perdu tout intérêt pour la marchandise. Le navire a rapidement manqué de réserves, fuel et provisions. ...
En raison des risques liés à la rétention du nitrate d'ammonium à bord du navire, les autorités portuaires ont déchargé la cargaison dans les entrepôts du port. Le navire et la cargaison restent à ce jour dans le port en attendant la mise aux enchères et / ou l'élimination appropriée.

Le nitrate d'ammonium était stocké dans un entrepôt à quai. La photo montre les gros sacs de 1 000 kilogrammes étiquetés «Nitroprill HD» dans de mauvaises conditions de stockage à l'entrepôt «Hanger 12» à Beyrouth.


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«Nitroprill HD» est un produit de substitution de la marque déposée Nitropril, un nitrate d'ammonium granulé poreux de qualité supérieure fabriqué et vendu par Orica Mining Services en Australie. Il est utilisé comme explosif commercial dans les mines et les carrières. La fiche de sécurité du produit original indique qu'il « Peut exploser sous confinement et à haute température, mais pas facilement détoner. Peut aussi exploser en raison des détonations à proximité. »

Une évaluation de la sécurité Orica (pdf, Annexe III) fixe l'équivalence en TNT (explosif militaire) du Nitropril en vrac dans des sacs à 15%. 2 750 tonnes de Nitropril sont ainsi l'équivalent de 412,5 tonnes de TNT.


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Une vidéo prise du haut des silos à grains à côté de l'entrepôt montre des explosions incontrôlées de petits feux d'artifice dans un entrepôt portuaire près de l'endroit où le nitrate d'ammonium était stocké. Les petites explosions de feux d'artifice crépitantes sont suivies d'une très énorme. La vidéo est cohérente avec d'autres vidéos prises de plus loin. La nature du pack de feux d'artifice qui a déclenché le nitrate d'ammonium est encore inconnue, mais il est supposé avoir été accidentel.


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Le nitrate d'ammonium n'aurait pas dû être stocké dans un entrepôt de la ville. Mais on pourrait dire la même chose des munitions iraniennes qui ont été stockées à la base navale Evangelos Florakis à Chypre. Le navire avait été saisi par les États-Unis, sur sa route vers la Syrie, en janvier 2009. Le 11 juillet 2011, un incendie de forêt à la base a amorcé les munitions. L'explosion a tué des dizaines de personnes et détruit la principale centrale électrique de l'île.

Une vidéo aérienne prise ce matin montre la dévastation totale des installations portuaires de Beyrouth. Les silos à grains sont en grande partie détruits. Le grain est répandu partout. Cela entraînera des pénuries de pain dans tout le Liban.

Des photos et des vidéos de divers correspondants à Beyrouth montrent leurs appartements endommagés (1, 2, 3, 4). Toutes les fenêtres sont brisées et des éclats de verre sont éparpillés partout. Les vitres brisées doivent avoir causé la plupart des blessures.

Le correspondant de The Independent au Moyen-Orient a tweeté :

CiterBel Trew @Beltrew - 16:57 UTC · 4 août 2020

Mon appartement est complètement détruit. Pas seulement des fenêtres qui ont été soufflées à l'intérieur comme des cadres de portes et de fenêtres arrachés. Les chats sont vivants grâce à Dieu. ...
Le chaos est total à l'extérieur de l'hôpital de St George qui n'a pas d'électricité - les médecins traitent les patients dans le parking où les tests COVID-19 sont effectués. Les patients agonisent en arrière-plan. #Beyrouth, Liban
Le rapport complet de Bel Trew sur l'explosion et ses conséquences est ici.

La Syrie et l'Iran ont immédiatement promis une aide au Liban. Un hôpital d'urgence iranien est actuellement en route pour Beyrouth et devrait ouvrir plus tard dans la journée. La Syrie a dépêché des équipes médicales et reçoit des patients des hôpitaux débordés de Beyrouth.

L'explosion a frappé Beyrouth à un moment où le pays est sous sanctions américaines et alors que sa monnaie s'effondre avec une inflation atteignant 90% par mois après l'explosion de la bulle d'un schéma de Ponzi [cavalerie financière] géré par sa banque centrale. Les personnes qui ne possèdent pas de devises étrangères ne pourront pas remplacer leurs fenêtres brisées. Le pays tout entier se désintègre.

Nous espérons que l'aide étrangère des États arabes et d'autres États parviendra à présent et contribuera à atténuer les souffrances.

Mise à jour 13:40 UTC

Radio Free Europe – Radio Liberty s'est entretenu avec le capitaine du navire qui avait involontairement amené le nitrate d'ammonium au Liban. Il confirme l'arrestation du navire. Il rapporte également la cause de l'incident :

CiterLa chaîne de télévision libanaise LBCI-TV a rapporté le 5 août que, selon des informations préliminaires, l'incendie qui a déclenché l'explosion a été provoqué accidentellement par des soudeurs qui fermaient une brèche qui permettait une entrée non autorisée dans l'entrepôt.

LBCI a déclaré que les étincelles de la torche d'un soudeur auraient enflammé des feux d'artifice stockés dans un entrepôt, qui à son tour ont fait exploser la cargaison voisine de nitrate d'ammonium qui avait été déchargée du MV Rhosus des années auparavant.

Des experts indépendants affirment que les nuages ​​orange qui ont suivi l'explosion massive du 4 août étaient probablement dus à du dioxyde d'azote toxique libéré après une explosion impliquant des nitrates.

Il y a une courte vidéo des pompiers lors de l'incendie initial. Aucun n'a survécu lorsque le feu d'artifice a amorcé l'explosion du nitrate d'ammonium. Une autre vidéo montre l'incendie initial causé par la soudure. Il brûle un moment puis déclenche des feux d'artifice dans une première explosion. Cela détruit le toit de l'entrepôt. Quelques minutes plus tard, les feux d'artifice provoquent l'énorme explosion du nitrate d'ammonium.

Reuters fournit un autre détail :

CiterLa source a déclaré qu'un incendie s'était déclaré mardi à l'entrepôt portuaire 9 et s'était propagé à l'entrepôt 12, où le nitrate d'ammonium était stocké.

Le fait que le nitrate d'ammonium ait été stocké pendant sept ans n'était pas de la responsabilité de la direction du port, mais a été causé par une querelle judiciaire :

CiterLe chef du port de Beyrouth et le chef des douanes ont tous deux déclaré mercredi que plusieurs lettres avaient été envoyées à la justice pour demander l'enlèvement des matières dangereuses, mais aucune mesure n'avait été prise.

Le directeur général du port, Hassan Koraytem, ​​a déclaré à OTV que le matériel avait été mis dans un entrepôt sur décision du tribunal, ajoutant qu'ils savaient alors que le matériel était dangereux mais «pas à ce point».

«Nous avons demandé qu'il soit réexporté mais cela ne s'est pas fait. Nous laissons aux experts et aux personnes concernées le soin de déterminer pourquoi», a déclaré Badri Daher, directeur général des douanes libanaises, à la chaîne LBCI.

Deux documents consultés par Reuters ont montré que les douanes libanaises avaient demandé à la justice en 2016 et 2017 de demander à «l'agence maritime concernée» de réexporter ou d'approuver la vente du nitrate d'ammonium, qui avait été retiré du cargo Rhosus et déposé dans l'entrepôt 12 , pour assurer la sécurité du port.

Moon of Alabama

Traduit par jj, relu par Wayan pour le Saker Francophone

JacquesL

https://ejmagnier.com/2020/08/07/explosion-a-beyrouth-qui-est-responsable/

ELIJAH J. MAGNIER. EXPLOSION À BEYROUTH : QUI EST RESPONSABLE?

Posted on 07/08/2020 by Elijah J Magnier

Par Elijah J. Magnier : @ejmalrai

Traduction : Daniel G.



Le mardi 4 août, une explosion dans le port se trouvant au cœur de Beyrouth, la capitale libanaise, a causé des pertes humaines et matérielles dévastatrices. Plus de 140 personnes sont mortes instantanément, 80 sont toujours portées disparues sous les décombres et plus de 5 000 ont été blessées. Plus de 300 000 maisons ont été détruites et beaucoup d'autres ont été endommagées. Rien de moins que 2 750 tonnes de nitrate d'ammonium (l'équivalent de 1 000 tonnes de TNT) ont pris feu et causé la plus puissante explosion à se produire depuis la Seconde Guerre mondiale. De nombreuses théories circulent à la vitesse de l'éclair dans la capitale libanaise, accusant soit Israël, soit le Hezbollah, soit la CIA. Où se situe la vérité? Cui bono ?

Le Rhosus, un navire battant pavillon moldave, qui naviguait de la Géorgie au Mozambique, transportait entre autres 2 750 tonnes de nitrate d'ammonium destinées à la Fabrica de Explosives, une cargaison payée par le Banco Internacional De Mozambique. Il a fait escale à Beyrouth le 20 novembre 2013 pour y décharger de la machinerie agricole et devait prendre des marchandises en provenance du Liban pour la Jordanie en reprenant sa route vers le Mozambique. Une inspection a toutefois conclu que le navire était inapte à naviguer et les autorités locales libanaises ont empêché le Rhosus de reprendre le large. Les autorités portuaires libanaises ont alors déchargé la cargaison dans l'entrepôt portuaire numéro 12 pour ensuite la confisquer parce que l'armateur ne payait pas ses factures.

Le nitrate d'ammonium a de nombreuses propriétés, notamment en tant que composant d'un mélange explosif (Mellor, 1922; Elvers 1989; Suslick 1992). Le nitrate d'ammonium pur est très stable et doit répondre à des exigences de qualité précises pour être utilisé dans la production d'explosifs industriels. Selon l'Association européenne des fabricants d'engrais, il est particulièrement difficile à faire exploser. Pour ce faire, le nitrate d'ammonium a besoin d'un stimulus important. Il doit être stocké dans un endroit sec, bien ventilé et scellé. En outre, toute installation électrique se trouvant dans le lieu de stockage doit être résistante aux vapeurs d'ammoniac.

Pendant plus de six ans, les 2 750 tonnes de nitrate d'ammonium sont restées dans l'entrepôt libanais sans qu'il soit prévu de les déplacer ou de les revendre. De plus, l'aire de stockage où il a été placé est soumise aux variations du climat libanais, notamment à une chaleur suffocante en été. L'aire de stockage était en métal et sans ventilation adéquate.

L'année dernière, le capitaine Naddaf, qui travaille au port pour le compte du Service de sécurité nationale, a appelé son supérieur pour l'informer de la présence d'une « cargaison dangereuse à l'entrepôt numéro 12 ». Son supérieur, le général A., a demandé au jeune officier de lui fournir un rapport écrit et de prendre des photos de l'entrepôt et de son contenu. L'entrepôt présentait une brèche suffisamment grande pour permettre le passage d'un homme, ce qui en facilitait l'accès ou la possibilité de vol.

Le port libanais est sous le contrôle d'une sorte de mafia locale composée d'officiers de haut rang, de directeurs des douanes, d'administrateurs et de responsables de la sécurité. Chaque responsable a été nommé par un dirigeant politique offrant à ses hommes immunité et protection. Le port est la source d'immenses quantités d'argent et de pots de vin qui sont le pain quotidien de tous ceux qui distribuent les cartes. En présence d'une si grande corruption, l'avis des scientifiques à propos de 2 750 tonnes de nitrate d'ammonium entreposés dans des conditions peu enviables ne compte guère. En fait, de nombreux officiers ne possèdent pas les compétences requise pour effectuer le travail qu'ils ont obtenu par favoritisme grâce à leurs les liens politiques. C'est également le cas du directeur des douanes et des services du renseignement de l'armée, le général S., qui est responsable des mouvements portuaires, de tout ce qui se trouve dans le port et de bien des personnes. Mais lorsqu'un problème ou une catastrophe comme celle de mardi se produit, il devient alors très difficile de trouver les véritables responsables. Comment sont apparues les conditions favorables à l'explosion du nitrate d'ammonium?

À 15 heures, heure locale, un forgeron a été chargé de colmater les brèches de l'entrepôt afin d'empêcher une éventuelle contrebande de son contenu. Le forgeron n'a pas été informé de la matière dangereuse qui s'y trouvait, et on ne lui a pas dit non plus de prendre les précautions nécessaires pour éviter la propagation de particules métalliques qui produisent des fragments pouvant déclencher un incendie. Il s'affairait à une distance de quelques centimètres au plus des sacs de nitrate d'ammonium qui gisaient sur le sol et une substance claire s'en échappait. Une fois le travail terminé, entre 16 h 30 et 17 h 00, de la fumée a été vue en provenance de l'entrepôt.

Les pompiers ont été appelés pour maîtriser un éventuel incendie. À 18 h 08, la première explosion a été entendue, suivie de la seconde plus d'une minute plus tard. Après la première explosion, un incendie s'est déclaré à l'intérieur de l'entrepôt. Le feu a produit plus de chaleur, suffisamment pour faire exploser tout le nitrate d'ammonium qui a créé un vide (pression négative). La pression de l'explosion est à l'origine des nombreuses victimes et de la destruction dévastatrice dans la ville.

Qui a appelé le forgeron et prévu le budget pour qu'il fasse son travail? A-t-il été informé du risque qu'entraînent des travaux de soudure à proximité de nitrate d'ammonium? Comment se fait-il que 2 750 tonnes de nitrate d'ammonium sont restées pendant plus de six ans dans une aire de stockage inadéquate sans raison valable?

Qui tire parti de l'explosion? La zone touchée appartient surtout à des personnes qui ne sont généralement pas favorables au Hezbollah. Par conséquent, il n'aurait pas été dans l'intérêt d'Israël et des USA de détruire autant de propriétés et commerces de parties amies. Détruire cette partie de Beyrouth pour imposer un « nouveau Moyen-Orient » ou un « nouveau Liban » n'a pas de sens, car la partie de la population qui s'oppose au Hezbollah est plus faible que jamais et n'est pas en mesure de s'en prendre au Hezbollah. La France et les USA ne sont pas mieux placés pour influencer la population comme ils le souhaiteraient.

Le Hezbollah attend actuellement que le tribunal spécial qui se penche sur l'assassinat de l'ex-premier ministre Rafic Hariri annonce son verdict. C'est ainsi que les USA procèdent pour plaire à Israël en tentant (en vain) de limiter l'influence du Hezbollah au Liban. Les USA et Israël ont tout essayé en Syrie, en Irak et au Liban, mais ont échoué dans leur tentative. Les USA imposent des sanctions sévères à la Syrie et au Liban (en empêchant les pays du Golfe et les pays européens d'alléger la grave crise financière libanaise), mais le résultat est toujours le même : le Hezbollah refuse de se soumettre.

Les spéculations sur le stock d'armes du Hezbollah à l'entrepôt 12 sont ridicules, car l'endroit était placé sous surveillance par des caméras contrôlées par les forces de sécurité. Le Hezbollah ne stockerait pas d'armes dans une zone hostile qu'il ne contrôle pas.

Les nombreuses théories du complot ne corroborent pas les faits liés à cet accident. L'ignorance, l'incompétence, le favoritisme et la bureaucratie sont à blâmer pour la perte de tant de vies et la destruction d'une capitale où les gens n'ont pas appris à se serrer les coudes. C'est devenu une véritable tragédie nationale. Les Libanais placent leurs biens dans des pays étrangers, tant en Occident qu'en Orient. Ils n'ont aucun sentiment d'appartenance à un pays où des politiciens élus se sont accaparés de toutes les richesses du pays, accumulent les pouvoirs et les transmettent à leurs fils.

Copyright © https://ejmagnier.com   2020

JacquesL

#2
L'explosion du port de Beyrouth : Une analyse complète

https://lesakerfrancophone.fr/lexplosion-du-port-de-beyrouth-une-analyse-complete

Par Leonid Savin − Le 12 août 2020 − Source Oriental Review



Le soir du 4 août, deux explosions ont eu lieu dans la zone portuaire de Beyrouth. La première était relativement petite et a été causée par des feux d'artifice enflammés que les pompiers sont allés éteindre. D'énormes nuages de fumée ont attiré un grand nombre de spectateurs, qui ont filmé la seconde explosion. Celle-ci ressemblait à la détonation d'un engin nucléaire tactique. L'explosion était si puissante que tous les bâtiments du quartier des affaires de la ville et même l'aéroport, qui se trouve dans une autre partie de la ville, ont été endommagés par l'onde de choc.


Dans la soirée du 5 août, le nombre de morts s'élevait à 135, avec près de 5 000 blessés. Il ne s'agit cependant que de statistiques officielles. Il est probable que des chiffres plus précis suivront. Des étrangers ont été tués et blessés. Selon un journal du Bangladesh, par exemple, quatre ressortissants bangladais ont été tués et 101 blessés, dont 21 membres de la marine bangladaise qui se trouvaient au Liban dans le cadre d'une mission de l'ONU.

On sait qu'un employé de l'ambassade de Russie au Liban a également été blessé dans l'explosion. La Russie est intervenue immédiatement et le premier avion est arrivé à Beyrouth le lendemain, chargé de secouristes, de médecins et d'équipements spéciaux.

Le maire de Beyrouth a qualifié l'incident de tragédie nationale, et le premier ministre libanais a déclaré une période de deuil.

Dans les premières heures qui ont suivi l'explosion, les médias sociaux étaient pleins de soupçons envers les États-Unis et Israël, ce qui est logique étant donné le long conflit entre le Liban et ces pays.

La publication américaine Veterans Today s'est intéressée à un étrange objet qui a été filmé en l'air au-dessus des entrepôts du port avant la seconde explosion. Cette vidéo a été censurée depuis. En outre, une signature radiologique de l'explosion reçue d'une source en Italie a montré un pic d'activité radioactive. Certains ont suggéré qu'Israël (peut-être avec les États-Unis) a attaqué le Liban en utilisant une arme nucléaire tactique. Les opposants à cette théorie ont fait valoir que, dans un tel cas, il y aurait eu une impulsion électromagnétique qui aurait éteint les téléphones portables de tout le monde. Mais comme les images ont été prises sous différents angles, cela prouve que la théorie de l'ogive nucléaire compacte est fausse. L'hypothèse suivante était l'utilisation possible d'un autre type d'ogive pour faire exploser une grande quantité de salpêtre, qui, à elle seule, ne peut pas produire un tel effet par la seule mise à feu.

Il est intéressant de noter que cette théorie a même été mentionnée sur la chaîne de télévision américaine CNN, lorsque l'ancien agent de la CIA Robert Baer a déclaré que le nitrate d'ammonium ne pouvait pas, à lui seul, produire une telle explosion.

Une agence de presse iranienne a également publié des informations sur l'activité suspecte de quatre avions espions de la marine américaine sur la côte libano-syrienne dans la soirée du 4 août. Des drones israéliens ont également été aperçus au-dessus de Beyrouth quelques jours avant l'incident. Une semaine auparavant, des drones avaient également été vus passer au-dessus du Sud-Liban, dont l'un s'est écrasé, selon le Hezbollah. Il convient de mentionner que le Liban ne dispose pas de capacités anti-aériennes, de sorte qu'Israël utilise souvent l'espace aérien libanais pour lancer des attaques aériennes sur la Syrie.

Le matin du 5 août, la version officielle de ce qui s'est passé a été annoncée. Des travaux de soudure étaient en cours dans l'entrepôt 12, dont les étincelles ont allumé les feux d'artifice. Au bout d'un moment, les flammes se sont propagées aux sacs de nitrate d'ammonium, qui ont ensuite explosé. Au total, l'entrepôt contenait 2 750 tonnes.


Beirut Port Explosion-map

Le nitrate d'ammonium est arrivé au port à bord du cargo Rhosus, qui était immatriculé en Moldavie. Selon les documents, la cargaison était transportée du port de Batumi en Géorgie au Mozambique, mais en 2013, elle a fait escale à Beyrouth pour prendre d'autres cargaisons. Le navire a ensuite été interdit de quitter le pays. Un tribunal libanais a retenu le navire et sa cargaison pour non-paiement des droits portuaires. Le capitaine et plusieurs autres membres de l'équipage ont également été détenus pendant une longue période, mais ont ensuite été autorisés à quitter le navire par les autorités. Depuis lors, la cargaison était stockée dans des entrepôts du port. Derrière toute cette histoire se cache un citoyen russe de Khabarovsk, Igor Grechushkin, qui a abandonné la cargaison et l'équipage à leur sort. Grechushkin vit aujourd'hui à Chypre. Il va sans dire que l'inclusion de tout homme d'affaires russe dans l'histoire (peu importe qu'il ait été directement impliqué ou qu'il se soit simplement laissé entraîner, attiré par l'argent facile) nuit encore plus à l'image de la Russie en général, et du Liban en particulier.

Mais cette version est réfutée par un correspondant de la chaîne de télévision Al-Manar, Ahmad Hajj Ali. Il pense que le nitrate d'ammonium était destiné à des groupes terroristes en Syrie, et que la cargaison était transportée pour le compte des monarchies arabes du Golfe Persique, qui agissaient sous les ordres de Washington. Cela explique pourquoi le propriétaire de la cargaison n'a pas été retrouvé, alors qu'elle valait une telle somme d'argent.

Mais la question se pose alors : pourquoi un volume aussi important de cette substance dangereuse a-t-il été stocké pendant tant d'années dans un centre de transport d'une importance capitale et à proximité des silos à grains et des zones résidentielles ? Le problème est que, ces dernières années, il n'y a pas eu de gouvernement stable au Liban. Le pays a été secoué par des scandales de corruption. Beaucoup de ceux qui sont au pouvoir abusent de leur position. Ils sont arrêtés et remplacés, y compris par ceux qui aiment aussi l'argent facile et le risque. Les autres sont tout simplement incapables de contrôler la situation.

Il est tout à fait possible que de nombreux autres produits douteux aient été stockés dans les entrepôts, comme des déchets chimiques ou nucléaires. Il y a de fortes chances que cela explique le pic d'activité radioactive. En fait, des sources à Beyrouth ont déclaré que des déchets radioactifs provenant d'Europe étaient auparavant enterrés au Liban en violation de la législation. Les hommes d'affaires locaux ont été payés très cher pour cela, mais il sera très difficile de trouver le responsable final.

La situation est exacerbée par la fragmentation politique et la présence au Liban d'agents étrangers provenant de pays tels que les États arabes, Israël et les États-Unis. Par conséquent, les informations concernant la localisation exacte de ces quantités de nitrate d'ammonium n'étaient pas un secret pour leurs services de renseignement. S'ils avaient eu besoin de mener un acte de sabotage, c'était la situation idéale pour les aider à couvrir leurs traces.

Et l'on peut, bien sûr, se demander : à qui profite une telle situation ? Le port libanais traite au moins 70 % des importations du pays. Outre les entrepôts, des stocks de médicaments ont également été brûlés, dont certains provenaient d'Iran. Comme le Liban est également soumis à des sanctions strictes et au bord de la faillite, un tel coup porté à ses infrastructures vitales rend en fait le pays directement dépendant des donateurs étrangers.

Le journal israélien Haaretz a déjà prédit  que le Liban pourrait être confronté à un effondrement économique et à des soulèvements sociaux, et les médias israéliens conservateurs ont interprété l'explosion comme une punition venant d'en haut  et l'accomplissement des prophéties qui annoncent l'arrivée du Messie, c'est-à-dire du faux Christ, notant en chemin que les forces armées israéliennes n'auraient pas pu attaquer Beyrouth.

Immédiatement après l'explosion, le président français Emmanuel Macron s'est rendu dans le pays et a effectivement lancé un ultimatum en évoquant une possible intervention de l'OTAN. Dans le même temps, la situation sociale au Liban même a commencé à s'intensifier. Les manifestants se sont heurtés à la police et à l'armée et ont pris possession du bâtiment du ministère des affaires étrangères et d'autres installations gouvernementales. Ils ont été chassés peu de temps après, mais la situation est loin d'être normale. Il semble que les protestations, qui ont déjà été décrites comme une tentative de nouvelle révolution de couleur parrainée par l'Occident, pourraient être au premier plan des nouvelles, alors que l'explosion elle-même devait juste servir à déclencher un soulèvement.

Pourtant, une enquête détaillée sur les causes de l'explosion est essentielle. Après tout, quelques jours après l'incident, le président libanais Michel Naim Aoun a déclaré qu'une intervention d'une force extérieure utilisant une roquette ou une bombe était possible.

Leonid Savin

Traduit par Hervé, relu par Wayan pour le Saker Francophone