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Macron, l’UE et les média, dépassés par le coronavirus (Laurent Herblay)

Démarré par JacquesL, 14 Mars 2020, 08:31:30 AM

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JacquesL

Macron, l'UE et les média, dépassés par le coronavirus
Proposé à la publication par Laurent Herblay  le 14 mars : https://www.agoravox.fr/ecrire/?exec=articles&id_article=222264

Demain, une partie d'entre nous ira voter pour les élections municipales, maintenues de manière totalement aberrante par le président. Et lundi, démarrera la quarantaine limitée aux crèches, écoles et universités destinée à donner le change de l'action du gouvernement. Une crise extrêmement révélatrice de toutes les lacunes de nos média et nos dirigeants, bien négligents pour notre santé.


Macron


Priorité donnée à l'économie et à la petite politique sur notre santé

Essayer de prendre du recul sur ce qui se passe aujourd'hui n'est pas facile tant le traitement du coronavirus par les médias modernes donne le tournis. Cette première épidémie 2.0, post révolution digitale, est parfois traitée comme une grande télé-réalité, entre décompte des personnes touchées, interview de quidams, déclaration et annonce de nos dirigeants. Le comble a probablement été atteint par l'annonce du test de Nicole Belloubet, puis du résultat négatif. Bien sûr, produire un tel volume de sujets en si peu de temps ne facilite pas la prise de recul, mais tout de même, l'absence de mise en perspective est assez effarante, même le très médiatique Michel Cymes appelant à en faire moins.

Tant de sujets ne sont pas, ou peu, abordés. Pourquoi le taux de létalité varie de 0,8% en Corée du Sud, à près de 7% en Italie ? Cela montre sans doute que les tests tous azimuts de la Corée révèlent les véritables chiffres de l'épidémie, et par ricochet que le nombre de personnes contaminées dans bien des pays est beaucoup plus élevé qu'affiché. Une simple règle de trois suggère que la péninsule italienne pourrait compter plus de cas que ce que compte la Chine officiellement ! Cela aussi amène à se demander si le meilleur moyen de freiner la pandémie ne serait pas aussi de multiplier les tests pour permettre aux personnes touchées d'être isolées, quand l'ignorance facilite sa propagation...

Voilà qui remet fortement en question la manière de gérer l'épidémie par le gouvernement français, qui limite le nombre de personnes testées et ne rembourse même pas à 100% les tests. Globalement, cette crise fait aussi apparaître l'impasse sanitaire dans laquelle nous nous dirigeons. N'est-il pas choquant que dans des pays aussi riches, un système médical soit précipité au point de rupture, comme cela est le cas en Italie, et ne manquerait pas d'arriver à notre pays avec autant de victimes ? Les plans d'austérité et la réduction de notre capacité d'accueil prennent un goût très amer aujourd'hui. Un chercheur du CNRS en a également profité pour remettre en question la gestion de notre recherche.

Au-delà du passé, la question qui se pose est aussi celle de la réaction de Macron à cette crise. Et quand un spectre qui va de The Economist à Olivier Berruyer (dont il faut saluer le remarquable travail fait sur son site Les Crises sur le sujet) tombe d'accord pour dire que nous n'en faisons pas assez, cela signifie que Macron a pris une mauvaise décision. Il est totalement déraisonnable de maintenir des élections municipales, qui représentent une occasion majeure de propagation de l'épidémie. Il faut adresser un carton rouge général à tous ceux qui ont poussé dans ce sens, Larcher et Fabius en tête. Limiter le confinement aux enfants est insuffisant pour freiner la propagation. Les expériences asiatiques démontrent qu'il faut des mesures plus radicales pour casser la progression du virus.

Ce qui transparait, c'est le court termisme du gouvernement et sa priorité donnée à la protection de l'économie, comme l'a dit Muriel Pénicaud. Et quelques mesures annoncées sont bonnes, comme le report du paiement des cotisations sociales. Une mise en quarantaine plus marquée aurait évidement eu un impact court terme plus fort et c'est probablement ce qui a poussé le président à choisir une réponse modérée (mais assez forte pour donner le change politiquement). Mais c'est un calcul de gribouille qui risque simplement de décaler ces mesures dans le temps devant la probable envolée du nombre de victimes que le manque de confinement actuel risque rapidement de provoquer...

Plus globalement, cette crise révèle à nouveau bien des failles de cette UE, qui a laissé partir la production de 80% des principes actifs de nos médicaments ! Comme d'habitude, les appels à la coordination montrent que l'UE, malgré ses innombrables instances, n'y parvient jamais, ou en retard, rappelant que son dysfonctionnement est structurel, comme l'ont montré les compagnies aériennes contraintes de faire voler des avions quasiment vides... L'incapacité de la BCE à agir a provoqué la plus forte baisse des marchés financiers de l'histoire en France et depuis 1987 aux Etats-Unis. Encore une fois, l'UE n'apparaît pas comme une aide en situation de crise, mais plus comme un poids pour les pays européens, ce que confirme la réaction finalement bien meilleure et plus volontariste de Londres.


Aujourd'hui, nos dirigeants semblent privilégier leurs petits intérêts politiciens et l'économie par rapport à notre santé, dans un calcul bien court-termiste. Macron s'est contenté de postures et de réactions à courte vue sans prendre du recul pour essayer de nous protéger. Ce n'est pas seulement un système économique qui en cause, mais bien l'immense majorité de nos dirigeants.