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US-Army : profit et délocalisation obligent…

Démarré par JacquesL, 11 Novembre 2018, 08:03:00 PM

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JacquesL

US-Army : profit et délocalisation obligent...
... le Pentagone réalise son erreur... Les Chinois ont mis l'armée américaine à leur merci


http://lesakerfrancophone.fr/us-army-profit-et-delocalisation-obligent

En un sens, cet article est la suite logique de Comment tuer une entreprise en quatre ans, dont j'avais déjà lu la teneur il y a une trentaine d'années dans Courrier International.

Par Ivan Danilov – Le 4 novembre 2018 – Source The Saker



Dans le système de défense nationale des États-Unis, une vulnérabilité béante a été constatée qu'il est très difficile de combler. La réaction du Pentagone signale une panique mal dissimulée. Les journalistes qui ont examiné les résultats des recherches d'experts américains, et étudié en profondeur l'état de l'armée américaine et de l'industrie de la défense, ont admis qu'il existait une froide logique de fer dans les actes récents « étranges » de Trump : il veut empêcher l'Amérique de se transformer en un tigre de papier avec des griffes en carton pâte.




L'essentiel du problème, selon le récit du chroniqueur de l'agence Reuters, Andy Home – qui a obtenu un exemplaire du rapport de septembre du département de la Défense américain sur la situation des livraisons essentielles à l'armée américaine – est réduit à un seul chiffre capital. Plus de trois cents (sic) éléments clés nécessaires au fonctionnement normal des forces armées américaines et de l'industrie de la défense sont menacés : les producteurs américains sont au bord de la faillite ou ont déjà été remplacés par des fournisseurs chinois ou d'autres pays en raison de la désindustrialisation de l'économie nationale et de la délocalisation de la production vers les pays de l'Asie du Sud-Est.

M. Home donne un exemple frappant et clair du fait amusant – bien sûr, si vous n'êtes pas un militaire américain – tiré du rapport : il s'avère que le dernier producteur américain de fils synthétiques nécessaires à la production de tentes de l'armée est « mort » assez récemment. Cela signifie que si les États-Unis subissaient un « embargo sur le textile », certains soldats américains seraient sérieusement confrontés à la perspective de dormir à la belle étoile. Il est difficile de ne pas remarquer qu'une telle perspective semble légèrement humiliante pour une armée qui se prétend la plus en pointe de la technologie sur la planète.

La situation pourrait être considérée comme anecdotique si elle n'affectait pas un aussi large éventail de besoins de l'armée américaine et du complexe militaro-industriel. Dans la partie déclassifiée du rapport du département américain de la Défense, il est mentionné qu'aux États-Unis, les livraisons futures des interrupteurs dont sont équipés presque tous les missiles américains posent des difficultés. Comme le rapportent les responsables du Pentagone, le fabricant de ces commutateurs a mis la clé sous la porte, mais les plus hauts gradés de l'armée ne l'ont appris que lorsqu'il est devenu évident qu'il n'y en avait plus en stock. Et il n'y a nulle part où en trouver de nouveaux, car le producteur s'est volatilisé il y a deux ans. Un autre exemple frappant : le seul fabricant de moteurs à propergol solide pour missiles « air-air » du pays, comme l'écrivent les responsables américains, « a rencontré des problèmes techniques de production », dont les raisons n'ont pas pu être trouvées, même après les investigations du gouvernement et de l'armée des experts. Les tentatives de redémarrage de la production ont échoué et le Pentagone a été obligé de faire appel à une société norvégienne pour assurer des livraisons ininterrompues. Évidemment, cela indique une certaine dégradation technique du système américain dans son ensemble, car seule la perte de certaines compétences clés peut expliquer une situation dans laquelle la production ne peut pas être restaurée et le problème ne peut même pas être résolu.

Tout en prenant connaissance des plaintes des dirigeants de l'armée américaine, il est difficile de se débarrasser de l'impression que ce n'est pas un document du Département de la Défense américain daté de septembre 2018 qui est sous vos yeux, mais une description des problèmes de l'armée russe pendant les fringantes années 1990. Il n'existe littéralement aucun domaine dans lequel il n'y aurait pas de problèmes graves ou très graves et, souvent, ils ne peuvent même pas être résolus malgré la profondeur insondable du budget militaire.

Dans le chapitre sur les problèmes liés aux armes nucléaires, le Pentagone se plaint qu'aux États-Unis, il n'existe pas le nombre nécessaire d'ingénieurs et de techniciens possédant l'éducation, la formation et la citoyenneté américaines nécessaires pour travailler sur des objets nucléaires de l'armée. La mention de la nationalité est importante, car les établissements américains d'enseignement supérieur produisent suffisamment d'ingénieurs, de physiciens et de représentants d'autres spécialités techniques et dans les sciences exactes. Toutefois, un nombre disproportionné de ces diplômés sont des étrangers, le plus souvent originaires de la République populaire de Chine.

Non seulement les Américains ne peuvent pas trouver les ingénieurs nécessaires, mais également la microélectronique nécessaire aux armes nucléaires. Et ils se plaignent de ne plus pouvoir faire confiance aux fournisseurs de composants électroniques – après tout, « la chaîne d'approvisionnement est mondialisée ». La traduction en russe de ce jargon bureaucratique américain signifie : « la microélectronique de nos missiles nucléaires est fabriquée en Chine, et nous ne savons pas ce que les Chinois ont mis dedans ». Il existe de sérieuses difficultés même concernant des problèmes qui devraient pouvoir être résolus très facilement dans les conditions de l'économie américaine de haute technologie. Par exemple, le Pentagone se plaint du manque d'outils pour le développement de logiciels, ainsi que pour la gestion des données et la production, auxquels on puisse faire confiance. La situation est exacerbée par « les mauvaises pratiques de cybersécurité de la part de nombreux fournisseurs de logiciels clés ». Là aussi, la traduction en russe de ce jargon bureaucratique signifie : « En ce qui concerne la cybersécurité, nos fournisseurs sont si mauvais que nous ne savons pas ce que les pirates chinois et russes introduisent dans le logiciel que notre armée utilise ».

Principale conclusion du rapport :

CiterLa Chine représente un risque important et croissant pour l'approvisionnement en matériaux jugés stratégiques et critiques pour la sécurité nationale des États-Unis (...)

La base industrielle manufacturière de la défense des États-Unis concerne un nombre croissant de métaux, alliages et autres matériaux largement utilisés et spécialisés, y compris les terres rares et les aimants permanents.
En général, tout va mal, de l'aluminium à la cybersécurité, des commutateurs électriques pour les missiles aux ingénieurs et ouvriers fraiseurs, en passant par les machines à commande numérique par ordinateur et les tissus synthétiques pour les tentes militaires. La cupidité des entreprises américaines, l'idéologie de la mondialisation et la conviction absolue de la fin de l'histoire – comme le prédisait Fukuyama – sont, ensemble, sur le point de causer aux capacités de défense des États-Unis des dommages dont les opposants géopolitiques ne pouvaient même pas rêver. C'est justement en comprenant cette réalité que Donald Trump essaie de procéder, presque par la force, à la réindustrialisation de l'Amérique.

Cependant, il y a tout lieu de croire que, compte tenu des difficultés économiques actuelles, il est peu probable que l'administration Trump puisse réparer ce que ses prédécesseurs ont cassé en vingt ans. Et nous [les Russes] et nos partenaires chinois devons, d'une part, ne pas répéter les erreurs des Américains et, d'autre part, en tirer le meilleur parti. À en juger par ce qui se passe actuellement sur la scène mondiale, c'est exactement ce que font Moscou et Beijing.

Ivan Danilov

Traduit par jj, relu par Cat pour le Saker Francophone