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Atermoiements de la France au Mali : « on est à la ramasse », selon le colonel H

Démarré par JacquesL, 06 Janvier 2021, 08:49:33 AM

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JacquesL

Atermoiements de la France au Mali : « on est à la ramasse », selon le colonel Hogard
https://reseauinternational.net/atermoiements-de-la-france-au-mali-on-est-a-la-ramasse-selon-le-colonel-hogard/
5 janvier 2021.


par Jean-Baptiste Mendes.

Alors que la France a perdu cinq militaires engagés au Mali en une semaine, Florence Parly, ministre des Armées, a évoqué une probable réduction des effectifs de la force Barkhane. Une annonce surprenante selon le colonel Jacques Hogard, très critique sur l'absence de stratégie politique pour guider cette intervention militaire.

Au Mali, « le vrai problème est politique, il n'est pas militaire », résume le colonel Hogard.

Dans un entretien à Sputnik, l'ancien officier de Légion et des forces spéciales ne mâche pas ses mots face à la possible réduction des effectifs de la force Barkhane, annoncée par Florence Parly, dans un entretien accordé au Parisien.

« Une bonne stratégie militaire est toujours subordonnée à une vraie vision, une vraie stratégie politique », poursuit-il avant d'ajouter, cinglant : « Je crois que nous n'avons pas de stratégie politique ».

Alors que la France décidait le 2 février 2020 l'envoi d'un renfort de 600 soldats, portant l'effectif présent à 5 100 militaires, la ministre des Armées a affirmé ce 4 janvier que « nous serons très probablement amenés à ajuster ce dispositif : un renfort par définition, c'est temporaire ». Après les trois militaires du 1er régiment de chasseurs tués dans une attaque le 28 décembre, les deux morts supplémentaires du 2e Régiment de hussards, le 2 décembre à Menaka, semblent être de nature à faire fléchir le gouvernement. Pis, pour l'ancien militaire, cette annonce reflète l'incapacité du gouvernement à appréhender les réalités régionales.

Des « succès tactiques » sans lendemain ?
« On est plutôt dans la communication qu'autre chose », souligne l'ancien officier para. Même s'il concède que 50 soldats français tombés au Mali sont toujours « trop », Jacques Hogard ne peut s'empêcher de les comparer aux quelque 15 000 soldats tués durant la guerre d'Algérie, et de juger en conséquence les pertes de l'Opération Barkhane « faibles ». Ainsi pointe-t-il cette contradiction entre le risque inhérent à toute opération militaire et les évolutions sociétales :

« On ne fait pas la guerre sans admettre le risque de la mort. Or, nous sommes dans une société qui n'admet plus l'idée de la mort ».

Dans le même entretien au quotidien de la capitale, Florence Parly justifie le renfort de 600 hommes de février dernier par un objectif principal, celui de cibler « le groupe affilié à Daech, l'État islamique au Grand Sahara (EIGS) » dans la zone des trois frontières (Mali, Burkina Faso, Niger). Une stratégie qui aurait permis de remporter des « succès militaires importants » en 2020, notamment la neutralisation de deux leaders terroristes, Abdelmalek Droukdal en juin et Bah Ag Moussa en novembre.

Mais remporter des batailles ne fait pas forcément gagner les guerres. L'ancien diplomate et spécialiste du Sahel, Laurent Bigot, confiait à Sputnik en septembre 2020 que Barkhane avait certes rencontré « des succès tactiques », mais que cette opération se révélait finalement un « échec stratégique », au vu des progrès des groupes terroristes et de l'appui peu probant aux armées nationales.

Le gouvernement français navigue à vue
Si la ministre admet la forte capacité de résistance des « terroristes », elle se félicite que la force Barkhane n'ait de cesse de « s'adapter à la configuration du terrain, aux modes opératoires des groupes terroristes ». L'action française se révèlerait pour autant inefficace, estime le colonel Hogard, tant les acquis militaires devraient être couplés à une stratégie politique, une vision d'ensemble.

La cécité française n'est d'ailleurs pas neuve, puisque ces troubles au Sahel proviennent notamment « de la déstabilisation de la Libye par la chute de Kadhafi en 2011, provoquée par la France et le président Sarkozy ». Depuis, le gouvernement français navigue à vue dans sa stratégie vis-à-vis du Mali, affirme notre interlocuteur. Le 18 août dernier, le coup d'État militaire à Bamako prenait de court le Quai d'Orsay.

« Les bons observateurs savaient que le régime d'IBK ne pouvait pas durer, c'est un régime pourri jusqu'à la moelle par la corruption, les arrangements. On ne peut pas avoir été surpris par ce coup d'État. Ça veut bien dire qu'on est là-bas un peu hors-sol. La compréhension du milieu, de l'environnement, des jeux politiques sur place, est fondamentale. Or j'ai l'impression qu'on ne les maîtrise plus, on est à la ramasse, on est toujours en train de courir derrière l'évènement ».

L'objectif à long terme de la France est-il de « soutenir des gouvernements fatigués et au bout du rouleau » ou de permettre à ces États du Sahel de « se forger un avenir sur des bases solides » ? L'ancien militaire s'insurge alors contre le fait systématique de coller « l'étiquette islamiste ou djihadiste » à tous ceux qui sont « opposés à la politique du gouvernement de Bamako » jusqu'au renversement d'Ibrahim Boubacar Keita :

« Ils nous prennent comme cibles parce qu'on est là et parce qu'on leur tire dessus [...] Les Touaregs et les Peuls ne sont pas anti-français au départ. Mais les soldats français sont sur le terrain pour leur faire la guerre, parce qu'on leur a collé l'étiquette de djihadiste. Je ne suis pas certain que cette étiquette corresponde à chaque fois à des djihadistes ».

Une maladresse synonyme d'une prise en compte trop superficielle des réalités ethniques, économiques et sociales de la région. Et Jacques Hogard de regretter que les revendications du MLNA, Mouvement de Libération nationale pour la libération de l'Azawad, composé « de Touaregs qui n'étaient pas particulièrement islamistes », n'aient pas été entendues.

« On a laissé pourrir la situation », conclut l'ancien officier para avec amertume.

source : https://fr.sputniknews.com/france/

Fin de citation.

Pour ma part, j'avoue ma honte d'avoir perdu de vue si longtemps la situation au Mali. L'amiral Dufourcq avait su nous apprendre que nous n'y apportions aucune solution politique adaptée.

http://www.agoravox.tv/actualites/international/article/l-amiral-dufourcq-sur-l-engagement-45606
http://citoyens.deontolog.org/index.php/topic,2089.0.html

JacquesL

#1
Mali – Le confinement de Paris

https://reseauinternational.net/mali-le-confinement-de-paris/
30 octobre 2020



par Leslie Varenne.

Faut-il négocier avec les groupes armés terroristes ? En déplacement à Bamako, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian a répondu à cette question de manière tranchée, néanmoins le débat reste ouvert...


Le timing du déplacement au Mali de Jean-Yves Le Drian, les 25 et 26 octobre derniers, est pour le moins surprenant compte tenu de la position française vis-à-vis des situations ivoirienne et guinéenne. Au nom de la non-ingérence, Paris a fait le choix de se taire, de ne pas condamner les violences pré et postélectorales en cours dans ces pays. Dès lors, pour le premier diplomate de France, il était particulièrement délicat d'aborder la politique intérieure malienne : « ... les récentes avancées positives dans le processus de transition, devant aboutir à la tenue d'élections crédibles et au rétablissement de l'ordre constitutionnel... », comme le prévoyait son agenda.

Deux plaidoyers pour un dialogue
Ce voyage est survenu quelques jours après la publication de deux tribunes prônant un dialogue avec certains groupes armés terroristes. La première est celle de Smaïl Chergui, le conseiller Paix et Sécurité de l'Union africaine, qui dans le journal Le Temps du 14 octobre écrivait : « L'accord signé avec les talibans, le 29 février 2020, peut inspirer nos États membres pour explorer le dialogue avec les extrémistes et les encourager à déposer les armes, en particulier ceux qui ont été enrôlés de force. »

La seconde, publiée dans Le Monde du 19 octobre, est signée par le secrétaire général des Nations unies en personne. Antonio Guterrez se réfère également aux pourparlers de paix en Afghanistan, qui excluent l'État islamique du dialogue mais incluent les talibans, et propose que cette vision s'applique aussi au Sahel : « Il y aura des groupes avec lesquels on pourra parler et qui auront intérêt à s'engager dans ce dialogue pour devenir des acteurs politiques dans le futur. Mais il reste ceux dont le radicalisme terroriste est tel qu'il n'y a rien à faire avec eux. » Le propos ne saurait être plus clair. Sans les citer nommément, le patron de l'ONU signifie qu'il est hors de question d'engager des négociations avec l'État islamique au Grand Sahara (EIGS), mais que des discussions avec le Groupe de soutien à l'Islam et aux musulmans (JNIM), l'organisation dirigée par Iyad Ag Ghaly, sont possibles.

Ces deux personnalités ont donc ouvert un débat crucial qui était jusqu'alors confisqué. Certains, chercheurs, diplomates et même militaires qui avaient plaidé, depuis fort longtemps, en ce sens, se sont probablement frotté les yeux à la lecture de ces articles. Il n'est jamais bon d'avoir raison trop tôt.

Diplomatie...
Bien entendu, compte tenu de cette actualité, le sujet du dialogue avec certains groupes djihadistes n'a pas manqué d'être abordé lors de la conférence de presse de Jean-Yves le Drian à Bamako. Et le ministre des Affaires étrangères y a répondu sans ambages : « Disons les choses très clairement : il y a les accords de paix (..) et puis il y a les groupes terroristes qui n'ont pas signé les accords de paix (...) Les choses sont simples. » Il a ensuite ajouté que la position de la France était également celle « des pays du G5 Sahel, c'est la position de la communauté internationale, c'est la position du Conseil de sécurité ». Une manière indirecte et assez peu diplomatique de renvoyer le secrétaire général des Nations unies dans les cordes tout en omettant de citer la position de l'Union africaine comme si, dans le Sahel, cette voix ne comptait pas.

Enfin, le ministre des Affaires étrangères a également oublié que la décision de dialoguer avec certains groupes armés djihadistes, Amadou Koufa et Iyad Ag Ghaly, faisait partie d'une des quatre résolutions adoptées en décembre 2019 dans le cadre du dialogue national inclusif malien. Le Premier ministre Moctar Ouane, qui était à ses côtés lors de cette conférence de presse et qui a la réputation d'être très sourcilleux quant à la souveraineté, n'a pas manqué de le lui rappeler... En une phrase, le chef de la diplomatie française a balayé publiquement d'un revers de main les décisions des Maliens, les préconisations du patron de l'ONU et du conseiller de l'UA. Au passage, il montre aussi que la nouvelle doctrine française de non-ingérence dans la politique intérieure des pays africains n'est pas encore totalement assumée.

Diagnostics courageux
Dans leurs tribunes respectives, Antonio Guterrez et Smaïl Chergui ne se contentent pas d'inviter au dialogue, ils font tous deux une analyse lucide de la situation dans le Sahel. Le secrétaire général rappelle : « nous sommes dans un contexte dramatique qui s'aggrave chaque jour [...]. Le dispositif sécuritaire n'est pas suffisant : nous avons la Minusma au Mali qui est une force de maintien de la paix, mais il n'y a pas de paix à maintenir ». Il rend également hommage au travail de Barkhane tout en soulignant les difficultés rencontrées par l'opération française : « Ses possibilités sont limitées face l'étendue du territoire à contrôler. » Et il fait part de ses craintes : « L'absence d'un dispositif suffisant dans le Sahel a non seulement permis l'aggravation de la crise dans la région, mais est une menace grandissante vers les pays côtiers ».

Smaïl Chergui n'est guère plus optimiste : « La création de la Force conjointe du G5 Sahel en 2017, avec les 15.200 personnels de la Minusma et le soutien des partenaires extérieurs, a produit des avancées non décisives ». Il dénonce par ailleurs la multitude de programmes et les 17 stratégies mises en œuvre. Au passage, paradoxalement, il en propose une nouvelle avec le déploiement de 3.000 soldats envoyés par l'Union africaine pour soutenir les armées du G5 Sahel.

L'alignement des planètes
Ces tribunes montrent que les esprits évoluent et que la dure réalité rattrape tout le monde. Les deux diplomates disent plus haut ce que beaucoup pensent très bas : « Nous sommes dans une impasse, cette guerre est ingagnable et des négociations peuvent aider à ramener la paix. » La récente libération des otages, même si elle a donné lieu à de nombreuses polémiques sur les contreparties, rançon et élargissement de 206 djihadistes, a prouvé que le dialogue était possible, que les canaux étaient ouverts. Par ailleurs, localement, des discussions sont déjà en cours. Dans les villages du Centre, de nombreux accords de paix se signent régulièrement et même s'ils ne sont pas toujours pérennes, ils ont le mérite d'exister. Des médiations ont lieu entre leaders communautaires, religieux et djihadistes, cela s'est encore passé dernièrement dans le village de Farabougou. C'est une volonté des populations elles-mêmes pour qui l'amélioration des conditions sécuritaires est urgente, c'est une question de survie. Cette dynamique part de la base, des acteurs de terrain et a vocation à s'étendre.

La France n'a rien à gagner à ne pas profiter de cet alignement des planètes, à ne pas voir et entendre cette réalité et à s'enfermer dans une posture rigide comme celle qu'a exprimée Jean-Yves Le Drian à Bamako. Au contraire, elle se coupe un peu plus des Maliens, de ses alliés et se marginalise politiquement. Elle est la seule à tenir cette ligne : ni les États-Unis, ni le G5, ni l'Union européenne n'ont réagi aux propos d'Antonio Guterrez. Le 27 octobre, le Conseil de paix et de sécurité de l'UA (CPS) et le Comité politique et de sécurité de l'UE (COPS) ont publié un communiqué commun sur la situation au Sahel dans lequel ils rappellent une nouvelle fois la détérioration sécuritaire dans la région et passent en revue tous les acteurs sans jamais citer Barkhane. Faut-il l'interpréter comme une preuve de l'isolement de Paris ?

En février 2021 aura lieu à N'Djaména le sommet qui réunit tous les acteurs sahéliens et les institutions régionale, continentale et internationale. Les dirigeants français ont donc quelques mois pour revoir leur position, établir une stratégie et, qui sait, peut-être sortir Paris de son confinement au Mali...?

source : https://www.iveris.eu


JacquesL

Mali – Retour à la case départ ?

https://reseauinternational.net/mali-retour-a-la-case-depart/
9 décembre 2020



par Leslie Varenne.

Au Mali, les crises sécuritaire et économique qui ont entraîné la chute du Président IBK sont toujours d'actualité, les nouvelles autorités n'ayant pas réussi à les enrayer. Pire, les conditions de la création du CNT risquent de plonger ce pays dans une nouvelle confrontation politique.

Le 8 décembre, le tant attendu Conseil national de transition (CNT) a enfin été mis en place après plus de trois mois d'atermoiements. Toute l'attention des dirigeants d'un pays, qui a pourtant beaucoup d'autres problèmes à régler, a été portée vers cette nouvelle institution. Dès novembre, les deux décrets signés par le président Bah Ndaw pour déterminer la répartition des membres du CNT et leur mode de désignation avaient soulevé la colère des partis politique. En effet, la composition de cet organe, censé remplacé l'Assemblée Nationale dissoute après le coup d'État du 18 août 2020, semblait taillée sur mesure pour conforter l'emprise des militaires sur la vie publique malienne.

Le Mali s'habille en kaki
Cela n'a donc pas été une surprise d'apprendre que le colonel Malick Diaw, numéro 2 de la junte militaire, a été élu comme président de cette assemblée avec 92% des voix, 111 voix sur les 118 exprimées, un véritable plébiscite. Le seul autre grand gagnant est l'imam Dicko dont les proches et les alliés sont bien représentés. Pour le reste des acteurs politiques locaux, c'est la consternation. Si certaines personnes qui apparaissent dans la liste sont affiliées à des partis politiques, à des syndicats et à des associations comme cela était prévu au départ, elles sont suspectées d'y figurer en leur nom personnel et non en celui de leur organisation, provoquant ainsi des remous en son sein. Le M5-RFP, la coalition qui avait porté les contestations populaires ayant contribué à la chute d'Ibrahim Boubakar Keïta (IBK), se réserve même le droit d'attaquer le décret de nomination des membres du CNT devant la Cour Suprême. Cette coalition a d'ailleurs tenu à rappeler : « Le M5-RFP, qui refuse de servir de faire-valoir à un régime militaire déguisé, a unanimement décidé de ne pas participer au Conseil National de Transition (CNT) dans le format proposé. Par conséquent, le M5-RFP dénie à quiconque d'y participer en son nom et met en garde les autorités de la transition contre toute manipulation visant à associer son nom à cette mascarade. » Quant à la Coordination des Mouvements de l'Azawad (CMA), qui rassemble certains groupes signataires de l'Accord d'Alger, elle a décidé de surseoir à sa participation « au vu du quota insignifiant qui lui a été alloué ». Même au sein de la junte, la composition de l'organe législatif ne ferait pas consensus, des rumeurs de dissension entre les militaires putschistes se faisant de plus en plus prégnantes.

Tout se passe comme si tous les acteurs de la vie politique malienne avaient sagement patienté jusqu'au dernier acte de l'architecture de la transition, la dernière preuve de bonne foi des nouvelles autorités, et que faute de celle-ci, ils étaient désormais en droit de passer à l'offensive et de fourbir leurs armes. Le premier ministre Moktar Ouane risque fort de se retrouver devant un front uni regroupant tous les exclus des organes de la transition...

Tous les indicateurs dans le rouge
Les syndicats eux, n'ont pas attendu la création du CNT pour protester, le front social est déjà en ébullition. Le 18 novembre, l'UNTM, le premier regroupement syndical du Mali, avait appelé à trois journées de grève. Le mouvement a été très bien suivi et le bras de fer avec les autorités se poursuit. D'autres arrêts de travail sectoriels ont eu lieu depuis dans les mines d'or, chez les administrateurs civils, les surveillants de prison...

Côté économie, la crise s'installe durablement. La production de coton de 2020 a été très mauvaise, chutant de 75%, alors que cette activité représente normalement 15% du PIB du pays. Les récoltes de mil ont été réduites à cause des conflits dans le Centre et la culture du riz a souffert des inondations. Ajouté à cela, la pandémie de Covid-19 qui a drastiquement réduit les transferts d'argent en provenance de la diaspora, les bars, restaurants, grands hôtels ou magasins dans lesquels elle travaille étant fermés.

Si les nouvelles autorités ne peuvent pas être tenues pour responsables des mauvaises performances agricoles et de l'épidémie, il n'en va pas de même concernant la situation sécuritaire. Avec des militaires à tous les postes clés de la République, les Maliens, qui avaient accueilli la junte à bras ouverts lors du coup d'État, s'attendaient à une nette amélioration sur ce front-là. Or, l'insécurité est loin d'être jugulée. Le 30 novembre, le JNIM, dirigé par Iyad Ghali, a revendiqué une attaque simultanée de trois camps à Ménaka, Gao et Kidal dans lesquels sont basés les soldats de la force française Barkhane. Si ces tirs au mortier n'ont occasionné aucune perte humaine, il n'en reste pas moins que la synchronisation de ces attaques montre les capacités opérationnelles de ce groupe.

Mais, le phénomène le plus inquiétant est sans doute la recrudescence des violences dans la région de Mopti, notamment dans le cercle de Bankass et dans celui de Niono. Ceci est d'autant plus désolant que dans cette zone, des négociations avaient eu lieu entre les différents clans rivaux, milice dogon, groupes d'autodéfense peuls, djihadistes, et elles avaient fait naître des espoirs de réconciliation et de paix. Tous ces efforts semblent être partis en fumée. Tout ceci renforce la polémique liée au fait que le ministre de la Réconciliation Nationale, le colonel Ismaël Wagué, ait choisi de recruter comme directeur de cabinet Marcelin Guenguere, ancien porte-parole de la milice Dogon Dan Na Ambassagou, et de nommer comme conseiller Sékou Allaye Bolly, un commerçant qui, par le passé, a tenté de créer un groupe d'autodéfense peul.

Les lendemains qui déchantent
Après moins de quatre mois à la tête de l'État pour les militaires, et un peu plus de deux mois pour le président Bah Ndaw et le premier ministre Moktar Ouane, les nouvelles autorités semblent déjà rattrapées par les difficultés et l'usure du pouvoir. Le manque de communication avec la classe politique, les décisions prises sans concertation et qui placent tous les acteurs devant le fait accompli, alors qu'au départ, il existait une vraie volonté d'accompagner positivement cette transition, ont miné leur capital sympathie. Certes, le chantier pour redresser le pays dans les conditions actuelles paraît titanesque. Néanmoins, il suffirait de quelques gestes forts et de beaucoup de bonne foi pour que les Maliens y croient à nouveau.

source : https://www.iveris.eu