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Pas de 5e colonne au Kremlin? Réfléchissez encore…

Démarré par JacquesL, 13 Juillet 2018, 01:51:54 PM

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JacquesL

Pas de 5e colonne au Kremlin? Réfléchissez encore...

https://lesakerfrancophone.fr/pas-de-5e-colonne-au-kremlin-reflechissez-encore
Par The Saker – Le 29 juin 2018 – Source  thesaker.is

[Cette analyse a été écrite pour Unz Review]

Après la nouvelle nomination de Medvedev et de son gouvernement plus ou moins remanié, l'opinion publique en Russie et à l'étranger était divisée sur la question de savoir s'il s'agissait d'un bon signe de continuité et d'unité parmi les dirigeants russes, ou bien plutôt la confirmation de l'existence d'une 5e colonne à l'intérieur du Kremlin, travaillant contre le président Poutine en essayant d'imposer des politiques néolibérales et pro-occidentales au peuple russe.

Aujourd'hui, je veux jeter un coup d'œil sur ce qui se passe en Russie parce que je crois que la politique étrangère russe est toujours dominée par ceux que j'appelle les « souverainistes eurasiatiques » et que pour détecter les activités des « intégrationnistes atlantiques », nous devons regarder ce qui se passe en Russie même.



La 5e colonne russe et ses opérations typiques

Tout d'abord, je voudrais commencer par partager avec vous une courte vidéo, traduite par la communauté Saker, de l'un des analystes russes les plus astucieux, Rouslan Ostachko, qui se demande comment une radio aussi virulente, pro-occidentale, vociférante et anti-Poutine nommée Ekho Moskvy parvient non seulement à échapper à la législation russe normale, mais obtient même de l'argent du géant gazier Gazprom, qui appartient en majorité à l'État russe. Ekho Moskvy est aussi tellement pro-israélien qu'il a gagné le surnom de Ekho Matsy (Ekho Moskvy signifie Écho de Moscou alors que Ekho Matsy signifie Écho du Matzo). Inutile de dire que cette radio bénéficie du soutien indéfectible et total de l'ambassade américaine. Il ne serait pas exagéré de dire que Ekho Moskvy sert d'incubateur pour les journalistes russophobes et que la plupart des reporters libéraux pro-occidentaux dans les médias russes ont été, à un moment ou un autre, associés à cet équipement de propagande. En dépit de cela ou, plus exactement, à cause de cela, Ekho Moskvy qui est déjà en faillite depuis longtemps continue d'exister. Il suffit d'écouter les explications d'Ostachko (assurez-vous d'appuyer sur le bouton 'cc' pour voir les légendes en anglais) :

https://youtu.be/WxuB7xcBtlk

Intéressant, non ? Le géant d'État Gazprom fait tout ce qu'il peut pour maintenir Ekho Moskvy à flot et au-dessus de la loi. En fait, Gazprom finance Ekho Moskvy depuis des années ! Selon Wikipedia, toujours hyper-politiquement correct : « En 2005, Echo de Moscou était détenu majoritairement par Gazprom Media qui détient 66% de ses actions ». Si Gazprom appartient majoritairement à l'État russe et Ekho Moskvy à Gazprom, cela ne signifie-t-il pas qu'Ekho Moskvy est essentiellement financé par le Kremlin ? La réalité est encore pire, comme le souligne Ostachko, Ekho Moskvy est le cas le plus visible, mais il existe en Russie un certain nombre de médias pro-occidentaux qui sont financés, directement et indirectement, par l'État russe.

Alors laissez-moi vous poser une question simple : pensez-vous vraiment qu'Ostachko est mieux informé que les autorités russes, y compris Poutine lui-même ?

Bien sûr que non ! Alors que se passe-t-il ?

Avant d'essayer de répondre à cette question, regardons un autre article intéressant venant de Russie, intitulé « La réforme des retraites comme outil de la cinquième colonne pour renverser Poutine » (titre original « Au sujet d'un système de pension équitable ») par Mikhail Khazine et Angelina Siard du blog Stalker Zone (et posté ici). Veuillez lire l'article dans son intégralité car il jette un éclairage très intéressant sur ce que le gouvernement Medvedev a fait depuis qu'il a été reconduit. Ce que je veux citer ici, ce sont les conclusions de Mikhail Khazine (soulignement ajouté) :

« En d'autres termes, toute cette réforme est une franche baliverne, une farce politique visant à détruire les relations entre le peuple (la société) et les autorités. Le but spécifique de ceci est de renverser Poutine, comme nos commanditaires le font avec leurs partenaires principaux du projet global 'occidental'. Et c'est précisément comme ça que nous devrions traiter cette réforme. Elle n'a aucun rapport avec les réformes économiques – ni bonnes, ni mauvaises. Ce n'est pas une réforme économique, mais une intrigue politique ! Et c'est d'ici que nous devons procéder. »

Après avoir expliqué ce qui se passe réellement, Khazine continue à expliquer ouvertement comment une telle opération est possible :

« Maintenant, concernant les médias, il faut comprendre qu'à la fin des années 1990, au début des années 2000, pratiquement tous les médias non libéraux sont morts. Complètement. Et bien sûr, pratiquement tous les journalistes non libéraux ont disparu (il ne reste que quelques douzaines de dinosaures de l'époque du socialisme). Et les jeunes issus de la faculté de journalisme sont en général totalement libéraux. Ils ont été un peu réprimés au milieu des années 2000, mais après l'arrivée de Medvedev au poste de président, ils se sont à nouveau épanouis. C'est alors que l'attaque contre l'État sur tout ce qui ne reflète pas 'la politique du parti et du gouvernement' a commencé. Et puis maintenant il y a beaucoup de publications 'patriotiques' en Russie qui emploient principalement des journalistes libéraux. Un spectacle enchanteur. Ces journalistes – en pleine conformité avec les idées de Lénine, qu'ils n'ont pas lu, voient leur tâche principale dans le soutien des leurs, c'est à dire les libéraux-financiers, Nemtsov, Navalny et ainsi de suite, et salissent le 'sanglant KayGeeBee' (KGB) ! Et c'est à cela qu'ils s'appliquent, ce qui signifie que, propageant le plus possible les politiques du gouvernement, ils irritent de manière optimale la population en utilisant Poutine personnellement. Il y a juste besoin, à chaque fois, de raconter une histoire dégoûtante (comment un vieil homme est mort sur le chemin de la polyclinique ou de l'hôpital, comment les enfants ont été enlevés à une famille nombreuse, comment un fonctionnaire ou un prêtre a frappé une femme enceinte et/ou les jeunes avec leur voiture de luxe), pour expliquer que ce n'est pas seulement le résultat des politiques du pouvoir libéral, mais la faute concrète du président, qui a mis à leurs postes les ministres et les agents de police qui encouragent tout ceci. »

Incroyable, non ? C'est une tentative de renversement de Poutine et elle est couverte par la presse (pseudo) patriotique. Et Poutine lui-même ? Pourquoi n'agit-il pas ? Khazine explique :

« Bien sûr, le président est coupable, tout d'abord, parce qu'il comprend que s'il commence à nettoyer cette 'écurie d'Augias', il sera obligé de verser du sang, parce qu'ils ne lâcheront pas volontairement leurs privilèges Mais la chose la plus importante, et c'est l'essentiel : l'élite libérale russe s'est fixé aujourd'hui la tâche politique de supprimer Poutine. Pourquoi elle a décidé de le faire est une question intéressante : si Poutine lui-même est un libéral dans l'âme, alors cette tâche est stupide et insensée, voire suicidaire. Mais s'il n'est pas libéral – il est probablement plus correct de dire non libéral politiquement – alors, bien sûr, cette activité a du sens. Mais en même temps, pour des raisons purement de propagande – parce que les gens détestent les libéraux, il est nécessaire de lui accrocher l'étiquette de libéral politique. »

Maintenant, relions tous les points : il y a une faction pro-occidentale – en réalité contrôlée par l'Occident – au sein du gouvernement, qui finance ceux qui tentent de renverser Poutine en le rendant impopulaire auprès du grand public russe qui s'oppose massivement aux politiques économiques 'libérales', et qui méprise les élites libérales russes, en le forçant constamment dans des politiques économiques libérales qu'il n'aime manifestement pas (il s'est déclaré catégoriquement opposé à de telles politiques en 2005) et les soi-disant 'médias patriotiques' couvrent tout cela. Et Poutine ne peut pas changer cela sans verser le sang.

Mais supposons, pour l'argumentation, que Poutine est vraiment un libéral dans l'âme et qu'il croit au type d'économie du « Consensus de Washington ». Même si c'était le cas, il doit sûrement être conscient que 92% des Russes s'opposent à cette soi-disant « réforme ». Et tandis que le porte-parole du président, Dmitri Peskov, a déclaré que Poutine lui-même n'était pas associé à ce plan, la vérité est que ce processus nuit également à son image politique auprès du peuple russe et des mouvements politiques. En conséquence directe de ces plans, le Parti communiste de Russie lance un référendum contre ce projet alors que le parti « Russie juste » collecte maintenant des signatures pour renvoyer tout le gouvernement. De toute évidence, une lutte politique de proportions monumentales est en cours et l'opposition interne à Poutine traditionnellement plutôt maigre – je parle des principaux mouvements et partis politiques, pas des minuscules « ONG » soutenues par la CIA et/ou Soros – se transforme maintenant en une opposition beaucoup plus déterminée. Je l'ai prédit il y a environ un mois en écrivant ceci :

« Il est tout à fait clair pour moi qu'un nouveau type d'opposition russe se forme lentement. Eh bien, ça a toujours existé, vraiment – je parle des gens qui ont soutenu Poutine et la politique étrangère russe et qui ont détesté Medvedev et les politiques intérieures russes. Maintenant, la voix de ceux qui disent que Poutine est trop mou dans sa position envers l'Empire ne fera que se renforcer. Tout comme les voix de ceux qui parlent d'un degré vraiment toxique de népotisme et de favoritisme au Kremlin (encore une fois, Mutko en est l'exemple parfait). Lorsque de telles accusations venaient de libéraux pro-occidentaux enragés, ils avaient très peu de poids, mais quand ils viennent de politiciens patriotiques et même nationalistes (Nikolaï Starikov par exemple), ils commencent à prendre une autre dimension. Par exemple, alors que le bouffon Jirinovskii et son parti LDPR soutenaient loyalement Medvedev, les partis communiste et 'Russie juste' ne l'ont pas fait. À moins que la tension politique autour de personnages tels que Koudrine et Medvedev ne soit résolue – peut-être un scandale opportun ? – nous pourrions assister à la croissance d'un véritable mouvement d'opposition en Russie, et non contrôlé par l'Empire. Il sera intéressant de voir si la popularité personnelle de Poutine va commencer à baisser et ce qu'il devra faire pour réagir à l'émergence d'une opposition aussi réelle ».

Ceux qui ont nié avec véhémence qu'il y avait un vrai problème de 5e colonne au Kremlin vont avoir un réveil douloureux quand ils se rendront compte que grâce à l'action de ces « libéraux », une opposition patriotique émerge progressivement, pas tant contre Poutine lui-même que contre la politique du gouvernement Medvedev. Et pourquoi pas contre Poutine ?

Parce que la plupart des Russes sentent instinctivement ce qui se passe et comprennent non seulement la dynamique anti-Poutine à l'œuvre, mais aussi comment et pourquoi cette situation a été créée. En outre, contrairement à la plupart des Occidentaux, la majorité des Russes se souvient de ce qui s'est passé dans les années 1990.

Les racines historiques du problème sont connues, résumé très grossier

Tout a commencé à la fin des années 1980 quand les élites soviétiques ont réalisé qu'elles perdaient le contrôle et que quelque chose devait être fait. Pour résumer vraiment ce qu'elles ont fait, je dirais qu'elles ont d'abord divisé le pays en quinze fiefs individuels dirigés par des gangs/clans composés de ces élites soviétiques, puis elles ont saisi sans pitié tout ce qui avait de la valeur, sont devenues milliardaires et ont caché leur argent à l'Ouest. Être fabuleusement riche dans un pays complètement ruiné leur a donné un pouvoir politique fantastique et une influence pour exploiter davantage toutes les ressources du pays. La Russie elle-même – et les quatorze autres républiques ex-soviétiques – ont souffert un cauchemar indescriptible comparable à une guerre majeure, et dans les années 1990, la Russie se divisa en plusieurs morceaux encore plus petits (Tchétchénie, Tatarstan, etc.). En ce temps là, la Russie exécutait toutes les politiques économiques recommandées par une myriade de « conseillers » américains (des centaines d'entre eux ayant des bureaux dans les locaux de nombreux ministères clés et divers organismes publics, comme aujourd'hui en Ukraine), elle a adopté une Constitution rédigée par des éléments pro-américains, et toutes les positions clés dans l'État étaient occupées par ce que je ne peux appeler que des agents occidentaux. Au sommet, le président Eltsine était la plupart du temps saoul tandis que le pays était dirigé par sept banquiers, les soi-disant « oligarques » – dont six juifs – la « Semibankirshchina ».

C'est alors que les services de sécurité russes ont réussi à tromper ces oligarques en leur faisant croire que Poutine, qui a un diplôme de droit et qui avait travaillé pour le maire (très libéral) de Saint-Pétersbourg, Anatolii Sobchack, n'était qu'un petit bureaucrate qui rétablirait un semblant d'ordre tout en ne présentant aucune menace réelle pour les oligarques. Le stratagème a fonctionné, mais les élites du monde des affaires ont exigé que « leur » gars, Medvedev, dirige le gouvernement afin de préserver leurs intérêts. Elles ont négligé deux choses : Poutine était un officier vraiment brillant du service le plus élitiste du KGB et un vrai patriote. En outre, la Constitution, qui a été adoptée pour soutenir le régime Eltsine, pourrait maintenant être utilisée par Poutine. Mais plus que toute autre chose, elles n'ont jamais prédit qu'un petit bonhomme dans un costume mal ajusté se transformerait en l'un des leaders les plus populaires de la planète. Comme je l'ai écrit à plusieurs reprises, alors que le pouvoir initial de Poutine était dans les services de sécurité et les forces armées et que son autorité légale découle de la Constitution, son pouvoir réel vient du soutien immense qu'il a reçu du peuple russe, qui pour la première fois depuis très longtemps sentait que l'homme au sommet représentait réellement leurs intérêts.

Alors, Poutine fit ce que Donald Trump aurait pu faire dès son entrée à la Maison Blanche : nettoyer la maison. Il a commencé par s'attaquer immédiatement aux oligarques, il a mis fin à la Semibankirshchina, et il a arrêté la fuite massive d'argent et de ressources hors de Russie. Ensuite il a procédé à la reconstruction de la « verticale du pouvoir » (le contrôle du Kremlin sur le pays) et a commencé à reconstruire toute la Russie depuis les fondations (régions) jusqu'au sommet. Mais alors que Poutine avait un grand succès, il ne pouvait tout simplement pas combattre sur tous les fronts en même temps et gagner.

En vérité, il a finalement remporté la plupart des batailles qu'il a choisi de combattre, mais certaines batailles, qu'il ne pouvait tout simplement pas mener, non par manque de courage ou de volonté de sa part, mais parce que la réalité objective est que Poutine a hérité d'un système extrêmement mauvais entièrement contrôlé par des ennemis extrêmement dangereux. Rappelez-vous les paroles de Khazine là-dessus : « S'il commence à nettoyer cette écurie d'Augias, alors il sera obligé de verser du sang, parce qu'ils ne rendront pas volontairement leurs privilèges. » Ainsi, d'une manière typique chez lui, il a fait un certain nombre d'arrangements.

Par exemple, les oligarques qui ont accepté de cesser de s'ingérer dans la politique russe et qui, dorénavant, paient des impôts et respectent généralement la loi n'ont pas été emprisonnés ou expropriés : ceux qui ont reçu le message ont été autorisés à continuer à travailler comme des hommes d'affaires normaux (Oleg Deripaska) et ceux qui ne l'ont pas reçu ont été emprisonnés ou exilés (Khodorkovski, Berezovski). Mais si nous regardons juste en dessous du niveau de ces oligarques notoires et bien connus, ce que nous trouvons est un « marécage » beaucoup plus profond – pour utiliser l'expression américaine : toute une classe de gens qui ont fait leur fortune dans les années 1990, qui sont maintenant extrêmement influents et contrôlent la plupart des postes clés dans l'économie, la finance et les affaires, qui haïssent et craignent absolument Poutine. Ils ont même leurs agents au sein des forces armées et des services de sécurité parce que leur arme de prédilection est, bien sûr, la corruption et le trafic d'influence. Et, bien sûr, ils ont des gens qui représentent leurs intérêts au sein du gouvernement russe, c'est à dire à peu près tout le « bloc économique » du gouvernement Medvedev.

Est-il vraiment surprenant que ces gens aient aussi leurs représentants stipendiés dans les médias russes, y compris les médias dits « pro-russes » ou « patriotiques » ? J'ai alerté sur ce sujet depuis au moins 2015.

Tout comme en Occident, en Russie les médias dépendent avant tout de l'argent. Les grands intérêts financiers sont très habiles pour utiliser les médias afin de promouvoir leur agenda, nier ou masquer certains sujets tout en poussant d'autres en avant. C'est pourquoi vous voyez souvent les médias russes soutenir les politiques de l'OMC/Banque Mondiale/FMI/etc., sans jamais critiquer Israël ni, à Dieu ne plaise, les propagandistes pro-israéliens à la télévision grand public (Vladimir Soloviev, Evgenii Satanovsky, Iakov Kedmi, Avigdor Eskine et beaucoup d'autres). Ce sont les mêmes médias qui critiqueront volontiers l'Iran et le Hezbollah mais ne se demanderont jamais pourquoi les principales chaînes de télévision russes diffusent quotidiennement de la propagande pro-israélienne.

Et, bien sûr, ils répéteront tous la même rengaine : « il n'y a pas de 5e colonne en Russie ! Aucune ! Jamais ! ».

Ce n'est pas différent des médias d'entreprise aux USA qui nient l'existence d'un État profond ou du lobby israélien dans le pays.

Et pourtant, beaucoup de gens (la plupart ?), aux USA et en Russie réalisent à un niveau presque instinctif qu'on leur ment et que, en réalité, une puissance hostile les domine.

Les options de Poutine et les issues possibles

Malheureusement, aux États-Unis, Trump s'est avéré être un désastre qui a tout cédé aux exigences des néocons. En Russie, la situation est beaucoup plus complexe. Jusqu'à présent, Poutine a très habilement évité de s'associer avec les intégrationnistes atlantiques. En outre, les plus grandes crises de la dernière décennie ont toutes été associées à des questions de politique étrangère et celles-ci sont toujours contrôlées par les souverainistes eurasiens. Enfin, si le gouvernement russe a clairement commis des erreurs ou promu des politiques impopulaires – comme la réforme des soins de santé par exemple – il a également connu des succès indéniables. Quant à Poutine, il a continué à consolider son pouvoir et il a progressivement éliminé certains des individus les plus notoires de leurs postes. En théorie, Poutine pourrait probablement faire arrêter la plupart des intégrationnistes atlantiques importants pour corruption, mais à moins de s'engager dans une purge massive et sanglante, il ne peut pas se débarrasser de toute une classe sociale qui est non seulement vaste mais aussi puissante.

Certains de mes contacts en Russie s'attendaient à une purge des intégrationnistes atlantiques juste après les élections. La logique ici était « trop c'est trop ! » et après que Poutine aurait reçu un mandat fort du peuple, il allait finalement renvoyer Medvedev et sa bande du Kremlin et les remplacer par des patriotes populaires. Cela n'a manifestement pas eu lieu. Mais si ce programme de réforme des retraites continue de déclencher des protestations ou si une guerre majeure éclate au Moyen-Orient ou en Ukraine, alors les forces pro-occidentales du Kremlin subiront de fortes pressions pour céder le contrôle du pays aux souverainistes eurasiens.

Poutine est un homme extrêmement patient et, au moins jusqu'à présent, il a gagné la plupart de ses batailles, sinon toutes. Je ne crois pas que quiconque puisse prédire avec certitude comment les choses vont se dérouler, mais ce qui est certain, c'est qu'il est futile d'essayer de comprendre la Russie sans être conscient des conflits internes et des groupes d'intérêts qui luttent pour le pouvoir. Dans son histoire de mille ans, les ennemis internes ont toujours été beaucoup plus dangereux pour la Russie que les étrangers. C'est peu susceptible de changer à l'avenir.

The Saker

Traduit par jj, relu par Cat, vérifié par Diane pour le Saker Francophone