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Poutine et Israël : une relation complexe à plusieurs niveaux

Démarré par JacquesL, 27 Janvier 2016, 09:57:28 PM

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JacquesL

Poutine et Israël : une relation complexe à plusieurs niveaux (The Saker)

http://lesakerfrancophone.fr/poutine-et-israel-une-relation-complexe-a-plusieurs-niveaux

CiterLe récent assassinat de Samir Kuntar par Israël a, une fois encore, enflammé le débat sur la relation entre Poutine et Israël. C'est un sujet extrêmement complexe et ceux qui aiment les explications simples, en boîte, devraient tout de suite cesser de lire. La vérité est que la relation entre la Russie et Israël et, même avant ça, entre juifs et Russes, mériterait un livre entier.



En fait, Alexandre Soljenitsyne a déjà écrit ce livre, il s'intitule «deux-cent ans ensemble», mais vu la poigne de fer des sionistes sur les médias anglo, il n'a toujours pas été traduit en anglais. Cela devrait déjà vous dire quelque chose – un auteur de renommée mondiale qui a obtenu le prix Nobel de littérature ne peut pas obtenir que son livre soit traduit en anglais parce que son contenu pourrait ébranler le récit officiel sur les relations russo-juives en général et sur le rôle que les juifs ont joué dans la politique russe du XXe siècle en particulier ! Une autre preuve de la réalité de la subordination de l'ancien Empire britannique aux intérêts sionistes est-elle nécessaire ?

J'ai déjà écrit sur ce thème dans le passé et, pour le moins, je vous demanderai de lire les deux articles de fond suivants avant de continuer la lecture de ce billet :

Anglosioniste : petit guide d'introduction pour les nouveaux venus

Comment un concept médiéval de l'ethnicité fait une fois de plus commettre à l'Otan une gaffe dangereuse

Avant d'aborder quelques-unes des particularités de la relation russo-israélienne, je tiens à souligner une chose très importante : vous ne devriez tout simplement pas supposer que la relation entre juifs et non-juifs en Russie est similaire à ce qu'elle est en Occident. Ce n'est pas le cas. Sans entrer dans une discussion détaillée de l'émancipation des juifs en Occident et leur long cheminement depuis leurs shtetls dirigés par les rabbins jusqu'aux conseils d'administration des plus grandes sociétés occidentales, je dirai simplement que pour les juifs russes, ce processus d'émancipation s'est déroulé d'une manière beaucoup plus violente et catastrophique. La deuxième grande différence entre juifs occidentaux et juifs russes est que, plus ou moins entre 1917 et 1939, un sous-ensemble spécifique de juifs (juifs bolcheviques) ont contrôlé quasi totalement la Russie. Pendant cette période, les juifs bolcheviques ont persécuté les Russes et, en particulier, les chrétiens orthodoxes avec une haine véritablement génocidaire. C'est un fait historique dont la plupart des Russes sont très conscients, même si c'est encore considéré comme un crime de pensée dans la plupart des cercles occidentaux. Il est également important de souligner ici que les juifs bolcheviques ont persécuté non seulement les chrétiens orthodoxes, mais tous les groupes religieux, y compris, en l'occurrence, les judaïques. Poutine est très conscient de ces faits auxquels il a fait référence en parlant à un groupe de Judaïques à Moscou :

https://youtu.be/7bSAB5OPkwQ
(Extrait vidéo de 48 secondes, les sous-titres sont en anglais)

Dans le second article mentionné ci-dessus, j'ai discuté de ces questions et tout ce que je veux, c'est vous montrer que Poutine est très conscient de ce passé et qu'il a le courage et l'honnêteté intellectuelle de le rappeler aux juifs russes.

L'autre fait absolument crucial sur la relation entre la Russie et Israël est l'immigration des Juifs russes en Israël. Ici, je vais vous présenter quelque faits soulignant qu'il s'agit d'un facteur crucial :

1. Peu importe s'ils ont fini en Autriche, en Allemagne, aux États-Unis ou en Israël, l'immigration des Juifs russes en Israël a permis à ces juifs qui ne voulaient pas rester en Russie de partir. Inversement, ceux qui ne sont pas partis sont restés par choix. Cela signifie que la grande majorité, sinon la totalité des juifs russophobes enragés et haïssant le christianisme ont quitté la Russie. Ceux qui sont restés en Russie l'ont fait parce qu'ils ont décidé que c'était là chez eux.

2. Un grand nombre (certaines estimations vont jusqu'à 20% ) des soi-disant juifs qui ont quitté la Russie ne sont pas juifs du tout, y compris certains de ceux qui se sont installés en Israël. La vérité est que les difficultés économiques et sociales auxquelles faisait face la société soviétique sous Brejnev & Co et la Russie sous Eltsine ont fait que beaucoup de non-juifs de Russie se sont inventés quelques origines juives (fictives) juste pour émigrer. Ainsi il y a beaucoup de vrais Russes, par opposition aux juifs russes, en Israël.

3. En raison de cette grande immigration, il y a d'innombrables liens personnels entre les individus et les familles qui vivent en Israël et en Russie. Cela signifie que lorsque, par exemple, l'Irak ou le Hezbollah envoient une pluie de roquettes en Israël, il y a des gens en Russie qui sont personnellement soucieux pour leurs amis en Israël, même s'ils n'approuvent pas nécessairement la politique israélienne.

4. Ce qu'on appelle la mafia russe est, en réalité, la plupart du temps une mafia de juifs russes. C'est particulièrement vrai dans l'ouest. En Russie, il y a des gangsters juifs, mais pas vraiment une pègre juive en tant que telle. Les gangsters russes et juifs s'entendent à merveille, ce qui crée aussi, dirons-nous, de forts liens d'affaires entre oligarques russes et Israël.

5. Sous Eltsine, le pays était de facto dirigé par ce qu'on a appelé la semibankirshchina, le règne des sept banquiers. C'étaient les sept grands banquiers de Russie, qui possédaient environ 50% de l'ensemble de l'économie russe. Tous, sauf un (Potanine) étaient des juifs.

6. Pendant les années Eltsine, la grande majorité des membres du gouvernement et, surtout, leurs conseillers étaient des juifs. Les juifs contrôlaient également la quasi-totalité des grands médias. Pour vous donner une idée de la façon dont cette tendance était répandue dans les années 1990, nous vous présentons ci-dessous une liste des juifs haut placés dans la Russie d'Eltsine.

En vérité, les gens qui compilent ces listes sont rarement motivés par des fins purement scientifiques et souvent ils ne se sentent pas contraints par les strictes règles de preuve. Donc, il est tout à fait possible qu'un certain pourcentage de juifs énumérés ne soient pas juifs du tout. Mais même avec une large marge d'erreur, vous pouvez vous faire une idée.

Citer1991- 1999

Boris Eltsine (Eltsine – juif marié à une juive).
Naina Eltsine – Juive.
Livshits – Juif, conseiller du Président sur les questions économiques Pendant tout le règne d'Eltsine, la majorité de ses conseillers étaient juifs.
Chef de l'administration présidentielle Filatov, Tchoubaïs, Volochine, tous des Juifs. La fille du président (un nouveau poste aux autorités juives), Tatyana Dyachenko (par la loi juive – Halakha, comme fille d'un juif – une juive)

Au gouvernement

Tous les ministres clés sont Juifs :

Ministre de l'Économie – Yasin
Zam. Ministre de l'Economie – Urinson
Le ministre des Finances – Panskov
Zam. Ministre des Finances – Vavilov
Président de la Banque centrale – Paramonov
Ministre des Affaires étrangères – Kozyrev
Ministre de l'Énergie – Shafranik
Ministre des Communications – Bulhak
Ministre des Ressources naturelles – Danilov
Ministre des Transports – Efimov
Ministre de la Santé – Netchaïev
Ministre de la Science – Saltykov
Ministre de la Culture – Sidorov
Président des médias – Rodents

Dans les médias

News – Golembiovskiy
Komsomolskaïa Pravda – Fronin
Moskovski Komsomolets – Gusev (Drabkin)
Arguments and Facts – Starks
Work – Potapov
Moscow News – Karpinski
Kommersant – Yakovlev (Ginsburg)
New Look – Dodolev
Nezavissimaïa Gazeta – Tretyakov
Evening Moscow – Lisin
Literary Newspaper – Udaltsov
Publicity – Izyumov
Interlocutor – Kozlov
Rural Life – Kharlamov
Top Secret – Borovik
TV and radio, Ostankino – A. Yakovlev
Russian TV and Radio Company – Poptsov

1996-1999 – Les sept banquiers

Aven
Berezovsky
Goussinski
Potanine
Smolensk
Friedman
Khodorkovski
Abramovich

Les participants juifs dans le gouvernement soviétique de 1917-1939 sont tout à fait semblables. Vous pouvez les trouver vous même sur Internet.

Tout comme entre 1917 et 1939, entre 1991 et 1999, les rênes du pouvoir en Russie étaient fermement aux mains des juifs et, dans les deux cas, avec des conséquences vraiment catastrophiques. La grande différence est que si, au début du XXe siècle, les juifs au pouvoir étaient les adversaires idéologiques de l'Empire anglo-américain, à la fin de ce même siècle, les juifs en Russie étaient pratiquement une extension de l'Empire anglosioniste.

A propos des extensions de l'Empire anglosioniste.

J'ai déjà expliqué à plusieurs reprises dans le passé que la candidature de Poutine pour succéder à Eltsine a été un compromis entre les services de sécurité russes et les riches russes qui ont poussé M. Medvedev comme contre-poids à Poutine. Je me réfère généralement aux forces soutenant Poutine comme eurasiennes-souverainistes et les forces qui soutiennent Medvedev comme intégrationnistes atlantistes. Le but des premières est de rendre la Russie entièrement souveraine et d'en faire un élément clé du continent eurasien multipolaire mais unifié, alors que l'objectif des dernières est d'être accepté par l'Empire anglosioniste comme un partenaire égal et d'intégrer la Russie aux structures de pouvoir de l'Ouest. La suite est quelque chose de si important que je vais le souligner dans un paragraphe distinct :

Les intégrationnistes atlantistes ont toujours le plein contrôle du secteur financier et bancaire russe, de tous les postes clés des ministères de l'Économie et du gouvernement, ils contrôlent la Banque centrale de Russie et ils sont, de loin, la plus grande menace à l'autorité de Poutine et de ceux qui le soutiennent. Considérant que près de 90% des Russes soutiennent maintenant Poutine, ceci signifie que ces intégrationnistes atlantistes sont la plus grande menace pour le peuple russe et la Russie dans son ensemble.

Comment tout cela est-il lié à Israël ? Facile !

Poutine a hérité d'un système créé par et pour l'Empire anglosioniste. C'était un candidat de compromis entre deux partis radicalement opposés et il lui a fallu des années pour d'abord se débarrasser de la plupart des oligarques russes (juifs) puis, très progressivement, commencer le processus de nettoyage dans lequel lentement, étape par étape, les sionistes ont été expulsés de leurs positions de pouvoir. Selon Mikhail Khazin, le rapport entre ces deux groupes n'a que récemment atteint le point d'équilibre (instable) de 50/50. Cela signifie aussi que les gens de Poutine doivent surveiller leurs arrières tous les jours que le Bon Dieu fait parce qu'ils savent que leurs soi-disant collègues sont prêts à les poignarder en un clin d'œil dès qu'ils en auront l'occasion.

Je crois pour ma part que les rumeurs d'un coup d'État en Russie sont grandement exagérées. Non seulement parce que Poutine bénéficie de l'appui des ministères de force (Défense, Sécurité de l'État, affaires intérieures, etc.), mais, plus important encore, en raison de l'appui dont il jouit de la part de 90% du peuple russe. Renverser un homme avec une popularité qui confine au culte, un homme vraiment aimé par la grande majorité des gens, serait trop dangereux. Mais cela ne signifie pas que la 5e colonne n'est pas prête à saboter tous les efforts de Poutine et de ses partisans.

La vérité est que Poutine a été très souvent forcé à des compromis. En voici quelques exemples :

Les oligarques : quand Poutine a débarrassé la Russie du règne des sept banquiers, il n'a pas vraiment sévi contre tous les oligarques en tant que tels. Il ne s'est débarrassé que des oligarques qui, comme Khodorkovski, avaient tenté de réaliser pratiquement un coup d'État contre lui en achetant la totalité de la Douma. Il a dit aux oligarques : «Restez en dehors de la politique et je vous laisserai en paix.» L'accord tient encore aujourd'hui.

L'économie : même dans son dernier discours, Poutine a dû déclarer qu'il soutient pleinement la Banque centrale et les ministres économiques du gouvernement Medvedev. Considérant que littéralement TOUS les alliés de Poutine s'indignent ouvertement et verbalement de la mauvaise gestion de  l'économie russe, c'est clairement une déclaration sous la contrainte et pas quelque chose qu'il croit. Au passage, j'observe une campagne de dénigrement systématique par les chaînes nationales de télévision russes contre la Banque centrale et les ministres de l'Économie et cela ne peut pas être une coïncidence. Je prédis que Poutine prépare une purge de ces cercles, mais qu'il a besoin d'aligner tous ses canards sur un seul rang avant de prendre des mesures, en particulier en enflammant l'opinion publique contre eux. En ce moment, l'économie russe est toujours gérée par les larbins du FMI, du type consensus de Washington, d'où leur politique folle sur les taux d'intérêt, sur l'achat d'obligations des États-Unis, le maintien de l'inflation basse, etc. Poutine, par conviction, n'est pas ce que je qualifierais de socialiste, mais il est très certainement un promoteur d'une économie sociale de marché et quelqu'un qui essaye fortement de découpler la Russie du système financier occidental, et de la tutelle des règles de l'Empire.

La politique étrangère : jusqu'à la plus récente réélection de Poutine quand, finalement, la Russie a commencé à avoir une politique étrangère assez consistante, la politique de la Russie a été louvoyante, des zigs suivis de zags. Cela a été particulièrement vrai pendant les périodes où Medvedev était à la présidence et quand l'Iran et la Libye ont été trahis par la Russie au Conseil de sécurité (ce que Poutine a ouvertement qualifié de stupide).

Les personnalités : vous rappelez-vous le ministre de la Défense hyper-corrompu Serdiukov ? Devinez quoi ? Il n'a toujours pas été officiellement accusé de quoi que ce soit. Même la femme avec qui il a fait l'essentiel de ses transactions illégales vit toujours luxueusement à Moscou. Qu'est-ce que cela nous dit ? Que même lorsque Poutine a obtenu la preuve tangible de la malfaisance de Serdiukov, il a eu assez de pouvoir pour le remplacer par Choïgou, mais pas assez pour pouvoir mettre un intégrationnistes atlantiste de si grande notoriété en prison.

L'Ukraine occupée par les nazis : Poutine avait suffisamment de contrôle sur le gouvernement pour fournir le Voentorg [approvisionnement en armes, NdT] vital et même pour envoyer des forces spéciales et effectuer des tirs d'artillerie au-dessus de la frontière pour aider les Novorusses, mais il n'a pas pu forcer les ministères chargés de l'économie à utiliser la puissance de la Russie sur ce plan pour étrangler l'économie ukrainienne. Cela a abouti à ce que la Russie envoie des obus d'artillerie à travers la frontière à Saur Mogila et de l'énergie (essentiellement gratuite ) à Kiev.

La propagande russophobe : quand, récemment, un journaliste sportif de troisième ordre, Alexei Andronov, a publié un commentaire vicieusement anti-russe sur Twitter, il a été critiqué pour cela par Alexei Pouchkov, un journaliste qui est aussi le chef du comité des Affaires étrangères de la Douma d'État, dans sa propre émission de télévision Post-scriptum. La chaîne de télévision qui diffuse le spectacle TV Tsentr a alors censuré le passage critiquant le journaliste Andronov. Ensuite, le célèbre réalisateur russe Nikita Mikhailkov a enregistré un spectacle entier discutant de cet événement. La chaîne de télévision responsable de ce spectacle, la télévision Rossia, a également censuré l'épisode entier. Quant à la directrice de la chaîne de télévision où Andronov travaille, Tina Kandelaki, elle a donné son plein appui à Andronov. En définitive, si Poutine a immensément amélioré la qualité globale des médias russes, les russophobes sont encore très influents et peuvent cracher leur venin haineux en toute impunité.

Je pourrais continuer l'énumération, mais je pense que vous voyez l'idée : Poutine est un homme très efficace à la tête d'un très mauvais système.

Maintenant, revenons à la Syrie, au Hezbollah et à l'assassinat de Samir Kuntar.

Tout d'abord, considérez que la décision d'intervenir militairement dans la guerre syrienne était déjà une question controversée. Poutine s'en est tiré en faisant deux choses : expliquer au peuple russe qu'il était préférable de traiter avec les terroristes là-bas (en Syrie) plutôt qu'ici (en Russie) et promettre qu'il n'enverrait pas de forces au sol. Lorsque Daesh et les Turcs ont tenu la promesse de représailles faite par Obama et Biden en faisant exploser un avion de ligne russe et, plus tard, un bombardier SU-24, l'opinion publique a continué à soutenir Poutine, mais la plupart des Russes, moi y compris, ont été très conscients du danger de la situation. En définitive, c'est la confiance de la rue dont jouit personnellement Poutine qui lui a permis de tenir le cap en dépit de craintes réelles.

Deuxièmement, il est clair que Poutine et Netanyahou ont conclu un accord lorsque celui-ci s'est rendu à Moscou : les Israéliens n'interfèrent pas dans les opérations russes en soutien aux Syriens tant que les Russes n'interfèrent pas dans les opérations de combat entre Israël et le Hezbollah. Cela a permis aux deux parties de poursuivre leur intérêts principaux, même si c'était au prix de leurs objectifs secondaires. Vous n'aimez pas cet accord et vous doutez de sa morale ? Et bien moi aussi, et je suis en fait profondément mal à l'aise, mais je n'en attends pas moins des praticiens de la realpolitik aussi impitoyables que le sont Poutine et Bibi Netanyahou (une bonne chose que vous ou moi ne soyons pas au pouvoir [face à de tels choix] !).

Il y a, par ailleurs, un autre précédent qui me met tout aussi mal à l'aise : le soutien russe total à la répression sanglante de l'armée égyptienne contre les Frères musulmans en Égypte. J'accepte l'argument que soutenir l'armée égyptienne a un sens dans le contexte de la guerre en Syrie, mais le principe de soutenir un tel régime me dérange profondément. C'est la raison pour laquelle Poutine est un homme politique impitoyable mais couronné de succès alors que je suis un blogueur quasi sans importance : il faut un ours impitoyable pour lutter contre les loups sans pitié [Une raison entre autres. Saker, attention à tes chevilles ! NdT].

Cela dit, il ne faut pas prétendre que le Hezbollah est moins cynique lorsque c'est nécessaire. Je rappelle à tous que lorsque Imad Mugniyeh a été assassiné à Damas par les mêmes Israéliens dans une opération qui n'a pu être exécutée qu'avec des complices très haut placés dans le régime d'Assad, le Hezbollah a promis des représailles, mais n'a jamais prononcé un seul mot contre le régime [syrien]. Le Hezbollah n'avait pas plus d'objections quand Assad torturait les musulmans pour le compte de la CIA lors du fameux programme de restitution.

Quant à Poutine, il a tout simplement d'autres priorités que de protéger le Hezbollah ou combattre Israël.

Survivre à l'intérieur de la Russie et ne pas être renversé par la présence du pouvoir sioniste encore très puissante (pour reprendre l'expression de James Petras) en Russie est une haute priorité. Une autre serait de ne pas donner à ses ennemis (internes et externes) l'argument politique que la Russie attaque Israël. Ne pas avoir un échange de tirs avec Israël et ne pas obliger le petit contingent russe isolé à se battre sur deux fronts est tout aussi crucial. Idem pour ne pas être accusé d'avoir transformé le contingent russe en Hezbollah Air Force de facto comme les États-Unis sont la Daesh Air Force. Ce sont toutes des priorités évidentes pour Poutine.

Et puis ceci : alors que les S-400 russes peuvent facilement abattre tout avion israélien, le contingent russe aérien n'a pas les moyens matériels pour lutter contre Israël ou, encore moins, l'Otan et le CENTCOM. Quant à la Russie, elle ne peut certainement pas chercher la bagarre avec Israël, pas à cause de la puissance intrinsèque de cette petite entité sioniste, mais en raison du fait que l'empire américain a été soigneusement mis sous contrôle sioniste. Donc, ces Américains qui se plaignent maintenant que Poutine n'a pas le courage de s'en prendre à Israël doivent d'abord se demander comment ils ont, eux-mêmes, laissé Israël transformer les États-Unis et l'Europe en un protectorat sioniste aux ordres, et ce qu'ils font pour se libérer eux-mêmes de ce joug !

Parlant de l'Occident : on doit comparer la position de l'Empire anglosioniste d'une part, et de beaucoup de juifs russes influents (en Russie et en Israël) pour ce qui concerne la guerre en Ukraine. Alors que l'Occident a apporté un soutien total au régime nazi à Kiev, de nombreux juifs russes, en particulier des très célèbres comme Vladimir Soloviev, ont pris une position catégoriquement anti-nazie. Et alors qu'en Israël la popularité de Poutine et de la Russie sont encore extrêmement faibles, la plus grande partie de l'opposition anti-Poutine en Russie n'est pas formée de juifs. Enfin, le grand public russe est  malheureusement très mal informé des horreurs perpétrées par le régime sioniste contre le peuple palestinien alors que les Israéliens et les double-nationaux (comme Evgenii Satanovskii ou Avigdor Eskin) répandent constamment l'idée que «Nous, Russes et Israéliens, sommes les seuls résistant au terrorisme musulman», capitalisant ainsi au maximum la guerre actuelle entre la Russie et Daech. En d'autres termes, Poutine aurait un mal de chien à vendre un attentat contre un avion israélien au grand public russe.

Je comprends que rien de tout cela n'aura aucune influence sur ceux qui haïssent les juifs de bonne foi ou sur ceux qui aiment des arguments simples, en noir et blanc. Pour eux Poutine restera à jamais une trahison, un éternel Shabbat goy ou une marionnette des financiers internationaux. Franchement, je ne traite pas ce sujet pour eux. Mais il y a ceux qui sont sincèrement perplexes et confus au sujet de la politique russe, qui semble être source de confusion, voire de contradictions. Pour eux, je vais conclure en disant ce qui suit.

Poutine fait avancer sa cause un pas après l'autre, et il sait attendre et laisser les événements prendre leur propre dynamique. Il est aussi très conscient qu'il lui faut littéralement se battre avec une main attachée derrière le dos et l'autre occupée à se défendre en même temps contre les ennemis externes et internes (ces derniers étant beaucoup plus dangereux). Je suis sûr que Poutine se rend bien compte que, au moins potentiellement, sa politique de résistance, de souveraineté et de libération peut conduire à une guerre nucléaire intercontinentale et que la Russie est encore actuellement plus faible que l'Empire anglosioniste. Tout comme aux temps de Stolypine, la Russie a besoin désespérément de quelques années de paix pour se développer et tenir tête. Ce n'est très certainement pas le moment d'une confrontation directe avec l'Empire. La Russie a besoin de façon vitale de paix et de temps : la paix en Ukraine, la paix en Europe et, oui, la paix au Moyen-Orient. Hélas, ce dernier n'est pas une option et, quand il a été acculé, Poutine a pris la décision d'aller à la guerre. Et je suis absolument et catégoriquement certain que si l'Empire attaque la Russie (à partir de la Turquie ou d'ailleurs), la Russie  ripostera. La Russie est prête à entrer en guerre si nécessaire, mais elle fera tout son possible pour l'éviter. C'est le prix que la Russie paie pour sa faiblesse. La bonne nouvelle est que la Russie se renforce de jour en jour, alors que l'Empire s'affaiblit. Et la puissance des anglosionistes et de leur 5e colonne en Russie s'affaiblit également chaque jour qui passe. Mais ce processus va prendre du temps.

Le grand événement à surveiller est l'assaut contre la Banque centrale et les ministères de l'économie au gouvernement. Tout le monde en Russie l'attend. Cette question a même été posée directement à Poutine récemment, mais il continue à tout nier et dire qu'il soutient pleinement ces saboteurs. Considérant la trajectoire de Poutine, il est stupide de penser qu'il les soutient vraiment – c'est clairement une manœuvre dilatoire jusqu'à ce que le moment soit venu.

Ne vous y trompez pas. Il n'y a pas de grand amour entre la Russie et Israël. Mais il n'y a pas non plus beaucoup d'hostilité, du moins pas du côté russe. La plupart des Russes sont conscients du vilain rôle que les juifs ont déjà joué à deux reprises dans l'histoire russe, mais cela ne se traduit pas par une hostilité envers les juifs comme vous pouvez la constater, par exemple, en Ukraine. La plupart des Russes peuvent se méfier de la puissance juive mais cela se traduit rarement par de l'hostilité à l'égard des juifs comme gens ordinaires. Certaines des personnalités publiques russes les plus adorées, comme le compositeur Vladimir Vysotskii, avait du sang juif. La plupart des Russes font également une distinction entre les juifs des autres à l'Ouest (russophobes) et leurs (juifs russes qui aiment la Russie). Mais puisque la russophobie a également été répandue parmi les élites russes, avant et après la Révolution, elle peut difficilement être décrite comme un phénomène juif. La culture russe ayant toujours été multi-nationale et multi-ethnique n'a pas vraiment séparé les gens sur la base de leur origine ethnique, mais les juge beaucoup plus facilement sur leurs actions et leurs idées. Pour toutes ces raisons, la haine du youpin est beaucoup plus un phénomène nationaliste ukrainien que russe.

Et tandis que la plupart des Russes ne voudraient pas d'un retour au pouvoir d'une nouvelle version des commissaires bolcheviques ni des oligarques démocratiques en Russie, il y a une proximité et une solidarité anti-nazie entre Russes et Israéliens qui ne doit pas être ignorée.

En ce qui concerne la Palestine, la Russie appuiera toutes les résolutions pertinentes de l'ONU et ainsi soutiendra la typique et peu imaginative solution à deux États. Tout au plus, la Russie déplorera ou regrettera les abus sur des Palestiniens par les Israéliens, mais la Russie ne deviendra jamais un défenseur systématique des droits des Palestiniens comme l'Iran ou le Hezbollah, simplement parce que l'avenir de la Palestine n'est pas une priorité russe.

Je souhaite que tout ceci soit utile pour comprendre pourquoi la Russie ne prend aucune mesure pour protéger le Hezbollah contre les Israéliens (et pourquoi elle n'empêchera pas le Hezbollah d'exercer des représailles à partir de la Syrie, s'il en décide ainsi). Autrement dit : il n'y a aucune raison interne ou externe convaincante pour la Russie d'être directement impliquée dans cette affaire alors qu'il y a beaucoup de raisons internes et externes convaincantes pour la Russie de rester en dehors. Si, dans le passé, l'URSS a soutenu l'OLP sur les deux points idéologiques et géostratégiques, la Russie moderne d'aujourd'hui ne suivra pas le même modèle. En outre, le Fatah ou le Hamas ne sont pas des partenaires intéressants ni même crédibles pour la Russie, alliés qu'ils sont avec Daech. Idem pour les Frères musulmans en Égypte.

Quant au Hezbollah, il ne semble pas avoir besoin de la protection de la Russie. Aussi symboliques qu'ils soient, les meurtres d' Imad Mugniyeh ou de Samir Kuntar n'affaibliront en aucun cas la résistance. En fait, si l'histoire de l'assassinat d'Abbas Moussaoui nous enseigne quelque chose, c'est que, parfois, les Israéliens assassinent un dirigeant du Hezbollah seulement pour découvrir que le suivant est un adversaire encore plus redoutable. Si Dieu le veut, ce sera aussi le cas cette fois-ci.

The Saker

Traduit par Claude, vérifié par jj, relu par Literato pour le Saker francophone

Je suis très très souvent époustouflé de la qualité des analyses du Saker.

JacquesL

#1
Putin's biggest failure

http://thesaker.is/putins-biggest-failure/
http://www.unz.com/tsaker/putins-biggest-failure/

CiterJanuary 24, 2016
This article was written for the Unz Review http://www.unz.com/tsaker/putins-biggest-failure/

Whatever happens in the future, Putin has already secured his place in history as one of the greatest Russian leaders ever. Not only did he succeed in literally resurrecting Russia as a country, but in a little over a decade he brought her back as a world power capable of successfully challenging the AngloZionist Empire. The Russian people have clearly recognized this feat and, according to numerous polls, they are giving him an amazing 90% support rate. And yet, there is one crucial problem which Putin has failed to tackle: the real reason behind the apparent inability of the Kremlin to meaningfully reform the Russian economy.

As I have described it in the past many times, when Putin came to power in 1999-2000 he inherited a system completely designed and controlled by the USA. During the Eltsin years, Russian ministers had much less power than western 'advisers' who turned Russia into a US colony. In fact, during the 1990s, Russia was at least as controlled by the USA as Europe and the Ukraine are today. And the results were truly catastrophic: Russia was plundered from her natural wealth, billions of dollars were stolen and hidden in western offshore accounts, the Russian industry was destroyed, a unprecedented wave of violence, corruption and poverty drowned the entire country in misery and the Russian Federation almost broke up into many small statelets. It was, by any measure, an absolute nightmare, a horror comparable to a major war. Russia was about to explode and something had to be done.

Two remaining centers of power, the oligarchs and the ex-KGB, were forced to seek a solution to this crisis and they came up with the idea of sharing power: the former would be represented by Dmitrii Medvedev and the latter by Vladimir Putin. Both sides believed that they would keep the other side in check and that this combination of big money and big muscle would yield a sufficient degree of stability.

I call the group behind Medvedev the "Atlantic Integrationists" and the people behind Putin the "Eurasian Sovereignists". The former wants Russia to be accepted by the West as an equal partner and fully integration Russia into the AngloZionist Empire, while the latter want to fully "sovereignize" Russia and then create a multi-polar international system with the help of China and the other BRICS countries.

What the Atlantic Integrationists did not expect is that Putin would slowly but surely begin to squeeze them out of power: first he cracked down on the most notorious oligarchs such as Berezovskii and Khodorkovskii, then he began cracking down on the local oligarchs, gubernatorial mafias, ethnic mobsters, corrupt industry officials, etc. Putin restored the "vertical [axis]of power" and crushed the Wahabi insurgents in Chechnia. Putin even carefully set up the circumstances needed to get rid of some of the worst ministers such as Serdiukov and Kudrin. But what Putin has so far failed to do is to

    Reform the Russian political system
    Replace the 5th columnists in and around the Kremlin
    Reform the Russian economy

The current Russian Constitution and system of government is a pure product of the US 'advisors' which, after the bloody crackdown against the opposition in 1993, allowed Boris Eltsin to run the country until 1999. It is paradoxical that the West now speaks of a despotic presidency about Putin when all he did is inherit a western-designed political system. The problem for Putin today is that it makes no sense to replace some of the worst people in power as long as the system remains unchanged. But the main obstacle to a reform of the political system is the resistance of the pro-Western 5th columnists in and around the Kremlin. They also the ones who are still forcing a set of "Washington consensus" kind of policies upon Russia even though it is obvious that the consequences for Russia are extremely bad, even disastrous. There is no doubt that Putin understands that, but he has been unable, at least so far, to break out of this dynamic.

So who are these 5th columnists?

I have selected nine of the names most often mentioned by Russian analysts. These are (in no particular order):

Former First Deputy Prime Minister Anatolii Chubais, First Deputy Governor of the Russian Central Bank Ksenia Iudaeva, Deputy Prime Minister Arkadii Dvorkovich, First Deputy Prime Minister Igor Shuvalov, Governor of the Russian Central Bank Elvira Nabiullina, former Minister of Finance Alexei Kudrin, Minister of Economic Development, Alexei Uliukaev, Minister of Finance Anton Siluanov and Prime Minister Dmitri Medvedev.

The 5th column in the Kremlin


The Russian 5th column: Chubais, Iudaeva, Dvorkovich, Shuvalov, Nabiullina, Kudrin, Uliukaev, Siluanov, Medvedev

This is, of course, only a partial list – the real list is longer and runs deeper in the Russian power structure. The people on this list range from dangerous ideologues like Kudrin or Chubais, to mediocre and unimaginative people, like Siluanov or Nabiullina. And none of them would, by him or herself, represent much of a threat to Putin. But as a group and in the current political system they are a formidable foe which has kept Putin in check. I do believe, however, that a purge is being prepared.

One of the possible signs of a purge to come is the fact that the Russian media, both the blogosphere and the big corporate media, is now very critical of the economic policies of the government of Prime Minister Medvedev. Most Russian economists agree that the real reason for the current economic crisis in Russia is not the falling price of oil or, even less so, the western sanctions, but the misguided decisions of the Russian Central Bank (such as floating the Ruble or keeping the interest rates high) and the lack of governmental action to support a real reform and development of the Russian economy. What is especially interesting is that vocal opponents of the current 5th column now get plenty of air time in the Russian media, including state owned VGTRK. Leading opponents of the current economic policies, such as Sergei Glazev, Mikhail Deliagin or Mikhail Khazin are now interviewed at length and given all the time needed to absolutely blast the economic policies of the Medvedev government. And yet, Putin is still taking no visible action. In fact, in his latest yearly address he as even praised the work of the Russian Central Bank. So what is going on here?

First, and to those exposed to the western propaganda, this might be difficult to imagine, but Putin is constrained simply by the rule of law. He cannot just send some special forces and have all these folks arrested on some kind of charge of corruption, malfeasance or sabotage. Many in Russia very much regret that, but this is fact of life.

In theory, Putin could simply fire the entire (or part) of the government and appoint a different Governor to the Central Bank. But the problem with that is that it would trigger an extremely violent reaction from the West. Mikhail Deliagin recently declared that if Putin did this, the West's reaction would be even more violent than after the Crimean reunification with Russia. Is he right? Maybe. But I personally believe that Putin is not only concerned about the reaction of the West, but also from the Russian elites, particularly those well off, who generally already intensely dislike Putin and who would see such a purge as an attack on their personal and vital interests. The combination of US subversion and local big money definitely has the ability to create some kind of crisis in Russia. This is, I think, by far the biggest threat Putin his facing. But here is also can observe a paradoxical dynamic:

One one hand, Russia and the West have been in an open confrontation ever since Russian prevented the USA from attacking Syria. The Ukrainian crisis only made things worse. Add to this the dropped prices on oil and the western sanctions and you could say that Putin now, more then ever, needs to avoid anything which could make the crisis even worse.

But on the other hand, this argument can be flipped around by saying that considering how bad the tensions already are and considering that the West has already done all it can to harm Russia, is this not the perfect time to finally clean house and get right of the 5th column? Really – how much worse can things really get?

Only Putin knows the answer to this simply because only he has all the facts. All we can do is observe that the popular discontent with the "economic block" of the government and with the Central Bank is most definitely growing and growing fast, and that the Kremlin is doing nothing to inhibit or suppress such feelings. We can also notice that while most Russians are angry, disgusted and frustrated with the economic policies of the Medvedev government, Putin's personal popularity is still sky high in spite of the fact that the Russian economy most definitely took a hit, even if it was much smaller than what the AngloZionist Empire had hoped for.

My strictly personal explanation for what is happening is this: Putin is deliberately letting things get worse because he knows that the popular anger will not be directed at him, but only at his enemies. Think of it, is that not exactly what the Russian security services did in the 1990s? Did they not allow the crisis in Russia to reach its paroxysm before pushing Putin into power and then ruthlessly cracking down on the oligarchs? Did Putin not wait until the Wahabis in Chechnia actually attacked Dagestan before unleashing the Russian military? Did the Russians not let Saakashvili attack South Ossetia before basically destroying his entire military? Did Putin now wait until a full-scale Ukronazi attack on the Donbass before opening up the "voentorg" (military supplies) and the "northern wind" (dispatch of volunteers) spigots? Putin's critiques would say that no, not at all, Putin got surprised, he was sleeping on the job, and he had to react, but his reaction was too little too late and that when he had to take action it was only to fix a situation which had turned into a disaster. My answer to these critiques is simple: so what happened at the end? Did Putin not get exactly what he wanted each time?

I believe that Putin is acutely aware that his real power basis is not primarily the Russian military or the security services, but the Russian people. This, in turn, means that for him to take any action, especially any dangerous action, he must secure an almost unconditional level of support from the Russian people. That, in turn, means that he can only take such risky action if and when the crisis is evident for all to see and that the Russian people are willing to have him take a risk and, if needed, pay the consequences. This is exactly what we saw in the case of the reunification of Crimea or the current Russian military intervention in Syria: the Russian people are concerned, they are suffering the consequences of the decision of Putin to take action, but they accept it because they believe that there is no other option.

So there you have it. Either Putin is sleeping on the job, is caught off-guard by each crisis and reacts too late, or Putin deliberately lets a situation worsen until a full-scale crisis is evident at which point he acts with the full knowledge that the Russian people fully support him and while blame him neither for the crisis, nor for the price of decidedly dealing with you.

Pick the version which seems more plausible to you.

What is certain is that so far Putin has failed to deal with the 5th column near and inside the Kremlin and that the situation is rapidly worsening. The recent move by Kudrin to try to get back into the government was a rather transparent use of the pro-5th column media in Russia (and abroad) and it predictably failed. But this shows an increasing self-confidence, or even arrogance, of the Atlantic Integrationists. Something in bound to happen, probably in the near future.

The Saker

Traduction française :
http://lesakerfrancophone.fr/le-plus-grand-echec-de-poutine
CiterQuoi qu'il arrive à l'avenir, Poutine a déjà assuré sa place dans l'Histoire comme l'un des plus grands dirigeants que la Russie a jamais eu. Non seulement il a réussi à littéralement ressusciter la Russie en tant que pays, mais, en un peu plus d'une décennie, il l'a fait revenir à un statut de puissance mondiale capable de défier avec succès l'Empire anglo-sioniste. Le peuple russe a clairement reconnu cet exploit et, selon de nombreux sondages, il lui accorde un soutien incroyable de 90%. Et pourtant, il y a un problème crucial que Poutine a échoué à traiter : la véritable raison qui sous-tend l'apparente incapacité du Kremlin de réformer significativement l'économie russe.

Comme je l'ai décrit plusieurs fois par le passé, lorsque Poutine est arrivé au pouvoir en 1999-2000, il héritait d'un système complètement conçu et contrôlé par les États-Unis. Pendant les années Eltsine, les ministres russes avaient moins de pouvoir que les conseillers occidentaux qui ont transformé la Russie en une colonie étasunienne. En fait, pendant les années 1990, la Russie était au moins aussi contrôlée par les États-Unis que le sont l'Europe et l'Ukraine aujourd'hui. Et les résultats ont été vraiment catastrophiques : la Russie a été pillée de ses richesses naturelles, des milliards de dollars ont été volés et dissimulés sur des comptes offshores occidentaux, l'industrie russe a été détruite, une vague de violence, de corruption et de pauvreté sans précédent a plongé tout le pays dans la misère et la Fédération de Russie s'est presque disloquée en de nombreux petits États. C'était, à tous points de vue, un cauchemar absolu, une horreur comparable à une guerre majeure. La Russie était au bord de l'explosion et il fallait faire quelque chose.

Les deux centres de pouvoir restants, les oligarques et l'ex-KGB, ont été contraints de chercher une solution à cette crise, et ils ont eu l'idée de se partager le pouvoir : le premier serait représenté par Dmitri Medvedev et l'autre par Vladimir Poutine. Chaque camp pensait qu'il pourrait tenir l'autre en échec et que cette combinaison de beaucoup d'argent et de beaucoup de muscle assurerait un degré suffisant de stabilité.

J'appelle le groupe derrière Medvedev les intégrationnistes atlantiques et les gens derrière Poutine les souverainistes eurasiatiques. Les premiers veulent que la Russie soit acceptée par l'Occident comme un partenaire égal et sa pleine intégration à l'Empire anglosioniste, tandis que les autres veulent rendre la Russie souveraine puis créer un système international multipolaire avec l'aide de la Chine et des autres pays des BRICS.

Ce à quoi les intégrationnistes atlantiques ne s'attendaient pas, c'est que Poutine commencerait, lentement mais sûrement, à les évincer du pouvoir : d'abord il a réprimé les oligarques les plus notoires comme Berezovski et Khodorkovski, puis les oligarques locaux, les mafias dans les gouvernements locaux, les truands ethniques, les représentants de l'industrie corrompue, etc. Poutine a restauré la verticale du pouvoir et a écrasé les insurgés wahhabites en Tchétchénie. Poutine a même organisé les circonstances nécessaires pour se défaire de certains de ses pires ministres tels que Serdiukov et Koudrine. Mais ce que Poutine a échoué à faire jusqu'à présent est de

    réformer le système politique russe,
    remplacer les membres de la 5e colonne au sein et autour du Kremlin,
    réformer l'économie russe.

La Constitution russe et le système de gouvernements actuels sont un pur produit des conseillers étasuniens qui, après la répression sanglante contre l'opposition en 1993, a permis à Boris Eltsine de diriger le pays jusqu'en 1999. Il est paradoxal que l'Occident parle maintenant d'une présidence despotique à propos de Poutine alors qu'il a hérité d'un système politique conçu par l'Occident. Le problème pour Poutine aujourd'hui est que cela n'a aucun sens de remplacer quelques-uns des pires personnages au pouvoir tant que le système reste inchangé. Mais le principal obstacle à une réforme du système politique est la résistance des membres pro-occidentaux de la 5e colonne au sein et autour du Kremlin. Ce sont aussi eux qui imposent encore l'application d'un genre de politique relevant du consensus de Washington, même s'il est évident que les conséquences pour la Russie sont extrêmement mauvaises et même désastreuses. Il ne fait aucun doute que Poutine le comprend, mais il a été incapable, du moins jusqu'à aujourd'hui, de sortir de cette dynamique.

Qui sont donc ces membres de la 5e colonne ?

J'ai sélectionné neuf des noms les plus souvent mentionnés par les analystes russes. Ce sont (sans ordre particulier) :

L'ancien vice-Premier ministre Anatolii Chubais, la première vice-gouverneure de la Banque centrale de Russie Ksenia Iudaeva, le vice-Premier ministre Arkadi Dvorkovich, le premier vice-Premier ministre Igor Shuvalov, la gouverneure de la Banque centrale de Russie Elvira Nabiullina, l'ancien ministre des Finances Alexei Koudrine, le ministre du Développement économique Alexei Uliukaev, le ministre des Finances Anton Silouanov et le Premier ministre Dmitri Medvedev.


La 5e colonne russe: Chubais, Iudaeva, Dvorkovich, Shukalov, Nabiullina, Koudrine, Silouanov, Medvedev.

Ce n'est bien sûr qu'une liste partielle – la véritable liste est plus longue et plonge plus profondément dans la structure du pouvoir russe. Les personnes figurant sur cette liste vont de dangereux idéologues comme Koudrine ou Choubais à des gens médiocres et sans imagination comme Silouanov ou Nabiullina. Et aucun d'entre eux ne pourrait, en lui-même ou elle-même, représenter une grande menace pour Poutine. Mais en tant que groupe et dans le système politique actuel, ils sont un ennemi redoutable qui a maintenu Poutine en échec. Je crois, cependant, qu'une purge est en préparation.

L'un des signes d'une purge possible à venir est le fait que les médias russes, tant la blogosphère que les grand médias commerciaux, sont aujourd'hui très critiques à l'égard de la politique économique du gouvernement du Premier ministre Medvedev. La plupart des économistes russes sont d'accord pour dire que la véritable raison de l'actuelle crise économique en Russie n'est pas la chute du prix du pétrole ou, moins encore, les sanctions occidentales, mais les décisions erronées de la Banque centrale russe (comme le flottement du rouble ou le maintien de taux d'intérêts élevés) et le manque d'action gouvernementale pour soutenir une réforme véritable et le développement de l'économie russe.

Ce qui est particulièrement intéressant est que des adversaires virulents de la 5e colonne jouissent de beaucoup de temps d'antenne dans les médias russes, y compris dans la VGTRK propriété d'État. Des adversaires principaux de la politique économique actuelle, tels que Sergei Glaziev, Mikhail Deliaguine ou Mikhail Khazine, sont aujourd'hui interviewés longuement et on leur donne tout le temps nécessaire pour pulvériser la politique économique du gouvernement Medvedev. Et pourtant, Poutine n'entreprend encore aucune action visible. En fait, dans sa dernière adresse annuelle, il a même loué le travail de la Banque centrale russe. Que se passe-t-il donc ?

D'abord, et pour ceux qui sont exposés à la propagande occidentale cela pourrait être difficile à imaginer, Poutine est tout simplement limité par les règles de l'État de droit. Il ne peut pas simplement envoyer des forces spéciales et faire arrêter ces gens sur la base d'une accusation quelconque de corruption, de malversation ou de sabotage. Beaucoup de gens en Russie le regrettent, mais c'est une réalité de la vie.

En théorie, Poutine pourrait simplement limoger tout le gouvernement (ou une partie) et désigner un nouveau gouverneur pour la Banque centrale. Mais le problème est que cela déclencherait une réaction extrêmement violente de la part de l'Occident. Mikhaïl Deliaguine a récemment déclaré que si Poutine faisait ça, la réaction de l'Occident serait même plus violente qu'après la réunification de la Crimée à la Russie. Dit-il vrai ? Peut-être. Mais je crois personnellement que Poutine n'est pas seulement préoccupé par la réaction de l'Occident, mais aussi par celle des élites russes, en particulier celles qui sont riches, qui en général le détestent et verraient une telle purge comme une attaque à leurs intérêts vitaux personnels. La combinaison de la subversion étasunienne et de l'argent a définitivement la capacité de provoquer une sorte de crise en Russie. C'est, je pense, de loin la plus grande menace pour Poutine. Mais on peut aussi observer ici une dynamique paradoxale.

D'un côté, la Russie et l'Occident ont été en confrontation ouverte depuis que les Russes ont empêché les États-Unis d'attaquer la Syrie. La crise ukrainienne n'a fait qu'aggraver les choses. Ajoutez à cela la chute des prix du pétrole et les sanctions occidentales et vous pourriez dire que Poutine, aujourd'hui plus que jamais, doit éviter tout ce qui pourrait rendre la crise encore plus grave.

Mais de l'autre côté, cet argument peut être inversé en disant que si on considère à quel point les tensions sont déjà présentes et que l'Occident a déjà fait tout ce qu'il pouvait pour nuire à la Russie, n'est-ce pas le moment idéal de faire le ménage dans la maison et pour éliminer la 5e colonne ? Réellement – à quel point les choses pourraient-elles vraiment empirer ?

Seul Poutine connaît la réponse, simplement parce que lui seul connaît tous les faits. Tout ce que nous pouvons faire est d'observer que le mécontentement populaire à l'égard du bloc économique du gouvernement et de la Banque centrale est très certainement en train de grandir rapidement et que le Kremlin ne fait rien pour empêcher ou réprimer de tels sentiments. Nous pouvons aussi relever que tandis que la plupart des Russes sont en colère, dégoûtés et frustrés par la politique économique du gouvernement Medvedev, la popularité personnelle de Poutine atteint toujours des sommets malgré le fait que l'économie russe a indéniablement reçu un coup, même si celui-ci a été beaucoup plus faible que ce que l'Empire anglosioniste avait espéré.

Mon explication strictement personnelle de ce qu'il se passe est celle-ci : Poutine laisse délibérément les choses empirer parce qu'il sait que la colère populaire ne sera pas dirigée contre lui, mais seulement contre ses ennemis. Pensez-y : n'est-ce pas exactement ce que les services de sécurité ont fait dans les années 1990 ? N'ont-ils pas permis à la crise en Russie d'atteindre son paroxysme avant de pousser Poutine au pouvoir puis de réprimer impitoyablement les oligarques ? Poutine n'a-t-il pas attendu que les wahhabites de Tchétchénie attaquent effectivement le Daghestan avant de déchaîner l'armée russe ? Les Russes n'ont-ils pas laissé Saakachvili attaquer l'Ossétie du Sud avant de détruire complètement son armée ? Poutine n'a-t-il pas attendu une attaque ukronazie à grande échelle sur le Donbass avant d'ouvrir les robinets du voentorg (fournitures militaires) et du vent du nord (l'envoi de volontaires) ? Les critiques de Poutine diraient que non, pas du tout, Poutine a été surpris, il dormait au travail, et il a dû réagir, mais sa réaction était trop modeste, trop tardive, et que lorsqu'il a dû prendre des mesures, c'était seulement pour régler une situation qui avait tourné au désastre. Ma réponse à ces critiques est simple : que s'est-il passé à la fin ? Est-ce que Poutine n'a pas obtenu à chaque fois exactement ce qu'il voulait ?

Je crois que Poutine est pleinement conscient que la base réelle de son pouvoir n'est pas prioritairement l'armée russe ou les services de sécurité, mais le peuple russe. Cela, en retour, signifie que, pour lui, avant d'entreprendre n'importe quelle action, spécialement une action dangereuse, il doit s'assurer d'un niveau de soutien presque inconditionnel auprès du peuple russe. Et cela, à son tour, signifie qu'il ne peut entreprendre une action aussi risquée que si et quand la crise sera évidente pour tous et que le peuple russe aura envie de le voir prendre un risque et, si nécessaire, d'en payer les conséquences. C'est exactement ce que nous avons vu dans le cas de la réunification de la Crimée ou de l'actuelle intervention militaire en Syrie : le peuple russe est préoccupé, il souffre des conséquences de la décision de Poutine de passer à l'action, mais ils l'acceptent parce qu'ils croient qu'il n'y a pas d'autre choix.

Voilà. Soit Poutine dort au travail, il est pris au dépourvu par chaque crise et réagit trop tard, soit Poutine laisse délibérément une situation pourrir jusqu'à ce qu'une crise de grande ampleur soit évidente, et à ce moment il agit en pleine connaissance du fait que le peuple russe le soutient totalement et ne le critique ni pour la crise ni pour le prix à payer pour négocier résolument avec les Occidentaux.

Choisissez la version qui vous semble la plus plausible.

Ce qui est certain, c'est que jusqu'à présent, Poutine a échoué à faire face à la 5e colonne proche du Kremlin et à l'intérieur et que la situation se dégrade rapidement. La récente tentative de Koudrine de revenir au gouvernement a été une utilisation assez transparente des médias favorables à la 5e colonne en Russie (et à l'étranger) et, comme prévu, elle a échoué. Mais cela montre une confiance en soi croissante, et même arrogante, des intégrationnistes atlantiques. Quelque chose va se produire, probablement dans un proche avenir .

The Saker

L'article original est paru sur Unz Review

Traduit par Diane, vérifié par Ludovic, relu par Diane pour le Saker francophone