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La guerre contre le terrorisme sera longue, très longue…

Démarré par JacquesL, 27 Janvier 2016, 09:55:07 PM

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JacquesL

Partie 1.
http://lesakerfrancophone.fr/la-guerre-contre-le-terrorisme-sera-longue-tres-longue-13

La guerre contre le terrorisme sera longue, très longue...
CiterUn point de vue militaire russe sur la lutte contre Etat islamique en Syrie, mais aussi dans les pays d'origine des combattants djihadistes


Vasily Pavlov

Une interview de Vassili Pavlov par Dmitri Pouchkov – Le 30 décembre 2015 – Source LiveLeak

Vassili Pavlov est un ancien colonel de l'armée russe, devenu correspondant de guerre. Cet entretien avec lui est intéressant, non seulement sur ce qu'il dit de la Syrie – d'autres l'ont déjà dit, et surtout cela ne concerne que les Syriens – mais aussi parce qu'il explique comment chaque pays peut se protéger du terrorisme international.

Ayant étudié pendant un an et demi autant qu'il le pouvait la nature du terrorisme international aujourd'hui, et les méthodes que les Syriens ont adoptées pour s'en défendre, il nous livre ses conclusions en 12 points.

Un mot sur l'interview : Dmitri Pouchkov (alias Goblin), est un ancien policier, et il apporte ainsi une ou deux précisions sur le combat contre le crime et l'extrémisme. L'interview originale était plus longue et abordait les différents sujets à bâtons rompus. Elle a été réordonnée ci-dessous en 12 points.

1. – Une armée régulière ne peut être partout à la fois, alors que des rebelles le peuvent

Dmitri Pouchkov : – Pourquoi devrions-nous aider la Syrie ?


Vassili Pavlov : – Je pense que nous avons besoin de les aider, d'un point de vue moral, car ils mènent le bon combat, mais aussi d'un point de vue pratique, car ils combattent pour que le reste du monde n'ait pas à le faire. Ils combattent le terrorisme international qui en quelques années seulement s'est formidablement développé et menace non seulement la Syrie et les pays du Moyen-Orient, mais aussi le reste du monde.

– Mais pourquoi l'armée syrienne ne peut-elle vaincre les rebelles ? Par manque de motivation, d'entraînement, de ressources ?

– Avant tout, le problème de l'armée syrienne n'est ni sa motivation, ni son équipement, mais le fait qu'une armée ne peut gagner une telle guerre en s'emparant d'une ville ou en battant l'ennemi sur un champ de bataille. C'est un véritable épouillage, chasse à l'homme après chasse à l'homme, et cela peut durer très longtemps. L'armée s'épuise à poursuivre des fantômes, son moral tombe, elle encaisse des pertes, même faibles...

Et non, la Syrie n'est pas l'Union soviétique qui a pu combattre des contingents venus de toute l'Europe pendant quatre ans. La Syrie a une économie beaucoup moins diversifiée, et le nombre de soldats qu'elle peut appeler sous les drapeaux est beaucoup plus réduit. Le fait que l'économie soit faible explique qu'on ne peut faire une levée en masse – si on appelle tous les hommes, il n'y aura plus personne pour travailler et de toutes façons, la Syrie n'est pas assez riche pour financer une telle grande armée.

Donc, la raison pour laquelle les Syriens ne gagnent pas n'est pas un quelconque manque de motivation ni un mauvais entraînement des soldats. Je ne les ai jamais vus manquer de courage. Le problème est que c'est une guerre terroriste, une guérilla, et que vous ne pouvez pas la gagner seulement en prenant une ville. Vous avez besoin de protéger simultanément chaque ville de votre pays, et aucune armée ne peut être assez forte pour le faire. Aussi, quand l'armée attaque une ville, elle doit redéployer des troupes venant d'autres villes, et les positions qu'elle abandonne sont immédiatement reprises par les terroristes. C'est une nouvelle façon de faire la guerre, et la solution est complexe parce qu'il n'existe pas encore suffisamment de retour d'expérience sur ce sujet.

2. – Les frappes aériennes sont le plus souvent inutiles contre un ennemi dispersé et sans cibles de valeur

– Vous le savez, on parle souvent de détruire cette mythique infrastructure des rebelles. Mais en fait, c'est quoi, l'infrastructure des rebelles ? Ce sont des maisons qu'ils prennent aux civils – nous détruisons ces maisons, et ils en prennent d'autres !

Juste une parenthèse au sujet des frappes aériennes américaines en Syrie. Selon ce qu'ils annoncent, les États-Unis ont mené 8 800 frappes aériennes et ont dépensé 5 milliards de dollars.

Ils disent avoir détruit 129 chars – mais les rebelles ne fabriquent pas de chars ! Ce sont des chars américains que État islamique a capturés en Irak – ces blindés coûtent seulement 4 millions de dollars l'unité – et les Américains dépensent maintenant plus d'argent pour les détruire qu'ils n'en ont mis à les construire.

Ils disent avoir détruit 365 voitures – mais les rebelles ne fabriquent pas de voitures, ils les prennent aux civils, et ils en prendront d'autres après les frappes. Ces bombardements n'occasionnent aucun réel dommage. En plus, il n'est pas nécessairement vrai que toutes ces voitures détruites aient été toutes des voitures utilisées par les terroristes...

Ils disent avoir détruit 600 camps terroristes, 4 500 immeubles – mais, une fois encore, les terroristes ne construisent pas d'immeubles...

– Peut-être y en avait-il à l'intérieur...

– Oui, bien sûr, il y avait peut-être des terroristes à l'intérieur, ou peut-être personne, ou peut-être des civils. Personne ne sait.

Regardez, il y a un autre problème avec les attaques aériennes. Prenez par exemple la campagne en Irak : les pilotes américains ont dit avoir détruit deux fois plus de chars que les Irakiens n'en ont jamais possédés, et après la guerre on s'est aperçu que seulement 15% des chars avaient été endommagés, et qu'environ 10% de ceux-là semblaient avoir été touchés par des frappes aériennes. Par rapport à ce que l'US Air Force avait annoncé, il y avait 20 fois moins de dégâts. Et ce n'est pas dû aux pilotes américains. Un pilote ne peut pas réellement évaluer s'il a touché sa cible correctement, ni si c'est une vraie cible ou si c'est un leurre. Il sait juste qu'il doit frapper des coordonnées précises et qu'il doit y avoir une cible là. Il largue sa munition, quelque chose explose, il pense que la cible a été détruite. La différence entre ce que le pilote pense et les dommages réels est d'environ 20 fois. Alors, utiliser les forces aériennes dans une telle guerre est comme utiliser la puissance de feu d'un croiseur contre des moineaux.

Honnêtement, je ne pense pas que ni les Américains ni les Russes puissent faire une réelle différence. Aussi, l'opération américaine consiste seulement à montrer qu'ils combattent les terroristes, et non seulement ils n'y arrivent pas en réalité, mais en plus ils en financent certains. Ils bombardent seulement les terroristes qui ne leur obéissent pas, ceux qui ne suivent pas les instructions – démontrant que l'obéissance paie. Et bien sûr, État islamique est aussi financé par le Qatar, Jabhat al-Nosra est aussi fiancé par l'Arabie saoudite, par conséquent les fonds continuent d'affluer.

Donc, même si nous admettons que ces frappes aériennes sur l'infrastructure des rebelles ont un effet – les Américains annoncent avoir détruit 260 équipements pétroliers – d'accord, imaginons que toute l'infrastructure terroriste a été éliminée. Les terroristes n'avaient pas ces équipements avant de s'en être emparés, disons qu'ils ne les auront plus de nouveau, et donc quoi ? Les terroristes tireront moins d'argent du pétrole, et ils seront plus dépendants du Qatar et des Saoudiens. Ces quelques millions de dollars, ou dizaines de millions de dollars, qu'ils retiraient de la vente de pétrole, ce sont des pertes que les Saoudiens n'auront aucune difficulté à compenser. Et bien plus, dès que le pétroles des terroristes ne sera plus sur le marché, les Saoudiens seront capables de vendre eux-mêmes la même quantité pour combler la différence, et de donner l'argent aux terroristes. Donc cela ne règle pas le problème.

Pour en revenir aux chiffres fournis par les Américains, ils ont dépensé 5 milliards de dollars et ont annoncé avoir tué approximativement 5 000 terroristes. Donc, chaque terroriste coûte au moins un million de dollars. Selon notre ministre russe de la Défense, en 4 000 frappes aériennes, nous avons tué plusieurs centaines de terroristes – une proportion qui semble plus réaliste. Donc vous comprenez – 4 000 frappes aériennes, et disons même un millier de terroristes – que le coût pour tuer un terroriste est incomparablement plus fort que le coût pour en engager un. Recruter un terroriste coûte 100 dollars, plus 100 autres dollars pour lui fournir un fusil. Et la guerre est une compétition économique – si nous dépensons 1 000 000 dollars pour tuer un terroriste que l'ennemi a payé 200 dollars, nous perdons la guerre.

Au sujet de nos avions en Syrie, vous savez que nous les avons perdus en réalité – ils vont voler là-bas, ils vont dépasser leur kilométrage et ne pourront plus voler. Nous aurions tout aussi bien pu les donner aux Syriens, leur donner des munitions, cela aurait été plus facile. Oui, bien sûr, nos pilotes accumulent de l'expérience... Nous apprenons comment combattre dans ces guerres modernes, nous montrons notre implication au côtés de la Syrie, nous combattons face au terrorisme, etc... Dans plusieurs endroits, il est possible que nous ayons sauvé la vie de soldats syriens et apporté des victoires tactiques et libéré des villes. C'est vrai, mais cela ne règle pas la racine du problème – la solution stratégique doit être très différente. Bon, espérons que notre gouvernement fasse quelques avancées pour résoudre le problème, peut-être qu'il y travaille déjà.

– Est-ce que la Russie a réellement évité des dommages collatéraux, comme nous l'avons entendu à la télévision ?

– Oui, et c'est une bonne chose, parce que j'étais très inquiet que nos avions soient utilisés essentiellement contre les zones urbaines. Ça aurait été un expédient tactique, et peut-être une bonne solution militaire, mais ça aurait été un très mauvais choix politiquement. Cela aurait changé fondamentalement l'attitude des Syriens eux-mêmes contre nous. C'est une chose que des Arabes se battent entre eux dans des villes, au milieu des civils, et une autre chose de voir des croisés se montrer et commencer à frapper les gens de la région. Sans compter le nombre de morts civils, cela aurait été un énorme problème. Autant que je sache, cela a été complètement évité. Au moins, selon mes informations, je n'ai eu aucune preuve crédible que notre force aérienne ait conduit des frappes aériennes massives sur les villes – tout le monde en aurait parlé aux actualités. [Bien que les rebelles aient constamment affirmé de telles choses, bien sûr, NdE].

Après tout, je me considère moi-même comme un des meilleurs spécialistes russes de cette guerre – j'ai passé un an et demi à l'étudier de l'intérieur sur le terrain. Bien sûr, j'étais correspondant de guerre, mais avant tout je suis un officier, et j'étais intéressé à connaître les tactiques des terroristes, les tactiques à utiliser contre eux, comment la guerre progresse... Alors, quand le ministre russe de la Défense parle de détruire les centres de commandement des terroristes, les dépôts logistiques, ce sont des propos détachés de la réalité. Un simple exemple que tout le monde peut comprendre : les centres de commandement des rebelles ne peuvent pas être très éloignés de leurs unités, tout comme leurs communications se font par ondes courtes, signaux optiques, et leurs combattants sont souvent uniquement dans les villes. Alors dire que nous menons des frappes aériennes contre les centres de commandement terroristes à des centaines de kilomètres de la ville la plus proche... Peut-être qu'il y a du monde là-bas, mais dire que c'est un centre tactique essentiel... Il y a des exceptions, bien sûr, mais c'est plutôt improbable.

3. – Vous devez cibler les pays qui recrutent, entraînent, arment et financent les terroristes, et non les mercenaires en Syrie

– Avant toute chose, nous devons déclarer publiquement qui sont les vrais ennemis. État islamique, les autres terroristes... ce ne sont que des instruments, ils ne sont pas le véritable ennemi. Les vrais ennemis sont l'Arabie saoudite, le Qatar, les États-Unis, la Turquie, ou plus exactement les gens qui au sein de leurs gouvernements financent et arment les terroristes. Les djihadistes sont simplement un moyen, un marteau. Mordre ou frapper un marteau est parfaitement inutile. Même si vous arrivez à en casser un sans vous rompre les os, ils en prendront un autre – les marteaux ne sont pas chers. Donc nous devons traiter le problème à sa source.

Tout d'abord, nous devons fermer les frontières syriennes. L'arme aérienne peut être utile ici – mais il y a le problème que cette tactique conduise à des conflits frontaliers. Alors, avant cela, nous devons déclarer que ces pays ont envahi un État souverain – je sais, c'est brutal, mais sans cela nous ne pouvons rien faire. Nous pouvons toujours écraser plus de mouches, mais s'il y a quelque chose exactement à côté qui les attire, ce sont des milliers qui arriveront.

Ce type d'invasion n'a jamais été mené auparavant – j'appelle cela une invasion et non une guerre civile parce que les terroristes sont aujourd'hui dans leur grande majorité des étrangers... Une guerre civile est une guerre où la majorité des combattants des deux côtés sont des nationaux, et si dans un des camps, la grande majorité des combattants sont des étrangers, alors c'est une invasion. Rappelez-vous, durant la Seconde Guerre mondiale, le Général Vlassov : c'était un déserteur qui a combattu pour les nazis, un certain nombre de prisonniers russes ont combattu pour les nazis, mais personne n'a dit que la Seconde Guerre mondiale a été une guerre civile russe.

4. – La sécurité frontalière et le contrôle des passeports sont la façon N°1 d'éviter le terrorisme


Avant de frapper les terroristes, nous devons réfléchir aux manières d'éviter d'avoir à les sanctionner. Notre préoccupation est une et unique – se défendre contre les terroristes et battre les terroristes – parce que ce sont les mêmes méthodes qui sont en jeu. Le but principal de la guerre contre le terrorisme est d'arrêter les terroristes franchissant la frontière, c'est là la première tâche que vous devez réussir. Regardez, l'armée syrienne a éliminé plus de rebelles que ceux qu'elle combat aujourd'hui, mais comme il en vient de plus en plus, elle ne peut pas s'occuper de tous.

La coalition que j'ai mentionnée – ces pays qui envoient des terroristes, qui les arment, qui les financent et qui les recrutent, partout dans le monde – inclut aussi la Russie. Comme notre gouvernement a commencé à le reconnaître, il y a beaucoup de citoyens russes qui se battent en Syrie.

– On dit qu'il y en a 2 000 ?


– Deux mille est une estimation basse. On pourrait en compter beaucoup plus, et les Syriens eux-mêmes en comptent plus. Peu importe mais les chiffres sont plus élevés. Et en plus, ils n'arrêtent pas de tourner, ils vont et viennent. Et beaucoup reviennent chez nous, nous ne savons pas combien. Un certain nombre est pris, ou bien les services de sécurité sont à leurs trousses, mais il y en a dont on ne sait rien. Voilà la vérité – nous avons besoin de sécuriser nos frontières [en Russie et en Syrie], c'est ce que nous pouvons améliorer, et là nous serons plus efficaces. Tuer des rebelles, c'est comme un combat de cancrelats. Ils sortent de leurs nids et se cachent ensuite dans tous les coins et recoins – les attraper un par un dans ces coins est inutile, il faut les frapper à la source, c'est la seule option réaliste. Évidemment, nous pouvons passer du temps à les bombarder, nos avions seront plus vite mis à la casse, et les rebelles continueront d'arriver.

– Je me souviens, quand les Soviétiques se sont retirés d'Afghanistan, et que la production d'héroïne a commencé, j'ai traversé l'Iran. Et les Iraniens ont vidé leurs villages à 260 kilomètres de la frontière pour arrêter le trafic. Mais les passeurs, qui avaient compris les contre-mesures, donnaient à leurs ânes du speed et les ânes sous amphétamines galopaient à travers les montagnes...

– Évidemment, il y a beaucoup de problèmes à résoudre, mais il n'y a pas d'autre choix. Si nous arrivons seulement à interrompre d'une manière sérieuse le flot des terroristes, nous pouvons régler un certain nombre de problèmes.

Et nous devons non seulement fermer les frontières de la Syrie, mais aussi nos propres frontières. Parce que nous pouvons réussir à vaincre les terroristes en Syrie, enregistrer une vraie victoire – et puis ces cancrelats peuvent se répandre partout dans le monde, y compris revenir chez nous.

– Je viens de voir une interview à la télévision d'un gars du Daghestan en Russie. Il disait qu'il avait emmené toute sa famille, des enfants à la grand-mère, dans l'État islamique, il y a quelques temps. Ensuite, il a décidé de revenir. Imaginez, je ne crois pas nécessairement que tous les gars qui reviennent d'un tel voyage n'ont pas été radicalisés et n'abritent pas de mauvaises intentions...

– Nous avons vu des villages pris par nos gars – je veux dire par des citoyens russes. Ils s'emparent d'un village en chassent les habitants – c'était près de la frontière turque – donc ils prennent le village et considèrent qu'ils en sont propriétaires. Plusieurs d'entre eux en ont assez et rentrent au pays – mais selon leurs passeports, ils ne sont jamais sortis de chez nous. Ils ont seulement fait du tourisme en Turquie ou en Géorgie ou ailleurs. Ils vont là-bas, achètent un faux passeport avec un nom de famille différent... Nous avons des accords d'entrée sans visa avec la Turquie [nous avons maintenant des informations sur ce genre de pratiques en Ukraine aussi]. C'est une autre raison pour laquelle il est difficile d'estimer combien de nos citoyens sont en Syrie – même quand ils sont tués, leurs papiers d'identité sont le plus souvent faux.

Traduit par Ludovic, révisé par Diane, relu par Literato pour le Saker Francophone

JacquesL

Partie 2.
http://lesakerfrancophone.fr/la-guerre-contre-le-terrorisme-sera-longue-tres-longue-23

Citer5. – Les jihadistes entrent en Syrie avec les réfugiés libyens et irakiens

Dmitri Pouchkov : – Je  répète : quand ces extrémistes ont submergé notre Sud et nos régions frontalières, la première chose que nous avons vue ce sont ces millions de réfugiés, et que pouvions-nous faire ? L'Union européenne est déjà aux prises avec eux et nous ne sommes pas mieux préparés. Et les rebelles vont revenir au Tatarstan, en Bachkirie, à l'intérieur de la Russie...

Vasily Pavlov : – Oh oui, et vous ne pouvez pas faire le tri entre les terroristes et les réfugiés. C'est ce qui est arrivé en Syrie – l'énorme seconde vague de terroristes était formée avant tout de réfugiés libyens et irakiens. Et oui, les réfugiés arrivent, vous ne pouvez pas les tuer, n'est-ce pas ? Alors ils s'installent. Et donc, il y a peut-être 5% de terroristes parmi eux, même moins – 1%, cela suffit. Ce déluge est essentiellement ce qui a détruit la Syrie.

6. – La Turquie entraîne et arme les djihadistes – elle est donc l'agresseur et elle n'est pas protégée par l'Otan. Ou elle doit attaquer leurs bases et ensuite appeler les autres pays-membres à l'aide

– Disons que nous accusons la Turquie d'envoyer des terroristes au travers de la frontière syrienne. Que pouvons-nous faire ? La Turquie est membre de l'Otan, protégée à ce titre par les États-Unis et l'Union européenne.

– Seulement si la Turquie n'est pas l'agresseur – la règle N°1 de l'Otan est qu'elle n'appuie pas l'agresseur. Donc nous ne considérons pas que la Turquie est un membre de l'Otan, mais nous disons aux Turcs que les rebelles viennent de Turquie – et cela a été prouvé bien des fois, et peut être prouvé facilement et aussi souvent qu'il est nécessaire. Si ce n'est pas la Turquie qui les envoie, nous pouvons aider les Turcs à les combattre, et donc nous pouvons combattre les rebelles directement dans leurs camps d'entraînement en Turquie. Et nous serions franchement plus efficaces parce qu'ils sont plus concentrés là-bas, et parce que nous pourrions les empêcher de franchir la frontière avec la Syrie.

Si nous fermons les frontières, l'armée syrienne, en un an, peut éliminer les rebelles qui sont dans le pays... Si nous disons aux Saoudiens : « C'est à partir des camps d'entraînement qui sont sur votre territoire que les terroristes passent en Jordanie, puis arrivent en Syrie », et que nous leur disons d'arrêter cette invasion, alors nous pourrons aider notre allié à combattre les envahisseurs. Et la Syrie est notre allié de manière officielle – nous n'avons jamais dénoncé l'accord de 1980 signé avec elle.

Bien sûr, nous devons les aider à empêcher l'aviation ennemie de voler au-dessus du territoire syrien. Quand les Américains mènent leur campagne contre État islamique, ils ne bombardent pas seulement des terroristes incontrôlables, ils collectent des renseignements pour les terroristes qu'ils contrôlent. Bien plus, ils récupèrent des renseignements sur les systèmes syriens de défense aérienne pour pouvoir ensuite les éteindre en une seule frappe quand le temps sera venu, tout comme ils l'ont fait en Libye. C'est pour cela qu'ils doivent être arrêtés dès que possible. Si nous essayons de nous allier avec eux, de travailler avec eux, nous les aiderons simplement – et ils ne sont pas là pour le peuple syrien, ni pour la Syrie.

– La Syrie est comme le nœud gordien, je ne sais comment le dénouer, sauf le trancher d'un coup d'épée comme Alexandre l'a fait...

– Cela ne résoudrait rien, ces cancrelats s'enfuiraient seulement de tous côtés. Aucune frappe massive, aucune opération militaire ne peut résoudre le problème. Grâce à Dieu, nous ne nous sommes pas lancés dans une opération au sol – cela aurait été bien pire. Cela ne suffit pas d'augmenter la taille de l'armée syrienne de 50 000 à 100 000 hommes avec nos soldats – ils infligeraient quelques défaites tactiques, subiraient des pertes, et ensuite encore plus de mercenaires arriveraient d'Arabie saoudite, de Turquie, etc... Et donc ce serait sans fin.

Nous devons régler cela à la racine, même si c'est terrifiant et dur, nous devons faire face à nos vrais ennemis et les nommer ouvertement. Nous devrions dire tout cela ouvertement, directement, au plus haut niveau des gouvernements – ce ne sont pas nos partenaires, ce sont les ennemis de la Syrie, de la Russie et du monde développé. Bien sûr, cela poserait beaucoup de problèmes, mais si nous ne le faisons pas, nous ne pourrons rien faire. Nous dépenserons de l'argent, nous perdrons des soldats et nous perdrons des avions – et nous n'en avons pas tant que cela, malheureusement, après la ruine des réformes démocratiques des années 1990. Nous essayons de reconstruire l'armée mais nos forces aériennes sont plus petites qu'autrefois, et la plupart de nos avions datent de l'époque soviétique, donc ils ne voleront plus très longtemps.

7. – Pour gagner face à l'idéologie de justice des djihadistes, qui tend à soulever les nombreux déshérités, un État doit offrir une alternative réelle

– Mais que veulent les djihadistes eux-mêmes ?

– Qui le sait ? Ce sont des mercenaires. Leurs patrons veulent qu'ils fassent certaines choses.

– Ils prennent l'argent mais ils ont bien leurs propres besoins et leurs propres souhaits, non ?

– Le wahhabisme – un islam sunnite extrémiste – une religion des illettrés. Franchement, ces gens sont vraiment stupides, disons-le. Ils n'ont aucune éducation. Ce n'est pas un hasard si tous les jihadistes syriens viennent de villages reculés, peu d'entre eux provenant de grandes villes.

Le principal conflit qu'ils ont avec Assad et le gouvernement syrien est qu'ils sont laïques, qu'il les ont forcés à aller à l'école et qu'il y ont aussi envoyé les filles. Une énorme perversion pour eux.

– Donc ils veulent retourner aux premiers temps de l'Islam, aux VIIe et VIIIe siècles, vous savez, ce qui est plus ancien est meilleur. Revenons au temps où la religion était plus pure, où la vie était plus simple. Et tous ceux qui sont contre, ils les tuent.

Mais au moins ils proposent quelque chose – vous le savez. Contrairement au christianisme, qui offre l'amour, l'islam offre la justice. Donc, ils ont une idéologie qu'ils proposent et qui attire du monde. Et qu'avons-nous à offrir, en fait d'idéologie ? Que pouvons-nous leur opposer ? Ils promettent la justice – que promettons-nous à nos musulmans ? Dénoncer le stalinisme est grand, mais ce n'est pas réellement une idéologie nationale, et cela ne fait pas le poids face au djihad.

– Vous le savez, notre Constitution est contre l'idée d'avoir une idéologie nationale, et donc c'est criminel d'en parler ici, hé ! hé ! Oui, c'est vrai, on parle de changer cela : avoir une Constitution qui interdit d'avoir une idéologie, c'est stupide, cela détruit le pays.

Donc, sans idéologie, nous ne pouvons rien proposer maintenant, mais nous avions quelque chose avant, du temps de l'URSS. Peut-être cela n'a-t-il pas été bien mis en pratique mais au moins c'était quelque chose : nous affirmions l'égalité et la justice pour tous. Au moins nous avons fait quelque chose – cette égalité et cette justice étaient de loin supérieures à la justice des wahhabites. Leur justice est très simple – vole quelqu'un d'autre et mange ce que tu prends. Si tu es riche et que je suis pauvre, je vais te détruire, je vais détruire l'industrie, détruire tout ce que font les gens éduqués. Ne pas s'enrichir eux-mêmes mais rabaisser tout le monde à leur niveau. Et donc au lieu de mettre tout le monde à égalité, au lieu d'amener tout le monde vers le niveau moyen, ils veulent seulement faire descendre tout le monde à leur niveau primitif.

Donc notre idée de justice, c'est quelque chose que nous pouvons proposer, je pense. Je pense que ces idéaux de justice et d'égalité sont notre idée nationale, et que c'est cela qui distingue la culture russe. Je ne pense pas que nous ayons une autre idéologie parce que cela servirait inévitablement les intérêts d'un petit groupe de personnes, et laisserait le reste d'entre nous se convertir au djihad, pour combattre l'injustice ressentie. Toute notre nation peut être rassemblée seulement autour de cette justice pour tous, et jusqu'à ce que nous ayons une idéologie semblable, je ne pense pas que nous puissions résister au djihad. Heureusement, notre gouvernement l'a compris et se met à faire quelque chose à ce sujet.

8. – Il y a plusieurs branches dans l'islam – on doit soutenir les modérés et pourchasser les extrémistes ; les institutions islamiques libres doivent être capables d'équilibrer les moyens des riches extrémistes dans les universités saoudiennes

– Il y un second niveau à ce problème. Le premier est le manque d'idéologie d'État – nous n'avons rien à opposer à leur désir de justice. Parce qu'il est vrai que nous n'avons ni justice ni égalité en Russie, comme nous le répètent les activistes de l'opposition, hé ! hé !

Mais il faut le dire, on parle beaucoup de l'islam, et les gens nous disent que ce n'est pas le vrai, ce n'est même pas l'islam... Tout le monde le sait, il y a aussi des sectes violentes dans le christianisme et dans le bouddhisme. Comme en politique, il y a la gauche et la droite, et il y a les extrémistes de gauche et les extrémistes de droite. Chaque idéologie a ses extrêmes, opposons-les idéologiquement au niveau religieux.

L'Arabie saoudite est un État islamique extrémiste – sa religion officielle est le salafisme. Et notre pays n'a pas de lieux où les gens peuvent vraiment apprendre l'islam – quelques lycées, mais pas d'universités, pas d'institutions d'enseignement supérieur. Donc, nos musulmans vont en Arabie saoudite ou au Qatar pour étudier l'islam. Et pour le faire bien, vous devez passer trois ans à apprendre l'arabe pour vous imprégner du Coran dans sa rédaction originale, sans parler d'en saisir la poésie. Au lieu de cela, ils passent juste six mois pour intégrer les bases du salafisme, lire deux manuels – Principes de l'islam et Fabriquer une bombe pour les nuls – et ils rentrent au pays. Et diffusent la version saoudienne de l'islam.

Nous en sommes en train d'ouvrir une université islamique au Tatarstan, donc nous faisons quelque chose, mais nous avons passé 25 ans sans rien faire, et pendant 25 ans, nos musulmans ont appris l'islam en Arabie saoudite. Je pense qu'il y a seulement un vrai homme politique au niveau fédéral (le président tchétchène Ramzan Kadyrov) qui essaie de promouvoir l'islam correct en qui ses parents et ses grands-parents croyaient, et non ces versions radicales abâtardies diffusées de l'étranger. Les musulmans de Russie ont toujours été modérés mais nous devons avoir des prêcheurs traditionnels et réalistes qui expliquent correctement l'islam aux jeunes... Dans le reste du pays, il n'y a pas tant à faire. Les responsables musulmans doivent comprendre que ce n'est pas aux chrétiens de venir et d'aider l'autorité coranique – s'ils ont besoin d'aide, ils doivent la demander, mais je ne vois rien que l'on puisse faire. Bien sûr, si au Tatarstan les extrémistes s'emparent des mosquées et tuent les pasteurs traditionnels ou les forcent à prêcher un islam plus radical, alors peut-être nos services de sécurité doivent-ils s'en occuper. Si de telles choses arrivent, les gens qui en sont coupables ne doivent pas rester libres, peut-être doivent-ils passer quelques temps en Sibérie derrière des barbelés. Je pense que tout cela est dangereux comme une épidémie. Si quelqu'un est infecté, il doit être mis en quarantaine... Passer 20 ans dans une institution d'état, et réfléchir aux erreurs de son idéologie radicale.


– Oui, c'est très vrai. Ces problèmes sont très complexes et ils n'ont pas de solution simple. Cela doit venir de plusieurs directions, et notamment des responsables religieux eux-mêmes. Et ce n'est pas arrivé seulement au Tatarstan, mais dans toutes les régions. Cela arrive même dans les régions traditionnellement chrétiennes.

Je parle aux musulmans traditionnels et avec nos services de sécurité ; c'est une question complexe qu'il n'est pas facile de résoudre. Nous devrions avoir une politique d'État à l'égard de l'extrémisme religieux. Vous avez relevé des points très justes – il y a aussi des extrémistes chrétiens, mais personne n'essaie de définir ce qui est un culte et ce qui est une religion.

– Peu importe leur étiquette, s'ils commettent des crimes ou prêchent la haine, ils doivent être mis derrière les barreaux.


Traduit par Ludovic, relu par Literato pour le Saker francohone

JacquesL

Partie 3
http://lesakerfrancophone.fr/la-guerre-contre-le-terrorisme-sera-longue-tres-longue-33

Citer9. – La milice de citoyens est absolument essentielle pour se défendre contre la menace terroriste, mais pour être efficace, elle doit être soutenue par le gouvernement fédéral [russe]

Vasily Pavlov : – Des gens reviennent de Syrie, donc nous devons prendre des mesures et nous préparer. Dès maintenant, aussi vite que possible. Nous devons comprendre comment la Syrie combat l'extrémisme aujourd'hui, nous ne pouvons pas adopter de vieilles tactiques qui ne marchent plus.

Dans l'expérience syrienne, ce qui a bien fonctionné, c'est la collaboration entre les citoyens et l'État. Si vous prenez une carte de la Syrie et que vous regardez les régions où les terroristes se sont implantés, et les régions où ils ont échoué, c'est quasiment la même carte des régions où les milices d'auto-défense ont été organisées. Vous pouvez les appeler milices, ou les appeler volontaires adjoints, ce sont des citoyens qui ont été organisés, équipés et formés par l'Etat. Entraînés pour collaborer avec les services de sécurité, la police et l'armée.

Dmitry Pouchkov : – Sont-ils armés ?

– Ils reçoivent des armes si on s'attend à des attaques. Il n'y a pas besoin qu'ils soient constamment armés, il n'y a pas besoin que ces volontaires patrouillent sans cesse en ville avec des fusils. Mais au moins ils savent où ils peuvent en avoir, ils peuvent appeler les services de police et de justice, ils savent ce qu'il faut faire...

Quand les terroristes attaquent, un des principaux problèmes est que les civils ne réagissent pas efficacement. Nous avons beaucoup de gens ici, qu'on appelle des survivalistes. Ils pensent que s'ils ont des armes et qu'ils savent comment survivre dans la nature, ils pourront se protéger quand une troupe de rebelles arrivera. Ils peuvent se cacher dans de lointaines zones naturelles, peut-être, s'ils ont de la chance, mais en ville cela ne marchera pas. Alors ce qu'il faut faire, si vous êtes armé, est de comprendre qu'un homme armé qui n'est pas en contact avec les unités de contre-terrorisme ne devrait pas se montrer du tout dans la rue ! Il y a de nombreuses règles à suivre durant une opération anti-terroriste, mais celle-ci est une des premières. Le moindre homme armé est considéré comme terroriste, on le sait...

Quelques personnes m'ont dit : « Si je sais qu'il y a une opération anti-terroriste en cours, et que je vois un blindé tirer sur des terroristes, alors je leur tire moi aussi dessus ! ». Je lui ai répondu que s'il commence à faire cela, le blindé se retournera et tirera sur sa fenêtre parce que les équipages de chars ne sont pas idiots. Vous savez, j'ai été officier dans les blindés et chaque équipage dans cette situation fera de même... C'est dans son entraînement.

En clair : si un homme ne comprend pas comment fonctionne une opération anti-terroriste, il mourra. Donc les gens doivent être entraînés pour cela, il devrait y avoir une organisation et une chaîne de commandement.

Aussi, si un groupe de citoyens veut combattre le terrorisme, il doit contacter ces organisations et dire : « Nous voulons aider à nous défendre si besoin il y a ». Ils sont donc enregistrés, formés, ils travaillent avec l'armée, ils se familiarisent avec les unités de l'armée avec qui ils défendront leur ville, ils ont des canaux de communication sur lesquels ils recevront l'information et avertiront des dangers les services de maintien de l'ordre. Il y a du monde – et vous n'avez besoin que de 10% de la population qui soient prêts pour que cela fonctionne. Si vous avez entre 1% et 10% de la population dans les forces d'auto-défense, les terroristes ne viendront pas... C'est une solution efficace.

Là où le gouvernement n'a pas organisé les forces d'auto-défense, même s'il y a des hommes armés, ceux-ci sont livrés à eux-mêmes. S'ils s'organisent en groupes, ils deviennent alors de simples bandes – à la fois pour les services de maintien de l'ordre, et pour les autres bandes et les terroristes, de petites bandes qui entrent dans la compétition, et rien d'autre.

– Ces bandes, ce sont les modérés dont les Américains parlent toujours mais ne peuvent jamais ni définir, ni montrer ?

– Oui, ce sont ces modérés, plus ou moins. Aujourd'hui, ils ne sont plus un vrai problème, quand l'armée est sur le point d'arriver, la plupart du temps ils abandonnent leurs armes et se rendent. Une fois que les extrémistes ont été éliminés, ils vérifient le quartier, ils signent des papiers assurant qu'ils ne combattront pas l'armée et on les laisse. La plupart du temps ils s'enrôlent dans les forces d'auto-défense, se forment, reçoivent des armes, etc.

[...]

J'essaie de créer la même chose en Russie, mais malheureusement le gouvernement n'est pas très chaud pour cela. Peut-être est-ce parce que j'ai commencé, maladroitement, à parler de milice, et tout le monde a pensé à ces bandes désorganisées avec des fusils. J'essaie de pousser l'idée, de différentes manières et avec différentes organisations. Malheureusement, ceux qui veulent aider à cela se trouvent aux niveaux inférieurs du gouvernement. Oui, du point de vue de celui-ci, c'est risqué, mais en cas d'attaque terroriste, cela se mettra en place de toutes façons, les gens sont prêts à s'armer et à s'organiser. Ensuite, s'ils le font en liaison avec le gouvernement, cela causera moins de problèmes ; s'ils le font par eux-mêmes, ils mourront, seront inefficaces, et gêneront les opérations de l'armée.

Donc, ce doit être fait mais correctement. Il y a des organisations qui comprennent cela. En Syrie, celle qui s'en occupe ressemble assez à la DOSAAF [Association volontaire de soutien à l'armée, l'aviation et la flotte, NdT] du temps de l'URSS, aussi nous travaillons avec ce qui reste de cette organisation, en créant des communications avec la police, etc.

– Je ne suis pas un spécialiste de la guerre urbaine mais la plupart des gens raisonnables aujourd'hui ont une arme de chasse. Il me semble que, pour combattre des rebelles dans votre ville, vous n'avez pas besoin de fusils de précision à longue portée, et même un fusil de chasse peut faire l'affaire, non ?

– C'est vrai. Dans ce genre de guerre, ce ne sont pas les armes, c'est l'organisation qui fait la différence. Alors nous communiquons et nous espérons développer quelque chose de plus grand, avec les Cosaques ou d'autres – vous le savez, les Cosaques travaillent aussi avec les branches de ROTC [Corps d'entraînement des officiers de réserve, NdT], comme la police. Il y a des gens qui viennent à vous – comme Denis qui a fait ce camp d'entraînement, le médecin militaire Youri, aussi nous travaillons à ce sujet et nous travaillons avec vous. Nous sommes actuellement sur un document, intitulé Programme pour l'éducation militaire-patriotique des citoyens. Sans avoir le mot milice.

– Bien sûr, tous les hommes qui vont venir avec leurs fusils, répondant à cette occasion, doivent être entraînés correctement et pointer leurs armes dans la bonne direction.

– Évidemment, c'est bien compris par les niveaux des districts du ROTC qui sont intéressés, mais ce serait bien que ce soit compris aux niveaux du gouvernement fédéral. Le faire aux niveaux locaux est très, très difficile et peu efficace. Parce que dans chaque organisation, vous devez négocier avec de nouveaux fonctionnaires... Cela demande beaucoup de temps et vous ne pouvez pas le faire réellement à l'échelle de tout le pays. Pour cela, il faut que ce soit fait par le gouvernement fédéral.

10 .– La guerre de l'information est très importante, alors rappelons la règle N°1 : ceux qui approuvent aveuglément chaque action de leur gouvernement ou de leur camp sont tout juste aussi néfastes que ceux qui, aveuglément, désapprouvent tout

– Nous devons faire très attention à la qualité de la guerre de l'information. Par exemple, les films que le ministère russe de la Défense a publiés – et sur 70 de ces vidéos, il y en a seulement quelques-unes qui sont bonnes et le reste est plutôt mauvais. Ils annoncent une chose, et vous voyez autre chose se produire – ainsi, quand ils annoncent frappe aérienne sur des équipements pétroliers, vous voyez une station d'épuration. Nous devons donc vérifier l'efficacité de ce que font le pays et le gouvernement.

Sur le plan de l'information, les gens sont divisés en deux camps : ceux qui approuvent toujours ce que le gouvernement fait, peu importe si c'est bon ou pas, et ceux qui désapprouvent tout ce que le gouvernement fait. Toute critique doit être fondée, mais vous ne devriez pas applaudir quand vous voyez quelque chose de mauvais.

Ceux qui critiquent tout et ceux qui approuvent tout sont tous des ennemis de notre pays, de notre peuple, parce que leur comportement est destructeur. Quand j'étais officier, j'ai souvent dit à mes subordonnés de dire ce qui les choquait, surtout s'ils pensaient que j'avais tort. Je suis toujours le seul qui prends des décisions, mais vous comprenez que si j'ai tort, alors nous allons mourir tous les deux...

Nous devons apprendre à faire parvenir notre avis et nos réactions au gouvernement fédéral. Les mettre à l'écoute est délicat, mais les informer est notre devoir de citoyens.

– Revenons à ce que vous disiez sur les Américains et les frappes aériennes (et comment les résultats qu'ils annoncent sont si différents de la réalité). Ils ont l'expérience de la guerre du Vietnam qui a été arrêtée, en partie, par les journalistes et les photographes qui ont publié des photos d'enfants vietnamiens arrosés de napalm, entre autres. La société en a eu assez et la guerre a dû être arrêtée. Leur gouvernement a appris une leçon. En 1991, quand ils ont envahi l'Irak pour la première fois, ils ont réglé le problème. Ils ont filtré les journalistes et n'ont accepté que les journalistes corrects, ceux qui soutenaient la politique officielle. Et donc les seuls reporters présents sur le terrain étaient ceux qui reprenaient scrupuleusement le point de vue du gouvernement. Et les médias ont montré le film magnifique de la supériorité américaine – détruisant tous les blindés de Saddam deux fois...

Le public américain était aux anges. Mais les journalistes qui ne faisaient pas partie de la sélection officielle ont appelé la Guerre du Golfe, la guerre la plus falsifiée de l'histoire américaine. Vous l'avons vue, donc maintenant nous devons en tirer les leçons. En tant qu'ancien inspecteur de police, quand je vois des films du ministère de la Défense, montrant des stations d'épurations bombardées par nos avions sans expliquer pourquoi, et affirmer que ce sont des puits de pétrole... Je voudrais bien savoir qui a publié cette vidéo, qui a décidé de la montrer, et pourquoi ils ne veulent ou ne peuvent pas nous dire ce qui se passe ; peut-être seraient-ils virés ou même poursuivis, etc... Je ne dis pas qu'il faut mentir comme les Américains, mais que nous devons avoir la même qualité dans notre guerre de l'information.

11. – L'extrémisme se répand sur Internet et devrait être combattu là aussi

– Nous devons parler des actions des services de renseignement sur Internet. Donc, les réseaux sociaux – Vkontakte, Facebook sont travaillés intensément par les extrémistes islamiques qui ne sont pas contrés. Ils publient des vidéos de grande qualité, très bien mises en scène, disant qu'ils vont faire couler le sang des infidèles. Qui sont exactement ceux qui les réalisent et qui les mettent en ligne ? Ne devrions-nous pas trouver ces groupes là où ils sont implantés ? Ne peut-on pas suivre les gens qui les rejoignent ? Et peut-être avant de rattraper ces groupes, nous devrions savoir qui fait quoi, sur quoi communiquent-ils, qui est connecté à qui, comment sont-ils organisés... Les extrémistes ne devraient pouvoir agir aussi librement. Les gens qui publient ces vidéos montrant des décapitations ne sont sans doute pas très équilibrés mentalement. Peut-être qu'une bonne thérapie par le travail en Sibérie leur ferait du bien ? Oui, le Premier Ministre vient de dire quelque chose au sujet du combat contre l'extrémisme sur Internet, mais rien n'a encore été fait précisément, donc nous allons voir comment nous en charger.

12. – Les gens ne peuvent pas combattre seuls le terrorisme et le gouvernement non plus. Il faut s'unir ou périr

– Pour résumer, nous souhaitons que nos compatriotes et notre gouvernement prennent ces questions en main [...] qu'ils travaillent ensemble [...] parce que tant que nous n'aurons pas commencé à agir ensemble – la majorité des citoyens et la majorité des hauts fonctionnaires – nous ne serons pas capables de faire face au terrorisme.

Je sais que cela implique un grand nombre de sujets – l'idéologie, la religion [... la politique étrangère et intérieure – mais je pense que la principale chose à comprendre ici est que nous sommes sur le même bateau. La direction du pays ne peut vivre sans les citoyens, et ceux-ci ne peuvent survivre sans le gouvernement. Et nous devons commencer réellement à agir parce que je crains que nous n'ayons plus beaucoup de temps.


Traduit par Ludovic, relu par Literato pour le Saker francophone

Une interview de Vassili Pavlov par Dmitri Pouchkov – Le 30 décembre 2015 – Source LiveLeak

JacquesL

Est-ce la suite ?
https://www.almasdarnews.com/article/southfront-russia-restructures-military-combat-isis-ukraine/
CiterRussia has announced it will now form a new paramilitary fighting force, the National Guard, which can effectively be used for non-conventional warfare if need be. This comes as the Russian Federation is heavily involved in ongoing conflicts in both Ukraine and Syria among other countries. Our partners from www.SouthFront.org have the story covered:

https://www.almasdarnews.com/article/southfront-russia-restructures-military-combat-isis-ukraine/ | Al-Masdar News
https://www.youtube.com/watch?v=C3oXsVJnzik&nohtml5=False

JacquesL

Poutine crée une Garde nationale russe

http://lesakerfrancophone.fr/poutine-cree-une-garde-nationale-russe

Citer
Poutine crée une Garde nationale russe

Par le Saker US – Le 16 avril 2016 – Source thesaker.is

La récente annonce par le président Poutine de la création d'une Garde nationale russe a déclenché une rafale de spéculations sauvages sur les raisons présidant à cette importante initiative. Certains experts y ont vu une manière de préparer une répression sanglante contre une insurrection, d'autres ont spéculé que Poutine avait besoin d'une nouvelle force pour faire face à des manifestations et à des émeutes, tandis que d'autres encore ont même suggéré que cette Garde nationale deviendrait l'armée de Poutine. En réalité, l'affaire est beaucoup plus simple et beaucoup plus compliquée.

Regardons d'abord les forces et les unités qui seront réunies dans cette Garde nationale :

    Les troupes du ministère de l'Intérieur (environ 170 000 soldats)
    Le personnel du ministère des Situations d'urgence
    Les forces de police anti-émeute OMON (environ 40 000 soldats)
    Les forces de réaction rapide SOBR (un peu plus de 5000 soldats)
    Le Centre de désignation spéciale des forces de réaction opérationnelles et l'aviation du ministère des Affaires intérieures, qui incluent les unités des forces spéciales Zubr, Rys' et Iastreb (un peu plus de 700 opérateurs)

Donc nous parlons d'un effectif total de quelque 250 000 soldats, qui atteindra probablement le chiffre de 300 000 hommes dans un avenir proche. Quelle que soit sa taille, c'est une force impressionnante et puissante, qui peut affronter toute la gamme des menaces internes possibles. En outre, le ministère des Affaires intérieures inclura maintenant le Service fédéral des migrations (FSM) et le Service fédéral de contrôle des drogues (FSKN). Cette consolidation est importante parce qu'elle est liée à pratiquement toutes les forces de sécurité intérieures de la Fédération de Russie, à l'exception du Service fédéral de sécurité pour les risques élevés (FSB). Ce qui est encore plus impressionnant, c'est la liste des tâches confiées à cette nouvelle Garde nationale. Elle comprendra :

    La protection de l'ordre et de la sécurité publics
    Les opérations anti-terroristes
    Les opérations contre les groupes extrémistes
    La défense territoriale de la Fédération de Russie
    La protection des installations étatiques importantes et des cargaisons spéciales
    La protection sur une base contractuelle de la propriété des citoyens et des organisations agréés par le gouvernement russe
    L'assistance aux troupes garde-frontières du Service fédéral de sécurité dans la protection de la frontière de l'État de la Fédération de Russie
    L'application de la loi dans le domaine du trafic d'armes
    Le commandement des troupes de la garde nationale de la Fédération de Russie
    La fourniture d'une protection sociale et juridique des hommes servant dans la Garde nationale russe


Viktor Zolotov

C'est une liste impressionnante qui ne fait que confirmer que l'ensemble du spectre des missions de sécurité intérieure seront désormais confiées à la Garde nationale. Ce qui est encore plus frappant, est le nom de la personne que Vladimir Poutine a désignée au poste de nouveau Commandant en chef de la Garde nationale : le général [ur=https://en.wikipedia.org/wiki/Viktor_Zolotovl]Viktor Zolotov[/url], un pur homme de la sécurité, qui était le chef du Service de sécurité présidentielle et qui est considéré comme très proche de Vladimir Poutine. Est-ce que cela signifie, comme certains l'ont supposé, que Poutine a peur pour sa propre sécurité et qu'il se construit un garde prétorienne personnelle ?

Pas vraiment.

Mais ce que cela signifie, en effet, est que Poutine prend personnellement et directement le contrôle de ce qu'il voit comme des tâches hautement prioritaires pour faire face aux menaces pour la sécurité la plus élevée de la Russie. Nous parlons exactement des capacités dont l'Union européenne a tant besoin et qui lui font défaut :

    La capacité de fermer les frontières à un afflux massif de réfugiés
    La capacité de filtrer un important flux de réfugiés
    La capacité de faire face à la violence à grande échelle et aux émeutes
    La capacité de faire face au terrorisme, même à grande échelle
    La capacité de centraliser le renseignement sur les menaces intérieures
    La capacité d'imposer un état d'urgence à une région entière
    La capacité d'écraser toute insurrection, y compris soutenue par l'étranger
    La capacité de rechercher et détruire les groupes extrémistes et terroristes
    La capacité d'interdire les flux d'armes et de stupéfiants utilisés pour financer tout ce qui est mentionné ci-dessus

et, le plus important, la capacité de faire tout cela sans recourir aux forces armées régulières.

Ce que cela montre, c'est que les Russes ont tiré des leçons organisationnelles et opérationnelles importantes des guerres en Tchétchénie et qu'ils se préparent aujourd'hui à défendre la Russie contre la menace venant de l'ouest (l'Ukraine) et du sud (Daech), sans se défausser de ces missions de sécurité sur l'armée, qui est fondamentalement différente des forces de sécurité/de police intérieures.

Bien sûr, ce sera une force bien trop puissante pour la confier à un homme qui ne soit pas fiable à 100%, mais le fait que Poutine choisisse un homme en qui il a toute confiance ne signifie pas qu'il craint pour lui-même, ou les prochaines élections ou n'importe quelle absurdité déversée par les médias commerciaux. La popularité de Poutine est toujours astronomique et cela le protège bien plus que n'importe quelle force ou l'allié le meilleur. En outre, protéger Poutine restera la mission du FSO et du FSB.

Un sujet que les documents officiels ne mentionnent pas, est la question du soutien en termes de renseignements de cette nouvelle Garde nationale. La solution la plus logique serait de créer un nouveau service de renseignement de la Garde nationale et je présume que c'est exactement ce que le Kremlin fera. Enfin, quelques spécialistes ont suggéré que cette nouvelle Garde nationale pourrait avoir une mission internationale de maintien de la paix. Je serais d'accord avec cela si nous parlons d'une opération de maintien de la paix transfrontalière, comme dans le Donbass ou en Asie centrale. Les autres missions de ce type resteront probablement sous le contrôle des forces armées (qui ont plusieurs unités spécialisées dédiées à ce genre de missions).

La création de cette Garde nationale est une excellente idée qui donnera à la Russie les moyens de se défendre contre les menaces les plus probables à son territoire et à son peuple dans un avenir prévisible.

The Saker

L'article original est paru sur The Unz Review

Traduit par Diane, vérifié par Wayan, relu par Nadine pour le Saker francophone