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La Russie n’a jamais fait partie du G7. Par Virgile Thomas.

Démarré par JacquesL, 18 Juin 2015, 09:47:12 PM

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JacquesL

http://www.agoravox.fr/ecrire/?exec=articles&id_article=168695

CiterLa Russie n'a jamais fait partie du G7.
D'abord G5, puis rapidement G6 avant de devenir G7, le groupe mettra vingt deux ans pour devenir G8. Encore seize ans et le voilà à nouveau G7. Est-ce le début d'une tendance ? La baisse va-t-elle se poursuivre et si oui, où s'arrêtera-t-elle ?
Le groupe qui avant 1975 réunissait de façon informelle cinq pays, l'Allemagne, les Etats-Unis, la France, le Japon et le Royaume Uni, est passé à six cette année là avec l'arrivée de l'Italie puis à sept avec le Canada en 1976. En 1998, le G7 accueillait la Russie, une Russie affaiblie par sept ans d'une transition mal maitrisée par des dirigeants sans expérience de ce processus, conseillés par des étrangers sans beaucoup plus de compréhension de la situation, quand ils n'étaient pas rêveurs ou de mauvaise foi.
Lorsque Boris Eltsine participe pour la première fois à une réunion en tant que membre, ce n'est toutefois pas sa première intervention au G7 et avant lui, Mikhaïl Gorbachev était également intervenu, en marge du sommet, en 1991. Il venait chercher une aide financière et repartit les mains vides. A chaque fois, la Russie n'était pas apparue comme un partenaire potentiel, mais comme un quémandeur d'aide. La démarche ne faisait pas l'unanimité en Russie non plus et Vladimir Girinovski, par exemple, se plaignait qu'un dirigeant de la Russie « demande la permission d'assister au sommet dans le couloir ».
Il y avait des voix à l'intérieur du groupe qui soutenaient l'entrée de la Russie comme, par exemple, celle de Jacques Attali, le président de la BERD ou celle de l'Allemagne, mais elle était combattue par le Japon. Elle s'est donc faite progressivement, le pays n'étant tout d'abord associé qu'au volet politique des sommets à Naples en 1994 et à Halifax en 1995. Pour beaucoup de pays à ce moment, l'entrée de la Russie était vue comme une nouvelle possibilité de contrôler l'économie du pays et ce n'est pas un hasard si un des plus chauds partisans de cette entré était l'Allemagne, détentrice en 1992 de près de la moitié de la dette extérieure russe.
Ainsi, du 15 au 17 mai 1998, le sommet de Birmingham voyait la Russie rejoindre le groupe qui devenait le G8. Mais cette entrée n'était encore que partielle, il y avait des volets de la discussion auxquels elle ne participait pas et on attendait d'elle qu'elle s'intègre progressivement au système économique mondial. Le sommet de 2002 au Canada verra une plus grande intégration, au moins au niveau politique en raison du début de la guerre généralisée contre le terrorisme, mais, là encore, des soupçons subsisteront sur la capacité de la Russie à participer à la lutte anti terroriste dans le domaine financier. On décidera toutefois que le pays prendra désormais son tour dans la présidence tournante et accueillera le sommet de 2006, à Saint-Pétersbourg. Logiquement, ce tour devait revenir huit ans après, en 2014 et le sommet était programmé pour Sochi. Le coup d'état d'Ukraine et ses suites devaient en décider autrement.
L'Ukraine était en réalité une excuse, une occasion de se débarrasser d'un partenaire dont la voix dissonante devenait de moins en moins supportable à mesure que diminuait la confiance d'un certain nombre de membres dans les incommensurables bienfaits du néo libéralisme. C'est un phénomène psychologique bien connu, plus on se sent sûr de soi et plus on est prêt à accepter les critiques. Quand cette confiance en soi diminue, les critiques sont rapidement prises pour des mises en causes qui ne font qu'augmenter le malaise né de la baisse de confiance. On cherche alors, dans tout groupe à exclure celui qui a le front de ne pas adhérer à la « pensée de groupe » en vigueur.
Et dès le début des années 2000, la Russie faisait entendre une voix progressivement de plus en plus indépendante, non consensuelle à mesure que s'affirmait sa confiance en une nouvelle voie politique.
Car c'est bien de cela qu'il s'agit, le consensus. On se réunit une fois par an, entre gens de bonne compagnie et il faut que tout le monde soit d'accord. D'accord avec qui ? En voilà une question, tout le monde le sait bien, avec le « pays indispensable », et comme entre gens de bonne compagnie la contradiction n'a pas sa place, on n'invite plus ceux qui n'ont pas compris cette règle du jeu implicite.
Depuis plusieurs années, les Etats-Unis se sont confortablement installés dans un déni de réalité qui a grandi progressivement pour atteindre maintenant des sommets. Ils vivent dans un monde virtuel« proudly made in America » et un mépris total de la réalité. Dans cette "réalité" américaine, on affirme, et point n'est besoin de prouver ce que l'on avance car on crée la vérité en parlant. Il est vrai que la dernière fois qu'ils se sont laissés aller à essayer de prouver ce qu'ils avançaient, les résultats n'ont pas été vraiment probants. Vous vous souvenez des fioles de poudre blanche de Colin Powell à l'ONU ?
Dans ce monde virtuel, on ne peu tolérer de voix discordantes car ces voix sont comme des cris qui ne manqueront pas de réveiller le somnambule et chacun sait comme il est dangereux de réveiller un somnambule ! On n'accepte plus à sa table que des interlocuteurs qui ne poseront pas les questions qui fâchent, celles qui réveillent.
Depuis 1998, la Russie était une voix discordante dans ces réunions. On tolérait cette voix tout le temps que le pays était faible ou considéré comme tel. Ce n'est plus le cas aujourd'hui, donc elle agace. Si on la laissait faire elle nous empêcherait de vivre dans notre « réalité améliorée ». Qu'elle s'en aille et même si en faisant cela on la pousse vers des organisations qui représentent plus de la moitié de la population mondiale, dans notre monde à nous, elle est désespérément isolée. D'ailleurs, dans la conférence de presse finale du dernier sommet en Allemagne, Barak Obama a accusé la Russie d'isolationnisme ! Etonnant, non ?
Le bassin atlantique est en pleine dépression. Il semble aller se répétant : « Le monde a changé, il change toujours, mais nous ne voulons pas le savoir. L'ancien monde était si confortable, on ne nous forcera pas à en changer ». Sahra Wagenknecht, députée au Bundestag et membre du parti "Die Linke", parle à propos de la dernière réunion du G7 de « cour de récréation de l'asile de fous ».
Pendant ce temps, la Russie s'engage dans sa propre voie, une sorte de voie médiane entre communisme et libéralisme. N'oublions pas que le pays a goûté des deux systèmes entre 1917 et 2000.Que cette voie déplaise à certains, à l'étranger, est parfaitement légitime, après tout, les institutions russes ont été construites dans une culture particulière et si on appartient à une autre culture, tout cela peut paraître étrange ou incompréhensible. On peut ne pas souhaiter que le système russe soit appliqué dans son propre pays, là aussi la réaction n'est pas seulement légitime, elle est logique. Mais de quel droit pourrait-on reprocher à un peuple de vouloir vivre selon sa culture, selon ses valeurs, dans les limites des frontières de son pays ?
Les réactions de l'occident vis à vis de la Russie sont passées d'une certaine tolérance à une opposition violente non seulement à mesure que le pays se rétablissait et retrouvait de son importance passée, mais aussi à mesure que les populations occidentales commençaient à douter du système qui leur était imposé, et il est tout à fait significatif que parallèlement à la montée de l'opposition des dirigeants européens vis à vis de la Russie, la démocratie ait été de plus en plus souvent remise en cause dans ces pays mêmes qui songent toujours à l'imposer au monde.
Le Russie a fait un choix de société qui n'est pas celui des pays occidentaux, elle a choisi de remettre l'homme au centre du système quand les pays de G7 continuent à garder l'œil fixé sur des indices économiques qui n'ont plus rien à voir avec le bien-être des populations. Elle n'a donc plus sa place au sein de ce groupe.
Après avoir cherché son chemin dans les pas des Etats-Unis puis de l'Europe et comprenant que ces chemins menaient à des impasses, la Russie de Vladimir Poutine a choisi une troisième voie. Il est intéressant de noter que c'est précisément la prise de conscience de l'impasse dans laquelle l'occident semblait s'engager qui a, d'un côté, poussée la Russie dans cette direction et a, de l'autre, rendu cette décision insupportable aux membres de ce même groupe.
La Russie n'a jamais fait partie du G8 et elle ne pourra jamais y trouver sa place, car elle a pris un autre chemin. A-t-elle raison de le faire, l'avenir nous le dira, mais les autres membres du groupe ont trop peur de l'avenir pour accepter les voix dissidentes en leur sein. C'est pourquoi Moscou observe de loin et avec un intérêt somme toute assez limité les discussions à propos de son éventuel retour. Comme pour les sanctions, la participation de la Russie au G7 est devenu le problème de l'Occident. Ce n'est plus celui de la Russie.
Et du côté du G7, donc, l'avenir ne semble pas très assuré. Le dernier sommet a pris une tournure nouvelle, le G7 s'étant transformé en G6+1 pour certains, ou pour d'autres, dont je suis, plutôt en G5+2. Le changement est visible jusque sur certaines photos qui montrent Barak Obama et Angela Merkel face à face, ou côte à côte marchant en avant du reste du groupe.
On y retrouve la nouvelle configuration du monde occidental. En tête les Etats-Unis toujours aussi persuadés que c'est leur destinée de diriger le monde et de montrer à chacun où se trouvent le bien et le mal, de régler les différents sur la base du droit américain même lorsque tous les éléments du litige se trouvent hors des Etats-Unis. Parallèlement à cela, l'Allemagne qui depuis quelques temps a pris conscience et accepté son rôle de première puissance européenne joue sa partition de premier violon.
Une fois encore, la position de la Russie a servi de révélateur des évolutions. Lorsque l'Allemagne a abandonné son attitude conciliante vis à vis de la Russie en 2013/14, beaucoup se sont dit qu'elle le faisait sous la pression américaine, ce que j'ai moi-même pensé (et écrit ici) en me demandant quels pouvaient être les arguments américains pour provoquer un tel changement. En vérité, j'avais comme tout le monde les éléments sous les yeux, mais je ne les avais pas arrangés comme il fallait.
C'est la désormais célèbre photo de Barak Obama et Angela Merkel face à face pendant une pause champêtre du dernier sommet qui m'a permis de mettre tout cela en place. L'Allemagne a vraiment intégré une position qui l'intimidait peut-être un peu jusque là, ou qu'elle craignait de montrer trop tôt avant qu'elle ne juge son emprise définitive, celle de maître de l'Europe. Après ce déclic, tout s'est mis en place. Le comportement allemand en Europe, l'austérité imposée et qui ne profite qu'à l'Allemagne, ses prises de position dans la crise grecque et les qualificatifs peu amènes dont certains politiques allemands ont affublé les Grecs, et le tournant dans la politique vis à vis de la Russie.
Même les dirigeants économiques allemands qui jusque là avaient su faire entendre leur voix et peser sur la politique de leur pays vis à vis de la Russie qui est tout de même un marché essentiel pour eux, même eux donc, ont été réduits au silence, pour un temps au moins. C'est que, non contente de prendre le pouvoir en Europe, Angel Merkel a réussit un coup de maître en étendant son emprise en Europe de l'Est en douceur et sous couvert de l'extension de l'Union Européenne. Il ne faut pas chercher plus loin les raisons de la coopération américano allemande sur le dossier Ukraine et vis à vis de la Russie.
Comment les dirigeants français ont-ils pu se laisser entrainer dans le piège reste cependant une énigme pour moi dans la mesure où je rejette, pour le moment, l'explication facile d'une incompétence rare, ou de la peur. Une peur qui viendrait d'où, d'ailleurs. Cela dit, nous sommes gouvernés par un homme qui a construit sa carrière politique sur la fabrication de compromis à l'intérieur de son parti, compromis dont le seul intérêt apparent était avant tout de sauver l'unité du parti et le poste de son président...
Pour ce qui est des intérêts de la France, de son indépendance qui par le passé a servi non seulement la France mais une partie du monde, il faudra attendre encore !