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Comment les rebelles ont-ils fait pour vaincre des forces de Kiev largement supé

Démarré par JacquesL, 06 Décembre 2014, 02:00:02 PM

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JacquesL

Comment les rebelles ont-ils fait pour vaincre des forces de Kiev largement supérieures ?

L'info vient d'un blogueur américain, qui expertisait les bases militaires soviétiques dans le cadre du traité de Vienne, à l'époque de Brejnev.

Deux sources pour la traduction française :
http://www.les-crises.fr/comment-les-rebelles-ont-ils-fait-pour-vaincre-des-forces-de-kiev-largement-superieures/
http://gaideclin.blogspot.fr/2014/11/ukrainenovorossia-comment-les-rebelles.html

Mes excuses pour les caractères cyrilliques qui ne passent pas ; le chaudron en russe se dit "Kotiol", ou mieux "katiol", puisque l'accent tonique est sur la dernière syllabe.

Citation de: ShellbackL'auteur anonyme de cette mini-série de trois articles est un blogueur américain (pseudonyme Shellback) qui se présente comme un ancien militaire, expert pour l'OTAN du désarmement à l'époque de Brejnev. Il n'estime pas que la Guerre froide fut une chose rigolote au point que nous devrions essayer de la recommencer. Il répond à trois questions sur ce conflit.



I. D'où viennent les armes ?

Au moment où l'ampleur des pertes ukrainienne commence à être connue – Porochenko admet que l'Ukraine a perdu les trois-quarts de son matériel militaire – les Occidentaux, trompés par la propagande de leurs propres médias, s'imaginent que la Russie a approvisionné les séparatistes en armes et en munitions. S'il est probable que du matériel a franchi la frontière, il existe une autre source d'approvisionnement inconnue de la plupart des Occidentaux.

Ce que la plupart des commentateurs ne veulent pas comprendre à l'Ouest, c'est que l'URSS se préparait à recommencer la Deuxième Guerre mondiale, avec des armées immenses composées de millions de conscrits et de réservistes. Or, des millions de soldats ont besoin d'immenses quantités d'armes et de munitions. Celles-ci doivent être déjà en place au moment de la mobilisation. Par conséquent, on trouvait des dépôts d'armement dans toute la partie occidentale de l'URSS. La plupart de ces sites étaient présentés comme le quartier général d'une division, squelettique en temps de paix, mais destinée à recevoir un flot de réservistes qui y trouverait, le moment venu, tout le nécessaire pour partir au combat.

Les Soviétiques divisaient leurs unités militaires en trois catégories. Autant que je puisse m'en rappeler au bout de trente ans, la Cat. I correspondait aux unités entièrement équipées et prêtes au combat ; dans la Cat. II, elles se composaient d'une partie du personnel, mais de la totalité de l'équipement ; et la Cat III était le niveau minimum. L'idée était que les unités de Cat. I étaient prêtes à démarrer immédiatement (lorsque le Mur est tombé, on m'a dit que les unités d'Allemagne de l'Est étaient prêtes à partir sous 48 heures, ce qui, entre parenthèses, montre qu'elles n'avaient pas l'intention de déclencher l'offensive. Comme il en était de même du côté de l'OTAN, cela explique probablement pourquoi nous sommes toujours là !). Les unités de Cat. II disposaient d'un délai d'une semaine environ, et la dernière de quelques mois.

Toute la tactique militaire soviétique était basée sur des vagues d'attaques (échelons) successives, recherchant les points faibles pour « renforcer le succès ». Ainsi, par exemple, les unités de la Cat. I d'Allemagne de l'Est ou de Pologne, recevaient un soutien d'unités de la Cat. II, positionnées à l'arrière, en Biélorussie ou en Ukraine, et ainsi de suite. Leurs propres unités de soutien se trouvaient positionnées à leur tour dans la République soviétique de Russie, et ainsi de suite.

Lorsque tout cela a pris fin, tout ce système est parti à vau-l'eau. La Russie a repris à son compte le matériel des pays du Pacte de Varsovie, et l'Ukraine, par exemple, a nationalisé ce qui se trouvait sur son territoire. À propos des unités de Cat. I postées en première ligne, la Russie était responsable de l'équipement et de son transfert en Russie. Quant au personnel, les conscrits sont rentrés à la maison et les soldats des différentes nationalités sont repartis chez eux. En bref, d'un jour à l'autre, une division blindée prête au combat s'est transformée en un tas d'équipements destinés à être rapidement rapatriés en Russie par un personnel en sous-effectif. Je ne pense pas qu'il y ait eu des unités de Cat. I en Biélorussie ou en Ukraine. Je crois me rappeler qu'il n'y avait là que des unités de Cat. II. Ces transferts ont été réalisés assez rapidement, et le système soigneusement élaboré a été détruit. J'ai l'habitude d'expliquer ce qui s'est passé par l'analogie suivante : les Russes avaient le fer de la lance et l'Ukraine et la Biélorussie la hampe. L'un et l'autre inemployables sans l'autre partie. Mais les gigantesques dépôts d'équipements nécessaires pour transformer les unités de Cat. II en Cat. I sont restés en Ukraine (ou en Biélorussie).

Pendant des années, la Russie a prétendu que les sites sur son territoire abritaient des divisions réelles. À l'époque, j'étais en contact permanent avec nos forces en Europe et des inspecteurs chargés de l'application du Traité de Vienne, mais la seule chose que trouvaient ces inspecteurs, lorsqu'ils débarquaient sur le site d'une prétendue division de fusiliers mécanisés ou division blindée, c'était des champs entiers de blindés mal entretenus, des officiers et pas de troupes. Nous imaginions à l'époque que le secret que les Russes cherchaient à garder était qu'ils n'avaient pas de soldats : « Ouais, en fait, ils sont sur le terrain, à l'entraînement ! » « C'est ça ! sans officiers et sans blindés ? » Mais comme le traité ne concernait que les équipements, et que les Russes coopéraient totalement là-dessus, ce n'était pas un problème. Entre parenthèses, l'entraînement était impossible. Je me souviens d'une femme russe me disant que son frère commandait une compagnie où il y avait deux soldats ! L'expression technique utilisée était « unités vides ».

Et puis, brutalement, un été (j'ai oublié l'année ; au cours des deux années séparant les deux guerres en Tchétchénie), nous avons reçu un flot de notifications (selon les règles du Traité) qui disaient toutes : « Supprimez de la liste la division mécanisée X., et remplacez-la par la Base d'approvisionnement n. Y, au même endroit. » Lorsque cela a été terminé, il y avait un nombre bien inférieur de divisions (transformées peu à peu en groupe de brigade indépendant) et de nombreuses bases d'approvisionnement. Après réflexion, nous avons pensé que l'idée de base d'approvisionnement était une tentative pour créer des emplois plutôt que de payer des retraites à des officiers en surnombre. Dans les réunions, à l'époque, les militaires russes nous disaient tout le temps qu'ils ne pouvaient pas payer les retraites et le logement des centaines de milliers d'officiers en surnombre. Les autres degrés de la hiérarchie étaient plus faciles à réduire, bien entendu. Les conscrits, il suffisait de les renvoyer chez eux plus tôt. Ces changements étaient la preuve que le vieux système soviétique avait disparu pour toujours.

Les choses ont commencé à changer ensuite. Je me souviens parfaitement de l'un des inspecteurs revenant très excité de l'inspection d'une brigade à Bouïnaksk, en 98 ou 99. Là-bas, ils avaient enfin trouvé une unité avec tout le matériel nécessaire, les hommes et, plus significatif encore, un officier pour commander tout cela. Plus personne ne prétendait qu'une poignée d'officiers fatigués, un champ de matériel, par un coup de baguette magique, se remplirait un jour de conscrits pour devenir une authentique division. Ce processus a dû commencer dans le Caucase du Nord, et est l'une des nombreuses raisons des meilleures performances des Russes dans la seconde guerre de Tchétchénie.

À la fin du processus, l'Armée russe : 1) disposait des commencements d'une structure rationnelle ; 2) avait abandonné l'utopie d'une gigantesque armée formée de nombreuses divisions, avec des problèmes momentanés de main-d'œuvre ; 3) des pseudo-divisions, disposant de stocks d'armes mal gardés par des officiers démotivés, se transformaient en quelque chose de plus sûr et de plus approprié, et le processus d'élimination d'armements obsolètes et dangereux pouvait commencer. Avec un gouvernement stable et de l'argent, beaucoup d'améliorations ont été apportées depuis 2000.

Rien de tout cela ne s'est produit pour les forces armées ukrainiennes (UAF). Il n'est pas difficile d'imaginer que le territoire ukrainien était couvert d'armureries mal gardées et de « formations vides ». Un officiel russe a récemment confirmé cela en affirmant :


« Lorsque l'URSS s'est effondrée, le territoire ukrainien était rempli de millions de fusils, de mines, de postes d'artillerie et d'autres armes. La zone où se déroulent les combats, où Kiev mène aujourd'hui ses opérations punitives, n'est pas une exception. Il y avait là des armureries dont les milices se sont emparées. »

On dit qu'à Slaviansk, en particulier, il y en avait une particulièrement importante dans une ancienne mine.

En bref, l'UAF est dans l'état où étaient les forces russes dans les années quatre-vingt-dix, plus une quinzaine d'années supplémentaires d'abandon. La plupart de ces équipements abîmés ne sont plus en état de marche. Mais si vous cannibalisez 100 chars pour en obtenir 10 en état de marche, c'est mieux que rien. Ici, nous devons nous rappeler que le Donbass est un pays de mécaniciens, de techniciens, d'artificiers, etc., sans parler qu'il compte plein de types qui ont servi en Afghanistan. La plupart des armes utilisées en Ukraine datent de l'époque de la guerre en Afghanistan. Le lance-roquettes multiple BM-21 « Grad », l'arme la plus puissante entre les mains des rebelles, et responsable de destructions effrayantes, par exemple, est en service depuis les années soixante. Les deux caractéristiques du matériel soviétique : facile d'emploi et très très rouillé. On a même vu des types remettre en marche un T-34 qui avait passé au moins 50 ans posé sur un plot en béton sous la pluie et la neige : toutes les caractéristiques évoquées plus haut illustrées d'un seul coup ! [1]

L'autre détail que nous avons appris au moment de l'effondrement est que, à la différence de l'Occident, où les arsenaux sont éclairés à gogo, ceinturés de clôtures barbelées, gardées par des patrouilles armées, etc., qui les rendent très visibles, mais très bien protégées, le style soviétique était d'avoir des sites beaucoup plus discrets, dans des lieux à l'écart, et de se fier davantage au silence pour les sécuriser. Une ancienne mine, comme il y en a beaucoup au Donbass, est l'idéal. Étant donné que le quartier-général de l'Armée soviétique était à Moscou, il est très possible que le gouvernement ukrainien n'ait même pas eu connaissance de la localisation de beaucoup de ces dépôts. L'un des services rendus par Moscou aux rebelles peut avoir été de leur indiquer où chercher.

À partir de là, je n'ai aucune difficulté à imaginer les rebelles pillant un dépôt pour s'emparer d'armes et de munitions. Ils ont le personnel pour les reconditionner et de nombreux vétérans de l'ex-Armée soviétique pour les faire fonctionner. À cela, on peut ajouter le matériel capturé sur leurs positions après la fuite des conscrits ukrainiens, et certains éléments achetés officiellement ou sous le manteau.

Finalement, tout ce dont ils pouvaient avoir besoin de la part de Moscou, c'était une certaine forme de commandement, des équipements de contrôle et du renseignement.

Le problème de l'Ukraine aujourd'hui, est qu'elle dispose des restes rouillés pendant deux décennies de ce qui était supposé à l'origine être la ligne de soutien des éléments les meilleurs et les mieux préparés, mais jamais une force valant pour elle-même. Et, pendant ces années-là, Kiev a vendu le meilleur à l'étranger (la Géorgie s'est approvisionnée auprès de l'Ukraine) et a laissé pourrir ce qui restait. Ainsi, les rebelles et les forces de Kiev sont bien mieux équipés que ce qui aurait été normalement le cas lors d'une révolte de la périphérie contre le centre. Les uns et les autres apprennent sur le terrain, mais les rebelles sont bien plus motivés, tandis que Kiev peut disposer d'un stock d'armement bien plus important.

Mais les rebelles s'améliorent bien plus vite que l'on s'y attendait, et ont un bon stock d'armes et de munitions. C'est l'une des raisons pour lesquelles beaucoup se sont imaginés à l'Ouest qu'ils étaient aidés par les Russes.

II. Les rebelles ont-ils eu des armes secrètes ?

Deux armes décisives dans cette guerre ont donné la victoire aux séparatistes : les missiles anti-aériens portatifs et le lance-roquettes multiple Grad (« grêle »). Au commencement du conflit, Kiev disposait de la supériorité aérienne totale. Peu d'hélicoptères et d'aéronefs, mais les seuls disponibles sur le terrain. En face, les rebelles disposaient de stocks de Sam-7, des lance-missiles portatifs. Comme beaucoup d'armes soviétiques, depuis sa mise en service dans les années soixante-dix, il avait été modifié et modernisé par étapes, et produit en grande quantité. Il est guidé par infra-rouge et mis en œuvre à l'épaule. Il est plus efficace contre les aéronefs attaquant le lanceur de face, c'est-à-dire lorsque l'aéronef se situe dans un angle de tir fermé. Selon le Kiev Post, Kiev aurait perdu dix hélicoptères et neuf avions. Le chiffre est probablement supérieur, mais l'essentiel est que ce système d'arme a réellement anéanti la supériorité aérienne du régime de Kiev. Soit ils ont détruit les avions, soit ils les ont obligés à voler à une altitude ou à une vitesse supérieure et, par conséquent, à être moins efficaces. Ces armes ont transformé la guerre en combat au sol.

Mais la véritable destruction des forces de Kiev, évoquée plus haut, a été réalisée avec les lance-roquettes Grad. Autre système d'arme ancien, le Grad est un camion dont la plateforme supporte 40 tubes lance-roquettes de 122 mm. L'arme n'est pas d'une grande précision – c'est ce qu'on appelle une « arme de zone » – mais le fait que les quarante roquettes peuvent être tirées en vingt secondes signifie qu'avec à peine quelques coups, on peut balancer une quantité effrayante d'explosifs en quelques instants. On trouve de très nombreuses vidéos de tirs de Grad sur Internet, et qui montrent l'efficacité des tirs, en particulier dans les « chaudrons » (ou « Kotiol » en russe). La majorité des rebelles, comme je l'ai déjà dit, sont des gars qui connaissent le terrain : les routes secondaires, où conduit ce sentier forestier, où se trouve cette colline et comment y arriver sans se faire voir. Les forces de Kiev ne connaissent pas la zone, possèdent des cartes notoirement inutiles (certains informations parlent de cartes des années vingt), et ne disposent pas d'informations.

Parce qu'elles s'appuient sur leur matériel lourd, elles restent cantonnés sur les axes principaux. Leur encadrement est ouvertement incompétent, les troupes sont composées soit de conscrits peu motivés, sous-entraînés, enrôlés de force, soit d'unités de « volontaires » motivés et débordants d'enthousiasme, gonflés aux jeux de guerre vidéos, qui se lancent sur les routes et se retrouvent pris au piège. Dans tous les cas, les forces d'éclairage des rebelles ont facilement repéré leurs positions et désigné les cibles. Quelques coups de réglage, une centaine de roquettes ou plus... C'est ce qui s'est produit à de nombreuses reprises. Le tout accomplit par de petites unités (comme le fameux groupe « Motorola ») et quelques Grad positionnés dans un rayon de vingt kilomètres.

III. Pourquoi ce retournement spectaculaire de situation ?

« P'tits gars contre gros costauds »

Beaucoup, à l'Ouest, se demandent comment les rebelles du Donbass ont bien pu battre les forces ukrainiennes sans une aide considérable de la Russie. Mais c'est oublier que la chose s'est déjà produite de nombreuses fois. Des « petits gars » ont souvent battu de « gros costauds ». Les Vietnamiens ont battu les Américains, les Israéliens ont battu les Arabes en 1948. Mais l'exemple le plus valable pour nous, c'est d'observer comment les Finlandais ont battu les Soviétiques pendant la « Guerre d'hiver ».

En 1939, les Soviétiques franchirent la frontière finlandaise sur toute son étendue. Les Forces armées finlandaises, réduites et peu mécanisées, étaient déterminées et connaissaient le terrain sur lequel elles combattaient. Elles étaient chez elles, après tout. L'Armée rouge était nombreuse, lourdement mécanisée pour les standards de l'époque, mais mal commandée. Staline venait d'éliminer ou d'emprisonner ses meilleurs officiers dans les Grandes Purges.

Qu'est-ce que firent les Finlandais ? Ils auraient pu se rendre ; mais ils étaient Finlandais, et peu disposés à cela. Ils devaient se battre sur deux fronts. Le premier était situé au sud, en Carélie. Là, ils comprirent qu'il ne pouvait y avoir de retraite. Ils construisirent la « ligne Mannerheim » et y installèrent tout l'armement lourd dont ils pouvaient disposer. Un mot finlandais défini leur tactique : « sisu », qui pourrait se traduire en français par « cran », « en avoir dans le ventre » ou « pas question de se rendre ». Un film illustre cette attitude, Talvisota (1989).

Mais les Soviétiques franchirent aussi la frontière nord. On raconte qu'ils avaient reçu en dotation des dictionnaires russo-suédois en vue de leur arrivée de l'autre côté du pays. Là, les Finlandais ne pouvaient pas concentrer leurs armes lourdes et leurs troupes, mais ils ne pouvaient pas non plus se permettre d'être battus.

En Finlandais, le mot « motti » signifie « bûche ». La tactique des Finlandais consista à « tronçonner » les envahisseurs. Le terrain était parsemé de forêts et de lacs gelés, terrifiants pour les conscrits russes [2], ukrainiens et biélorusses, mais un terrain de jeu familier pour les Finlandais. Ils tracèrent des pistes de ski parallèles aux routes utilisées par les Soviétiques. Ils « tronçonnèrent » les colonnes soviétiques avec des abattis (des arbres abattus en travers des routes formaient des obstacles infranchissables). Les groupes de soldats isolés se retrouvèrent pris dans un cauchemar hostile et glacé, avec pour seules ressources ce qu'ils avaient emporté comme nourriture, carburant et munition. Deux soldats se rapprochent pour allumer une cigarette : l'un d'entre eux est abattu par un sniper invisible. Une cuisine roulante est éclairée pour distribuer de la nourriture chaude : un sniper invisible abat le cuistot, un autre détruit la cuisinière. Des troupes soviétiques font une reconnaissance dans la forêt. Elles ne voient rien. Au retour, un sniper invisible abat l'officier. Des divisions soviétiques disparaissent. On ne retrouve que des véhicules détruits et des cadavres gelés. La tactique fonctionne : une force d'infanterie légère réduite, mobile, connaissant le terrain, triomphe de forces beaucoup plus puissantes. La tâche ne fut pas facile, les combats furent acharnés à certains endroits, mais, globalement, cinq ou six divisions soviétiques disparurent purement et simplement (lire A Frozen Hell, de William R. Trotter). À l'époque, bien entendu, la plupart des « experts militaires » parièrent sur les Soviétiques : plus de chars, plus d'avions, plus de troupes, etc. Comme aujourd'hui la plupart des « experts militaires » ont probablement prédit la victoire de Kiev sur les rebelles.

Or, c'est à peu près la même chose qui s'est passé dans l'Est de l'Ukraine. Le mot employé là-bas est « chaudron » (« Kotiol » en russe). La différence principale est que vous ne pouvez pas créer des « motti » dans une zone de plaine, seulement des « Kotioly ». Mais la technique est à peu près la même. Collées aux routes, mal commandées, de lourdes unités mécanisées s'avancent trop loin, et se retrouvent coupées de leurs bases. Parfois, elles peuvent rompre l'encerclement, mais la situation s'aggrave si elles restent immobiles : chaque jour, elles disposent d'un peu moins de nourriture, de carburant, de munitions et d'eau. Leur choix est simple : la mort ou la reddition. En Ukraine, les choses se sont passées en été. Au moins les Ukrainiens ne sont pas morts gelés comme des milliers de Soviétiques dans les « motti ».

Et voilà comment les « p'tits gars » (mais qui ont dû être drôlement courageux et déterminés) peuvent battre les « gros costauds ». Nous avons vu la même chose en Irak ou en Afghanistan, d'ailleurs. La différence est que les insurgés afghans ou irakiens sont empêchés par la maîtrise de l'air des Américains de se concentrer pour former des « motti » ou des « Kotioly ». Une autre ressemblance, et de taille, entre l'Ukraine, la Finlande, le Vietnam, l'Afghanistan et Israël en 1948, note James Clapper, directeur du NIA (USA), est que les attaquants n'ont pas prévu « la volonté de combattre » de l'adversaire. En juin, Porochenko déclarait que toute l'affaire serait traitée rapidement : « En heures, pas en semaines ! » Mohammed Ali, grand stratège militaire, le disait : « Lorsque vous n'avez pas la force d'attaquer frontalement, voletez comme un papillon et piquez comme une guêpe. » Et découpez-les en « motti » si vous en avez l'occasion !

Notes

[1] Il suffit de visionner quelques vidéos pour constater la rusticité et l'ancienneté du matériel employé : pas ou peu d'électronique dans les nombreux blindés des années soixante, voire cinquante ; tout à fait à la portée d'un mécano ou d'un vétéran débrouillard. – NdT.

[2] Souvent originaires du Sud de l'URSS, car Staline doutait de la loyauté des conscrits de la zone frontalière – NdT.

Trad : ER
Publié par Bertrand Riviere à 20:40

Voir aussi :
http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/nos-gentils-voisins-ukrainiens-159594

JacquesL

Kiev est en train de perdre la guerre, et voici comment :
http://www.4thmedia.org/2015/01/kiev-losing-its-war-here-is-why/

CiterUkraine's Government Is Losing Its War. Here Is Why:




On January 27th, Ukraine's Ministry of Defense headlined "Militants Continue to Suffer Losses," and reported that four helicopters, and other weapons of the "militants," were destroyed in battle, but no evidence was given to support the assertion.

Just two days prior, the (also pro-Government) Kiev Post had, in fact, bannered "Ukraine Hides Devastating Losses as Russia-Backed Fighters Surge Forward," and reported "Ukraine's worst-kept secret — that the Ukrainian army is drastically understating its casualties."

After detailing, there, what seems to be outrageous unconcern by the Government, for the welfare of troops it's sending into battle (even by jamming battlefield-injured soldiers into regular civilian hospitals, which aren't equipped to handle their injuries), this report ends with a doctor saying, "It's bad everywhere. Yes, the soldiers are still standing at their positions ready to fight. But we don't see any help coming for them."

The Ukrainian news agency RIAN headlined on January 26th, "Mobilization in Dnipropetrovsk Almost Drowned," and reported, "In Dnipropetrovsk region [which is run by the U.S. White House's friend, the Ukrainian-Swiss-Israeli billionaire Ihor Kolomoysky, whose longstanding personal mercenary army has, alone, more than 5,000 fighters], thousands of men are hiding from the draft. Enforcement officers recognize that accomplishing their task will be very difficult."

More than 2,000 people there who were drafted "did not show up, they evaporated."

Consequently, the Government is dragooning-in, or "ambushing" (as the article says), virtually anyone who seeks help from the Government, "mobilizing the unemployed" and other "desperate" people. "Military enlistment offices complain" that some draftees are too sick to be able to fight at all.

Also on January 26th, the Fort Russ blog bannered, "Azov Commander Freaks Out, Calls the War 'Lost'. Blames Everybody," and reported that, "Ukrainian politicians and generals 'already lost the war,' and 'the West did not help.' That's the core of the statement by Azov punitive [meaning: to 'punish' the residents in the anti-Government region, for their not supporting the Government] battalion commander's, and currently also Rada [Parliament] Deputy's, Andrey Biletsky, in his 'Address to the Nation.'"

According to Biletsky, after the fictitious "thousands of supposedly killed enemies and burned out tanks, the wake-up can be very painful," because of disappointment felt from the Government's lies.

RIAN news headlined on January 27th, "The Situation at the Front and Riots Against the Mobilization,"and Andrew Vajra, of the news-site "Alternative," quoted Biletsky there, as saying, "We were not prepared for the current confrontation."

Whereas Ukrainian conscript soldiers are not eager to risk their lives in order to impose the current Ukrainian Government (which had resulted from Obama's coup in Ukraine in February 2014), upon the residents in Ukraine's Donbass region, which had voted 90% for the man whom Obama overthrew, the residents who still survive there are very eager not to allow this new regime to kill them; and, so, the motivation on the part of the people whom Obama's forces are trying to kill, is vastly higher than is the motivation on the part of conscript troops, from the rest of Ukraine, to kill them.

The only troops who are that eager to kill them are supporters of Ukraine's two nazi (or racist-fascist) parties, the "Freedom" (renamed by the CIA from their former "Social Nationalist") and the Right Sector, Parties. T

hose parties have always gotten only a small percentage of the popular vote in Ukraine, though Obama's people haveplaced them into power. Once in power, they passed laws to lock-in that power.

The Ukrainian Government's problem is that there just aren't enough nazis, and there's also not enough money, to do the amounts of killing that need to be done in order to enable Obama's Ukrainian regime to retain the land in Donbass while eliminating the people there.

The 90% of those people who had voted for the man (Viktor Yanukovych) whom Obama overthrew are far more numerous, and far more motivated, than are the vast majority of Ukraine's soldiers.

America's and Ukraine's oligarchs cannot come up with the money to finish the job, but Obama's big financial backer George Soros is now globetrotting in order to convince taxpayers throughout the West to provide the money to finish it, and the amount he's coming up with as being necessary for the job is between twenty and fifty billion dollars. His entreaties appear to be falling upon deaf ears.

And that's the real reason why Obama's war in Ukraine is failing: there's just not enough blood-lust for the task, either in Ukraine, or in "the West."

There aren't enough nazis, in either area. Obama had over-reached, when he overthrew Ukraine's democratically elected President, Viktor Yanukovych, in February 2014.

Either he'll have to yield-up the land in Donbass, or else he'll have to yield-up the anti-Russian Government that he has imposed upon Ukraine. It's one or the other, and he'll have to choose which.

Either outcome will be embarrassing for him. But perhaps it won't be quite as embarrassing for him as was his predecessor's embarrassment regarding the Iraq War. (Of course, Republicans would be in their glory then, by saying "Obama lost Ukraine," even though it was actually Obama who had seized Ukraine, to begin with — and Republicans would never criticize a President for doing a thing like that: it's the sort of thing that Republicans are expected to do.)

On the other hand, it might turn out to be even more embarrassing than that for Obama, if he should happen to decide to go all the way here, and to push on for a nuclear war against Russia.

As regards the Ukrainian Government itself, they were placed into power by Obama's action of coup, followed by this Ukrainian Government's actions removing the Donbass residents from their electorate; and, so, the current members of the Rada, and of the Ukrainian Administration, cannot blame Obama; they are instead blaming Vladimir Putin and Russia — the country that Obama (like George Soros and so many other American aristocrats) hates, and that not merely the people whom Obama placed into power in Ukraine hate.

Thus, on Wednesday, January 28th, RIAN news headlined, "Full Text of the Appeal for Recognition of Russia as Aggressor," and they reported:

"The Verkhovna Rada made ??public the full text of Resolution number 1854 on appeal to the United Nations, the European Parliament, the Parliamentary Assembly of the Council of Europe, NATO Parliamentary Assembly, the Parliamentary Assembly of the OSCE, GUAM Parliamentary Assembly, and the national parliaments of the countries in the world, to recognize the Russian Federation as the aggressor state."

Furthermore, German Economic News reported that this action by the Rada had been passed by "271 of 289 deputies present," and that it could "have international legal consequences." GEN's report also said that Ukraine's leaders claim they now "urgently need new loans" from the EU, because, otherwise, Ukraine's existing loans will go into default.

The reader-comments to that news-report at GEN's website seem to be negative on that request, and to be far more inclined to view Ukraine's Government as nazi than as Ukraine's being the victim of Russia or any other country, and least of all as being a victim of the EU's own taxpayers, who have already given plenty to the Ukrainian Government, and who would become the people bearing the burden of those new 'loans,' which would be going to the very back of Ukraine's long line of creditors, if Ukraine goes bankrupt, as is widely expected soon to happen. In other words: there would seem to be little public support in Germany, for giving Ukraine yet more money.

If the EU's leaders do decide to comply with Ukraine's urgent request, then the EU will have even less public support in Germany than it currently does. The EU is therefore likely to turn down the request, so as not to place even further into jeopardy the EU's own continued existence.

And, obviously, unless Ukraine gets the further 'loans' to prosecute its war against the residents in Donbass, Ukraine won't even possibly be able to win this war.

So, that's the Ukrainian Government's predicament, regarding this war.

—————
Investigative historian Eric Zuesse is the author, most recently, of  They're Not Even Close: The Democratic vs. Republican Economic Records, 1910-2010,  and of  CHRIST'S VENTRILOQUISTS: The Event that Created Christianity.

http://www.4thmedia.org/2015/01/kiev-losing-its-war-here-is-why/print/

JacquesL

Qui est piégé dans la poche de Debaltsevo ?

Citation de: VolkinSujet : Donbass : le piège de Debaltsevo
Date : Sun, 01 Feb 2015 18:44:54 +0100
De : Volkin <gvolkin@yahooo.ca>
Organisation : Guest of ProXad - France
Groupes de discussion : fr.soc.politique

On ne voit pas passer beaucoup de commentaires concernant la situation militaire au Donbass. Or les séparatistes sont sur le point de remporter une victoire militaire significative.

Les troupes ukrainiennes stationnées à Debaltsevo (Debaltseve) sont presque totalement encerclées ... en tout cas dans l'incapacité de quitter la localité ou de recevoir de l'aide.

Les séparatistes ont pris position sur les hauteurs environnantes et la route qui relie Debaltsevo au reste des territoires contrôlés par les ukrainiens se retrouve à moins de 2 km des canons ennemis, sous le feu croisé de DNR à l'ouest et LNR à l'est.

http://ic.pics.livejournal.com/dragon_first_1/72271520/72691/72691_original.jpg

La position de Debaltsevo avait un intérêt stratégique car elle gênait la communication directe entre Donetsk et Lugansk et d'autre part elle pouvait servir de point de départ pour une offensive contre les rebelles.

Elle se transforme en piège comme à Illovaïsk au mois d'août 2014 quand les ukrainiens ont perdu environ le moitié des 2500 soldats encerclés.

Maintenant c'est environ 8000 soldats ukrainiens et une part très significative, on parle de 40%, de tous les véhicules de combat dont dispose l'armée ukrainienne.

Citation de: VolkinSujet : Re: Donbass : le piège de Debaltsevo
Date : Sun, 01 Feb 2015 22:16:09 +0100
De : Volkin <gvolkin@yahooo.ca>
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> Quel est l'espérance de vie politique de Porochenko ? En mois, en
> semaines ?

Difficile à dire.

Ceux qui ont participé au putch de fevrier 2014 ce sont :
les  nationalistes, les idéalistes naïfs, les opportunistes.

Les premiers n'ont eu que peu de places de pouvoir mais ont fait l'essentiel de l'effort de guerre. Ceux qui sont encore en vie se sentent trahis. Ils manifestent, occupent de nouveau des administrations, il semble qu'il y a déjà des affrontements militaires entre les unités nationalistes et les troupes régulières.

Les seconds, à la fois ceux qui croyait à la fin de regne des oligarches et ceux qui croyaient que l'Europe allait leur apporter la prospérité sur un plateau ont compris qu'ils se sont fait avoir. Ils sont maintenant dans un état de choc. Bon, c'est l'hiver là-bas, sans gaz ni charbon, mode survie enclenché.

Enfin les derniers, les opportunistes, comme cela se doit attendent avec impatience l'opportunité de retourner la veste.

Tout va dépendre de la position de l'Occident. Poroshenko peut tenir 3 jours ou 3 ans. Enfin, ... pour qu'il tienne 3 ans il faudra probablement se mouiller militairement.

Citation de: VolkinSujet : Re: Donbass : le piège de Debaltsevo
Date : Wed, 04 Feb 2015 16:32:04 +0100
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L'étau se resserre :
http://ic.pics.livejournal.com/dragon_first_1/72271520/73752/73752_original.jpg

Les séparatistes auraient fait leur première sortie aérienne, les lieus de frappes sont indiqués sur la carte.
Voici l'avion, un Su-25 :
http://cs7008.vk.me/v7008519/2156a/D4XWQX2wvnw.jpg
(Personnellement j'en doute ...)

Sujet : Re: Donbass : le piège de Debaltsevo
Date : Thu, 05 Feb 2015 23:31:05 +0100
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La situation est tellement critique qu'on envoie Merkel et Hollande négocier l'arrêt des hostilités.

Sujet : Re: Donbass : le piège de Debaltsevo
Date : Mon, 09 Feb 2015 13:43:41 +0100
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Apparemment les séparatistes ont pris le contrôle de la petite localite de Logvinovo qui se trouve sur la route entre Debaltsevo et Artemovsk en coupant totalement cette liaison.

http://colonelcassad.livejournal.com/2039535.html

Le couvercle de la marmite c'est refermé. On laisse cuire le fenouil (ukrop en russe) à feux doux ...




Qui est piégé dans la poche de Debaltsevo ?

Bin, des soldats américains et français, des baltes, des polonais...
Qui pourra nous expliquer ce que faisaient là des soldats français, dans une guerre qui officiellement n'est pas la leur ? Ah oui, c'étaient juste des mercenaires...



http://www.agoravox.tv/actualites/international/article/giulietto-chiesa-sur-l-ukraine-l-48883

Ils ne peuvent s'en sortir sans un secours américain rapide.
http://ic.pics.livejournal.com/dragon_first_1/72271520/72691/72691_original.jpg
Cliquer sur l'image pour la faire apparaître en vraie gandeur.




http://colonelcassad.livejournal.com/2039535.html

Texte traduit de l'original Giulietto Chiesa :
Citer
* * * TRANSCRIPTION * * *

Le signal d'alarme d'une guerre en Ukraine s'est finalement déclenché. Tardivement, mais il s'est déclenché. Il aura fallu la visite éclair de Merkel et Hollande à Kiev puis à Moscou. Une visite très importante à tous points de vue, une nouveauté. Aucune information n'a filtré, tout le monde se tait, aucun compte-rendu final, et les tractations se poursuivent. Impossible donc de tirer des conclusions pour le moment. Mais les faits, ou ce que l'on en sait, parlent d'eux-mêmes. Je vais donc tenter de faire le point avec vous en rassemblant les informations dont nous disposons, mais en distinguant ce que nous savons, puisque nous l'avons vu, et c'est peu de choses, de ce que l'on peut déduire, qui représente bien plus.

Tout d'abord, ce voyage improvisé et très secret des dirigeants des deux principaux pays européens. Cinq heures avec Poroshenko, et quatre ou cinq heures à Moscou avec Poutine. Chacun sait qu'on ne parle pas cinq heures si on n'a rien à se dire. Mais la question est : pourquoi maintenant, et de cette façon ? L'Europe de la France et de l'Allemagne semble s'être réveillée maintenant après avoir accepté en 2014 presque toutes les manoeuvres des USA. Sous la pression, certes, mais ils les ont acceptées.

Pourquoi maintenant ?

Je pense que c'est lié à la décision américaine d'allouer immédiatement un milliard de dollars pour réarmer l'Ukraine, suivi de deux autres, en 2016 et en 2017. Une décision qui a dû inquiéter considérablement l'Europe. Et donc, Merkel et Hollande ont fait ce voyage pour signifier aux USA leur désaccord. Chacun à sa manière a d'ailleurs dit, à demi-mot, que ce serait un pas de plus vers la guerre contre la Russie. Et prononcer cette phrase équivaut à condamner l'idée d'un armement de l'Ukraine en cette période. D'ailleurs, Mme Mogherini, interviewée par La Repubblica, a dit exactement ceci : "donner des armes à l'Ukraine maintenant équivaudrait à aller vers la guerre." C'est très clair. Je n'accorde pas plus d'importance que cela aux déclarations de Mme Mogherini, mais si elle l'a dit, c'est qu'elle pouvait le faire, qu'elle était autorisée à le faire. Nous savons que Mme Mogherini n'était ni à Moscou, ni à Munich, ni à Kiev, c'est dire combien elle compte peu dans cette affaire, mais le fait est qu'elle l'a dit.

Mais ce qui confirme indubitablement que quelque chose s'est produit, c'est que Associated Press, et d'autres sources américaines, ont laissé filtrer et nous savons bien que tout cela a une signification, ont laissé filtrer que Hollande et Merkel avaient fait cela sans avertir Washington. C'est un signal, et venant de sources américaines, je pense qu'on peut le croire.

Une brèche s'est donc ouverte. Hollande et Merkel ont signifié à Obama qu'ils ne veulent pas d'une escalade militaire. Même John Kerry confirme tout cela : à Munich, il a déclaré que les USA et l'Europe sont d'accord sur tout. Quand on dit ce genre de chose, c'est qu'en réalité c'est le contraire. Quand on affirme une telle unité, c'est que l'unité n'est en réalité pas aussi forte que ça.

Notons que certains pays sont laissés de côté, comme l'Italie, qui compte pour rien, l'Angleterre, la Pologne, et les trois républiques baltes pourtant très présentes dans cette affaire. L'Europe est divisée.
De l'autre côté, on a Poroshenko, qui s'est exprimé aussi, mais comme le ventriloque de Washington, en demandant des armes.

L'autre information que nous savons, qui nous vient non pas de ces rencontres, mais directement du terrain, est que l'Ukraine est à genoux militairement. Un milliard de dollars de matériel militaire américain va arriver sous différentes formes. On essaie de différencier les armes létales et celles non létales, mais après le rapport de la Brookins Institution qui demandait la livraison des armes, et connaissant la position du parti républicain, et l'absence de position d'Obama,il est clair qu'ils les livreront.

La question n'est pas seulement celle des armes, mais aussi de qui combattra. Selon des sources "prudentes" du Donbass, il semble que les rebelles indépendantistes sont en mesure d'avancer. Et Merkel et Hollande seraient allés à Moscou peut-être pour demander à Poutine pour qu'il tente de convaincre les rebelles de ne pas gagner trop "haut la main". Peut-être. Difficile de savoir précisément.

Mais le bruit circule, dans les agences de presse aussi, que l'un des secrets des tractations, qui a provoqué toute cette frénésie à Paris et Berlin, est que lors de la visite à Moscou, il a été demandé à Poutine d'intercéder auprès des rebelles pour qu'ils relâchent leur étreinte sur Debaltsevo, car dans ce cul-de-sac, seraient coincés 2000 hommes et pas seulement des soldats ukrainiens, il y aurait aussi beaucoup de soldats, disons, d'un contingent de l'OTAN "sous faux drapeau". Environ 700 hommes, américains, français, de la Légion étrangère, des services secrets allemands, des forces spéciales polonaises, et aussi un certain nombre de soldats, de volontaires ou plutôt de mercenaires provenant des 3 Républiques baltes.

Et donc, l'histoire cachée est peut-être qu'on est accouru à Moscou pour demander une faveur à Poutine, afin qu'il garantisse qu'on évite le massacre de tous ces militaires. Avec en échange la promesse que l'Europe s'opposera à l'envoi d'autres armes et d'autres mercenaires de l'OTAN sur le territoire de l'Ukraine. Hollande a immédiatement parlé d'une trêve, évoquant même un retrait de 50 à 60 km des troupes ukrainiennes, avec en plus une force d'interposition contrôlée également par la Russie, et a parlé de la concession d'une certaine autonomie au Donbass, qui accompagnerait le cessez-le-feu. Il faudra vérifier toutes ces informations.

Tout cela n'est pas du goût de l'Ukraine, mais le problème fondamental est que dans cette partie d'échecs, secrète, chacun des joueurs joue une partie différente de celle qui plairait aux autres. Il y a plusieurs parties en même temps, et certaines sont mortelles. Si quelqu'un se trompe de coup, l'Europe pourrait se retrouver en guerre. Ceux qui ont écouté mes commentaires ces derniers mois savent que j'appréhendais une telle situation depuis longtemps. Nous y sommes.

Il est probable que cette année se poursuivra au milieu des incendies et des bombes, et de nombreux morts, civils et militaires, dans chacun des deux camps. Je pourrais dire "que Dieu nous protège". Essayons quand même de rester optimistes, tout en sachant que nous sommes "sur le fil du rasoir".

Bonne chance à tous.

Giulietto Chiesa

Traduction et sous-titrage : Christophe pour ilfattoquotidiano.fr

JacquesL

Les pourparlers Hollande-Merckel-Poutine-Obama, c'est du vent (par "doctorix")
http://www.agoravox.fr/ecrire/?exec=articles&id_article=163547
CiterAucun de ces fantoches (à part Poutine), ne maîtrise le moins du monde la situation.
Celle-ci est aux mains du complexe militaro-industriel américain et de ses nombreuses agences, qui livrent des armes un peu partout, y-compris à Kiev, sans le moindre aval gouvernemental.
Aussi les discussions pour savoir si les USA vont ou non livrer des armes à l'Ukraine sont du pipeau, il y a des lustres qu'ils le font (avec des parcours de livraison rocambolesques, comme vous allez le voir).
Même pas sur qu'aucun des trois guignols ne soit au courant. Ils ne maîtrisent plus rien, n'ont jamais rien maîtrisé.
Le pouvoir est ailleurs.
Cet article de Philippe Grasset en apporte d'effrayantes preuves.
L'occident va t'il armer le régime nazi de Kiev ?... Il le fait déjà depuis un bon moment !!...
Des armes pour Kiev ? L'odyssée de l'AN-124/UR-82072

Philippe Grasset

11 février 2015

url de l'article en français :
http://www.legrandsoir.info/des-armes-pour-kiev-l-odyssee-de-l-an-124-ur-82072.html

Le commentateur étasunien Wayne Madsen donne un intéressant article, le 3 février 2015 sur Strategic-culture.org. Cet article, extrêmement minutieux quant à l'odyssée d'un exemplaire précis de l'avion de transport stratégique ukrainien An-124, permet de comprendre combien le débat actuel lancé par les EU pour la livraison d'armes "létales" au régime de Kiev est de pure communication.
La différence entre armes "létales" et "non-létales" est, à ce point, également pur artifice de communication. Un monstre de la taille de l'An-124 en pleine activité depuis de nombreux mois, d'une façon clandestines, indique sans aucune hésitation qu'il suffit de parler d'armes, ou de systèmes d'arme, sans précision hypocrite nécessaire.
L'article de Madsen s'attache à cette "odyssée" clandestine ou, disons, non-officielle puisque Madsen l'a mise à jour, de cet avion de transport Antonov An-124 immatriculé UR82072 appartenant à l'armée de l'air ukrainienne, sur plusieurs mois sinon plus d'une année (disons, depuis fin 2013). Il permet de comprendre que les livraisons d'armes à Kiev, y compris éventuellement en préparation du "putsch de Kiev" de février 2014, sont une routine stratégique complètement établie. Là, il ne s'agit plus de communication mais bien de réalités stratégiques en cours.
Une précision doit être apportée, parce qu'à première vue un seul avion effectuant des missions de transport pourrait, pour la perception courante, ne pas sembler constituer un fait décisif, disons de type stratégique, par la quantité de produits (des armes) impliquée. Avec l'An-124, ce n'est pas le cas, à cause des dimensions formidables de cet avion et sa non moins formidable capacité d'emport (120 à 150 tonnes) de systèmes allant jusqu'à des masses très importantes (locomotives, hélicoptères, chars, etc.). L'An-124 est le plus gros avion de transport stratégique au monde en service régulier, – et le deuxième plus gros avion au monde (toujours pour le service régulier), après l'Airbus A380. Un extrait de Wikipédia qui lui est consacré en donne une idée, impliquant que les déplacements de l'appareil qu'a identifié Madsen constituent l'équivalent du déplacement d'un groupe de six avions de transport militaire moyen (type-Transall, comme le précise l'extrait ci-après) : « L'Antonov 124-100 surnommé 'Ruslan' (Code OTAN : 'Condor') est le second plus gros avion au monde produit en série (le premier étant l'Airbus A380) ; l'avion le plus gros au monde hors série est l'Antonov An-225. Il permet de transporter les charges les plus diverses telles que locomotives, grues, satellites, bateaux. Cet avion est équipé de deux ponts roulants disposant chacun de deux palans pouvant supporter un poids maximum de 20 tonnes. Il peut peser jusqu'à 400 tonnes au décollage et embarquer jusqu'à 150 tonnes (120 t en version de base An-124, 150 t en version An-124-100) de charge utile (six fois celle du C-160 'Transall' des armées française et allemande)... »
Nous citons ci-dessous l'essentiel du texte de Madsen, qui est extraordinairement détaillé et renvoie sans aucun doute à une source clandestine du renseignement dont Madsen est coutumier d'accès. (Source EU ? Russe ? D'autres pays, également impliqués ? Le choix existe, mais on notera que Madsen fait allusion dans son texte au jugement de Poutine selon lequel l'armée ukrainienne est une "légion étrangère" au service du bloc BAO, EU et OTAN principalement. Les services russes doivent avoir suivi à la trace l'odyssée du An-124/UR82072, d'autant que l'armée russe a des facilités d'accès et de renseignement sur les équipements militaires ukrainiens venus de ses propres arsenaux et des constructeurs qui ont alimenté les forces militaires de l'URSS.) La lecture du texte de Madsen peut paraître fastidieuse, sur les vols de l'An-124 ainsi que les détails des escales qui concernent des lieux stratégiques de l'ensemble EU/CIA/OTAN et d'autres pays, etc. ; mais l'ensemble fournit une impression générale substantivée par tous ces détails précis d'une activité routinière extrêmement significative du point de vue stratégique du fait des caractéristiques inhabituels du An-124/UR82072, terminée par un commentaire sur la signification stratégique de ces livraisons. A la suite de ce long texte, nous proposons quelques remarques sur notre interprétation.
« ... Dans un remake des bonds de cabri autour du globe des avions cargos chargés d'armes de la CIA à l'époque de la scandaleuse affaire Iran-Contra, et des bonds plus récents pour approvisionner en armes les rebelles libyens chargés de renverser Mouammar Kadhafi, un Antonov AN-124 ukrainien (numéro UR-82072), un avion de transport militaire de gros tonnage enregistré comme « avion-cargo de transport international » et appartenant au « Bureau de Transport Antonov », a surpris les gens qui habitent à proximité de l'aéroport international Nikola Tesla à Belgrade en Serbie en y atterrissant le 28 Janvier 2015. L'avion ukrainien, le plus gros avion au monde, était un spectacle rare sur l'aéroport d'un pays qui soutient généralement la Russie dans son conflit contre Kiev.
»[Le Secrétaire d'État John] Kerry et [le commandant général de l'OTAN, Philip] Breedlove, parlent de la possibilité que l'OTAN se mette à faire des livraisons d'armes qui ont en réalité commencé l'année dernière. En Septembre 2014, le président ukrainien Petro Porochenko a déclaré qu'un certain nombre de pays de l'OTAN avait accepté de livrer des armes aux forces ukrainiennes, formées non seulement des troupes régulières ukrainiennes mais aussi de bataillons irréguliers financés par le seigneur de guerre milliardaire israélo-ukrainien, Ihor Kolomoisky, et constitués de néo-nazis, de forces étatsuniennes, de forces para-militaires et d'anciens membres des Forces de Défense Israéliennes. Lors du sommet de Septembre 2014 de l'OTAN au Pays de Galles, le conseiller du président ukrainien, Yuri Loutsenko, a déclaré que les Etats-Unis, la France, la Pologne, la Norvège et l'Italie avait accepté de fournir des armes à l'Ukraine, et le Canada a révélé plus tard qu'il avait également commencé à transférer des armes aux putschistes de Kiev.
»Les forces militaires ukrainiennes ont reçu, de l'OTAN, tellement d'aide militaire, d'assistance et de personnel que le président russe Vladimir Poutine a récemment déclaré que l'armée ukrainienne était en quelque sorte « la légion étrangère » de l'OTAN. Et selon des rapports fiables, l'OTAN a fourni au régime de Kiev des bombes à fragmentation mortelles qui sont utilisées contre la population civile en grande partie russophone de la région du Donbass dans l'est de l'Ukraine.
»L'AN-124 qui a atterri à Belgrade semble avoir apporté des armes en provenance d'un certain nombre de terminaux aériens de l'OTAN connus pour servir à ce genre de chose. De Bucarest, en Roumanie, où il est arrivé le 23 janvier 2015 en provenance de l'île italienne de Lampedusa, au large des côtes de la Libye, l'avion a décollé le 23 Janvier pour le New Jersey aux États-Unis. Lampedusa était une base d'étape essentielle pour l'approvisionnement d'armes aux rebelles libyens par l'OTAN pendant la rébellion fomentée par les Islamistes et l' occident contre le gouvernement Kadhafi. Bucarest est devenu une base importante dans le cadre du soutien militaire de l'OTAN à Kiev.
»Le 25 Janvier, l'Antonov a quitté l'aéroport international de Newark Liberty, au New Jersey pour Trondheim, en Norvège. Le 26 Janvier, l'avion de transport ukrainien a quitté Trondheim pour l'aéroport de Prestwick, à Glasgow, en Écosse. L'avion a décollé de Prestwick, le 28 Janvier et atterri le même jour à Belgrade. Prestwick était un centre de transit apprécié par la CIA pour le transport des détenus kidnappés* après le 9/11.
»Les États-Unis ont installé six unités de stockage dans les montagnes de Trøndelag, une région du centre de la Norvège dont le capital est Trondheim. Le matériel militaire américain, y compris des chars et des véhicules blindés, est stocké dans deux bases de l'armée de l'air norvégienne de la région, l'une d'elle étant localisée au même endroit que l'aéroport Værnes de Trondheim où l'Antonov ukrainien a atterri le 26 Janvier 2015.
»La destination du Antonov, en quittant Belgrade était Mombasa, au Kenya via Athènes. Selon des sources serbes, l'avion transportait « une cargaison spéciale » d'armes. On peut penser que le UR-82072 a déposé à Athènes, pour qu'elles soient ensuite réexpédiées en Ukraine, des armes collecltées dans les aéroports de l'OTAN de Lampedusa, Glasgow, et Trondheim, ainsi que des armes provenant des caches serbes chargées à Belgrade et, peut-être aussi, des armes américaines stockées à l'Arsenal de Picatinny dans le comté de Morris, dans le New Jersey, au site du Département de la Défense spécialisé dans les armes à feu et les munitions, et à la base navale de Earle, au New Jersey. Les deux bases d'armement sont très proches de l'aéroport international de Newark Liberty. L'AN-124 est basé de façon permanente à l'aéroport de Gostomel à Kiev. La visite de l'avion à l'aéroport de Newark a été qualifiée de « rare » par les locaux.
»Depuis que les combats ont éclaté entre les forces ukrainiennes et les séparatistes russophones de l'est de l'Ukraine, le mystérieux AN-124 ukrainien a été repéré partout dans le monde, chargeant probablement des armes. Le 18 juin 2014, il a été vu à l'aéroport International de Ben Gurion àTel Aviv. Auparavant, le 22 mai 2014, il avait été vu à Las Palmas, aux Canaries, sans doute pour se ravitailler. Les 1 et 6 janvier 2015 et le 23 novembre 2014, il a été repéré à l'aéroport de Leipzig / Halle en Allemagne ; le 2 Juillet 2014, il était à Luka International à Malte (Malte était aussi une base de transit pour les livraisons d'armes aux forces anti-Kadhafi pendant la guerre civile libyenne) ; le 15 Avril 2014, à l'aéroport Francisco Sá Carneiro à Porto, au Portugal et une semaine plus tard, le 27 avril, à l'aéroport Schwechat de Vienne. En juin 2014, l'avion de transport ukrainien a été vu à l'aéroport Logan de Boston, à Tulsa International à Oklahoma (là où ses trouve la base Tinker de l'armée de l'air étasunienne, un centre logistique majeur), et à l'aéroport international de Philadelphie (près de Rotorcraft Systems de Boeing à Ridley Park, en Pennsylvanie). L'avion ukrainien y serait arrivé en provenance de Ben Gurion à Tel Aviv pour charger un hélicoptère Agusta Westland ICH-47F Chinook, sous licence Boeing, pour l'armée italienne. Cependant, nul ne sait ce qui a été chargé en plus du Chinook destiné à Italie ni où cette « cargaison supplémentaire » a été livrée.
»Le 14 mai 2014, l'Antonov ukrainien a été vu à l'aéroport international de Calgary en Alberta. Calgary est un trait d'union important entre les complexes militaro-industriels canadien et américain. On y trouve la division de production de missiles Raytheon canadiens et les usines qui fabriquent la mitrailleuse Phalanx et l'équipement infrarouge et de ciblage des véhicules blindés, ainsi que General Dynamics, Harris Corporation, et les usines NovAtel qui fabriquent de tout, depuis les systèmes avioniques jusqu'au matériel de communications par satellite.
»Toujours en juin 2014, l'avion-cargo ukrainien globe- transporteur d'armes a été vu à l'aéroport international Ted Stevens d'Anchorage, en Alaska. En juin 2014, il a été vu à Buenos Aires. En octobre 2013, juste un mois avant le déclenchement, à Kiev, des manifestations du Maidan soutenues par la CIA et le Département d'Etat, l'UR-82072 a été vu sur la piste de l'aéroport international de Dulles, qui se trouve au milieu d'un complexe industriel partagé par l'armée et le renseignement américain dont la CIA, la Defense Logistics Agency, et les principaux fournisseurs de matériel de guerre comme Boeing et Lockheed Martin. Dulles accueille également une base militaire allemande sur le sol américain.
»Le 4 avril 2014, l'Antonov transporteur d'armes a été aperçu à l'aéroport international de Portsmouth, qui était auparavant la base Pease de l'armée de l'air et qui est désormais la base de la Garde Nationale de l'Air du New Hampshire. De là, il semble être parti pour Dakar, au Sénégal. Cependant, une des tactiques les plus courantes de la CIA et de l'armée américaine au cours de l'âge d'or de l'Iran-Contra était de faire enregistrer de faux plans de vol et de fausses factures de chargement. Le Mossad israélien a aidé à l'envoi clandestin d'armes américaines, comme le missile antichar TOW, vers Iran.
»En Septembre 2014, le transporteur d'armes ukrainien a été repéré sur une piste de l'aéroport international de Tbilissi en République de Géorgie. Non loin de lui, il y avait un avion-cargo C-17 Globemaster de l'armée de l'air étatsunienne censé livrer des armes en Géorgie. La rencontre du gros transporteur d'armes ukrainien et du C-17 sur l'aéroport de Tbilissi a coïncidé avec le sommet de l'OTAN au Pays de Galles. En 2013, l'avion ukrainien avait été impliqué dans le transfert.
»Il y a peu de doute que Breedlove, un va-t-en guerre impénitent, avait précédemment autorisé le transfert à l'Ukraine d'armes de l'OTAN via Tbilissi. La Géorgie et l'Ukraine ont formé une « alliance de membres-candidats à l'OTAN » contre la Russie sur une ligne de front s'étendant de l'Ossétie du Sud, à travers l'Abkhazie, l'Ukraine orientale et la Crimée, à la République de Transnistrie au nord de la Moldavie. C'est sur cette ligne de front que les stratèges de l'OTAN rêvent aujourd'hui d'affronter directement les troupes autochtones et russes qui protègent l'indépendance du groupe d'états composé de l'Ossétie du Sud, de l'Abkhazie, de Donetsk, de Lougansk, et de la Transnistrie ainsi que le flanc sud de la Russie, y compris la république autonome russe de Crimée et la ville fédérale russe de Sébastopol.
»Il est clair, si l'on en juge par les arrivées et départs du gigantesque transporteur d'armes ukrainien, que les déclarations de Breedlove sur l'éventualité de fournir à l'Ukraine des armes létales sont depuis longtemps caduques. Une fois de plus, l'Amérique a choisi la dangereuse stratégie de la guerre aux dépens de la diplomatie. Et, une fois encore, elle va payer un prix terrible, en sang comme en argent. »??• Une fois de plus, ces diverses précisions qui paraissent irréfutables sur l'activité routinière de livraisons d'armes depuis de nombreux mois à l'Ukraine, posent le problème du décalage extraordinaire, en contenu et en chronologie, entre la communication et les vérités de situation. Quel sens réel ont les conversations entre Obama et Merkel du 9 février sur la question des livraisons d'armes, et que représente l'opposition de la chancelière à ces pratiques qui se déroulent de façon routinière depuis de nombreux mois ? Plus précisément se pose à nouveau cette autre question : que savent Merkel et même Obama de ces livraisons d'armes quand on connaît l'autonomie d'action de facto des myriades de services et d'agences, américanistes et autres, dans cette sorte d'activité ? La même question vaut pour tous les dirigeants, parlementaires, etc., personnalités civiles qui sont en général tenues à l'écart des activités et des informations de ces services et agences du complexe de sécurité nationale du bloc BAO répondant directement aux impulsions de surpuissance du Système. A cet égard et tenant compte du fait irréfutable que la communication a remplacé la politique, il s'en déduit que la politique est totalement paralysée et inféconde et ne peut qu'entériner les faits accomplis que lui impose ce même complexe, une fois que ces faits sont devenus avérés et trop connus pour être niés. L'incursion de la communication des réseaux alternatifs et antiSystème complique encore plus le problème et rendent la politique des directions encore plus inopérantes puisque ces réseaux, par définition, travaillent à faire correspondre le plus précisément possible les informations de leur communication avec les vérités de situation. Pour qui s'aventure dans cette sorte de lecture, le texte de Madsen constitue un acte ridiculisant complètement les discussions Obama-Merkel sur le sujet des livraisons d'armes, et dégradant à mesure l'autorité et la légitimité de ces dirigeants politiques. Cette dégradation intervient effectivement, même pour ceux qui ignorent les précisions du type-Madsen, simplement parce que ces précisions circulent dans les milieux concernés et créent un climat favorable à cette dégradation.
(• Une remarque annexe à la présente est le constate l'extraordinaire autonomie d'action dont disposent les agences et services du complexe de sécurité nationale du bloc BAO. Cette autonomie s'étend à l'usage d'une myriade de bases dans de très nombreux pays, mais aussi à l'usage d'aéroports civils, y compris dans des pays étrangers inattendus par rapport à leur position politique (Argentine). Ces divers points impliquent des complicités, des liens secrets et officieux, entre les divers services, agences, armées, etc., de très nombreux pays dans le bloc BAO bien sûr mais aussi hors du bloc. Loin de faire penser à une sorte de complot mondial, l'ensemble laisse une impression de désordre planétaire et d'absence complète de contrôle des autorités politiques. Madsen a raison de comparer cette affaire à celle des livraisons clandestines US auxcontras nicaraguayen, dans les années 1984-1986. Mais l'action clandestine décrite ici est infiniment plus "globalisée", mieux organisée et quasi-"officiellement" si l'on peut dire, à cause de la présence active des services et agences, donc en essence très différente justement par le désordre et l'absence de contrôle.)

    Si l'on fait une hypothèse acceptable du volume des armes transférées vers Kiev ne serait-ce que par ces vols de l'An-124/UR-82072 (rien n'interdisant évidemment de supposer, avec toutes les raisons du monde, que d'autres livraisons ont eu lieu, par d'autres vols ou d'autres moyens), on comprend effectivement que l'armée ukrainienne a déjà reçu des quantités importantes de systèmes divers en provenance du bloc BAO. Diverses mesures, au niveau du déploiement, des processus d'autodestruction, etc., peuvent avoir protégé ces systèmes de saisies spectaculaires par les séparatistes, – outre que l'on ignore la politique de publicité ou non de telles éventuelles saisies que suivent ces mêmes séparatistes, notamment en fonction des pressions russes selon une politique qui s'est avérée jusqu'ici d'une prudence extrême et attentive à éviter toute provocation ou actes pouvant susciter une aggravation de la crise. Quoi qu'il en soit, la situation qui se révèle conduit à penser que, dans tous les cas, l'aide militaire occidentale à l'armée ukrainienne n'est en rien un facteur décisif pouvant changer les capacités de cette armée et la fortune actuelle de la guerre civile qui favorise les séparatistes. On peut donc avancer l'hypothèse que, si le bloc BAO, et les USA précisément, veulent une action militaire décisive contre les séparatistes, éventuellement pour forcer les Russes à une intervention plus directe, on en viendra à des engagements plus directs, c'est-à-dire des engagements de forces militaires du bloc BAO. Au reste, cet engagement devrait devenir inévitable si les livraisons de systèmes d'arme continuent et si des systèmes extrêmement avancés sont livrés, les USA notamment ne faisant aucune confiance à des forces non-US pour le maniement de tels systèmes.
    La conclusion générale de ces différents constats et hypothèses à partir du texte de Madsen et de ce qu'il nous dit de la situation en Ukraine, c'est que les faits sont très largement en avance des intentions pseudo-politiques, dans le sens de l'aggravation. Bien entendu, c'est bien peu de dire que le pouvoir politique a perdu le contrôle des événements puisqu'on sait bien qu'il ne l'a jamais eu... La crise ukrainienne présente aujourd'hui le cas extrême de la dissolution de toute action politique, dans tous les cas dans le chef du bloc BAO, bien plus que dans toutes les autres séries crisiques, – y compris celles du Moyen-Orient. Le complet transfert de la non-politique vers la communication, c'est-à-dire vers les narrative, explique le décalage stupéfiant entre le discours des directions politiques et les vérités de situation qui se succèdent. La crise ukrainienne est sans aucun doute le modèle ultime de la crise hors de tout contrôle politique, c'est-à-dire hors de tout contrôle humain rationnel, pour s'en remettre aux seules impulsions des acteurs du système du technologisme (services, agences, etc.), agissant évidemment dans le sens de la dynamique surpuissante du Système. La crise ukrainienne est la crise-Système par définition et, pour cette raison, elle nous entraînera très, très loin, et elle dupliquera évidemment le sort du Système lui-même.

Philippe Grasset
Traduction des parties en Anglais : Dominique Muselet
Note du traducteur :?*En Américain : rendition (extradition)

Pas sûr que cet article soumis à la modération paraîtra, alors je prends les devants.

JacquesL

Oh ! Quel poète dira la guerre fraîche et joyeuse, à la reconquête du Donbass !
http://civilwarineurope.com/2015/02/20/ukraine-donbass-premier-bilan-du-desastre-de-debaltsevo/ : 20 février 2015.
http://civilwarineurope.com/2015/02/19/ukraine-donbass-berezina-kievienne-a-debaltsevo/ : 19 février.
A Debaltsevo, des centaines de militaires ukrainiens rendent leurs armes  : 18 février.
http://civilwarineurope.com/2015/02/18/a-debaltsevo-des-centaines-de-militaires-ukrainiens-rendent-leurs-armes/

Ukraine / Donbass : un radar et un sniper US oubliés dans Debaltsevo ! http://civilwarineurope.com/2015/02/21/ukraine-donbass-un-radar-et-un-sniper-us-oublies-dans-debaltsevo/

JacquesL

http://lesakerfrancophone.net/les-rebelles-ukrainiens-pourraient-passer-a-loffensive-en-mai/

Citer
Les rebelles ukrainiens pourraient passer à l'offensive en mai

Par Yurasumy – Le 27 mars 2015 – Source: Russia Insider

En ce moment-ci, aucune des parties à la guerre civile en Ukraine ne possède la force nécessaire pour lancer une offensive à grande échelle. Mais d'ici la fin avril, les rebelles auront formé et mis en place de nouvelles unités.


Kiev peine à remplacer les pertes subies cet hiver

L'auteur de cet article est Yurasumy, un des blogueurs russes les mieux connus qui suivent la guerre au Donbass. Ses sympathies vont aux rebelles, mais il est capable d'analyses intéressantes non partisanes.

Quand des opérations offensives dans le Donbass seront-elles menées? Par qui? Quelle en sera l'ampleur ? Les interrogations et les supputations ne manquent pas à ce sujet et il y en aura encore plus à l'approche du déclenchement de ces opérations.

Du côté du gouvernement

Il serait naïf et stupide de croire à une offensive à grande échelle de la part de la junte au cours des prochaines semaines. La débâcle de Debaltsevo a non seulement sapé le moral et la confiance des troupes, mais a aussi causé des pertes matérielles colossales aux Forces armées de l'Ukraine (FAU). La campagne hivernale leur a coûté plus du quart de leurs véhicules blindés et chars et jusqu'au sixième de leur artillerie. La majeure partie de ces pertes sont totales et irréversibles.

Le matériel endommagé pouvant être réparé a bien sûr déjà été remis en état, mais les pertes de l'hiver ne peuvent être remplacées. Les unités des Forces armées de l'Ukraine ont adopté de nouvelles structures organisationnelles : batteries d'artillerie de quatre pièces ; bataillons qui ne sont plus mécanisés constitués essentiellement d'infanterie ; formation de nouvelles unités qui sont toutes désignées dès le départ comme des unités d'infanterie. Il n'y a même plus personne pour prétendre qu'elles sont mécanisées.

L'état de l'artillerie est plus ou moins stable. Mais des changements significatifs ont été apportés là aussi. L'artillerie des Forces armées de l'Ukraine est de plus en plus tractée, ce qui la rend plutôt vulnérable dans une guerre moderne. Il y a aussi une pénurie de certains canons montés sur véhicule (p. ex., obusiers mobiles Msta-B de 152 mm).

Le nombre de véhicules prêts au combat des unités de blindés est constamment revu à la baisse. L'époque où les Forces armées de l'Ukraine pouvaient engager simultanément dix bataillons de chars tout équipés et leurs équipages dûment formés est bel et bien révolue. Dans les deux cas, la pénurie était déjà visible pendant la campagne hivernale. Les équipages en cours de formation ont été envoyés au combat pour renforcer la ligne de front. Il n'y a pas assez de matériel et de personnel pour constituer de nouvelles unités. Il n'y a plus de matériel entreposé à long terme qui pourrait servir. Tout le matériel qui était en état de fonctionner a déjà été envoyé aux unités opérationnelles et on en a perdu une partie dans la bataille. Le nombre de chars nouvellement construits peut se compter sur les doigts d'une seule main. Tous les chars qualifiés de neufs ne sont en fait que des vieilles coques entièrement reconstituées. Il en reste encore environ 2 000. Sauf qu'il n'y a pas de pièces de rechange, pas de capacité de production et pas d'argent pour assurer une production de masse. Par conséquent, les Forces armées de l'Ukraine ne peuvent regrouper que l'équivalent de 6 ou 7 bataillons de chars, y compris le matériel des unités en formation. On compte officiellement 12 ou 13 bataillons de chars, mais leur potentiel se situe autour de 50 %. En outre, le rythme de construction permet aux Forces armées de l'Ukraine d'ajouter, tout au plus, un bataillon tous les deux mois si elles ne subissent pas de pertes au front.

La situation n'est guère meilleure pour ce qui concerne les autres véhicules blindés, dont les livraisons sont retardées. La raison est banale et même un peu comique: en imposant des sanctions contre la Russie, l'Occident a de facto créé un blocus militaro-technique de l'Ukraine. Beaucoup de composants d'une importance capitale, à commencer par les moteurs, qui ne sont pas montés en Ukraine, ne peuvent être acquis de l'étranger. Les fournisseurs occidentaux ont tous refusé d'en livrer. Cela a entraîné l'abandon de nombreux programmes importants : les livraisons de véhicules blindés Dozor-B n'ont jamais commencé ; le nombre de camions KrAZ fournis à des fins militaires se chiffre à quelques dizaines par mois même si, en théorie, l'industrie peut en construire des centaines ; et la production de véhicules de transport de troupes de type BTR est retardée en raison d'une pénurie de pièces de rechange, qui sont absolument nécessaires pour réparer le matériel endommagé.

L'ensemble de ces facteurs a privé la junte de la mobilité indispensable non seulement pour les nouvelles unités, dont bon nombre ne sont pas encore créées, mais aussi pour les unités mécanisées des anciennes brigades des Forces armées de l'Ukraine. Je suis tout à fait d'accord avec le rédacteur en chef de Tsenzor.net, Yuriy Butusov, qui dit que l'écrémage partiel d'une ressource aussi coûteuse que le matériel lourd en vue de le remettre à des unités nouvellement formées est une mesure plus dommageable qu'utile. Les nouvelles unités ne seront pas prêtes au combat avant l'été, et l'absence de blindés dans les anciennes unités va réduire considérablement leur capacité offensive.

Mais les problèmes ne s'arrêtent pas là. La première vague de démobilisation s'accélère. Kiev a décidé de ne pas prendre le risque de garder ces militaires en uniforme. Cela aura pour effet, temporairement du moins, de réduire les effectifs en personnel de ceux qui sont en première ligne au front (qui ne comptaient tout au plus que 30 000 à 35 000 soldats en janvier). Les effectifs en personnel ne pourront augmenter tant que les nouveaux contingents n'auront pas terminé leur formation (mai ou juin). Même leur capacité à maintenir leurs effectifs reste à voir. De plus, les soldats d'expérience démobilisés seront remplacés par n'importe quel quidam qui se sera fait pincer un peu partout en Ukraine et qu'on affublera d'un uniforme.

Conclusion. Je suis toujours d'avis que la junte ne mènera pas d'opérations offensives. Elle n'a la capacité pour le faire. Jusqu'en mai ou juin, elle n'arrivera même pas à maintenir ses effectifs en personnel militaire, bien que ce ne soit pas le facteur principal. C'est le manque de matériel et de fournitures qui empêche vraiment la junte de déployer une force militaire d'envergure. De plus, le nombre d'unités prêtes poursuit son déclin amorcé en juillet 2014. La force de campagne en activité comptait alors 50 000 soldats, elle en dénombre tout au plus à 30 000 aujourd'hui, le reste étant formé d'unités de soutien.

Il n'en demeure pas moins que la paix au Donbass ne plaît pas à l'ensemble des forces armées. Beaucoup de dirigeants des unités de volontaires [ultra-nationalistes, NdT] savent très bien qu'une paix durable signera leur arrêt de mort (peut-être même au sens physique du terme). La guerre peut prolonger leur agonie et même rendre leur existence utile pour les marionnettistes qui s'activent en coulisse. Ils ne peuvent rater cette chance.

Du côté des rebelles

On ne peut pas dire que tout baigne dans l'huile ici aussi au chapitre des préparatifs en vue d'une participation active dans des opérations offensives. Cependant, les rebelles sont confrontés à des problèmes de nature différente. La junte est DÉJÀ incapable de lancer une attaque et son potentiel militaire s'amenuise après chaque campagne, tandis que les unités républicaines ne sont PAS ENCORE prêtes à mener des offensives à grande échelle.

Pourquoi les Forces armées de la Novorussie ont-elle pu mener une offensive à grande échelle en été, mais pas en hiver ? Pour deux raisons. En été, les Forces armées de l'Ukraine, qui ne s'attendaient pas à être la cible d'attaques par les unités formant le Vent du nord (Boreas), ont été prises par surprise et complètement démolies. Pendant l'hiver, la jeune armée républicaine devait percer des défenses hermétiques. De plus, on avait décidé de ne pas engager les unités Boreas dans la bataille et le potentiel militaire des Forces armées de la Novorussie n'est pas encore suffisant pour mener une offensive à grande échelle.

La planification d'une deuxième campagne estivale suppose la formation d'un nombre important de nouvelles unités par les Forces armées de la Novorussie (5 à 7 nouvelles brigades de fusiliers motorisées; 2 ou 3 bataillons de chars; nouvelles unités d'artillerie). D'où la mobilisation à grande échelle, qui se traduira non seulement par une hausse des effectifs en personnel, mais aussi de la puissance de feu, grâce à la grande quantité de matériel capturé, qui a fait augmenter le nombre de pièces d'artillerie et de chars, et au soutien technique de la Russie. La mise en place et la formation des nouvelles unités devraient être chose faite à la fin d'avril (ou peut-être en mai). Les Forces armées de la Novorussie seront alors nettement supérieures aux Forces armées de l'Ukraine, tant du point de vue technique qu'en nombre. En comptant aussi l'aide passive des unités Boreas dans les zones secondaires du front, cette supériorité sera assez perceptible.

Conclusion. Les forces armées de la Novorussie ne devraient pas mener d'opérations offensives à grande échelle avant la fin d'avril. D'autant plus que des opérations prématurées pourraient retarder la démobilisation des Forces armées de l'Ukraine. Elles auront ainsi le temps de faire un travail de reconnaissance et de préparer leur puissance de feu, ce qui requiert plusieurs semaines si l'on se fie aux batailles qui se sont déroulées en hiver.

Je ne m'attends pas à des opérations offensives à grande échelle avant plusieurs semaines, même avec des objectifs limités (p. ex., la libération d'une ville). La situation va tout de même devenir de plus en plus tendue. Le chaos en cours au sein de la junte (la lutte entre Porochenko et Kolomoisky) pourrait entraîner une chute prématurée de la junte, mais même là, ce serait stupide de la part des Forces armées de la Novorussie de passer à l'attaque. Je ne crois pas qu'elles vont agir stupidement. De toute façon, rien ne presse. La junte s'affaiblit encore plus à chaque mois qui passe.

Article original paru sur le blog de Yurasumy. Traduction du russe à l'anglais par J.Hawk de Fort Russ.

Traduit par Daniel, relu par jj et Diane pour le Saker Francophone pour Le Saker Francophone

La situation des populations civiles demeure effrayante.

JacquesL

Les combats printemps-été 2015 seront beaucoup plus violents encore sur le Donbass.

Ce vétéran ne se fait aucune illusion :
https://www.youtube.com/watch?v=XQCMgeBdKy0
cité dans http://www.les-crises.fr/actuukraine-15-04-2015/

Des deux côtés l'armée s'est renforcée, tandis que la situation humanitaire est toujours de grande détresse côté Donbass.

JacquesL

http://russiepolitics.blogspot.fr/2015/05/donetsk-nouveau-sous-le-feu-question-de.html

CiterDonetsk à nouveau sous le feu, question de symbole
lundi 4 mai 2015
Donetsk à nouveau sous le feu, question de symbole

Alors que le cessez-le-feu est formellement toujours en cours, alors que dans le monde les gens fête le 1er mai, l'armée ukrainienne a, depuis deux jours, intensifié l'attaque de Donetsk. Presque une trentaine d'immeubles touchés, uniquement des immeubles d'habitation, non pas des bâtiments stratégiques, une école etc. Le chiffre des personnes touchées est encore difficile à déterminé, mais une bonne dizaine, dont des civils. Cette guerre qui continue sans vouloir en porter le nom n'est que la face visible de l'iceberg géopolitique qui fait tanguer le monde.


Sur le territoire de Donetsk, Gorlovka et Iacinovata, une trentaine d'immeubles d'habitation a été touché par l'artillerie ukrainienne. A tel point que les appartements sont inhabitables. Une école à Donetsk a également fait les frais de la paix officielle.

https://youtu.be/ic33gDLNgBs

Ces violations des accords de Minsk, puisque les parties devaient avoir retiré l'artillerie loin des zones d'habitation, ont été fixées par les missions d'observation de l'OSCE. Les destructions sont conséquentes, comme le montre cette vidéo, en russe, mais les images sont parlantes d'elles-mêmes:

Voici des photographies de Donetsk après l'attaque, photos tirées du LJ de Colonel Cassad:












Grâce à cela, les canalisations d'eau et de gaz ont été touchées. Dès aujourd'hui, les autorités de Donetsk commencent à les rétablir. De leur côté, les autorités ukrainiennes déclarent n'y être pour rien. Soit. Encore une fois. A Odessa, les gens se lançaient des cocktails Molotov sur eux-mêmes, s'arrosaient de gaz chimique et se finissaient par quelques balles. Ici, la technique doit avoir été améliorée, car les habitants arrivent à se tirer dessus à l'artillerie lourde. Cela demande quand même une certaine souplesse ...

La tendance est intéressante. Tout d'abord, il y eût la mise à l'écart de Kolomoïsky. La tentative de faire rentrer dans le rang les bataillons divers et variés, dans le cadre d'un processus d'étatisation minimal  de l'Ukraine nécessaire aux sponsors du "projet-Ukraine". Le processus prend du temps et ne fonctionne pas très bien. Parallèlement, on voit débarquer toute sorte d'instructeurs des Etats Unis et du Canada, des soldats et des armes fournies par les pays de l'OTAN. Le tout faisant penser à une opération de reconstruction à marche forcée de l'armée ukrainienne, justement sous forme d'armée et non de groupuscules. Pourquoi si l'on parle de paix? Car la paix n'est pas d'actualité. En tout cas, pas une paix qui permette de stabiliser la situation politiquement.

Pour les dirigeants formels du pays à Kiev, il est important de maintenir une guerre continue, latente, pour au moins trois raisons. 1) Il faut entretenir le moral de la population, doper le patriotisme et justifier les morts pour garder le contrôle de la société. 2) Si la guerre prend fin sans que Kiev ne l'ait gagnée, c'est-à-dire récupéré les territoires, tous les territoires - ce qui est  impossible, alors le régime va être en difficulté et chez lui et face à ses sponsors, qui ne peuvent accepter ces conditions. 3) Quand les combats prennent fin, rien ne justifie une économie de guerre, il faut donc s'occuper de la reconstruction du pays, qui est totalement détruit non pas en raison des combats, car ils ne se situent  que sur une infime partie du territoire ukrainien, mais en raison de l'incurie politique des dirigeants. Et les gens, n'étant plus galvanisés, risquent d'ouvrir les yeux. Rien ne justifie plus de vivre la faim au ventre.

Pour les sponsors de cette guerre civile, le projet Ukraine est allé trop loin pour s'arrêter. Car la plupart des buts n'ont pas été atteints. 1) la Crimée est définitivement perdue; 2) les populations du Donbass ne pourront plus vivre - sauf sous la force - dans le cadre d'une Ukraine fasciste réunie et l'Ukraine sponsorisée ne peut avoir un autre visage; 3) la société russe n'a pas explosée intérieurement sous le poids des sanctions, au contraire elle s'est consolidée; 4) l'économie russe remonte la pente et se fortifie malgré les sanctions. Donc, pour l'instant, le seul point réussi, qui n'est pas négligeable pour autant, est le fait que l'Ukraine ait été coupée de la Russie. Mais ce point ne sera capitalisé que si le pays entre dans l'UE et dans l'OTAN, sinon les populations sont versatiles si elles se sentent trompées et manipulées ... Et il n'est pas évident que l'UE puisse prendre en charge l'Ukraine. Donc le jour où les ukrainiens n'auront plus besoin de visas pour aller en Europe, ce qui est le signe tangible pour eux d'appartenance à cette Europe, n'est pas encore arrivé. Ce qui va poser problème.

Enfin, le point de réussite réel du "projet-Ukraine" est en terme d'image. L'image de la Russie, qui s'était largement améliorée et avait permis le rapprochement avec l'UE, ô danger, est aussi voire plus mauvaise que lors de la guerre froide. Mais la situation est différente. Maintenant, ce n'est pas la Russie qui se ferme, mais l'UE sous pression des Etats Unis. Et l'Ukraine est devenu le symbole de ce combat. C'est pourquoi les Etats Unis ne peuvent se permettre de lâcher du terrain, c'est un combat à mort.

Contrairement à l'époque de la guerre froide, où il fut possible de se répartir les zones d'influence, aujourd'hui les deux modèles de gouvernance en concurrence, américano-centré ou multipolaire, sont incompatibles, même théoriquement. C'est ce qui rend encore plus incertaine l'évolution de ce conflit.


Publié par Karine Bechet-Golovko