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Michel Winock : L'agonie de la IVe république (Gallimard).

Démarré par JacquesL, 29 Avril 2014, 07:33:46 PM

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JacquesL

Michel Winock : L'agonie de la IVe république (Gallimard).

Un livre d'historien à recommander. Une agonie de trois semaines.
Si je n'en retenais qu'une seule phrase, ce serait celle de Charles de Gaulle à Alain Peyrefitte : "La colonisation de l'Algérie, ce furent cent trente ans d'illusions".
La 4e république est loin d'être seule à porter la responsabilité des illusions : les régimes précédents (y compris l'amateurisme du gouvernement provisoire en 1945) avaient laissé une situation sans issue, où les représentations métropolitaines divergeaient déjà radicalement de la réalité concrète sur le pays.

Aussi bien le gouvernement provisoire de Charles de Gaulle que la république mal née qui suivit, regroupent des gens qui après avoir subi quatre ans de colonisation et de pillage par l'occupant allemand, demeurèrent incapables de percevoir ce qu'éprouvaient d'autres colonisés, que ce soit en Indochine ou au Maghreb.

Le traumatisme qui a encadré les gestes de Pierre Pfimlin et de tant d'autres responsables politiques du temps était le coup de Prague de 1948.

Ce livre est à lire en même temps que la fin du second tome de la biographie de Charles de Gaulle par Jean Lacouture, qui voit les mêmes événements du point de vue des gaullistes et du général. Les confidences de Philippe de Gaulle éclairent aussi cette période.


Je réemprunterai ce livre pour mieux compléter cette note de lecture provisoire.


JacquesL

Souvenir personnel de cette époque à présent.
A Grenoble, ce n'était pas l'Huma le principal organe de presse du PCF (Parti Communiste Français) mais Les Allobroges.
Le 15 mai à 18 heures, l'AFP diffuse un texte de dix lignes de Charles de Gaulle.
Le lendemain matin, Les Allobroges titrent : "De Gaulle jette le masque ! Massu n'était que le bout du nez ! A bas la dictature".
Les deux dernières phrases étant séparées par une caricature où le nez de de Gaulle est composé du profil de Massu.
Dans le bref article l'argument : " De Gaulle créateur d'un parti violent ".

A distance, je repose la question publiée par mon père : A quoi au juste sert le Parti Communiste Français ?
Excepté s'opposer, que savait-il faire ? Que savait-il analyser ?
Ses incantations contre "le pouvoir personnel", certes, mais quel pouvoir impersonnel voulait-il promouvoir au juste ?

Le miracle du 19e siècle, où la classe ouvrière toute neuve avait su sécréter ses propres intellectuels, était épuisé ; le socialisme pacifiste et internationaliste fracassé en 1914, était divisé depuis 1920 entre les moscoutaires et les anti-moscoutaires.
Non seulement les moscoutaires étaient traités à l'Assemblée comme le parti de l'étranger, mais se comportaient-ils aussi avec l'aveuglement borné d'un parti de l'étranger, incapables d'analyses autonomes.

Un brin d'explication de texte s'impose, quoiqu'à l'époque je n'en eusse guère. Certes en 1958 mon père commençait sa reconversion du métier de professeur de droit constitutionnel vers celui de politologue, mais il était loin de tout me dire.
Je ne viens pas ci-dessus de critiquer un délit d'opinion antigaulliste chez le PCF, mais des défauts de méthodes, qui faisaient qu'il était loin d'honorer ses obligations de minorité responsable, incapable d'élaborer une politique qui fut française et non moscoutaire.

J'avais tout ignoré des activités du RPF, qui avait existé de 1947 à 1955 (1953 de fait, soit quand j'étais en huitième, et avais bien d'autres soucis).
Plus tard traîna quelque temps sur le bureau de mon père le livre "Croisade à coups de poings", récit d'un militant du service d'ordre du RPF, amer d'avoir été laissé tomber après une blessure. J'y découvris donc que les relations entre le PCF et le RPF avaient été violentes, pleines de coups fourrés.
Dès juillet 1947, la campagne du RPF fut ouvertement anticommuniste. Ce que le PCF ne pardonna jamais.