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Un piolet léger pour le skieur de montagne ?

Démarré par JacquesL, 30 Janvier 2015, 02:05:36 AM

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JacquesL

Dans mon récit des randonnées en Norvège en été 1968 et été 1969, à une époque où les cannes de randonneur étaient inconnues de notre fournisseur principal, le Vieux Campeur, la troisième jambe que fournissait un piolet de 80 cm manifesta combien elle était utile.

Sa carence par absence est apparue en 1968, en guéant les torrents en équilibre instable sur des pierres glissantes. Et les premiers jours, quand mon chargement était trop lourd pour la force de mes cuisses.

En 1969, j'avais au départ un piolet de 80 cm d'un modèle alors très courant, acheté en occasion chez un revendeur spécialisé dans l'occasion de montagne, c'était à Paris. Il m'a servi en piolet ancre dans une falaise végétalisée sur la rive Nord du Övrevatnet, là où la solution raisonnable eût été de rebrousser chemin sans fantaisie. Il m'a beaucoup servi de piolet canne, jouant un rôle vital dans les gués. De nos jours des cannes de randonnée solides feraient largement aussi bien cet usage, en plus léger, voire moins cher.
Voici ma tenue comme piolet-canne, la paume reposant sur la panne, la lame vers l'avant.



Elle convenait de fait dans 95 % des cas en randonnée, mais la sécurité a d'autres impératifs en course glaciaire.

Dernier usage en 1969, finalement trivial et facile sur la langue glaciaire du Svartisen où j'étais monté pour ne pas avoir à guéer la rivière inguéable. La glace était peu glissante, les crampons n'était pas vraiment nécessaires, les semelles Vibram auraient suffi. L'inexpérience, c'est ça...

On sait que ce piolet fut oublié sur mon lieu de bivouac, dans la plaine à moustiques entre le Svartisen et Mo i Rana.
A Trondheim, comme je ne voulais pas passer à travers le Trollheimen sans un nouveau piolet (erreur d'appréciation : il n'était pas nécessaire là), je finis par réussir à en trouver un, que le vendeur d'abord perplexe devant le mot "isøks", finit par être enchanté de vendre ce piolet autrichien oublié dans un coin. Sa lame et sa panne finement forgées sont confortables dans la main, lame plus tailleuse qu'ancreuse, il avait même une dragonne et une vis à tête ronde pour la retenir. Plus orienté randonneur que montagnard : lame et panne plus réduites, d'envergure totale 28 cm. Marquage fort brouillé par la rouille : "Wall NG Hammerwerk Fulpmes *** AUSTRIA, Himalaya pickel Modell (Sigm)UND REINER" est tout ce qui se laisse encore déchiffrer. Il avait même une muselière de lame complète, en cuir dont les deux morceaux sont actuellement dispersés. La muselière de pique a fait son temps : caoutchouc cuit.

Il pèse environ 840 g sans dragonne ni muselières. Le Camp Chouinard Frost que j'ai acquis une autre année est plus lourd de 30 g en 64 cm de long, et sa lame un peu plus développée (29 cm) et ancreuse, avec dents immédiatement derrière le tranchant. Je suis incapable de préciser lequel j'avais lors du stage à la Bérarde en juillet 1970, ni même si j'avais déjà acquis le Chouinard. Encore que ce soit probablement là que j'ai tordu la pique, qui n'est pas aux standards du plus alpin (le Chouinard a deux fois plus costaud).
La seule chose qui soit sûre est qu'en 1977 en Oisans, depuis la Chapelle en Valgaudemar, nous avions chacun un piolet, j'avais le Chouinard, Geneviève avait le Wall, moins lourd (mais pas trop de technique d'assurage, si je tombais dans un pot).

Sécurité ? Pour pouvoir enrayer instantanément une glissade depuis la marche en piolet ancre, il faut tenir fort différemment, la lame vers l'extérieur, vers l'amont, donc le pouce sous la panne, et les autres doigts tenant la lame :



Ignorance, je ne l'ai appris qu'en 2013.

840 g c'est lourd, cela risque de faire la différence entre piolet sur soi et piolet laissé à la maison. Et on n'a pas oublié le cas de la randonneuse pyrénéenne qui a glissé sur un chemin enneigé sans piolet, et que les vautours avaient dévoré avant que les secours la retrouvent, avril 2013.
Les soldes ont l'avantage de vous vider le porte-feuille, de vous faire les poches.
En l'occurrence c'était ce modèle X-Tour de chez Salewa qui m'a fait de l'oeil : http://www.campz.fr/salewa-tour-x-piolet-70cm-vert-noir-344283.html
Les "grandes tailles" étaient soldées. Avec beaucoup de réluctance, je me laissais convertir à la taille de 70 cm, considérée comme "grande", à la place des 80 cm qui me sont confortables en terrain facile.

Les voici côte à côte :



J'ai choisi une panne et une lame confortables aux doigts, et qui n'usent pas les gants à grande vitesse, ce qui n'est pas le cas général. Trois muselières fort légères sont en place, et il pèse 508 g ainsi. L'envergure totale de lame ne dépasse pas 24 cm ; la légèreté se paie quelque part. J'ai bonne confiance dans la taille et dans l'ancrage. La pique en revanche n'est pas très pénétrante, surtout comparée à celle d'un piolet ex-Bergjager, surplus de la Bundeswehr, très solide et très alpin, très bon marché, mais qui pèse son poids.


Les positions de main.
Lame vers l'avant (lame muselée)


Lame vers l'extérieur  (panne muselée) :

JacquesL

#1
Pour comparaison, voici le Camp (Interalp) modèle Chouinard Frost, qui doit dater des années fin soixante, début septante :
870 g, 64 cm de long, 29 cm de lame total, une large panne de 65 mm, et une pique remarquablement pénétrante pour neige d'été bien transformée. Vraisemblablement un solde de septembre du Vieux Campeur.

A côté de lui, acquis vers 12 € en surplus allemand, pas de marque gravée, probablement un surplus Bundeswehr (mais pourquoi pas suisse ou autrichien non plus ?), encore plus orienté ancrage avec des dents aussi au dessus de la lame. 59 cm de long, 277 mm de lame en tout, 790 g. La réalisation de la pique est exemplaire. Gainage caoutchouc noir complet.




Leurs lames et pannes en comparaison :


La lame gravée et la panne du Chouinard :




La lame non gravée et la panne du présumé Bundeswehr, et ses dents :




La lame gravée et les dents du Chouinard :




La lame non gravée et ses dents, du présumé Bundeswehr :




Une belle pique également sur un Simond Camaro. 700 g, 67 cm, 26 cm de lame. Lame faiblement forgé, panne soudée, inconfortable à la main en piolet-canne. Acquis sur la Baie, beaucoup servi, un grip de caoutchouc pour la taille ou l'ancre, qui avait souffert.

Les trois piolets les moins lourds ont un manche métallique :