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Au Mali, "IBK" élu officiellement avec 77,61 % des voix.

Démarré par JacquesL, 15 Août 2013, 03:12:39 PM

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JacquesL

http://www.lemonde.fr/afrique/article/2013/08/15/au-mali-ibk-termine-avec-77-61-des-voix_3462068_3212.html

CiterLes résultats officiels de l'élection présidentielle au Mali ont été dévoilés, jeudi 15 août. Ibrahim Boubacar Keïta (dit "IBK"), dont la victoire était déjà reconnue, a officiellement obtenu 77,61 % des voix lors du second tour. Selon le ministère de l'administration territoriale, la participation s'est élevée à 45,78 %, contre 49 % au premier tour le 28 juillet.

Malgré les menaces d'attentats de groupes djihadistes, malgré la défiance, dans le nord du pays, de la minorité touareg, cette élection présidentielle s'est déroulée pacifiquement.

Cette large victoire devrait donner à IBK l'autorité nécessaire pour s'attaquer aux nombreux défis qui attendent le Mali, de la restauration de l'autorité de l'Etat à la paix avec les Touareg, en passant par la lutte contre la corruption et la relance de l'économie.

Caméléon...
http://www.courrierinternational.com/article/2013/08/13/presidentielle-ibk-le-cameleon-au-pouvoir
CiterMALI Présidentielle : IBK, le caméléon au pouvoir
Le dépouillement n'est pas encore terminé. Mais Ibrahim Boubacar Keïta est donné largement vainqueur de l'élection présidentielle, Soumaïla Cissé ayant admis sa défaite. Quelques jours avant le scrutin, Think Africa Press dressait le portrait du vétéran de la politique malienne.

Le fait qu'Ibrahim Boubacar Keita ait obtenu de bons résultats dans ce scrutin n'a été une surprise pour personne, car c'était la troisième fois qu'il se portait candidat à la fonction suprême. A 68 ans, c'était sa dernière chance de parvenir à la présidence.

Plus connu sous le diminutif d'"IBK", le prochain président malien est depuis des années un pilier de la classe politique* de Bamako. S'il y avait une candidature incontournable dans cette élection, c'était bien la sienne.

IBK est un politicien aguerri possédant une expérience de deux décennies dans la vie publique. Après avoir obtenu des diplômes d'histoire et de relations internationales à l'université de Dakar et à la Sorbonne (où il se lia d'amitié avec l'ancien président ivoirien Laurent Gbagbo), il commença sa carrière en collaborant à des clubs de réflexion et ONG français.

Pendant les années où il exerça la fonction de premier ministre (1994-2000), IBK a acquis la réputation d'un dirigeant à la main ferme. Il a réprimé des manifestations étudiantes et des grèves ouvrières à Bamako, fait la paix avec un groupe touareg rebelle (les Mouvements et fronts unifiés de l'Azawad, précurseur de l'actuel MNLA) et présidé à la création de gouvernements locaux décentralisés. Il a fondé son propre parti, le Rassemblement pour le Mali, en 2001 avant de se présenter à la présidence l'année suivante.

L'annonce des résultats officiels du premier tour de l'élection de 2002, dans lequel Keita termina troisième derrière l'indépendant Amadou Toumani Touré et Soumaïla Cissé de l'ADEMA, fut, sous d'obscurs prétextes, longtemps retardée. Pourtant, en dépit des allégations de fraude avancées par ses partisans, Keita ne contesta pas le résultat, évitant ainsi une crise post-électorale potentielle.

Capable de s'entendre avec quasiment tout le monde

IBK s'est avéré très habile dans l'équilibrage des paradoxes, voire des contradictions, que l'on peut déceler dans ses loyautés comme dans ses convictions. En dépit du fait qu'il est membre de l'Internationale socialiste, dont il a d'ailleurs assuré un temps la vice-présidence, il n'a jamais montré un quelconque engagement idéologique en faveur du socialisme et, durant son mandat de Premier ministre, il a organisé la libéralisation de l'économie malienne.

Souvent décrit comme un "bon vivant*" et un francophile qui ne refuse jamais un verre de vin, il se dit en même temps fier d'être un "hadji" (titre honorifique désignant les musulmans ayant accompli leur pèlerinage à La Mecque).

"Cet homme, Ibrahim Boubacar Keita, a écrit un critique anonyme dans un journal de Bamako pour résumer succinctement l'approche politique d'IBK, a rarement fait preuve de cohérence dans ses choix politiques." D'ailleurs, on peut considérer qu'IBK se montre d'une grande prudence dans ses prises de positions et ses relations. Politiquement et socialement, il est capable de s'entendre avec quasiment tout le monde ; un jour il se fait applaudir par des auditoires nationalistes, anti-français et anti-CEDEAO [Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest, ECOWAS, Economic community of West African states] à Kati [ville située à 15 km de Bamako], le lendemain il se vante auprès des journalistes français de son amitié avec le président François Hollande et les barons africains de la Françafrique*.

Le programme électoral d'IBK contient les habituelles et inévitables généralités - renforcement des forces armées, promotion de l'unité nationale, création d'emplois. Certaines de ses propositions, comme celle de rendre l'école gratuite et obligatoire jusqu'à 16 ans, ou celle visant à faire de Bamako un nœud ferroviaire régional, sont si ambitieuses qu'elles en paraissent idéalistes, alors que si l'homme est connu pour son ambition, il ne l'est certainement pas pour son idéalisme.

La république malienne est chancelante et sa population divisée

Le nouveau président du Mali ne disposera que d'une marge de manœuvre limitée pour fixer ses priorités politiques. Alors même que l'idée d'une négociation avec les rebelles touaregs est extrêmement impopulaire à Bamako, il devra impérativement entamer les larges discussions prévues par les dispositions du traité de paix signé en juin à Ouagadougou. Les gouvernements donateurs pèseront de tout leur poids sur l'issue de ces discussions et, vu leur comportement récent, n'hésiteront pas à contraindre IBK à suivre scrupuleusement la ligne qu'ils ont fixée. Vu l'enjeu des 4 milliards de dollars [2,99 milliards d'euros] d'aide promis pour le développement et la reconstruction, le président devra rendre des comptes aussi bien aux donateurs internationaux du Mali qu'à ses propres citoyens.

Ibrahim Boubacar Keita n'est ni dogmatique ni radical. Il adopte des positions souples et cultive des relations dans tous les milieux. Pourtant, s'il ne sera certainement pas un président visionnaire, il pourrait s'avérer un président efficace. A un moment où la république malienne est chancelante et sa population divisée, les facultés d'adaptation d'IBK sont peut-être précisément ce dont le pays a besoin en la personne de son dirigeant. Son talent pour nouer des amitiés politiques dépassant les clivages partisans pourrait s'avérer extrêmement utile, aussi bien pour lui que pour son pays.

Toutefois, vu la position de dépendance dans laquelle se trouve aujourd'hui encore le Mali, la capacité de son prochain président à appliquer son propre calendrier et à orienter la trajectoire future du pays sera sévèrement limitée. Et même pour un homme d'Etat chevronné comme IBK, faire sortir le Mali de la crise actuelle nécessitera des efforts gigantesques.

Les défis :
http://www.lemonde.fr/afrique/article/2013/07/30/conforter-la-democratie-unifier-le-mali-le-president-elu-aura-fort-a-faire_3455223_3212.html
CiterMali : quel que soit le président élu, il aura fort à faire

LE MONDE | 30.07.2013 à 10h50 • Mis à jour le 12.08.2013 à 07h08 | Par Jean-Philippe Rémy

Il n'y a pas eu de violences lors du premier tour de l'élection présidentielle au Mali, dimanche 28 juillet. Voici déjà une bonne raison de se féliciter. Le président par intérim, Dioncounda Traoré, a même déclaré en votant : "De mémoire de Maliens, c'est le meilleur scrutin qu'on organise depuis 1960 ."
Il s'agit moins d'un diplôme d'excellence décerné au scrutin du jour, que de l'aveu, en creux, de traditions électorales délétères dans un pays où, pourtant, les groupes d'observateurs ont constamment exprimé leur satisfaction à chaque élection depuis la chute, en 1991, du dictateur Moussa Traoré (qui coule des jours heureux dans le pays), tout en reconnaissant quelques "défauts" à des scrutins contestés par l'opposition, pour de bonnes raisons.

Voici le Mali devant le piège d'une nouvelle élection "à défauts", que ne compense pas le fait qu'elle se tienne sous protection internationale, l'armée malienne étant appuyée par la mission des Nations unies, elle-même soutenue par des troupes françaises de l'opération "Serval".

Les risques des élections approximatives tenues sous protection internationale sont connus : le cas du Congo-Kinshasa, où la fin du conflit a été annoncée un peu vite, alors que s'y rallument les mêmes foyers d'instabilité, est là pour le rappeler. Pour savoir si le Mali va échapper à cette spirale de l'échec, il ne lui suffira pas de voir s'organiser des élections sans violence.

ZONES D'OMBRE

Il faut aussi que le scrutin apparaisse comme légitime à sa population, comme à ses voisins. Or il existe des incertitudes sur ce premier tour, comme, par exemple, le nombre exact d'inscrits n'ayant pu voter, quoique en possession de leur carte d'électeur. Ou encore le fait que des jeunes, des déplacés, des réfugiés, des Maliens de l'étranger (voir l'inexplicable chaos à Paris) n'aient pu voter.

Cette zone d'ombre, ainsi que d'autres encore, est de celles qui ont détruit la réputation des élections passées dans le coeur des Maliens. La preuve : à peine un tiers des inscrits allait glisser son bulletin dans l'urne dans le Mali si démocratique en apparence d'avant le coup d'Etat. Encore une partie de ces votes était-elle achetée.

Parallèlement à ce travail de sape, une dégradation du fonctionnement de l'Etat s'est engagée dans le pays. Les trafics de stupéfiants ont touché les plus hautes sphères, politiques ou militaires. Une industrie des otages est née, qui avait ses clients. Les chefs d'Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), venus d'Algérie, traitaient avec des intermédiaires qui avaient leurs entrées au palais présidentiel.

Puis l'armée s'est effondrée et le pouvoir est tombé. Début 2012, alors que les militaires maliens subissaient des revers au nord, face à une coalition de groupes armés (touareg et djihadistes), plusieurs coups d'Etat étaient en préparation à Bamako. C'est finalement un groupe d'outsiders qui a ramassé le pouvoir, composé de sous-officiers, d'hommes du rang et d'officiers subalternes, avec un capitaine à sa tête. Ensuite, l'armée a cessé de combattre. Les putschistes, à Bamako, ne sont jamais montés armes à la main vers le nord, dont la conquête a été achevée en quelques semaines par la coalition rebelle, d'où ont émergé bientôt AQMI, le Mujao et leurs alliés.

Est-ce que l'Etat malien s'est alors effondré, comme on le dit si souvent ? La réponse est complexe. Dans la moitié du sud du pays, on a continué à travailler ; l'administration s'est redéployée. On a même augmenté de 15 %, au cours de 2012, la production d'or, dont le Mali est le troisième producteur africain, pour atteindre 50 tonnes (20 % du PNB). Mais on ignore la manière dont les taxes versées par les groupes miniers ont été utilisées. On ignore aussi dans quelles circonstances le dernier conseil des ministres, le 24 juillet, a conclu l'attribution de trois blocs pétroliers dans la région du bassin de Taoudéni. Les signatures de ce type s'accompagnent en général de confortables "bonus".

DÉLICATE SORTIE DE CRISE

C'est autour de ces questions et de la façon dont le futur président parviendra, ou pas, à instaurer la confiance, que se joue l'avenir du Mali. Le pays va bénéficier d'une aide importante : près de 3 milliards d'euros ont été promis par les bailleurs de fonds, attendant théoriquement que des autorités légitimes soient mises en place.

La légitimité des nouvelles autorités maliennes est d'une importance capitale puisque c'est elle, aussi, qui donnera le ton aux futures négociations avec les rebelles touareg. L'armée malienne a commencé à se redéployer dans le nord, notamment à Kidal, sans entraîner d'incidents majeurs, en raison de la présence de troupes des Nations unies, et d'un accord signé à Ouagadougou le 18 juin, qui prévoit que des négociations devront être engagées au plus tard quarante jours après la nomination d'un nouveau gouvernement au Mali.

Le nord du pays pourra-t-il bénéficier d'un statut particulier, avec une autonomie poussée ? C'est une éventualité. Sur ce Nord, riche de ressources minières et pétrolières encore inexploitées, l'Algérie a quelques velléités d'influence. Le futur président pourrait ne pas la trouver à son goût.

La sortie de crise implique donc une dimension régionale délicate, parallèlement à des arbitrages locaux explosifs. Les rebelles touareg ne seront pas les seuls interlocuteurs du gouvernement. Il est prévu que d'autres groupes, armés ou pas, soient invités à la table des négociations. Certains peuvent jouer le blocage : là encore, l'autorité d'un président élu dans de bonnes conditions devra faire des merveilles.

Puis il faudra accompagner la renaissance de l'armée malienne, continuer le combat contre les groupes djihadistes, veiller au départ des troupes françaises. Et avant cela, le nouveau pouvoir devra aussi organiser des élections législatives après avoir encadré le retour chez eux des réfugiés et des déplacés. Sans réveiller les antagonismes mis à vif par les mois de guerre au nord. C'est dire s'il est un peu tôt pour triompher.

    Jean-Philippe Rémy
    Journaliste au Monde