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Trois versions filmées de A Kékszakállú Herceg Vára (Bartók Béla) :

Démarré par JacquesL, 31 Décembre 2012, 02:08:29 PM

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JacquesL

Trois versions filmées de A Kékszakállú Herceg Vára (Bartók Béla)
(Le château de Barbe-Bleue) :

http://www.youtube.com/watch?v=lenhJ_dzHvk
Kolos Kováts, Sylvia Sass, Istvan Sztankay, London Philharmonic, 1979 :
Sous-titrages en anglais, mais hélas c'est la désastreuse traduction de Christopher Hassall, qui ne respecte ni le sens ni la prosodie.
La compression du son fait un massacre sur les fortissimi d'orchestre, l'image est floue, mais Sylvia Sass est une tragédienne à la hauteur du livret. La profondeur de son timbre dans les graves convient parfaitement.
L'introduction parlée par le barde est absente du film tel qu'on le trouve sur Youtube.

Adresse du livret de Béla Balázs :
http://www.zeneszoveg.hu/dalszoveg/12801/kekszakallu-herceg-vara-opera/libretto-zeneszoveg.html


http://www.youtube.com/watch?v=N5r1soNdUpo
Bluebeard / Kékszakállú - István Kovács
Judith / Judit - Klára Kolonits
Bard / regös - Tamás Jordán
Conducter / vezényel: György Selmeczi
2005
Son à peine meilleur, meilleure qualité d'image.
Décor minimaliste et fort décalé par rapport au livret, noir et blanc. La salle d'armes est remplacée par des images d'actualités de guerre, par exemple, et le tout dans une salle de spectacle : couloirs, hall, fauteuils. Hem !
Pas terrible que
"Oh! Virágok!
Embernyi nagy liljomok,
Hüs-fehér patyolat rózsák,
"
soit chanté sans aucune fleur...
Klára Kolonits n'a pas vraiment le physique du rôle.


http://www.youtube.com/watch?v=FSFFR9lSVJc
Dir. Michael Powell
Herzog Blaubarts Burg (1963) with English subtitles
Sous-titrages en anglais.
Décors pour le moins étranges.


http://www.youtube.com/watch?v=dGejv54pXzI
Non filmée, direct de concert, chanté en allemand :
Barbe Bleue - Bernhard Snnerstedt
Judith - Birgit Nilsson
Sveriges Radio Symfoniorkester, 1953,
Ferenc Fricsay, conductor
Là aussi la compression du son fait des ravages sur les fortissimi d'orchestre, ridiculisés.


http://www.youtube.com/watch?v=CsHZ1ETTBeI
En anglais, traduction du livret par Peter Bartók, qui respecte la métrique et la prosodie d'origine.
Gregory Stapp, bass (Duke Bluebeard);
Jessica Medoff, soprano (Judith);
Peter Lichtenfels, & Bella Merlin, co-directors;
John Iacovelli, stage and costume designer;
Thomas Munn, lighting designer;
Christian Baldini, conductor. Series: "Mondavi Center Presents" [2/2012]
C'est une version de scène qui est filmée, pas de film.
Le prologue montre la fosse d'orchestre. Mise en scène dépouillée, toujours pas la moindre fleur pour "Oh! Virágok! Oh! Illatos kert!", juste des effets de lumière et des gestes dans le vide.
Bonne dynamique d'orchestre, la meilleure sensualité sonore.
UCTV : Californie.

La critique des traductions précédentes par Peter Bartók :
http://www.bartokrecords.com/index.php?option=com_content&view=article&id=54&Itemid=41

Etude interdisciplinaire musicologique-sociologique de cet opéra par Carl S. Leafstedt, qui sait rendre justice au livret de Béla Balázs, conçu comme pièce-poème autonome, aux effets si concis :
http://books.google.fr/books/about/Inside_Bluebeard_s_Castle_Music_and_Dram.html?id=oNVAmHBbULgC&redir_esc=y

Version avec Samuel Ramey et Jessye Norman, bôf. Des extraits. La gymnastique buccale de Jessye Norman est pénible en gros plan, et autoritaire et dominatrice de bout en bout, elle n'incarne pas le rôle.

Pour retrouver la dynamique d'orchestre là où elle est indispensable, à l'ouverture de la cinquième porte, en version de concert :
http://www.youtube.com/watch?v=Wbr_rDmkAD8
Visuel discutable. Production de l'Opera de Genève.
Judith est Jeanne Michèle Charbonnet.


Des metteurs en scène imaginatifs et une tragédienne excellente (avec un corps d'athlète idéale), à ce jour la version scénique la plus aboutie :
http://www.youtube.com/watch?v=OvppAUCvUPM
Béatrice Uria-Monzon
Willard White
En janvier 2007 au palais Garnier. En hongrois, sous-titré en français.
Seulement les huit minutes et 26 secondes de négociation pour ouvrir la première porte.
Un joyau qui fait l'unanimité des critiques (et de votre serviteur aussi, pour ces 8'26").

http://www.youtube.com/watch?v=cPM6nSIzgtc&feature=player_embedded
sur le site personnel de la cantarice.

Les metteurs en scène espagnols ont mis en ligne un condensé de leur mise en scène :
http://www.youtube.com/watch?NR=1&v=wDaIe-vWmp8&feature=endscreen
El Castillo de Barba-Azul


Et Willard White aux prises avec une toute autre mise en scène au Mariinskiï :
http://www.youtube.com/watch?v=ZpPoM6Kbtyo

JacquesL

#1
Parmi les critiques d'art, David Sanson se montre plus intelligent et travailleur que les autres, il rediffuse son article à l'occasion de la rediffusion de l'opéra par la chaîne Mezzo.tv en novembre 2012 :
http://sansondavid.wordpress.com/tag/beatrice-uria-monzon/

Autre critique, par Brigitte Cormier :
http://www.forumopera.com/index.php?mact=News,cntnt01,print,0&cntnt01articleid=496&cntnt01showtemplate=false&cntnt01lang=fr_FR&cntnt01returnid=54

Dans l'urgence du journalisme quotidien, le plus gros des critiques de toute la revue de presse lors de la création à l'Opéra Garnier en janvier 2007, demeurent dans l'ornière du conte de Perrault : curiosité, curiosité, curiosité excessive de la part de Judit.
Alors que la totalité des cantatrices comédiennes du rôle sont d'instinct fidèles au texte et à la musique, et leur jeu postural (par excellence celui de Sylvia Sass) ne laisse aucune ambiguïté : de portes ouvertes en portes encore fermées, il s'agit de plus en plus de la recherche de la domination et du pouvoir absolu.

Il faut se sentir fort(e) et en sécurité pour renoncer à la course au pouvoir total. La Judit de Béla Balázs ne l'est jamais, son anxiété prend les commandes, pour le pire. Son "je" n'est pas assez fort pour la retenir de harceler au "tu".

JacquesL

A Kékszakállú Herceg Vára (Bartok Bela), enregistrement genre répétition de concert à Kluj (Roumanie), au concours de direction d'orchestre de 2007. La caméra fixe le chef en concours, Paul Mauffray (un américain originaire de Louisiane). Les chanteurs (magyarophones) sont invisibles. Le sens dramatique de cette mezzo est discutable (fort insuffisant), sa diction est irrégulière, parfois confuse, son timbre est laminé, et elle chante parfois faux. Le baryton- basse est beaucoup plus vaillant et généreux, mais lui non plus ne fera pas de carrière internationale.
7 vidéos :
http://www.youtube.com/watch?v=XFSNSGfnFQY
http://www.youtube.com/watch?v=Q7lPpsPJfDA
http://www.youtube.com/watch?v=-Mn3M6fGUbU
http://www.youtube.com/watch?v=MNADBT-5aFM
http://www.youtube.com/watch?v=OCW6kf0yj3k
http://www.youtube.com/watch?v=92mvmgVJlrE
http://www.youtube.com/watch?v=ws7Xllpy-yI

www.paulmauffray.blogspot.com


Performance vocale autrement plus sérieuse, toujours en version de concert :
http://www.youtube.com/watch?feature=endscreen&v=aRLLydZCNdw&NR=1
Charlotte Hellekant : Judith (mezzo-soprano)
Falk Struckmann : Bluebeard (bass)
Philharmonia Orchestra
Christoph von Dohnányi conductor

Sous-titres anglais en traduction défectueuse.


Enfin, on peut toujours rêver qu'il y aurait des lecteurs soucieux de vérifier comment des hongrois prononcent les noms des deux auteurs Bartók Béla et Balázs Béla, voici un interview de Zoltan Kocsis, pendant une répétition :
http://www.youtube.com/watch?v=hFRKZZRgxlA

JacquesL

#3
"Pourquoi m'as tu suivi, Judit ?" questionne très tôt Kékszakállú.
"Un amour fou" a écrit un des critiques. C'est un amour d'impulsion. Des adultes sont pris dans des symptômes qui les dépassent, et ont bien du mal à revenir à leur état d'adultes.
Judit est prise entre deux pulsions contradictoires de son animalité. Les ruses de l'espèce lui ont soudain fait préférer le mâle âgé et ténébreux, mais présumé riche et viril, et dont ni le tracé de vie ni le cadre de vie ne lui conviennent. Elle ne se comprend pas elle-même.
L'autre pulsion  de son animalité est pour le pouvoir suprême dans le couple. Tout savoir, tout manipuler. Tandis qu'elle n'a toujours pas conquis le pouvoir d'être elle-même, de poser son "je", sans attaquer l'autre. Elle n'a pas encore été mûrie par l'adversité. Le flip-flop amour-désamour lui impose son caprice.

Kékszakállú n'aurait jamais dû provoquer ni accepter cet amour d'impulsion, sans prendre les moyens de permettre à Judit de mûrir en caractère. C'était lui l'aîné, lui seul qui avait des chances de l'avoir appris.