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Tout ce que vous croyez savoir sur la Chine est faux (Minxin Pei).

Démarré par JacquesL, 01 Décembre 2012, 12:01:48 AM

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JacquesL

http://www.slate.fr/tribune/61421/savoir-chine-faux

CiterTout ce que vous croyez savoir sur la Chine est faux
Les Etats-Unis et l'Occident s'inquiètent de la montée en puissance de la Chine, tant économique que politique. Or, confrontée à des scandales de politique intérieur, un ralentissement économique et une remise en cause de ses frontières en mer du Sud, l'hyper-puissance chinoise n'est pas si dangereuse qu'elle en a l'air.


Ces quarante dernières années, les Américains ont été souvent bien lents à prendre la mesure du déclin de leurs rivaux étrangers. Dans les années 1970, ils pensaient que l'Union soviétique était un géant en plein essor, alors même que la corruption et l'inefficacité étaient en train de détruire les organes vitaux d'un régime communiste en décomposition.

A la fin des années 1980, ils craignaient que le Japon ne prenne économiquement le pas sur les Etats-Unis, alors qu'un capitalisme de copinage, la folie spéculative et la corruption politique, qui sautaient aux yeux durant les années 1980, provoquèrent l'effondrement de l'économie japonaise en 1991.

La même maladie frapperait-elle les Américains à l'égard de la Chine? Les dernières nouvelles en provenance de Pékin montrent les faiblesses de la Chine: un ralentissement persistant de la croissance économique, un surplus  de biens manufacturés non vendus, des emprunts toxiques en cascade, une bulle immobilière sur le point d'exploser et une féroce lutte de pouvoir au sommet de l'Etat, auxquels s'ajoutent des scandales politiques à répétition.

De nombreux facteurs, qui ont permis la montée en puissance de la Chine, comme son potentiel démographique, son indifférence aux questions environnementales, sa main d'œuvre bon marché et son accès quasi illimité aux marchés extérieurs, sont en train de reculer ou de disparaître.


L'inquiétude croissante des Etats-Unis

Malgré cela, le déclin de la Chine ne semble pas avoir frappé les élites américaines, sans parler des Américains eux-mêmes. Le «tournant asiatique» de Barack Obama, dont on a fait tant de choux gras lors de son annonce en novembre dernier, se fonde sur l'idée que la croissance de la Chine va se poursuivre.

Le Pentagone estime qu'en 2020, environ 60% de la flotte américaine sera stationnée dans la région de l'Asie et du Pacifique. Washington envisage de déployer des systèmes anti-missiles sur des navires en Extrême-Orient, ce qui montre les inquiétudes des Etats-Unis à l'égard de la capacité balistique croissante des Chinois.

Alors que l'élection présidentielle du 6 novembre se rapproche à grands pas, les Démocrates et les Républicains n'ont pas hésité à en rajouter sur la puissance chinoise tant pour des questions de sécurité nationale que de calcul politicien. Les Démocrates mettent en avant la puissance économique croissante de la Chine pour demander davantage d'investissements du gouvernement fédéral en matière d'éducation et de technologie éco-responsable.

Fin août, le Center for American Progress et le Center for the Next Generation, deux Think tanks plutôt classés à gauche ont rendu public un rapport qui évalue à 200 millions le nombre de titulaires du baccalauréat en Chine en 2030.

Le rapport (qui contient également des estimations de croissance économique pour l'Inde) dépeint le déclin des Etats-Unis en des termes déprimants et exige que des actions décisives soient entreprises. Les Républicains justifient un accroissement des dépenses en matière de défense en cette période de déficits records en citant notamment des prédictions indiquant que les capacités militaires de la Chine vont continuer de s'accroître en accompagnement de sa croissance économique.

La plateforme de 2012 du Parti républicain, publiée fin août à la Convention nationale affirme que: «Face à l'accélération de la montée en puissance militaire de la Chine, les Etats-Unis et nos alliés doivent maintenir des capacités militaires adéquates pour décourager tout comportement agressif ou coercitif de la Chine à l'égard de ses voisins.»


Une déconnexion entre la perception de la Chine et les troubles réels qui l'agitent

La déconnexion entre les troubles qui agitent la Chine et la perception manifestement monolithique de cette nation persiste, malgré une abondante couverture des affaires chinoise par les médias états-uniens, et notamment des fragilités de cette nation. Cette déconnexion s'explique pour partie par le fait que les élites et les citoyens des Etats-Unis demeurent relativement mal informés sur la Chine et sur la nature des défis économiques qui l'attendent ces prochaines décennies.

Le ralentissement de l'activité économique en Chine n'est pas cyclique et n'est pas davantage le produit d'une demande extérieure en baisse. Les maux de la Chine sont bien plus profonds: un énorme capital étatique dilapidé qui pèse lourdement sur le secteur privé, l'inefficacité du système et le manque d'innovation, une élite dirigeante particulièrement rapace et toute entière tournée vers l'enrichissement personnel et la perpétuation de ses privilèges, un système financier complètement sous-développé et une pression écologique et démographie de plus en plus forte.

Malgré cela, pour ceux qui s'intéressent à la Chine, l'idée la plus répandue est qu'elle vit certes un moment difficile, mais que ses atouts demeurent solides.

La situation interne des Etats-Unis tend à influer sur la perception qu'ont les Américains de leurs rivaux. Durant la période des années 1970 à la fin des années 1980, les Américains n'ont pas vu les signes clairs du déclin soviétique, insatisfaits qu'ils étaient de leurs propres performance (voir, à titre d'exemple, le «discours du malaise» du président Jimmy Carter, en 1979).


L'importance du nationalisme chinois

Aujourd'hui, une Chine dont le chiffre de croissance annuel passe de 10 à 8 (pour le moment) semble en bien meilleure santé économique qu'une Amérique où ce même chiffre ne dépasse pas la barre des 2% et où le taux de chômage dépasse les 8%. Aux yeux des Américains, si les choses ne vont pas très bien là-bas, elles sont pires ici.

La perception d'une Chine forte et arrogante persiste également en raison du comportement de Pékin. Le Parti communiste chinois, qui dirige toujours le pays, continue d'exploiter le sentiment nationaliste afin de se présenter comme le défenseur de l'honneur national de la Chine. Les médias d'Etat et les livres d'histoire chinois ont si largement diffusé toute une série de mensonges éhontés et de mythes nationalistes et chauvins qu'il est très facile de fouetter les sentiments anti-occidentaux ou antijaponais.

Source d'inquiétude supplémentaire, Pékin ne faiblit pas d'un iota sur les disputes territoriales qui l'opposent à des alliés de poids des Etats-Unis, comme le Japon ou les Philippines.

Le risque qu'une dispute autour de certains territoires maritimes, particulièrement en Mer de Chine, ne se transforme en conflits armés tend à faire croire aux Américains qu'ils ne doivent pas baisser leur garde face à la Chine.


Les conséquences négatives de la rhétorique anti-chinoise

Malheureusement cet écart entre la perception de l'Amérique de la puissance chinoise et la réalité des faiblesses de la Chine a de réelles conséquences, plutôt négatives. Pékin va utiliser toute cette rhétorique anti-chinoise et le renforcement des troupes américaines en Asie comme la preuve manifeste de l'inimitié de Washington. Le Parti communiste imputera aux Etats-Unis ses difficultés économiques et ses échecs diplomatiques.

La xénophobie pourrait devenir un atout pour un régime qui lutte pour sa survie en cette période de crise. De nombreux chinois tiennent d'ores et déjà les Etats-Unis pour responsables dans l'escalade des tensions territoriale en Mer de Chine du sud et pensent que Washington a incité Hanoï et Manille à choisir la confrontation.

Mais l'effet le plus fondamental de cette déconnexion est la perte d'une opportunité de repenser la politique américaine à l'égard de la Chine et de se préparer à une possible sortie des rails de la Chine au cours des deux prochaines décennies. La pierre angulaire de la politique de Washington à l'égard de la Chine est la poursuite du statu quo, de la perpétuation d'un monde dans lequel le règne du Parti communiste doit se poursuivre pour encore des décennies.

De telles suppositions ont également sous-tendu la politique des Etats-Unis à l'égard de l'Union soviétique, de l'Indonésie de Suharto et plus récemment de l'Egypte de Hosni Moubarak ou de la Libye de Mouammar Kadhafi. Ecarter l'hypothèse d'un changement de régime au sein d'une autocratie apparemment invulnérable est une habitude très ancrée à Washington.


Repenser la politique américaine à l'égard de la Chine

Les Etats-Unis devraient réviser les fondements de leur politique chinoise et considérer plus sérieusement une stratégie alternative, fondée sur l'hypothèse d'un déclin de la puissance chinoise et de la probabilité grandissante d'une transition démocratique imprévue au cours des deux prochaines décennies. Si un tel changement devait se produire, le paysage politique de toute l'Asie en serait modifié au point de ne plus être reconnaissable.

Le régime nord-coréen pourrait s'effondrer en un instant et la péninsule coréenne se trouver réunifiée. Une vague régionale de transitions démocratique pourrait renverser les régimes communistes du Laos et du Vietnam. Mais la plus grande inconnue demeure la Chine elle-même: un pays faible ou affaibli de 1,3 milliards d'habitants est-il capable d'une transition démocratique pacifique?

Il est bien sûr prématuré d'imaginer que le parti communiste chinois a perdu sa capacité d'adaptation et de renouveau. La Chine pourrait bien revenir en force dans les années qui viennent et les Etats-Unis ne doivent naturellement pas écarter cette possibilité. Mais l'hypothèse d'une chute du parti ne doit pas pour autant être écartée d'un revers de main. Et les signes actuels de troubles en Chine tendent à démontrer à l'envi qu'une telle secousse sismique est tout sauf impossible. Les responsables de la politique étrangère américaine commettraient une nouvelle erreur stratégique, d'une ampleur historique, en s'avérant incapables de les décrypter.

Minxin Pei

Traduit par Antoine Bourguilleau

Hmmh...
En sports comme en outillage, difficile d'acheter autre que chinois...

Autre son de cloche, l'auteur, pilote, n'est connu que par ses initiales :

CiterLe 26/11/2012 09:33, Patp a écrit :
> http://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/archive/2012/11/25/un-j-15-chinois-a-bien-decolle-du-porte-avions-liaoning-et-s.html


des images ici:

http://blogs.defensenews.com/intercepts/2012/11/china-conducts-first-aircraft-carrier-landingtakeoff/

Il s'agit de deux protos du J 15, le clone du Su 33.

A ajouter à cet article :
http://www.defensenews.com/article/20121125/DEFREG03/311250003/Is-China-Buying-Russia-8217-s-Su-35-Fighter-?odyssey=tab|topnews|text|FRONTPAGE

Manifestement, les problèmes de motorisation demeurent. Et sans doute d'autres aussi. En particulier, il semble que la Chine ne réussit pas à mettre au point un radar AESA.

Plus globalement, on se demande comment ils peuvent se payer, en simultané, le J 10 B, les différentes versions du J 11, le J 15, le J 20 et le J 31.


>
> Est-ce bien raisonnable de dire en permanence "ils n'y arriveront pas"?

Il ne me semble pas avoir employé le futur. Je me contente de constater qu'il demeure de lourds problèmes. Il y aura peut être des surprises, mais pour le moment, il n'y en a pas.

> Il n'y a aucune raison particulière qui interdit a la Chine de parcourir
> le chemin parcouru chez nous.

Personnellement, j'estime qu'il y a au contraire des tas de raisons qui bloquent la progression. Et que ces raisons ont des racines très profondes. Mais je n'oblige personne à croire que j'ai quelques compétences dans l'analyse de ces raisons.

> Ils sont de plus tout a fait capable d'acheter la technologie russe, même si les Russes sont moins avides de
> devises qu'il y a quelques années.

Pour qu'il y ait transaction, il faut, dans la vraie vie, qu'il y ait un accord entre vendeurs et acheteurs. Actuellement, les Russes, qui regardent la Chine avec infiniment plus de réalisme que les Occidentaux, sont très réticents à vendre certaines choses à la Chine.


> Pourrais-tu les exposer ? Je suis intéressé. Ou si tu as des liens...

La justification, c'est une partie de mon job, je ne peux donc pas détailler.
En TRES gros (et ce que je dis n'est pas lié au régime actuel).
Problèmes de formation : pour des tas de raisons, la langue chinoise n'est pas adaptée aux sciences de l'ingénieur. De plus, son apprentissage entre en concurrence, sauf chez les tout meilleurs, la formation du cerveau aux ordres de grandeur et au calcul mental.
Par ailleurs, l'enseignement demeure largement basé sur le par coeur et la répétition. Pas de place pour l'esprit critique.
Problèmes de hiérarchie : On peut discuter un certain temps, mais une fois que le chef a sifflé la fin de la récré, on exécute et on se tait.
Problèmes d'adaptabilité : une fois qu'une technique est maitrisée, les exécutants ont beaucoup de mal à passer à l'étape au dessus et à se remettre en cause. Donc l'innovation n'est pas à la mode.
Problèmes de contrôle de qualité : en Occident, le contrôle est exercé tout au long du processus. En Chine on tend à fabriquer et à attendre la livraison pour vérifier que çà marche.
Problèmes de surestimation : Outre le fait de penser que les Chinois sont supérieurs au reste des humains, il y a aussi une croyance qui perdure : les autres se sont cassé la tête, mais nous allons trouver un raccourci génial.

Tout ceci est caricatural. Et on retrouve beaucoup de ces défauts partout dans le monde. Mais c'est exacerbé en Chine.

> Mais excepté ce qui concerne l'apprentissage du Chinois et la langue
> elle même, qu'est-ce qui empêche la Chine de corriger les autres
> problèmes ? Les process qualité se changent, l'apprentissage se change
> aussi, ...

C'est ce qu'ils essaient de faire. Mais on n'efface pas le poids d'une civilisation d'un coup de baguette magique. Et les changements font peur aux dirigeants, parce qu'ils remettraient tout en cause.
Par ailleurs, il faut noter qu'entre 1911 et 1982, la Chine n'a pas formé de formateurs... Cà se paye pendant très longtemps.