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La presse britannique publie la photo qui devrait suffire à innocenter Assange

Démarré par JacquesL, 04 Septembre 2012, 10:42:26 PM

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JacquesL

La presse britannique publie la photo qui devrait suffire à innocenter Assange :


http://www.dailymail.co.uk/news/article-2193641/Julian-Assange-rape-claim-Is-photo-clear-him.html

CiterIs this the photo that could clear Assange? Grinning for the camera, WikiLeaks boss and 'Woman A' who says he sexually assaulted her 48 hours earlier



Smiles all around: Woman A, left, at a dinner with Julian Assange, centre, host Richard Falkvinge, Anna Troberg and Sara Sangberg


If the case ever reaches court –  Mr Assange is currently holed up in the Ecuadorian Embassy in London – his lawyers will argue that the  photograph undermines the 33-year-old woman's entire story. And, they claim, there is more.

In the two days after the alleged assault in Sweden, Mr Assange and Woman A, as she is known, attended a conference and two dinner parties where it is claimed they were practically inseparable.

During one party, Woman A tweeted that she was 'with the world's coolest, smartest people!'.

The photograph was taken on August 15, 2010, at the Glenfiddich restaurant in Stockholm, at a dinner of meatballs and schnapps hosted by Rickard Falkvinge, the founder of the Swedish Pirate Party (PP), which campaigns for greater government transparency.

Although by all accounts it was a jolly occasion, there was some serious discussion that at times became 'passionate and intense'.

Mr Falkvinge said the purpose of the dinner, which lasted three hours, was to sign a contract between the PP and WikiLeaks so Mr Assange's organisation could use the party's computer servers.

Also present was the deputy  leader of PP, Anna Troberg, and the party's IT manager, Richard Olson, who brought along his then fiancee, Sara Sandberg.

Since the assault charges were brought, Mr Falkvinge and Ms Troberg have given detailed statements to the police in support of Mr Assange. Mr Falkvinge said their testimony included observations about the body language between Mr Assange and Woman A, who arrived with another woman,  called Pietra, who stayed just for the starter.

Mr Falkvinge sat next to Mr Assange, with Woman A sitting diagonally opposite them.

'Most of the night, Julian was speaking with me,' Mr Falkvinge said. 'This was a heads of organisation meeting and everybody had  a counterpart to talk to. It was a  professional dinner.'

For Mr Falkvinge, one of the things that was striking about it, in view of what he later learned, was that Woman A volunteered to become Mr Assange's press secretary during the meal. Mr Falkvinge has refused to go into details about the way Woman A behaved with Mr Assange, because he has to give evidence in court if a trial is held.

But he made it clear that he did not think Woman A behaved like a victim or someone who had suffered a traumatic sexual experience only two days earlier.

He said: 'You can look at objective facts and draw far-reaching conclusions: the fact that we are at the dinner and it was with very passionate people and with good food and drinks; the fact that I and Anna Troberg have left depositions as key defence witnesses in the upcoming trial – that does tell you a lot.

'You can say what we saw was more consistent with the defence than the prosecution.'

Due to Woman A's complaint to the police, as well as that of another alleged victim, Mr Assange has been fighting extradition to Sweden from Britain for the past two years.

He insists he has been set up, and fears that going to Sweden is a ruse for him to be quickly extradited to America, where he could stand trial for leaking hundreds of thousands of classified US military documents on the WikiLeaks website.

His two-year fight against extradition took a bizarre twist when Mr Assange entered the Ecuadorian Embassy in June seeking asylum.

He was granted asylum by Ecuadorian president Rafael Correa last week, igniting a diplomatic rift between Ecuador and Britain.

The Mail on Sunday has also learned that just hours after the alleged attack, Woman A accompanied Mr Assange to a Social Democratic Party conference.

According to police reports, it was there that Mr Assange met Woman B, aged 29, who would accuse him  of rape.

The two women's lawyer, Claes Borsgtrom, said yesterday: 'We will only discuss the dinner at the restaurant and the picture in court.'



JacquesL

Situation gravissime pour Julian Assange : l'appel de détresse de sa mère

https://www.agoravox.tv/actualites/international/article/situation-gravissime-pour-julian-79250
par Christophe Hamelin.


Voici un appel de détresse lancé par la mère de Julian Assange. Ce qui se passe est d'une extrême gravité. Comment certains peuvent-ils continuer à appeler les régimes politiques occidentaux des "démocraties" alors que le pire est en train de se produire ? Allez-vous ouvrir les yeux un jour et comprendre qu'une domination immense, sans précédent dans l'histoire est en train de s'abattre sur les peuples ? Et nous sommes là à regarder l'oligarchie mettre à mort ce dissident comme jadis les soviétiques éliminaient les leurs. Aujourd'hui, ce sont nos dissidents qui, à l'image d'Edward Snowden, fuient vers la Russie en quête de protection. Que faire d'autre à part lancer des bouteilles à la mer, isolés que nous sommes, réduits à l'impuissance par notre isolement dans nos foyers ?

https://youtu.be/5nxigIRUkcU
http://src=https://youtu.be/5nxigIRUkcU
<iframe width="620" height="349" src="https://www.youtube.com/embed/5nxigIRUkcU" frameborder="0" allow="accelerometer; autoplay; encrypted-media; gyroscope; picture-in-picture" allowfullscreen></iframe>

(traduit à partir de la transcription d'un document sonore)

Ceci n'est pas un exercice. C'est une urgence. La vie de mon fils, le journaliste Julian Assange, est en danger imminent et grave. Je vous remercie tous d'entendre l'appel d'une mère qui vous demande de l'aider à le sauver.

Bien que Julian soit un journaliste primé à maintes reprises, très aimé et respecté pour avoir courageusement dénoncé, dans l'intérêt du public, des crimes graves et la corruption à haut niveau, il est actuellement seul, malade, souffrant et réduit au silence et à l'isolement, coupé de tout contact et torturé au cœur de Londres. La prison moderne des prisonniers politiques n'est plus la Tour de Londres mais l'Ambassade de l'Equateur.

Voici les faits : Julian est détenu depuis près de huit ans sans inculpation. Vous avez bien lu : sans inculpation.

Au cours des six dernières années, le gouvernement britannique a refusé ses demandes d'accès aux soins de santé de base : air frais, exercice, soleil pour la vitamine D et accès à des soins médicaux et dentaires appropriés. En conséquence, sa santé s'est sérieusement détériorée et les médecins qui l'examinent mettent en garde contre ces conditions de détention qui mettent sa vie en danger. Un assassinat lent et cruel se déroule sous nos yeux à l'ambassade de Londres.

En 2016, après une enquête approfondie, les Nations Unies ont statué que les droits de Julian avaient été violés à plusieurs reprises, qu'il était détenu illégalement depuis 2010, et ont ordonné sa libération immédiate, un sauf-conduit et son indemnisation. Le gouvernement britannique a refusé de se conformer à la décision de l'ONU.

Le gouvernement américain a déclaré que l'arrestation de Julian était une priorité. Ils veulent contourner la protection des journalistes américains en vertu de leur Premier Amendement [de la Constitution US] en l'accusant d'espionnage. Ils ne reculeront devant rien pour le faire.

En raison de la menace que les États-Unis font peser sur l'Équateur, son droit d'asile est maintenant directement menacé. Les pressions exercées par les États-Unis sur le nouveau président équatorien ont conduit Julian à être placé en isolement cellulaire strict et sévère au cours des sept derniers mois. Privé de tout contact avec sa famille et ses amis. Seuls ses avocats peuvent lui rendre visite.

Il y a deux semaines, la situation s'est considérablement aggravée. L'ancien président de l'Équateur, Rafael Correa, qui a légitimement accordé à Julian l'asile politique devant les menaces américaines contre sa vie et sa liberté, a publiquement averti que lorsque le vice-président américain Mike Pence s'est récemment rendu en Équateur, un accord a été conclu pour livrer Julian aux États-Unis. Il a déclaré que parce que le coût politique d'une expulsion de Julian était trop élevé, le plan consiste à le briser mentalement. Un nouvel ensemble de règles et de protocoles inhumains, impossibles à mettre en œuvre, a été mis en place à l'ambassade pour le torturer au point de le faire craquer et le forcer à partir.

En même temps, un membre du gouvernement équatorien a tenté à plusieurs reprises d'annuler la citoyenneté équatorienne [de Julian] afin qu'il puisse être extradé directement vers les États-Unis.

Alors que ses avocats contestaient cette dernière violation de ses droits humains en vertu de la Constitution équatorienne, l'avocat du gouvernement a averti Julian que même son témoignage décrivant ses souffrances pourrait constituer une violation du nouveau protocole et un motif d'expulsion de l'ambassade. Ils lui ont refusé la visite de ses avocats pendant quatre jours, avant l'audience de lundi prochain, ce qui compromet la préparation de son dossier et accroît encore son isolement, son anxiété et son stress.

Ils sont en train de piéger mon fils pour avoir une excuse pour le livrer aux États-Unis, où il fera l'objet d'un simulacre de procès.

Au cours des huit dernières années, il n'a pas eu accès à un processus juridique approprié. A chaque étape, c'est l'injustice qui a prévalu, avec un énorme déni de justice. Il n'y a aucune raison de penser qu'il en sera autrement à l'avenir. Le grand jury américain qui produit le mandat d'extradition se tient en secret, a quatre procureurs mais pas de défense ni de juge.

Le traité d'extradition entre le Royaume-Uni et les États-Unis permet au Royaume-Uni d'extrader Julian vers les États-Unis sans qu'il y ait de preuve prima facie. Une fois aux États-Unis, la National Defense Authorization Act permet la détention illimitée sans procès. Julian risque d'être emprisonné à Guantánamo Bay et torturé, d'être condamné à 45 ans de prison de haute sécurité, ou la peine de mort.

Mon fils est en danger critique à cause d'une persécution brutale et politique par les tyrans au pouvoir dont il a courageusement dénoncé les crimes et la corruption quand il était rédacteur en chef de WikiLeaks. Les entités corrompues qui, au gouvernement, parlent d'intimidation, de fausses nouvelles et de droits humains sont les mêmes brutes qui poussent mon fils à la mort.

Il semblerait que le journalisme courageux, honnête et primé à plusieurs reprises soit devenu une activité dangereuse.

Les voies légales ont été subverties, et il est donc peu probable qu'elles puissent le sauver.

Parce qu'il s'agit d'une persécution politique transnationale par une superpuissance sauvage en collusion avec ses alliés, sauver Julian nécessite l'indignation des peuples du monde.

Je vous demande de faire du bruit, beaucoup de bruit, et de continuer à en faire jusqu'à ce que mon fils soit libéré. Nous devons protester contre cette brutalité assourdissante.

J'en appelle à tous les journalistes pour qu'ils se dressent, parce qu'il est votre collègue - et parce que vous serez les prochains.

J'en appelle à tous les politiciens qui disent qu'ils sont entrés au Parlement pour servir le peuple, pour qu'ils se dressent maintenant.

J'en appelle à tous les activistes qui soutiennent les droits de l'homme, les réfugiés, l'environnement, et qui sont contre la guerre, à se dresser maintenant parce que WikiLeaks a servi les causes que vous défendez, et Julian souffre maintenant pour cela, à vos côtés.

J'en appelle à tous les citoyens attachés à la liberté, à la démocratie et à la justice, à mettre de côté leurs divergences politiques et à s'unir et à se mobiliser maintenant.

La plupart d'entre nous n'ont pas le courage des lanceurs d'alerte, ni des journalistes comme Julian Assange qui les publient, afin que nous soyons informés et avertis des abus de pouvoir. Mais nous pouvons nous mobiliser en masse et les protéger.

Tout au long de l'histoire, lorsque les abus de pouvoir sont devenus insupportables pour le peuple, celui-ci s'est uni et s'est levé pour les faire cesser.

Le moment est venu de dire « ça suffit ! Nous, les gens, ne resterons pas les bras croisés et ne regarderons pas mourir ce courageux journaliste ».

(Traduction "gorge nouée et rage au ventre. Où sont les médias "alternatifs" ?" par VD pour le Grand Soir avec probablement toutes les fautes et coquilles habituelles.)

Accessoirement, j'ai longtemps pensé que Pamela Anderson était une potiche, c'était "Alerte à Malibu", etc. Bon, il ne s'agit pas ici d'en faire une intellectuelle, cependant, on peut lui reconnaître une réelle lucidité sur des sujets étonnants comme l'affaire Assange ou encore l'organisation de la phobie anti-russe par l'oligarchie qui nous contrôle. Voici un court entretien avec elle, pour ceux qui comprennent l'anglais :

https://youtu.be/iYSEpYiJ0JY
<iframe width="620" height="349" src="https://www.youtube.com/embed/iYSEpYiJ0JY" frameborder="0" allow="accelerometer; autoplay; encrypted-media; gyroscope; picture-in-picture" allowfullscreen></iframe>

Cette fille a du cran, elle vit dans une dictature, elle est super connue, bosse à Hollywood et se permet de dire la vérité sur Assange, Poutine et la Russie en général et même de dire que certains sont contents de la situation. Chapeau Pam

Christophe Hamelin.


JacquesL

Lâché par le président équatorien, Assange a été capturé par les britanniques dans l'ambassade d'Equateur.
https://fr.sputniknews.com/international/201904111040693200-assange-ambassade-equateur-londres-arrestation/
https://www.agoravox.tv/actualites/international/article/le-fondateur-du-site-wikileaks-81281

De ceux qui ont empoisonné et qui séquestrent le père et la fille Skripal, on ne peut s'attendre qu'au pire.

JacquesL

#3
La procédure britannique fantoche contre Assange
https://lesakerfrancophone.fr/la-procedure-britannique-fantoche-contre-assange

Par Moon of Alabama − Le 26 février 2020

La Grande-Bretagne tient actuellement un procès-spectacle obscène contre le fondateur de Wikileaks, Julian Assange. L'audience est destinée à se terminer par l'extradition d'Assange vers les États-Unis, ou sa mort. Aux États-Unis, il serait accusé de complot pour révélation de secrets et mis en prison pour le restant de ses jours.


Au fil des ans, Wikileaks a révélé des informations sur de nombreuses questions importantes. Comme l'a fait remarquer Patrick Cockburn : avec WikiLeaks, Julian Assange a fait ce que tous les journalistes devraient aspirer à faire. Wikileaks a fourni le matériel que ses sources ont révélé à leurs médias partenaires qui en ont profité, mais ont ensuite trahi Assange. Comme Kit Klarenberg l'a écrit il y a quelques jours : « Ils devraient être en prison », ou comment le Guardian et le New York Times ont «mis le pied à l'étrier» pour Julian Assange.

Ceux qui ne connaissent pas le faux dossier contre Julian Assange devraient lire cet entretien avec Nils Melzer, le rapporteur spécial des Nations Unies sur la torture, qui fournit un aperçu détaillé. De l'avis de Melzer, Assange, en tant qu'éditeur principal de Wikileaks, n'a commis aucun crime.

Melzer a également écrit sur sa page médium à propos de l'affaire :


  • Dévoiler la torture de Julian Assange

  • La Responsabilité de l'État dans la torture de Julian Assange. La fausse affaire de « viol » en Suède qui a été utilisé pour incarcérer Assange est également détaillée dans le livre de Marcello Ferrada de Noli : le cas géopolitique de la Suède contre Assange 2010-2019. Il peut être téléchargé gratuitement.
Le fait que l'affaire d'extradition en cours contre Assange est pourrie et qu'une mauvaise issue pour lui est probablement assurée peuvent être déduits des personnes à l'origine de la procédure en cours. Matt Kennard et Mark Curtis de Declassified UK ont fait des recherches :


  • RÉVÉLÉ : le magistrat en chef de l'affaire Assange a reçu des avantages financiers d'organisations secrètes partenaires du ministère britannique des Affaires étrangères

  • Le ministre britannique, qui a approuvé la demande de Trump d'extrader Assange, s'est entretenu lors de réunions américaines secrètes avec des personnes appelant à sa «neutralisation»
Craig Murray et Kevin Gosztola sont dans la salle d'audience pour surveiller la procédure. Gosztola tweete en direct – jour 1, jour 2, jour 3 – depuis le palais de justice de Woolwich à Londres et fournit des comptes rendus quotidiens sur Shadowproof.com :


  • La défense d'Assange détaille l'opération d'espionnage soutenue par la CIA, la politisation, par Trump, du ministère de la Justice.

  • Audience d'extradition d'Assage. La résistance du Grand jury de Chelsea Manning est un obstacle majeur pour les procureurs
L'ambassadeur Craig Murray publie des résumés quotidiens sur son site :


  • Your Man in the Public Gallery – Assange Hearing Day 1

  • Your Man in the Public Gallery – Assange Hearing Day 2

  • George Galloway a prononcé hier un discours sur les processus abstrus autour de l'audience. La vidéo de celui-ci est ici.
Certains espèrent que le tribunal britannique n'extradera pas mais libérera Assange. Malheureusement, cela semble actuellement peu probable. Mais l'affaire sera durement combattue, pendant plusieurs mois, et parfois de bonnes choses se produisent.

Moon of Alabama

Traduit par jj, relu par Wayan pour le Saker Francophone


JacquesL

#4
Le kafkaïen procès de Julian Assange
https://lesakerfrancophone.fr/le-kafkaien-proces-de-julian-assange
par Caitlin Johnstone – Le 28 février 2020 – Source caitlinJohnstone.com



La première partie du procès d'extradition de Julian Assange est terminée, il reprendra le 18 mai. Si vous n'avez pas suivi la procédure de près, laissez-moi vous résumer ce que vous avez manqué :

L'accusation travaille à l'extradition d'Assange vers les États-Unis en vertu d'un traité d'extradition entre les États-Unis et le Royaume-Uni, mais celui-ci interdisant explicitement les extraditions politiques, l'accusation prétend maintenant que le contenu devrait être ignorer. L'accusation dit que cela n'a de toute façon pas d'importance parce qu'Assange n'est pas un acteur politique, même si, en 2010, le gouvernement américain, le même qui tente de l'extrader, le qualifiait d'acteur politique, dans ces termes exacts. Le procès d'Assange se déroule dans une prison de haute sécurité pour délinquants dangereux et violents, car c'est là qu'il est incarcéré, sans raison apparente et bien qu'il n'ait aucun antécédents de violence, ce qui signifie qu'il est séparé de la salle d'audience par une enceinte de sécurité insonorisée qui l'empêche d'entendre et de participer à son propre procès. La magistrate qui juge l'affaire dit qu'il ne peut pas être autorisé à sortir de l'enceinte car il est considéré comme dangereux alors qu'il a été arbitrairement placé dans une prison pour délinquants dangereux et violents. La magistrate dit à Assange d'arrêter de parler pendant son procès et de s'exprimer par l'intermédiaire de ses avocats, tout en l'empêchant de communiquer avec ses avocats.

Cela a-t-il un sens ?

Non ?



Même pas un tout petit peu ?

Oh. Ok. Laissez-moi vous expliquer.

CiterUne organisation britannique de défense des droits de l'homme et de réforme du droit a estimé que le fait de maintenir un accusé enfermé dans une cage de verre insonorisée à l'écart de la salle d'audience, comme c'est le cas actuellement pour Assange, constitue nécessairement une violation de son droit à un procès équitable. https://t.co/FG61rIu1ur
— Caitlin Johnstone ⏳ (@caitoz) February 27, 2020
Il est courant dans les tribunaux britanniques d'avoir ce qu'on appelle un « banc des accusés », un endroit où les accusés siègent à l'écart des juges et avocats. Toutes les salles d'audience britanniques n'ont pas de banc, et tous les bancs ne sont pas du type « sécurisé » avec armoire vitrée comme celui dans laquelle Assange est placé ; ces bancs peuvent aussi être des enceintes ouvertes en bois. Comme Assange est détenu sans explication dans une prison de haute sécurité normalement réservée aux délinquants violents les plus dangereux et aux condamnés pour terrorisme, son procès se déroule dans une cage qui est de type « sécurisé » (à tel point qu'il se plaint de ne pas pouvoir entendre les débats de son propre procès à travers la vitre pare-balles), et on s'attend à ce qu'il y reste. La magistrate a décidé que ce délinquant non violent serait maintenu dans son enceinte insonorisée pendant toute la durée de son procès, affirmant bizarrement qu'Assange représente un danger pour le public.

Craig Murray, ancien ambassadeur du Royaume-Uni et soutien de longue date d'Assange, était présent au tribunal pendant les quatre jours du procès, et il a décrit la situation comme suit (Edward Fitzgerald est l'avocat de la défense d'Assange, Vanessa Baraitser est la magistrate) :

CiterA la reprise, Edward Fitzgerald a fait une demande formelle pour que Julian soit autorisé à s'asseoir à côté de ses avocats dans la salle du tribunal. Julian est "un homme doux et intellectuel" et non un terroriste. Baraitser a répondu que libérer Assange du banc des accusés pour qu'il s'assoit dans la salle du tribunal signifierait qu'il est libéré. Pour pouvoir le faire, il faudrait demander une mise en liberté sous caution.

Même l'avocat de l'accusation, James Lewis, est intervenu du côté de la défense pour tenter de rendre le traitement de Julian moins extrême. Il n'était pas, a-t-il suggéré avec réticence, tout à fait sûr qu'il soit exact qu'il faille une caution pour que Julian soit assis dans la salle du tribunal, ou que le fait d'être dans cette salle, accompagné par des agents de sécurité, signifiait qu'un prisonnier n'était plus en détention. Les prisonniers, même les plus dangereux des terroristes, ont témoigné depuis la barre des témoins dans la salle du tribunal, avec les avocats et les magistrats. Au sein de la Haute Cour, les prisonniers s'assoient fréquemment avec leurs avocats lors des audiences d'extradition, et dans les cas extrêmes de criminels violents ils sont menottés à un agent de sécurité.

Baraitser a répondu qu'Assange pourrait constituer un danger pour le public. Qu'il s'agissait d'une question de santé et de sécurité.
Oh oui, je suis sûr que tout le monde dans la salle d'audience est très préoccupé par le fait que le maigre informaticien intello pourrait à tout moment passer en mode bestial et commencer à tous les attaquer dans la salle. Bien sûr, Vanessa.

Donc, pour résumer, Assange a été placé dans une prison pour délinquants dangereux sans raison, et il est considéré trop dangereux pour participer à son propre procès parce qu'il est dans une prison pour délinquants dangereux. La défense et l'accusation sont d'accord pour dire que c'est absurde, mais le juge, soi-disant impartial, a statué contre eux.

Cela a-t-il un sens pour vous ?

Non ?

Bien. Cela signifie que vous êtes encore sain d'esprit.

CiterCraig Murray✔@CraigMurrayOrg 

Your Man in the Public Gallery - L'audience d'Assange Jour 3 - Lors de la procédure d'hier au tribunal, l'accusation a adopté des arguments si catégoriques et déraisonnables que je me suis demandé comment les rédiger d'une manière qui ne ressemble pas à une caricature... https://t.co/Fd56lIUVcM - Craig Murray (@CraigMurrayOrg) 27 février 2020
Dans le même rapport, Murray indique également qu'il était interdit à Assange de transmettre des notes à ses avocats. Pourtant, lorsqu'il a essayé de parler pendant son procès pour attirer l'attention de quelqu'un, Baraitser lui a dit qu'il ne pouvait parler que par l'intermédiaire de ses avocats. Kevin Gosztola de Shadowproof rapporte également que les avocats de la défense se sont plaint qu'ils ne peuvent même pas voir quand il souhaite communiquer quelque chose avec eux, parce que sa cage de verre est placée dans leur dos.
Bridges for Media Freedom explique ce qui suit :
CiterAssange s'est alors levé et a dit : "Le problème, c'est que je ne peux pas me faire représenter." La juge Baraitser lui a alors dit de "se taire et de parler par l'intermédiaire de ses avocats". Il a répondu : "C'est le problème, je ne peux pas."
Assange s'est également plaint que même lorsqu'il est à la fois capable et autorisé à parler à ses avocats pendant le procès, il ne peut pas le faire en privé, disant : « Je ne peux pas communiquer avec mes avocats ou leur demander des éclaircissements sans que l'autre partie ne le voie » et « L'autre partie a environ 100 fois plus de contacts avec ses avocats ».
Assange, par frustration, s'est plaint en disant : « Je suis autant un participant à ces procédures qu'un spectateur à Wimbledon ».
Assange ne peut donc s'exprimer que par l'intermédiaire de ses avocats, mais il se heurte également à de nombreux obstacles pour parler avec ses avocats. Des choses parfaitement normales dans un procès parfaitement normal étant traité de manière parfaitement normale par un empire parfaitement normal.
https://youtu.be/JxgL7-1QLes

Il est assez clair que Baraitser a encore plus de préjugés contre Assange que les procureurs eux-mêmes et qu'elle a décidé de la façon dont elle va statuer bien avant le début du procès. Cela est d'autant plus louche qu'il n'y a apparemment aucune photo en ligne de cette fonctionnaire, et qu'il n'y a même aucune documentation sur son existence en dehors de ce tribunal.
« Mme Baraitser n'aime pas la photographie – elle semble être la seule personnalité publique en Europe occidentale à n'avoir aucune photo d'elle sur Internet », a écrit Murray après avoir noté sa colère contre quelqu'un qui photographiait la salle d'audience. « En effet, le propriétaire moyen d'un garage de campagne laisse plus de preuves de son existence et de son histoire sur internet que Vanessa Baraitser. Ce qui n'est pas un crime de sa part, mais je soupçonne que cet effacement ne se fait pas sans effort considérable. Quelqu'un m'a suggéré qu'elle pourrait être un hologramme, mais je ne pense pas. Les hologrammes ont plus d'empathie ».
En soi, cela est bizarre. Comment une personne sans visage public peut-elle statuer sur un procès d'extradition d'une telle importance historique ? Comment un agent public peut-il prendre une décision qui affectera tous les membres du public d'une manière ou d'une autre, alors que le public n'est pas autorisé à savoir quoi que ce soit sur elle ou même à quoi elle ressemble ? C'est, à mon avis, bizarre et effrayant.
CiterMatt Kennard@DCKennard

C'est intéressant. J'ai fait quelques recherches. Baraister n'existe pas en dehors du tribunal. Rien.
https://t.co/R0YksHkfbR - Matt Kennard (@DCKennard) 27 février 2020
Ensuite, il y a l'accusation. Elle essaye de faire valoir que le traité d'extradition entre les États-Unis et le Royaume-Uni, qui interdit expressément l'extradition pour des délits politiques, est nul et inapplicable à cette affaire en raison d'une autre loi appelée « Extradition Act » qui est rédigée différemment, alors que le traité d'extradition a constitué la base de la demande d'extradition d'Assange.
« Nous sommes dans un monde assez étrange, genre Alice au pays des merveilles, où le traité qui contrôle et donne lieu à la demande d'extradition, n'a soi-disant rien à voir avec la légalité de celle-ci, c'est très étrange », a déclaré Fitzgerald à un moment donné, ajoutant : « il est généralement admis dans le monde entier que des personnes ne devraient pas être extradées pour un délit non violent de nature politique ».
L'accusation a également tenté de faire valoir que même si les exemptions prévues par le traité d'extradition s'appliquaient, cela n'aurait pas d'importance car Assange n'est pas accusé de quoi que ce soit qui pourrait être qualifié de délit politique. Elle a déclaré que la défense doit « mettre sur un pied d'égalité ce que M. Assange est censé avoir fait et si oui ou non le seul but était de changer le gouvernement en Amérique ou d'inciter l'Amérique à changer sa politique, ce qui, selon nous, n'est pas le cas dans les deux cas ».
La défense a correctement répliqué que non seulement WikiLeaks essayait d'influencer le comportement du gouvernement américain, mais qu'il y était parvenu. De plus, le gouvernement américain a lui-même accusé Assange d'être un acteur politique qui essaie de changer le comportement de l'Amérique.
« Ce n'est pas un journaliste. Ce n'est pas un dénonciateur. C'est un acteur politique. Il a un programme politique », déclarait PJ Crowley, porte-parole du Département d'État, à propos d'Assange en 2010, après que WikiLeaks ait commencé à exposer les crimes de guerre américains. « Il essaie de saper le système international qui nous permet de coopérer et de collaborer avec d'autres gouvernements et de travailler dans un cadre multilatéral et sur une base bilatérale pour aider à résoudre des problèmes régionaux et internationaux ».
En d'autres termes, Assange est un acteur politique qui tente délibérément d'interférer avec le programme de domination mondiale du gouvernement américain.
Le dictionnaire Merriam-Webster définit le mot kafkaïen comme « de, relatif à, ou suggérant Franz Kafka ou ses écrits en particulier : de qualité cauchemardesque, complexe, bizarre ou illogique ».
« L'œuvre de Kafka se caractérise par des contextes cauchemardesques dans lesquels les personnages sont écrasés par une autorité aveugle et absurde », explique Merriam-Webster. « Ainsi, le mot kafkaïen est souvent appliqué à des situations administratives bizarres et impersonnelles où l'individu se sent impuissant à comprendre ou à contrôler ce qui se passe ».
J'essaie généralement d'éviter les mots que peu de gens comprendront dans mes écrits, en particulier dans mes titres, mais vous le connaissez, bon sang. C'est la définition la plus parfaite que vous puissiez trouver de ce ridicule et cauchemardesque labyrinthe bureaucratique.
On peut s'attendre à pire lorsque le procès reprendra en mai et, pour être clair, c'est maintenant la partie la plus juste et la plus équitable du combat. Si Assange est extradé vers les États-Unis, comme la mystérieuse Vanessa Baraitser semble prête à le permettre, il sera confronté à un procès biaisé après que lui et son équipe juridique aient été espionnés par les services de renseignement américains lors de la préparation de sa défense. Lui et son équipe juridique n'auront droit à faire aucun commentaire pendant le procès, et il disparaîtra dans un trou noir de « mesures administratives spéciales » d'où plus personne ne pourra l'entendre.
Le temps est venu de défendre Assange et l'avenir de la liberté de la presse. Pas quand il sera extradé. Pas après son faux procès et sa condamnation draconienne. Maintenant.
Caitlin Johnstone
Traduit par Wayan, relu par Hervé pour le Saker Francophone

JacquesL

Toute la vérité sur Julian Assange : 'Un système assassin est en train d'être créé sous nos yeux'
https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/toute-la-verite-sur-julian-assange-221786

par Le Cri des Peuples (son site)
mercredi 4 mars 2020
Interview de Nils Melzer, Rapporteur spécial des Nations Unies sur la torture.

Plutôt que les gesticulations des saltimbanques Branco & Dupond-Moretti, qui veulent faire croire aux nigauds que la France macronienne, plus que jamais asservie à Washington, pourrait ne serait-ce qu'envisager un instant d'accorder l'asile politique à Assange, cette même France-esclavissime qui sous Hollande a mis en danger la vie d'Evo Morales et violé son immunité pour s'assurer que Snowden n'était pas à bord de l'avion présidentiel, voilà un rappel des faits nécessaire que ni Le Monde ni Mediapart, parties prenantes de la cabale contre Assange, ne daigneraient fournir à leurs lecteurs.

***

« Je n'ai jamais vu d'affaire comparable » Nils Melzer, Rapporteur spécial des Nations Unies sur la torture.

Une allégation de viol inventée et des preuves fabriquées en Suède, des pressions du Royaume-Uni pour ne pas abandonner l'affaire, un juge partial, la détention dans une prison à sécurité maximale, la torture psychologique... et bientôt l'extradition vers les États-Unis, où il pourrait faire face à 175 ans de prison pour avoir dénoncé des crimes de guerre. Pour la première fois, le rapporteur spécial des Nations unies sur la torture, Nils Melzer, parle en détail des découvertes explosives de son enquête sur le cas du fondateur de Wikileaks, Julian Assange.


Une interview réalisée par Daniel Ryser, Yves Bachmann (Photos) et Charles Hawley (Traduction), le 31 janvier 2020.

Source : https://www.republik.ch/2020/01/31/nils-melzer-about-wikileaks-founder-julian-assange

Traduction : lecridespeuples.fr

1. La police suédoise a fabriqué de toutes pièces une histoire de viol


Nils Melzer, pourquoi le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la torture s'intéresse-t-il à Julian Assange ?


C'est une chose que le ministère allemand des Affaires étrangères m'a récemment demandée : est-ce vraiment votre mandat principal ? Assange est-il victime de torture ?

Quelle a été votre réponse ?

L'affaire relève de mon mandat de trois manières différentes.

Premièrement, Assange a publié des preuves de torture systématique. Mais au lieu des responsables de ces actes de torture, c'est Assange qui est persécuté.

Deuxièmement, il a lui-même été maltraité au point qu'il présente maintenant des symptômes de torture psychologique.

Et troisièmement, il doit être extradé vers un pays qui détient des personnes comme lui dans des conditions de détention qu'Amnesty International a qualifiées de torture.

En résumé : Julian Assange a révélé des actes de torture, a été torturé lui-même et pourrait être torturé à mort aux États-Unis. Et un cas comme celui-ci ne devrait pas faire partie de mon domaine de responsabilité ? Au-delà de cela, l'affaire a une importance symbolique et affecte tous les citoyens des pays démocratiques.

Pourquoi n'avez-vous pas abordé le cas beaucoup plus tôt ?

Imaginez une pièce sombre. Soudain, quelqu'un fait la lumière sur l'éléphant qui se trouve dans la pièce, à savoir les criminels de guerre, la corruption. Assange est l'homme à l'honneur (qui a permis de révéler tout cela). Les gouvernements incriminés sont brièvement sous le choc, mais ils détournent ensuite l'attention avec des accusations de viol. C'est une manœuvre classique lorsqu'il s'agit de manipuler l'opinion publique. L'éléphant disparaît à nouveau dans l'obscurité, derrière les projecteurs. Et Assange devient le centre d'attention à la place, et nous commençons à nous demander si Assange fait du skateboard à l'ambassade ou s'il nourrit correctement son chat. Soudain, nous savons tous qu'il est un violeur, un pirate informatique, un espion et un narcissique (notamment à en croire Le Monde et Mediapart). Mais les abus et les crimes de guerre qu'il a découverts s'estompent dans l'obscurité. J'ai également perdu ma concentration, malgré mon expérience professionnelle, qui aurait dû me conduire à être plus vigilant.



Commençons par le commencement : qu'est-ce qui vous a amené à vous saisir de l'affaire ?

En décembre 2018, ses avocats m'ont demandé d'intervenir. J'ai d'abord refusé. J'étais surchargé par d'autres requêtes et je ne connaissais pas vraiment le dossier. Mon impression, largement influencée par les médias, était également teintée par le préjugé selon lequel Julian Assange était en quelque sorte coupable et qu'il voulait me manipuler. En mars 2019, ses avocats m'ont approché pour la deuxième fois car les indications qu'Assange serait bientôt expulsé de l'ambassade d'Équateur se faisaient de plus en plus fortes. Ils m'ont envoyé quelques documents clés et un résumé de l'affaire, et j'ai pensé que mon intégrité professionnelle exigeait que j'examine au moins le matériel.

Et puis ?

Il est rapidement devenu clair pour moi que quelque chose n'allait pas. Qu'il y avait une contradiction qui n'avait aucun sens pour moi avec ma vaste expérience juridique : pourquoi une personne ferait-elle l'objet d'une enquête préliminaire de neuf ans pour viol sans qu'aucune accusation n'ait jamais été déposée ?

Est-ce inhabituel ?

Je n'ai jamais vu de cas comparable. N'importe qui peut déclencher une enquête préliminaire contre quelqu'un d'autre en se rendant simplement à la police et en accusant ladite personne d'un crime. Cependant, les autorités suédoises ne se sont jamais intéressées aux témoignages d'Assange. Elles l'ont intentionnellement laissé dans l'incertitude. Imaginez simplement être accusé de viol pendant neuf ans et demi par tout un appareil d'État et par les médias sans jamais avoir eu la chance de vous défendre, car aucune accusation n'avait jamais été déposée.

Vous dites que les autorités suédoises ne se sont jamais intéressées aux témoignages d'Assange. Mais les médias et les agences gouvernementales ont brossé un tableau complètement différent au fil des ans : Julian Assange, disent-ils, a fui le système judiciaire suédois afin d'éviter de devoir rendre compte de ses actes.

C'est ce que j'ai toujours pensé, jusqu'à ce que je commence à enquêter. Mais c'est précisément l'inverse qui est vrai. Assange a dénoncé les autorités suédoises à plusieurs reprises car il voulait être entendu et répondre aux accusations. Mais les autorités ont fait la sourde oreille.

Que voulez-vous dire par là ?

Permettez-moi de commencer par le commencement. Je parle couramment le suédois et j'ai donc pu lire tous les documents originaux. Je pouvais à peine en croire mes yeux : selon le témoignage de la femme en question, un viol n'avait jamais eu lieu. Et pas seulement cela : le témoignage de cette femme a ensuite été modifié par la police de Stockholm sans son implication afin de faire en quelque sorte penser à un possible viol. J'ai tous les documents en ma possession, les mails, les SMS.

« Le témoignage de la femme a ensuite été modifié par la police ». De quelle manière exactement ?

Le 20 août 2010, une femme nommée S. W. est entrée dans un poste de police de Stockholm avec une deuxième femme nommée A. A. La première femme, S. W., a déclaré qu'elle avait eu des relations sexuelles consensuelles avec Julian Assange, mais qu'il ne portait pas de préservatif. Elle a dit qu'elle craignait maintenant d'être infectée par le VIH et voulait savoir si elle pouvait forcer Assange à passer un test de dépistage du VIH. Elle a déclaré qu'elle était vraiment inquiète. La police a enregistré sa déclaration et a immédiatement informé le parquet. Avant même la fin de l'interrogatoire, S. W. a été informé qu'Assange serait arrêté pour des soupçons de viol. S. W. a été choquée et a refusé de poursuivre l'interrogatoire. Alors qu'elle était encore au poste de police, elle a écrit un SMS à un ami lui disant qu'elle ne voulait pas incriminer Assange, qu'elle voulait seulement qu'il passe un test de dépistage du VIH, mais que la police voulait apparemment « mettre la main sur lui ».

Qu'est-ce que ça veut dire ?

S. W. n'a jamais accusé Julian Assange de viol. Elle a refusé de participer à d'autres interrogatoires et est rentrée chez elle. Néanmoins, deux heures plus tard, un gros titre est apparu sur la première page d'Expressen, un tabloïd suédois, disant que Julian Assange était soupçonné d'avoir commis deux viols.

Deux viols ?

Oui, car il y avait la deuxième femme, A. A. Elle ne voulait pas non plus porter plainte ; elle avait simplement accompagné S. W. au poste de police. Elle n'a même pas été interrogée ce jour-là. Elle a dit plus tard qu'Assange l'avait harcelée sexuellement. Je ne peux pas dire, bien sûr, si c'est vrai ou non. Je peux seulement indiquer l'ordre des événements : une femme entre dans un poste de police. Elle ne veut pas porter plainte mais veut demander un test de dépistage du VIH. La police décide alors que cela pourrait être un cas de viol et une affaire justifiant l'intervention du procureur. La femme refuse de suivre cette version des événements, puis rentre chez elle et écrit à un ami que ce n'était pas son intention, mais que la police veut « mettre la main sur » Assange. Deux heures plus tard, l'affaire sort dans la presse. Comme nous le savons aujourd'hui, les procureurs l'ont divulguée à la presse, et ils l'ont fait sans même inviter Assange à faire une déclaration. Et la deuxième femme qui aurait été violée selon les titres du 20 août n'a été interrogée que le 21 août.

Qu'a dit la deuxième femme lorsqu'elle a été interrogée ?

Elle a dit qu'elle avait mis son appartement à la disposition d'Assange, qui était en Suède pour une conférence. Un petit appartement d'une pièce. Quand Assange était dans l'appartement, elle est rentrée à la maison plus tôt que prévu, mais lui a dit que ce n'était pas un problème et qu'ils pouvaient dormir dans le même lit. Cette nuit-là, ils ont eu des relations sexuelles consensuelles, avec un préservatif. Mais elle a dit que pendant les rapports sexuels, Assange avait intentionnellement déchiré le préservatif. Si cela est vrai, il s'agit bien sûr d'une infraction sexuelle dite « furtive ». Mais la femme a également déclaré qu'elle n'avait remarqué que plus tard que le préservatif était déchiré. C'est une contradiction qui aurait dû absolument être clarifiée. Si je ne le remarque pas, je ne peux pas savoir que l'autre l'a déchiré intentionnellement. Pas une seule trace d'ADN d'Assange ou d'A. A. n'a pu être détectée sur le préservatif qui a été présenté comme preuve.

Comment les deux femmes se connaissaient-elles ?

Elles ne se connaissaient pas vraiment. A. A., qui accueillait Assange et était son attachée de presse, avait rencontré S. W. lors d'un événement où S. W. portait un pull en cachemire rose. Apparemment, elle savait par Assange qu'il était intéressé par une rencontre sexuelle avec S. W., car un soir, elle a reçu un SMS d'une connaissance disant qu'il savait qu'Assange était chez elle et que lui, la connaissance, aimerait entrer en contact avec Assange. A. A. a répondu : Assange couche apparemment en ce moment avec la « fille en cachemire ». Le lendemain matin, S. W. a parlé avec A. A. au téléphone et a dit qu'elle aussi avait couché avec Assange et craignait maintenant d'être infectée par le VIH. Cette préoccupation était apparemment réelle, car S.W. est même allée à une clinique pour consultation. A. A. a ensuite suggéré : allons voir la police ; ils peuvent forcer Assange à passer un test de dépistage du VIH. Les deux femmes, cependant, ne se sont pas rendues au poste de police le plus proche, mais à un poste assez éloigné où une amie de A. A. travaille comme policière. Celle-ci a ensuite interrogé S. W., initialement en présence d'A. A., ce qui n'est pas réglementaire. Jusqu'à présent, cependant, le seul problème était tout au plus un manque de professionnalisme. La malveillance délibérée des autorités ne s'est manifestée que lorsqu'elles ont immédiatement diffusé les soupçons de viol via la presse à sensation, et ce sans avoir entendu A. A. et en contradiction avec la déclaration de S. W. Cela violait également une interdiction claire dans la loi suédoise de ne pas divulguer les noms des victimes ou des auteurs présumés dans les affaires d'infraction sexuelle. L'affaire avait maintenant été portée à l'attention du procureur général de la capitale, qui a suspendu l'enquête sur le viol quelques jours plus tard, estimant que même si les déclarations de S. W. étaient crédibles, rien n'indiquait qu'un crime avait été commis.

Mais c'est alors que l'affaire a vraiment pris des proportions énormes. Pourquoi donc ?

Ensuite, le superviseur de la policière qui avait mené l'interrogatoire lui a écrit un e-mail lui disant de réécrire la déclaration de S. W.

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Les copies originales des échanges de courrier entre la police suédoise.

Qu'est-ce que la policière a changé ?

Nous ne le savons pas, car la première déclaration a été directement réécrite dans le programme informatique et n'existe plus. Nous savons seulement que la déclaration d'origine, selon le procureur général, ne contenait apparemment aucune indication qu'un crime avait été commis. Dans le formulaire édité, il est dit que les deux personnes ont eu des relations sexuelles plusieurs fois, consenties et avec un préservatif. Mais le matin, selon la déclaration révisée, la femme s'est réveillée parce qu'il a essayé de la pénétrer sans préservatif. Elle lui demande : « Tu portes un préservatif ? » Il répond : « Non » Puis elle dit : « Tu ferais mieux de ne pas avoir le VIH », et elle lui permet de continuer. La déclaration a été révisée sans la participation de la femme en question et n'a pas été signée par elle. Il s'agit d'un élément de preuve manipulé à partir duquel les autorités suédoises ont ensuite fabriqué une histoire de viol.

Pourquoi les autorités suédoises feraient-elles une chose pareille ?

Le timing est décisif : fin juillet, Wikileaks, en collaboration avec le New York Times, le Guardian et Der Spiegel, a publié le « Journal de guerre d'Afghanistan ». C'était l'une des plus grandes fuites de l'histoire de l'armée américaine. Les États-Unis ont immédiatement exigé que leurs alliés inondent Assange d'affaires criminelles. Nous ne connaissons pas toute la correspondance, mais Stratfor, un cabinet de conseil en sécurité qui travaille pour le gouvernement américain, a apparemment conseillé aux responsables américains de noyer Assange sous toutes sortes d'affaires criminelles durant les 25 prochaines années.

2. Assange contacte le pouvoir judiciaire suédois à plusieurs reprises pour faire une déclaration, mais il est rejeté


Pourquoi Assange ne s'est-il pas livré à la police à l'époque ?

Il l'a fait. Je l'ai mentionné plus tôt.

Veuillez nous expliquer cela plus en detail.

Assange a appris les allégations de viol par la presse. Il a contacté la police pour pouvoir faire une déclaration. Bien que le scandale ait atteint le public, il n'a été autorisé à le faire que neuf jours plus tard, alors que l'accusation d'avoir violé S. W. n'était plus poursuivie par la justice, le procureur ayant classé l'affaire. Mais les procédures liées au harcèlement sexuel de A. A. se poursuivaient. Le 30 août 2010, Assange s'est présenté au poste de police pour faire une déclaration. Il a été interrogé par le même policier qui avait depuis ordonné la révision de la déclaration de S. W. Au début de la conversation, Assange a déclaré qu'il était prêt à faire une déclaration, mais a ajouté qu'il ne voulait pas la lire à nouveau dans la presse. C'est son droit et il a reçu l'assurance que cela serait accordé. Mais le soir même, tout était à nouveau dans les journaux. Cela ne pouvait provenir que des autorités car personne d'autre n'était présent lors de son interrogatoire. L'intention était très clairement de salir son nom.

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Le professeur suisse de droit international, Nils Melzer, est photographié près de Bienne, en Suisse.
D'où est venue l'histoire selon laquelle Assange cherchait à éviter la justice suédoise ?

Cette version a été fabriquée, mais elle n'est pas conforme aux faits. S'il avait essayé de se cacher, il n'aurait pas comparu de son plein gré au poste de police. Sur la base de la déclaration révisée de S. W., un appel a été déposé contre la tentative du procureur de suspendre l'enquête, et le 2 septembre 2010, la procédure d'enquête pour viol a repris. Un représentant légal du nom de Claes Borgström a été nommé pour les deux femmes aux frais du contribuable. L'homme était un associé du cabinet d'avocats du précédent ministre de la Justice, Thomas Bodström, sous la supervision duquel le personnel de sécurité suédois avait saisi deux hommes en plein milieu de Stockholm au simple prétexte que les États-Unis les considéraient suspects. Les deux hommes ont été saisis sans aucune forme de procédure judiciaire, puis livrés à la CIA, qui les a torturés. Cela montre plus clairement le contexte transatlantique de cette affaire. Après la reprise de l'enquête pour viol, Assange a indiqué à plusieurs reprises par l'intermédiaire de son avocat qu'il souhaitait répondre aux accusations. Le procureur responsable de l'affaire a continué de repousser cette audition. À un moment, cela ne collait pas avec le calendrier du procureur ; à un autre, le policier responsable était malade. Trois semaines plus tard, son avocat a finalement écrit qu'Assange devait absolument se rendre à Berlin pour une conférence et a demandé s'il était autorisé à quitter le pays. Le parquet lui a donné l'autorisation écrite de quitter la Suède pour de courtes périodes.

Et puis ?

Le fait est que le jour où Julian Assange a quitté la Suède, à un moment où il n'était pas clair s'il partait pour une courte ou une longue période, un mandat d'arrêt a été émis contre lui. Il est allé de Stockholm à Berlin sur un vol de Scandinavian Airlines. Pendant le vol, ses ordinateurs portables ont disparu de ses bagages enregistrés. À son arrivée à Berlin, Lufthansa a demandé une enquête à SAS, mais la compagnie aérienne a apparemment refusé de fournir la moindre information.

Pourquoi ?

C'est exactement le problème. Dans cette affaire, il se passe constamment des choses qui ne devraient pas être possibles, à moins de les regarder sous un angle différent. Assange, en tout cas, a poursuivi sa route en direction de Londres, mais n'a pas cherché à se cacher de la justice. Par l'intermédiaire de son avocat suédois, il a proposé aux procureurs plusieurs dates possibles d'interrogatoire en Suède. Cette correspondance existe. Ensuite, les événements suivants se sont produits : Assange a eu vent du fait qu'une affaire criminelle secrète avait été ouverte contre lui aux États-Unis. À l'époque, cela n'a pas été confirmé par les États-Unis, mais aujourd'hui nous savons que c'était vrai. À partir de ce moment, l'avocat d'Assange a commencé à dire que son client était prêt à témoigner en Suède, mais il a exigé l'assurance diplomatique que la Suède ne l'extraderait pas aux États-Unis.

Était-ce seulement un scénario réaliste ?

Absolument. Quelques années auparavant, comme je l'ai déjà mentionné, le personnel de sécurité suédois avait livré à la CIA deux demandeurs d'asile, tous deux enregistrés en Suède, sans passer par la moindre procédure judiciaire. Les abus ont déjà commencé à l'aéroport de Stockholm, où ils ont été maltraités, drogués et transportés par avion en Égypte, où ils ont été torturés. Nous ne savons pas s'il s'agit des seuls cas de ce type. Mais nous sommes au courant de ces deux cas car les hommes ont survécu. Tous deux ont par la suite déposé plainte auprès des agences des droits de l'homme de l'ONU et ont obtenu gain de cause. La Suède a été obligée de payer à chacun d'eux un demi-million de dollars en dommages et intérêts.

La Suède a-t-elle accepté les demandes soumises par Assange ?

Les avocats disent que pendant les près des sept ans au cours desquels Assange a vécu à l'ambassade d'Équateur, ils ont fait plus de 30 offres pour organiser la visite d'Assange en Suède, en échange d'une garantie qu'il ne serait pas extradé vers les États-Unis. La Suède a refusé de fournir une telle garantie en faisant valoir que les États-Unis n'avaient pas fait de demande formelle d'extradition.

Comment jugez-vous la demande des avocats d'Assange ?

Ces assurances diplomatiques sont une pratique internationale courante. Les gens demandent l'assurance qu'ils ne seront pas extradés vers des endroits où il existe un risque de graves violations des droits de l'homme, indépendamment du fait qu'une demande d'extradition ait été déposée par le pays en question ou non. Il s'agit d'une procédure politique et non juridique. Voici un exemple : disons que la France exige que la Suisse extrade un homme d'affaires kazakh qui vit en Suisse mais qui est recherché par la France et le Kazakhstan pour des allégations de fraude fiscale. La Suisse ne voit aucun danger de torture en France, mais pense qu'un tel danger existe au Kazakhstan. Ainsi, la Suisse dit à la France : Nous allons extrader cet homme vers vous, mais nous voulons une assurance diplomatique qu'il ne sera pas extradé vers le Kazakhstan. La réponse française ne serait pas : « Le Kazakhstan n'a même pas déposé de demande ! » Au contraire, ils accorderaient bien entendu une telle assurance. Les arguments venant de Suède étaient au mieux ténus. C'est une partie de la question. L'autre aspect, et je le dis sur la base de toute mon expérience dans les coulisses de la pratique internationale standard, est que si un pays refuse de fournir une telle assurance diplomatique, tous les doutes quant aux bonnes intentions du pays en question sont justifiés. Pourquoi la Suède ne fournirait-elle pas de telles assurances ? D'un point de vue juridique, après tout, les États-Unis n'ont absolument rien à voir avec les procédures d'infraction sexuelle en Suède.

Pourquoi la Suède ne voulait-elle pas offrir une telle assurance ?

Il suffit de regarder comment l'affaire s'est déroulée : pour la Suède, il n'a jamais été question des intérêts des deux femmes. Même après sa demande d'assurance qu'il ne serait pas extradé, Assange voulait toujours témoigner. Il a déclaré : Si vous ne pouvez pas garantir que je ne serai pas extradé, alors je suis prêt à être interrogé à Londres ou via une liaison vidéo.

Mais est-il normal, voire légalement acceptable, que les autorités suédoises se rendent dans un autre pays pour un tel interrogatoire ?

C'est une autre indication que la Suède n'a jamais voulu découvrir la vérité. Pour exactement ce genre de questions judiciaires, il existe un traité de coopération entre le Royaume-Uni et la Suède, qui prévoit que les fonctionnaires suédois peuvent se rendre au Royaume-Uni, ou vice versa, pour mener des interrogatoires, ou que ces interrogatoires peuvent avoir lieu par liaison vidéo. Au cours de la période en question, de tels interrogatoires entre la Suède et l'Angleterre ont eu lieu dans 44 autres cas. Ce n'est que dans le cas de Julian Assange que la Suède a insisté sur le fait qu'il était essentiel qu'il comparaisse en personne.

3. Lorsque le plus haut tribunal suédois a finalement contraint les procureurs de Stockholm à porter plainte ou à suspendre l'affaire, les autorités britanniques ont exigé : « Ne prenez pas froid aux pieds !! »


Pourquoi cela ?

Il n'y a qu'une seule explication à tout cela (refus d'accorder des assurances diplomatiques, refus de l'interroger à Londres...) : ils voulaient l'arrêter pour pouvoir l'extrader aux États-Unis. Le nombre d'infractions à la loi qui se sont accumulées en Suède au cours des quelques semaines seulement de l'enquête pénale préliminaire sont tout simplement grotesques. L'État a affecté un conseiller juridique aux femmes qui leur a dit que l'interprétation criminelle de ce qu'elles avaient vécu relevait de l'État, et non plus d'elles. Lorsque leur conseiller juridique a été interrogé sur les contradictions entre le témoignage des femmes et le récit accepté par les fonctionnaires, le conseiller juridique a déclaré, en référence aux femmes : « Ah, mais ce ne sont pas des avocates ». Mais pendant cinq longues années, le parquet suédois évite d'interroger Assange au sujet du viol présumé, jusqu'à ce que ses avocats finissent par demander à la Cour suprême de Suède d'obliger le parquet à porter plainte ou à clore l'affaire. Lorsque les Suédois ont dit au Royaume-Uni qu'ils pourraient être contraints d'abandonner l'affaire, les Britanniques ont répondu avec inquiétude : « Ne vous avisez pas de prendre froid aux pieds !! »

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« Ne vous avisez pas de prendre froid aux pieds !! » Courrier du Service des poursuites judiciaires de la Couronne (CPS) à la procureure suédoise Marianne Ny. Ce document a été obtenu par la journaliste d'investigation italienne, Stefania Maurizi, dans le cadre d'un litige FOIA (requête au nom de la liberté de l'information) datant de cinq ans qui est toujours en cours.

Etes-vous sérieux ?

Oui, les Britanniques, ou plus précisément le Crown Prosecution Service (Service des poursuites judiciaires de la Couronne), voulaient à tout prix empêcher la Suède d'abandonner l'affaire. Bien que vraiment, les Anglais auraient dû être heureux de ne plus avoir à dépenser des millions en argent du contribuable pour garder l'ambassade équatorienne sous surveillance constante afin d'empêcher l'évasion d'Assange.

Pourquoi les Britanniques étaient-ils si désireux d'empêcher les Suédois de clore le dossier ?

Nous devons cesser de croire qu'il y avait vraiment un intérêt à mener une enquête sur une infraction sexuelle. Ce que Wikileaks a fait est une menace pour l'élite politique aux États-Unis, en Grande-Bretagne, en France et en Russie [la Russie est-elle impérialiste & interventionniste ? Certes pas] dans une égale mesure. Wikileaks publie des informations secrètes sur les États, en opposition à la classification secret-défense. Et dans un monde, même dans les démocraties dites matures, où le secret est devenu endémique, cela est considéré comme une menace fondamentale. Assange a clairement montré que les pays ne sont plus intéressés aujourd'hui par la confidentialité légitime, mais par la suppression d'informations importantes sur la corruption et les crimes. Prenez le cas archétypal de Wikileaks à partir des fuites fournies par Bradley Manning : la vidéo dite du « meurtre collatéral » (le 5 avril 2010, Wikileaks a publié une vidéo classifiée de l'armée américaine qui montrait le meurtre de plusieurs personnes à Bagdad par des soldats américains, dont deux employés de l'agence de presse Reuters.) En tant que conseiller juridique de longue date au Comité international de la Croix-Rouge et délégué dans les zones de guerre, je peux vous dire ceci : la vidéo documente indubitablement un crime de guerre. Un équipage d'hélicoptère a simplement mitraillé un groupe de personnes. Il se pourrait bien qu'une ou deux de ces personnes aient effectivement porté une arme, mais des blessés ont été intentionnellement visés. C'est un crime de guerre. « Il est blessé », peut-on entendre dans la bouche d'un américain. « Je tire. » Et puis ils éclatent de rire. Puis une camionnette arrive pour sauver les blessés. Le chauffeur a deux enfants avec lui. Vous pouvez entendre les soldats dire : « Eh bien, c'est leur faute d'avoir amené leurs enfants dans une bataille. » Et puis ils ouvrent le feu. Le père et les blessés sont immédiatement tués, bien que les enfants aient survécu avec de graves blessures. Grâce à la publication de la vidéo, nous sommes devenus des témoins directs d'un massacre criminel inadmissible.

Que doit faire une démocratie constitutionnelle dans une telle situation ?

Une démocratie constitutionnelle enquêterait probablement sur Bradley Manning pour violation du secret officiel parce qu'il a transmis la vidéo à Assange. Mais elle ne poursuivrait certainement pas Assange, car il a publié la vidéo dans l'intérêt public, conformément aux pratiques du journalisme d'investigation classique. Mais plus que tout, une démocratie constitutionnelle enquêterait et punirait les criminels de guerre. La place de ces soldats est derrière les barreaux. Mais aucune enquête pénale n'a été ouverte contre aucun d'entre d'eux. Au lieu de cela, l'homme qui en a informé le public est enfermé en détention à Londres avant extradition et encourt une peine pouvant aller jusqu'à 175 ans de prison aux États-Unis. C'est complètement absurde. En comparaison, les principaux criminels de guerre du tribunal de Yougoslavie ont été condamnés à 45 ans de prison. Cent soixante-quinze ans de prison dans des conditions jugées inhumaines par le Rapporteur spécial des Nations Unies et par Amnesty International. Mais ce qui est vraiment horrible dans cette affaire, c'est l'illégalité la plus flagrante qui s'est développée : les puissants peuvent tuer sans crainte de punition et le journalisme est transformé en espionnage. C'est devenu un crime de dire la vérité.

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Nils Melzer : « Voyons où nous serons dans 20 ans si Assange est condamné, ce que vous pourrez encore écrire alors en tant que journaliste. Je suis convaincu que nous risquons sérieusement de perdre la liberté de la presse. »
Qu'attend Assange une fois extradé ?

Il ne recevra pas de procès conforme à l'état de droit. C'est une autre raison pour laquelle son extradition ne devrait pas être autorisée. Assange recevra un procès devant jury à Alexandrie, en Virginie, le fameux « tribunal de l'espionnage » où les États-Unis jugent toutes les affaires de sécurité nationale. Le choix du lieu n'est pas le fruit du hasard, car les membres du jury doivent être choisis en proportion de la population locale, et 85% des résidents d'Alexandrie travaillent dans la communauté de la sécurité nationale : à la CIA, à la NSA, au Département de la défense et au Département d'État. Lorsque des gens sont jugés pour atteinte à la sécurité nationale devant un jury comme celui-là, le verdict est clair dès le début. Les affaires sont toujours jugées devant le même juge, à huis clos et sur la base de preuves classifiées. Personne n'y a jamais été acquitté dans un cas comme celui-là. Le résultat étant que la plupart des prévenus parviennent à un accord, dans lequel ils admettent une culpabilité partielle afin de recevoir une peine plus légère.

Vous dites que Julian Assange ne bénéficiera pas d'un procès équitable aux États-Unis ?

Sans aucun doute. Tant que les employés du gouvernement américain obéissent aux ordres de leurs supérieurs, ils peuvent participer à des guerres d'agression, à des crimes de guerre et à des actes de torture en sachant très bien qu'ils n'auront jamais à répondre de leurs actions. Qu'est-il advenu des enseignements tirés des procès de Nuremberg ? J'ai travaillé assez longtemps dans les zones de conflit pour savoir que des erreurs se produisent en temps de guerre. Ce ne sont pas toujours des actes criminels sans scrupules. Beaucoup d'entre eux sont le résultat du stress, de l'épuisement et de la panique. C'est pourquoi je peux absolument comprendre quand un gouvernement dit : 'Nous allons révéler la vérité et nous, en tant qu'État, assumerons l'entière responsabilité du préjudice causé, mais si le blâme ne peut pas être directement attribué à des individus, nous n'imposerons pas de sanctions draconiennes'. Mais c'est extrêmement dangereux lorsque la vérité est supprimée et reprimée, et que les criminels ne sont pas traduits en justice. Dans les années 30, l'Allemagne et le Japon ont quitté la Société des Nations. Quinze ans plus tard, le monde était en ruines. Aujourd'hui, les États-Unis se sont retirés du Conseil des droits de l'homme des Nations Unies, et ni le massacre du « meurtre collatéral », ni la torture de la CIA après le 11 septembre, ni la guerre d'agression contre l'Irak n'ont donné lieu à des enquêtes criminelles. Maintenant, le Royaume-Uni suit cet exemple. La Commission de la sécurité et du renseignement du Parlement britannique a publié deux rapports détaillés en 2018 montrant que la Grande-Bretagne était beaucoup plus impliquée dans le programme secret de torture de la CIA qu'on ne le pensait auparavant. Le Comité a recommandé une enquête officielle. La première chose que Boris Johnson a faite après être devenu Premier ministre a été d'annuler cette enquête.

4. Au Royaume-Uni, les violations des conditions de libération sous caution ne sont généralement sanctionnées que par des amendes pécuniaires ou, tout au plus, quelques jours derrière les barreaux. Mais Assange a été condamné à 50 semaines dans une prison à sécurité maximale sans avoir la possibilité de préparer sa propre défense


En avril, Julian Assange a été traîné hors de l'ambassade de l'Équateur par la police britannique. Quel regard portez-vous sur ces événements ?

En 2017, un nouveau gouvernement a été élu en Équateur. En réponse, les États-Unis ont écrit une lettre indiquant qu'ils étaient désireux de coopérer avec l'Équateur. Il y avait bien sûr beaucoup d'argent en jeu, mais il y avait un obstacle : Julian Assange. Le message était que les États-Unis étaient prêts à coopérer si l'Équateur livrait Assange aux États-Unis. À ce moment-là, l'ambassade équatorienne a commencé à augmenter la pression sur Assange. Ils ont rendu sa vie difficile. Mais il est resté. L'Équateur a alors annulé son amnistie et a donné son feu vert à la Grande-Bretagne pour l'arrêter. Parce que le gouvernement précédent lui avait accordé la nationalité équatorienne, le passeport d'Assange a également dû être révoqué, car la constitution équatorienne interdit l'extradition de ses propres citoyens. Tout cela s'est déroulé du jour au lendemain et sans aucune procédure judiciaire. Assange n'a eu aucune possibilité de faire une déclaration ni de faire un recours judiciaire. Il a été arrêté par les Britanniques et traduit devant un juge britannique le même jour, qui l'a reconnu coupable d'avoir violé sa caution.

Que pensez-vous de ce verdict accéléré ?

Assange n'a eu que 15 minutes pour se préparer avec son avocat. Le procès lui-même n'a également duré que 15 minutes. L'avocat d'Assange a déposé un dossier épais sur la table et a formellement fait objection à l'une des juges pour conflit d'intérêts parce que son mari avait fait l'objet d'expositions par Wikileaks dans 35 cas. Mais le juge principal a écarté les préoccupations sans les approfondir. Il a déclaré qu'accuser son collègue d'un conflit d'intérêts était un affront. Assange lui-même n'a prononcé qu'une seule phrase durant toute la procédure : « Je plaide non coupable ». Le juge s'est tourné vers lui et a déclaré : « Vous êtes un narcissique qui ne peut pas dépasser son intérêt personnel. Je vous condamne pour violation de caution. »

Si je vous comprends bien, Julian Assange n'a jamais eu la moindre chance depuis le début ?

Exactement. Je ne dis pas que Julian Assange est un ange ou un héros. Mais il n'a pas besoin de l'être. Nous parlons des droits de l'homme et non des droits des héros ou des anges. Assange est une personne, et il a le droit de se défendre et d'être traité avec humanité. Indépendamment de ce dont il est accusé, Assange a droit à un procès équitable. Mais ce droit lui a été délibérément refusé, que ce soit en Suède, aux États-Unis, en Grande-Bretagne et en Équateur. Au lieu de cela, il a été laissé pourrir pendant près de sept ans dans l'incertitude d'une pièce. Ensuite, il a été soudainement traîné et condamné en quelques heures et sans aucune préparation pour une violation de caution qui consistait à avoir obtenu l'asile diplomatique d'un autre État membre de l'ONU sur la base de persécutions politiques, tout comme le droit international le prévoit et tout comme d'innombrables dissidents chinois, russes et autres l'ont fait dans les ambassades occidentales. Il est évident que nous traitons ici de persécution politique. En Grande-Bretagne, les violations de liberté sous caution entraînent rarement des peines de prison, et elles ne sont généralement passibles que d'amendes. Assange, en revanche, a été condamné en procédure sommaire à 50 semaines dans une prison à sécurité maximale, ce qui est clairement une peine disproportionnée qui n'avait qu'un seul objectif : retenir Assange assez longtemps pour que les États-Unis montent leur dossier d'espionnage contre lui.

En tant que Rapporteur spécial des Nations Unies sur la torture, qu'avez-vous à dire sur ses conditions de détention actuelles ?

La Grande-Bretagne a refusé à Julian Assange tout contact avec ses avocats aux États-Unis, où il fait l'objet d'une procédure secrète. Son avocate britannique s'est également plainte qu'elle n'avait même pas eu suffisamment accès à son client pour passer en revue avec lui les documents et preuves du tribunal. En octobre, il n'a pas été autorisé à avoir un seul document de son dossier avec lui dans sa cellule. Il a été privé de son droit fondamental de préparer sa propre défense, garanti par la Convention européenne des droits de l'homme. À cela s'ajoute l'isolement cellulaire presque total et la sanction totalement disproportionnée pour une violation de caution. Dès qu'il quitte sa cellule, les couloirs sont vidés pour l'empêcher d'avoir le moindre contact avec d'autres détenus.

Et tout cela à cause d'une simple violation de caution ? À quel moment l'emprisonnement devient-il de la torture ?

Julian Assange a été intentionnellement torturé psychologiquement par la Suède, la Grande-Bretagne, l'Équateur et les États-Unis. D'abord en raison du traitement hautement arbitraire des procédures intentées contre lui. La manière dont la Suède a poursuivi l'affaire, avec l'aide active de la Grande-Bretagne, visait à le mettre sous pression et à le cloîtrer à l'ambassade. La Suède n'a jamais voulu découvrir la vérité et aider ces femmes, mais acculer Assange dans un coin. Il s'agit d'un abus des procédures judiciaires visant à pousser une personne dans une position où elle est incapable de se défendre. À cela s'ajoutent les mesures de surveillance, les insultes, les indignités et les attaques de politiciens de ces pays, jusqu'à et y compris les menaces de mort. Cet abus constant du pouvoir de l'État a provoqué un stress et une anxiété graves pour Assange et a entraîné des dommages cognitifs et neurologiques mesurables. J'ai rendu visite à Assange dans sa cellule de Londres en mai 2019 avec deux médecins expérimentés et très respectés, spécialisés dans l'examen médico-légal des victimes de torture. Le diagnostic posé par les deux médecins était clair : Julian Assange présente les symptômes typiques de la torture psychologique. S'il ne reçoit pas bientôt de protection, une détérioration rapide de sa santé est probable, et la mort pourrait être l'un des résultats.

Un an et demi après qu'Assange a été placé en détention pré-extradition en Grande-Bretagne, la Suède a discrètement abandonné l'affaire contre lui en novembre 2019, après neuf longues années. Pourquoi donc ?

L'État suédois a passé près d'une décennie à présenter intentionnellement Julian Assange au public comme un délinquant sexuel. Ensuite, il a soudainement abandonné l'affaire contre lui sur la base du même argument que le premier procureur de Stockholm avait utilisé en 2010, lorsqu'elle avait initialement suspendu l'enquête après seulement cinq jours : alors que la déclaration de la femme était crédible, il n'y avait aucune preuve qu'un crime avait été commis. C'est un scandale incroyable. Mais le timing n'était pas le fruit du hasard. Le 11 novembre, un document officiel que j'avais envoyé au gouvernement suédois deux mois auparavant a été rendu public. Dans le document, j'ai demandé au gouvernement suédois de fournir des explications sur une cinquantaine de points concernant les implications de la manière dont ils traitaient l'affaire quant au respect des droits de l'homme. Comment est-il possible que la presse ait été immédiatement informée des accusations pesant contre Assange malgré l'interdiction de le faire ? Comment est-il possible qu'un soupçon ait été rendu public alors que l'interrogatoire n'avait pas encore eu lieu ? Comment pouvez-vous dire qu'un viol s'est produit alors que la femme impliquée conteste cette version des événements ? Le jour où le document a été rendu public, j'ai reçu une réponse dérisoire de la Suède : le gouvernement n'a pas d'autre commentaire à faire sur cette affaire.

Que signifie cette réponse ?

C'est un aveu de culpabilité.

De quelle manière ?

En tant que Rapporteur spécial des Nations Unies, j'ai été chargé par la communauté internationale des nations d'examiner les plaintes déposées par des victimes de torture et, si nécessaire, de demander des explications ou des enquêtes aux gouvernements. C'est le travail quotidien que je fais avec tous les États membres de l'ONU. D'après mon expérience, je peux dire que les pays qui agissent de bonne foi sont presque toujours intéressés à me fournir les réponses dont j'ai besoin pour mettre en évidence la légalité de leur comportement. Lorsqu'un pays comme la Suède refuse de répondre aux questions soumises par le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la torture, cela montre que le gouvernement suédois est conscient de l'illégalité de son comportement et ne veut assumer aucune responsabilité pour son comportement. Ils ont abandonné le dossier et abandonné l'affaire une semaine plus tard parce qu'ils savaient que je ne reculerais pas. Lorsque des pays comme la Suède se laissent manipuler ainsi, nos démocraties et nos droits de l'homme sont confrontés à une menace fondamentale.

Vous croyez que la Suède était pleinement consciente de ce qu'elle faisait ?

Oui. De mon point de vue, la Suède a très clairement agi de mauvaise foi. S'ils avaient agi de bonne foi, il n'y aurait eu aucune raison de refuser de répondre à mes questions. Il en va de même pour les Britanniques : à la suite de ma visite à Assange en mai 2019, ils ont mis six mois pour me répondre, dans une lettre d'une seule page, qui se limitait principalement à rejeter toutes nos accusations de torture et toutes les incohérences soulevees dans les procédures judiciaires, (sans fournir aucun élement ou argument). Si vous jouez à des jeux comme ça, alors quel est l'intérêt de mon mandat ? Je suis le Rapporteur spécial sur la torture pour les Nations Unies. J'ai un mandat me permettant de poser des questions claires et d'exiger des réponses. Quelle est la base juridique pour refuser à quelqu'un l'exercice de son droit fondamental de se défendre ? Pourquoi un homme qui n'est ni dangereux ni violent est-il maintenu en isolement cellulaire pendant plusieurs mois alors que les normes des Nations Unies interdisent légalement l'isolement cellulaire pour des périodes dépassant 15 jours ? Aucun de ces États membres de l'ONU n'a ouvert d'enquête, ni n'a répondu à mes questions, ni n'a même manifesté le moindre intérêt pour le dialogue.

5. Une peine de prison de 175 ans pour le journalisme d'investigation : le précédent que l'affaire Etats-Unis contre Julian Assange pourrait créer


Qu'est-ce que cela signifie lorsque les États membres de l'ONU refusent de fournir des informations à leur propre Rapporteur spécial sur la torture ?

Cela signifie que c'est une affaire arrangée d'avance. Une parodie de procès doit servir à faire un exemple de Julian Assange. Il s'agit d'intimider d'autres journalistes. L'intimidation, soit dit en passant, est l'un des principaux objectifs de l'utilisation de la torture dans le monde. Le message pour nous tous est le suivant : voici ce qui vous arrivera si vous émulez le modèle Wikileaks. C'est un modèle qui est si dangereux parce qu'il est si simple : les personnes qui obtiennent des informations sensibles de leurs gouvernements ou entreprises transfèrent ces informations à Wikileaks, mais le dénonciateur reste anonyme. La réaction montre à quel point la menace est perçue comme sérieuse : quatre pays démocratiques ont uni leurs forces (les États-Unis, l'Équateur, la Suède et le Royaume-Uni) pour tirer parti de leur pouvoir afin de dépeindre un homme comme un monstre, et qu'il puisse plus tard être brûlé sur le bûcher sans le moindre tollé. L'affaire est un énorme scandale et représente l'échec de l'État de droit occidental. Si Julian Assange est condamné, ce sera une condamnation à mort pour la liberté de la presse.

Que signifierait un tel précédent pour l'avenir du journalisme ?

Sur le plan pratique, cela signifie que vous, en tant que journaliste, devez maintenant vous défendre. Parce que si le journalisme d'investigation est classé comme de l'espionnage et peut être incriminé dans le monde, la censure et la tyrannie s'ensuivront. Un système meurtrier se crée sous nos yeux. Les crimes de guerre et la torture ne sont pas poursuivis. Des vidéos YouTube circulent dans lesquelles des soldats américains se vantent de conduire des femmes irakiennes au suicide par des viols systématiques. Personne n'enquête. Dans le même temps, une personne qui expose de telles choses est menacée de 175 ans de prison. Pendant une décennie entière, Assange a été inondé d'accusations qui ne peuvent être prouvées et sont en train de le briser. Et personne n'est tenu responsable. Personne n'a de comptes à rendre. Cela marque une érosion du contrat social. Nous donnons aux pays le pouvoir et le déléguons aux gouvernements, mais en retour, ils doivent être tenus responsables de la façon dont ils exercent ce pouvoir. Si nous n'exigeons pas qu'ils soient tenus responsables, nous perdrons nos droits tôt ou tard. Les humains ne sont pas démocratiques de par leur nature. Le pouvoir corrompt s'il n'est pas surveillé. La corruption est le résultat si nous n'insistons pas pour que le pouvoir soit surveillé.

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'Il s'agit d'un abus des procédures judiciaires visant à pousser une personne dans une position où elle est incapable de se défendre.'
Vous dites que le ciblage d'Assange menace le cœur même des libertés de la presse.

Voyons où nous serons dans 20 ans si Assange est condamné, ce que vous pourrez encore écrire alors en tant que journaliste. Je suis convaincu que nous risquons sérieusement de perdre la liberté de la presse. C'est déjà en train de se produire : soudain, le siège d'ABC News en Australie est perquisitionné dans le cadre du « Journal de guerre d'Afghanistan ». La raison ? Une fois de plus, la presse a découvert des fautes commises par des représentants de l'État. Pour que la répartition des pouvoirs fonctionne, l'État doit être contrôlé par la presse en tant que quatrième pouvoir. WikiLeaks est la conséquence logique d'un processus continu d'élargissement du secret : si la vérité ne peut plus être examinée parce que tout est gardé secret, si les rapports d'enquête sur la politique de torture du gouvernement américain sont gardés secrets, et lorsque même de grandes sections du résumé publié sont expurgées, à un moment donné, les fuites en sont le résultat inévitable. WikiLeaks est la conséquence d'un secret effréné et reflète le manque de transparence de notre système politique moderne. Il y a, bien sûr, des domaines où le secret peut être vital. Mais si nous ne savons plus ce que font nos gouvernements et si nous ne connaissons plus les critères qu'ils suivent, si les crimes ne font plus l'objet d'enquêtes, cela représente un grave danger pour l'intégrité de la société.

Quelles sont les conséquences ?

En tant que Rapporteur spécial des Nations Unies sur la torture et, avant cela, en tant que délégué de la Croix-Rouge, j'ai vu beaucoup d'horreurs et de violence et j'ai vu à quelle vitesse des pays pacifiques comme la Yougoslavie ou le Rwanda peuvent se transformer en enfer. À l'origine de ces évolutions, il y a toujours un manque de transparence et un pouvoir politique ou économique effréné combiné à la naïveté, à l'indifférence et à la malléabilité de la population. Du coup, ce qui est toujours arrivé aux autres (torture impunie, viol, expulsion et meurtre) peut tout aussi bien nous arriver à nous ou à nos enfants. Et personne ne s'en souciera. Je peux vous le promettre.

Voir notre dossier sur Assange.

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JacquesL

«Wiki-Gate» : Julian Assange a été piégé par ceux qui le soutenaient



par Pr. Michel Chossudovsky

Note de l'auteur et mise à jour

1. Julian Assange est libre, mais «la liberté d'expression a disparu»

Julian Assange a quitté la prison de très haute sécurité de Belmarsh dans la matinée du 24 juin. Il a été libéré sous caution par la Haute Cour de Londres et a été relâché à l'aéroport de Stansted dans l'après-midi, où il a pris un avion pour quitter le Royaume-Uni.

Nous devons reconnaître la «nature douteuse» des négociations avec le ministère de la justice des États-Unis : l'accord conclu le 24 juin prévoyait que Assange :

«accepte de plaider coupable pour UN crime lié à la divulgation d'informations de sécurité nationale en échange de sa libération de la prison de Belmarsh au Royaume-Uni». (Common Dreams, 24 juin 2024).

Le procès de Assange se déroule dans un «Tribunal territorial» (Territorial Court) éloigné des États-unis dans les îles Mariannes du Nord. Pourquoi ?

Les îles Mariannes du Nord [l'un des deux territoires américains des Iles Mariannes, l'autre est Guam] sont des îles isolées de 57 154 (2023) habitants situées dans le Pacifique au nord de Guam et appartenant au Commonwealth américain.



Confirmé par les médias (CBS, BBC) : Assange ne passera pas de temps en détention aux États-Unis. Il recevra «un crédit pour le temps passé incarcéré au Royaume-Uni».

«Assange retournera en Australie», selon une lettre du ministère de la Justice.

Son plaidoyer de culpabilité pour UN seul chef d'accusation devrait être finalisé le 26 juin devant le «Remote» «District Court» [District Court for the Northern Mariana islands] des îles Mariannes du Nord.



La criminalisation de la justice ? Une menace pour le Premier Amendement

Quelle est la finalité du «plaidoyer de culpabilité» de Assange qui sera décidée lors des audiences de la «Cour territoriale» des îles Mariannes du Nord ?

Assange a accepté de plaider coupable d'«un crime pour avoir conspiré en vue d'obtenir et de diffuser illégalement des informations classifiées liées à la défense nationale des États-Unis», comme l'indique une lettre du ministère de la Justice ainsi que d'autres documents (déposés auprès du tribunal de district des îles Mariannes du Nord, un territoire des États-Unis situé dans la région du Pacifique).

Vous trouverez ci-dessous la lettre du ministère américain de la Justice (division de la sécurité nationale) adressée au juge Ramona N. Manglosa

Cette lettre datée du 24 juin 2024 (déposée au tribunal de district le 25 juin 2024) se lit comme une instruction au juge avant la procédure judiciaire proprement dite du 26 juin 2024.

Les audiences du tribunal ont été prédéterminées par les instructions du ministère américain de la justice (DOJ) contenues dans la lettre.

La jurisprudence américaine exige que le juge soit indépendant et ne puisse en aucun cas recevoir des instructions des procureurs du ministère de la défense.

La lettre du ministère de la Défense outrepasse la responsabilité du juge du tribunal de district. Elle supprime le principe fondamental de l'indépendance judiciaire. De plus, le juge n'est PAS AUTORISÉ à faire une déclaration ou un jugement en faveur de la liberté d'expression. Il n'a pas non plus le droit de faire une observation sur l'accusation du DoJ contre Assange.

C'est la criminalisation de la justice.

Voir ici les documents juridiques à l'appui (Document 1 Pages 1-4)



Établir un précédent juridique ? La disparition du premier amendement

L'objectif de l'audience du tribunal fédéral de Saipan est-il d'établir un PRÉCÉDENT juridique, en vertu duquel les journalistes mainstream et indépendants peuvent être poursuivis pour «conspiration en vue d'obtenir et de diffuser illégalement des informations classifiées liées à la défense nationale des États-Unis» ?

Il y a eu un engagement préalable selon lequel le juge de la MNI de Saipan approuverait le plaidoyer de Assange conformément aux conditions énoncées dans la lettre du ministère de la Justice des États-Unis (Division de la sécurité nationale).

«Vous pourrez sortir de cette salle d'audience en homme libre», a déclaré la juge Ramona Manglona en approuvant votre plaidoyer.

Les termes de l'accord ont été discutés. Le jugement a été prédéterminé, décidé à Washington.

S'adressant au tribunal, «M. Assange a déclaré qu'il pensait que la loi sur l'espionnage en vertu de laquelle il était inculpé contredisait les droits du premier amendement de la Constitution américaine, mais qu'il avait été contraint d'accepter [dans son plaidoyer] qu'il pouvait être illégal d'encourager des sources à fournir des informations classifiées en vue de leur publication. Comme condition de son plaidoyer, il devra détruire les informations fournies à WikiLeaks».

Le statut juridique de la «Territorial District Court» de Saipan

Gardez à l'esprit que le tribunal de district des îles Mariannes du Nord, qui a été choisi par le ministère américain de la justice, n'est pas un tribunal de district américain relevant de l'article III :

– Article III de la District Courts : Les 13 cours d'appel des États-Unis et les 91 tribunaux de district des États-Unis (y compris les districts de D.C. et de Porto Rico).

Article IV Territorial Courts : Les tribunaux de district territoriaux des îles Mariannes du Nord, de Guam et des îles Vierges.

Alors que Assange ne voulait pas d'une procédure judiciaire sur le territoire américain, le choix du «tribunal de district» de Saipan était sans aucun doute intentionnel de la part du ministère de la Justice des États-Unis. Alors que les jugements peuvent faire l'objet d'un appel (Ninth Circuit), les tribunaux territoriaux de l'article IV ne sont PAS des tribunaux fédéraux de district «de jure» [de par le droit].

Cela n'ouvre-t-il pas la boîte de Pandore quant à la légalité du «faux jugement» du 26 juin concernant Julian Assange, qui émane d'une lettre du DoJ ? Je dois préciser que le DoJ a forcé Assange à «plaider coupable» pour un crime présumé qu'il n'a pas commis. Pour reprendre les termes de Scott Ritter : «En permettant au gouvernement américain de contraindre Julian Assange à plaider coupable d'un crime qu'il n'a pas commis, l'Amérique s'est condamnée à être un pays où dire la vérité est un crime». (Scott Ritter, «Un jour sombre pour l'Amérique»)

Voir les procédures du tribunal de district des îles Mariannes

2. L'histoire : Assange a été trahi et trompé par ceux qui l'auraient soutenu



En octobre 2021, le gouvernement américain a entamé une procédure judiciaire visant à extrader Julian Assange du Royaume-Uni «pour l'accuser d'avoir violé la loi sur l'espionnage».

La Cour suprême du Royaume-Uni a rejeté l'appel de Julian Assange visant à «empêcher son extradition vers les États-Unis».

Le 20 avril 2022, un tribunal britannique a officiellement approuvé l'extradition de Julian Assange vers les États-Unis «pour espionnage».

Selon Paul C. Roberts : La chose la plus extraordinaire à propos de Julian Assange est qu'il est traité comme s'il était un citoyen américain.

Le cri initial était «trahison», aujourd'hui transformé en «espionnage».

Il n'y a pas eu d'espionnage. Wikileaks a publié et mis à la disposition du New York Times, du Guardian et d'autres médias des informations ayant fait l'objet d'une fuite. Les médias ont publié ces informations, tout comme Wikileaks, mais ils n'ont pas été inculpés.

En février 2024 : la Fédération internationale des journalistes (FIJ) et la Fédération européenne des journalistes (FEJ) ont confirmé que «les poursuites engagées contre Assange représentent une menace mondiale pour la liberté de la presse».

«Les poursuites engagées contre Julian Assange mettent en péril la liberté des médias partout dans le monde», ont déclaré la FIJ et la FEJ dans un communiqué commun.

Cette déclaration est contradictoire. Les grands médias continuent d'être la source d'une désinformation massive.

Ils soutiennent les mensonges concernant la crise Covid et le vaccin ARNm, qui a entraîné une tendance à la hausse de la surmortalité.

Ils soutiennent régulièrement le programme de guerre des États-Unis et de l'OTAN, tout en décrivant le régime néonazi de Kiev comme une démocratie florissante.

Et maintenant, ils viennent prétendument à son secours.

3. Les relations de Julian Assange avec les grands médias

Julian Assange a d'abord été salué et soutenu par les grands médias. En 2008, The Economist, qui appartient en partie à la famille Rothschild, lui a décerné le New Media Award.

S'agissait-il d'un véritable soutien à l'engagement de Julian Assange en faveur de la «liberté de la presse» ? Ou s'agissait-il d'un stratagème de relations publiques ?

Assange a été piégé par ceux qui le soutenaient :

The Guardian, The New York Times, The Economist, Vaughan Smith, George Soros, les Rothschild, le Council on Foreign Relations, etc.

Assange a été accusé par les mêmes médias corporatistes qui ont fait l'éloge de ses réalisations.

Rétrospectivement, il s'agit d'une opération soigneusement planifiée. Les «fuites» de Wiki ont été «supervisées» de manière sélective.

Voici des détails concernant certains des principaux acteurs. Vous trouverez ci-dessous mon article de 2019 intitulé «Wiki-Gate» : Julian Assange a été piégé par ceux qui le soutenaient.

4. Henry Vaughan Lockhart Smith

Vaughn Smith est un ancien capitaine des Grenadier Guards britanniques qui est venu à son secours. Assange a trouvé refuge chez lui, dans le Norfolk. Ils ont entretenu une étroite relation d'amitié.

Vaughn Lockhart Smith est le fondateur du Frontline Club, basé à Londres (une entité médiatique soutenue par l'Open Society Institute de George Soros).

En 2010, le Frontline Club a servi de facto de «quartier général» de Julian Assange au Royaume-Uni.

Vaughan Smith n'est pas un «journaliste indépendant». Il a activement collaboré avec l'OTAN, en tant que reporter et caméraman intégré dans plusieurs théâtres de guerre des États-Unis et de l'OTAN, dont l'Irak, l'Afghanistan, la Bosnie, la Tchétchénie et le Kosovo.

En 1998, avant l'assaut de la guerre de l'OTAN contre la Yougoslavie, il a travaillé comme journaliste vidéo au Kosovo dans une production intitulée The Valley, qui consistait à «documenter» les atrocités prétendument commises par les Serbes contre les Albanais du Kosovo pour le compte de l'OTAN qui a envahi la Yougoslavie le 24 mars 1999.

La production vidéo a été réalisée avec le soutien de l'Armée de libération du Kosovo (UCK), dont le chef Hashim Thaci est devenu président du Kosovo. En 1998, Thaci figurait sur la liste d'Interpol. Vingt-deux ans plus tard, Thaci a été inculpé par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) de La Haye pour crimes contre l'humanité, notamment «meurtres, disparitions forcées, persécutions et tortures».

5. David E. Sanger, New York Times

Le New York Times a été complice : David E. Sanger, correspondant en chef du New York Times à Washington, a participé à l'expurgation des documents Wikileaks en concertation avec le département d'État américain :

«Nous avons parcouru [les câbles] avec beaucoup de soin pour tenter d'expurger les documents qui, selon nous, pourraient porter préjudice à des personnes ou compromettre des opérations en cours. Nous avons même pris l'initiative très inhabituelle de montrer la centaine de câbles à partir desquels nous écrivions au gouvernement américain et de lui demander s'il avait des expurgations supplémentaires à suggérer». (Voir PBS Interview ; PBS Interview ; The Redacting and Selection of Wikileaks documents by the Corporate Media, Entrevue de PBS , «Fresh Air» avec Terry Gross : 8 décembre 2010).

David E. Sanger est membre du Council on Foreign Relations (CFR) et du groupe Aspen. Le NYT a également des liens avec les services de renseignement américains.

Il convient de noter que plusieurs journalistes américains, membres du Council on Foreign Relations, ont interviewé Wikileaks, notamment Richard Stengel de Time Magazine (30 novembre 2010) et Raffi Khatchadurian du New Yorker. (WikiLeaks and Julian Paul Assange : The New Yorker, 11 juin 2007)

6. Le rôle insidieux du département d'État américain

Dans un rapport du 20 février 2024 :

«Les poursuites engagées par les États-Unis contre Julian Assange constituent des «représailles d'État», a déclaré la Haute Cour dans sa dernière tentative pour échapper à l'extradition.

Le fondateur de Wikileaks risque d'être extradé vers les États-Unis pour conspiration présumée en vue d'obtenir et de divulguer des informations relatives à la défense nationale, à la suite de la publication de centaines de milliers de documents ayant fait l'objet de fuites et concernant les guerres d'Afghanistan et d'Irak.

Dans une décision rendue en janvier 2021, la juge de district de l'époque, Vanessa Baraitser, a déclaré que Assange ne devait pas être envoyé aux États-Unis, invoquant un risque réel et «oppressant» de suicide, tout en se prononçant contre lui sur toutes les autres questions.

Le New York Times a expurgé les documents classifiés en étroite consultation avec le département d'État américain (voir la déclaration de David Sanger ci-dessus).

C'est une véritable bombe : Le département d'État a collaboré avec le New York Times pour faciliter la publication de documents classifiés. Cela soulève en soi des questions d'ordre juridique.

Dans un rapport du 21 février 2024 :

«Les poursuites engagées par les États-Unis à l'encontre de Julian Assange constituent des «représailles d'État», a déclaré la Haute Cour dans le cadre de la dernière tentative de ce dernier d'échapper à l'extradition.

Le fondateur de Wikileaks risque d'être extradé vers les États-Unis pour conspiration présumée en vue d'obtenir et de divulguer des informations relatives à la défense nationale, à la suite de la publication de centaines de milliers de documents ayant fait l'objet de fuites et concernant les guerres d'Afghanistan et d'Irak.

D'un point de vue juridique, il ne s'agit pas de «représailles de l'État», bien au contraire, mais de «collusion de l'État» :

Le département d'État américain a donné son accord : Il a donné son feu vert au NYT pour la publication de documents classifiés expurgés.

N'y a-t-il pas eu un conflit d'intérêts quelque part ? D'un point de vue juridique, le département d'État américain a enfreint la loi sur l'espionnage.

7. La lettre ouverte du NYT, du Guardian, de Der Spiegel, du Monde et d'El Pais

Les cinq principaux médias qui ont contribué à la publication et au «caviardage» des documents de WikiLeaks ont publié en 2019 une déclaration commune quelque peu contradictoire (lettre ouverte) demandant la libération de Julian Assange.

Ils accusent Assange d'avoir publié des documents classifiés sur la corruption et la fraude du gouvernement américain, tout en reconnaissant leur rôle dans la publication de textes expurgés de documents classifiés. Ne sont-ils pas également en violation de la loi sur l'espionnage (Espionage Act) ?

Vous trouverez ci-dessous le texte de la lettre.

Lettre ouverte des rédacteurs en chef et des éditeurs : Publier n'est pas un crime

Il y a douze ans, le 28 novembre 2010, nos cinq médias internationaux – le New York Times, le Guardian, Le Monde, El País et DER SPIEGEL– ont publié, en coopération avec Wikileaks, une série de révélations qui ont fait la une des journaux du monde entier.

«Cable gate», un ensemble de 251 000 câbles confidentiels du département d'État américain, a révélé la corruption, les scandales diplomatiques et les affaires d'espionnage à l'échelle internationale.

Selon le New York Times, ces documents racontent «l'histoire sans fard de la manière dont le gouvernement prend ses décisions les plus importantes, celles qui coûtent le plus cher au pays en vies humaines et en argent». Aujourd'hui encore, en 2022, des journalistes et des historiens continuent de publier de nouvelles révélations en s'appuyant sur ce fonds documentaire unique.

Pour Julian Assange, éditeur de Wikileaks, la publication de «Cable gate» et de plusieurs autres fuites connexes a eu les conséquences les plus graves. Le 11 avril 2019, Assange a été arrêté à Londres sur la base d'un mandat d'arrêt américain. Il est détenu depuis trois ans et demi dans une prison britannique de haute sécurité, habituellement utilisée pour les terroristes et les membres de groupes criminels organisés. Il risque d'être extradé vers les États-Unis et d'être condamné à une peine pouvant aller jusqu'à 175 ans dans une prison américaine de haute sécurité.


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Ce groupe de rédacteurs et d'éditeurs, qui avaient tous travaillé avec Assange, a ressenti le besoin de critiquer publiquement sa conduite en 2011, lorsque des copies non expurgées des câbles ont été publiées, et certains d'entre nous sont préoccupés par les allégations contenues dans l'acte d'accusation selon lesquelles il aurait tenté d'aider à l'intrusion informatique d'une base de données classifiée. Mais nous nous réunissons maintenant pour exprimer nos graves inquiétudes concernant la poursuite des poursuites contre Julian Assange pour avoir obtenu et publié des documents classifiés.

L'administration Obama-Biden, en place lors de la publication de Wikileaks en 2010, s'est abstenue d'inculper Assange, expliquant qu'elle aurait également dû inculper les journalistes des principaux médias. Leur position accordait une grande importance à la liberté de la presse, malgré ses conséquences inconfortables. Mais sous Donald Trump, la situation a changé. Le DOJ s'est appuyé sur une ancienne loi, la loi sur l'espionnage de 1917 (conçue pour poursuivre les espions potentiels pendant la Première Guerre mondiale), qui n'a jamais été utilisée pour poursuivre un éditeur ou un diffuseur.

Cet acte d'accusation crée un dangereux précédent et menace de porter atteinte au premier amendement américain et à la liberté de la presse.

Demander des comptes aux gouvernements fait partie de la mission essentielle d'une presse libre dans une démocratie.

L'obtention et la divulgation d'informations sensibles lorsque cela est nécessaire dans l'intérêt public constituent une partie essentielle du travail quotidien des journalistes. Si ce travail est criminalisé, notre discours public et nos démocraties s'en trouveront considérablement affaiblis.

Douze ans après la publication de «Cable Gate», il est temps pour le gouvernement américain de mettre fin aux poursuites contre Julian Assange pour publication de secrets.

Publier n'est pas un crime.

Les rédacteurs et éditeurs de : The Guardian, The New York Times, Le Monde, DER SPIEGEL, El País

8. Qui sont les criminels ?

Ceux qui divulguent des documents gouvernementaux secrets qui fournissent des preuves irréfutables de nombreux crimes contre l'humanité ou les politiciens de haut rang qui ordonnent les meurtres et les atrocités ?

Ce qui se passe n'est pas seulement «la criminalisation de l'État», le système judiciaire est également criminalisé dans le but de soutenir la légitimité des criminels de guerre qui occupent de hautes fonctions.

Et les grands médias de grandes entreprises (Corporate Media), par omission, par demi-vérités et par mensonges purs et simples, soutiennent la guerre comme un effort de rétablissement de la paix.

Quand le mensonge devient la vérité, il n'y a pas de retour en arrière possible

Nous sommes solidaires de Julian Assange.

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