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Siliconage du matériel qui devra tenir l'eau dehors...

Démarré par JacquesL, 02 Décembre 2011, 12:06:42 AM

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JacquesL

Citation de: carvi le 30 Novembre 2011, 09:48:13 PM
Citation de: Jacques le 30 Novembre 2011, 07:24:29 PM
J'oubliais : tout Gore-Tex qu'il soit, le surduvet militaire, je l'ai entièrement traité au sirop de silicone. La tente aussi du reste, et je n'ai eu qu'à m'en féliciter, malgré des conditions parfois dures. Rien n'a pénétré, rien ne s'est accroché. Je n'avais pas traité la housse de pulka, ni celui des sacs que j'avais pris en raid cet hiver, et j'ai eu à le regretter.

J'ai une petite question,
C'est quoi du "sirop de silicone", ça s'achète ou ça se fabrique?

Ingrédients :
1. La résine silicone, qui va réticuler sur le tissu :
du mastic silicone translucide en cartouche pour sanitaires. Prendre le moins cher, celui qui n'a aucun additif antifongique. Soit 3 roros le prix de base pour 310 g chez C*st*r*m*, ou 2 roros chez Lidl (mais seulement deux ou trois fois l'an).
Vous pouvez prendre en tube, mais c'est bien plus cher du gramme.

2. Le solvant qui va rendre ça fluide - en touillant beaucoup beaucoup beaucoup.
Classiquement, les autres préconisent le white-spirit. Au moins deux roros le litre, voire davantage.
Il m'est arrivé d'y mélanger un peu d'essence F, dans l'espoir de gagner sur les temps de touillage. Bôf.
Démarche inverse, prendre, au moins au début du touillage, du kérosène domestique, qu'en ce moment on peut acheter dans les bonnes surfaces à un roro le litre. Avantage : la qualité finale est nettement plus régulière, plus fine. Inconvénient : il va prendre deux à trois fois plus de temps pour évaporer complètement.

Il m'est arrivé de réussir aussi avec de l'alcool à brûler à 96%, surtout quand je mélangeais au silicone un colorant à bois en solution alcoolique. Cela pour un blouson de cuir aspect suède, dont je trouvais la couleur d'origine bien trop flashy. Mais c'est fini, on ne trouve plus de colorants en solutions autres qu'aqueuse.

Corrections 2013 :
Déconseille désormais l'alcool comme solvant, pour pénétration insuffisante dans les tissus fins, tels qu'un poncho léger.
Je déconseille le kérosène seul comme solvant si l'on veut traiter un tissu épais : il dissout trop peu de résine. Mais il peut  souvent être incorporé à raison d'un tiers du volume, pour deux tiers de white-spirit.

Dans quoi touiller ?
Un boîte de salade au thon, ça n'est pas mal. Je préfère la partie en PE d'une boîte de Paëlla ou de couscous, mais elles sont plus fragiles. Environ 350 ml de contenance maxi.

Avec quoi touiller ?
Une cuiller à dessert, si elle est assez forte. Celles que j'ai spécialisées pour ça sont très épaisses, à effets de bords carrés.

Combien touiller ?
Un seul coup de gâchette, soit qqs 8 cm de boudin, dans le fond de la boîte à riz ou semoule, avec déjà 2 ou 3 cm de kérosène.
Ajouter du kérosène white-spirit à mesure que la solution s'épaissit, et que les grumeaux diminuent de volume. On peut commencer à appliquer le sirop supérieur quand il reste encore des grumeaux au fond, on rajoutera du kérosène white-spirit à mesure, en retouillant régulièrement.

Avec quoi appliquer ?
Les pinceaux les plus durs que vous trouverez, à poils en nylon ou polypropylène blanc bien épais et raides.

Dans quoi mettre le pinceau entre deux travaux ?
Dans un petit pot de kérosène (pétrole lampant) : il est bien moins volatil que le white. Et vous recouvrez avec un sachet plastique, ou autre moyen. A placer là où vous ne le renverserez pas accidentellement...

Conseils :
Ne laisser traîner aucune surépaisseur non bue. Si le pinceau n'amincit pas assez la couche, bouchonner avec une autre partie du tissu non encore traitée, ou déjà traitée la veille et séchée depuis.
Sur un tissu fin tel qu'une toile de tente en 70 à 80 g/m2, une couche suffit.
Sur le Cordura d'un sac à dos, monter au minimum à deux couches. A trois couches si c'est du Cordura militaire aux normes OTAN.
Sur la housse de pulka, je me suis arrêté à deux couches, on verra...

Il faut prévoir un espace de travail bien dégagé, en plein air mais à l'abri de la pluie, où vous pourrez étaler votre tissu traité au fur et à mesure. Piège typique : une manche se recolle au corps de l'anorak si vous ne les avez pas bien écartés.
Ne pas hésiter à fragmenter le travail, au moins trois reprises voire jusqu'à cinq reprises pour un seul anorak, mais vous pouvez enchaîner des reprises en une seule session sur plusieurs pièces différentes. Ce qui va vous limiter est la place de séchage... Et en plus vous aurez constamment dû ruser pour ne jamais renverser votre précieuse mixture dans vos divers brassages de tissus.

Et si vous avez laissé des surépaisseurs, et que ça fait des taches blanches de gel désolvanté ?
A ce moment là je rajoute sur les taches blanches un peu de graisse à cuir (souvent siliconée) qui a le bon goût de remplir les pores. Et le milieu redevient optiquement homogène et transparent.

Quand j'ai découvert le début de la méthode sur le Net, je cherchais de la graisse à coton, genre Barbour. Au final le siliconage est très supérieur : ça réticule, il ne traine plus d'odeurs suspectes après départ du solvant.

Vertu principale de cette manip ouvrageuse : vous obtenez d'un vêtement à vingt roros le service d'un vêtement à cent roros, d'une tente à cent roros le service d'une tente à quatre cents roros.

JacquesL

CiterMerci pour cette recette et ces conseils Jacques mais j'ai une question un peu idiote peut être ; la mixture s'applique sur l'endroit ou l'envers des tissus?

Je pencherai pour l'envers...

Uniquement extérieur, le siliconage ; contre la pluie ou la neige fondante.
Ou contre les herbes mouillées quand tu marches en prairie (siliconage de bas de jambes de pantalon).

Vieux principe en fabrications mécaniques : la qualité locale.
On ne durcit l'acier que là où sa dureté est nécessaire à la fonction de la pièce.

Si tu vas en mer faire une marée sur chalutier, pas d'histoires, les cirés ont l'enduction en PVC épaisse à l'extérieur. Sur les chantiers en plein air aussi.
Tandis que sur les stations de ski ou les terrains de golf, les femmes ont l'oeil et la coquetterie : pas question d'avoir du PVC extérieur. Rien que des tissus et coloris chatoyants. Thorstein Veblen nous l'a bien précisé : dans les classes les plus favorisées, on ne badine pas avec les certificats de désoeuvrement. Le PVC apparent, c'est juste bon pour les travailleurs manuels... Pouah !
Sélection sexuelle oblige (et comme elle dirige la sélection sociale...), les mâles aussi ont dû se faire coquets, au détriment de la fonctionnalité des vêtements que les marchands leurs proposent.

C'est ce lourd défaut de conception imposé par la mode, que le siliconage externe corrige.

Sur un smock britannique très coupe-vent, la respirabilité du tissu est amoindrie, mais encore non négligeable, après deux couches de siliconage.

Les quelques grammes "de trop" que l'on doit ajouter au vêtement ou au sac à dos ou à la tente se traduisent en kilogrammes d'eau en moins sur ton dos lors des mauvais moments du mauvais temps.

La limitation à cette démarche, de n'apporter que la qualité locale, la grande déperlance externe, est que si tu te vautres lors d'un passage de gué, ou si un pont de neige s'écroule dans le torrent de fonte en dessous, tu vas réellement être très alourdi par l'eau dans tes vêtements et ton barda, et remonter sur la berge sera bien une lutte contre la mort, exactement comme si tu n'avais rien prévu...

CiterEt en ce qui concerne le temps de séchage j'ai entendu parler de 4-5 jours avant de remballer le matériel... c'est vrai?

C'est un minimum. Mais ça dépend de la saison, température, vent, ventilation, exposition au Soleil...
C'est environ ce que j'avais pour le "sac-à-vent" (vindsekk, på norsk) décrit là :
http://citoyens.deontolog.org/index.php/topic,1433.0.html
C'était trop court. Le kérosène dégageait encore dans la tente la première nuit

Et si c'est du camo pour affuter du cerf ou du sanglier, prévois très très large, comme ventilation préalable. Un bon mois.
Avec de la graisse Barbour, le problème serait le même, sauf que l'odeur ne part jamais vraiment.

Nous avons aussi traité des copies de cartes IGN, pour emmener en kayak. J'ai fait une seule couche, uniquement recto. Plus expérimenté, Alain avait fait les deux couches, sur recto et sur verso. L'expérience est irremplaçable... Là, le temps de ventilation est sans grande importance. Pour un sac à dos aussi, on peut raccourcir le temps entre la dernière couche, et le moment où l'on prend le train avec : de toutes façons il va continuer de ventiler d'ici le premier campement.

JacquesL

Autres expérimentations par des amateurs. Eux font au polyuréthane dilué dans l'acétone.
http://velorizontal.bbfr.net/t12607-re-impermeabilisation-nylonpolyestercoton-avec-polyurethanepas-cher
http://velorizontal.bbfr.net/t12607p15-re-impermeabilisation-nylonpolyestercoton-avec-polyurethanepas-cher

Là encore, ne travailler qu'en plein air. Gants indispensables, et résistants à l'acétone.

JacquesL

#3
Plusieurs corrections à apporter aux messages précédents.

Quand avez-vous atteint l'objectif : obtenir l'étanche du tissu ?
Aspect et toucher.
La raideur doit avoir sensiblement augmenté, typiquement de 50 %.
Sur un tissu fin, tel qu'un double-toit de tente , un tarp, un poncho léger ou une cape légère, l'aspect visuel doit avoir changé : couleur plus profonde, moindres reflets sur les sommets de fils.
Sur un tissu épais, tels que des Cordura de sac à dos, ou une vieille veste canadienne tout gros coton, ou une Feldparka de la Bundeswehr, ou un smock britannique, il faudra monter à trois couches pour avoir l'étanche et non plus seulement un retard à la pénétration de la pluie. Le toucher sera alors devenu caoutchouteux. A ce moment là seulement c'est bon, vous avez un étanche fiable.

Ce changement de toucher est vérifié aussi sur des cuirs retournés, aspect suède, dont la plage d'utilisation progresse nettement à cette occasion, qu'il s'agisse de chaussures ou d'un blouson de cuir suédé. Ils demandent juste moins de couches pour ce résultat : une à deux.

Mais alors le windproof smock dont je vantais plus haut qu'il demeurait perméable à l'air à deux couches de silicone, ne l'est pratiquement plus à trois couches, et plus du tout à quatre couches, comme je l'ai fait pour les épaules et le capuchon. C'est à choisir. Mon propre choix est que j'augmentais la plage d'utilisation d'un vêtement qui de toutes façons a beaucoup de qualités (dont le camouflage si apprécié du photographe animalier) et qui pèse son poids avec ses six vastes poches, en le menant vers plus d'imperméabilité. Bien sûr une solution valide est de renforcer de silicone surtout les parties les plus exposées, les plus hautes et les plus horizontales, notamment les épaules et les avant-bras. Autre raison de pousser le windproof smock vers plus d'imperméabilité finale : ses poches saillantes et son vaste capuchon raidi d'un fil d'inox passent très mal en superposition sous un autre vêtement, à l'exception d'une pélerine de pluie à capuchon élargi, qu'hélas on trouve très difficilement dans le commerce (personnellement, j'ai dû coudre pour l'obtenir).

Assurément le poids du vêtement ou du sac a augmenté, quand vous le pesez au sec chez vous avant le départ. Mais il n'augmentera pas dans le maudit mauvais temps, quand tout est devenu difficile et glissant, et vos gestes mal assurés à cause du froid, car il ne prendra pas d'eau, or cette prise de poids d'eau évitée est sans commune mesure avec le poids du silicone protecteur. La sécurité globale a nettement progressé.

JacquesL

#4
Au rayon chasse de d4, ce blouson ouatiné était tout seul, soldé à 5 roros.
Couleurs sympathiques et discrètes, tissu extérieur raisonnablement serré et ripstop.
Pas servi : en conditions engagées sur une sortie de plusieurs jours, il faut tenir plus que ça à la pluie.
Deux couches de siliconage donc, puis sortie de test d'une dizaine de minutes sous bruine de front chaud.
Voici les photos au retour, pour le bob (lui aussi siliconé deux couches), puis pour le blouson :









Conclusion 1 : Oui c'est utilisable, mais ce sera encore mieux après la 3e couche. On verra lors de la prochaine période de beau temps sec.
Conclusion 2 : Ça ne suffira pas sous les bretelles du sac à dos. Prévoir un camail avec la protection du sac.