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Les trouveurs ne sont pas interchangeables. La destruction d'un seul obère...

Démarré par JacquesL, 08 Décembre 2011, 11:17:31 PM

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JacquesL

Conformément à la caricature par Bertolt Brecht "Homme pour homme", ceux qui croient à une version marxiste de l'Histoire des sciences voudraient que inévitablement toute découverte soit faite par un quiconque, remplaçable à quelques années près par un autre quiconque, par la vertu du Mouvement irrésistible de l'Histoire et du Génie des Masses, opportunément déifiés...

Supprimez Poincaré, et l'oeuvre de Poincaré ne sera pas nécessairement redécouverte ni mise en forme par un autre. Et si oui, bien différemment, avec d'autres motivations, une autre vision de l'architecture d'une théorie, un autre passé, une autre expérience antérieure, d'autres connaissances, et le résultat ne sera pas du tout enseigné pareil, ni avec le même succès.
Supprimez Albert Einstein, et personne d'autre ne sera capable de se poser le problème de la Relativité Générale, avant plusieurs décennies.

"Mais pardon ! Ce sont là des suppressions hypothétiques que vous exposez là ! Rien ne prouve que," etc...

Oh que si, nous les avons les suppressions bien réelles de trouveurs bien réels.

Faisons d'abord un détour vers l'industrie. Là pas d'histoire marxiste des industries, mais évidence pour chacun que ce sont les hommes, et les rencontres fortuites entre quelques hommes créatifs, quelques hommes entrepreneurs, et des capitaux aptes à prendre des risques, qui font et défont les réalités industrielles, depuis toujours. Supprimez tel homme d'initiative, et c'est toute l'Histoire qui se déroule différemment. Je ne parle évidemment pas là des incorrigibles vendeurs de mouvements perpétuels... Un vrai trouveur voit les opportunités et les rapprochements qu'un non-trouveur ne voit pas.

Pourquoi ce détour ? Est-ce un exemple valide ?
L'avantage de comparer avec l'histoire de l'industrie, est que là aussi, il y a des territoires, et des concurrents à étrangler.
Exactement comme en sciences, réelles...
Les crédits d'Etat ne sont pas illimités. Si une branche n'a pas d'argent, elle perd ses chercheurs et plus rien n'en sort, ou presque. Sauf si d'aventure une industrie trouve avantageux d'y investir et de contrôler elle-même directement les carrières des chercheurs. Disons comme au hasard, l'industrie pharmaceutique...

Si tu veux étudier tel thème, tel effet en sciences de l'Education, il faut que ça tombe dans les plans de carrière et de concurrence d'un patron puissant, assez puissant pour aller s'il le faut au ministère pour faire infléchir les plans de recherches arrêtés par le puissant précédent.

J'ai pris l'exemple de l'histoire de l'industrie, car je le connais bien, et n'avais aucune chance d'écrire des bêtises.

On peut trouver plus extrême comme histoire totalement dépendante des hommes et des opportunités :
Celui qui veut se prêter à l'exercice : supprimer Charles de Gaulle et réécrire l'Histoire.
Ou manip inverse, imaginer Guy Mollet doté d'autant de force de caractère que Pierre Mendès-France. Tomates ou pas, imaginer qu'il maintienne Georges Catroux à sa nomination comme Résident Général à Alger. Vu qui était Catroux, lui n'aurait pas légalisé la torture comme le fit Robert Lacoste. Pour un caractère fort ou un caractère faible, une intelligence pénétrante ou un type borné, toute l'Histoire est différente. Toutefois Catroux relativisa le pouvoir officiel que Mollet eût pu maintenir : "Ces gens là m'auraient tué, voilà tout" ; évidemment, il parlait des Pieds noirs algérois.

Nos collègues mono-métier monoculture se fantasment volontiers comme un royaume céleste et désincarné, où leur perfection céleste est incommensurable avec l'imperfection et l'impureté terrestres du vulgum pecus. Alors qu'en réalité, ils sont des singes teigneux et territoriaux comme les autres, d'aussi mauvaise foi que les autres.

Bickering and backstabbing...

Or nous l'avons sous les yeux depuis octante-quatre ans, le cas chimiquement pur de suppression de deux trouveurs majeurs, et de leurs oeuvres, par une meute plus puissante et sans scrupules.

De nos jours la totalité de l'enseignement de la physique quantique est tenu par des copenhaguistes. Les deux squelettes dans leurs placards sont Erwin Schrödinger et Louis de Broglie.
J'ai déjà conté ici  (http://citoyens.deontolog.org/index.php/topic,1141.0.html) la suppression intensive d'Erwin Schrödinger par Niels Bohr, dès Noël 1926. Source : un courrier de Werner Heisenberg, qui avait tout intérêt à cette suppression et la vit d'un très bon oeil. Ailleurs, Didier Lauwaert a donné un aperçu de la suppression intensive de Louis de Broglie par le même Niels Bohr, mais hélas sans donner de source. On peut conjecturer que ce fut au congrès Solvay de 1927, à moins qu'ils se fussent déjà rencontrés avant.

On peut voir au fil http://citoyens.deontolog.org/index.php/topic,1684.0.html les embarras d'un débutant devant les contradictions et les non-sens inhérents à un enseignement 100 % copenhaguiste, donc corpusculariste-sans-l'avouer :
Citer
CiterLa "probabilité de présence" en lieu de "densité" est une réaffirmation subreptice du postulat corpusculiste.
Il y a confusion entre d'une part l'extrapolation de connaissance à partir d'un passé hypothétiquement connu, vers un avenir dont on postule qu'il n'est pas causal (et en macroscopique, bien sûr que l'avenir n'est pas causal, on le démontre en mécanique statistique), et d'autre part les ondes réelles, dont l'équation est une représentation correcte, mais dont l'existence est déniée, et dont les conditions finales font aussi l'objet d'un déni.

Si je comprend bien (au minimum mieux qu'avant j'espère) les partisans corpusculistes répondraient "Mais si on en mesure la position on ne le trouvera qu'a un seul endroit et on ne détectera rien ailleurs c'est donc la preuve que c'est un corpuscule" mais vous leur opposeriez que la mesure est en elle même nécessairement une condition finale sur le phénomène ondulatoire observé et que c'est cette condition finale qui en "retro-cause" la contraction spatiale?


Réponse :
Exactement.

C'est hélas l'objection que techniquement Erwin Schrödinger eût dû faire à Wernher Heisenberg dès 1927. Seulement voilà, il avait été frénétiquement entrepris par Niels Bohr à ce sujet afin de le démoraliser à fond, dès décembre 1926. Source : un courrier de W. Heisenberg, repris par plusieurs auteurs, et publié indépendamment.
http://citoyens.deontolog.org/index.php/topic,1141.0.html
http://udppc.asso.fr/forum/viewtopic.php?t=1416

Et Schrödinger s'est effectivement laissé démoraliser.
Là Erwin Schrödinger a été minutieusement supprimé par les copenhaguistes, et on en paie encore le prix maximal octante-quatre ans après, et pour longtemps encore. Les trouveurs ne sont pas interchangeables. La destruction d'un seul obère la science pour des années, voire des décennies. Bientôt un siècle et demi en ce qui concerne James Clerk Maxwell, disparu à l'âge de 48 ans en 1879. Ou W.K. Clifford, mort la même année, à 34 ans.


Ce qui est surprenant, est que si j'ai redécouvert la démarche TIQM indépendamment de John Cramer, ce n'est pas que j'aie fait des travaux originaux en physique, non, juste en didactique de la physique.
De la même manière que Dmitri Mendéléïev avait un souci didactique en tête quand il a mis en forme la table périodique que nous utilisons encore tous les jours.

La didactique a aussi des épreuves de réalité qui sont loin d'être négligeables. Or elle est extrêmement peu enseignée, ne fait pas officiellement partie de l'histoire des sciences.

JacquesL

Citation de: François Guillet"jc_lavau" <NolavauSpamjac@cleube-internet.effer> a écrit dans le message de
news: jbq3l6$5qk$1@shakotay.alphanet.ch...
| Conformément à la caricature par Bertolt Brecht "Homme pour homme", ceux
| qui croient à une version marxiste de l'Histoire des sciences
| voudraient que inévitablement toute découverte soit faite par un
| quiconque, remplaçable à quelques années près par un autre quiconque,
| par la vertu du mouvement irrésistible de l'Histoire et du génie des
| Masses...
| Supprimez Poincaré, et l'oeuvre de Poincaré ne sera pas nécessairement
| redécouverte ni mise en forme par un autre.
| Supprimez Albert Einstein, et personne d'autre ne sera capable de se
| poser le problème de la Relativité Générale, avant plusieurs décennies.
...

Des décennies ? Pourquoi ? Je n'en suis pas persuadé. "La nature a horreur du vide" : quand les idées sont "mûres" parce qu'on en est arrivé à certain un état de connaissance qui appelle de nouvelles questions, alors un pionnier tente d'y répondre et ainsi "bouche le trou". Il est probable que si untel n'avait pas été là, un autre découvrirait la même chose plus tard (et pas forcément "bien après"). Dans le cas contraire, c'est que la science pourrait se fonder sur des cycles de théories complètement différentes selon les gens qui la font, ce qui me semble absurde (d'ailleurs l'Histoire a montré que des découvertes peuvent être faites simultanément par des gens différents, qui s'ignorent).

C'est bien joli, la propagande pour ces gogos de contribuables, mais elle est contradictoire. Et contradictoire avec les faits donnés dans le message en référence. Répéter des "success stories" n'efface pas les échecs collectifs lourds, que l'on voudrait cacher à ces cochons de payants, les contribuables.

En géol, regarde le temps qu'a régné le mythe de "géosynclinal" et ses innombrables variantes. Les Guides Géologiques Régionaux sortis chez Masson sont toujours à réécrire, pour la partie théorique.

En mathématisation de la physique, ça dure depuis 1806 (Argand, mais 1778 si l'on inclut Caspar Wessel, passé inaperçu), la confusion qui est enseignée entre "nombres" (complexes et hypercomplexes) et opérateurs. C'est corrigé ? Surtout pas. Ouvre un manuel d'électrotechnique, pour vérifier.

Tant qu'on est encore entre quelques scientifiques, maintenant comme au 19e siècle, cela ne prend que quelques semaines pour prévenir les collègues qu'on s'est trompé. Mais quand la gourande est déjà imprimée à des millions d'exemplaires dans les manuels, que des milliers de collègues l'ont déjà enseignée et ont leur prestige de magisters en jeu, la correction devient hautement improbable. Et là, des exemples de vieux scandales inébranlables, je n'en manque pas. Même en sciences dures.
On me l'a assez reproché, de ne pas les avoir loupés...

___________

Le caractère sentimental de ces arguments a achevé de me mettre la "pusse à l'aureille"...

Cette propagande, il s'agit bien d'une stratégie oblique, fondée sur de pures fictions, pour obtenir des résultats politiques particulièrement peu francs.

Bien sûr, que même dé-schrödinguérisée à 97 %, l'équation de Schrödinger (modifiée Dirac 1928) persiste à obtenir d'excellents résultats expérimentaux, numériquement. Là dessus, ceux qui ont vaincu et éliminé Erwin Schrödinger revendiquent : vous voyez bien qu'on n'avait pas besoin de lui, et encore moins de Louis de Broglie qui avait eu l'idée relativiste fondamentale (que nous rejetons énergiquement puisque nous ne l'avions pas comprise), puisque INEVITABLEMENT le miracle se serait produit, on aurait réinventé EXACTEMENT la physique que NOUS enseignons, et qui par conséquent est 100 % cachère, pure, sans taches, parfaite, définitive, au dessus de tous soupçons...

Il est enseigné et vulgarisé bien davantage que la seule partie numérique de la théorie transmise : aussi tous les postulats sémantiques, explicites et surtout implicites, toute la représentation physique, toute la sensorialité implicite, ainsi que les viols de sensorialité, justifiés comme injustifiables, et puis tout le vocabulaire, bien ou mal foutu, clair ou déceptif comme un commerçant contrefacteur... Et cela ne relève pas de la formule mathématique seule écrite au tableau noir.

En vulgarisation, c'est encore plus net : n'est vulgarisé à ceux qui ne lisent pas le formalisme mathématique, que ce qui n'est pas soutenu par des résultats expérimentaux, uniquement ce qui ne relève que de la mythologie de la meute victorieuse, là bas à Bruxelles en 1927. Et les gogos de s'extasier : "Kakarakamouchem veut dire "Ma chère âme !" ! Quelle langue admirable que ce turc !"

Le vocabulaire qu'il crée est une responsabilité incontournable du savant, surtout celui qui est en position de trouveur.
Le bon exemple en la matière est Michaël Faraday : très conscient de ses limites, il demandait conseil à des philologues, et le résultat fut généralement excellent.

Des exemples d'erreurs de systématique, qui sont figées par les règles internationales de nomenclature, les sciences naturelles en sont pleines. Basilosaurus n'est nullement un "saurus", mais un cétacé de l'Eocène. Et les paléontologues ne le prétendent pas "saurus", reptile, ils reconnaissent l'erreur historique, et prient les étudiants de pardonner aux Grands Ancêtres. De mon vivant, j'ai vu la systématique profondément remaniée, et c'est loin d'être fini ; hériter du passé n'implique pas qu'on en soit l'esclave.

L'un des pires exemples qu'on puisse citer est fourni par Max Born et Wernher Heisenberg. Or pire c'est, plus solidement c'est gravé dans le marbre de l'enseignement. On leur doit le coup de la Cruelle "Incertitude", du "Principe d'Incertitude de Heisenberg", juste pour dissimuler qu'il s'agit juste des propriétés les plus basiques de la transformation de Fourier. Et le coup de la "probabilité d'apparition du corpuscule" (et de la Vierge à Fatima ?)... Parce que s'ils reconnaissaient qu'il s'agit juste des propriétés de la transformation de Fourier, il aurait fallu reconnaître qu'il s'agissait bien d'une onde avec une périodicité intrinsèque, et reconnaître les contributions des deux concurrents à liquider : Louis de Broglie et Erwin Schrödinger.

"Wi wi... Mais ça n'a aucune importance, puisqu'on fait les même calculs, alors !"

Si justement, les calculs tels que publiés par Feynman en 1948 (qui lui valurent le prix Nobel) sont des millions de fois trop complexes et divergents, car fondés sur une hypothèse corpusculiste et non-relativiste subreptice, avec une fréquence corpusculaire fictive (des millions de fois trop faible) et des tortillonnasses fictives.
http://citoyens.deontolog.org/index.php/topic,1569.0.html
http://scitation.aip.org/getpdf/servlet/GetPDFServlet?filetype=pdf&id=CPHYE2000012000002000190000001&idtype=cvips
http://citoyens.deontolog.org/index.php/topic,887.0.html


La sémantique aussi, a donc une importance pratique insoupçonnée, et elle dépend bien des trouveurs et de leurs écoles et cliques. Elle dépend bien de qui a fait le travail et l'a expliqué. Raison de plus pour les cliques qui ont de l'inavouable à dissimuler, d'être encore plus violentes et belliqueuses, pour interdire qu'on fouille quoi que ce soit, même pour un simple souci de cohérence didactique.


JacquesL

Citation : "adhemar", 2006.

Citer Non, à ma connaissance, on n'observe pas d'effets intrinsèquement quantiques à notre échelle macroscopique. ...


Au ferromagnétisme près, au ferrimagnétisme près, à la supraconductivité près, à la superfluidité près, à tous les spectres de raies et de bandes près, raies claires ou raies sombres, au laser près, à tous les colorants près... Et la stabilité de la liaison Sigma dans la molécule de benzène, par délocalisation de trois électrons qui abaisse d'autant leur impulsion donc leur énergie, si ça n'est pas quantique, cela (c'est à dire ondulatoire, avec transformation de Fourier obligatoire partout)...

Ventre Saint-gris ! Voilà qu'en plus j'étais en train d'oublier toute l'opto-électronique ! Et puis toute la physique électronique des solides... les phonons, la rétro-diffusion Umklapp des phonons, parce que théorème d'échantillonnage de Shannon, échantillonnage spacial ici, sur les noeuds du réseau cristallin. Et puis la chute des capacités calorifiques avec la température, si ça n'est pas quantique, cela, alors j'me la coupe et j'me la mange... les diffusions électrons-phonons, responsables de l'essentiel de la résistivité des cristaux purs à T non nulle...

Enfin bref, à la physique près, et à la physico-chimie près, ou peu s'en faut...

Dans la suite de son message que j'ai délaissée, Adhémar disait clairement qu'il confondait "quantique" avec "corpusculaire et aléatoire". Comme quoi, le choix relâché et débraillé des mots et des concepts continue d'avoir des conséquences désastreuses jusqu'à la septième génération.

Adhémar a juste oublié que "quantique", ça veut dire ondulatoire, avec transformations de Fourier obligatoires partout, mais dans la parlance des vainqueurs de 1927 pour camoufler l'ondulatoire et les transformations de Fourier obligatoires.

Bon, il a des excuses : il répète ce que son prof lui a dit, car c'est ce que le prof avait compris, qui le tenait de, etc...

JacquesL

"Un problème bien posé est déjà à moitié résolu", dit le proverbe.
Justement, quand ce qui s'enseigne est de la merde en barre, celui qui croit ce qu'on lui a enseigné est très mal parti pour bien poser un  problème, et de là le résoudre.

Un trouveur - ce que Fabrice Neyret a confondu bien à tort avec le mythique "génie" - est au départ celui qui cherche en quoi le problème était initialement posé marchant sur la tête, ou sur le nez... Ou incorrectement délimité, ou présenté à l'envers, ou tout de travers...

Michaël Faraday n'a pas eu à surmonter cet obstacle : on ne savait à peu près rien en électricité, à son époque. Le premier qui expérimenterait intensivement et férocement ferait nécessairement des découvertes. Ce fut lui, l'expérimentateur enragé, le pionnier. Jamais gêné par des doctrines installées et fallacieuses. S'il s'est trompé en pionnier, postulant une nature vectorielle pour le champ magnétique puisqu'il faisait facilement des spectres de limaille de fer, et difficilement des spectres électrostatiques, hé bien il a été suivi sans discussion... jusque dans les enseignements dispensés de nos jours. En revanche, sa conjecture d'une nature de vortex pour le courant électrique, n'a pas vécu. Là la représentation enseignée s'est calquée sur la réalité. Cette fois là...

Naturellement, il y a des techniques et des méthodes, pour arriver à remettre à l'endroit et aux bonnes frontières un problème mal posé. Sauf qu'on ne les apprend justement pas à l'Université, au moins jamais avec les sciences dures.

Sans ces techniques, et sans le courage de les pratiquer envers et contre tous, et dans le cas où ce qui vous a été enseigné est gravement erroné, tenter de résoudre un vrai problème est comme de marcher avec un piège à loups refermé autour de chaque cheville.
Un exemple : le Sciences et Avenir d'octobre 2006, spécial chat de Schrödinger. Sur les 78 pages, pas une des sommités convoquées ne tire son épingle du jeu. Le désastre intégral. Pas même capables de s'apercevoir combien par son apologue narquois, Erwin Schrödinger se foutait respectueusement de l'auguste goule des copenhaguistes, déjà vainqueurs en 1935 (depuis 1927), toujours vainqueurs et enseignés en 2011.

JacquesL

CiterOn 18 déc, 19:01, robby <moi@pla.net.invalid>  wrote:
> Le 18/12/2011 18:48, jc_lavau a écrit :

> > Je veux bien que tu m'expliques le coup de "relativisme" et
> > "relativistes".
> > Connais pas.

> http://en.wikipedia.org/wiki/Relativism
> "Relativism is the concept that points of view have no absolute truth or
> validity, having only relative, subjective value according to
> differences in perception and consideration."

> Le relativisme, appliqué aux sciences, revient à nier le fond meme des
> sciences, en supposant que l'exercice scientifique n'est totalement rien
> d'autre qu'un ensemble d'interactions sociales (lutte de pouvoir,
> produire du papier) entre scientifiques.
> Comme ci, au dela ces vicissitudes de toute activité humaine, ne restait
> en sciences strictement rien relatif à la decouverte d'une realité
> objective en rapport avec le monde physique. Et que de ce fait, tout
> avis sur le monde physique se vaut, celui du scientifique n'etant qu'une
> culture comme une autre.

> je pointais donc le distingo a faire entre denoncer les deviances, meme
> banalisées, et le fait de presenter ces deviances comme etant en fait la
> totalité (l'idee de contenu scientifique etant alors un mythe).
...
> mais pourquoi l'histoire de l'industrie serait un bon modele de
> l'histoire des idées scientifiques ?
> --
> Fabrice

Il faudra nous préciser quelle est la méthode qui permet de trier à coup sûr ce qui est une "idée scientifique" de ce qui est une idée de meute.
C'est un point qui est très loin de faire l'unanimité, surtout chez les gens de meute.

JacquesL

Pages 67-68 de son "De la physique avant toute chose", Anatole Abragam se vante de ce que l'enseignement y fonctionne sur le mode de la rumeur : personne (sauf les historiens, s'il y en a) ne relit plus jamais les articles originaux. Chacun se fie au postulat que ses professeurs aient tout compris, tout digéré, soient devenus infaillibles en accédant à une chaire.

Or justement le sort fait à James Clerk Maxwell prouve que personne n'a plus relu les paragraphes 12 et 15 de son Treatise on Electricity and Magnetism, où il fait des objections dirimantes à la mathématisation de son temps, comme à celle qui a vaincu et éliminé les autres au 20e siècle, soit celle de Heaviside et de Gibbs vers 1888.
Il est également patent que le paragraphe 1 de son Treatise fait encore scandale : il osait faire la distinction entre nombres et grandeurs physiques. Une rébellion que l'on ne saurait tolérer !

Il est également patent que ce que chaque prof enseigne comme la loi d'Ampère n'a jamais été celle d'Ampère, mais celle de Heaviside en 1888. Chacune est erronée, mais fort différemment, tout en donnant après intégration le même résultat global (exact, lui). Mais comme personne ne va vérifier les mémoires originaux, car ce serait une démarche scientifique, donc fatigante...
D'où il résulte que l'enseignement des sciences est infaillible, et a nécessairement "bien assimilé" ce qu'il propagande...

JacquesL

De nos jours, un esprit aussi pénétrant et rebelle que Dmitri Mendéléïev ne parviendrait plus à occuper une chaire de chimie ou de physique. Il serait détecté et éliminé bien avant : sa mission de professeur est de répéter à l'identique toutes les sottises et les incohérences dont il a hérité. Ah mais !

Mais tous les clergés à prétentions scientifiques pratiquent-ils tous le même sus aux trop-curieux-trop-fouineurs ?
Ça dépend du caractère plus ou moins pathologique du pouvoir dans ce clergé-là.
Ça dépend notamment de la gravité des secrets de famille, de la gravité des précédents délits et crimes des chefs.
Etre bridés par des secrets de famille trop inavouables, cela grève la maturation des sciences et des scientifiques, comme celle des enfants dans les familles à secrets inavouables, voire criminels. Et les sciences ne sont pas du tout égales entre elles, question maturité. Ce n'est pas une question d'ancienneté, mais de maturation par l'accès à la résipiscence : le management transparent de la correction des erreurs précédentes. A commencer par l'aveu qu'on s'était trompé et qu'on avait enseigné des erreurs. Tout le monde n'a pas ce courage.

Voilà pourquoi Abragam se vantait qu'en physique plus personne ne va vérifier les articles originaux : il y a trop de secrets de famille inavouables à préserver ! Et les statuts hiérarchiques actuels en dépendent tellement ! Rappelez-vous pourquoi Ignác Fülöp Semmelweis a été chassé de l'hôpital de Wien, et banni : il avait osé recommander que les médecins et carabins se lavassent les mains avant d'aller tuer, oups, tripoter les parturientes et accouchées. Or comment se déterminait le rang hiérarchique dans la meute des carabins en 1848 ?
En ayant les revers de veston les plus sales possibles, prouvant qu'on avait disséqué le maximum de cadavres, et de vivants aussi. Hé oui, les mains ensanglantées et purulentes, on les essuyait sur ses revers de veste, en ce temps là. Là était la source du prestige.
Source : Das Jarhundert des Chirurgen.

La bataille de l'asepsie n'a pu être gagnée qu'une quarantaine d'années plus tard, par Pasteur et les pasteuriens. Parce qu'ils avaient de meilleurs microscopes, peut-être une meilleure technique d'histologie, une nouvelle technique de culture des colonies microbiennes, et surtout des appuis politiques incassables.

C'était il y plus d'un siècle et demi, et à présent on a le droit d'en parler. Et encore, toujours pas devant certains médecins, soucieux de préserver leur supériorité hiérarchique sur vous...

Comme ça, l'humanisation et la maturation des gens de meute demeure très incomplète.