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Sur les émeutes en Suède en mai 2013.

Démarré par JacquesL, 19 Août 2013, 05:40:16 PM

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JacquesL

On trouve sur le Net de nombreuses instances des mêmes analyses, questionnant en boucle l'échec de l'intégration à la suédoise.
Voici une analyse discordante des autres. Politiquement, elle est faite et propagée par des adversaires, des militants de l'ultra-libéralisme ; raison de plus pour s'informer, auprès de gens avec qui on n'est pas d'accord du tout.
http://www.contrepoints.org/2013/06/08/127233-emeutes-en-suede-comment-est-ce-possible
A propos de Johan Norberg :
Johan Norberg est un essayiste suédois qui promeut la mondialisation et la liberté individuelle. Il est l'auteur de "Plaidoyer pour la mondialisation capitaliste" (2004). Il est chercheur associé au Cato Institute, think tank libéral basé à Washington, et à l'European Centre for International Political Economy, l'institut de libre-échange basé à Bruxelles.
CiterÉmeutes en Suède : comment est-ce possible ?

Publié le 8/06/2013

La Suède étant le pays de l'égalité, comment expliquer les émeutes ? Parce que les sociaux-démocrates ne comprennent pas que l'argent ne fait pas tout.

Par Johan Norberg.



"Ils auraient tous dû être très heureux", c'est ainsi que commence le roman de Robert A. Heinlein publié en 1942, L'Enfant de la Science. Les problèmes matériels ont été réglés sur cette terre d'avenir, la pauvreté et la maladie ont été éradiquées, le travail est facultatif. Et pourtant, une partie des citoyens n'est pas enthousiaste. Certains s'ennuient, d'autres préparent une révolte. Pourquoi donc, dans un tel monde utopique ?

Un étonnement semblable a celui-ci, cela a été la réaction dominante dans les médias après que les émeutes ont éclaté, des immeubles et des voitures ont été brûlés fin mai dans des quartiers de Stockholm à forte population immigrée. En Suède ? Puisque l'interprétation courante est que la violence est la seule arme que les gens marginalisés ont contre un système socio-économique oppressif, c'est beaucoup plus difficile d'expliquer quand elle a lieu dans "la société la plus réussie que le monde ait jamais connu", comme l'a qualifié Polly Toynbee  en 2005.

Mais cela n'a pas empêché certains d'essayer d'expliquer ces émeutes. Si tout ce que vous avez ce sont deux conclusions d'études sociologiques, tout et n'importe quoi ressemble à un grief justifié. Les socialistes à l'étranger ont accusé la libéralisation qui a eu lieu en Suède ces dernières années, et l'accroissement des inégalités et de la pauvreté supposées qu'elle aurait engendré, d'être à l'origine des émeutes. Le grand quotidien national social-démocrate, Aftonbladet, a essayé de mettre en évidence les effets de l'austérité (dans un pays qui ne l'a pas mise en place) et a affirmé que les jeunes de la banlieue d'Husby se sont révoltés parce que "le centre médical, le bureau de poste, le cabinet des sages-femmes et le centre pour les jeunes ont été fermés".

En fait, il existe des centres pour la jeunesse à Husby. Son vieux centre médical a fermé, mais un nouveau centre médical a ouvert à la place. Les sages-femmes ont déménagé, mais seulement à une station de métro. On peut trouver des services postaux à 14 minutes à pied du centre-ville. Là où j'habite, il faut marcher 12 minutes pour les trouver. On tremble à l'idée de ce que je ferais si j'habitais deux minutes plus loin. Est-ce-que je passerais moi aussi mon vendredi soir à mettre le feu à des écoles maternelles ?

Le taux de pauvreté en Suède peut fort bien être trop élevé, mais à 1,2% aucun pays Européen ne peut se vanter d'avoir un taux plus faible. La moyenne européenne est de 8,8%. Si la pauvreté est la cause des émeutes, presque toutes les villes du continent européen aurait dû être à feu et à sang avant que Stockholm ne s'embrase, y compris une grande partie de la Norvège et de la Suisse.

Mais les inégalités ont augmenté, dîtes-vous. Oui, depuis le très égalitaire milieu des années 1980 (date à laquelle Stockholm a connu ses dernières grandes émeutes de jeunes, soit dit en passant). Mais depuis 2005, quand Toynbee a proclamé la Suède comme étant l'utopie égalitaire, elles ont à peine évolué. Mon pays est le plus égalitaire en Europe, derrière la Slovénie. Bien sûr, certains peuvent argumenter qu'il faut atteindre le niveau d'égalité de la Slovénie pour maintenir la paix sociale. Sauf si vous avez entendu parler de la vague de manifestations de masse – parfois violentes – qui ont agité les villes Slovènes depuis novembre dernier, entraînant la chute du gouvernement.

Un taux de pauvreté très bas, des inégalités presque inexistantes, des prestations sociales élevées, et les écoles, les universités et les soins médicaux gratuits. Une société dans laquelle vous n'êtes pas pauvre simplement parce que vous êtes au chômage.

Ils auraient tous dû être très heureux.

En fait, il y a de graves inégalités en Suède, mais la fracture n'est pas tant entre les riches et les pauvres qu'entre ceux qui ont du travail et ceux qui n'en ont pas. Et souvent, il s'agit d'une fracture ethnique. Comme le met en avant Fredrick Segerfeldt, l'auteur d'une nouvelle étude, la Suède connaît le plus fort écart de taux d'emploi entre les personnes autochtones et les personnes d'origine étrangère de tous les pays développés où ces données sont disponibles. Seuls 6,4% des autochtones sont au chômage, mais presque 16% des immigrés. À Stockholm comme à Paris, ce problème est concentré dans les banlieues. À Husby, où les émeutes ont démarré, 38% des moins de 26 ans sont au chômage.

Alors quelle est la cause de cette situation ? L'aspect du modèle social suédois que le gouvernement n'a pas osé toucher : une forte protection de l'emploi. La loi dit que la dernière personne embauchée doit être la première personne licenciée. Et si vous embauchez quelqu'un plus de 6 mois, le contrat se transforme automatiquement en contrat à durée indéterminée. Un régime fait pour protéger les travailleurs a condamné les jeunes à une succession de contrats à durée courte. Le salaire minimum suédois étant de fait très élevé – aux alentours de 70% du salaire moyen – condamne au chômage ceux dont les talents valent moins que cela. La Suède a le taux de premiers emplois peu payés le plus bas d'Europe. Seuls 2,5% des emplois suédois sont concernés, la moyenne européenne étant à 17%.

Ceux à faible niveau d'études, qui ont peu d'expérience, ou peu de compétences linguistiques ont compris que la Suède n'était pas une si belle utopie après tout. Si vous ne trouvez pas votre premier emploi, vous n'avez pas l'occasion d'acquérir l'expérience et les compétences qui vous mèneront vers vos prochains emplois. Toute cette "protection" du travail a créé une société d'initiés autochtones et d'exclus étrangers. La Suède a généreusement accueilli les immigrés mais, ayant franchi la frontière du pays aisément, ils se heurtent à une autre frontière – autour du marché du travail – et elle est lourdement fortifiée.

Le résultat ? Les jeunes hommes qui n'ont rien à faire et rien à perdre regardent le marché du travail depuis l'extérieur de cette frontière avec des sentiments mêlés de dévalorisation, d'humiliation et d'ennui. Ce n'est pas la première fois qu'une telle situation s'est terminée violemment. Quand cela arrive, ça choque les socialistes parce que ça montre que l'argent ne fait pas tout. Un État peut vous fournir des biens et des services, mais pas la dignité et le respect des autres. Un État peut satisfaire vos besoins matériels, mais ne peut pas vous donner le sentiment que vous avez accompli cela vous même.

---
Article original titré "Why Sweden Has Riots" publié le 06.06.2013 sur le site du Cato Institute. Traduction : Laurett pour Contrepoints.

Autre chose à ajouter ?
Certes.
Ils ont de l'argent d'assistance, donc ils sont consommateurs, et devant des TV qui incitent à consommer toujours plus. Ils ne savent pas produire, n'ayant jamais été producteurs. Ils ne maîtrisent donc pas les compétences relationnelles de la coopération au travail, voire n'en soupçonnent pas l'existence.

Dans le pays d'origine de leurs parents, là-bas aussi on avait des cultures du travail, mais la rupture culturelle est si énorme, que cet héritage perdu leur est inutilisable, voire inaccessible. Les suédois de souche, eux, gardent héritage des durs travaux agricoles ou forestiers de leurs ancêtres. Pas assez pour raisonner cet héritage, mais assez pour rejeter les autres, tellement étrangers aux moeurs suédoises d'origine.

La question suivante est managériale. Personnellement, j'ai beaucoup d'estime pour Olof Palme, et bien des sensibilités communes. Toutefois, quelles auraient été les mesures à prendre pour être prévenus des effets pervers d'une politique perçue comme généreuse et exemplaire à l'échelle européenne ? Quels observatoires donner à l'opposition, pour qu'elle tienne son rôle de vigie ? Comment faire la synthèse, hors partis ?


Analyses plus standard :

http://www.presseurop.eu/fr/content/article/3802401-les-emeutes-de-husby-un-echec-de-l-integration
CiterLa Suède en question (1/2) : Les émeutes de Husby, un échec de l'intégration
Aftonbladet 23 mai 2013


Les révoltes qui ont éclaté dans la banlieue de Stockholm montrent que l'intégration des nombreux immigrés qui y habitent ne s'est pas faite. En cause, le manque de volonté du gouvernement d'agir sur le front de l'éducation et de l'emploi.
Lena Mellin

Les jets de pierres et les incendies de voitures de Husby [dans la banlieue nord de Stockholm] pointent le fiasco d'une politique. Il a fallu longtemps pour arriver à cette situation. Il faudra longtemps pour redresser la barre.

Husby ressemble aux nombreuses autres banlieues à problèmes de l'agglomération stockholmoise. Elles ont en commun une forte population d'origine immigrée, un nombre élevé de bénéficiaires de l'aide de l'Etat, de nombreux jeunes en échec scolaire, et un taux de chômage très élevé.

D'après les chiffres de l'agence suédoise pour l'emploi, 20% des jeunes de Husby n'avaient aucune activité en 2010. Un jeune de 16 à 19 ans sur cinq était sans travail ou non scolarisé. Sur le papier, ils ne faisaient rien.

Mais l'homme est ainsi fait qu'il se crée des occupations, et ces jeunes – des garçons pour la plupart – ont trouvé de nouvelles activités auxquelles s'adonner. Par exemple, se poster sur les ponts et caillasser les voitures de police, ou incendier la voiture du voisin. Ils ne se disent certainement pas qu'il vaut mieux faire du grabuge et casser plutôt que de ne rien faire, mais c'est néanmoins ce qu'ils font, et c'est là le problème.

Des quatre jeunes qui ont été interpellés jusqu'à présent [le 22 mai] à la suite des émeutes de Husby, le plus âgé a 18 ans. Tous, à l'exception d'un, ont déjà fait l'objet d'une condamnation. Même le jeune de 15 ans, qui est pourtant pénalement responsable de ses actes depuis peu [l'âge de la responsabilité pénale est fixé à 15 ans en Suède].

Peu de chances de revenir sur le droit chemin

Nul besoin d'avoir fait Polytechnique pour comprendre que nous sommes ici en présence d'un fiasco politique retentissant.

Le problème vient de la ghettoïsation. Des 12 000 habitants de Husby, un peu plus de 60% sont nés à l'étranger. Si l'on y ajoute ceux qui sont nés en Suède mais dont les deux parents sont nés à l'étranger, cette proportion s'élève à 85%.

Le problème vient aussi de l'école. Le 21 mai, le Premier ministre, Fredrik Reinfeldt, a évoqué le déblocage de nouvelles ressources pour l'Education nationale. C'est une bonne nouvelle, mais peut-être cela aurait-il dû être fait il y a belle lurette. Quand un lycéen sur cinq ne va pas à l'école, c'est que l'enseignement local a failli.

Le problème vient également de l'emploi. L'emploi, qui est le premier vecteur d'intégration. C'est là que l'on perfectionne sa maîtrise de la langue, que l'on tisse un réseau, que l'on gagne de l'argent.

Les banlieues accueillant beaucoup d'immigrés exigent tout simplement une attention colossale, que les décideurs politiques ne leur ont pas accordée.

Ce défaut de gestion ne date pas d'aujourd'hui, hélas, et l'on a curieusement fermé les yeux sur le problème. Longtemps, on n'a même pas eu le droit de dire qu'un quartier qui ne dénombrait pas moins de 114 nationalités exigeait plus de ressources et plus d'attention que des quartiers qui en accueillent nettement moins. Au lieu de quoi, les banlieues à forte densité d'immigrés étaient présentées comme des destinations exotiques où l'on pouvait acheter des légumes à bon prix.

Le problème ne se règlera pas du jour au lendemain. Il faudra injecter des ressources considérables dans l'éducation, dès la maternelle.

Quand on commence à déraper dès l'adolescence, comme ce fut le cas des jeunes qui ont été interpellés, les chances de revenir sur le droit chemin sont minces. Quand on a des parents, et des parents d'amis, qui sont sans emploi, il peut sembler parfaitement naturel de ne pas travailler. Quand l'école nous fait l'effet d'un pays étranger, il est aisé de se déscolariser.

A Husby, le taux d'activité tourne autour de 40% contre 65% dans le reste du pays. C'est dans ce premier chiffre que réside le mal – ou plutôt le pire de tous les maux.

Traduction : Jean-Baptiste Bor

http://www.presseurop.eu/fr/content/article/4045781-l-integration-la-suedoise-ne-marche-pas
Citer L'Europe face à l'immigration (2/5) : L'intégration à la suédoise ne marche pas
12 août 2013
NRC Handelsblad

La Suède se veut une société homogène et égalitaire. En réalité, le pays a bien du mal à intégrer ses minorités et la ségrégation est à l'ordre du jour. Extraits.
Maartje Somers

Pour Nazanin Johansson, cela n'a jamais été un problème. Evidemment, on la regardait, en raison de ses cheveux foncés, de ses yeux bruns et de son physique persan. Et elle savait qu'elle devait, encore plus que toute autre personne, faire de son mieux.

Mais malgré cela, la Suède est pour elle un pays qui permet de s'en sortir. Où l'on peut devenir, par exemple, comme elle, une médiatrice dynamique d'une agence pour l'emploi dans un quartier difficile. Mais il faut de la bonne volonté. Là-dessus, Nazanin a parfois des doutes lorsqu'elle parle avec des jeunes. "Ils veulent bien un boulot, mais seulement s'il est cool. Ils ne veulent pas commencer en bas de l'échelle. On oublie parfois que la mentalité d'un grand nombre de ces jeunes n'y est pas pour rien."
Pendant une semaine, il y a eu des voitures incendiées et des affrontements avec la police

Nazanin travaille au pôle emploi de Kista, une banlieue de Stockholm, qui est aussi le pôle technologique de la capitale suédoise. Mais Kista est également situé entre Rinkeby, Husby et Tensta, des quartiers qui ont fait la une de l'actualité en mai lorsque des émeutes, déclenchées par des jeunes, ont éclaté. Pendant une semaine, il y a eu des voitures incendiées et des affrontements avec la police.

Les images en provenance de Suède ont fait le tour du monde. Un sentiment de rage dans un pays où le gouvernement prend soin de vous depuis votre premier cri jusqu'à votre dernier soupir ? Du racisme et de la ségrégation dans le pays le plus égalitaire du monde ?


Les inégalités ont augmenté

Il s'est rapidement avéré que c'était le cas. Alors que le monde ne faisait pas attention, le modèle suédois s'était remis en question. Suite à une bulle économique au cours des années quatre-vingt-dix, la coalition de centre droit, menée par Fredrik Reinfeldt, a donné un tour de vis en 2006 aux dépenses publiques, tout en baissant le taux maximum d'imposition.

La Suède est toujours une société égalitaire, mais les inégalités y ont augmenté plus qu'ailleurs en Europe. Comme dans le reste de l'Europe, les immigrés, les travailleurs peu qualifiés, et les jeunes – surtout les garçons -, sont les plus mal lotis. Et comme dans le reste de l'Europe, de nombreux fauteurs de troubles faisaient partie de toutes ces catégories.

La Suède délivre chaque année davantage de permis de séjour, contrairement à de nombreux pays européens, où leur nombre est en baisse. Les 110 000 permis de séjour délivrés en 2012 ont été un record. Parmi les réfugiés, on compte désormais surtout des Syriens, des Somaliens, des Irakiens et des Roms.

Il est beaucoup plus difficile pour eux que pour leurs prédécesseurs de sortir des banlieues. Il y a moins d'emplois, la société est devenue plus complexe, les seuils sont plus élevés. "J'aimerais devenir gardien, mais pour cela j'ai besoin d'un permis de conduire" explique par exemple Sameh Sakr, un Egyptien de 22 ans du quartier de Hallunda. Un permis de conduire, raille-t-il. "Mais où vais-je trouver l'argent pour payer cela ?"


Vers des communautés fermées

La ségrégation en Suède est importante. A Stockholm, la plupart des immigrés vivent dans les cités-jardins qui longent la ligne de métro bleue, surnommée l'Orient Express. Il s'agit d'immeubles en béton de trois à sept étages, construits dans les années soixante et soixante-dix.
Dans certains quartiers, 80 % de la population sont des immigrés de première ou deuxième génération

Dans certains quartiers, 80 % de la population sont des immigrés de première ou deuxième génération et 50 % sont sans emploi, contre 8% dans l'ensemble de la Suède. Un immigré sur quatre ne finit pas sa scolarité. 3% des enfants suédois sont pauvres, contre 40 % des enfants d'immigrés.

La séparation des riches et des pauvres en termes d'habitat existe dans toutes les villes d'Europe. Mais Stockholm a des îles et de vastes zones vertes entre les quartiers, ce qui fait que les classes prospères deviennent presque automatiquement des communautés fermées. Le quartier de Nockeby est plein de villas parfaitement entretenues avec des systèmes d'alarme. En revanche, près de la station de métro Rinkeby, les hommes traînent sur des bancs entre les immeubles. Il y a bien un café turc et un bazar somalien, mais il n'y a même pas un distributeur de billets.

Comment se peut-il que la Suède égalitaire ait laissé croître à ce point ses statistiques alarmantes et ses îlots de mécontentement ? Ce n'est pas que les pouvoirs publics ne s'intéressent pas à la question. Au contraire, le ministère de l'Intégration et de l'Emploi veut créer des emplois "marchepieds" subventionnés et diversifier les cours de suédois, afin qu'un ingénieur irakien ne suive pas des cours au même niveau qu'un Somalien à peine alphabétisé.


Parler Rinkeby-Svenska (le suédois de Rinkeby, équivalent au français de Bab-el-Oued), un obstacle

Le ministre de l'Intégration, Erik Ullenhag, dit qu'il n'est pas question d'instaurer une politique plus stricte en matière de réfugiés, comme le souhaite le parti xénophobe des Démocrates suédois."Nous estimons qu'il s'agit d'un problème économique et d'un problème de jeunes et non pas d'un problème d'immigration. Lorsqu'on durcit le ton vis-à-vis des immigrés, on porte, en tant que pays, atteinte à sa dignité. De plus on sape la position de ceux qui sont déjà là. D'ailleurs, la Suède a besoin d'immigrés."

Tobias Hübinette, chercheur spécialisé sur les questions d'immigration au Centre multiculturel de la banlieue méridionale de Botkyrka, dit qu'en réalité, les immigrés ont besoin d'énormément de volonté, de persévérance et de chance pour combler le fossé des salaires, de l'éducation ainsi que le fossé ethnique.
Souvent ils ne sont pas considérés comme Suédois, même lorsqu'ils sont nés en Suède

Souvent ils ne sont pas considérés comme Suédois, même lorsqu'ils sont nés en Suède. Celui, par exemple, qui parle Rinkeby-Svenska, le suédois avec un accent, n'a aucune chance de trouver un emploi.


Un débat multiculturel en retard

Ullenhag a une solution : un nouveau "nous" pour l'Europe. "Je n'aime pas le fait qu'en Europe, le 'nous' se réfère toujours au passé. Aux Etats-Unis toute personne qui habite sur le territoire américain est Américain. Là-bas le 'nous' est tourné vers l'avenir. Il faut qu'il en soit de même en Europe."

"Ce serait déjà très différent, dit l'écrivain et journaliste Viggo Cavling, si nous commencions par reconnaître que nous ne sommes plus le pays homogène où tout le monde est à égalité".

Mais c'est justement cela qui est difficile à reconnaître pour la Suède, selon le chercheur en immigration Hübinette. "19 % des Suédois ont désormais un ou deux parents d'origine étrangère. Mais nous ne le réalisons pas encore. N'oubliez pas que la Suède n'a jamais eu de colonies. La Suède est, notamment pour cette raison, un pays nationaliste. Non seulement les Suédois aiment bien faire, ils se trouvent aussi très bien eux-mêmes. Nous accueillons volontiers des réfugiés mais nous avons du mal à reconnaître que nous avons laissé se constituer des situations inadmissibles. Nous avons pris deux décennies de retard dans le débat multiculturel."

Voir aussi ce témoignage très riche, par Viggo Cavling :
http://www.presseurop.eu/fr/content/article/3826061-comment-ma-cite-coule

http://www.presseurop.eu/fr/content/article/3803021-l-egalitarisme-n-est-plus-ce-qu-il-etait
Suite d'un précédent, 2/2, mais d'un intérêt médiocre.

JacquesL

Citation de: JacquesL le 19 Août 2013, 04:59:02 PM
...
La question suivante est managériale. Personnellement, j'ai beaucoup d'estime pour Olof Palme, et bien des sensibilités communes. Toutefois, quelles auraient été les mesures à prendre pour être prévenus des effets pervers d'une politique perçue comme généreuse et exemplaire à l'échelle européenne ? Quels observatoires donner à l'opposition, pour qu'elle tienne son rôle de vigie ? Comment faire la synthèse, hors partis ?

Question managériale suivante, à l'échelle des universités et de la nation : y a-t-il eu à temps en Suède des études de sociologie de l'urbanisation accélérée d'allochtones ?
Je sais par Michel Viewiorka combien a été fragile et chanceux, le fait d'avoir en France de telles analyses, faites par des chercheurs considérés comme "gauchistes à abattre" par les ministres de l'époque sous Pompidou puis Giscard, mais miraculeusement protégés par des hauts fonctionnaires assez intelligents et libéraux pour comprendre qu'on n'en savait si peu sur la sociologie des villes nouvelles et des banlieues nouvelles, qu'il y avait urgence à ce que le travail d'enquête soit fait, puis publié à la Documentation Française, et que peu importait qu'un chat soit gris ou noir, pourvu qu'il attrape des souris.

Que l'université fasse ou non son travail de vigie, c'est fragile et hasardeux, nous en savons quelque chose. Des fois on a la chance avec nous, des fois pas.

Autre vision du problème, par Morris et Goscinny : les Dalton songent à piller une ferme. Les voilà déstabilisés par un gamin armé d'un lance-pierres, qui touche Joe, puis prévient sa mère : "M'man ! du monde !". La robuste et gigantesque fermière surgit à la porte, et demande :"Qu'est-ce que vous voulez ?
- Hé bien voilà, nous sommes les Dalton, et
- Travaillez si vous voulez manger !
", et elle leur jette quatre outils pour terrasser et cultiver.
...
Mine de rien, c'est très sérieux. Intégrer des travailleurs agricoles est une tâche à l'échelle humaine, quand on a des travaux agricoles à faire, qui manquent de bras. Dans l'économie hautement évoluée de la Suède, et fortement urbanisée, c'est une autre paire de manches.

JacquesL

Dans l'article de Viggo Cavling, qui a vécu à Rosengård, un fait particulièrement intéressant :
Citer99 % des lanceurs de cailloux sont des garçons ou des jeunes hommes. Ils ne se battent pas seulement contre la police et les pompiers. Ils se battent également avec leur propre image. A l'école suédoise, les garçons réussissent moins que les filles dans toutes les matières.

Il y a quelques années encore, les garçons étaient plus forts dans les disciplines techniques, mais, quand on a imposé aux élèves de communiquer sur ce qu'ils faisaient, les filles les ont dépassés là aussi.
Dans Presseurop.eu :
CiterQuand l'école nous fait l'effet d'un pays étranger, il est aisé de se déscolariser

Rapprochement avec les nouveaux programmes de sciences, qui laissent perplexes voire consternés nos collègues en activité :
http://www.udppc.asso.fr/petition/index.php?petition=2
http://udppc.asso.fr/forum/viewforum.php?f=26
http://udppc.asso.fr/forum/viewforum.php?f=25 ...
De moins en moins de compétences solides peuvent être acquises par les élèves, tandis qu'on les submerge de considérations baratineuses à la mode zécolo, qu'ils devront régurgiter docilement, afin de passer pour de futurs "citoyens responsables", c'est à dire soumis à la mode et à la dictature de l'émotion, mais infoutus de vérifier ce que la mode du moment leur impose de croire.
Style : "ces pauvres ours blancs qui vont s'éteindre parce que leur banquise disparaît par la faute du réchauffement climatique anthropique !" (Futura), (Remarquez, elle fait le contraire de ce que les IPCC-activists lui disent de faire, la banquise arctique : http://oceans.taraexpeditions.org/fr/point-sur-la-situation-de-tara-le-22-aout.php?id_page=1467 ).
Ou encore :
http://sciences-physiques.ac-montpellier.fr/spip.php?article374
http://sciences-physiques.ac-montpellier.fr/IMG/doc/sujet0_Hopital_HQE.doc
http://sciences-physiques.ac-montpellier.fr/IMG/doc/sujet0_hopital_HQE_proposition_de_correction.doc
"On se propose ici d'évaluer la quantité de dioxyde de carbone produite par cette chaufferie et de justifier le choix de cette technologie." =
"C'est merveilleux et exemplaire ! L'hôpital d'Alès se chauffe au bois ! Gn'y a ka faire pareil partout ! Vous mes élèves, qu'attendez-vous pour militer comme moi ?"
Lien : http://citoyens.deontolog.org/index.php/topic,1982.0.html


On rapproche d'une troisième information : l'affaire Assange, outre qu'elle nous a appris que leurs condoms sont d'une qualité consternante, nous a redémontré quel Féministan est devenue la Suède.

On rassemble les trois informations, et il appert que ces changements bizarres de programmes sont une ruse féministe pour d'une part complaire aux enseignantes féministes et gynarques, et au personnel politique de même obédience gynarque, style Gudrun Schyman, d'autre part pour éliminer les garçons de l'école, assurer la domination féminine dans toutes les disciplines, même si c'est au dam des dites disciplines.

Husby, Rinkeby, Rosengård ou Tensta sont au nombre des victimes de la gynarchie triomphante dans les programmes scolaires. Peu importe qu'on ruine des disciplines, pourvu qu'on les féminise, peu importe qu'on ruine l'avenir des garçons, de toutes façons "les mâles ne sont que des infra-humains, des godemichés sur pattes"...
Donc on modifie le contenu des disciplines pour les rendre beaucoup plus baratineuses, de moins en moins factuelles, ruse !

Rappel :
http://bigbrowser.blog.lemonde.fr/2012/06/29/cliche-la-commission-europeenne-voit-la-science-en-rose-pour-les-filles/
"La science, c'est pour les filles !" (où le premier "i" est remplacé... par un rouge à lèvres). Coût de la campagne : 102 000 euros.
Voilà qui est avoir le sens des priorités, financé avec nos impôts...
http://www.youtube.com/watch?v=g032MPrSjFA
Si si ! C'est le progrès !