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Egypte: la corruption plus difficile à vaincre que la dictature...

Démarré par JacquesL, 05 Mars 2011, 09:40:19 PM

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JacquesL

Egypte: la corruption plus difficile à vaincre que la dictature...

http://blogs.mediapart.fr/blog/philippe-ries/240211/egypte-la-corruption-plus-difficile-vaincre-que-la-dictature

CiterEgypte: la corruption plus difficile à vaincre que la dictature
24 Février 2011 Par Philippe Ries

A peine le tyran Moubarak avait-il été «dégagé» par le pouvoir du peuple installé place Tahrir, que la corruption devenait une cible majeure des animateurs anonymes de la révolution égyptienne. Avec de nouveau un sens très affûté des priorités.


Il ne s'agit pas seulement de récupérer les centaines de milliards de dollar détournés par une dictature kleptocrate mais aussi de combattre un cancer à la racine du développement inégal de l'économie et de la société égyptiennes. Malheureusement, il faudra bien d'avantage que 18 jours et nuits pour en venir à bout et le succès est encore moins garanti que l'établissement d'une démocratie stable sur les rives du Nil.

Maintenant que la parole est libre, que les bouches s'ouvrent, que la camisole de force emprisonnant les médias officiels craque sur toutes les coutures, les témoignages affluent sur la manière dont le clan Moubarak et ses nombreux affidés ont mis le pays en coupe réglée en trente années d'exercice du pouvoir politique à l'abri de l'état de siège. La fortune de la famille proche du rais est évaluée entre 40 et 70 milliards de dollars. Comme dans la Tunisie du clan Ben Ali-Trabelsi, les proches et protégés du clan au pouvoir se sont vu distribuer rentes et prébendes.


Dans le même temps, les classes moyennes adossées à des professions qualifiées, fer de lance de la contestation du régime, étaient réduites à la portion congrue dans la distribution des richesses. Un tiers des 80 millions d'Egyptiens survit sous le seuil de pauvreté. Un tiers (souvent les mêmes) demeure emprisonné dans l'analphabétisme.

Les classes moyennes égyptiennes ne semblent pas manifester une grande nostalgie du nassérisme économique, dont les recettes, travaux pharaoniques, industrialisation forcée, planification autoritaire sur le modèle soviétique, protectionnisme, ont fait partout la démonstration de leur nocivité. Mais elles aspirent légitimement à ce que les réformes libérales, qui ont permis de dégager ces dernières années des taux de croissance dignes des meilleures économies émergentes, s'accompagnent d'une distribution plus équitable des richesses ainsi créées.

Si imparfait soit-il, un «modèle» indien de croissance dans la démocratie ne semble pas inadapté à la nouvelle Egypte, ne serait-ce que parce que les problématiques des deux pays ne sont pas très éloignées, toutes proportions gardées. Les réformes initiées en Inde dans les années 90 par l'actuel chef du gouvernement indien Manmohan Singh, alors ministre des Finances, ont permis de secouer le carcan bureaucratique étouffant hérité du «Raj», d'ouvrir le pays aux investissements étrangers et aux échanges commerciaux avec l'extérieur, d'introduire une dose (encore trop faible) de concurrence dans des secteurs monopolistiques sclérosés, de donner naissance à un secteur industriel privé capable, dans certains secteurs, de prendre part à la compétition mondiale. C'est cette dynamique, permettant de fortifier la demande intérieure, qui enclenche le cercle vertueux du développement. Et d'y entraîner ensuite les secteurs les plus attardés, comme l'agriculture, dont dépend encore une forte proportion de la population active.

Mais la lutte contre la corruption, dimension essentielle de l'établissement d'un Etat de droit, du bon fonctionnement des marchés et d'une redistribution socialement et économiquement efficace, reste une condition sine qua non de succès à long terme de toute stratégie de développement.

Dans la prodigieuse croissance chinoise, qui vient de propulser officiellement l'économie du pays au second rand mondial devant le Japon, l'incapacité, dans la meilleure des hypothèses, à faire reculer la corruption est le vrai talon d'Achille de la dictature communiste. La corruption des agents de l'Etat ou du parti est très souvent à l'origine des émeutes et autres «incidents» qui éclatent chaque année par dizaines de milliers dans les campagnes et les zones industrielles chinoises. Et dans lesquels on lira peut-être un jour les signes avant-coureurs (ceux que l'on a ignoré en Egypte) de bouleversements bien plus profonds. C'est ce que redoutent à l'évidence les hiérarques de Pékin dont les censeurs ont bloqué les mots «Tunisie» et «Egypte» sur les moteurs de recherche et les réseaux sociaux accessibles en Chine dés le début des turbulences dans le monde arabo-musulman. Révélateur.



Publié initialement le 15/02/2011 sur Orange.fr

JacquesL

http://printempsarabe.blog.lemonde.fr/2011/04/05/larmee-de-moubarak-poursuit-la-repression/

Citer05 avril 2011
"L'armée de Moubarak" fidèle à la répression


Aux yeux de nombre de ses acteurs et observateurs, la révolution égyptienne connaîtrait des lendemains difficiles. Pour la Coalition des jeunes de la révolution du 25 janvier, seule une infime partie de ses demandes ont été entendues. La gestion de la transition démocratique par le Conseil suprême des forces armées (CSFA) est source d'inquiètude. Au centre des accusations, le maintien de l'appareil répressif et l'impunité de ses membres, auxquels la journaliste Hossam el-Hamalawy, auteur du blog 3Arabawy , consacre de nombreux portraits.

Les bloggeurs en veulent pour preuve la répression violente des nombreuses manifestations qui ont eu lieu durant le mois de mars et la prise par le CFSA le 23 mars d'un décret interdisant les manifestations, grèves et sit-in, sous peine d'un an d'emprisonnement et d'une amende d'un demi million de livres égyptiennes.

Plus d'un mois après le départ de l'ancien président, "l'armée de Moubarak" serait toujours active, comme semble l'indiquer cette vidéo de l'activiste Ahmed Sherif. Avec à sa tête, le maréchal Tantaoui, l'un des hommes les plus fidèles à l'ancien président Hosni Moubarak, qui dirige actuellement le Comité suprême des forces armées, explique Issander El Amrani, auteur du blog The Arabist.

Le scandale des manifestantes torturées

Le 9 mars fait figure de tournant, avec la violente répression d'une manifestation sur la place Tahrir, au Caire. Selon des méthodes dignes de l'ère Moubarak, quelques centaines de manifestants ont été arrêtés, torturés et jugés en cour martiale. Des témoignages ont été recueillis en vidéo (en arabe), publiés sur le blog 3Arabawy. Certains d'entre eux ont reçu des peines expéditives allant de un à cinq ans de prison, sans aucun fondement.

Si l'affaire a fait grand bruit, c'est qu'Amnesty International a accusé l'armée égyptienne d'avoir torturé des manifestantes en leur infligeant notamment des "tests de virginité". Au nombre des manifestants arrêtés ce jour-là, 18 étaient des femmes. Elles auraient été battues, électrocutées et forcées de se déshabiller tandis que les soldats les prenaient en photo, puis contraintes de se soumettre à des "tests de virginité". En réaction, Fatma Emam, auteure du blog At Brownies, consacre un billet à "cette obsession de la virginité" et à son usage sur la scène politique en Egypte.

Une enquête officielle a été initiée lundi 28 mars. "Concernant ce qui s'est dit et répété dernièrement sur la torture de jeunes filles arrêtées pendant le dernier sit-in place Tahrir par des membres des forces armées, nous assurons que les mesures nécessaires pour déterminer la véracité de cette question et faire ce qu'il faut à cet égard ont été prises", a indiqué le Conseil suprême des forces armées dans un communiqué publié sur sa page officielle Facebook.

JacquesL

#2
Egypte : l'envers du décor.
Par Sophie Pommier.
Editions La découverte.

Quel livre à la lecture déprimante ! Imprimé en 2008, il est à jour en 2007.
Consternante et terrifiante, la description des Frères Musulmans, avec leur impérialisme total, leur mépris total du reste du monde.
Consternante, la pratique d'incompétence et d'opacité des administrations égyptiennes.
Consternante et terrifiante, la pratique sinueuse de répressions et de promesses non tenues par le pouvoir politique.
Consternant, le rêve de démocratisation des pays arabes, par l'administration américaine (1), qui subventionne l'armée égyptienne et dirige le plus gros des orientations extérieures du régime égyptien.
Consternantes, les incessantes contradictions des semblants d'oppositions politiques, soutenant tour à tour tout et le contraire de tout d'une phase à l'autre, d'un public à l'autre. Leur excuse est qu'ils sont constamment sous le tir de la censure et de la répression de chacune de leurs activités.
Consternants, l'état de l'éducation à deux ou trois vitesses, l'état des systèmes de santé fortement ségrégés par l'argent ; consternantes, la mauvaise prévention des risques naturels, l'urbanisation sauvage dont l'assainissement ne suit pas, la qualité déplorable de l'alimentation en eau potable.
L'industrialisation touche essentiellement le Delta et la région du Caire. La haute Egypte est un pays oublié et délaissé.
Le Sinaï est contrasté, bédouins méprisés, tourisme au Sud, misère au Nord, cannabis, pavot, trafic d'armes et d'esclaves pour prostitution.
Les perspectives de l'eau douce sont sombres pour 76 millions d'habitants, et de gros conflits se préparent avec les autres riverains du Nil. Il y a déficit d'eau par rapport aux besoins, la consommation est en excès que les accords internationaux précédents, et les contentieux ne font que grossir avec les pays en amont.
Les coptes - ceux qui ont résisté à l'islamisation forcée, et sont restés au culte chrétien préexistant à la conquête arabe - demeurent sous répression, et sous menaces de guerre civile et d'extermination par les islamistes. Secret et sensible, leur nombre réel est inconnu, de l'ordre de 10 à 15 % ?

La description de la vie culturelle est intéressante.

Cela dit, je souffre de ce que l'auteure, Sophie Pommier, est politologue, et que politologue. Malgré quatre petites cartes en début de livre, partout manque l'intervention d'un généraliste indispensable : un géographe. Un géographe aurait su s'entourer des précisions préalables indispensables d'un géologue, d'un sédimentologue, d'un hydrologue, d'un pédologue, d'un agronome, et d'un économiste. Elle, elle ne sait pas.

On ne sait jamais où sont au juste les différentes industries, ni si des ressources minières (par exemple pour la sidérurgie et la métallurgie) existent, ni où. On ne sait pas où le tremblement de terre de 1992 a surtout frappé. Où est la faille qui joue ?
Moins d'une demi-page sur l'état de l'agriculture et de l'irrigation.
J'apprends avec soulagement, que les villes nouvelles autour du Caire ont été implantées de préférence sur le plateau désertique, afin de limiter les emprises sur les anciennes emblavures, déjà bien assez dramatiques comme cela. J'aimerais savoir comment et avec combien de coupures par jour leur approvisionnement en eau est fait, mais je ne sais toujours pas.

L'auteure est dans le vague complet quant à ce qu'elle nomme "la pollution". Elle n'a visiblement pas de formation scientifique, et n'a pas su faire appel à une compétence extérieure pour rédiger cette partie là.

Le commerce extérieur, et la couverture des besoins par des importations sont insuffisamment détaillés. La description des ports, de leurs spécialisations, et de leurs trafics est en dessous des besoins. La ressource halieutique est inconnue, comme les pratiques locales et leur évolution. Mais bon, on apprend quand même que l'Egypte doit importer 30 % du blé qu'elle consomme.

L'infrastructure - routes, chemins de fer, gazoducs, oléoducs, canaux, aqueducs, lignes à haute tension - est insuffisamment précisée. Etc.

Les sciences dures et la technologie, sont elles aussi très nécessaires à la compréhension de la vie des gens et des contraintes d'un pays.



(1). Administration américaine elle-même colonisée par les sionistes israéliens, notamment via des traitres à double-nationalité, très haut placés.

JacquesL

L'Egypte face au sectarisme religieux.

http://printempsarabe.blog.lemonde.fr/2011/05/13/legypte-unie-contre-le-sectarisme-religieux/

L'information sur l'évolution en Egypte devient rare dans les média, qui courent déjà après d'autres papillons.
Le fait est l'attaque samedi 7 mai d'une Eglise copte dans le quartier d'Imbaba, au Caire, qui a fait quinze morts et quelque 200 blessés.

CiterUnie et solidaire, l'Egypte avait une nouvelle fois rendez-vous place Tahrir vendredi 13 mai. Pour marquer son soutien au début des célébrations de la Nakba palestinienne (voir la note Nakba, place Tahrir sur le blog Guerre ou Paix). Mais également pour appeler à l'unité des chrétiens coptes et musulmans après l'attaque samedi 7 mai d'une Eglise copte dans le quartier d'Imbaba, au Caire, qui a fait quinze morts et quelque 200 blessés. Un appel à défendre "l'unité du pays" contre la "sédition confessionnelle" avait ainsi été lancé sur la Toile, notamment par les jeunes du 6 avril (en arabe).

L'éruption de ces nouvelles violences confessionnelles aurait eu pour origine une rumeur concernant la détention contre son gré par des coptes d'une chrétienne parce qu'elle se serait convertie à l'islam. Dans une note sur son blog Egyptian chronicles, Zeinobia a retracé la chronologie des événements, assortie de vidéos et de photographies des incidents. Sarah Carr, chercheuse à l'Egyptian Initiative for Personal Rights, a également relaté ce qu'elle a vu sur place. La rumeur a été relayée par des tweets et statuts Facebook, appelant tous les salafistes et musulmans à se rendre immédiatement sur les lieux pour libérer Abeer, rapporte Zeinobia. Des dizaines de salafistes se sont ainsi rendus à Imbaba et ont mis le feu à l'eglise Mar Mina.

Les autorités égyptiennes ont immédiatement été mises en cause pour la lenteur et le laxisme avec lesquels elles ont répondu aux violences religieuses, notamment par le Conseil national pour les droits de l'homme (NCHR). Estimant que ces violences représentent "une grave menace pour les citoyens égyptiens (...) et pour l'avenir du pays, dans le cadre de sa reconstruction après la révolution du 25 janvier", le NCHR a exhorté les autorités à plus de fermeté. Quelque 200 personnes ont par la suite été arrêtées, dont le présumé "cerveau" du mouvement, le cheikh Abou Nawas.

Certains blogueurs voient dans ces événements une nouvelle tentative contre-révolutionnaire. "Il semble bien qu'une certaine contre-révolution, joue, depuis trois mois et chaque fois qu'elle le peut, la carte de la fitna", alerte ainsi la blogueuse Snony. "Il est sûr que la démarche suivie par les salafistes et leurs 'alliés objectifs' que sont les sbires de l'ancien régime est en passe de réussir. Créer des troubles et des clivages dans la société égyptienne pour ramener un 'régime fort' au pouvoir. Diviser les égyptiens et affaiblir la révolution. C'est donc au 'camp de la révolution' de trouver une riposte qui ne soit pas une simple réponse aux provocations. La partie s'annonce difficile tant les tensions sont aggravées aujourd'hui", poursuit-elle.

Pourtant, nombreux mettent ces incidents sur le compte du laxisme des Egyptiens face aux dérives du sectarisme et de l'extrémisme. Zeinobia exhorte ainsi, dans une autre note de blog, à "arrêter ces extrémistes". "Nous n'allons pas nous débarrasser du sectarisme dans la société égyptienne sans lutter contre l'extrémisme et le radicalisme des deux bords. Nous avons réussi à ce que les gens en prennent conscience et que les services de sécurité prennent des mesures contre ces soit-disant cheikhs salafistes extrémistes qui appellent à la haine et à la violence dans la société", dit-elle. "Maintenant, si nous voulons être justes et sérieux dans notre quête, nous devons aussi pointer du doigt ces soit-disant prêtres chrétiens extrémistes afin de faire cesser la haine", poursuit-elle, illustrant son propos d'exemples d'incitation à la haine émanant des deux bords.

Le problème est plus profond pour Mahmoud Salem, auteur du blog Ratings of a Sandmonkey. Revenu sur les lieux de l'attaque, il ne partage pas le sentiment des habitants qui lui répétent : "On ne sait pas qui a fait ça, mais ça ne peut venir des nôtres. Les Egyptiens n'ont jamais été comme cela !". Pour lui, "c'est facile pour nous d'être Egyptiens et fiers quand nous ne jouons pas le jeu du sectarisme, mais nous ne pouvons pas nous mentir à nous même ou aux autres. Ce n'est pas nouveau. Les Egyptiens sont comme cela depuis longtemps, et ce n'est pas prêt de s'arrêter. [...] En fait, si nous devons être crûment honnêtes et réalistes, nous devons admettre que le sectarisme est profondèment ancré dans notre société".

"Les musulmans d'Egypte ont créé le gouffre qui existe aujourd'hui entre les Egyptiens de confessions différentes par 1) ignorance de 'l'autre', 2) manque total d'intérêt à apprendre du passé et de ses erreurs, 3) incapacité totale à prendre conscience de la façon dont ils se voient eux et leur religion. [...] Ces trois raisons sont à l'origine de tous les problèmes sectaires qui demeurent omniprésents dans la société égyptienne actuelle", analyse Mahmoud Salem. Or, pour les jeunes du 25 février, le succès de la révolution passe aussi par la réalisation de cette "unité nationale".

Nous leur souhaitons de réussir.

JacquesL

#4
Violence contre les coptes : 19 morts au Caire.
http://www.guardian.co.uk/world/2011/oct/09/cairo-riots-kill-six

Les discriminations encontre eux font un vieux conflit, depuis la conquête arabe.

Rectification lundi : 25 morts, 272 blessés.
http://www.guardian.co.uk/world/middle-east-live/2011/oct/10/egypt-libya-middle-east-unrest-live