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Ces profs qui changent de métier

Démarré par JacquesL, 09 Septembre 2011, 03:42:14 PM

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JacquesL

http://www.liberation.fr/societe/01012358479-ces-profs-qui-demissionnent

CiterCes profs qui changent de métier

TémoignagesMême si les chiffres restent un secret d'Etat, de plus en plus d'enseignants se détournent de l'Education nationale, et se reconvertissent.

Par LAURA THOUNY



«Les conditions étaient devenues trop indignes». Après vingt-cinq années de bons et loyaux services, d'abord comme instit' puis comme professeur spécialisé pour élèves en difficultés [Rased], Sylvie1, 48 ans, a rendu son tablier. Le métier la passionnait pourtant. Mais avec la suppression programmée de milliers de postes, l'ambiance n'a fait que de se dégrader dans son réseau d'aide aux élèves de la Sarthe.

«Dans un système qui se délite, on est la proie des gens qui dysfonctionnent. Un directeur d'école faisait passer toute sa haine sur nous. On nous a clairement dit que nous allions être "supprimés". On nous harcelait, il fallait nous écraser». Désabusée, Sylvie a fini par tout lâcher. Cette année, elle fait sa rentrée non plus comme prof, mais comme étudiante dans un centre de formation pour devenir orthophoniste.

Comme Sylvie, ils seraient de plus en plus nombreux à tourner le dos à l'Education nationale. Mais le sujet est pour le moins tabou. Si le ministère admet qu'à la rentrée 2010, 66 professeurs stagiaires avaient démissionné dès le mois de novembre, soit 32% de plus que l'an passé, il se refuse à communiquer d'autres chiffres.
«Les abandonner, c'est terrible !»

«Cela devient un véritable secret d'état, estime Christophe Barbillat, secrétaire national chargé de l'emploi au Snes (Syndicat national des enseignements). On nous dit que c'est stable, mais de plus en plus de nos collègues se manifestent auprès de nous pour savoir comment démissionner».

Arrêts maladie de longue durée, mise en «disponibilité pour convenance personnelle»... Les démissions qui ne disent par leur nom ne font, elles aussi, qu'augmenter selon le syndicaliste, qui attribue le phénomène à la «dégradation croissante des conditions de travail».

Mais quitter le «mammouth» ne se fait pas sans douleur. «J'ai le sentiment d'avoir abandonné les élèves au moment où ils avaient le plus besoin de nous, témoigne Sylvie. C'est terrible !»

Elodie, elle, n'avait pas de complexe à quitter sa profession pour se lancer dans la couture. Fille d'enseignants, elle avait passé le Capes «sans réfléchir» pour devenir professeur d'histoire-géo, avant de se rendre compte que le «moule» du système éducatif ne lui convenait pas. Elle a donc décidé d'ouvrir son propre atelier de couture, pour exercer sa vraie passion, tout en continuant à enseigner à des jeunes. «J'ai retrouvé une liberté d'action totale !» se réjouit-elle à présent.

Comme beaucoup d'enseignants, elle a pourtant eu affaire à un rectorat rétif à sa démission. «On m'a dit que j'avais une attitude individualiste. Et on m'a conseillé de me mettre plutôt en disponibilité. Avec le recul, je trouve ça paternaliste, voire infantilisant».
Partir avant d'être «aigri»

Difficile, aussi de passer à l'acte, alors que la reconversion est jugée indécente par ceux qui considèrent les profs comme des privilégiés. «C'est la honte», témoigne Marie, ex-institutrice qui se lance cette année dans un BTS d'assistant de gestion après avoir été agressée par un élève. «Si je dis ce que je faisais avant, on me dit "c'est un bon métier, tu as passé des concours, pourquoi tu l'as quitté ?"»

Les collègues des «démissionnaires» sont en revanche de plus en plus ouverts à la question : «Au début, il y a eu beaucoup de réactions d'incompréhension. Maintenant, ils me disent : "qu'est-ce que tu as bien fait de partir !", raconte encore Elodie. Ça me déprime un peu car j'ai des enfants et je voudrais qu'ils aient des profs heureux!».

Fabrice, lui, a sauté le pas avant de devenir «aigri». Directeur d'école depuis six ans, cet adepte de l'école «ouverte» se désespérait de voir le système éducatif se rigidifier : « Les profs sont devenus de vagues techniciens des apprentissages. L'école un lieu de sanction, certainement pas un lieu d'éducation et de découverte». Il vient d'envoyer sa lettre de démission à son rectorat. Titulaire d'un diplôme d'éducateur spécialisé, il sera formateur social.

De son côté, Julie s'épanouit dans son métier de vendeuse de prêt-à-porter, après sept ans comme professeur d'Espagnol remplaçante. L'école, pour elle, était synonyme de surcharge de travail. «Pour rien au monde je n'y retournerais ! s'exclame-t-elle en riant. Je ne m'épanouissais pas du tout, je n'arrivais jamais à couper. Maintenant, je m'éclate et je ne me prends pas la tête.»
«Moral à zéro»

Mais trouver sa voie n'est pas chose aisée pour tout le monde, lorsqu'on a fait toute sa carrière dans l'Education nationale. Le Capès ou l'agrégation ne parlent pas forcément aux recruteurs. «Je me souviens d'une DRH qui a regardé mon CV avec des yeux ronds, se rappelle Marie. Elle m'a dit : "vous savez, ici, on fait beaucoup d'heures"...»

Le succès est assuré pour les forums spécialisés, où l'on s'échange toutes sortes de conseils, de «que faire quand on a le moral à zéro» à «comment réussir la transition».  Les bénévoles d' «Aide aux profs» offrent quant eux une aide personnalisée aux candidats à la reconversion. Réflexologue plantaire, chef d'entreprise... Les possibilités sont variées quand on a les outils en main, prêche le site tenu par un ex-prof, lui-même «reconverti». Ne reste plus  qu'à choisir.

(1) Tous les prénoms ont été changés.


http://www.rue89.com/2011/09/01/instit-depuis-24-ans-je-suis-venu-vous-dire-que-je-demissionne-220168
Instit' depuis 24 ans, je suis venu vous dire que je démissionne

CiterTémoignage
Instit' depuis 24 ans, je suis venu vous dire que je démissionne
Par Laurent Ott | Instituteur | 01/09/2011 | 15H23

Un ancien directeur d'école nous a fait parvenir la lettre de démission qu'il vient d'envoyer à l'inspecteur d'académie de l'Essonne. Il y explique ne plus avoir sa place au sein d'un système éducatif qui n'a que faire d'une pédagogie respectueuse de l'enfant

Je souhaite par ce courrier, monsieur l'inspecteur, vous présenter ma démission. Depuis la fin des années 80, je n'ai pu qu'assister à la dégradation de la liberté éducative et pédagogique de l'enseignant, et à l'appauvrissement du champ éducatif à l'école.

Sous couvert d'un « recentrage » perpétuel vers l'acquisition de « fondamentaux », de socle, l'école primaire s'est appauvrie, s'est repliée sur elle-même ; elle s'est coupée des ressources de son environnement naturel, à la fois urbain, familial et social.

Le temps et le champ de l'enseignement se sont retrouvés de plus en plus quadrillés d'objectifs, d'injonctions et de contrôles. Les possibilités pour les enseignants comme pour les élèves, de faire preuve d'initiative et d'autonomie sont progressivement et toujours plus rognées par des injonctions dans tous les domaines et une inflation de règlementations dissuasives.
Restriction de la liberté éducative

Le plan Vigipirate, l'alourdissement des procédures d'autorisation de sortie, ou d'intervention de tiers, la règlementation des activités physiques [...] ont constitué autant d'entraves au développement d'un climat éducatif souhaitable, dans les classes et dans les écoles.

Qui peut encore en effet, dans sa classe et dans son école, sortir en toute simplicité, faire la cuisine, utiliser les transports en commun, faire participer les parents au quotidien de la classe, faire une sortie vélo avec ses élèves ou organiser un séjour avec eux ?

Sans que l'on y prenne garde, c'est toute la liberté éducative nécessaire à l'apprentissage de l'autonomie et au développement des relations éducatives de base qui se sont retrouvées progressivement rejetée hors de l'école.
Inflation des évaluations en tout genre

A la place, nous avons connu une inflation des évaluations en tout genre, nationales, de circonscription ou exceptionnelles, qui prennent de plus en plus de temps, de plus en plus de place et qui déterminent lourdement le quotidien des élèves, comme celui des enseignants.

Cette tendance est allée si loin, que l'on peut se demander si l'enseignement à l'école n'est pas en train de perdre tout sens en se réduisant à la simple préparation... de ses propres évaluations.

En vingt-quatre ans, je n'ai observé également aucun progrès dans la formation ou l'accompagnement des jeunes enseignants.

La formation éducative, l'accès à une formation consistante dans les domaines de la connaissance du développement psycho-affectif de l'enfant, de la connaissance des réalités sociales et contraintes des familles les plus précaires, sont toujours refusés aux jeunes enseignants qui subissent de plein fouet les peurs, les préjugés, auxquels les expose leur impréparation.
Des relations d'autoritarisme et de servilité

Membre de l'Icem pédagogie Freinet [pédagogie fondée sur l'expression libre des enfants, ndlr] de longue date, j'aurais souhaité contribuer à l'intérieur de l'Education nationale au développement d'une pédagogie respectueuse de l'enfant, de ses besoins et de ses aspirations.

Je suis malheureusement aujourd'hui forcé de constater que de telles pratiques pédagogiques n'ont plus de place dans l'Education nationale, telle qu'elle est devenue.

Les sanctions, ou plus banalement les brimades et dénis de reconnaissance pleuvent sur nos collègues et camarades qui, partageant nos principes, refusent les modes d'évaluation néfaste, l'absurdité du » soutien scolaire » obligatoire, ou le fichage des enfants dans Base Élèves.

La relation avec la hiérarchie s'est tellement dégradée qu'il n'y a plus de place aujourd'hui dans notre institution que pour des relations d'autoritarisme et de servilité qui empêchent le développement de toute créativité nécessaire à l'acte d'éduquer. Aujourd'hui, Monsieur l'Inspecteur, il devient clair que c'est en dehors de l'école que peuvent se développer de véritables innovations pédagogiques et éducatives.
Mon attachement profond à l'éducation et à la pédagogie

C'est pour cette raison, que dans le cadre de l'action associative, je contribue à promouvoir de nouvelles formes de travail éducatif qui, répondant à des besoins sociaux pressants, ne trouvent pas de place à l'école.

C'est également pour cette raison que dans le cadre de la formation professionnelle, je contribue à développer des actions de formation propres à aider les éducateurs d'aujourd'hui à devenir les véritables promoteurs et ingénieurs de leur pratique professionnelle et éducative.

Constatant que ces objectifs n'ont plus aujourd'hui de place dans l'Education nationale, je vous prie donc de prendre en compte ma démission. Dans cette perspective, je vous prie de croire en mon attachement profond à l'éducation et à la pédagogie.

JacquesL

http://www.liberation.fr/societe/1201504-la-difficile-rentree-des-profs

Citer«Sarkozy a organisé le dynamitage de la formation des enseignants»

TCHATAvec 60.000 postes d'enseignants supprimés en quatre ans, les réformes du gouvernement passent mal et la rentrée scolaire s'annonce tendue. Christian Chevalier, secrétaire général du Syndicat des enseignants-Unsa, a répondu à vos questions.

Clarice. Entre les supressions constantes des postes et le manque de formation des futurs profs, comment les enseignants vont-ils s'organiser pour pallier tous ces manques?
Christian Chevalier. Justement, on ne peut pas s'organiser pour pallier ces manques. Par exemple, dans les jours qui viennent on va avoir de très gros problèmes de remplacements. On est là sur des orientations politiques où l'école est vécue comme un fardeau, et non pas comme un investissement.

Jacquot. Jacques Lang a déclaré que l'école devrait être notre priorité, pensez-vous que cela sera la priorité de la gauche?
C'est en tout cas ce qu'elle affirme. C'est la ligne du projet socialiste. Très clairement, c'est au pied du mur que l'on voit le maçon, d'autant que le contexte budgétaire n'est pas un contexte facile, mais c'est bien une question de choix politiques. Si l'éducation doit devenir une priorité, on est bien de plain-pied dans le débat sur la redistribution fiscale.

Adeline. Que pensez-vous de l'idée d'Arnaud Montebourg d'organiser une école unique pour les élèves de 6 à 15 ans?
Il n'invente rien, puisqu'il reprend ce qui aujourd'hui existe déjà, c'est l'idée du «socle commun» de compétences et de connaissances de la scolarité obligatoire. La vraie question, c'est comment on fait vivre ce socle? Et comment lui donner les moyens de se mettre en œuvre, puisque l'objectif est que chaque élève à la sortie du collège bénéficie des connaissances et compétences indispensables, soit à la poursuite d'études, soit à une insertion professionnelle et citoyenne.

Mélanie en colére. La pseudo-réforme de la formation des enseignants est catastrophique, que proposez-vous et y-a-t il unité entre les syndicats sur ce point?
Math. Comment accompagner les profs stagiaires?
Frégate. Dans mon lycée (100 profs), nous avons des stagiaires qui débarquent sans formation pour le même service que les titulaires. Comment peuvent-ils découvrir le métier et faire réussir les élèves dans ces conditions?
Nicolas Sarkozy a organisé le dynamitage de la formation des enseignants. Aujourd'hui, on considère que pour devenir enseignant il suffit de maîtriser sa discipline et que l'on n'a pas besoin de formation professionnelle. C'est aujourd'hui le seul métier qui ne nécessiterait pas de stages de formation pour maîtriser, par exemple, la gestion de la classe, le travail en équipe, les questions de violence dans les établissements. Sur ce dernier point, un exemple frappant, il suffit aujourd'hui de regarder un DVD de formation sur la gestion de la classe et le ministère considère que vous êtes bon pour le service. Au-delà de ça, ce qui est en jeu aussi c'est la conception même du système éducatif, puisqu'avec la masterisation le ministère disposera d'un volant de contractuels, appelé à se développer.

L'AnT. Je suis prof contractuel depuis 3 ans. Tous les ans, j'ai peur de ne pas retrouver de boulot. Votre syndicat, il fait quoi pour moi?
Unsa vient de signer un accord fonction publique. Sur cette question des contractuels, notre objectif est évidemment d'en limiter le nombre, et surtout de proposer une stabilité professionnelle à ceux qui, chaque année, démarrent l'année dans l'incertitude. Des discussions sont en cours au ministère de l'Education nationale.

Bertrand. Pourriez-vous me dire quels sont les moyens dont l'école a vraiment besoin?
Bien sûr, elle a besoin d'enseignants formés au regard de la poussée démographique depuis dix ans. Elle a aussi besoin de réformes structurelles, puisqu'aujourd'hui l'élitisme républicain relève plus du tri sélectif que de l'ascenseur social. Notre système éducatif est à la peine pour prendre en charge les élèves en difficultés, qui sont, la plupart du temps, ceux originaires des milieux les plus défavorisés. Et depuis quinze ans, les inégalités scolaires ne font que se renforcer.

Bill. Beaucoup disent que face au «dégraissage» l'heure n'est plus à jouer au bilboquet mais à la mobilisation. Quelle est la position de l'Unsa?
La mobilisation, 1) ne s'improvise pas, mais se construit, et 2) il faut des troupes pour agir et pour agir de façon unitaire. On voit aujourd'hui d'ailleurs la difficulté qu'ont les organisations syndicales à mobiliser et à mettre en mouvement les salariés. Sans doute le contexte économique n'y est pas étranger, mais on peut aussi penser que l'échéance présidentielle à portée de vue apparaît comme l'action salutaire des prochains mois.

Jojo. Comment définiriez-vous le SE-Unsa dans le paysage syndical enseignant ?
Nous sommes sans doute un syndicat atypique, puisque nos adhérents couvrent l'ensemble du champ de l'école de la maternelle au post-Bac, ce qui nous permet d'avoir une vision pédagogique sur l'ensemble du système éducatif. En terme d'actions syndicales nous nous situons dans ce qu'on appelle «les syndicats réformistes»,  c'est-à-dire que pour SE-Unsa il ne suffit pas de s'opposer, même si parfois c'est indispensable, il faut aussi proposer, c'est la logique dans laquelle nous nous situons.

Casimir-55. Nicolas Sarkozy a annoncé qu'il n'y aura pas de fermeture de classes en 2012. Pourtant j'ai lu dans les publications du SE-Unsa que 14.000 suppressions de postes sont prévues dans l'Education. Comment est-ce possible sans fermer des classes?
Excellente analyse. Cette annonce de Nicolas Sarkozy est démagogique, elle fait suite à la mobilisation des élus et des parents et de la communauté éducative au printemps dernier pour s'opposer aux 1500 fermetures de classes dans le primaire. Les élus locaux vont voter aux sénatoriales... Il fallait peut-être les rassurer. Mais en effet, je ne vois pas comment avec 14.000 suppressions d'emplois, prévues au budget 2012, les recteurs ne fermeront pas de classes.

Laplanète. Je pense que, sans l'implication des « parents d'élèves », il est difficile de lutter contre les réformes du gouvernement. Pensez-vous qu'il leur soit possible d'interagir de manière efficace ?
Le rôle des parents est primordial. Ils l'ont démontré au printemps, au moment des cartes scolaires, et encore hier puisqu'un certain nombre d'écoles sont occupées. Nous travaillons en lien étroit avec les organisations représentatives des parents d'élèves (FCPE...). Exemple, ils soutiennent l'appel à la grève lancée pour le 27 septembre prochain par l'ensemble des organisations syndicales. Je pense que les parents ont aujourd'hui conscience de la dégradation constante de notre système éducatif, ils le voient chaque jour.

Henri. Il semblerait que l'école privée soit présente à la prochaine journée d'action, le confirmez-vous? et comment l'analysez-vous?
Les syndicats des personnels de l'enseignement privé seront présents le 27, puisque, évidemment, ces salariés sont aussi touchés par les questions de suppressions de postes ou de pouvoir d'achat. Ceci étant, l'enseignement privé au plan national est largement épargné par les suppressions d'emplois dans l'Education nationale.

Dumoulin. Comment expliquez-vous la perte d'influence du syndicalisme aujourd'hui ?
Plusieurs raisons, sans doute. L'individualisme qui touche la société, l'émiettement du monde syndical, deux phénomènes qui n'encouragent pas à se syndiquer. La France est le pays d'Europe où le taux de syndicalisation est le plus faible. Sans doute aussi faut-il refonder les pratiques sociales dans notre pays. La démocratie sociale est extrêmement pauvre en France, où le poids de nos institutions, et on le voit d'ailleurs le poids du président de la République, depuis quatre ans, pèse sur tous ces débats. La France est très en retard par rapport à la grande majorité des autres pays européens. On est plus sur une culture d'opposition que sur une culture de négociations.

Jeanne1313. Je suis enseignante depuis dix ans, et honnêtement, malgré une bonne connaissance du terrain, ce métier est plus difficile que je ne me l'imaginais. Ne pensez-vous pas que, vu les salaires qui sont les nôtres, les jeunes diplômés vont se détourner des carrières de l'enseignement?
Aujourd'hui, le métier d'enseignant est clairement dévalorisé. Les enquêtes internationales montrent que les salaires français des enseignants sont parmi les plus bas d'Europe. C'est un des éléments qui détournent les étudiants du métier d'enseignant. Cette année (une première depuis une trentaine d'années), 1000 postes au Capes sont restés vacants. Démarrer sa carrière avec un Master 2 à 1500 euros, et espérer atteindre les 2000 euros au bout de dix ans n'a rien d'engageant. Si ce phénomène devait perdurer ce serait inquiétant. C'est sans doute un symptôme qui montre que notre système éducatif est mal en point.