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La Grèce va droit au “génocide financier”

Démarré par JacquesL, 22 Septembre 2011, 08:15:32 PM

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JacquesL

http://www.presseurop.eu/fr/content/article/977471-va-droit-au-genocide-financier

CiterOn va droit au "génocide financier"

22 septembre 2011
Die Presse
Vienne

Ainsi les Grecs "refusent d'économiser" ? Un juriste de Vienne, qui a un pied-à-terre à Athènes, les a observés au quotidien. Sa conclusion : ils économisent à en crever.
Günter Tews


On ne peut rester sans réagir aux diverses déclarations des plus hauts responsables de toute l'Europe, certaines frisant l'imbécillité, au sujet de ces "fainéants" de Grecs qui "refusent d'économiser".

Depuis 16 mois, je dispose d'une résidence secondaire à Athènes, et j'ai vécu cette situation dramatique sur place. On se plaint que les plans d'économie ne fonctionnent pas parce que les revenus fiscaux chutent. On remet en question la volonté des Grecs d'économiser. Quelle surprise ! Voici quelques faits :

- Réductions des salaires et des retraites jusqu'à 30 %.

- Baisse du salaire minimum à 600 euros.

- Hausse des prix dramatique (fioul domestique + 100 % ; essence + 100 %, électricité, chauffage, gaz, transports publics + 50 %) au cours des 15 derniers mois.
Le renflouement de l'UE repart à 97% vers l'Union

- Un tiers des 165 000 entreprises commerciales ont fermé leurs portes, un tiers n'est plus en mesure de payer les salaires. Partout à Athènes, on peut voir ces panneaux jaunes avec le mot "Enoikiazetai" en lettres rouges – "A louer".

- Dans cette atmosphère de misère, la consommation (l'économie grecque a toujours été fortement axée sur la consommation) a plongée de manière catastrophique. Les couples à double salaire (dont le revenu familial représentait jusqu'alors 4 000 euros) n'ont soudain plus que deux fois 400 euros d'allocations chômage, qui ne commencent à être versées qu'avec des mois de retard.

- Les employés de l'Etat ou d'entreprises proches de l'Etat, comme Olympic Airlines ou les hôpitaux, ne sont plus payés depuis des mois et le versement de leur traitement est repoussé à octobre ou à "l'année prochaine". C'est le ministère de la Culture qui détient le record. De nombreux employés qui travaillaient sur l'Acropole ne sont plus payés depuis 22 mois. Quand ils ont occupé l'Acropole pour manifestation (pacifiquement !), ils en ont rapidement eu pour leur argent, à coups de gaz lacrymogène.

- Tout le monde s'accorde à dire que les milliards des tranches du renflouement de l'UE repartent à 97 % directement vers l'Union, vers les banques, pour éponger la dette et les nouveaux taux d'intérêt. Ainsi le problème est-il discrètement rejeté sur les contribuables européens. Jusqu'au crash, les banques encaissent encore des intérêts copieux, et les créances sont à la charge des contribuables. Il n'y a donc pas (encore ?) d'argent pour les réformes structurelles.

- Des milliers et des milliers d'auto-entrepreneurs, chauffeurs de taxis et de poids lourds, ont dû débourser des milliers d'euros pour leur licence, et ont pris des crédits à cet effet, mais ils se voient aujourd'hui confrontés à une libéralisation qui fait que les nouveaux venus sur le marché n'ont presque rien à payer, tandis que ceux qui sont présents depuis plus longtemps sont grevés par leurs énormes crédits, qu'ils doivent néanmoins rembourser.

- On invente de nouvelles charges. Ainsi, pour déposer une plainte à la police, il faut payer sur le champ 150 euros. La victime doit sortir son porte-monnaie si elle veut que sa plainte soit prise en compte. Dans le même temps, les policiers sont obligés de se cotiser pour faire le plein de leurs voitures de patrouille.

- Un nouvel impôt foncier, associé à la facture d'électricité, a été créé. S'il n'est pas payé, l'électricité du foyer est coupée.

- Cela fait plusieurs mois que les écoles publiques ne reçoivent plus de manuel scolaire. L'Etat ayant accumulé d'énormes dettes auprès des maisons d'édition, les livraisons ne sont plus effectuées. Les élèves reçoivent désormais des CD et leurs parents doivent acheter des ordinateurs pour leur permettre de suivre les cours. On ignore complètement comment les écoles – surtout celles du Nord – vont régler leurs dépenses de chauffage.
Où est passé l'argent des dernières décennies ?

- Toutes les universités sont de fait paralysées jusqu'à la fin de l'année. Bon nombre d'étudiants ne peuvent ni déposer leurs mémoires ni passer leurs examens.

- Le pays se prépare à une vague d'émigration massive et l'on voit apparaître des cabinets de conseil sur la question. Les jeunes ne se voient plus aucun avenir en Grèce. Le taux de chômage atteint 40 % chez les jeunes diplômés et 30 % chez les jeunes en général. Ceux qui travaillent le font pour un salaire de misère et en partie au noir (sans sécurité sociale) : 35 euros pour dix heures de travail par jour dans la restauration. Les heures supplémentaires s'accumulent sans être payées. Résultat : il ne reste plus rien pour les investissements d'avenir comme l'éducation. Le gouvernement grec ne reçoit plus un sou d'impôt.

- Les réductions massives d'effectif dans la fonction publique sont faites de manière antisociale. On s'est essentiellement débarrassé de personnes quelques mois avant qu'elles n'atteignent leur quota pour la retraite, afin de ne leur verser que 60 % d'une pension normale.

La question est sur toutes les lèvres : où est passé l'argent des dernières décennies ? De toute évidence, pas dans les poches des citoyens. Les Grecs n'ont rien contre l'épargne, ils n'en peuvent tout simplement plus. Ceux qui travaillent se tuent à la tâche (cumul de deux, trois, quatre emplois).

Tous les acquis sociaux des dernières décennies sur la protection des travailleurs ont été pulvérisés. L'exploitation a désormais le champ libre ; dans les petites entreprises, c'est généralement une question de survie.

Quand on sait que les responsables grecs ont dîné avec les représentants de la troïka [Commission européenne, BCE et FMI] pour 300 euros par personne, on ne peut que se demander quand la situation finira par exploser.

La situation en Grèce devrait alerter la vieille Europe. Aucun parti prônant une raisonable orthodoxie budgétaire n'aurait été en mesure d'appliquer son programme : il n'aurait jamais été élu. Il faut s'attaquer à la dette tant qu'elle est encore relativement sous contrôle et avant qu'elle ne s'apparente à un génocide financier.

JacquesL

Une étude pointe les ravages de la crise sur la santé des Grecs

http://fr.news.yahoo.com/une-%C3%A9tude-pointe-les-ravages-la-crise-sur-060201961.html

CiterLONDRES (Reuters) - Augmentation des suicides, hausse de la consommation de drogue, développement de la prostitution, accroissement des infections au virus HIV...Une étude britannique pointe dans une étude parue lundi les effets désastreux de la crise économique et des coupes budgétaires en Grèce.

"Le tableau de la santé des Grecs est très préoccupant", juge David Stuckler, sociologue à l'université de Cambridge qui a dévoilé les conclusions de son étude dans le journal médical Lancet.

Des coupes budgétaires considérables et l'augmentation du chômage à 16% conduisent de plus en plus de Grecs à la dépression et à la drogue, tandis que la réduction des budgets des hôpitaux et des services médicaux privent de nombreuses personnes d'accès aux soins.

"Nous constatons (...) des tendances très inquiétantes, un doublement des cas de suicides, une hausse des homicides, une augmentation de 50% des infections au virus HIV et des gens qui nous disent que leur santé a empiré mais qu'ils ne peuvent plus consulter de médecins même s'ils devraient le faire", ajoute le sociologue.

Ces deux dernières années, le gouvernement grec a imposé de sévères mesures d'austérité pour tenter de réduire sa dette colossale. La Grèce connaît sa plus grande récession depuis 40 ans et a dû accepter un plan de sauvetage du Fonds monétaire international (FMI) et de l'Union européenne (UE).

Selon l'équipe de chercheurs de Stuckler, le taux de suicide a augmenté de 17% entre 2007 et 2009, mais un chiffre officieux donné par des parlementaires grecs fait état d'une hausse comprise entre 25 et 40%.

Parmi les faits divers qui ont choqué les Athéniens, un ancien homme d'affaires s'est défénestré, laissant un mot où il expliquait que la crise financière avait eu raison de lui. Un propriétaire d'un petit magasin a été retrouvé pendu sous un pont, avec une lettre où l'on pouvait lire: "Ne cherchez pas d'autres raisons. La crise économique m'a conduit à ça".

Martin McKee, de la London school of hygiene and tropical Medicine, qui a travaillé avec David Stuckler, estime que d'autres pays européens devraient prêter attention à ce qui se passe en Grèce.

"Ce qui a lieu en Grèce montre ce qui peut se passer en cas de coupes budgétaires importantes dans le domaine de la santé (...) ", a-t-il dit lors d'une interview téléphonique.

Dans leur étude, les chercheurs ont également mis à jour un augmentation significative d'infections au HIV en Grèce à la fin de l'année 2010. Selon leurs prévisions, les contaminations vont augmenter de 52% cette année par rapport à l'an passé.

La consommation d'héroïne a augmenté de 20% en 2009, chiffre à rapprocher avec la diminution d'un tiers des programmes de lutte contre la drogue en raison des économies budgétaires.

Simon Roach et Ben Hirschler; Benjamin Massot pour le service français

D'un autre côté, on a vu aussi les conditions de travail hors CEE, en Turquie et en Chine :
http://citoyens.deontolog.org/index.php/topic,1609.0.html
http://www.lefigaro.fr/sante/2009/12/17/01004-20091217ARTFIG00818-epidemie-pulmonaire-chez-les-delaveurs-de-jeans-.php
http://www.greenpeace.org/eastasia/press/releases/toxics/2010/textile-industrial-pollution/
http://ecologie.blog.lemonde.fr/2011/02/28/la-chine-asphyxiee-par-la-pollution-de-lindustrie-textile/
Je ne retrouve plus le rapport originel.

JacquesL

Citation de: Chaeréphonhier, 28 octobre, c'était la fête nationale grecque. On a eu droit à la télé à diverses émissions historiques.

J'en ai retenu 2 ou 3 choses intéressantes et peu connues.

On sait que l'URSS a perdu 20 millions de personnes lors de la 2e guerre mondiale. Cela représente environ 10% de la population de l'époque, 8% en Pologne, 6% en Yougoslavie.
Durant cette même guerre, la Grèce a perdu *13%* de sa population, selon des chiffres avérés. Mais les chiffres réels semblent encore plus grands. En effet certaines familles ne déclaraient pas leurs morts durant le terrible hiver 41-42, où l'on a compté 300'000 morts de faim dans les rues d'Athènes, pour continuer de bénéficier des tickets de rationnement.

Par ailleurs, la Grèce a connu plusieurs dizaines d'Oradour.

Les nazis ont réquisitionné des tonnes de nourriture, des prêts de guerre forcés, etc. Les dommages de guerre n'ont jamais été remboursés par l'Allemagne, contrairement à tous les autres pays.
Avec l'adaptation au renchérissement et les intérêts, la dette allemande se monterait aujourd'hui à 250 milliards d'euros, alors que la dette publique grecque est de 130 milliards...

En fait, la Grèce ne s'est jamais remise complètement des dévastations de la 2e guerre mondiale. Mais les Européens ont la mémoire courte, quand il s'agit de vendre des frégates et autres tanks à la Grèce. Et le problème avec la Turquie persiste, au grand bénéfice des industries d'armement européennes, qui bien sûr vendent des deux côtés...
Citeroui.

faut y ajouter les degats de la terrible guerre civile de 46 à 49,
150.000 morts des régions entiéres évacuées...

Citation de: Chaeréphon Sans compter que dans les années 20, la Grèce de 5-6 millions d'habitants avait accueilli 1,5 millions de réfugiés d'Asie mineure.

Quel autre pays européen a eu à faire face à autant de problèmes économiques que la Grèce en si peu de temps ?

Mais ça, nos journaux ne la font pas, cette mise en perspective.

JacquesL