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En Syrie, "le verrou de la peur a sauté".

Démarré par JacquesL, 07 Mai 2011, 02:00:05 AM

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JacquesL

En Syrie, "le verrou de la peur a sauté"

http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2011/04/26/en-syrie-le-verrou-de-la-peur-a-saute_1512918_3218.html
http://www.lemonde.fr/imprimer/article/2011/04/26/1512918.html

CiterPlus d'un mois après le début de la contestation en Syrie, le régime de Bachar Al-Assad a intensifié la répression des manifestations ces derniers jours. A Deraa, principal foyer de la contestation, les chars ont pénétré dans la ville lundi, faisant au moins 25 morts, selon les militants des droits de l'homme. Dans le reste du pays, les arrestations se multiplient, et la situation reste extrêmement tendue.

Les témoignages de Syrie sont difficiles à obtenir. Non seulement les réseaux téléphoniques sont très instables, mais beaucoup de Syriens craignent encore l'espionnage et la délation. "Parler c'est beaucoup trop risqué aujourd'hui", explique ainsi un habitant de Lattaquié, qui préfère renvoyer vers son profil Facebook pour communiquer.

"LA SYRIE A CHANGÉ DE VISAGE"

Dans le sud du pays, la ville de Deraa est "comme coupée du monde", explique un habitant, joint par téléphone. Il évoque les "chars stationnés" dans la ville, les "snipers" sur la mosquée et dans les avenues principales. Lui-même a peu d'informations sur les manifestations prévues. Terré chez lui, sa mère lui a "interdit de manifester" depuis vendredi, car "la violence du régime fonctionne, et la plupart des parents empêchent leurs enfants de manifester."

Un Syrien qui vit en France raconte que son cousin, policier politique, est en première ligne à Deraa pour mater la révolte. "Il fait d'abord semblant d'être un manifestant, pour identifier les leaders. Ensuite, il les attrape avec ses collègues, et les tabasse à mort. S'il est identifié par les manifestants, il tire dans la foule en disant que c'est de la légitime défense. Il m'a dit qu'il avait pour consigne de tirer pour tuer." Comme lui, beaucoup de Syriens témoignent de la violence sans limite des forces de l'ordre. Une habitante d'Alep, à bout de nerf, s'emporte : "Assad a tiré sur son peuple, c'est le point de non-retour".

A Damas, l'atmosphère a aussi changé depuis samedi, explique une Syrienne : "Il y a beaucoup moins de circulation, il y a des contrôles de police partout, les gens restent chez eux, tout le monde craint que la ville s'enflamme. Je n'ai jamais ressenti une telle tension, la Syrie a vraiment changé de visage." Une expatriée française, contrainte de rentrer à Paris lundi, raconte que "la police est partout, et la police secrète suit tout le monde. Le gouvernement redoute que la contestation gagne la capitale."

DIVISER POUR MIEUX RÉGNER

Même les Syriens qui vivent en France exigent l'anonymat avant de témoigner, craignant que l'évocation de leur nom fasse du tort à leur famille restée au pays. L'un d'eux vient de Sweida, bastion druze à une trentaine de kilomètres de Deraa. Ses parents, toujours sur place, lui racontent "les vagues d'arrestations qui ont lieu dans la ville, et qui visent tous ceux qui parlent un peu de politique." Revenu de Syrie il y a une semaine, il avait assisté "à des sit-in tous les soirs, d'une cinquantaine de jeunes, qui entonnaient l'hymne syrien à la lueur des bougies"..

Dans sa ville, les forces de l'ordre se sont "contentées de provoquer un peu les jeunes, d'en tabasser quelques-uns, mais ils ont pour consigne de ne pas tirer, car le pouvoir ne veut pas s'en prendre aux minorités". Depuis le début de la crise, le gouvernement cherche en effet à rallier les minorités à sa cause, et à rejeter la faute sur la majorité sunnite. La propagande fonctionne à plein selon le jeune homme : "On nous dit qu'un imam de Deraa a traité les Druzes d'infidèles, les a insultés. Si beaucoup comprennent que c'est pour nous monter les uns contre les autres, certains y croient. Des cousins à moi en sont persuadés, ils se disent que nos voisins vont s'en prendre à nous."

Même constat chez les chrétiens. Un expatrié français, proche du principal représentant de la communauté chrétienne en Syrie, le père Elias Zahlawi, confirme que la communauté reste très proche du régime de Bachar Al-Assad. "Les minorités craignent une montée de l'islamisme. Il n'y a pas qu'un visage sur cette révolution."

UNE MAJORITÉ SILENCIEUSE QUI REDOUTE UNE GUERRE CIVILE

Le mouvement de contestation, comme les autres révolutions dans le monde arabe, n'a pas de leader à sa tête. Historien dans une université de Damas, un Syrien explique que "plusieurs mouvements manifestent sous le même avatar. Il n'y a pas d'unité dans la contestation, donc il ne peut pas y avoir d'unité dans la population."

Chez les jeunes, l'aspiration à la modernité est le moteur de la contestation. Un Syrien qui fait ses études en France raconte ainsi que ses cousins "sont connectés en permanence sur Facebook, et s'y connaissent mille fois mieux que moi". Il sent chez sa famille et ses amis "le ras-le-bol de la nouvelle génération, car pour eux, la famille de Bachar Al-Assad, c'est comme les Trabelsi en Tunisie." Une comparaison "inimaginable il y a quelques mois", mais possible "maintenant que le verrou de la peur a sauté". En poursuivant dans la répression et en jouant la carte du complot, "Al-Assad semble encore dans les années 1970, le régime est complètement anachronique."

Mais loin de la révolution en cours, une large partie de la population reste silencieuse, redoutant plus que tout les violences. Une Française, mariée à un Syrien depuis plus de dix ans, raconte qu'à Damas "tout le monde s'accorde à dire que plein de choses sont moches en Syrie. Mais aucun Syrien ne veut voir le pays s'enfoncer dans une dramatique guerre civile. Entre le moche et le dramatique, beaucoup préfèrent la première solution." Cette majorité silencieuse espère encore que le gouvernement fera des réformes, "que les manifestants laisse[ro]nt le temps au régime de changer. La liberté, c'est un beau principe, mais on ne peut pas faire n'importe quoi en son nom."
Charlotte Chabas

J'ai beaucoup tardé à rendre compte des événements de Syrie. Il semble qu'ils aient pris une tournure irréversible.
Le printemps Arabe se révèle être une vague de fond au moins aussi puissante que celle de 1848 en Europe.

Lire aussi :
http://printempsarabe.blog.lemonde.fr/2011/05/05/pour-les-opposants-syriens-la-prison-ou-la-clandestinite/

JacquesL

Syrie : les chars quittent Deraa...pour se rendre à Baniyas

http://syrie.blog.lemonde.fr/2011/05/07/lodre-et-le-calme-regnent-a-daraa/

http://syrianrc.blogspot.com/2011/05/atrocity-of-syrian-regime-in-daraa.html

CiterL'armée ne s'est pas retirée de Daraa pour rentrer dans ses casernes,

mais pour être déployée et utilisée ailleurs comme à Banias

où le même scénario a commencé à se répéter.


Syrie : l'armée veut étouffer la contestation à Baniyas

http://www.lemonde.fr/imprimer/article/2011/05/07/1518347.html
http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2011/05/07/en-syrie-l-armee-tente-de-neutraliser-les-foyers-de-resistance_1518347_3218.html

CiterAu lendemain d'une journée de mobilisation massive contre le gouvernement de Bachar Al-Assad, lors de laquelle 26 personnes ont été tuées dans tout le pays selon des militants des droits de l'homme, le pouvoir syrien tentait de neutraliser par le force certains des foyers de résistance.

Dans le collimateur de l'armée, la ville de Baniyas, un des épicentres de la contestation dans le nord-ouest du pays, encerclée depuis plus d'une semaine par les forces armées.

Selon plusieurs militants des droits de l'homme, sur place et à l'étranger, des chars sont entrés dans la ville dans la nuit de vendredi à samedi, notamment dans les quartiers sunnites hostiles à Bachar Al-Assad tenus par les opposants depuis plusieurs jours.

"COMME ILS L'ONT FAIT À DERAA"

Selon certains habitants, des manifestants auraient "formé des boucliers humains" pour empêcher les chars d'avancer vers ces quartiers. Les moyens de communications et l'électricité ont été presque entièrement coupées dans la ville, alors que des bateaux de l'armée patrouilleraient au large face aux quartiers sud. "Il semble qu'ils s'apprêtent à attaquer la ville comme ils l'ont fait à Deraa", a résumé un militant des droits de l'homme interrogé par Reuters.

Deraa est la ville du sud de la Syrie où est née le mouvement de contestation. L'armée a pénétré dans cette ville le 25 avril avant de commencer à s'en retirer jeudi, avait indiqué l'un de ses militants. Mais dans le même temps, l'armée syrienne déployait d'autres tanks dans les villes de Hama, Homs, où les affrontements les plus sanglants ont eu lieu vendredi, ainsi que dans la banlieue de Damas.

Les autorités syriennes qualifient Baniyas de "centre du terrorisme salafiste" et affirment que des groupes armés y ont tué des militaires. Ce que démentent les opposants, estimant que le pouvoir syrien cherche avant tout à effrayer la communauté alaouite. "Ils prennent pour cibles les sunnites. J'ai le regret de dire que la propagande d'Assad selon laquelle les alaouites ne survivront pas s'il est renversé reçoit une oreille attentive parmi nos voisins alaouites, alors même que les manifestations sont destinées à réclamer la liberté et l'unité, quelle que soit la confession religieuse", a regreté l'un des chefs de file des contestataires, Anas Choughri, cité par Reuters.

Depuis le début de la répression à la mi-mars, près de 600 personnes ont été tuées à travers la Syrie, en majorité à Deraa, selon des ONG. Le nombre de personnes "détenues ou disparues pourrait dépasser les 8 000", a ajouté mardi Wissam Tarif, directeur exécutif de l'organisation de défense des droits de l'homme Insan.

Suivre aussi :
http://syrie.blog.lemonde.fr/

JacquesL

Avec deux mois de décalage, nous sommes peu loquaces ici sur l'actualité en Syrie.
Nous ne pouvons prétendre être des journalistes, ni à la pointe de l'actualité, mais tout au plus des intellectuels, qui se donnent la peine de réfléchir.
Nous guettons les articles de fond, présentant un éclairage géographique, historique et sociologique étoffé. Quelque chose qui permette de réfléchir, et pas de papillonner ni de militer.

http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2011/05/13/pourquoi-la-revolte-syrienne-se-demarque-t-elle-des-autres-revolutions-du-monde-arabe_1521674_3218.html#ens_id=1481132
http://www.lemonde.fr/imprimer/article/2011/05/13/1521674.html

CiterPourquoi la révolte syrienne se démarque-t-elle des autres révolutions du monde arabe ?
LEMONDE.FR | 13.05.11 | 17h20  •  Mis à jour le 13.05.11 | 21h08

Depuis plus de deux mois, un mouvement de révolte agite la société syrienne et met en danger le régime autoritaire de Bachar Al-Assad. Si cette mobilisation s'inscrit dans le cadre du printemps arabe, elle se différencie du modèle des révolutions tunisienne et égyptienne à de nombreux égards. Pour l'historien et politologue Hamit Bozarslan, ancien directeur de l'Institut d'études de l'islam et des sociétés du monde musulman, cette contestation se démarque "moins par sa nature que par la nature du régime syrien".

Le mouvement de révolte en Syrie est-il comparable aux révolutions de Tunisie et d'Egypte ?

Hamit Bozarslan : Le monde arabe connaît une attente démocratique et réclame la fin des régimes autoritaires depuis des années. Une aspiration qui se combine avec la passion d'une nouvelle génération pour la liberté, l'égalité et la dignité. De ce point de vue-là, ce qui se passe en Syrie fait partie d'une contestation qui dépasse le simple cadre du pays. La différence avec les autres pays révolutionnaires ne s'explique donc pas tant par la nature de la contestation que par la nature du régime.

Dans le cas de la Tunisie et de l'Egypte, étaient installés au plus haut niveau ce que l'on appelle des "Etats cartels". Ces réseaux, constitués autour d'un prince, sont composés de différents organes, notamment l'armée, une partie de la bourgeoisie et de la bureaucratie. Dans ces systèmes, le prince a pour rôle principal de garantir la survie de ce cartel, mais les différentes composantes, et principalement l'armée, disposent d'une autonomie considérable. C'est pour cette raison qu'en Tunisie et en Egypte, l'armée a pu se dissocier du prince et conduire à la chute du régime. En Syrie, la relation entre l'armée et le pouvoir est infiniment plus forte et plus encadrée. Et l'organisation de l'Etat, très réduit autour de la famille du président et d'un petit clan de la minorité alaouite, s'apparente davantage en ce sens à l'ancien régime de Saddam Hussein en Irak.

D'un point de vue géographique, en quoi la contestation syrienne se démarque-t-elle ?

Dans le cas de l'Egypte et de la Tunisie, on observait que les villes du Caire et de Tunis étaient centrales. Il y avait également des contestations locales, mais l'avenir des deux pays s'est joué dans ces deux grandes agglomérations. En Syrie, les dynamiques locales sont infiniment plus importantes. Damas, qui devrait jouer un rôle central, ne parvient pas à émerger comme tel. Cette inertie s'explique par la forte surveillance militaire mais aussi par une différence sociologique par rapport aux autres révolutions arabes. C'est avant tout une révolte des provinces.

Pourquoi la répression du régime syrien semble-t-elle plus efficace ?

Les pratiques coercitives sont très différentes d'un pays à l'autre. En Syrie, on a évidemment un exemple sinistre des pratiques du pouvoir avec l'épisode de Hama, en 1982 [les troupes du président Hafez Al-Assad, père de l'actuel président, avaient réprimé dans le sang une insurrection orchestrée par les Frères musulmans]. Aujourd'hui, le régime syrien se montre très efficace car il parvient à fracturer l'espace et le temps de la contestation, à imposer son rythme. En déplaçant ses chars d'une ville à l'autre, en faisant régner la terreur dans différents lieux successifs, le pouvoir syrien réussit à empêcher la création d'une dynamique commune de l'opposition. Ce que n'avait pas réussi à faire Ben Ali et Moubarak. De ce point de vue, je crains que le temps joue en faveur du pouvoir. Plus les autorités imposent leur rythme, plus elles rendent la contestation diffuse.

Existe-t-il en Syrie une force d'opposition cohérente ?

Il est très difficile de définir aujourd'hui l'opposition syrienne, même si on dispose d'énormément d'éléments. Il s'agit visiblement d'une coalition hétéroclite dans laquelle on trouve des intellectuels, des jeunes de la classe moyenne, des exclus du système informel, des membres de courants libéraux, une opposition conservatrice, voire islamiste. A l'inverse des mouvements tunisiens et égyptiens, on entend dans les cortèges le slogan "Allah akbar" [Dieu est le plus grand]. Ce qui ne signifie pas nécessairement un mot d'ordre islamiste : le slogan est aussi un appel à la résistance depuis un siècle et demi dans le monde arabe.

L'organisation de la contestation est-elle différente ?

Comme en Tunisie et en Egypte, la contestation se joue sur le plan virtuel, sur Internet et avec les réseaux sociaux. Mais la différence principale réside dans la faculté d'organisation sur le terrain. La Tunisie et l'Egypte présentaient ce paradoxe qu'ils étaient des pays très ouverts : ils accueillaient des millions de touristes, ils avaient une diaspora très importante et une forte influence. A condition de ne pas toucher la personne du prince, les intellectuels pouvaient se rassembler, la vie universitaire était très vivace...

En Syrie, ce n'est pas du tout le cas. Si l'Etat s'est effectivement retiré de certains domaines sociaux comme la "soupe populaire" ou les dispensaires, l'encadrement de la société demeure très fort. La peur des moukhabarat, la police secrète syrienne, est bien plus forte que celle qui existait en Tunisie ou en Egypte.

Comment s'explique le manque de réactivité de la communauté internationale ?

Il y a cinq ans, la Syrie a été réhabilitée par la communauté internationale. Une décision commune qui trouve de nombreuses justifications, parmi lesquelles la stabilisation de la frontière entre la Syrie et l'Irak, ou encore la pacification du Liban. Ces facteurs expliquent en grande partie l'inertie actuelle de la communauté internationale, qui ne parvient pas à trouver une position commune. Il faut rappeler qu'Israël joue aussi un rôle important car la Syrie représente un peu son "meilleur ennemi". Le régime de Bachar Al-Assad, bien que très hostile évidemment à l'Etat d'Israël, est relativement encadré, notamment grâce à l'influence de Washington. Or le remplacement du régime Al-Assad pourrait représenter un grand danger pour les Israéliens.
Propos recueillis par Charlotte Chabas

Un commentaire de lecteur :
CiterAmin Haddad 13/05/11 - 23h58

La signification de "Allah Akbar" pour les jeunes manifestants est un encouragement mutuel à soi même -et aux autres manifestants des défilés- pour essayer de dépasser la peur intense d'être tué ou torturé.La signification profonde de cette expression est "cette dictature va peut être nous tuer aujourd'hui, nous ne devons pas avoir peur, l'injustice actuelle sera remplacée par la justice bientôt".Il n'a pas de revendication religieuse derrière cette expression dans la bouche des démocrates.

JacquesL

Pourquoi attaque-t-on la Libye et pas la Syrie?

Pas si simple...

http://www.slate.fr/story/38383/bombarder-libye-pas-syrie-pourquoi

Une très forte armée. Des alliés, des voisins chatouilleux. Pas de structure encore à l'opposition, juste l'héroïsme suicidaire du peuple syrien.

JacquesL

La complexité et la perversité du système politique syrien. Impossible à résumer sans dénaturer, tant chaque phrase compte.

http://syrie.blog.lemonde.fr/2011/08/22/le-regime-syrien-ne-protege-pas-les-minorites-mais-les-utilise-pour-se-proteger/




http://syrie.blog.lemonde.fr/2011/08/25/le-caricaturiste-ali-farzat-enleve-et-blesse-par-des-moukhabarat/
Le caricaturiste Ali Farzat enlevé et blessé par des moukhabarat.
Et bien sûr, ils se sont acharnés sur les mains.


Caricature de Garnotte dans Le Devoir (canada).

JacquesL

La révolution pacifique en danger en Syrie

http://syrie.blog.lemonde.fr/2011/09/07/la-revolution-pacifique-en-danger-en-syrie/

CiterLe régime syrien est malheureusement en voie de gagner le défi qu'il s'est lancé à lui-même dès le début du mouvement de contestation.

Non pas le défi de faire quitter la rue aux centaines de milliers de Syriens qui manifestent de façon pacifique depuis près de six mois maintenant : l'abandon est pour eux une option exclue, parce qu'ils n'ont pas enduré les épreuves et les tortures dont le monde entier a pu juger l'horreur pour rentrer chez eux bredouilles, et parce qu'ils savent que renoncer maintenant c'est s'exposer à subir un surcroit de sauvagerie de la part des services de sécurité.

Non pas le défi de mettre en œuvre les réformes attendues depuis des décennies par la population : celles que Bachar Al Assad a consenti à annoncer du bout des lèvres après avoir longtemps tergiversé ne sont que des mesures en trompe-l'œil, destinées à faire patienter encore des Syriens qui n'en peuvent plus, sans remettre en cause une once de son pouvoir, sans toucher le moins du monde aux privilèges et intérêts de son clan, et sans fixer de limites à la barbarie ordinaire de ses services de sécurité et de leurs nervis.

Le paquet de réformes du régime : détruire les villes, ouvrir le feu, arrêter, désinformer...

Non pas le défi de réunir autour d'une table de négociations l'ensemble des Syriens aspirant au changement : frappé d'autisme depuis son accession à une fonction qu'il imagine avoir acquise grâce à ses mérites et à l'amour de ses sujets, Bachar Al Assad n'a jamais dialogué qu'avec lui-même  ou avec des membres choisis de son entourage de profiteurs et de bénis oui-oui.

Ce qu'il est malheureusement en voie de gagner, c'est le défi cynique d'entrainer certains de ses concitoyens, uniquement avides de liberté et de dignité mais trop longtemps exposés dans l'indifférence internationale aux balles des militaires, aux tortures des moukhabarat et aux exactions des chabbiha, à céder à la tentation de recourir aux armes. Faut-il rappeler que "cynique", qui en grec renvoie au chien, signifie la perte de tout sens moral ?

Face à une telle situation, les partisans du régime ne manqueront pas de crier victoire, trop heureux qu'à force de provocations, le président devant lequel ils se prosternent pour heurter les sentiments des manifestants puisse enfin dire vrai lorsqu'il  affirme que son armée se bat contre des "gangs de terroristes armés". Malheureusement pour eux, une fois encore, il ment.

Ce que les Syriens ne supportent plus et ce que la communauté internationale supporte de moins en moins, c'est d'entendre le régime syrien tirer parti de l'existence ici et là de quelques individus ou de quelques groupes armés... qu'il a appelés de ses vœux et qu'il a contribué à créer, pour justifier que les militaires et les forces de sécurité ouvrent le feu sans sommation sur des cortèges de manifestants, qui, eux, ne détiennent et n'exhibent aucune arme. Les Syriens peuvent admettre que les soldats tirent sur ceux qui leur tendent des embuscades, pour les empêcher d'accéder à leurs villages ou à leurs quartiers, pour venger les leurs ou pour s'emparer de leurs munitions. Mais ils ne peuvent, et le monde entier avec eux, que se scandaliser d'entendre le plus haut responsable de l'Etat syrien nier l'évidence et qualifier "le mitraillage délibéré" de ses concitoyens dépourvus d'intentions bellicistes "d'affrontements" avec des éléments armés, qui de toute évidence ne sont pas les "terroristes" qu'il affirme et ne se trouvent pas là où il le prétend.


Tout le monde sait que, durant les premières semaines de manifestations, les seules revendications des protestataires concernaient la liberté et la dignité dont ils avaient été trop longtemps spoliés. Pourquoi auraient-ils eu besoin  d'armes, puisqu'il n'était  question alors ni de renverser le régime, ni de contraindre au départ le chef de l'Etat ? Pourtant, dès ce moment-là, Bachar Al Assad a fait donner la troupe et lâché ses chiens de garde. Ni son pouvoir, ni l'état syrien n'étaient alors en danger. Mais il n'avait aucune intention d'accorder à sa population ce que celle-ci lui réclamait, pour ne pas ouvrir la boite de Pandore des concessions. Non pas parce que les revendications de la rue étaient illégitimes, mais parce qu'il savait qu'à un moment ou un autre elles finiraient par l'atteindre.

Pour contraindre les Syriens à abandonner l'idée de poursuivre leur mouvement, ce qui impliquait qu'ils se retirent des rues, il a donc aussitôt ordonné à son armé de tirer à balles réelles sur les manifestants. Près de 3 000 d'entre eux y ont déjà laissé la vie. Autant ont disparu. D'autres milliers ont été blessés, certains handicapés à vie. Des dizaines de milliers ont connu l'enfer des geôles du régime. Et ce n'est pas fini... Mais que pèse à Bachar Al Assad la vie des Syriens, lui qui a reçu de son père "la barbarie en héritage" et qui a démontré en quelques années de pouvoir que, digne fils de Hafez Al Assad, il était disposé à payer le prix de son maintien au pouvoir en "résistant au Liban jusqu'au dernier Libanais et en Palestine jusqu'au dernier Palestinien". Alors pourquoi pas en Syrie jusqu'à son dernier habitant ?

Les Syriens avides de liberté et de dignité, qui restent dans leur immense majorité pacifiques, déplorent et condamnent les initiatives de certains de leur compatriotes. Mais ils en comprennent les raisons. Et ils se tournent avec plus d'insistance encore vers la communauté internationale, c'est-à-dire vers nous, pour nous supplier de ne pas les abandonner au démon de la guerre civile qui les guette.

JacquesL

http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2011/09/28/syrie-les-assassinats-cibles-se-multiplient_1579194_3218.html

CiterLes assassinats ciblés se multiplient en Syrie

LEMONDE.FR Avec AFP | 28.09.11 | 17h13 

Les autorités et les contestataires s'accusaient mutuellement, mercredi 28 septembre, d'être  responsables d'assassinats ciblés, notamment de scientifiques, à Homs, haut lieu de la contestation, tandis que les pays européens proposaient une nouvelle résolution excluant des sanctions immédiates.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), un ingénieur qui travaillait dans le nucléaire, Aous Abdel Karim Khalil, a été "abattu mercredi matin par des inconnus" à Homs, 160 kilomètres au nord de Damas.

SANA, l'agence officielle d'information, a indiqué que cet ingénieur "qui donnait des cours à l'université Al-Baas a été tué d'une balle dans la tête par une groupe terroriste, alors que sa femme le conduisait à son travail".

Dimanche, un chirugien de l'hôpital général de Homs, Hassan Eid, avait été tué de plusieurs balles alors qu'il montait dans sa voiture.

Lundi, l'adjoint du doyen de la faculté d'architecture de l'université Al-Baas, Mohammad Ali Aqil, et le directeur de l'école militaire de pétrochimie, le général Naël Dakhil, avaient été assassinés par des inconnus, selon l'OSDH.

"Nous condamnons fermement l'assassinat de ces quatre personnalités proches du régime", a affirmé à l'AFP le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahman. Selon des militants des droits humains sur place, Aous Khalil et Hussein Eid étaient allouites, la confession au pouvoir en Syrie, Mohammad Aqil chiite, et Naël Dakhil était chrétien.

PROVOQUER DES DISSENSIONS CONFESSIONNELLES

Les autorités ont rejeté la responsabilité de ces assassinats sur "des terroristes", tandis qu'Al-Ghad, une alliance de militants sur le terrain formée le 18 septembre, a accusé le pouvoir d'avoir "tué des personnalités scientifiques, en tentant de répéter le scénario des assassinats" qui avaient été perpétrés en Syrie dans les années 1980.

Al-Ghad a dénoncé dans un communiqué des "crimes odieux" et fait porter "la responsabilité du sang syrien qui coule sur le régime (...), qui a échoué à provoquer des dissensions confessionnelles à Homs, mais tente encore une fois de les aiguiser en visant des personnalités scientifiques".

Selon l'OSDH, un communiqué "de solidarité des habitants de Homs" s'interroge "sur les auteurs de ces actes" et "appelle tout le monde à les dénoncer et à empêcher les extrémistes de commettre de tels actes de violence".

VERS UNE NOUVELLE RÉSOLUTION DE L'ONU

Entre-temps, les violences se poursuivaient dans le pays. Selon l'OSDH, trois soldats déserteurs ont été tués et un officier, Ahmad Al-Khalaf, blessé la veille dans des combats entre l'armée et des soldats insoumis à Rastan, près de Homs, a succombé à ses blessures, mercredi.

Le mitraillage de la ville continuait et des tirs ont été entendus lorsque des agents de la sécurité ont pris d'assaut le quartier d'al-Nazihine, à Homs.

Le président Bachar Al-Assad a cependant estimé que la stabilité était revenue, selon des déclarations citées dans un communiqué d'un ex-premier ministre libanais, Sélim Hoss, 82 ans, qui l'a rencontré mercredi. "Les événements douloureux ont pris fin, grâce à Dieu", a déclaré M. Assad, selon ce communiqué. "Il y a un retour à la stabilité dans les villes syriennes qui ont été le théâtre de ces événements", a-t-il ajouté, précisant que "les autorités en Syrie veillent sur la situation en vue de préserver le bien-être du peuple syrien".

Sur le plan diplomatique, les pays européens ont rédigé un nouveau projet de résolution pour le Conseil de sécurité de l'ONU sur la répression sanglante en Syrie, projet qui prévoit une menace de sanctions plutôt que des sanctions immédiates.

"La France et ses partenaires de l'UE s'apprêtent à soumettre au Conseil de sécurité un nouveau projet de résolution sur la répression en Syrie", a indiqué, mardi, la mission française à l'ONU sur son son compte Twitter.

La Russie et la Chine ont menacé d'opposer leur veto à toute sanction proposée au Conseil de sécurité contre le régime syrien.

ACCUSATION CONTRE L'OCCIDENT

Lundi, à la tribune de l'ONU, le ministre des affaires étrangères syrien, Walid Mouallem, a accusé l'Occident de vouloir semer le "chaos total" en vue de "démanteler" la Syrie.

Il a affirmé devant l'Assemblée générale des Nations unies que les manifestations hostiles au régime étaient devenues le "prétexte à des interventions étrangères", ajoutant que des gouvernements étrangers cherchaient à saboter la coexistence entre les différents groupes religieux en Syrie.

L'Union européenne et les Etats-Unis font pression en faveur de sanctions de l'ONU contre la Syrie. Ils en ont déjà imposé au régime du président Bachar Al-Assad en raison de la répression qui a fait plus de deux mille sept cents morts.

>> Pour aller plus loin, lire le blog Un œil sur la Syrie

Assassiner des alaouites ? Clairement c'est là la stratégie de la clique qui entoure Bachar el Assad : exacerber les tensions interconfessionnelles pour se camoufler derrière.

JacquesL

En Syrie, la tentation des armes :
http://printempsarabe.blog.lemonde.fr/2011/09/27/larmee-libre-de-syrie-veut-armer-la-rebellion/
http://arabnews.com/middleeast/article511663.ece
Et s'ils quittent la non-violence avec l'héroïsme à mains nues qui va avec, le rapport de forces devient plus écrasant encore en faveur d'Assad.

JacquesL

A ne pas manquer, mardi soir 21 h 40 sur Arte, le reportage en Syrie réalisé clandestinement par une journaliste.

Voir aussi :
http://www.guardian.co.uk/world/2011/oct/09/syria-informers-protests-internet-facebook

Syria's protesters turn to Facebook to expose 'citizen spies'

Activists use the internet to find and unmask those they suspect of reporting their neighbours to security forces

Tel est le quotidien des syriens face à la clique qui détient tous les pouvoirs depuis... sous la fiction phraséologique Baas.

JacquesL

Citer• At least 31 people were killed in Syria on Sunday, according to activists. The UK-based Syrian Observatory for Human Rights (SOHR) said they included 14 civilians and 17 security personnel. Seven civilians died in the central city of Homs and the troops were killed in clashes with mutinous soldiers refusing to shoot on protesters, they said.
http://www.guardian.co.uk/world/middle-east-live/2011/oct/10/egypt-libya-middle-east-unrest-live

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Thousands of Syrians join anti-government protests


http://www.guardian.co.uk/world/2011/oct/14/syrians-anti-government-protests

Associated Press

CiterProtesters take to streets after Friday prayers to support army defectors and call for the president's downfall.

Thousands of Syrians have poured into the streets calling for the downfall of the president, Bashar al-Assad, and expressing support for army defectors fighting the regime, activists say.

The protests came as the UN's top human rights official urged the international community to take "immediate measures" to protect civilians in Syria.

The country's protest movement gave its most explicit show of support so far to army defectors who have reportedly clashed with loyalists in northern and central Syria in an increasing militarisation of the seven-month uprising.

The Syria-based activist Mustafa Osso and the Local Co-ordination Committees, an activist group, said the protests had spread from the suburbs of the capital, Damascus, to the southern province of Deraa, the northern provinces of Aleppo, Idlib and Hassakeh, and the central regions of Homs and Hama, as well as to other areas.

The opposition had called for protests after Friday prayers in support of the "free officers", in reference to army defectors who have been fighting regime troops over the past weeks. Clashes between troops and gunmen believed to be defectors left at least 25 people dead on Thursday, according to the London-based Syrian Observatory for Human Rights.

The uprising against Assad's regime began in mid-March amid a wave of anti-government protests in the Arab world that toppled autocrats in Tunisia, Egypt and Libya. Assad has responded with a fierce crackdown.

In Geneva, Navi Pillay, the UN high commissioner for human rights, warned that the unrelenting crackdown by the government could worsen unless further action is taken. She said the death toll from seven months of anti-government unrest in the country had risen above 3,000.

"The onus is on all members of the international community to take protective action in a collective and decisive manner, before the continual ruthless repression and killings drive the country into a full-blown civil war," Pillay said in a statement.

She didn't elaborate on what measures the international community could take beyond the sanctions already imposed on Assad's regime. Her spokesman, Rupert Colville, told reporters in Geneva that it was up to the UN security council to decide what action was appropriate.

But he added: "What has been done so far is not producing results and people continue to be killed every single day. "Just hoping things will get better isn't good enough, clearly."

The UN human rights office estimates that more than 3,000 people have been killed since mid-March – about 10 to 15 people every day. The figure includes at least 187 children. More than 100 people had been killed in the past 10 days alone, it said.

Colville said hundreds more protesters had been arrested, detained, tortured and disappeared. Families of anti-government protesters inside and outside the country have also been targeted for harassment.

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Syrie : la coalition autoritaire fait de la résistance
(Élizabeth Picard, 2005, mais article encore très valide en 2012)..
http://www.cairn.info/article.php?ID_REVUE=PE&ID_NUMPUBLIE=PE_054&ID_ARTICLE=PE_054_0755

Très détaillé, à lire entièrement.
CiterRésumé

Il faut chercher en Syrie même les explications d'une stratégie extérieure contre-productive : la posture réformatrice du nouveau président est restée velléitaire. Le régime donne priorité à la croissance économique et le capitalisme sans règle qui se renforce laisse peu d'espoir pour une transition démocratique. Si le développement des forces sociétales est réel, il est trop éclaté pour être décisif. La coalition au pouvoir paraît divisée et vulnérable, et peut être tentée par des choix aventurés.


En Syrie, il n'y a de batailles décisives que pour le pouvoir

Un billet d'Aurélien Pialou

http://syrie.blog.lemonde.fr/2012/08/10/en-syrie-il-ny-a-de-batailles-decisives-que-pour-le-pouvoir/

CiterAlors que le monde entier a les yeux braqués, au moins à temps partiel, sur la ville d'Alep, soumise à d'incessants bombardements et à de multiples assauts de l'armée du régime de Bachar Al-Assad, et que le gouvernement syrien annonce une victoire "décisive et exemplaire", tous les commentateurs se dressent en arbitres des deux camps en présence. Le nombre d'hommes, les positions tenues dans la ville, les capacités militaires réelles ou supposées des uns et des autres... Tous les paramètres de la guerre classique sont dûment analysés, dans l'espoir de pronostiquer l'issue de la bataille avant tout le monde.

Quoi qu'en pensent les zélateurs des "solutions finales", la bataille d'Alep est déjà gagnée par l'opposition. La question n'est pas de savoir si le régime rétablira son autorité sur la ville ou s'il écrasera les nids de résistance qui s'y sont multipliés. Il est possible que, dans un premier temps, au prix de la destruction d'un grand nombre de quartiers — mais qui se soucie des vieilles pierres, lorsque les pierres vives que sont les hommes, les femmes et les enfants sont exposés aux bombes et à la mort ? —, les forces du régime proclament fièrement la victoire du régime et le rétablissement de l'ordre, au détriment, naturellement, des "terroristes". Mais une analyse des autres données du conflit contredit inéluctablement ce point de vue. La "solution qui se dessine enfin", trame de fonds des discours martelés depuis un an et demi et repris en boucle par certains médias, ne sera pas celle que le régime et ses alliés intérieurs et extérieurs imaginent.

Le régime peut-il gagner la bataille d'Alep ? Si la victoire signifie la récupération des axes de communication et leur sécurisation au moyen d'un armement lourd dispersé aux différents points stratégiques de la ville, une telle issue est possible. Alors s'installera ce que Homs et Deir ez-Zor connaissent chacune selon des rythmes divers et des formes différentes, depuis, respectivement, les mois de février et de juin 2012 : des accalmies entre deux séries de bombardements, destinés à déloger définitivement les combattants qui persistent à braver la présence des forces de répression. C'est du moins ce qu'espère la "coalition autoritaire au pouvoir (qui) fait de la résistance" (pour reprendre le titre d'un article de 2005 - accessible ici - d'Elizabeth Picard, dont les travaux restent des références incontournables pour qui veut comprendre comment et pourquoi la révolution contre Bachar Al-Assad s'enracine dans l'histoire récente de la Syrie). La "victoire" sera accompagnée de déploiements de chars, de missions punitives généralisées, de pertes en vies humaines en augmentation constante au fil des semaines, jusqu'à ce que le pouvoir et les forces d'opposition se lancent, une nouvelle fois, dans un affrontement direct et sanglant.

Au-delà de la bataille proprement dite, entendue comme l'affrontement armé entre les deux camps, chaque action de l'opposition scelle une nouvelle avancée dans la destruction de l'ordre assadien. Lorsque l'Armée syrienne libre (ASL) a pris position dans Sbineh, au sud de Damas, au milieu du mois de juillet, après avoir sécurisé les lieux — c'est-à-dire vérifié que nul sniper ou autres sbire du régime ne pouvait venir endeuiller leur présence —, elle a organisé une dabkeh, une danse populaire en Syrie, qui réunit jeunes et vieux pour célébrer la vie et la joie. En dépit des victimes, tuées par balle ou sous la torture, et malgré les disparus, les forces d'opposition savent que la victoire passe par la confiance de la population, par le rire et le soutien mutuel, seules véritables armes de destruction massive entre les mains des Syriens aspirant à renverser l'ordre de la terreur. Or, sur ce plan-là, la victoire de l'ASL est certaine. Plus encore, l'ASL reflète le peuple insurgé qu'elle représente : organisateurs et innovants, les Syriens font face ensemble aux déchirements que le régime leur impose. A chaque nouvelle attaque, un nouveau réseau de soutien se met en place, qui pour fournir vêtements, couchages et produits de première nécessité, qui pour indiquer les lieux de refuges, qui pour prendre en charge et aider les enfants perdus, qui pour acheminer de la nourriture, qui pour réconforter les personnes traumatisées par leur exode forcé...

La bataille d'Alep marque une nouvelle étape dans ce processus de mobilisation de la population syrienne. Comme dans la plupart des villes précédemment assiégées, les raids de l'aviation et des chars de l'armée ont un résultat paradoxal : ils contribuent au surgissement de nouveaux canaux d'entraide et de solidarité, dans l'horreur et la difficulté. A Alep comme ailleurs, la bataille constitue une victoire pour la résistance : la seconde ville du pays, incertaine jusque-là, appartient désormais aux forces opposées au régime. Au plan militaire, soit la bataille sera décisive, le régime épuisant ses forces dans une tentative de réduire définitivement la ville, soit elle sera incertaine, débouchant alors, comme à Homs et à Deir ez-Zor, sur l'amorce d'un long et lent martyre.

En dépit de son coût, la bataille d'Alep était inévitable, à la fois pour tenter de briser un pouvoir sanguinaire et pour exprimer, une fois encore, au risque de susciter les réactions de plus en plus disproportionnées des forces du régime, ce qui se joue dans ce combat : les Syriens aspirent à vivre libres et en paix entre eux, sans que leur jeunesse et leurs rangs ne soient constamment amputés par des barbares.