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Benjamin Stora : Le mystère de Gaulle, son choix pour l'Algérie.

Démarré par JacquesL, 06 Avril 2011, 12:45:56 PM

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JacquesL

Note de lecture :

Benjamin Stora : Le mystère de Gaulle, son choix pour l'Algérie.

Stora est historien, et replace le moment décisif du discours du 16 septembre 1959, promettant l'autodétermination du peuple algérien, dans les évolutions de l'époque.

A l'époque, j'avais quinze ans, et je me minais durablement la santé en plongeant jusque vers seize ou dix-sept mètres de fond.
Le discours télévisé, je ne l'ai évidemment jamais entendu au fond de nos bois, en ai lu quelques caricatures dans le Canard Enchaîné, et surtout entendu plus tard son imitation par Henri Tisot : L'Autocirculation: "Bien entendu, ceux qui voudraient rester piétons, le resteraient, et seraient munis d'un passage clouté, individuel et portatif...".

L'évolution de l'époque : désertification des campagnes, fermetures de 4000 classes rurales. L'évolution culturelle va vite, mais le logement reste vétuste et mal équipé. C'est l'automobile la principale mythologie de masse. La télévision envahit progressivement les cafés, puis les ménages, imposant partout le discours du pouvoir gaulliste, sous couleur de "La télévision éclaire l'esprit de vos enfants". Couleur bleue.

En tâtonnant, en prenant garde ne lâcher que rarement un mot de trop, de Gaulle pressent avant la plupart qu'il faut en finir avec la colonisation, et se dégager du Sud, comprend que l'intégration est un mythe irréaliste. Pour le reste, il a toujours dû composer avec les circonstances, avec les événements et les pouvoirs qu'il ne maîtrisait pas, à l'intérieur comme à l'international.

On peut déplorer qu'il soit resté muet lors des massacres de Sétif, à partir du 8 mai 1945. Il eût pu désamorcer en grande partie l'effet désastreux de cette violence coloniale, que son gouvernement de débutants avait été incapable d'empêcher. Or c'est là l'irréparable dont toute la suite découle, en Algérie.
On peut déplorer qu'il soit resté muet sur les massacres commis par la police de Papon à Paris, dans la nuit du 17 au 18 octobre 1961.
On peut déplorer qu'il ait fait abandonner par Pierre Messmer les harkis à l'égorgement.

On ne peut pas refaire l'Histoire.

De même on peut déplorer qu'il ait donné à Thierry d'Argenlieu des consignes impériales, que celui-ci a fidèlement interprétées pour déclencher la guerre d'Indochine, que de Gaulle a ainsi léguée à la Quatrième République. Les grands hommes ont des limites, qui ont de grandes et tragiques répercussions.

JacquesL

Lien sur Benjamin Stora :
http://www.histoire.presse.fr/content/2_recherche-index/article?id=4649

Biographie express :

1950 : naissance à Constantine, en Algérie.

1978 : doctorat d'histoire à l'EHESS.

1986 : maître de conférences à Paris-VIII (Saint-Denis).

1991 : thèse d'État en histoire (université de Créteil). Directeur scientifique à l'Institut Maghreb-Europe (Paris-VIII).

1993 : professeur d'histoire contemporaine à Paris-VIII.

1996 : détaché à l'École française d'Extrême Orient (Efeo) à Hanoi.

1998 : chercheur pour trois ans au centre Jacques Berque à Rabat.

Depuis 2001 : professeur d'histoire du Maghreb à l'Inalco.