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Animisme, propagande, Chant des saisons...

Démarré par JacquesL, 13 Août 2011, 11:20:44 PM

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JacquesL

Un moyen sûr pour me mettre en rogne un bout de temps, est de me remémorer les paroles du "Chant des saisons" de Rémy Gagné, que nous chantions en chorale A Coeur Joie dans l'harmonisation de François Provencher, dans les années mi-soixante, environ 1966 ou 1967.

Cette musique était terriblement efficace, et je l'aimais bien.

Et quand je revois les paroles que nous chantions, ça me donne envie de dégueuler : toute une propagande en animisme, ad magnam dei gloriam.
Vous trouverez la première page de la partition à http://edacj.musicanet.org/partitions/acj00004.pdf
et les deux premières pages sur trois (soit sans l'automne), à http://www.editionsgam.ca/pdf/CONSULT/506-314.pdf.
Jeu au synthétiseur à http://edacj.musicanet.org/midi/004.mid
sans paroles.

Une chorale d'église à http://www.youtube.com/watch?v=at16KnpJvqc
Je crois que nous articulions moins mal, moins lentement, mais a capella, sans cet orgue flamboyant et envahissant.
Calottin encore, en église encore, avec que des ecclésiastiques en voix d'hommes, et limité à l'été et l'automne :
http://www.youtube.com/watch?v=VYKQEFhNzGQ


Animisme :
"Le ciel oublie ses nuages, la Terre oublie son vieil âge, par le printemps rajeunie, l'écho des bois a oublié, Le ruisseau sous la neige va pleurer."
Et culmination à "Mon dieu tu es magnifique, quand tu nous donnes l'été, combien tu es prolifique, mon dieu dans tes bontés, ... tu nous combles de tes dons."

Et quels sont les secrets qui rendent cette propagande si séduisante et si efficace ?
L'animisme se retrouve dans des centaines de chansons scoutes, du genre "Elle a les cheveux couleur de blé, le ciel entier se mire en ses prunelles...", et auprès des enfants et des adolescents, ce truc marche toujours. L'astuce est d'entremêler finement l'attrait sexuel des jolies jeunes filles ("Ô ma belle aurore, vous ouvrez vos yeux charmants et l'étang s'anime... Vos cheveux déroulés que le Soleil dore, sont aussi blonds que les blés, ô ma belle aurore..."), nos attentes (perpétuellement déçues) d'amour parental, et l'arnaque de la secte ou de la religion, ou du publicitaire vendant une merde quelconque prétendue remédier à tout.

Et il y a l'habileté de l'harmonisation de Provencher. Les entrées progressives sont invitantes et entraînantes :
Basses,
Basses + ténors à la tierce,
Soprani + alti + ténors + basses...
(pour le printemps et l'hiver).

Alti,
Alti + soprani à la tierce,
Soprani + alti + ténors + basses...
(pour l'été).

Avec une sensuelle modulation de Do majeur à Mi majeur sur "nuages", sur "la vie" et "balancent".

Nous étions sans défense contre tant d'habileté propagandiste.

Oh certes, avec sa longue pédale de Mi bémol (renforcé à la mesure 5 par le Si bémol) qui commence l'Or du Rhin, Richard Wagner a fait encore plus fort...
CiterMais l'exemple de pédale le plus célèbre est celui du prélude de l'Or du Rhin de Richard Wagner : une partie des contrebasses  attaque un mi bémol et quatre mesures plus tard, la deuxième partie attaque un si bémol: l'accord ainsi constitué tiendra jusqu'à la mesure 136 ! tandis que tous les autres instruments joueront les premiers leitmotives (motif du Rhin,...), cette pédale extraordinairement longue donne une curieuse toile de fond et a sans doute contribué à la célébrité de ce fameux Vorspiel.

JacquesL

#1
Devant une aussi terrible efficacité propagandiste détenue par les églises, catholique, orthodoxe et luthérienne principalement, nous sommes désarmés.

Il nous reste principalement l'ironie et le pastiche, mais ça ne remplit pas du tout les mêmes rôles politiques. On résiste avec de l'ironie et du pastiche, on ne gouverne pas, en tout cas pas le peuple inculte, juste quelques élites éclairées, éventuellement, et rien de plus. Leur propagande est orientée vers le gouvernement, totalitaire quand ces églises en avaient les moyens militaires et judiciaires, plus limité à présent.

Les révolutionnaires de 1793 croyaient résoudre le problème en changeant de dieux, en faisant vénérer la déesse Raison et la déesse Patrie. Et leur fanatisme fut particulièrement sanguinaire.

Il est à remarquer aussi que les paroles de Rémy Gagné, en vantant le dieu de la reproduction sexuée (fort peu de reproduction végétative chez les plantes cultivées de nos climats ; il en va très différemment en Asie du Sud-Est), prétendent que les récoltes sont automatiquement toujours bonnes, grâce à la bonté de la divinité qu'il est préférable de se rendre favorable en lui chantant des hymnes.
Il est à remarquer que sous les règnes de Louis X le Hutin et Philippe V le long, s'abattirent des famines épouvantables sur les royaumes de France et d'Angleterre, sur le plus gros de l'Europe, avec des étés exceptionnellement pluvieux, où les récoltes pourrissaient sur place. Et alors il faisait quoi, le dieu de Rémy Gagné durant ces douze à quatorze années épouvantables ? Il prenait des vacances en emmenant sa bonté avec lui ?

Sous Louis XIII et Louis XIV aussi, il y a eu des périodes des plus noires pour les paysans, des famines où les gens ont mangé de la terre, ont fait du "pain" avec des fougères. Il était passé où, le dieu "prolifique" ?

Interrogez le paysan de votre choix et demandez-lui s'il voterait pour des récoltes automatiquement bonnes. Je suis sûr de sa réponse. La gestion agricole en serait dramatiquement facilitée...

JacquesL

#2
CiterLe "dieu" de la bible ou de la torah ou du coran n'existe tout simplement pas, c'est l'évidence. Quelle horrible croyance que la croyance en ce "dieu" qui ne nous as jamais aidé...
Bin si, il y a une personne que sa "Voix" a aidé : Muhammad a été aidé à devenir chef politique et militaire, en commençant par le brigandage de grand désert, en finissant par conquérir toute l'Arabie. La "Voix" avait été élaborée pour cela, précisément.

Mais là, le problème que je soulève dans ce fil est que sans ces maîtres de choeur qui sont pour la plupart confessionnels, nous aurions une jeunesse muette. Incontestablement, "A coeur Joie" est né du scoutisme catho, via César Geoffray (1901-1972) et Marcel Corneloup (1928-2010), et le plus gros de son encadrement est confessionnel. Francine Cockenpot (1918-2001) est probablement toujours restée dans le scoutisme.

La musique de J. S. Bach est fort belle, mais durant les quatre ou cinq mois où j'ai fréquenté la Jeune Chorale Bach, j'ai été fort heureux de ne pas comprendre l'allemand, car j'avais de fortes raisons de présumer que les paroles de ces cantates, c'était tout des bondieuseries. Quelque peu militaires, la première sinfonia d'ouverture et le choeur d'ouverture du Weihnachts Oratorium, mais qu'est-ce que c'est bien fait et efficace, agréable à chanter ! Encore plus militaire, mais aussi remarquablement bien foutu, l'Alleluyah de Händel.
En rassemblement parisien A Coeur Joie, nous travaillions une autre cantate de Bach dont j'ai oublié le numéro, une brève. Belle phrase déroulée en draperies sur les paroles "Kletten weis an Ihm zu kleben", ou à peu près, de mémoire. La germanophone du groupe nous donne la prononciation précise, puis le maître de choeur, admiratif des sonorités allemandes, demande la traduction : "Car nous sommes attachés à lui comme des chardons" ! Glups ! Il donne précipitamment le ton aux quatre pupitres et enchaîne dans la direction. C'est ça la musique confessionnelle, qu'elle soit luthérienne ou d'autres obédiences : les paroles peuvent être d'une consternante stupidité.

Bon vivant et truculent, J. S. Bach a bien laissé quelques oeuvres vocales profanes, telles que la Cantate du Café. Mais la masse écrasante de ses oeuvres sont de la prédication luthérienne.

Car si on écarte le répertoire religieux, hé bien il ne reste plus grand chose comme répertoire à la fois intéressant et de difficulté abordable. De la musique à danser, des chansons à boire, des chansons satiriques, de l'amour courtois, chansons de soldats, folklore, charivaris, chansons de maumariée. "La guerre", de Clément Jannequin, pas vraiment à notre portée, car nous ne l'avons jamais montée - ne serait-ce que pour les horaires de répétitions, c'est long ce panégyrique du roy Françoys à la bataille de Melegnano. Imitatif, mais satirique : "Il est bel et bon", de Passereau, qui nous fait assimiler le caquet des commères au caquet des poulailles.

Les Frères Jacques chantaient "Les boîtes à musique" à quatre voix d'hommes, nous l'avons chanté à quatre voix mixtes, et c'est excellent. Je garde un bien mauvais souvenir des compositions d'Anne Sylvestre, compositrice ampoulée et tellement égocentrique.

Chanson de maumariée : "Mon père m'a mariée, à un tailleur de pierre !". C'est une chanson à répétition, et lors du rassemblement régional ACJ mentionné plus haut, le maître de choeur a eu la bonne idée de confier chaque premier énoncé à un quatuor, des voix très exercées, de niveau semi-professionnel, et là ce devenait saisissant ; la soprano notamment avait une voix très timbrée, avec un vibrato, une articulation et un accent tonique incisifs. Mais il faut l'avoir, ce quatuor vocal de bon niveau, aux timbres pleins de verdeur...

A l'Université Lyon 1, une chorale s'est montée la dernière année où j'y étais. Las ! Le dirigeant venait de la fac de théologie, et tout son répertoire était confessionnel, dont l'Alleluyah de Händel.
Dans mon bled, une chorale aussi est active... Vigoureusement confessionnelle. Je ne conteste pas que les rythmes des spirituals choisis sont intéressants, mais je n'en supporte plus les paroles. Je ne supporte plus non plus qu'on me dicte quoi penser et quoi ressentir. Il y a des limites qu'il ne faut plus franchir. J'avais eu beaucoup de chances avec la première direction de la chorale (de la fac) de Bures et d'Orsay : Gérard Le Tac était précis et calme, sa sensualité harmonique et sa précision rythmique étaient très formatrices. "Ce bel accord de septième de dominante, je veux l'entendre !". Il était enthousiaste des polyphonistes de la Renaissance, dont l'essentiel du répertoire est non-religieux. Mais le niveau technique requis pour chanter du Claudin de Sermisy est très supérieur à celui suffisant pour la Missa Brevis de Van Berchem : "Je vois de glissantes eaux", est très glissant, très verglacé, un fameux défi à la justesse du quatuor...

Il nous a fallu un après-midi entier pour monter le pot-pourri à sept voix "Papa ! Maman, cet enfant n'a qu'un oeil ! ... Cet enfant n'a qu'une, Dans la troupe ya pas d'jambe de bois !". Avec plus tard une superposition triolets sur doubles croches, pas pour les plus empotés...

Du répertoire drôlatique comme cela, il n'y en a pas beaucoup. Les Superplus-Bifluorés en sortent d'excellents, mais regardez le niveau technique qu'il faut pour reprendre leur "Moteur à explosion", ou leur "Honte à la trompette", pastichée de Purcell.

Le défi demeure : faire aussi bien, aussi populaire et aussi poétique que Le Chant des saisons, de Gagné et Provencher, mais SANS animisme, sans propagande religieuse. Et j'ajouterais volontiers : sans promouvoir l'orgueil de clan local et le mépris envers les hors-clan.
Je veux bien qu'on établisse la partie positive du cahier des charges, puisque j'ai juste été capable d'établir la partie négative. J'aurais bien envie de spécifier "plus sensuel", mais manque de chance, cela se partage mal, les sensibilités diffèrent.