[Chine] Plus de 70 000 émeutes en 2004

[JacquesL]

Posté le 12/10/2005 18:47:22

Se donner les moyens de "construire une société harmonieuse" tout en
maintenant un rythme de croissance économique "rapide et stable" à un
moment où la Chine entre dans "une phase cruciale" de son
développement. Le communiqué publié à l'issue du plénum annuel du
Parti communiste chinois (PCC) qui s'est clos, mardi 11 octobre,
résume le défi auquel est confronté le régime de Pékin : empêcher
que la montée de la revendication sociale provoquée par
l'enrichissement des uns et l'appauvrissement des autres ne mette en
péril la poursuite de la foudroyante modernisation du pays.

Les 500 membres du comité central du parti qui étaient réunis
depuis samedi dans un hôtel pékinois ont adopté le 11e plan
quinquennal dont l'objectif est précisément d'assurer une croissance
plus "équilibrée" tout en "améliorant la vie du peuple chinois". Le
fait que le nouveau mantra d'" harmonie sociale" soit décliné en
permanence par l'actuelle équipe au pouvoir montre bien que cette
dernière est consciente d'une dérive qui érode un peu plus la
légitimité du parti : en 2004, plus de 70 000 émeutes,
manifestations ou mouvements pacifiques de protestation ont eu lieu
dans tout le pays, notamment chez les paysans ou les villageois qui
sont les grands frustrés du "miracle" chinois.

L'agence de presse Chine nouvelle a publié récemment des chiffres
inquiétants à propos du creusement des inégalités qui a "atteint
des limites déraisonnables". Le cinquième le plus riche de la
population capte 50 % des revenus tandis que le cinquième le plus
pauvre en empoche moins de 5 %... L'objectif du nouveau plan
quinquennal est de doubler le revenu par tête d'habitant d'ici à
2010, mais tout en accordant "plus d'attention à la justice sociale",
indique le communiqué publié à l'issue du plénum.

"CAMPAGNES DE RÉÉDUCATION"

Dans ce contexte délicat, le président Hu Jintao, qui cumule depuis
un an les titres de chef de l'armée, de l'Etat et du PCC, entendait
imposer sa marque à l'issue d'un plénum censé démontrer son
contrôle sur l'appareil. Le tandem qu'il forme aujourd'hui avec le
premier ministre, Wen Jiabao, est conscient de la nécessité
d'articuler ses priorités sur l'apaisement des tensions sociales, à
un moment où le discours officiel ne cache plus que l'"instabilité"
ambiante sur fond de montée foudroyante de la corruption met en péril
la sérénité voulue du développement. Le slogan de "priorité au
peuple", que M. Hu a sorti de sa manche, vise ainsi à concilier la
poursuite d'une croissance soutenue aux questions liées à la
dégradation de l'environnement, également sources de revendications
dans les campagnes. Pour ce faire, l'une des autres idées du chef de
l'Etat est de mettre en place "cinq coordinations"   nouvelles, dont
l'une des priorités sera précisément d'équilibrer le développement
entre zones urbaines et rurales.

Avant le début du plénum, Chine nouvelle avait prévenu que "la Chine
aborde une phase cruciale dans les cinq prochaines années" , à
l'heure " où le pays tout entier doit se montrer plus conscient des
problèmes et réfléchir aux dangers - auxquels il est confronté -".
Le président Hu, dont l'énigmatique personnalité ne permet pas de
dire à quel point il est prêt à bousculer l'appareil, oscille entre
raidissement idéologique et souci de réforme.

Depuis qu'il a les pleins pouvoirs, la répression contre dissidents,
journalistes et militants des droits de l'homme s'est accrue, tandis
que le pouvoir a mis en garde les protestataires contre tout
dépassement des limites tolérées aux revendications. Des "campagnes
de rééducation" à l'intention des cadres ont par ailleurs été
lancées pour réaffirmer l'autorité d'un parti idéologiquement
exsangue et alors que la maîtrise de M. Hu sur l'appareil ne semble
pas complètement assurée.

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Le secrétaire américain au Trésor, John Snow, a, à nouveau, exhorté
mardi 11 octobre, à Shanghai, la Chine à "plus de flexibilité" dans
sa politique de changes. Vendredi, à l'occasion d'une rencontre avec
le président Hu Jintao , M. Snow devrait évoquer la question du yuan
que Washington juge toujours sous-évalué. ­ (AFP.)
Bruno Philip
Article paru dans l'édition du 13.10.05
(oui, mais de quoi ? De quelle publication ?)