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L'endettement des Québécois :

Démarré par JacquesL, 24 Janvier 2011, 03:15:38 PM

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JacquesL

L'endettement des Québécois :
http://www.josephfacal.org/
Les cigales

19 janvier 2011

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Les cigales

19 janvier 2011 par Joseph Facal

Le journal La Presse publiait récemment des chiffres hallucinants sur la situation financière des Québécois.

Une personne sur trois vit d'une paye à l'autre et ne pourrait tenir plus d'un mois sans s'endetter si elle perdait son emploi.  Une personne sur sept dit très sérieusement qu'elle compte sur un gain de loterie pour se sortir du bourbier financier. L'endettement personnel moyen des Canadiens représente 150 % de leur revenu disponible, ce qui est supérieur à l'endettement des Américains.

À peine une personne sur quatre contribue à un REER, et c'est moins d'une sur cinq chez celles qui gagnent moins de 35 000 $ par année. Le tiers seulement des Québécois (dont moi, je l'avoue) bénéficie d'un régime de retraite cofinancé par eux-mêmes et leur employeur. Les deux tiers ne pourront compter que sur eux-mêmes, et ils auraient tort de prendre pour acquis que la société se précipitera à leur secours.

Faute d'avoir épargné suffisamment, beaucoup verront donc leur niveau de vie chuter dramatiquement à la retraite. La pension fédérale et les rentes québécoises ne fournissent qu'un maximum d'environ 19 000 $ par année.

Il est certes difficile d'épargner quand votre salaire est faible : 69 % des Québécois gagnent moins de 45 000 $ par année. Plusieurs femmes d'âge avancé n'ont pas eu d'emplois rémunérés pendant leur vie et comptaient sur le modeste salaire du mari, mais l'objection ne tient plus pour les nouvelles générations.

Il n'y a cependant pas que la faiblesse des revenus qui est en cause. Nos valeurs ont changé. Jadis, les gens tendaient à freiner progressivement leur consommation en avançant dans la vie. Aujourd'hui, on emprunte plus tôt, on s'endette pour plus longtemps, on n'épargne pas, on veut conserver le même train de vie jusqu'à la fin, on vit comme s'il n'y avait pas de lendemain. Déclarer faillite n'a plus la connotation déshonorante de jadis.

À chaque fois que je voie des publicités qui vous offrent de payer un sofa en soixante versements, je n'en reviens pas que des gens puissent choisir cette voie.  Les banques abusent certes de la crédulité des gens, mais les victimes étaient souvent consentantes au départ. Au début de l'engrenage, personne ne vous met de revolver sur la tempe. Qui vous oblige à prendre cinq cartes de crédit ?

Claude Castonguay, un homme prudent et modéré s'il en est, en est rendu à proposer d'obliger les travailleurs qui ne sont pas couverts par des régimes de retraite d'employeur à contribuer à un REER. D'un côté, on peut très raisonnablement plaider que, sans une mesure de ce genre, il faudra inévitablement hausser les charges sociales sur les entreprises et les niveaux de cotisation aux régimes publics. On demanderait encore aux uns de payer pour l'imprévoyance des autres.

De l'autre, n'y a-t-il plus de limites quand il s'agit de protéger les gens contre eux-mêmes ?  De nos jours, on passe pour une espèce de sans-cœur quand on rappelle que tout n'est pas toujours la faute des autres. L'idée qu'il faut assumer les conséquences de nos actes doit-elle se limiter aux seules questions criminelles ?

Quand la cigale, piteuse et affamée, expliqua qu'elle avait chanté tout l'été, la fourmi, frugale et industrieuse, l'envoya danser. J'ai toujours eu de la sympathie...pour la fourmi.

Publié dans Journal de Montréal et Journal de Québec