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Sarkozy et l’insécurité: en parler toujours, n’y penser jamais...

Démarré par JacquesL, 13 Septembre 2010, 12:42:34 AM

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JacquesL

Sarkozy et l'insécurité: en parler toujours, n'y penser jamais
http://lagauchecivique.wordpress.com/2010/08/05/sarkozy-et-linsecurite-en-parler-toujours-ny-penser-jamais/

CiterSarkozy et l'insécurité: en parler toujours, n'y penser jamais

août 5, 2010
par gaelpb

Roland Hureaux
Depuis que Sarkozy est passé place Beauvau, c'est chaque année la même rengaine. A chaque flambée de violences, il s'agite, gesticule, déclare la guerre à l'insécurité. Sauf que la gauche, fidèle au poste, est toujours là pour y croire et crier au scandale... Et crédibiliser au passage l'écran de fumée sarkozyste.

Réagissant aux événements du début de l'été : une gendarmerie attaquée par des Roms dans le Loir-et-Cher, des tirs de malfrats sur  la police à Grenoble, des lynchages d'indigènes (au sens strict, un indigène est natif  du pays, c'est donc un Français dit « de souche »), voire d'immigrés trop bien intégrés, le chef de l'Etat a rechaussé les bottes sécuritaires qui lui avaient si bien réussi aux élections de 2007. Il s'implique personnellement : une réunion sur les gens du voyage se tient à  l'Elysée – alors que le ministère de l'Intérieur aurait en temps ordinaire  suffi – ; les camps illégaux seront dispersés, les Roms étrangers seront expulsés etc. Il fait des  déclarations fracassantes : les délinquants tirant sur les forces de l'ordre se verront retirer  leur nationalité. Le ministre de l'Intérieur renchérit : il déclare « la guerre à l'insécurité », il propose de déchoir aussi de leur citoyenneté les auteurs d'excision ; les députés de la majorité en rajoutent à leur tour : il est question de rendre pénalement responsables les parents de mineurs délinquants, comme cela se fait paraît-il au Canada.
Que cette gesticulation soit peu crédible, tous ceux qui ont suivi la politique du gouvernement au cours des dernières  années (depuis 2007 mais aussi avant, quand Sarkozy était ministre de l'Intérieur) ont bien des raisons de le penser.  Dispersion de nomades illégaux : mais où iront-ils ? Dans des camps légaux ? Y seront-ils moins délinquants ? Expulsion en Roumanie et en Bulgarie? Mais la plupart des « gens du voyage » ont  déjà la citoyenneté française. Expulsés, au bout de combien de temps reviendront-ils ? Peut-être assez vite pour qu'on puisse les inclure plusieurs fois dans la statistique annuelle d'une police qui vit désormais à l'heure de la « culture du résultat » ? Retrait de la nationalité française à ceux qui tirent sur les forces de l'ordre ? Très bien mais sur les centaines d'actes de violence, combien de cas cela représente-t-il ? Et les « vieux Français » auraient-ils, eux,  le droit de tirer sur la police ? Et que vient faire l'excision dans cette galère ?
Rappelons-nous que le président qui s'agite ainsi est le même qui a supprimé la « double peine » (c'est-à-dire l'expulsion des délinquants étrangers) et plus récemment l'incarcération des condamnés à moins de deux ans de prison. La réforme constitutionnelle qu'il a imposée en 2008  permet aujourd'hui au Conseil constitutionnel d'exiger une réforme de la garde à vue qui ne facilitera pas le travail des forces de l'ordre. S'agissant de prévention, il a abrogé les décrets Robien qui permettaient de mettre en apprentissage les élèves en situation d'échec dès quatorze ans, etc.

Heureusement, il y a la claque


Le théâtre sécuritaire du président devrait donc « tomber » face à l'indifférence du public et se terminer en vaines rodomontades devant un parterre vide : ce serait la réponse la plus adaptée. Mais, heureusement pour lui,  Sarkozy a sa claque. Sa claque ? D'abord le Parti socialiste qui tout aussi emphatique que le président,  dénonce une « remise en cause grave des valeurs républicaines », le « retour aux dérives des années trente » : rien que ça ! Réagir quand  une gendarmerie est attaquée ne serait pas, selon lui, « républicain » ? Claque aussi, plusieurs  grands organes de presse dont certains font l'honneur au président d'un éditorial indigné, et naturellement toutes les associations qui font profession de défendre les Droits de l'Homme, toutes les grandes consciences ;  ne manquent, cette fois,  que les évêques !
A quoi aboutissent  en définitive ces hauts cris ? A crédibiliser le discours du président et de sa majorité qui, avouons –le, en a bien besoin. Comment imaginer en effet, à entendre ce « concert de protestations »,  que le président n'aurait  brandi qu'un sabre de bois ? Que l'on n'a pris que des mesures qui ne seront  – comme les fameux tests ADN  - jamais appliquées ou inopérantes ? Et d'ailleurs pourquoi   annonce-t-on telle mesure plutôt que telle autre ? Sûrement pas pour des considérations d'efficacité :   en matière de sécurité, plus qu'ailleurs, il est bien connu que « le bien ne fait pas de bruit et le bruit ne fait pas de bien ». Comme d'habitude, ce qui compte, ce sont les effets de com'. Et comment en mesurer l'impact ? Par l'intensité de cris d'orfraie que ces mesures déclenchent chez les antisécuritaires de tout poil, Parti socialiste en tête. CQFD.
Bref, dans le petit théâtre sécuritaire qu'on nous sert cet été, chacun joue son rôle à la perfection.
Et qui va l'emporter en définitive ? Sûrement pas la gauche puisque, tous les sondages le montrent, les Français sont aujourd'hui, dans leur majorité, si tant est que cette alternative soit pertinente, plus sensibles à la sécurité qu'à la surenchère en matière de  droits individuels (ce qui est après tout  bien normal : le droit de vivre en sécurité n'est-il pas le premier des droits de l'homme?). Mais pas pour autant la sécurité en tant que telle puisque nous sommes au théâtre et rien qu'au théâtre.
Avant le deuxième tour de la présidentielle de 2007, Nicolas Sarkozy, on s'en souvient, avait déjà fait ce genre de numéro. Si Ségolène Royal s'était contentée de lui rire au nez en disant que le bilan du ministre de l'Intérieur qu'il avait été  rendait son discours peu crédible, elle eut peut-être gagné. Au lieu de cela, elle joua l'indignée : oh le vilain fasciste qui court  après Le  Pen et qui veut assurer la sécurité des Français à n'importe quel prix ! C'est ainsi que les Français crurent Sarkozy et l'élirent.  
Indignez-vous, indignez-vous, bonnes gens de gauche. La réélection du président est à ce prix !
Le pire que nous ayons à craindre est que cette  pièce un peu ennuyeuse nous soit resservie  à satiété jusqu'à l'élection de 2012.
Acte I: Je joue le matamore bien décidé à assurer l'ordre.
Acte II: Tu t'indignes comme si tu croyais que je parle sérieusement.
Acte III:  Ils (les vrais délinquants) courent toujours.