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«La police de proximité ne sert à rien contre les caïds»

Démarré par JacquesL, 13 Septembre 2010, 12:03:22 AM

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JacquesL

Je suis intrigué par ce site qui s'annonce comme "gauche civique", et dont les propos sont généralement musclés. Suivons-le quelque temps :


«La police de proximité ne sert à rien contre les caïds»
http://lagauchecivique.wordpress.com/2010/07/22/%C2%ABla-police-de-proximite-ne-sert-a-rien-contre-les-caids%C2%BB/

Citer«La police de proximité ne sert à rien contre les caïds»
juillet 22, 2010
par gaelpb

Bénédicte Charles

Arme au poing. C'est ainsi que, de plus en plus, les voyous des cités défendront leurs territoires. Pour Charles Pellegrini, ancien patron de l'Office central de répression du banditisme, ce sont des territoires perdus pour la République. On ne la fait pas à ce flic qui a connu Mesrine et le Gang des Lyonnais. Pourtant, il ne cache pas son inquiétude.

Après le drame de l'A13, la manifestation des Chinois de Belleville pour «plus de sécurité», l'échec du procès des émeutiers de Villiers-le-Bel, etc.la série noire continue. En fin de semaine dernière, à Saint-Aignan dans le Loir-et-Cher — loin du 9-3 ! — des gens du voyage ont attaqué une gendarmerie après le décès de l'un d'eux, qui avait forcé un barrage. A Grenoble, les jeunes du quartier de la Villeneuve ont déclenché plusieurs nuits d'émeute au cours desquelles certains n'ont pas hésité à tirer sur la police à balles réelles, afin de «venger» le caïd de la cité, tué au cours d'une fusillade avec les policiers suite au braquage d'un casino. Un cap a-t-il été franchi? C'est la question que nous nous posions la semaine dernière, et que nous nous posons à nouveau, avec encore plus d'acuité, à la lueur de ces deux événements qui montrent que, dans certains territoires — apparemment perdus — de la République, les bandes ou ceux qui s'en font l'écho trouvent anormal que les flics répliquent aux tirs d'un braqueur en fuite, ou jugent inadmissible qu'un gendarme qui se fait foncer dessus par une voiture à un barrage utilise son arme de service.

Aujourd'hui, pour nous aider à y répondre, Charles Pellegrini*, flic mythique et ancien patron de l'Office central de répression du banditisme, connu pour ne pas mâcher ses mots.Marianne2: Drame de l'A13, procès raté des émeutiers de Villiers-le-Bel, et maintenant Saint-Aignan et Grenoble... On a l'impression d'une escalade. Le fruit du hasard ? Ou quelque chose est-il en train de changer ?

Charles Pellegrini : Oui, mais ça ne date pas de ce matin. Tout le monde connaît depuis longtemps la situation dans les quartiers, mais chacun y répond en fonction des échéances électorales. Un exemple : il est de notoriété publique, et depuis toujours, que lorsqu'un campement de gens du voyage s'installe quelque part, il y a une augmentation significative du nombre de vols commis dans les alentours. On peut toujours dire qu'il ne faut pas stigmatiser : c'est un fait. Je ne stigmatise personne : je constate.

Tout se passe comme si deux ordres s'affrontaient : d'un côté celui de la République, de l'autre celui des caïds...
Que ce soit à Saint-Aignan ou à Grenoble, c'est le même phénomène. Le message adressé aux représentants des forces de l'ordre est clair : « Vous n'avez rien à faire ici, c'est chez nous». Le sentiment d'appartenance à une autre culture, à d'autres valeurs qui sont celles du territoire, est bel et bien là. Il faut regarder les choses en face. Ce qu'ont dit les agresseurs du conducteur massacré sur l'A13 n'est pas insignifiant : « fais pas ton Français ». Ils considèrent donc qu'ils appartiennent à un autre territoire que celui de la République : le leur.

Le phénomène nouveau, c'est que le territoire est maintenant défendu arme au poing...
Les armes ont toujours circulé. Cela fait plus de dix ans que la police en retrouve dans les caves. Mais aujourd'hui, on les sort, et on les utilise, car on considère qu'il y a un territoire, un fonctionnement, une structure à défendre. Le problème, c'est que tous ces incidents récents ne sont plus des cas isolés. On a véritablement franchi un cap.

Y a-t-il une professionnalisation de la délinquance dans les cités ?
Le délinquant qui agit par désoeuvrement, à la petite semaine, c'est quasiment du passé. Aujourd'hui, il y a une véritable organisation du quartier en territoire. Par exemple, avant, quand on retrouvait une moto ou un scooter volés, on y relevait seulement quelques traces d'ADN, signe qu'il n'avait servi qu'aux voleurs. Maintenant, on retrouve des dizaines d'ADN différents. Parce que les engins volés sont mutualisés, ils servent à la bande en fonction des besoins et des « coups ». De plus, il y a une augmentation extraordinaire de la porosité entre la petite délinquance et le grand banditisme.

Vous voulez dire que les grands voyous viennent recruter des équipes dans les cités ?
Mais non ! Le grand banditisme, maintenant, c'est eux : les voyous des cités. Les caïds des quartiers investissement des grosses sommes d'argent à l'étranger, comme les grands voyous d'avant. La cité autonome, où on recrutait les guetteurs, où on organisait le trafic, où les voyous finançaient des familles entières et des associations, où ils protégeaient les habitants de l'extérieur, appartiendra bientôt au passé. Maintenant, on ne protège plus les habitants mais les seuls caïds.

Vous qui avez dirigé l'office central de répression du banditisme au temps des grands voyous comme Mesrine ou le gang des Lyonnais, vous pensez qu'il était plus facile de lutter contre ceux-là que contre les nouveaux caïds ?
C'était plus confortable, en tout cas. On connaissait leur mode de fonctionnement, c'étaient des structures à taille humaine, et la police avait une supériorité de moyens. Aujourd'hui, les trafics s'organisent à l'échelle mondiale. Et avec une violence décuplée. Face à cela, la police n'a plus la supériorité. Elle est véritablement désarmée.

Quelles sont selon vous les raisons de cette escalade ?
Il faut cesser de donner à cette situation des explications économiques et sociales, c'est insultant pour tous ceux qui vivent dans les mêmes conditions et se comportent en honnêtes citoyens. La vérité, c'est qu'il y a un rejet, qui se pose en rejet « culturel ». Et c'est un problème qui me semble insoluble. Regardons les choses en face : il y a une énorme progression du trafic de stups, des attaques de distributeurs automatiques de billets, des braquages, etc. on connaît actuellement une hausse considérable de la délinquance violente. Et on en est encore à donner des réponses sociologiques ou éducatives !

Quelles sont les réponses qu'il faudrait apporter ?
Je ne sais même pas s'il y a une réponse. On peut faire tous les Grenelle que l'on veut. Pour ma part, je considère que le gouvernement fait vraiment ce qu'il peut. Mais qu'est-ce qu'il peut ? J'ai beaucoup d'estime pour Christian Lambert, qui vient d'être nommé préfet de Seine-Saint-Denis. Mais que peut-il ? S'il contient, ce sera déjà un grand succès.

Vous pensez qu'on s'oriente vers un modèle de délinquance de cités à l'américaine ?
Oui, je suis convaincu qu'inéluctablement on s'oriente vers un modèle à l'américaine, avec des gangs ultra violents et tout puissants, et, d'un autre côté, des quartiers sécurisés pour les riches.

Que répondez-vous à ceux qui mettent cette explosion de la violence sur le compte de l'abandon progressif de la police de proximité, qui faisait surtout de la prévention ?
Croire que la police de proximité peut faire quoi que ce soit contre la délinquance telle qu'elle s'exerce aujourd'hui est une gageure. Ça me rappelle ce que dit le sociologue Jean-Pierre Le Goff : « Misère d'une époque où l'on répond par l'éthique du care à la désintégration des liens sociaux élémentaires ».

* Commissaire divisionnaire, Charles Pellegrini a été adjoint  puis patron de l'OCRB de 1973 à 1981. Il dirige aujourd'hui une entreprise de conseil spécialisée dans la sécurité des entreprises et la lutte contre l'espionnage industriel.

JacquesL

Violences à Grenoble: le fruit de décennies de victimisation et d'assistanat
juillet 29, 2010, par gaelpb

CiterViolences à Grenoble: le fruit de décennies de victimisation et d'assistanat
David Desgouilles

David Desgouilles a recueilli le témoignage d'un ex-directeur de maison de jeunes à Grenoble dans les années 80. Jules D. raconte comment sa volonté de responsabiliser les «jeunes» s'est heurtée à un assistanat généralisé et à un angélisme ravageur. Pour le pire.

J'ai été directeur d'une importante maison de jeunes (et de la culture, ajoutait-on) à Grenoble en 1979 et 1980. J'ai habité plusieurs années la Villeneuve, très précisément (les adresses ont leur importance à la Villeneuve) au 10, galerie de l'Arlequin. Formé dans les mouvements de jeunesse et d'éducation populaire, j'avais quitté mon poste de professeur du secondaire pour revenir à ma passion première : les adolescents difficiles. Ma formation s'est faite dans la banlieue parisienne entre Villeneuve-la-Garenne et Bezons dans ce monde des cités. J'ai été imprégné de pédagogie par projet selon les principes de Piaget, dans une atmosphère héritée du mouvement ouvrier, très marqué par le syndicalisme et l'église catholique, les deux étant d'ailleurs très interpénétrés : entre jeunes de la JOC et des JC, les discussions et la camaraderie étaient la règle. Il n'y avait pas délinquance dans ce temps-là : dans la banlieue rouge, la référence c'était l'ouvrier P3 outilleur, l'aristocratie ouvrière. Il était hors de question de voler ou de manquer l'école. L'accès aux responsabilités supposait la perfection dans son métier et dans sa vie sociale. L'ascension sociale par le travail et l'instruction étaient la règle et avaient une finalité : l'émancipation du peuple et de la classe ouvrière.

Avec des études supérieures et une solide expérience de terrain, j'ai été recruté par une grande fédération de Maisons de jeunes et de la culture et me suis retrouvé à la tête de la maison du quartier de l'Abbaye, entre la Villeneuve et le centre-ville, où parmi les nombreuses expériences sociales entreprises par la municipalité Dubedout, l'objectif était de sédentariser les Gitans. Je me suis retrouvé rapidement en complète dissonance avec ce milieu : pour l'institution, les « jeunes » étaient par définition des victimes de la société. Ils n'étaient pas responsables de leur situation. Pour la mairie et pour les associations, le seul indicateur de performance était la quantité de moyens déversés sur le quartier. Le mot « jeune » avait une dimension sacrée, christique, et aller aux jeunes était vivre une sorte de chemin de rédemption. Une de mes collègues, directrice d'une maison voisine, en avait même épousé un, dans un double mouvement de dérision vis-à-vis de l'institution du mariage et de fusion compassionnelle avec un « jeune ».

Je me suis très rapidement retrouvé marginalisé avec ma pratique basée sur la responsabilisation individuelle et le sens du collectif, et mes tentatives d'instaurer le principe de régulation des transgressions des normes. « Norme, mais de quelle norme parles-tu?  Nous ne sommes pas là pour cautionner la société bourgeoise. » Il n'y avait donc aucune norme. Les familles ne payaient pas leur loyer et attendaient le dernier moment pour se contenter de glisser le papier bleu dans la boîte aux lettres de l'assistance sociale. Dans les sorties de ski que j'organisais avec « les jeunes », ceux-ci me donnaient leurs lunettes à porter quand il n'y avait pas de soleil pour les reprendre ensuite « Tu es payé par la mairie pour t'occuper de nous. » L'assistanat généralisé était la seule règle. Rien n'était assez beau : on payait aux « jeunes » les plus beaux équipements. Les « jeunes » arboraient narquois l'argent du chômage en précisant qu'ils refusaient de contribuer à quoi que ce soit. Seulement, l'être humain garde un fond de dignité et n'a que mépris pour ceux qui les transforment en objet compassionnel : la somptueuse maison des jeunes (conçue par des sociologues) fut incendiée. Ma proposition de créer des espaces en fer et en béton vide qui ne vivrait que de ce qu'y créerait les « jeunes » (avec de l'argent attribué uniquement sur la base d'un projet) fut considérée comme « de droite » car justifiant le désengagement budgétaire de l'Etat.

Un jour, des Siciliens vinrent s'installer dans le quartier et échangèrent des tirs avec les Gitans. Ceux-ci se replièrent dans leur campement de Briè-et-Angonnes. Je fis la réflexion en réunion qu'il y avait une situation de surencadrement et que nous pourrions proposer aux éducateurs d'aller travailler dans un autre quartier à forte délinquance, le Mistral. « Mais tu t'en prends à l'emploi! » « Ah bon, il vous faut des pauvres pour justifier vos emplois. » Ma descente aux enfers était commencée, elle fut arrêtée par la médecine du travail, lasse des dépressions et suicides sur ce genre de postes, me retrouvais sans emploi, quittais la ville et changeais complètement de profession. J'ai eu de la chance : j'avais commencé à travailler à un plan d'action éducative avec le proviseur du Lycée Jean-Bart, André Argouges. Celui-ci se battait comme un beau diable pour obtenir une clôture pour son lycée, las des incursions de « jeunes » pénétrant dans les classes pour agresser les lycéens (NB : dans cette novlangue, les lycéens ne sont pas des « jeunes »). Les éducateurs l'ont traité de réactionnaire, arguant que les crédits seraient mieux employés à créer de nouveaux postes d'éducateurs qu'à faire une clôture. Deux ans plus tard, André Argouges a été assassiné par une « jeune » entrée indûment dans l'établissement, qui lui planta une paire de ciseaux dans le cœur.
J'ai pu engager un éducateur, Mohamed, venu des bas-fonds et qui connaissait les règles du jeu de ce milieu, qui partageait mes convictions et avec lequel nous pratiquions une pédagogie directive et énergique avec les « jeunes ». Il fut licencié lui-aussi mais ne retrouva pas d'emploi. J'appris quelques années plus tard qu'il s'était suicidé.
Et la Villeneuve ! Le laboratoire social de la municipalité Dubedout. J'habitais au 10, la montée des éducateurs, entre des appartements de réinsertion. Quand je prenais l'ascenseur avec mes voisins, on était au courant de mes critiques de la politique municipale et j'étais accusé de « faire le jeu de la droite ». Tout mon environnement social s'effondrait : soit je faisais taire mon esprit critique, soit je quittais la ville. Au 110, c'était une autre affaire : c'était la montée des bobos, des copropriétés (les appartements de la Villeneuve sont tous magnifiques : ce n'est donc pas la nature de l'immobilier qui est en question!) où se réunissaient les notables du Parti socialiste sous la férule de l'élu en charge du socio-cul, René Rizardo. Les bobos envoyaient leurs enfants au collège expérimental de la Villeneuve. On y pratiquait le pédagogisme avant l'heure, les méthodes non-directives, ce qui veut dire que seuls les enfants ayant un soutien à la maison s'en sortaient tandis que ceux originaires d'un milieu populaire sombraient. Entre, il y avait « le peuple », les objets et les sujets de l'expérimentation. On y appliquait les mêmes principes : l'environnement de la Villeneuve était au départ magnifique et a été saccagé : la seule décision fut de transférer l'entretien du parc sur le budget municipal, au nom de « c'est la faute aux conditions socio-économiques » (1).

J'ai eu de la chance. Je suis parti loin, très loin, ai repris mes études, ai eu et ai toujours une vie passionnante. Mais je retenais de ma formation initiale d'historien et d'éducateur que priver les hommes de tout projet, les déresponsabiliser, ne leur donner aucune perspective qu'ils soient capables de construire eux-mêmes ne pouvait mener qu'à la barbarie. Cette prophétie était à l'époque une intuition d'un jeune homme encore en formation : elle est aujourd'hui une réalité objective, analysée et logique, produite par les savants fous du socio-cul.

Sur ce tissu social pourri fleurit aujourd'hui le trafic de drogue dans ce qui est la ville la plus criminelle de France. Ah, si une chose a changé : le lycée Jean Bart a sa clôture et s'appelle désormais le lycée Argouges.

Jules D.

(1) Ce qui est totalement faux : on trouvait du travail à cette époque et le sociologue (sérieux) Sébastian Roché a montré que l'essor de la délinquance n'est en aucune manière corrélé à la progression de la pauvreté qui interviendra.... avec la gauche au pouvoir ?  ↑
Retrouvez les articles de David Desgouilles sur son blog

http://lagauchecivique.wordpress.com/2010/07/29/violences-a-grenoble-le-fruit-de-decennies-de-victimisation-et-dassistanat/

JacquesL

http://lagauchecivique.wordpress.com/2010/05/27/insecurite-incompetence-a-droite-defausse-a-gauche/

Insécurité : incompétence à droite, défausse à gauche

CiterInsécurité : incompétence à droite, défausse à gauche
mai 27, 2010
par gaelpb



Bénédicte Charles

Le débat entre prévention et répression a fait long feu. Aujourd'hui, presque plus personne ne s'offusque qu'on veuille débarrasser les quartiers de leur vermine à coups de Kärcher. Ce qui choque, en revanche, c'est que le fameux kärcher tarde à être mis en marche. Fadela Amara: le kärcher? Y a plus qu'à 115 milliards d'euros: c'est le prix de la délinquance en France Les pays occidentaux doivent-ils légaliser les drogues ? Une famille tabassée par une vingtaine de jeunes au Parc Astérix, ce week-end. Un home jacking façon Orange mécanique à Echirolles (Isère). Des coups de feu tirés dans le très résidentiel XVe arrondissement parisien. Autant d'actes violents que les journaux traitent comme des faits divers. Alors qu'ils n'en sont pas. Tout d'abord parce qu'ils n'ont rien de symbolique ni d'exceptionnel. Ils sont au contraire devenus d'une affligeante banalité, et se répètent, inlassablement, de semaine en semaine, toujours calqués sur le même modèle : un mauvais regard ou une simple remarque valent à leur auteur d'être roué de coups ; un larcin dégénère en scène d'ultraviolence ; des dealers règlent leurs comptes en pleine rue. Sans parler des sempiternelles représailles à l'égard de la police — et plus largement de tout ce qui porte uniforme — qui succèdent à une descente de flics et à l'arrestation d'une grappe de petites frappes. On leur consacre quelques brèves, une page lorsqu'ils sont particulièrement marquants, mais comme on traiterait un crime passionnel, une affaire de bébés congelés ou une mystérieuse disparition : de façon totalement factuelle et dépolitisée. Pourtant, considérés dans leur ensemble, ils sont le reflet fidèle de l'évolution préoccupante d'un problème très politique : celui de l'explosion de la violence — les violences aux personnes ne cessent d'augmenter (+ 2,8% en 2009, + 2,4% en 2008, et + 20% entre 2001 et 2006 !). Même le vaste et tranquille XVe arrondissement parisien n'est plus épargné. Il y a eu deux blessés par balles la semaine dernière dans le quartier des Périchaux, dont les habitants ne cessent de se plaindre des jeunes qui squattent bruyamment et nuitamment les halls d'immeuble, où ils font leur bizness — 3 kilos de cannabis ont été saisis dans une cave d'un immeuble du quartier en février dernier, rapporte le Parisien. Et que dire de la rue Maillol, toujours dans le XVe, passée en peu de temps du statut de voie piétonne au calme plat à celui de lieu de deal à ciel ouvert — tout cela parce que la topographie des lieux permet d'échapper facilement à la police en cas de descente ? Un changement qui a bien entendu apporté son lot d'agressions. Les coups de feu, les règlements de comptes arme au poing entre jeunes ne sont donc plus réservés aux quartiers sinistrés comme les 4000 à la Courneuve — où un jeune homme de 28 ans a été abattu d'une balle en plein coeur lundi soir. Qu'elle s'exerce pour le contrôle du trafic de drogue ou pour des raisons plus fumeuses (voire pour rien), cette violence revêt des formes quasi pathologiques. Ainsi, un vulgaire home jacking — cambrioler un domicile en présence de ses habitants, dûment neutralisés — dégénère-t-il en viol collectif d'une jeune femme, sous les yeux de son compagnon, comme à Echirolles. Deux des trois auteurs ont été arrêtés. Ils ont 19 et 20 ans et ce sont des petits voyous « comme les autres ». C'est-à-dire qu'ils glandouillent, vivent chez leurs parents et sont connus des services de police pour des vols et des dégradations. Sauf que, depuis une semaine, ils multipliaient les home jacking, chaque fois plus violents. Brigitte Jullien, contrôleur général de la police de Grenoble, chargée de l'affaire, a décrit leur comportement aux journalistes du Parisien et de l'AFP: « Ce sont des gens sans aucun scrupule », mus par « un sentiment de toute-puissance » doublé d'un « sentiment d'impunité ». « Ils sont dans l'autosatisfaction de leurs actes ». Les experts psychiatres auprès des tribunaux ont un nom pour ces individus : ils les appellent des psychopathes. Et si c'était ça, aujourd'hui, un voyou comme les autres ? Face à cela, le discours angélique adopté par la gauche et les acteurs sociaux depuis trente ans n'est plus tenable. Même s'il reste des Anne Hidalgo pour redouter la «stigmatisation» — et donc pour culpabiliser les habitants des quartiers, à qui on explique finalement que s'ils ont un problème, c'est parce que c'est eux le problème — de plus en plus d'élus socialistes font preuve de réalisme, à l'instar de Claude Bartolone, député PS de Seine-Saint-Denis, conscient que «les habitants entendent les discours mais ils ont la preuve quotidienne qu'ils sont des citoyens de seconde zone». Il est d'ailleurs significatif que Fadela Amara reprenne à son compte le fameux Kärcher de Nicolas Sarkozy qui avait tant choqué la gauche il y a cinq ans. Encore faut-il ne pas se contenter de menacer : il faut le passer le Kärcher, et vraiment.

JacquesL

Insécurité: quelles solutions pour empêcher la violence de progresser? (2/2)
http://lagauchecivique.wordpress.com/2010/08/08/insecurite-quelles-solutions-pour-empecher-la-violence-de-progresser-22/


CiterInsécurité: quelles solutions pour empêcher la violence de progresser? (2/2)
août 8, 2010
par gaelpb


Laurent Pinsolle


Comment lutter efficacement contre l'insécurité? Après avoir établi le constat suivant : le chômage de masse et la montée de l'individualisme sont indissociables de la montée de violences à laquelle on assiste aujourd'hui, Laurent Pinsolle propose des solutions pour endiguer ce phénomène.

Je ne vais pas prétendre ici trouver des solutions magiques pour régler les problèmes d'insécurité. Ce n'est pas un sujet sur lequel je me suis encore suffisamment documenté sur le sujet (NDA et Malakine ayant néanmoins fourni des propositions intéressantes). Néanmoins, voici quelques pistes de réflexion.
Une méthode
La méthode a énormément d'importance et celle choisie par Nicolas Sarkozy est un échec majeur. Entre bouillie verbale martialo-virile surfant sur l'actualité et n'hésitant pas à stigmatiser des bouc-émissaires trop faciles et déluge législatif, le tout sans le moindre recul, l'échec du gouvernement est patent. Des assises de l'insécurité seraient sans doute bienvenues pour faire un état des lieux avec des professionnels (psychologues, policiers, juges, victimes, délinquants...) et évaluer les raisons de cette violence afin de dégager des solutions de long terme plutôt que des réactions ponctuelles à l'actualité.

Laurent Pinsolle


Comment lutter efficacement contre l'insécurité? Après avoir établi le constat suivant : le chômage de masse et la montée de l'individualisme sont indissociables de la montée de violences à laquelle on assiste aujourd'hui, Laurent Pinsolle propose des solutions pour endiguer ce phénomène.

Je ne vais pas prétendre ici trouver des solutions magiques pour régler les problèmes d'insécurité. Ce n'est pas un sujet sur lequel je me suis encore suffisamment documenté sur le sujet (NDA et Malakine ayant néanmoins fourni des propositions intéressantes). Néanmoins, voici quelques pistes de réflexion.

Une méthode
La méthode a énormément d'importance et celle choisie par Nicolas Sarkozy est un échec majeur. Entre bouillie verbale martialo-virile surfant sur l'actualité et n'hésitant pas à stigmatiser des bouc-émissaires trop faciles et déluge législatif, le tout sans le moindre recul, l'échec du gouvernement est patent. Des assises de l'insécurité seraient sans doute bienvenues pour faire un état des lieux avec des professionnels (psychologues, policiers, juges, victimes, délinquants...) et évaluer les raisons de cette violence afin de dégager des solutions de long terme plutôt que des réactions ponctuelles à l'actualité.

De la prévention

La première chose à faire pour réduire durablement l'insécurité et sans doute de venir à bout du chômage de masse, véritable cancer de la société depuis trente ans. Quand 40% des jeunes de banlieue sont au chômage, ce n'est pas parce qu'ils ne veulent pas travailler (même s'il y a bien sûr sans doute une petite minorité dans ce cas) mais parce que notre économie ne produit pas suffisamment d'emplois. La lutte contre le chômage doit être la priorité N°1 de tout gouvernement et c'est pour cela que j'ai particulièrement apprécié notre convention nationale sur l'emploi d'avril dernier.

Dans une société où l'hyper individualisme a tendance à être glorifié, il est sans doute essentiel de davantage valoriser les engagements désintéressés ou citoyens pour équilibrer les valeurs de notre société. Cela peut passer par un Service civique, comme le propose Malakine. Cela peut également passer par le développement de l'instruction civique au collège (une fois les savoirs fondamentaux acquis). L'école est le lieu où la société éduque les futurs citoyens. Il est essentiel qu'un certain nombre de valeurs puissent passer. Pourquoi ne pas valoriser les engagements associatifs par exemple ?
La prévention doit également avoir lieu dans les prisons. J'ai trouvé les propositions de Malakine sur la Communauté de Rééducation par le Travail très intéressantes. En effet, comment ne pas imaginer que la prison actuelle a des effets plutôt déstructurant. Pour réduire la récidive, les prisons doivent être des lieux plus humains (il faut donc construire plus de places) et moins déconnectés de la vie réelle. C'est pourquoi faire travailler les prisonniers est une piste intéressante, par delà les économies que cela peut procurer à la collectivité.

De la répression

L'école est un enjeu majeur, étant le premier contact que les futurs citoyens ont avec la société. Le sentiment d'impunité face aux incivilités constitue un terreau favorable à des actes plus graves. Il faut être plus sévère, avec pour recours ultime des établissements spécialisés, possiblement encadrés par des militaires, pour recadrer les éléments les plus perturbateurs (avec naturellement une gradation des sanctions). Ces établissements seraient des internats avec une discipline stricte mais aussi des activités permettant de développer un sens de la communauté positif.
Au niveau plus individuel, je crois au concept de « zéro tolérance ». Cela va sembler inutilement sécuritaire, mais les expériences anglo-saxonnes ont montré qu'une plus grande sévérité à l'égard des actes de délinquance mineurs est un bon moyen de freiner l'escalade vers des actes plus graves. Mais les sanctions doivent être adaptées et les actes mineurs peuvent très bien être sanctionnés par des Travaux d'Intérêt Général, qui peuvent avoir une véritable vertu pédagogique. La tolérance zéro, ce n'est pas forcément remplir les prisons, comme ce qui se fait aux Etats-Unis.
Concernant l'arsenal législatif, soit il faut réduire les peines prescrites pour qu'elles correspondent à la réalité des peines exécutées ou alors les faire appliquer. Mais le climat actuel où les petites peines ne sont pas appliquées contribue au climat d'impunité. Les réductions de peine doivent être justifiées ! En outre, il serait intéressant de prendre en compte la dangerosité des prévenus pour la société (j'ai toujours été favorable à une véritable perpétuité pour certains récidivistes ). Enfin, se pose la question des moyens : est-il sain de réduire fortement les effectifs de police alors que l'insécurité grandit ?
Voici donc quelques idées qui sont sujettes à débat. Je suis preneur de tout commentaire et de toute source d'information pour enrichir le débat car je ne suis pas un spécialiste de ces questions et je serais heureux de pouvoir pousser ma réflexion sur un sujet aussi important.