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En CM1, il était le souffre-douleur à la récré : l'Etat condamné.

Démarré par JacquesL, 19 Février 2011, 01:06:31 PM

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JacquesL

En CM1, il était le souffre-douleur à la récré : l'Etat condamné.

http://www.lepost.fr/article/2011/02/17/2408729_un-eleve-en-cm1-subissait-des-violences-de-la-part-de-ses-camarades-l-etat-condamne-a-lui-verser-3-000.html

CiterAu cours de l'année scolaire 2007-2008, un élève de CM1 de l'école primaire de Beaulieu, au nord de Montpellier, dans l'Hérault, a subi, de façon répétitive, des brimades de ses camarades dans la cour de récréation.

Ne supportant plus cette situation, l'enfant a fini par en parler à ses parents.

Un harcèlement qui s'était transformé, au fil des semaines, à des actes de violence, précise TF1 News.

Notamment lors d'un jeu qui consistait à former une barrière humaine entre deux arbres, et à traverser en force sans se faire attraper ou plaquer au sol.

La jeune victime avait fini par quitter l'école.

Ses parents ont porté plainte auprès de la gendarmerie.

Une plainte qui n'a pas abouti sur le plan pénal.

Les parents ont alors assigné l'Etat au civil.

Le 9 février, le tribunal de grande instance de Montpellier a condamné l'Etat à 3.000 euros de dommages et intérêts pour le préjudice physique et psychologique de l'élève, et 800 euros au titre des frais de justice, selon TF1 News.

Le tribunal a retenu à l'encontre de la directrice de l'école primaire de Beaulieu "un défaut de surveillance et de précaution de nature à engager sa responsabilité."

Dans cette affaire, le préfet de l'Hérault était assigné en sa qualité de représentant de l'Etat employeur de ces fonctionnaires de l'Education nationale, rappelle aussi TF1 News.


JacquesL

http://www.midilibre.com/articles/2011/02/17/A-LA-UNE-Ecolier-frappe-a-Beaulieu-les-syndicats-solidaires-de-la-directrice-1541601.php5

CiterHérault
Ecolier frappé à Beaulieu : la directrice soutenue par les syndicats

Le TGI de Montpellier a reconnu la responsabilité de l'Etat dans les violences subies par un écolier de Beaulieu.

Sophie et Jean-Michel Barthez ont obtenu gain de cause (Midi Libre du 17 février). Depuis plus de trois ans, ils se battaient pour faire reconnaître le calvaire vécu par leur fils dans son école de Beaulieu dans l'Hérault. Le jugement du tribunal de grande instance a reconnu « les violences tant physiques que morales » dont était victime l'enfant et une « faute de surveillance et de précaution » de la directrice. Du coup, c'est l'Etat - à travers le préfet - qui est condamné.

L'inspection d'académie « ne commente pas » une décision de justice, mais précise que le dossier est à l'étude afin de déterminer si des éléments de
jurisprudence peuvent permettre de faire appel.

C'est bien là-dessus que compte le syndicat enseignant Unsa 34, dont le secrétaire départemental Jean-Luc Vaïsse s'inquiétait hier soir d'une éventuelle « jurisprudence qui rendrait très difficile le fonctionnement quotidien de l'institution scolaire ». Au sortir d'une rencontre avec l'équipe pédagogique de l'école de Beaulieu, M. Vaïsse juge que la directrice « a agi comme il le fallait (...) Le jeu incriminé a été repéré et il y a été mis fin. Il nous arrive à tous d'être confrontés à des jeux "limites". Si la responsabilisation devient démesurée, jusqu'où ira-t-on ? » La famille Barthez ne l'entend pas ainsi...

« Aujourd'hui notre fils revit (...) On peut dire qu'il est heureux. Nous avons retrouvé l'enfant que nous connaissions avant », déclare Jean-Michel Barthez qui n'a jamais baissé les bras.

Les faits remontent à l'année scolaire 2007-2008. Le garçon en classe de CM1 était victime de violences récurrentes de la part de certains de ses camarades, notamment dans le cadre d'un jeu (le « jeu de la barrière »), qui consiste à former une haie humaine entre deux arbres que la victime doit tenter de traverser sans se faire renverser ou plaquer au sol.

« C'est un "jeu" de virilité, au sens violent du terme. Car celui qui ne passe pas est mis au ban, on lui tape dessus », précise Me Christophe Grau, du barreau de Perpignan, l'avocat de la famille Barthez.

Pour le SNUipp, Patrick Toledano espère quant à lui « un recours en appel contre ce jugement qui met une pression terrible et injuste sur l'école ». Le responsable syndical affirme « le soutien du SNUipp et la solidarité avec la directrice et les enseignants », à l'issue d'un jugement « aberrant, qui cause un immense dommage, alors qu'aucune charge n'avait été retenue au pénal ».

Et de préciser que, « à l'époque des faits, l'inspectrice de circonscription a mené une enquête qui n'a débouché sur rien ». Tous attendent désormais la décision du préfet.


PHILIPPE MOURET

Très nombreux commentaires, à lire.

Le mien :
http://jacques.lavau.deonto-ethique.eu/Avoir_cinq_ans.html
CiterDonc à cette date, en octobre 1949, me voici dans une école « maternelle », rue Jean Bocq. Les locaux et la courette existent encore, mais c'est maintenant une annexe du Rectorat de Grenoble. « Maternelle » en ce sens qu'il y avait deux classes, les petits qui étaient en maternelle, et les grands, qui étaient en Cours Préparatoire : on y apprenait à lire et à écrire. Sans doute suis-je arrivé après la rentrée, ce qui n'arrangeait vraiment rien. Bizutage immédiat. Ce fut pour moi le début d'un long cauchemar. En classe ? Non. Dans la cour. Avec les jours froids, ma mère m'habilla d'un manteau de peaux de lapin blanc. Huées et poursuites à travers toute la cour de l'école : « Ho le mouton ! heu ! », etc. Et les adultes, ça sert à quoi dans tout ça ? Ça ne sert à rien, ça regarde ailleurs, et ça ne voit ni n'entend rien des mouvements de foule qui se déroulent sous leurs pieds. Et les parents ? Ça sert à quoi ? Ça n'est jamais présent quand on a besoin d'eux, et ça nie tout en bloc. Jacasse se distingua par sa finesse et son à-propos : « Tu n'as qu'à leur dire qu'on dit le mouton-hon ! ».
...
Je ne me souviens plus en détail, des autres bizutages et harcèlements subis à cinq ans et demi, six ans, dans cette funeste cour. En revanche, je me souviens bien avoir assisté aux conciliabules préparant toutes sortes de supplices, contre le bouc émissaire suivant. Par chance, les tourments envisagés étaient généralement irréalisables, et les enfants ont les idées assez courtes, pour ne jamais les mettre à exécution. La férocité de leurs projets avait cependant un caractère terrifiant. Me fera-t-on croire que je serais le seul témoin adulte à se souvenir de telles préparations de tourments ? C'est une question posée dans le silence et le non-dit de la littérature psy : la cruauté enfantine préméditée, y compris comme moyen de leadership enfantin.
...
J'apprendrai dans un hebdomadaire des années 1954-55 (l'Express, ou l'Observateur, et aucun autre) quelle est la formule que vendent les psys aux instituteurs et aux familles : ne surtout pas gêner les bagarres et les persécutions dans les cours des écoles, pour ne surtout pas traumatiser les tortionnaires. Quant aux souffre-douleurs, poursuit le psy, surtout ne rien faire pour les soulager ni les protéger, car, je cite « ce sont des masochistes qui cherchent inconsciemment les mauvais traitements » ! Encore une de ces étiquettes qui tuent. Voilà comment, au moins à l'école primaire, Hitler avait, de fait, gagné la guerre contre l'humanité. Or, jusqu'à plus ample informé, cet hebdomadaire où paraissait cette protection du sadisme infantile, était un organe intellectuel de gauche, ou à tout le moins engagé contre les guerres coloniales. Durant le printemps 1961, la professeure de philosophie que j'ai eu au lycée de Sceaux, était tout aussi éberluée à son tour, de lire le même baratin vendu par un psy aux parents et aux instituteurs, encore par voie de presse.

C'est donc ainsi, sous l'étiquette probable de « enfant masochiste, recherchant inconsciemment la torture », que j'ai franchi toutes les classes primaires dans la terreur. Ces étiquettes assassines, énoncées par des pleutres !

La cour de récréation la plus violente que j'aie connue, était sans doute à l'Ecole Lesdiguières, où je restai de la rentrée 1950, jusqu'à février 1951. Cette école primaire était en face du Lycée Champollion, juste la rue Lesdiguières à traverser.

D'abord, mes parents essayèrent de me faire rentrer en 9e (CE2) au Petit Lycée Champollion. A l'entrée, petit examen de niveau, par écrit. J'entends l'institutrice renoncer à faire distinguer à un autre élève son nom de famille de son prénom, sous la forme « Tu sais bien ! ton petit nom ! ». Mais moi, j'étais d'emblée formé au vocabulaire correct et définitif, sans passer par le cuculien. Mes déductions ? OK, mon prénom usuel est bien le plus court, mais voilà donc qu'au lieu du nom de famille, qui n'est pas le plus long, elle demande mon plus long prénom... Les grandes personnes sont si bizarres ! Et voilà comment deux jours plus tard, le proviseur demande au jeune Jacques Philippe de passer en 10e (CE1). Cette rétrogradation déplut à mes parents, qui me firent traverser la rue Lesdiguières.

Dans cette féroce cour de récréation de l'Ecole Lesdiguières, nous étions les plus petits - les minots -, en classe de première. On y numérotait les classes dans l'ordre direct, au rebours du restant de la France entière, qui compte à reculons. Les plus grands étaient en sixième. Ils avaient donc environ douze ans. Dans cette cour, impossible de se faire respecter sans des semelles dures, pour donner des coups de pieds qui fassent très mal. Dès que le froid le permit, je tannais père et mère d'être enfin chaussé à armes égales : les chaussures de ski de l'époque. Etre chaussé à armes égales me fut invariablement refusé, et mes chaussures molles me valurent bien des avanies. Il me fut invariablement refusé de pouvoir me défendre contre la violence, à armes égales, et je restai terrorisé du début à la fin. Je ne fus non plus jamais accompagné à l'école, ni cherché à la sortie. Débrouille toi tout seul ! D'ailleurs papa fut bientôt absent : il donnait des cours au Caire, où nous le rejoignimes en février 1951. Les adultes, c'est tout juste capable de se cacher sous la table en bêlant « Pas de violences ! On ne répond pas à la violence ! Répondre n'est pas une solution ! » sans lever le petit doigt pour interrompre les violences sur enfant.

Clairement, c'est de cette époque des classes primaires, que date mon désespoir de vie constitutif : on ne peut compter sur personne, sur aucun adulte. Il n'y a rien à attendre de la vie. Les séniors de ma famille d'origine sont demeurés en dessous de tout.
...
Exception à la terreur : au Caire, en 1951, je n'ai pas eu à me plaindre des autres enfants, tout au plus de la bêtise obtuse d'une part de l'encadrement adulte. Faut-il vous présenter notre institutrice de langue française ? Un jour qu'elle était particulièrement débordée par sa nervosité et son inefficacité, mon voisin en a eu marre de ne rien faire, et de ne pas lire le livre qu'il avait à coeur. Le voilà qui prend sa bonne grosse voix ample de bon élève sans malice, et qui commence à lire à haute voix le début de la version française de Sinbad le marin : «  A la mort de mes parents... ». Il n'a pu en lire plus, l'institutrice explose de rage, lui impose silence, et répète comme un outrage personnel « A la mort de mes parents ! », à voix de tête. Le professeur d'arabe avait les pieds sur terre, mais il ne me consacra que fort peu de temps, et je ne progressai guère.
...
Retour aux moeurs des classes primaires. Quelque temps, le catéchisme de combat dispensé par l'aumônier Jacques de Vallée fédéra efficacement ces petits bourgeois terroristes. Ils concentrèrent leurs persécutions sur les juifs, les fils de communistes, et dans une moindre mesure, les protestants, aux cris de « A mort les païens ! ». Deux ans plus tard, Michel W. me confia être juif et non protestant, comme il le leur avait fait croire, parce que les persécutions étaient incomparablement moins féroces contre les protestants que contre les juifs. Je ne parle pas d'écoles mythiques, mais bel et bien du « Petit-Lycée » inclus dans le Lycée Champollion, à Grenoble, années 1952 à 1954. Lycée en principe laïc, mais soumis de fait aux pressions des plus puissants de la bourgeoisie grenobloise. Une bourgeoisie qui visiblement, se consolait mal que Vichy ait fini par perdre la guerre, et qui cherchait continuellement à reprendre et gagner sa guerre civile - guerre froide aidant -, là où la Libération l'avait interrompue.

Mon stratagème pour détourner ce thème de persécutions fut improvisé et enfantin, mais efficace : j'allai deux ou trois fois à ce catéchisme, m'en retirai effrayé par la violence verbale de cet abbé de Vallée, et j'en fut quitte ! J'avais, à leurs yeux, donné des gages de catholicisme, et ces cathos m'oublièrent, et ils concentrèrent leurs horreurs sur les autres païens.

De ma vie, je n'ai jamais oublié leur « A mort les païens ! ». Depuis cette époque, dès que je vois les gens se protéger les uns les autres contre toute réflexion, par une unanimité - fut-ce pour des frivolités comme du foot ou du cyclisme -, je prends mes distances. C'est là un fait de base que Gazonbleu n'a jamais pu comprendre, elle qui justement cherche toujours à se camoufler dans des unanimités sélectionnées sur mesure, afin que nul ne remarque à quel point elle est organisée pour la dissimulation.

Depuis ce long traumatisme, je n'ai plus accepté d'idées reçues, sans les soumettre à un criblage de questions et de tests, auquel bien peu d'idées (reçues ou élaborées) peuvent résister. La chronologie exacte est moins simple : le traumatisme est bien la cause définitive, mais les compétences techniques indispensables à ces criblages de tests et de questions, ne me sont venues qu'au long des dix à vingt années suivantes. Par exemple, je reviendrai pendant vingt-deux mois au catholicisme, pour faire comme tout le monde, et surtout pour trouver des compagnons de jeux à ma solitude : les louveteaux. Et je m'en débarrasserai à douze ans. Plus tard, le tabac aussi, je l'ai essayé pendant dix-huit mois, pour faire comme tout le monde, avant de m'en débarrasser aussi avec soulagement : vraiment trop dégueulasse !