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Affaire "Karachi", rétrocommissions, valises de billets...

Démarré par JacquesL, 27 Septembre 2011, 02:48:06 AM

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JacquesL

Affaire "Karachi", rétrocommissions, valises de billets...

Karachi: la femme de Thierry Gaubert confirme les voyages et les sacoches d'argent :
http://www.liberation.fr/societe/01012361773-karachi-la-femme-de-thierry-gaubert-confirme-les-voyages-et-les-sacoches-d-argent

Campagne Balladur : Hortefeux mis en cause

L'ex ministre de l'Intérieur aurait prévenu Thierry Gaubert, suspecté d'avoir participé au financement occulte de la campagne de Balladur, que sa femme «balançait beaucoup».
http://www.liberation.fr/politiques/01012361563-karachi-hortefeux-mis-en-cause

Défilé de proches de Sarko Ier au pôle financier
http://www.bakchich.info/Thierry-Gaubert-defere-dans-l,13043.html

Affaire Karachi : "Elle balance beaucoup apparemment Hélène"
http://www.lemonde.fr/tele-zapping/video/2011/09/23/affaire-karachi-elle-balance-beaucoup-apparemment-helene_1577102_811987.html

"Mon mari allait chercher des espèces en Suisse pour les remettre à Nicolas Bazire"
http://www.lemonde.fr/politique/article/2011/09/24/mon-mari-allait-chercher-des-especes-en-suisse-pour-les-remettre-a-nicolas-bazire_1577141_823448.html#ens_id=1561228
http://www.lemonde.fr/imprimer/article/2011/09/24/1577141.html
Citer"Mon mari allait chercher des espèces en Suisse pour les remettre à Nicolas Bazire"
LEMONDE.FR | 24.09.11 | 07h22  •  Mis à jour le 24.09.11 | 15h18

Dans un entretien accordé au Monde, Hélène de Yougoslavie, la femme de l'ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, Thierry Gaubert, assure que son mari s'est rendu à de nombreuses reprises au début des années 1990 chercher de l'argent à Genève pour le remettre ensuite à Nicolas Bazire, alors directeur du cabinet et de la campagne présidentielle du premier ministre Edouard Balladur.

Quand avez-vous rencontré votre mari Thierry Gaubert ?

Nous nous sommes rencontrés en 1987, à Neuilly-sur-Seine, où nous habitions tous les deux. Et nous nous sommes mariés dès 1988. Nous sommes séparés depuis cinq ans.

Avant 1987, vous connaissiez déjà Nicolas Sarkozy ?

Non, je l'ai rencontré par l'intermédiaire de mon mari. Il me l'a présenté tout de suite, et c'est lui qui nous a mariés.

Que faisait votre mari lorsque vous l'avez rencontré ?

Il était chargé de mission à la communication à la mairie de Neuilly, et travaillait par ailleurs dans l'immobilier.

A l'époque, M. Sarkozy était un intime ?

Il était très proche, oui, il nous invitait souvent à dîner, le week-end... Il appelait mon mari tout le temps. Thierry lui était devenu indispensable.

Après son arrivée au ministère du budget, en 1993, M. Sarkozy appelle votre mari à ses côtés en tant que chef de cabinet adjoint. Quel souvenir gardez-vous de cette période ?

Celle d'une vie beaucoup plus intense, avec ses allers-retours incessants à Bercy. Moi-même je me rendais de temps en temps au ministère, notamment pour des dîners.

C'est donc à partir de cette période [la campagne présidentielle de 1995] que votre mari aurait effectué des voyages en Suisse pour y chercher des espèces ?

Oui. Il me disait régulièrement : " Je vais en Suisse chercher de l'argent ". Il passait systématiquement, à l'aller comme au retour, par Londres, afin me disait-il d'éviter des contrôles douaniers à la frontière franco-suisse.

Quand ont commencé ces voyages et quelle était leur fréquence ?

Il m'est difficile de les dater très précisément. Je suis certaine que cela a commencé au début des années 1990. Et il se rendait en Suisse environ une fois tous les deux mois.

Mais comment justifiait-il ces déplacements ?

Il ne me disait pas pourquoi, ne me parlait pas des montants ni ne me montrait les billets. Généralement, il les ramenait dans des petites sacoches.

A quel moment vous a-t-il parlé du ou des destinataires de cet argent ?

Il m'a dit un jour qu'il allait chercher ces espèces en Suisse pour les remettre à Nicolas Bazire.

Vous n'avez pas fait le lien avec la campagne de M. Balladur dont M. Bazire était le directeur ?

Non, pas du tout. Bien sûr, je trouvais ça un peu bizarre, mais il me répondait : "C'est comme ça. " Il m'a dit qu'il m'expliquerait plus tard.

Votre mari a-t-il cité d'autres noms de bénéficiaires des fonds ?

Non, seulement celui de Nicolas Bazire.

Il semble que votre mari ait été retirer l'argent, à Genève, en compagnie de Ziad Takieddine.

C'est exact. Parfois Thierry allait chercher l'argent seul, d'autres fois accompagné de M. Takieddine.

Pourquoi, après tout ce temps, avez-vous parlé à la police, le 8 septembre ?

Tout simplement parce que j'ai été convoquée ! Je me suis contentée de répondre aux questions des policiers. Ils m'ont montré des pièces me prouvant qu'ils savaient déjà beaucoup de choses. J'ai découvert à cette occasion des documents signés de ma main, je ne pouvais imaginer qu'ils étaient compromettants pour moi. Il s'est servi de moi pour ouvrir des comptes à l'étranger. J'ai pris conscience que mon mari m'avait trahie. C'est seulement lors de cette audition que j'ai découvert le lien avec le financement de Balladur, j'ai vraiment été écoeurée.

Avez-vous subi des pressions ?

Oui, beaucoup de pressions, et des menaces, émanant de mon mari. Cela a commencé après que sa maison a été perquisitionnée, au mois de juillet. Il s'attendait à ce que je sois convoquée par la police. Alors il m'a dit : "Si tu parles, tu ne verras plus les enfants. Si je coule, tu coules avec moi, car nous ne sommes pas divorcés. " Il ne fallait absolument pas que je parle des comptes à l'étranger et des remises d'argent.

Que s'est-il passé après votre audition ?

Déjà, durant l'audition, il m'inondait de textos ! Et puis, le 14 septembre, il m'appelle et me dit : "J'ai quelque chose à te donner, descends, je suis garé dans la rue. " Une fois dans la voiture, il m'a incendiée, il était furieux. "Qu'est-ce que tu as été raconter aux flics, il paraît que tu m'as balancé ? Tu es complètement folle, tu vas partir à l'asile. " J'ai compris qu'il avait eu des informations très précises sur ma déposition.
Propos recueillis par Raphaëlle Bacqué, Gérard Davet et Fabrice Lhomme

A suivre...

JacquesL

Pourquoi le petit roi voulait éradiquer les juges d'instruction : trop indépendants...

http://www.lemonde.fr/imprimer/article/2011/09/23/1576938.html

Citer    Affaire Karachi : "Si Sarko passe pas, ils sont tous morts"

    LEMONDE.FR | 23.09.11 | 14h45   •  Mis à jour le 23.09.11 | 17h12

    http://www.lemonde.fr/imprimer/article/2011/09/23/1576938.html


    En plaçant sur écoute un portable de Thierry Gaubert, la police capte, le 19 juillet, une conversation entre sa fille, Nastasia, et un ami, David C., portant sur les révélations que la femme de M. Gaubert pourrait faire à la police.

    - Nastasia : "En fait, ils ont trouvé un compte aux Bahamas, et euh... mon père l'avait mis au nom de ma mère."

    - David : "Oui, oui."

    - N. : "Donc voilà. Il a dit à ma mère : si tu craques euh..., toute la famille saute, on saute tous (...) Il lui a dit euh... vraiment, on est dans la merde."

    - D. : "Putain."

    - N. : "Ouais. Et euh... personne pour l'aider parce que euh... Copé est trop dans la merde. Hortefeux est trop dans la merde. Et si euh... Sarko ne... ne passe pas au deuxième tour, euh... lui aussi est (inaudible) dans la merde et personne ne l'aide. Il a dit... Mon père, il a dit à ma mère : personne m'aidera. Parce que tout le monde est dans la merde (...). Sarko, il veut même pas l'aider. Enfin là, ça va encore, mais si... si Sarko il passe pas en 2012 euh..., vraiment, ils sont tous dans la merde."

    - D. : "Ah là je crois que si Sarko il passe pas, ils sont morts."

    - N. : "Ah ouais. Tous."
    Gérard Davet et Fabrice Lhomme
Voilà, nous savons désormais pourquoi ils sont si anxieux de garder le pouvoir politique : pour être sûrs d'éteindre les affaires judiciaires les concernant.

Et nous savons donc aussi pourquoi le petit roi était si impatient de supprimer les juges d'instruction, afin que seul le Parquet entièrement à ses ordres soit seul maître de ce qui va ou pas en justice.

Ou en injustice, cela deviendrait presque synonyme.

"Lettre ouverte à ceux qui feignent de croire en l'indépendance du Parquet"

Karachi: controverse sur le secret de l'instruction
http://www.liberation.fr/politiques/01012361586-karachi-controverse-sur-le-secret-de-l-instruction
CiterKarachi: controverse sur le secret de l'instruction

Entre Hortefeux qui a prévenu Gaubert et l'Elysée qui déclare que Nicolas Sarkozy n'apparaît jamais dans la dossier, le secret de l'instruction ne semble plus très bien gardé.

L'enquête sur le financement de la campagne présidentielle d'Edouard Balladur en 1995 suscite une controverse sur le secret de l'instruction, avocats et magistrats accusant l'Elysée et ses proches d'avoir eu accès au dossier.

"Le nom du chef de l'Etat n'apparaît dans aucun des éléments du dossier. Il n'a été cité par aucun témoin ou acteur de ce dossier", a déclaré jeudi l'Elysée dans un communiqué, après la mise en examen, dans l'enquête sur le volet financier du dossier Karachi, de deux proches de Nicolas Sarkozy: Nicolas Bazire, ex-directeur de cabinet et ex-directeur de campagne d'Edouard Balladur en 1995, et Thierry Gaubert, ex-conseiller du président.

Le juge Renaud van Ruymbeke enquête sur l'éventualité d'un financement illégal de la campagne présidentielle d'Edouard Balladur, via des commissions liées à des contrats d'armement.
Hortefeux bavard au téléphone

Vendredi, transcription d'écoutes téléphoniques à l'appui, le Monde.fr a fait état d'une conversation téléphonique entre l'ex-ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux et Thierry Gaubert, le 14 septembre, peu de temps avant le placement en garde à vue de ce dernier. Un coup de fil pour le prévenir que sa femme, Hélène de Yougoslavie, interrogée quatre jours auparavant par le juge van Ruymbeke "balançait beaucoup".

La veille, Me Olivier Morice, l'avocat des familles de victimes de l'attentat de Karachi qui a fait quinze morts dont onze Français en 2002, a directement accusé Brice Hortefeux d'avoir "été en contact" avec Thierry Gaubert lors de sa garde à vue qualifiant cette situation d'"absolument inadmissible et scandaleuse".

Interrogé vendredi par l'AFP, Brice Hortefeux a reconnu avoir eu à deux reprises son ami Thierry Gaubert au téléphone, dont une fois lors de sa garde à vue. Il a en revanche démenti avoir eu accès au dossier, expliquant avoir eu connaissance des propos d'Hélène Gaubert par la presse.

"Je ne sais pas pourquoi il avait son téléphone avec lui en garde à vue, mais il se trouve qu'il a répondu. C'est la preuve que je n'ai jamais eu accès à aucun élément du dossier", a affirmé l'ancien ministre de l'Intérieur.

En général, les personnes placées en garde à vue se voient retirer leurs effets personnels, dont les téléphones portables.

"Je n'ai jamais eu accès au moindre élément sur cette enquête. Si j'avais eu accès au procès-verbal" d'Hélène de Yougoslavie, "j'aurais donné des éléments précis dans la conversation" avec Thierry Gaubert, le 14 septembre, a ajouté Brice Hortefeux, assurant que Le Nouvel Observateur avait déjà affirmé, avant cet appel téléphonique, qu'Hélène Gaubert avait raconté beaucoup de choses aux enquêteurs.

Interrogé par l'AFP, Michel Labro, directeur de la rédaction du Nouvel Observateur, a affirmé que l'hebdomadaire n'avait pas encore fait état du témoignage d'Hélène de Yougoslavie à cette date: "Ce nom, on ne le voit pas apparaître chez nous, à la relecture, avant le 20 septembre, dans le papier de Serge Raffy", publié dans le numéro daté du 22 septembre.
Atteinte au secret de l'instruction

Jeudi, les deux principaux syndicats de magistrats avaient déjà dénoncé une atteinte au secret de l'instruction. Le président de l'Union syndicale des magistrats (USM, majoritaire), Christophe Régnard, a jugé "assez incroyable que l'Elysée reconnaisse aussi benoîtement qu'il a eu accès à des pièces".

"Il y a manifestement des incursions scandaleuses de l'exécutif, en particulier de l'Elysée, dans le cours de la justice", s'est indigné Matthieu Bonduelle, secrétaire général du Syndicat de la magistrature (gauche).

Toute personne associée à une instruction est soumise au secret professionnel, le parquet pouvant toutefois décider que certains éléments de la procédure soient rendus publics, par un communiqué ou une conférence de presse.

"Un tel dérapage est proprement irréaliste", a estimé le député Nicolas Dupont-Aignan (Debout la République), en sommant l'Elysée de s'expliquer.

"Comment la présidence a-t-elle pu obtenir des informations sur un dossier en cours d'instruction? Est-ce le parquet qui a fait remonter des informations? Le Garde des sceaux doit répondre à ces questions", s'est interrogé l'avocat et député PS André Vallini.

(Source AFP)

Le banquier suisse que Sarkozy voudrait oublier
http://www.liberation.fr/societe/010199371-le-banquier-suisse-que-sarkozy-voudrait-oublier

CiterLe banquier suisse que Sarkozy voudrait oublier

A Lausanne, la justice vient de réexaminer l'affaire d'abus de confiance impliquant Jacques Heyer. Ses liens passés avec le candidat UMP intriguent
Par LASKE Karl



«Je vous préviens : mes téléphones sont sur écoute. J'ai demandé que mes communications soient enregistrées, hurle le banquier suisse. Je n'ai aucune information à fournir à une presse qui veut foutre le bordel à l'occasion des présidentielles.» Installé à Saint-Tropez, Jacques Heyer voudrait rester invisible. La cour correctionnelle genevoise l'a condamné, en 2005, à deux ans de prison ferme pour «abus de confiance», peine confirmée en appel à l'automne 2006. Dans un arrêt dévoilé mercredi, le tribunal fédéral vient de lui reconnaître des «circonstances atténuantes» ­ liées au temps écoulé depuis les infractions ­, qui pourraient lui épargner un retour en prison. S'il croit pouvoir influer sur la campagne présidentielle, c'est que le Matin dimanche de Lausanne l'a présenté comme «l'ami banquier de Nicolas Sarkozy». Avant ses ennuis judiciaires, Jacques Heyer avait servi Johnny Hallyday, Jean-Paul Belmondo, l'ancien skieur Jean-Claude Killy, la chanteuse Petula Clark. Mais surtout l'ex-champion de tennis Henri Leconte, dont Sarkozy était l'un des conseillers et l'avocat. Tout avait commencé comme ça. Sarkozy avait été «vu» chez Heyer. Heyer, «vu» à la mairie de Neuilly ; mais aussi au moins une fois à Bercy, lorsque Sarkozy était au Budget.

Cavale. A l'incarcération du banquier en 1997, l'affaire Heyer est circonscrite. Craignant le fisc, les plaignants ne se bousculent pas. Parmi eux, il y a un certain Didier Schuller, l'ancien directeur des HLM des Hauts-de-Seine, qui ne révélera avoir été floué qu'à l'issue de sa cavale, en 2002. Le nom de Sarkozy reste caché.

«ça, c'est des trucs, personne n'en parle !» a expliqué l'ancien journaliste Marc Francelet (1). «Pour ce qui me concerne, j'ai l'entourage de Sarko qui me téléphone immédiatement. Mon plus vieil ami, c'est Patrick Balkany, et c'est vrai que je le fous dans la merde avec cette histoire. Lui, c'est Sarko qui l'appelle.» Passant pour l'ami, le conseiller, voire le rabatteur du banquier, Marc Francelet a été un temps mis en cause pour «complicité» dans l'affaire Heyer. Au juge suisse Marc Tappolet, qui l'interroge en 2003, il révèle que la clientèle d'Heyer comptait «des sportifs» et au moins un «ministre». Etait-ce Sarkozy ? Francelet dit qu'il ne sait pas. «J'ai accompagné Heyer à la mairie de Neuilly, je le confirme. C'est la vérité. Il se vantait d'être l'ami de Sarko. Mais je ne l'ai pas vu avec Sarko. Je l'ai accompagné devant la mairie. Heyer est monté, il est redescendu, je l'ai attendu. Point barre.» Déjà poursuivi dans l'affaire «pétrole contre nourriture», Francelet a été mis en examen par le juge Philippe Courroye pour «corruption d'agent privé» et écroué, le 29 mars. Soupçonné d'avoir monnayé une interview du marchand d'armes Iskandar Safa dans Le Point, il n'a pas été encore interrogé sur ses rapports avec Heyer, ni sur ceux d'Heyer avec Sarkozy.

Selon un autre témoin, Bernard Glasson, l'un des chargés de clientèle d'Heyer, Sarkozy était comme un poisson dans l'eau à Genève. «Il était vraiment gentil. C'est lui qui m'a tutoyé en premier, se souvient Glasson. A l'époque, ça m'avait paru normal. Je suis plus vieux que lui, mais je l'ai tutoyé aussi.» Selon le banquier, Sarkozy avait accompagné Leconte le jour de l'ouverture du compte du tennisman, en 1986. Contrairement aux autres candidats à la présidentielle, Sarkozy peut donc non seulement comprendre «l'exil fiscal» de Johnny, mais aussi savoir très concrètement ce qu'il signifie : il a organisé celui de Leconte, peu avant l'installation de ce dernier à Genève. «Dans le bureau, Leconte a téléphoné à son précédent banquier, Eric S., pour annuler son mandat, devant sa femme, Nicolas Sarkozy et Jacques Heyer», déclare Bernard Glasson.

En 1988, le maire de Neuilly est présenté en Suisse comme «l'un des hommes d'affaires» du joueur de tennis, qu'il a d'ailleurs marié. «A chaque fois qu'on me parle de la Suisse, on fait toujours allusion aux impôts, se justifie alors Leconte. Mais moi, ma carrière va être très courte. Alors je dois accumuler le maximum d'argent.» Heyer est la mauvaise adresse. «Un sale jour, j'ai reçu un coup de fil d'un avocat. Il a été clair : "Henri, tu n'as plus rien !" relate l'ex-champion dans un livre (2). Non seulement, l'ami arnaqueur était parti avec des millions, mais [...] il m'escroquait tranquillement, façon petite fourmi, depuis des années.» Leconte ne porte pas plainte. Hallyday a plus de chance. «Heyer, ce n'est un secret pour personne, était l'homme d'affaires d'Hallyday, dit Marc Francelet. Mais il ne lui a pas fait perdre un centime. Hallyday a sorti son argent avant.»

Fausses études. Ayant entendu parler d'un «ministre» client, le juge Renaud Van Ruymbeke convoque Heyer, fin 2005. Mais le banquier assure n'avoir géré les biens «d'aucun homme politique, français, suisse ou d'ailleurs». En réalité, Didier Schuller, conseiller général des Hauts-de-Seine, y avait bien transféré un million d'euros avant sa cavale. Des échanges de fonds avec l'élu ont lieu à l'hôtel Intercontinental. Vraiment serviable, Heyer fait dactylographier de fausses études pour les HLM du 92. Avant sa fuite aux Bahamas, les bagages de Schuller sont même livrés au domicile du banquier. Le fuyard perd 500 000 dollars. Mais rien à voir avec les HLM : «Mon grand-père avait ouvert un compte familial en 1913 à Zurich, s'indigne Schuller. Heyer a piqué les thunes que Hitler n'avait pas réussi à nous prendre.»Il assure qu'il ignorait que Sarkozy ­ élu des Hauts-de-Seine comme lui ­ connaissait son banquier. Bernard Glasson se dit persuadé que «Nicolas Sarkozy n'avait pas de compte à titre personnel», mais il se souvient de la présence d'un autre élu du 92 dans les bureaux d'Heyer. «J'ai su que Patrick Balkany était venu chez Jacques lui aussi, le samedi, plus discrètement. La secrétaire était venue tout spécialement», confie-t-il (3).

Polichinelle. Heyer en faillite, les langues se délient. L'avocat de Belmondo, Me Michel Godest, s'aperçoit que le juge Tappolet s'amuse «du comédien célèbre» embringué dans l'affaire. «Il parlait aussi d'un homme politique, un "petit bonhomme", s'amuse Me Godest. C'était devenu un secret de polichinelle !» Le nom de Sarkozy circule. «M. Sarkozy a formulé certaines doléances de Leconte auprès de Heyer, lorsque Leconte affirmait avoir tout perdu», confirme Me Michel Valticos, l'avocat du banquier. Les affaires du champion ne peuvent justifier à elles seules les liens de Sarkozy avec Heyer, les visites à la mairie de Neuilly. Le banquier suisse s'est aussi rendu à Bercy, lors de la seconde cohabitation, pour y rencontrer le ministre. «Il était allé le voir au ministère», assure Glasson. Heyer avait été fier de s'y rendre en bateau, par la Seine, et d'y pénétrer par l'entrée ministérielle. Questionné par Libération, il n'a pas démenti ces rendez-vous. Sarkozy non plus, qui a fait savoir par la voix de Claude Guéant, son directeur de cabinet, qu'il n'avait «plus de contact avec M. Heyer depuis des années». Le candidat entretient le mystère en refusant de répondre.

Décidément multicartes, Heyer avait aussi accueilli l'une des sociétés offshore du cheikh saoudien Ali ben Mussalam, lors des pourparlers de vente par la France des frégates dites «Sawari 2» à l'Arabie Saoudite, en 1994. Ce marché avait été assorti de commissions exorbitantes, validées par le ministre du Budget d'alors, Nicolas Sarkozy.

(1) Réponses recueillies avant son incarcération, le 29 mars. (2) Je voulais vous dire, Plon. (3) M. Balkany a nié l'épisode, hier, via son avocat, évoquant des «allégations sans fondement».

13 avril 2007


Quand Sarkozy l'avocat ne méprisait pas les paradis fiscaux
http://www.rue89.com/2009/04/02/quand-sarkozy-lavocat-ne-meprisait-pas-les-paradis-fiscaux
CiterQuand Sarkozy l'avocat ne méprisait pas les paradis fiscaux
Par David Servenay | Ex-Rue89 | 02/04/2009 | 01H46

Lorsqu'il exerçait comme avocat, Nicolas Sarkozy accompagnait ses clients fortunés pour gérer leurs affaires en Suisse.

Il y a à peine dix ans, un avocat français accompagnait parfois ses fortunés clients en Suisse, au bord du lac Léman. Nicolas Sarkozy traversait son désert politique, il avait alors repris sa robe d'avocat. Une autre vie, où le président français trouvait bien des avantages au paradis fiscal helvétique. Certains banquiers de Genève n'ont pas oublié.

La carrière d'avocat de Nicolas Sarkozy reste méconnue. Elle mérite pourtant quelques détours, pour comprendre les idées du politique. Après une année à Sciences Po et un DEA à Nanterre, l'étudiant entre au cabinet du bâtonnier Guy Danet, comme stagiaire, puis collaborateur après sa prestation de serment en 1981.
Un jeune avocat au « plan de carrière » bien défini

Jacques Copper-Royer, associé de Danet, se souvent parfaitement de ce garçon très intelligent, volontaire, « bon juriste » et surtout, très ambitieux :

    « La volonté de Nicolas Sarkozy était, dès le départ, de faire une carrière politique. Je dirais même qu'il avait une ambition : devenir président de la République. Il avait donc un "plan de carrière". Etre avocat, cela lui permettait d'avoir des relations dans le milieu des affaires. »

Pendant six ans, rue Georges-Berger, près du parc Monceau, maître Sarkozy apprend son métier avec talent. A l'école de Guy Danet, l'un des grands bâtonniers de l'époque, qui est, entre autres, l'avocat de Paris Match et a des correspondants en Suisse. Droit des affaires, contrats avec les grands groupes : l'avocat Sarkozy n'est pas un « civiliste » ordinaire, mais un avocat d'affaires. Il cultive son réseau, aidé par son élection à la mairie de Neuilly-sur-Seine en 1983, où il commence à côtoyer le gotha du show-business.

Il bâtit alors une vraie clientèle, composée aussi de people comme on ne les appelle pas encore ainsi. Jacques Copper-Royer :

    « Ce sont des contrats de sponsoring, pour défendre de grands chanteurs, de grands sportifs. Ce sont aussi les négociations pour de grandes sociétés. Très vite, Nicolas a ses entrées dans ce monde. Cela correspond à l'évolution du métier où, de plus en plus, on discute avant de plaider. L'avocat devient un intermédiaire, pour éviter le contentieux. »

En 1987, profitant du déménagement du cabinet Danet, Nicolas Sarkozy créé son propre cabinet avec deux associés : Michel Leibovici et Arnaud Claude. Ce dernier s'est spécialisé dans le droit immobilier. Il a notamment récupéré dans sa clientèle la ville de Levallois-Perret, dont il règle tous les contentieux d'expropriation.
Les tribulations de l'ami Henri Leconte à Genève

Elu député en 1988, Nicolas Sarkozy continue sa carrière d'avocat. En accompagnant parfois ses riches clients vers des cieux fiscalement plus cléments. C'est le cas d'Henri Leconte. Le joueur de tennis fait partie des amis du jeune loup du RPR. Comme la plupart des sportifs professionnels, il décide de s'exiler en Suisse.

A Genève, Leconte va jouer de malchance. Nicolas Sarkozy l'introduit chez Jacques Heyer, gestionnaire de fortune qui va escroquer quelques-uns des deux cents « happy few » lui ayant confié leurs économies. Si les pertes sont difficiles à évaluer, l'un de ses proches évoque le chiffre de 23 millions de dollars évanouis dans des placements bidons aux Etats-Unis. Le site Bakchich a raconté le mécanisme de la carambouille.

Sur les bords du lac Léman, un proche du banquier Heyer se souvient de cet « homme sympathique » :

    « Il venait régulièrement, c'étaient des visites professionnelles en tant qu'avocat. C'était surtout un ami d'Henri Leconte. Il l'accompagnait lors de ses visites chez Jacques Heyer. »

En 1997, le scandale éclate : Heyer Management SA est liquidée. Son gérant inculpé de « gestion déloyale aggravée ». L'indélicat a grugé de nombreux clients, dont une brochette de VIP. Certains s'en tirent bien : Johnny Halyday ou Jean-Claude Killy. D'autres perdent beaucoup, beaucoup d'argent. Comme le racontait Libération pendant la campagne présidentielle de 2007, Leconte est sorti lessivé de l'histoire. Il l'a d'ailleurs évoqué dans un livre :

    « Un sale jour, j'ai reçu un coup de fil d'un avocat. Il a été clair : "Henri, tu n'as plus rien ! " Non seulement, l'ami arnaqueur était parti avec des millions, mais [...] il m'escroquait tranquillement, façon petite fourmi, depuis des années. »

Ruiné, Henri Leconte aura même droit à un appartement dans les HLM de Levallois-Perret, grâce aux bons soins du maire RPR Patrick Balkany, qui a aussi fréquenté les bureaux de Jacques Heyer à Genève. Condamné à deux ans de prison ferme en première instance, la peine de Jacques Heyer a été réduite à deux ans avec sursis par le tribunal fédéral suisse. Depuis, l'homme vit sous le soleil de Saint-Tropez où il joue au golf.
A Genève, l'actuel discours anti-Suisse de Sarkozy énerve

Dans les cabinets d'avocats de Genève ou au palais de justice, le discours de Nicolas Sarkozy sur les paradis fiscaux est jugé au mieux moralisateur, au pire franchement hypocrite. Le 25 mars à l'Elysée, devant des députés UMP, le président tempête :

    « Je veux une liste des paradis fiscaux et je veux les sanctionner ! »

Puis, il menace :

    « Je veux que les banques ne travaillent plus avec les îles Caïman, Hongkong et Macao. Je démissionnerai de mon poste de co-prince d'Andorre (si les choses n'avancent pas). Monaco doit aussi s'aligner : j'en parlerai au prince Albert. Même la Suisse a cédé. »

A Genève, on s'amuse de ces foucades. Comme de nombreux avocats d'affaires, Nicolas Sarkozy n'a jamais hésité à user au mieux des failles du système financier. L'affaire Heyer en offre un bon exemple. Derrière la Banque financière de la Cité, sur laquelle s'appuyait le gestionnaire de fortune, il y avait la BFC... Caïman, discrète succursale gérée par de non moins discrets administrateurs helvètes. Comme l'indique un enquêteur ayant travaillé sur le dossier :

    « Les recherches ont buté sur la coopération avec les îles Caïman. Les banquiers suisses disaient : "ça, on ne peut pas vous en parler car ça concerne les îles Caïman." »

Les enquêteurs suisses n'arriveront jamais à identifier les flux et tous les ayant-droits des comptes gérés par Jacques Heyer. Refus des îles Caïman. Et si la rumeur a souvent couru les bords du lac, personne n'a jamais prouvé que Nicolas Sarkozy avait aussi un compte en Suisse chez Jacques Heyer. Comme ses amis des Hauts-de-Seine, des « proches de Charles Pasqua », rappelle-t-on là-bas...

02/04/2009
Presque pas mafieux, tout cela ...