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Résurrection de la loi anticasseurs, de Peyrefitte :

Démarré par JacquesL, 29 Mars 2010, 10:41:42 PM

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JacquesL

http://www.lemonde.fr/societe/article/2010/03/28/110-arrestation-lors-d-une-manifestation-anticarcerale_1325507_3224.html

CiterCent dix personnes interpellés pour un tir de fusée dans une manifestation
LEMONDE.FR | 28.03.10 | 20h46  •  Mis à jour le 29.03.10 | 21h47

Cent dix personnes ont été interpellées lors d'un rassemblement anticarcéral relativement confidentiel aux abords de la prison de la Santé, dimanche 28 mars à Paris, après que l'un des participants a procédé à un tir de fusée de détresse. Le rassemblement, qui avait été autorisé par la préfecture, devait partir vers 15 heures de la place Denfert-Rochereau et arriver aux abords de la prison, pour un mini-concert du rappeur La K-Bine, selon le tract des organisateurs.

Organisée par des collectifs anticarcéraux, cette "marche contre l'enfermement et en solidarité avec les personnes incarcérées à la prison de la Santé" aurait réuni environ deux cents personnes. C'est donc plus de la moitié du cortège qui a été arrêtée – avec cinquante-sept gardes à vue –, dans le cadre de la loi du 2 mars 2010, dite loi sur les bandes. Selon l'article 222-14 du code pénal modifié, "le fait pour une personne de participer sciemment à un groupement, même formé de façon temporaire, en vue de la préparation, caractérisée par un ou plusieurs faits matériels, de violences volontaires contre les personnes ou de destructions ou dégradations de biens est puni d'un an d'emprisonnement et de 15 000 d'euros d'amende."

"RATISSER LARGE"

C'est la première fois que la loi sur les bandes est appliquée dans le cadre d'une manifestation. A l'origine, ce texte avait été présenté comme un outil pour "l'éradication des bandes de racailles, qui prennent toujours pour cible les plus fragiles de nos concitoyens dans les quartiers les plus populaires", selon les mots du porte-parole de l'UMP, Frédéric Lefebvre. Mais de nombreux juristes y voyaient un retour de la loi "anti-casseurs", abrogée en 1981 par le PS.

Pour Christophe Régnard, président de l'Union syndicale des magistrats (USM), les arrestations de dimanche illustrent le fait que "cette loi permet de ratisser large dans les manifestants en leur imputant un phénomène de bande". Il estime qu'il est encore trop tôt pour évaluer l'effectivité du texte et ses dangers : "Il va falloir attendre quel sort les magistrats donneront à toutes ces gardes à vue. Mais même s'il s'avère que la majorité des manifestants ne sont pas poursuivis, ça fera beaucoup de gardes à vue. On pourra alors se poser la question de la pertinence de cette loi et de ses conséquences sur les libertés individuelles". Ironie de l'histoire, les manifestants défilaient, entre autres choses, contre les gardes à vue abusives.

Interrogée par Le Monde.fr, la préfecture détaille les faits qui sont reprochés aux manifestants : "Une fusée de détresse marine a été tirée par un manifestant vers la vitre d'un appartement, et d'autres avaient enfilé des cagoules". Les cinquante-sept manifestants placés en garde à vue et ont passé la nuit dans trois commissariats de la capitale. Selon le parquet, dix d'entre eux étaient toujours retenus au poste mardi.

"AUCUNE VIOLENCE SIGNIFICATIVE"

Sur le site alternatif Indymédia, un participant raconte le déroulement de la manifestation, convaincu que les arrestations étaient "planifiées" au vu de l'importance du dispositif policier déployé. "La musique est à fond, quelques slogans sont lancés, mais finalement, vu de l'extérieur, ça semble franchement dérisoire, même pas sûr que les prisonniers entendent. Deux fusées de détresse sont tirées en direction de la prison, dont une qui finit sa course dans un immeuble, peut-être l'un des délits qui servira de prétexte [...]. Les cordons de CRS s'installent tranquillement, d'abord derrière, empêchant toute retraite, puis sur les côtés. Incrédules, la plupart des gens ne réagissent pas, la manif est déclarée, rien ne laisse présager une interpellation [...] ; rapidement, le malaise s'installe [...]. Les CRS finissent le boulot, resserrant de plus en plus l'étreinte, ils embarquent les militants un par un dans les cars stationnés non loin."

Ce récit est confirmé par SUD-Etudiant, dont deux militantes ont également été arrêtées. Le syndicat, qui dénonce une "opération policière proprement scandaleuse", affirme qu'il n'y a eu "aucune violence significative" de la part des manifestants et précise que le chanteur La K-Bine fait partie des personnes emmenées au poste. "Encore une fois, la réaction des autorités quant aux revendications exprimées longuement par une grande partie du mouvement social contre la politique carcérale française est la répression", déplore le syndicat.

Soren Seelow
Article paru dans l'édition du 30.03.10

http://paris.indymedia.org/spip.php?article378
CiterManif anti-carcérale : récit
lundi 29 mars 2010

15h à Denfert-Rochereau, on peine à trouver la manif, il faut dire qu'il y a plus de monde qui fait la queue pour visiter les catacombes que devant le camion sono, une dizaine de personnes, tout au plus. Finalement on attends près du camion, le temps de se rendre compte que les civils sont déjà bien présents. Une heure plus tard, ça se lance, on descend le boulevard Saint-Jacques quelques mètres puis on stop. La Santé est de l'autre côté du metro aérien. La musique est à fond, quelques slogans sont lancés, mais finalement, vu de l'extérieur, ça semble franchement dérisoire, même pas sûr que les prisonniers entendent. Deux fusées de détresses sont tirés en direction de la prison, dont une qui finit sa course dans un immeuble, peut-être l'un des délit qui servira de prétexte...

Après quelques dizaines de minutes à poireauter là, le cul entre deux chaises, le cortège continue sa route jusqu'au prochaine passage qui permet de passer sous le metro aérien. Les CRS sont déjà présent à l'entrée de la petite rue avec casque bouclier et grille anti-émeute. La sono s'engage et se met face à ce cordon de flics, quelques types mettent des écharpes mais sans plus, de toute manière le rapport de force est inégal, rien que les flics en civils pouvaient foutre tout le monde à terre. S'ensuit un ballet assez émouvant, les cordons de CRS s'installent tranquillement, d'abord derrière, empêchant toute retraite, puis sur les côtés. Incrédules, la plupart des gens ne réagissent pas, la manif est déclarée, rien ne laisse présager une interpellation. Le joyeux bordel continue presque comme si de rien n'était, le concert se poursuit sur le camion, mais rapidement le malaise s'installe, ceux qui veulent sortir sont refoulés et l'encerclement se resserre. Les civils font deux percés pour serrer un organisateur et un autre type qu'ils emmènent dans une camionnette banalisée. Les CRS finissent le boulot, resserrant de plus en plus l'étreinte, ils embarquent les militants un par un dans les cars stationnés non loin.

Il semble évident que ces arrestations avaient été planifiées, vu le déploiement de force de l'ordre, vu les faux prétextes utilisés et le ciblage très précis de ceux qui ont été arrêtés en premiers, ça ne fait aucun doute. Il suffisait d'un petit faux pas pour donner un prétexte quelconque servant de base à ces arrestations. Le faible nombre de personne a sans doute facilité les choses puisqu'il devait y avoir au moins 3 flics par manifestants, voir plus...