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Pourquoi vous vous fichez de ce qui se passe au Pakistan...

Démarré par JacquesL, 26 Août 2010, 04:22:21 PM

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JacquesL

http://www.lepost.fr/article/2010/08/16/2185445_pourquoi-vous-vous-fichez-de-ce-qui-se-passe-au-pakistan-vous-ne-devriez-pas-mais-bon.html

CiterPourquoi vous vous fichez de ce qui se passe au Pakistan (vous ne devriez pas, mais bon...)

Dis-moi où se passe une catastrophe humanitaire, je te dirai combien les Français ont donné. C'est la fameuse règle du "mort kilométrique", la loi de la proximité qui conditionne la solidarité.

Le tsunami a-t-il tué l'aide humanitaire?
Lors du tsunami de 2004, qui s'est produit à Noël dans un pays où des Français partent en vacances, un élan de solidarité sans précédent s'était produit. Le mètre-étalon de la solidarité était fixé : les ONG ont été débordées par les dons et ont dû rembourser ou réaffecter une partie de l'argent. Une vague de solidarité qu'on n'a plus jamais retrouvée.

L'an dernier, le terrible tremblement de terre en Haïti n'avait pas occasionné tant de dons, malgré une couverture médiatique assez forte et une proximité culturelle importante (même langue, ancienne colonie...). Les médias y étaient allés de leurs appels au don dans les JT, les sites d'infos de leur macaron renvoyant vers une ONG... Pour un résultat assez mitigé (10 fois moins de dons qu'en 2004).

Le Pakistan victime... du mois d'août?
Et cette année, malgré une catastrophe qui touche 20 millions de personnes (devant le record des dernières années: 19 millions de sinistrés au Bangladesh en 99), les dons pour le Pakistan en France frisent le ridicule: 10.000 euros pour la Croix-Rouge depuis 15 jours de crise et une semaine d'appels aux dons. "Un chiffre extrêmement bas qui ne permet pas d'envisager une action dans la durée" fait remarquer tout en langue de bois Jean-François Riffaud, de la Croix-Rouge, sur France Info. Cela représente une centaine de donateurs, contre 10.000 pour Haïti (déjà considéré à l'époque comme un échec).


"Il faut d'abord une grande médiatisation pour que les gens expriment leur générosité, poursuit-il. Mais il faut aussi que cette catastrophe ait lieu à un moment où les gens sont là. Et il y a la distance, pas que kilométrique, mais culturelle: les Français parviennent plus facilement à se projeter sur les plages de Thaïlande et des Maldives que dans les montagnes du Cachemire..."

Même sentiment chez les ONG suisses, note Romandie News. La mobilisation y est quand même... un peu plus forte qu'en France.

A titre de comparaison, les ONG irlandaises ont déjà récolté plus d'un million d'euros de dons, rapporte The Irish Times. Le journal signale que l'incitation à faire un don d'au moins 40 euros a peut-être joué dans le bon total de fonds récolté ("mais ceux qui veulent donner moins sont les bienvenus", précise quand même le responsable d'une ONG locale).

En Grande-Bretagne, où réside une importante communauté pakistanaise, la mobilisation a été immédiate et intensive. Au lendemain de la catastrophe, toutes les grandes ONG du pays (Save the Children, Oxfam...) avaient investi les pages des journaux pour appeler aux dons.


Le Pakistan victime de sa mauvaise image?
D'après The Guardian, le 10 août, l'aide apportée par les donateurs individuels s'élevait dans le monde entier à 1,68 million de dollars, ce qui est assez peu. Les premiers jours sont pourtant cruciaux pour que la mayonnaise prenne ou pas: "un méga désastre nécessite une méga réponse" clamait Oxfam. Dans le vide, ou presque. Hillary Clinton, ministre des affaires étrangères américaine, qui s'est rendue sur place le 1er août, avait lancé un appel aux dons et avait récolté en tout et pour tout... 12.000 dollars, remarque le Hindustan Times.

Au total, les dons sont 10 fois moins importants que pour... le tremblement de terre au Pakistan qui avait fait beaucoup moins de victimes en 2005. Alors que les besoins sont autrement plus considérables. Pour l'instant, ce sont les Etats (Etats-Unis en tête, le voisin mais rival indien aux abonnés absents) qui financent le gros de l'aide. L'ONU vient de réitérer un appel à l'aide: il faudrait 500 millions d'euros rapidement, or, on est loin du compte. Pourtant, des maladies comme le choléra menacent les sinistrés.

Démobilisation générale...
Un blogueur du site canadien Cyberpresse relève la même indifférence dans son pays: "Comment expliquer l'indifférence relative des citoyens occidentaux à l'égard de cette tragédie? Est-ce parce que, sauf là où il y a beaucoup d'immigrants d'origine pakistanaise, les gens ne se sentent pas de liens particuliers avec ce pays (on compte 125 000 Canadiens d'origine pakistanaise)? Est-ce parce que ce pays attire peu de touristes? Ou bien parce que le Pakistan est soupçonné de soutenir les Talibans en Afghanistan? Quelle que soit la raison, les Pakistanais n'en sont pas moins des êtres humains. Aujourd'hui, ils souffrent. Ils ont besoin de notre aide."

Là-bas comme en France, on n'a pas vu d'éditions spéciales sur les chaînes d'info, de longs reportages, de proposition de téléthons, de chansons, de concerts. Là-bas comme en France, on détourne le regard.


(Sources: France Info, Irish Times, Oxfam, Cyberpresse, Romandie News, Wikipedia, Hindustan Times, Le Figaro)

JacquesL

Inondations : 3,5 millions d'enfants exposés aux maladies au Pakistan

http://www.lemonde.fr/imprimer/article/2010/08/16/1399298.html

CiterInondations : 3,5 millions d'enfants exposés aux maladies au Pakistan
16.08.10 | 12h52  •  Mis à jour le 16.08.10 | 19h12

L'Organisation des Nations unies (ONU) a fait part de son inquiétude, lundi 16 août, eu égard aux risques de propagation de maladies liées à la mauvaise qualité des eaux au Pakistan, et particulièrement au sein des populations les plus jeunes, à la suite des inondations qui ont ravagé une partie du pays et affecté quelque 20 millions de personnes. "Jusqu'à 3,5 millions d'enfants sont fortement exposés au risque de maladies hydriques mortelles liées à la diarrhée, comme la dysenterie", a expliqué le porte-parole du bureau des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA), évoquant également les risques d'hépatite A et E et de typhoïde.

"L'Organisation mondiale de la santé (OMS) se prépare à aider jusqu'à 140 000 personnes en cas de choléra, mais le gouvernement ne nous a informés d'aucun cas confirmé", a ajouté le porte-parole, Maurizio Giuliano. Samedi 14 août, les Nations unies avaient pourtant indiqué qu'une personne avait été contaminée dans le nord-ouest du pays. "Notre principal souci est l'eau et la santé. Une eau propre est essentielle pour éviter les maladies hydriques. Pendant les inondations, l'eau a été fortement contaminée" a continué M. Giuliano. Un travailleur humanitaire, s'exprimant sous le couvert de l'anonymat, a cependant indiqué à l'AFP que plusieurs personnes ayant survécu aux inondations étaient effectivement mortes du choléra. L'OMS a demandé au Pakistan de surveiller attentivement d'éventuelles survenues de la maladie dans le pays.

"AUCUNE AMÉLIORATION SIGNIFICATIVE"

Dans son dernier rapport (PDF en anglais), l'OCHA souligne que les risques d'infection et de diarrhées "compromettent l'état nutrionnel de populations déjà vulnérable et mal nourries". Toujours selon le rapport, les femmes enceintes, allaitantes et les enfants sont les principales population affectées par le manque de nourriture. Quant à la qualité de l'eau, principal vecteur de ces maladies, "aucune amélioration significative n'a pu être apportée jusqu'à présent, faute d'argent et de ressources suffisantes".

Sans une nouvelle aide, le Pakistan pourrait connaître une "seconde vague de décès" due aux maladies, selon le bureau des affaires humanitaires de l'ONU. L'ONU s'inquiètent en effet de la lenteur de la réponse à l'appel de fonds international.

De leur côté, des responsables de l'Otan sont à Islamabad pour discuter de la mise en place d'un "pont aérien" pour acheminer de l'aide aux millions de Pakistanais sinistrés, a annoncé lundi le ministre pakistanais des affaires étrangères, tout en prévenant que ce sont des milliards de dollars qu'il faudrait à plus long terme pour pallier la destruction des récoltes et reconstruire villages et infrastructures dévastés par les flots. De nombreuses zones demeurent inaccessibles par la route et les hélicoptères sont le seul moyen d'y faire parvenir des secours, a déclaré Shah Mehmood Qureshi, au cours d'une conférence de presse à Islamabad.

JacquesL

http://www.legrandsoir.info/Le-tsunami-silencieux-du-Pakistan-pourquoi-tant-d-indifference.html

CiterLe tsunami silencieux du Pakistan : pourquoi tant d'indifférence ?
Chems Eddine CHITOUR

« Nous querellons les miséreux pour mieux nous dispenser de les plaindre. »
Vauvenargues

Ayant eu à faire face aux pires inondations diluviennes de son existence, le peuple pakistanais se meurt en silence dans l'indifférence générale. L'importance des inondations de l'horreur est éloquente : on comptabilise 1700 morts et des centaines de disparus, plus de 20 millions de sans-abri (soit 12% de la population), plus de 6 millions de personnes sans eau potable et sans nourriture. 7 millions d'enfants voient leur vie bouleversée par un sinistre sans précédent qui a dévasté leurs écoles et leurs villages, selon une estimation de l'Unicef. Perdus, orphelins ou malades, ce sont les victimes les plus vulnérables. Près de 3,5 millions d'enfants pakistanais sont exposés à un risque élevé de maladies liées à l'eau. Les flots boueux ont balayé des villages entiers et détruit de nombreuses infrastructures, laissant plus de 650.000 familles sans toit. Ni habits, ni nourriture, ni bétail, la vie tient du miracle...

Les inondations au Pakistan, « un tsunami au ralenti » a déclaré Ban Ki-moon. En effet, on découvre tous les jours de nouvelles horreurs qui, semble-t-il, sont uniques. Certains y voient les signes de perturbations climatiques majeures. Puisque dans le même temps, on pense que la canicule exceptionnelle et les incendies incontrôlables de la Russie ont fait évaporer des masses impressionnantes d'eau qui sont allées se déverser au Pakistan. Devant cette catastrophe, la communauté internationale est restée globalement muette, mis à part les Etats-Unis. Il a fallu le déplacement de Ban Ki-moon qui s'était déclaré « bouleversé » par le sort des victimes pour que l'Assemblée générale de l'ONU se réunisse en séance extraordinaire, jeudi 19 août, pour accélérer l'effort d'aide humanitaire internationale au Pakistan, dont la livraison est critiquée pour sa lenteur. L'ONU avait lancé le 11 août un appel de fonds pour l'aide d'urgence de 460 millions de dollars. Mercredi, seulement 54,5% de ces fonds avaient été effectivement débloqués. La Fédération internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (Ficr) a annoncé de son côté qu'elle allait plus que quadrupler son appel de fonds, désormais fixé à 57,2 millions d'euros. (1)

L'indifférence du monde

Nous allons faire le tour des donations annoncées et tenter d'expliquer, à la fois l'annonce très tardive, la modestie des dons, pour mettre en évidence l'indifférence de la communauté internationale et tenter de l'expliquer. On apprend que la secrétaire d'Etat américaine a annoncé que Washington augmentait son aide à 150 millions de dollars, La Grande-Bretagne a annoncé le doublement de son aide, ajoutant 33 millions de livres aux 31 millions déjà alloués au Pakistan. L'envoyé spécial américain pour le Pakistan et l'Afghanistan, Richard Holbrooke, avait appelé la Chine à se joindre à l'effort. Le ministre belge des Affaires étrangères, Steven Vanackere, a indiqué que l'aide des « 27 », initialement de 110 millions de dollars, passait à 140 millions. Le Danemark tient une place à part : il est en effet le premier pays contributeur par tête, avec 10.738.152 dollars, soit 1,959 dollar par personne. Par comparaison, l'aide américaine représente seulement 0,32 dollar par tête. La France fait pâle figure, avec seulement 917.432 dollars versés et 458.716 dollars de promesses. Les Emirats arabes unis ont versé environ 1,5 million de dollars, un peu moins que la Chine, à 1,8 million de dollars. Le total des fonds effectivement récoltés approche 301 millions de dollars. (2)

« Islamabad a finalement accepté les 5 millions de dollars offerts par New Delhi. Celles-ci restent modestes et ne sont pas à la hauteur de la catastrophe, s'indigne un éditorialiste du journal The Hindu. "En tant que première puissance économique régionale, l'Inde aurait dû être la première à offrir de l'aide. Son offre de 5 millions de dollars est ridicule comparée à ce qu'elle a offert à ses autres voisins. Au moment du tsunami de 2004, elle a procuré au Sri-Lanka une aide de 200 millions de dollars". » (3)

Pour Gilles Carbonnier, professeur d'économie du développement à l'Iheid, l'aide des Etats est forcément intéressée : « Il y a bien un immense intérêt géopolitique, vu les régions touchées. » Dont celles bordant l'Afghanistan où les Taliban affrontent l'armée pakistanaise. (...) De tout temps, l'action humanitaire répond aussi à des considérations géopolitiques, relève Gilles Carbonnier, également membre du conseil d'administration de l'ONG Médecins Sans Frontières (MSF) : (...) ces deux dimensions -considération géopolitique et solidarité internationale- conditionnent toujours l'action de type humanitaire. Ces dernières années, ces deux dimensions ont même parfois complètement fusionné. Et ce avec la montée en puissance de l'aide militaire humanitaire, comme le précise Gilles Carbonnier : « L'Otan ou l'armée américaine estiment être capables de mener dans le même temps action humanitaire et offensive militaire, comme en Irak ou en Afghanistan, dans leur lutte contre le terrorisme. » « Un mélange des genres dénoncé par les ONG. » (4)

Justement et dans le même ordre, on apprend par une dépêche de l'AFP que 13 insurgés ont été tués par un drone américain dans un district tribal du nord-ouest du Pakistan. Le campement appartient à des membres des tribus locales et la frappe s'est produite pendant des prières récitées pendant le Ramadhan. La guerre continue même en période de catastrophe. Parallèlement, le 20 août, l'Otan décide de fournir des moyens aériens et maritimes pour contribuer à l'acheminement de l'aide humanitaire destinée aux victimes des inondations au Pakistan....

En Occident, l'un des moteurs du refus du don est le prosélytisme des Taliban honnis. « En réalité, est-il rapporté dans un éditorial de The Nation, c'est la méthode globale de la communauté internationale qui relève du scandale, non seulement parce que l'aide est lente à arriver, mais aussi parce que les médias occidentaux tentent de compromettre le formidable travail accompli par les organisations religieuses [musulmanes]. Ce qu'ils oublient de dire, naturellement, c'est que certaines ONG américaines sont d'obédience religieuse et qu'elles avaient profité du tremblement de terre au Cachemire pour faire du prosélytisme. En ces heures difficiles, l'Occident ne doit pas oublier que ce sont les locaux et les organisations religieuses qui sont toujours les premiers à fournir toute l'aide qu'ils peuvent aux sinistrés. Loin du battage médiatique orchestré par les Américains avec leurs hélicoptères. » (5)

De France, Suhail Siddiq s'interroge à juste titre sur la frilosité des donateurs et la chape de plomb médiatique doublée d'une diabolisation de l'image du Pakistan. Ecoutons-la : Pourquoi l'aide n'arrive-t-elle pas plus vite ? Pourquoi les donateurs se montrent-ils si frileux ? (...) Les dons adressés à la Croix-Rouge française, pour ne citer qu'elle, sont plus de trente fois inférieurs à ce qu'ils avaient été pour le séisme en Haïti (soit à peine quelques centaines de donateurs qui ont versé 60 mille euros en 3 jours pour le Pakistan, alors qu'Haïti a reçu 2 millions d'euros dans le même laps de temps. Les arguments pour justifier une certaine forme d'indifférence générale ne manquent pas, allant de la période de récession, à la forte mobilisation en faveur de Haïti en début d'année. (...) Il existe malheureusement d'autres raisons, culturelles et géopolitiques, qui font appel à des représentations plus irrationnelles, mais très ancrées dans l'inconscient collectif du Pakistan. (...) A la question « Etes-vous sensible à l'appel à la solidarité en faveur des sinistrés du Pakistan ? une écrasante majorité de nos concitoyens ont répondu "non" (75.60%), pour seulement une poignée de "oui" (24.40%). Enfin, et c'est le pire, le Pakistan est associé depuis longtemps, par ces mêmes médias, à un pays de terroristes se doublant d'un régime corrompu. » (6)

Que font les Musulmans ?

André Pratte à partir du Québec s'interroge sur ce black-out en termes de don : « (...) Pourtant, on ne sent pas dans le monde la même émotion et la même mobilisation que lors du tremblement de terre en Haïti ou du tsunami en Asie du Sud. Au Québec, ce qui se passe au Pakistan a généralement droit à une courte mention aux bulletins de nouvelles. Les organisations humanitaires sont certes à pied d'oeuvre. La Croix-Rouge canadienne sollicite des dons, Oxfam fait savoir qu'elle a lancé ses opérations dans les zones sinistrées. Les familles pleurent la perte de leurs proches, de leurs biens et de leurs moyens de subsistance. Les gens ont besoin de nourriture, d'eau potable, d'abris et de latrines pour éviter une crise de santé publique. Mais qui, ici, s'en émeut ? Comment expliquer l'indifférence relative des citoyens occidentaux à l'égard de cette tragédie ? (...) Est-ce parce que ce pays attire peu de touristes ? Ou bien parce que le Pakistan est soupçonné de soutenir les Taliban ? » (7)

Que font les pays musulmans, voire arabes en ce mois de Ramadhan de piété et de compassion ? A en croire, pas grand-chose. L'OCI appelle ses membres à apporter une aide urgente au Pakistan. L'Organisation de la conférence islamique (OCI) a appelé [après 15 jours de silence et l'absence de son président le sénégalais Wade], les pays musulmans à apporter une « aide urgente » au Pakistan. La Banque islamique de développement (BID) avait rassemblé 11,2 millions de dollars [une goutte d'eau dans l'océan de la demande] l'Arabie Saoudite (120 millions de dollars). Le Koweït a annoncé une aide de cinq millions de dollars. Pour rappel, après le séisme sur l'île indonésienne de Java, le Koweït, le Qatar et les Emirats arabes unis (EAU) ont été parmi les premiers à offrir leur aide. Même lorsque l'ouragan Katrina a ravagé les côtes américaines du golfe du Mexique, les monarchies du golfe EAU, Arabie Saoudite et Qatar ont débloqué chacun 100 millions de dollars. Les Etats-Unis n'avaient rien demandé. Il y a donc deux poids, deux mesures même dans la détresse. Si seulement les 300 millions de musulmans donnaient chacun 1$ chacun, c'est au total 300 millions de $ ; mieux encore si le milliard de musulmans donnait seulement 0,5$ c'est 750 millions de dollars qui contribueraient à alléger la douleur des enfants pakistanais. Que l'on ne se fasse pas d'illusion ! Les 460 millions de dollars promis même s'ils étaient réellement récoltés, c'est à peine 25$ par pakistanais et après ? Le ministre pakistanais des Affaires étrangères parle de 43 milliards de dollars pour reconstruire le Pakistan.

Un dernier mot, qu'ont fait les pays arabes pour solliciter l'aide de leurs peuples ? Y a-t-il un téléthon ? Même pour celles et ceux qui veulent faire un don, il n'y a pas de circuit à ma connaissance, de circuit de collecte. Que font aussi les musulmans, notamment en Europe pour le Pakistan ? Que font les intellectuels musulmans dans le monde dont le silence assourdissant ne leur donne aucune légitimité morale ? C'est dire que nous devons expliquer pourquoi cette indifférence des pays arabes et musulmans ? Nous ne pouvons pas et nous ne devons pas accuser les autres si on ne fait pas l'anamnèse d'abord en nous. Il est vrai que les médias occidentaux aux ordres nous donnent une image sanglante du Pakistan, de leur collusion avec les Taliban et cela dans une information en boucle. Lors du tsunami indonésien, les politiciens et les artistes étaient sortis pour favoriser les dons. Même chose pour Katrina. Les Américains avaient organisé un téléthon pour aider les sinistrés. Pour le tremblement de terre en Haïti, les personnalités se sont mobilisées. Les médias aussi.

Justement, le plaidoyer de Christine Raynaud nous parait digne d'être rapporté : Il met l'accent sur la responsabilité des médias qui noircissent à dessein l'image du Pakistan. Comment s'étonner, en effet, qu'aujourd'hui où le pays et ce peuple fier sont victimes des pires inondations de leur histoire, les généreux donateurs français, européens, occidentaux se trouvent quelques hérissons dans le porte-monnaie, quand on sait l'image négative que tous les médias ne cessent de construire autour du Pakistan ? Comment venir en aide à des gens qui posent des bombes, qui tuent des otages ou qui maltraitent des femmes ? (...) Quand je suis revenue des montagnes de l'Hindu Kush, j'ai regardé, ahurie, à la télévision pakistanaise ou internationale des images violentes de voitures en flammes, de pompiers débordés, avec ce titre en français. Affolée, j'ai téléphoné à ma famille en région parisienne qui s'est empressée de me rassurer : les images que je voyais étaient très exagérées et les événements n'étaient pas aussi sanglants que les médias du monde entier me les montrent. Sur place, ma famille pakistanaise s'inquiétait pour moi, pour ma famille en France et se demandait ce que pouvait être ce pays où les voitures brûlaient ainsi le soir venu ! J'ai trouvé ce paradoxe extraordinaire : ces gens qui venaient pratiquement de m'adopter et qui, dans mon pays natal, passaient pour des extrémistes religieux, les derniers barbares de notre monde civilisé, étaient effrayés pour moi de la situation intérieure dans mon propre pays, patrie soi-disant des Droits de l'Homme ! »

« C'est là que j'ai compris à quel point les médias, télévision, presse, cinéma, etc. pouvaient construire ou détruire une réalité sociale ou politique, par l'exagération, la passion du spectacle, la volonté de toujours faire peur, d'effrayer le citoyen. (...) Pourtant, le Pakistan est un Paradis : tous les voyageurs vous diront l'accueil chaleureux des habitants, qu'ils soient Punjabis, Pashtuns, Balouchtes, sunnites, chi'ites ou ismaéliens. (..) Plus que donner de l'argent ou de l'aide humanitaire aux Pakistanais aujourd'hui, il faudrait arrêter de les considérer comme le peuple voyou de cette planète. Pour cela il faudrait que chaque spectateur, lecteur, auditeur, prenne pleinement conscience de l'influence négative des médias (...) (8).

On dit souvent que l'histoire et la politique au Pakistan se résument en 3 A (Allah, Amérique et Armée). Le manichéisme règne. Il y aurait donc de « bonnes » causes humanitaires et de « moins bonnes » pour des raisons non pas humanitaires mais politiques, voire culturelles et cultuelles. Quelles que soient les raisons invoquées, les Pakistanais n'en sont pas moins des êtres humains. Aujourd'hui, ils souffrent. Ils ont besoin de notre aide.

Pr Chems Eddine CHITOUR
Ecole Polytechnique Alger enp-edu.dz
1. Réunion à l'ONU pour accélérer l'aide au Pakistan Le monde.fr avec AFP 19.08.2010

2. Pakistan : qui donne quoi ?Le Monde.fr 18.08.2010

3. Naïké Desquesnes : Le Pakistan accepte l'aide de son voisin indien Le Courrier 20.08.2010

4 .Frederic Burnand Pakistan : l'aide forcément intéressée des Etats Swissinfo 19/08/2010

5. Trop d'hypocrisie. The Nation 19.08.2010

6. Suhail Siddiq : Pakistan, une émotion à géométrie variable Oumma.com 19 août 2010

7 .André Pratte http: //blogues.cyberpresse.ca/edito/2010/08/09/ 9 août 2010

8.Christine Raynaud : L'image négative du Pakistan Le Monde 17.08.2010