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Régis Debray et l'organisation du coup d'état contre Aristide :

Démarré par JacquesL, 17 Février 2010, 12:33:22 AM

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JacquesL

Régis Debray et l'organisation du coup d'état contre Jean-Bertrand Aristide (Haïti) :
Très détaillé à
http://www.voltairenet.org/article164005.html

Vous admiriez Dominique de Villepin ? Vous l'admirerez moins.
Vous faisiez confiance à Régis Debray ? Vous tomberez de haut.
Paris avait prévu de remplacer Aristide par Jean-Claude Duvallier. Les U.S.A. en ont décidé autrement, au dernier moment.
Vous faisiez confiance à la presse de votre pays ? Vous tomberez de haut.

CiterDans la nuit du 28 au 29 février 2004, après une dernière réunion entre l'ambassadeur des USA, Foley, et son homologue français, Burkard, des troupes US (et probablement françaises aussi) pénétrèrent secrètement en Haïti. Au milieu de la nuit, Luis Moreno, chef de la CIA à Port-au-Prince, se présenta au domicile privé du président avec une vingtaine d'hommes des forces spéciales [8]. Plusieurs dizaines de soldats, équipés d'armes à visée laser et de systèmes de vision de nuit, investirent la propriété. Les Etats-uniens obligèrent le président Aristide et sa femme à monter dans une voiture qui se dirigea vers l'aéroport. Ils n'avaient pas le choix, leurs deux filles se trouvant chez leurs grands-parents, aux USA, et servant d'otages. Un grand avion blanc attendait sur le tarmac. Il ne portait aucune marque d'immatriculation, sauf un drapeau US peint sur la queue. Moreno obligea le couple à monter. L'avion décolla immédiatement pour se poser à Antigua. Aristide restait très digne. Sa femme pleurait en silence. Ils n'avaient pas de vêtements pour se changer et se doutaient que leur maison était déjà livrée au pillage. Peut-être allaient-ils mourir sans revoir leurs enfants. L'avion resta cinq heures stationné à Antigua. On refusa aux passagers de dire où ils se trouvaient ni ce qu'on allait faire d'eux. L'avion redécolla et traversa l'Atlantique.

...

JacquesL

Quelques liens documentaires :
http://en.wikipedia.org/wiki/Jean-Bertrand_Aristide
dont il ne reste presque rien en langue française : http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Bertrand_Aristide

http://www.haiti-reference.com/histoire/notables/aristide.html

http://www.rfi.fr/actufr/articles/050/article_26644.asp
http://www.voltairenet.org/article12713.html

http://www.lemonde.fr/web/imprimer_element/0,40-0@2-3232,50-1306552,0.html

CiterNicolas Sarkozy, avant de fouler le sol d'Haïti, doit avoir rendu justice au général Alexandre Dumas !, par Claude Ribbe
LEMONDE.FR | 16.02.10 | 12h26

e président de la République française s'apprête à se rendre en Haïti, à la suite du cataclysme qui a frappé ce pays, faisant plus de deux cent mille morts. C'est la première fois qu'un chef d'Etat entreprendra une telle visite qui est lourde de sens quand on sait le rôle peu glorieux que la France a joué dans cette île depuis le traité de Ryswick en 1697. La France a martyrisé Haïti pendant quatre siècles. La compassion un peu forcée affichée aujourd'hui ne saurait le faire oublier.

1. La traite, tout d'abord.
Un million d'hommes, de femmes et d'enfants, ont été déportés d'Afrique en Haïti par la France, entre 1697 et 1791, laissant au cours des opérations de traite cinq millions de victimes en Afrique.

2. L'esclavage ensuite.
Ces déportés ont été exploités en Haïti dans des conditions qui furent les plus dures de toute l'histoire de l'esclavage aux Amériques. L'espérance de vie d'un esclave déporté par la France en Haïti n'était que de quelques années. Heureusement, les esclaves se révoltèrent et devinrent citoyens français en 1794. Avant l'abolition, ils faisaient vivre un Français sur huit et assuraient l'équilibre du commerce extérieur de ce pays. Les richesses procurées aux Français par le travail criminellement infligé aux esclaves se chiffrerait en dizaines de milliards d'euros. Ce préjudice n'a jamais été réparé, ni seulement regretté.

3. Les crimes contre l'humanité de 1802-1803.
En 1802 et 1803, la France, bafouant les acquis de la Révolution, a tenté de rétablir l'esclavage en Haïti. Devant l'impossibilité de ce rétablissement, un génocide a été tenté avec des moyens qui rappellent parfois les heures les plus sombres du XXe siècle. La guerre civile et les exactions commises par la France pendant la période 1802-1803 ont causé autant de victimes parmi les Haïtiens que le tremblement de terre de 2010.

4. L'extorsion frauduleuse d'une indemnité aux Haïtiens en 1825.
Sous la menace d'une reconquête, la France a exigé d'Haïti, le pays qui l'avait vaincue, le paiement d'une ignoble indemnité de 150 millions de francs or, ultérieurement réduite à 90 millions. C'était le prix des esclaves perdus. Au lieu de les indemniser pour le mal qu'on leur avait fait, on leur a fait payer, à eux et à leurs descendants, le prix d'une liberté qui n'a jamais appartenu à la France. Au paiement du principal, est venu s'ajouter le paiement de nombreux emprunts consentis par des banques françaises. Malgré l'établissement de la République et la proscription générale de l'esclavage, les Haïtiens ont continué à payer aux Français leur dette jusqu'au beau milieu du XXe siècle. En 2004, le gouvernement haïtien estimait le préjudice à 21 milliards de dollars.

5. L'hébergement du dictateur Duvalier.
La France héberge depuis 1984 le dictateur Jean-Claude Duvalier, alias Baby Doc, accusé de violation des droits de l'homme et de vol de sommes appartenant aux Haïtiens. Le statut dont il bénéficie a été refusé à des centaines de milliers d'Haïtiens, expulsés du territoire français.

6. La participation au coup d'Etat du 29 février 2004.
La France, au mépris de la Constitution haïtienne et des élections régulières qui s'étaient déroulées, a participé, d'une manière aujourd'hui indiscutable, à un coup d'Etat contre le président Jean-Bertrand Aristide, qui était le premier président légitimement élu de l'histoire d'Haïti. Elle a également participé à son enlèvement et à sa séquestration dans un pays qui était notoirement, à l'époque, sous le contrôle de la France, la République centrafricaine. Elle a en outre organisé une campagne de diffamation à son encontre, notamment par le biais du ministère des affaires étrangères.

7. La réglementation particulière imposé aux Haïtiens à l'entrée des départements d'outre-mer français.
Alors que la France se gargarise de grands principes et de "continuité territoriale", le visa d'entrée en France pour un Haïtien n'est valable ni en Guadeloupe, ni en Martinique, ni en Guyane. Un second visa doit être accordé par le préfet de ces départements, qui agit dès lors comme pouvait agir le gouverneur d'une colonie au temps de l'esclavage. Ces mesures résultent de la hantise de la France esclavagiste de voir ses colonies contaminées par le virus de la liberté, dont le germe s'était développé en Haïti.

8. La symbolique vexatoire.
La France a donné à l'aéroport de Cayenne, en Guyane, le nom de Rochambeau, le général qui tenta d'exterminer les Haïtiens en les gazant au soufre et en les livrant à des chiens dressés à dévorer les "nègres".

9. La volonté constante d'empêcher Haïti de se développer.
La politique de la France à l'égard d'Haïti depuis 1802 est de s'en servir comme d'un épouvantail pour les Français d'outre-mer qui songeraient à l'indépendance. De ce fait, la prétendue "coopération" n'a toujours été qu'un mélange de saupoudrages, de mesures factices et d'actions de déstabilisation. On notera que les Français descendants d'esclaves sont systématiquement écartés depuis 1802 de toutes responsabilités liées à la politique française à l'égard d'Haïti.

Même si la France n'est pas le seul pays à avoir martyrisé Haïti et à se comporter avec une telle violence, ces faits constituent un lourd passif et donnent à la visite du président de la République française un caractère éminemment historique et solennel qui n'échappera à aucun observateur, en France, comme à l'étranger.

Il appartient aujourd'hui à la France de changer de cap et de rompre avec quatre siècles d'agissements honteux.

Sans attendre qu'Haïti soit frappée par une catastrophe qui n'est qu'un malheur naturel venant s'ajouter à la cruauté des nations réputées civilisées, l'association des Amis du général Dumas a présenté au président de la République française une demande symbolique.

Le général d'armée haïtien-français Alexandre Dumas, père du célèbre écrivain, fut la victime collatérale de la politique menée par la France contre Haïti. Né esclave, donc victime de ce qui est aujourd'hui reconnu comme un crime contre l'humanité, il fut en 1802 également victime d'un fléau qui continue de ravager la France non seulement dans sa relation avec certains pays tels qu'Haïti, mais aussi dans la relation de ses gouvernements avec certains Français, descendants d'esclaves ou d'indigènes. Ce fléau a pour nom le racisme. Le général Alexandre Dumas est le plus grand héros de la Révolution française. Mais sa couleur de peau l'a privé de tous honneurs auxquels sa bravoure et son dévouement à la nation lui donnaient droit. Il est le seul général de l'histoire de France depuis 1802 auquel on ait refusé la Légion d'honneur. Bien plus, le gouvernement français, pour une raison qui ne peut s'expliquer autrement que par le racisme, est allé jusqu'à refuser, en 2006, d'inscrire le bicentenaire de sa mort sur la liste des commémorations nationales officielles.

Le général Dumas avait reçu un sabre d'honneur lors de la prise d'Alexandrie en juillet 1798. La remise de ce sabre est attestée, de manière incontestable, par un document autographe, tracé de la main du général Dumas et conservé au Musée Dumas de Villers-Cotterêts. La remise de ce sabre d'honneur par Bonaparte faisait du général Dumas un membre de droit de l'ordre de la Légion d'honneur. Un second document, daté de 1804, et signé de la main du maréchal Murat, également conservé au musée de Villers-Cotterêts, établit que le général Dumas a accompli la démarche pour que ce droit lui soit au moins reconnu. Même le maréchal Murat, beau-frère de Napoléon, dès 1804, soutenait publiquement le général Dumas, dans cette démarche légitime.

Pourtant une certaine France, depuis 1802, refuse, par racisme, d'accorder au général Dumas ce qu'il demandait. C'est la même France qui, par racisme, s'attache aujourd'hui à salir la mémoire de son fils, en lui contestant jusqu'à sa qualité d'auteur, en lui contestant jusqu'à la couleur de sa peau.

L'admission à titre posthume du général Dumas dans l'ordre national de la Légion d'honneur a été refusée par Jacques Chirac en 2002. C'est le même Jacques Chirac qui, assisté de Dominique de Villepin, a refusé que le bicentenaire du général Dumas soit commémoré en 2006. Ces deux hommes, il est vrai, venaient de soutenir un coup d'Etat en Haïti.

L'association des Amis du général Dumas a réintroduit la demande d'admission de cet officier dans l'ordre national de la Légion d'honneur auprès du nouveau président, M. Nicolas Sarkozy, appuyée par une pétition signée par plus de deux mille personnes de par le monde, dont de très nombreux Haïtiens. Pour l'instant, il n'a pas été donné satisfaction à cette demande, sans qu'elle soit pour autant rejetée. Rien n'indique que jusqu'à présent ce dossier ait été prioritaire pour M. Nicolas Sarkozy. Mais le voyage qu'il a décidé change la donne.

Le fait, en effet, pour le président de la République, de se rendre en Haïti sans se prononcer au préalable, de manière claire et solennelle sur cette demande, qui se trouve du reste soutenue par M. René Préval, actuel président de la République d'Haïti, serait le signe que l'attitude du président Sarkozy envers Haïti reste dans la continuité des exactions négrophobes plus haut évoquées. Il appartiendrait, dans ce cas, à tous les Haïtiens et aux Français de métropole et d'outre-mer victimes de discriminations d'en prendre immédiatement acte. Car que pourrait-on espérer d'un président de la République qui promettrait la justice pour les Français d'aujourd'hui et se refuserait, quelles que soient les raisons invoquées, à réparer, sans que cela coûte un centime à la République, une injustice vieille de plus de deux cents ans ? Un président de la République qui promettrait de promouvoir la "diversité", mais qui refuserait d'honorer le plus illustre des héros de cette "diversité". Un président de la République, en outre, qui ne tiendrait pas sa parole, puisqu'il s'est engagé dès le 8 février 2008, les yeux dans les yeux, à "faire le nécessaire pour le général Dumas".

C'est pourquoi l'association des Amis du général Dumas vous demande aujourd'hui de soutenir publiquement cette démarche symbolique et légitime, non seulement vis-à-vis d'Haïti, mais de tous les Français discriminés, en signant la pétition pour que le général Dumas soit rétabli dans ses prérogatives et en intervenant dans ce sens auprès du président de la République française avant qu'il ne se rende en Haïti le 17 février 2010.

Claude Ribbe est écrivain et président des Amis du général Dumas.


JacquesL

Six mois après le séisme, Haïti reste un champ de ruines.

http://www.lemonde.fr/web/imprimer_element/0,40-0@2-3244,50-1386714,0.html

Citer...
Au lendemain du séisme, un formidable élan de générosité a mobilisé plus de 2 milliards de dollars (1,58 milliard d'euros) de donations privées à travers le monde. Une partie de ces sommes a été dépensée par les ONG dans l'aide d'urgence : soins, nourriture, tentes, équipements sanitaires, etc. Six mois plus tard, la situation n'a pas évolué alors que la saison cyclonique, de juin à octobre, pourrait se révéler dévastatrice.

La phase de reconstruction démarre à peine. Réunis à New York le 31 mars, les bailleurs de fonds avaient promis 10 milliards de dollars pour rebâtir Haïti. Plus de la moitié de la somme devait être déboursée sur dix-huit mois. Mais moins de 2 % de l'aide est arrivée : le fonds multibailleurs créé par la Banque mondiale n'a reçu jusqu'à présent que les contributions du Brésil et de la Norvège.

"LE GRAND PROBLÈME, ÉVACUER LES GRAVATS"

Port-au-Prince reste un vaste champ de ruines. Partout, ce ne sont qu'amas de décombres et d'édifices effondrés. "Le grand problème, c'est d'évacuer les gravats et de trouver des terrains afin de construire des abris transitoires pour les sinistrés", explique Peter Rees, responsable du "cluster" (groupe de travail) abris aux Nations unies.

Seuls 250 000 m3 de décombres ont été déblayés sur un total estimé à 20 millions. Il n'y a que 300 camions disponibles alors qu'il en faudrait au moins 1 000. Une seule décharge est habilitée à recevoir les débris. Armés de pelles et de brouettes, des brigades de jeunes dégagent les gravats dans le cadre des programmes "cash for work" (argent contre travail). Leur effort paraît dérisoire face à l'ampleur de la tâche.

En liaison avec le gouvernement, les experts des Nations unies ont élaboré un plan de 120 millions de dollars qui permettrait d'évacuer rapidement 2 millions de m3 de décombres. Mais l'expérience menée dans le quartier de Fort National, où le président René Préval souhaite reloger les sinistrés qui occupent le champ de Mars, face au palais présidentiel, montre les difficultés de la tâche. Près de 80 % des sinistrés ne possèdent pas leur logement, or il faut obtenir l'autorisation des propriétaires pour déblayer les terrains.

Des équipes d'ingénieurs du ministère des travaux publics ont inspecté près de 170 000 maisons. 25 % classées "rouge", doivent être détruites. 28 %, marquées en jaune, sont endommagées mais peuvent être restaurées et 47 %, vertes, sont intactes. Traumatisés par le séisme et les nombreuses répliques, beaucoup d'habitants craignent de dormir dans leur maison, même lorsqu'elles ont été classées "vertes". Quant aux propriétaires des maisons jaunes, la plupart n'ont pas les moyens de payer les réparations.

UN POUVOIR POLITIQUE VACILLANT

Le manque de terrains est le principal obstacle à la construction des abris transitoires – des structures en bois ou en tôle – qui offrent une meilleure protection face aux intempéries. Seulement 3 700 ont été construits jusqu'à présent sur les 125 000 annoncés.

"C'est la pire catastrophe jamais enregistrée en milieu urbain et elle a frappé un pays qui vivait déjà en état de désastre structurel", rappelle Nigel Fischer, le représentant spécial adjoint du secrétaire général des Nations unies. Ce Canadien a été appelé d'urgence pour tenter de coordonner les efforts dispersés des bailleurs de fonds, des ONG et du gouvernement.

"Il n'y a pas eu d'épidémie dans les camps et nous avons mené une campagne de vaccination massive. Il n'y a pas eu non plus de pillage comme au Chili, ni d'explosion de violence. Mais pour reconstruire, il faut une stratégie et une planification", ajoute-t-il. Déjà faible avant le séisme, l'Etat haïtien a perdu 20 % de ses cadres et 70 % de ses infrastructures. Le pouvoir politique est vacillant : le président René Préval est en fin de mandat et durement critiqué par l'opposition.

Jean-Michel Caroit