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Assimilation de la biologie et de l'évolution : du souci à se faire !

Démarré par JacquesL, 02 Juillet 2009, 01:05:36 AM

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JacquesL

http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/sciences/vivant/20090630.OBS2496/les_etudiants_en_biologie_meconnaissent_la_theorie_de_l.html

Je connaissais le phénomène surtout aux U.S.A., au Canada, et dans les pays musulmans, cette folle agressivité des créationnistes, et leur effronterie fanatique, écumante d'insultes, mais en France même, nous avons aussi du souci à se faire.

CiterANNÉE DARWIN
Les étudiants en biologie méconnaissent la théorie de l'évolution
NOUVELOBS.COM | 30.06.2009 | 15:22

La théorie de l'évolution? C'est une «hypothèse» pour 32% des étudiants de biologie de l'Université d'Orsay, qui sont également 12% à refuser de placer l'homme dans le règne animal. Sciences et Avenir vous propose de tester vos propres connaissances sur l'évolution.

Mais qu'apprennent-ils donc avant le bac? Un questionnaire anonyme diffusé trois années durant (de 2005 à 2008) auprès de 1134 étudiants en première année de licence de biologie de l'université d'Orsay (Essonne) révèle l'ampleur de leur méconnaissance de la théorie de l'évolution.

Interrogés de trois à six mois après leur entrée à l'université, ils sont encore 12% à refuser de placer l'homme dans le règne animal. Plus de 9% récusent que toutes les espèces vivantes connues aient un ancêtre commun. Et près de 12% ne conçoivent pas que plusieurs espèces d'hommes aient pu coexister. Admettons qu'ils n'aient jamais entendu parler de l'homme de Florès, Homo floresiensis, un hominidé vieux de 18. 000 ans qui n'a été découvert en Indonésie qu'en 2003 . Mais quid de l'homme de Neandertal, Homo neanderthalensis, connu depuis le 19ème siècle?

Le questionnaire -à découvrir et à remplir pour tester vos propres connaissances- a été imaginé par Dominique de Vienne et Pierre Capy, professeurs à l'université Paris-Sud 11, qui souhaitaient évaluer les connaissances de leurs étudiants avant leur cours intitulé "Diversité du monde vivant et évolution". Les résultats, inquiétants, donnent une idée de l'ampleur de la tâche des enseignants universitaires.

Hypothèse ou fait établi?

Pour 32% des biologistes en herbe, pourtant majoritairement dotés d'un bac scientifique, «l'évolution n'est qu'une hypothèse» et non pas un fait établi, 5% étant sans opinion. 20% affirment que l'évolution se déroule «selon un plan préétabli» et plus de 36% ne pensent pas que «l'apparition de la vie sur terre résulte uniquement de processus physico-chimiques». Des points de vue proches de l'Intelligent design, une idéologie religieuse se présentant comme une théorie scientifique et selon laquelle la vie est trop complexe pour ne pas être guidée par une force supérieure.

150 ans après L'origine des espèces, de Charles Darwin, ils sont 6% des étudiants de médecine d'Orsay à réfuter la théorie. Le pourcentage tombe à 2% chez les biologistes qui sont encore 4% à considérer que «les espèces vivantes sont apparues une fois pour toutes». Un point de vue fixiste, qui n'est plus guère défendu que par les créationnistes, minoritaires certes, mais très offensifs en France en ce moment (1).

«Sommes-nous si sûrs que des groupes activistes prônant, comme aux Etats-Unis, l'enseignement du créationnisme, ne rencontreraient aucun écho dans notre pays?» s'inquiètent Dominique de Vienne et Pierre Capy, dans un article paru dans Plein Sud, magazine de l'information de l'université Paris-Sud. Ils aimeraient qu'un questionnaire de ce type soit généralisé dans les facultés de biologie françaises et dépouillé avec méthode. Il y aurait urgence à prendre la mesure du phénomène.

Dépasser les réticences

«J'ai moi-même utilisé ce questionnaire avec 54 élèves de L2 (deuxième année, premier semestre) à Montpellier, qui n'ont pas forcément encore eu de cours d'évolution mais 'baignent' dans des enseignements mobilisant la notion d'évolution» témoigne Marc-André Selosse, professeur à Montpellier-2, chercheur au centre d'écologie fonctionnelle et évolutive. «Notre échantillonnage est plus réduit (en raison des grèves notamment) mais la tendance reste la même qu'à Paris-11: une assez bonne adhésion globale (sauf quelques réticents) mais parmi ceux qui acceptent l'évolution, beaucoup de mauvaises conceptions persistent!(...) A mon avis, c'est la façon d'enseigner l'évolution qui est incriminée».

A Vaulx-en-Velin (Rhône), deux professeurs, l'un de SVT, l'autre de philosophie soumettent également, depuis 4 ans, leurs élèves de terminales à des questionnaires, avant et après le cours sur les mécanismes de l'évolution. «Nous avons tous les ans entre 30% et 50% d'élèves qui affirment ne pas croire à cette théorie du fait qu'elle contredit leur religion» expliquent Françoise Estèves et Jean-Pierre Dramisino. Les professeurs ont donc choisi de prendre en compte ces résistances, de tenter de les dépasser. «Nous ne pouvons nous contenter d'élèves qui répètent un cours auxquels ils ne croient pas ; nous pensons qu'il y va de la laïcité et de la mission éducatrice de l'école». (lire La riposte s'organise)

Une enquête, publiée en février 2009 dans Sciences et Avenir, montrait déjà que Darwin et l'évolution étaient de plus en plus contestés dans les écoles de la République. Et que les enseignants étaient démunis face à la montée des questionnements et aux revendications parfois identitaires des élèves. En cause, la faiblesse de l'enseignement de la théorie de l'évolution dans le second cycle, mais aussi la formation déficiente des maîtres (cf Les enseignants aussi!). Il y a une lacune en épistémologie, la partie de la philosophie qui étudie l'histoire, les méthodes et les principes des sciences. Elle permet pourtant d'expliquer clairement en quoi les sciences diffèrent radicalement des croyances. Le b-a-BA pour un enseignement du vivant que Marylin Coquidé, de l'Institut national de la recherche pédagogique (INRP) estime «semé d'embûches».

Ceux qui souhaitent vérifier leurs connaissances pourront regarder les réponses établies par les chercheurs -après avoir rempli le questionnaire, bien sûr.

Rachel Mulot
Sciences-et-Avenir.com
30/06/09

J'ignore si les fautes de méthodes du journaliste rédacteur sont aussi celles des professeurs qui ont préparé le dit test. J'espère que non. Le journaliste mélange allègrement le fait de l'évolution, qui est un fait établi et aveuglant dans toutes les branches des sciences du vivant, et la ou les théories explicatives, proposant des mécanismes pour ce fait.

Toutes les explications théoriques ont sur elles la malédiction d'être difficilement expérimentables sur la durée d'une carrière de chercheur. La spéciation est un phénomène plutôt bref et isolé à l'échelle terrestre, mais terriblement long (sauf chez des invertébrés) comparé à une vie humaine. Mais on sait observer des infécondités croisées dès que les populations sont trop distantes, par exemple autour du désert du Nouveau Mexique, ou pour les poissons d'eau douce autour du Japon.
L'immense majorité des épreuves espérées sont à jamais inaccessibles voire détruites. En particulier, on n'aura jamais de fossiles prébiotiques de l'Hadéen : aucun flotteur n'existait, qui pût préserver des sédiments du recyclage par subduction.
De même, l'immense majorité des formations sédimentaires fossilifères ont déjà été enlevées par l'érosion, et leurs fossiles détruits. Chaque lambeau subsistant est d'autant plus précieux.

Depuis le livre historique de Jacques Monod, "Le hasard et la nécessité", la génétique s'est fortement compliquée, et il y a lieu de présumer que d'autres surprises nous attendent encore.

Ce qui n'a pas changé depuis ce livre, est l'analyse historique des théories animistes, ainsi que le hiatus entre les prétentions des religions à demeurer totalitaires, supérieurs hiérarchique de chaque enseignant, voire de chaque état, et leur impuissance totale à résoudre le moindre problème technologique ni scientifique. Or depuis Galilée, les princes, les militaires et même les peuples ont toujours plus besoins des savants et des ingénieurs, décidément irremplaçables.

JacquesL

Autre analyse de l'enquête, par Jean-Marc Temmos :
http://www.zetetique.fr/index.php/nl#actualite (mais l'adresse exacte sera hélas volatile) :

CiterL'évolution en France

Comme nous l'avons vu dans un article précédent (Comprenez-vous bien la sélection naturelle ? POZ n°45), l'évolution et la sélection naturelle restent mal comprises du grand public, qui semble leur préférer une version finaliste. Cette méconnaissance est imputable à différents facteurs : notre fonctionnement cérébral (recherche de causalité systématique), une mauvaise communication médiatique et probablement un enseignement partiellement défaillant.

On ne peut naturellement pas éliminer le premier problème, mais une prise de conscience de nos biais cognitifs (par l'enseignement de la zététique par exemple) permettra peut-être de limiter ses effets. Concernant le second point, il incombe aux vulgarisateurs scientifiques d'utiliser une sémantique précise (une théorie scientifique n'est pas une hypothèse, par exemple), d'abandonner les métaphores ambiguës et les coupables imprécisions (combien d'émissions de vulgarisation évoquent des espèces qui ont su « s'adapter à leur environnement » ?) . Quant au dernier problème, il peut tenir à de mauvaises méthodes pédagogiques mais aussi à une méconnaissance du sujet de la part des professeurs eux mêmes !

Afin de mieux cerner l'étendue et la nature du malaise, des Professeurs de l'Université Paris-Sud XI ont mené durant trois années (de 2005 à 2008) une enquête afin d'évaluer les connaissances sur l'évolution des étudiants de L1 en biologie à Orsay et ceux du PCEM (première année du premier cycle des études médicales). Il est important de noter que la très grande majorité des étudiants sondés avaient un baccalauréat scientifique et qu'ils ont répondu après plusieurs mois de cours durant lesquels le sujet de l'évolution a été abordé.

Les résultats (1) sont édifiants :

    * 2 % des étudiants pensent que l'évolution biologique « est une théorie qui a été réfutée ».
    * 4 % considèrent que « les espèces vivantes sont apparues une fois pour toutes ».
    * 32 % pensent que l'évolution n'est qu'une hypothèse et non pas un fait établi, 5 % étant sans opinion.
    * 6 % des étudiants en médecine réfutent l'évolution (les autres se répartissant également entre les sceptiques et ceux qui l'admettent).
    * 20 % affirment que « l'évolution se déroule selon un plan pré-établi ».
    * 36 % ne pensent pas que « l'apparition de la vie sur terre résulte uniquement de processus physico-chimique ».
    * Près de 12 % refusent de placer l'homme dans le règne animal.
    * Plus de 9 % récusent que toutes les espèces vivantes connues (« des micro-organismes à l'homme ») aient un ancêtre commun.
    * Près de 12 % ne conçoivent pas que plusieurs espèces d'hommes aient pu coexister.
    * À la question « pour respecter les standards de leur race, on modifie artificiellement l'apparence de certains chiens en leur taillant les oreilles et/ou la queue. Ces modifications vont-elles progressivement devenir héréditaires ? », plus de 16 % des étudiants ont répondu oui.

Les optimistes pourraient arguer que le même type de sondage à la fin du cycle universitaire et a fortiori chez les enseignants donnerait des résultats moins alarmistes. Malheureusement, une enquête auprès de professeurs de 19 pays a déjà été effectuée (2) et des chiffres similaires ont été obtenus : 2 à 4% d'enseignants français (y compris en biologie) ont donné des réponses créationnistes (bien moins que dans les 18 autres pays concernés par l'étude).  Parmi ceux qui déclarent « croire » en l'évolution, nombreux ont des positions finalistes et minimisent, voire nient le rôle du hasard.

Pour ajouter au pessimisme que ces chiffres engendrent chez l'homo laicus, on peut mentionner le très récent décret (J.O. n° 0092 du 19 avril 2009) sur la reconnaissance des diplômes entre le Vatican et la République française. Par son application, il semble (3) désormais possible qu'un étudiant en licence de théologie dans un institut religieux puisse enchaîner sur un master de philosophie dans une université grâce aux équivalences que permet la loi.

Pensez vous qu'un professeur de philosophie ayant un tel cursus soit apte à changer les chiffres de l'accablant sondage qui précède ?

Certes, la France est (pour combien de temps encore ?) mieux lotie que nombre de ses voisins, mais cela ne saurait constituer un satisfecit pour l'enseignement républicain.

Finalement, la seule vraie bonne nouvelle est la prise de conscience d'une grande partie des académiques et la réaction épidermique des défenseurs de la pensée critique.

De leur faculté à se rassembler et informer va dépendre la liberté intellectuelle des générations futures.



Jean-Marc Temmos

Notes et sources :

    (1) Plus de 1000 réponses obtenues (source : www.pleinsud.u-psud.fr)

    (2) Les convictions créationnistes et/ou évolutionnistes d'enseignants de biologie : une étude comparative dans dix-neuf pays, Pierre Clément (Source : www.nss-journal.org)

    (3) Il faudrait qu'un spécialiste du droit précise le cadre d'application du décret et valide cette interprétation.

JacquesL

Un wiki créationniste  :
http://creationwiki.org/fr/Accueil

La sottise est insondable.

Visez un peu cette truffe :