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FR3 : La mise à mort du travail

Démarré par JacquesL, 29 Octobre 2009, 01:02:10 AM

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JacquesL

1er épisode lundi 26 octobre.
Dans un monde où l'économie n'est plus au service de l'homme mais l'homme au service de l'économie, les objectifs de productivité et les méthodes de management poussent les salariés jusqu'au bout de leurs limites. Jamais maladies, accidents du travail, souffrances physiques et psychologiques n'ont atteint un tel niveau. Les histoires d'hommes et de femmes que nous rencontrons chez les psychologues ou les médecins du travail, à l'Inspection du Travail ou au conseil de prud'hommes nous révèlent combien il est urgent de repenser l'organisation du travail.

Suicides : http://programmes.france3.fr/mise-a-mort-du-travail/destruction/01-scene-suicide2.wmv

2e épisode mercredi 28 octobre.
Alors que la crise fait vaciller le capitalisme financier, La Dépossession raconte l'extraordinaire pouvoir des actionnaires sur le travail et les travailleurs. L'histoire nous transporte d'une usine Fenwick – un fabricant industriel de matériel de manutention implanté dans le centre de la France – jusqu'aux arcanes de la finance new-yorkaise. Petite entreprise française née il y a 150 ans, Fenwick est racheté en 2006 par l'un des financiers les plus redoutés des États-Unis, Henry Kravis. Un homme à la tête du fonds d'investissement KKR, dont les ventes annuelles dépassent celles de Coca-cola, Disney et Microsoft cumulées. Avec ce rachat, pour les salariés français de Fenwick, la donne va radicalement changer. Cette même histoire se déroule dans des dizaines de milliers d'entreprises à travers le monde...

Christophe Dejours : http://programmes.france3.fr/mise-a-mort-du-travail/depossession/01-expert-ideologie-gestionnaire.wmv
Cadences de production : http://programmes.france3.fr/mise-a-mort-du-travail/depossession/04-scene-cadences.wmv


http://programmes.france3.fr/mise-a-mort-du-travail/motschiffres.php
http://programmes.france3.fr/mise-a-mort-du-travail/interviews.php

Christophe Dejours : le travail en mode dégradé, se débarrasser des gens qualifiés, dégraisser, exiger des contrats d'excellence sous la menace, piller et ruiner une entreprise en trois ans. http://programmes.france3.fr/mise-a-mort-du-travail/itv/dejours/Dejours1.wmv
Conclusion : on sent la décadence et la fin d'une civilisation, sous cette énorme dévalorisation de la qualification au travail, et ce parasitisme de plus en plus grand de l'actionnariat.

CiterInterview de Frédéric Lordon

Frédéric Lordon est directeur de recherche au CNRS et chercheur au Centre de sociologie européenne (CSE). Il a publié notamment Fonds de pension, piège à cons. Mirage de la démocratie actionnariale (Liber/ Raisons d'agir, 2000), Jusqu'à quand ? Pour en finir avec les crises financières (Liber/Raisons d'agir, 2008), La Crise de trop. Reconstruction d'un monde failli (Fayard, 2009).

La série documentaire de Jean-Robert Viallet avance qu'à l'origine de la "crise du travail" on trouve les structures de la finance, plus précisément les structures du capitalisme financier qui ont été mises en place en Occident à partir du milieu des années 80 à la faveur du tournant dit néolibéral. Mais, au fond, d'où vient le pouvoir de la finance, c'est-à-dire par quels types de mécanismes transite l'influence qu'a acquise depuis deux décennies sur l'entreprise ce groupe social constitué par les actionnaires ?

Spontanément, on est tenté de répondre ceci : le pouvoir actionnarial, c'est le pouvoir du bailleur de fonds. Détient le pouvoir celui qui tient le nerf de la guerre, c'est-à-dire qui apporte l'argent. C'est une réponse qui semble de bon sens... Le problème, c'est qu'elle est empiriquement fausse. Il faut bien voir que les marchés d'actions – ce qu'on appelle la bourse stricto sensu – apportent des capitaux aux entreprises mais en retirent également sous la forme, non seulement des dividendes qui sont perçus annuellement, mais aussi sous la forme de rachats d'actions. Pourquoi les entreprises rachètent-elles leurs propres actions ? Pour partager la même masse de profit entre un nombre plus restreint d'actions, c'est-à-dire pour augmenter le profit par action et donc, in fine, augmenter leur cours de bourse.

Entre dividendes et rachats d'actions, les entreprises, depuis une décennie environ, consacrent ainsi des sommes de plus en plus importantes non pas à l'investissement mais à leurs actionnaires. Et si l'on veut connaître la contribution nette des marchés d'actions au financement des entreprises, il faut faire la différence de ce qui est apporté par les actionnaires aux entreprises et de ce qui est soutiré aux entreprises par les actionnaires. Et là, paradoxe : la somme est devenue négative. En d'autres termes, dit plus trivialement : les actionnaires pompent plus de fric aux entreprises qu'ils n'en apportent. C'est un point important parce que cette énorme salade de la déréglementation financière nous a été largement vendue, depuis deux décennies, au motif que cela allait favoriser le financement des entreprises. Cela s'est avéré une erreur totale du fait de cette inversion du signe de la contribution nette du financement des bourses aux entreprises. Il y a effectivement des sommes faramineuses qui s'investissent chaque jour dans les marchés d'actions. Mais dans ce qu'on appelle le marché secondaire, c'est-à dire là où on achète et revend des actions qui ont déjà été émises antérieurement. De telle sorte que ces énormes masses de liquidité qui s'investissent dans les marchés d'actions contribuent de manière tout à fait marginale au financement des entreprises et nourrissent bien davantage cette espèce de gigantesque pollution spéculative qui se manifeste sous la forme de l'inflation du cours des actifs.

Si le pouvoir actionnarial n'est pas le pouvoir du bailleur, alors, qu'est-ce que c'est ?

Le contrôle par la propriété. Albert Dunlap, un célèbre raider surnommé Al la Tronçonneuse – ce qui vous donne une idée de ses manières – disait : "Ce qui est formidable dans le capitalisme financier, c'est que tous les jours je peux aller voir un patron et lui dire droit dans les yeux : votre entreprise est à vendre." Et c'est exact. Les titres de propriété d'une entreprise, ce sont ses actions, elles circulent sur les marchés, s'achètent et se vendent. Quelqu'un qui dispose de la puissance financière suffisante peut à tout instant racheter tout ou partie du capital d'une entreprise. Voilà le pouvoir des actionnaires : ils "votent avec leurs pieds", c'est ce que l'on appelle le Wall Street walk. S'ils ne sont pas contents, ils vendent les titres, les cours baissent, l'entreprise est donc rachetable à prix inférieur et la menace qu'un raider se pointe et fasse une OPA hostile devient de plus en plus probable. Et alors, on sait comment ça se termine pour l'équipe dirigeante... C'est cette séquence – dissentiment des actionnaire, vente en bourse, baisse du cours des actions, menace du rachat par une OPA hostile, débarquement de la direction – qui fait que les managers sont entièrement dans la main des actionnaires. Cela a des effets extraordinairement puissants parce que le dirigeant de l'entreprise est ce que j'appellerai le maillon faible paradoxal. Maillon faible parce qu'il est le plus vulnérable aux pressions qui viennent de l'actionnariat ; paradoxal parce que néanmoins il est le patron de l'entreprise et qu'il a donc les moyens de décréter la mobilisation, de mettre toute son organisation sous tension pour lui faire atteindre les objectifs qui le protègent lui, patron : le relèvement du profit, donc de la rentabilité servie à l'actionnaire et, en dernière analyse, le relèvement du cours boursier.

Cette mise sous tension, et c'est le plus extraordinaire, ne s'arrête pas aux limites de l'entreprise, elle chemine tout le long des chaînes de sous-traitance. Et, d'un bout à l'autre, la mobilisation est absolue pour faire remonter de bas en haut toutes les contributions au profit, toutes les contributions à la productivité qui sont agrégées tout en haut de la pyramide pour être servies à l'actionnaire sous la forme de la rentabilité financière.

Cette mise sous tension à des effets concrets en matière d'organisation du travail...

Cette énorme transformation de la finance actionnariale ne poursuivait en définitive qu'un seul objectif : rendre les entreprises vulnérables, c'est-à-dire exposées à la sanction actionnariale et sommées, non seulement de consacrer tous leurs efforts au service de l'actionnaire en livrant la rentabilité, mais surtout exposées à toutes les menaces de l'actionnariat. Il faut bien voir que chacun lutte pour sa survie, à commencer par le dirigeant, qui cherche à préserver son existence en tant que dirigeant. Et il est prêt à tout. Alors, encore une fois, ça dégringole en cascade tout au long de la chaîne et, de haut en bas, il n'y a plus que des individus qui luttent pour leurs intérêts vitaux. Cela fait régner une extraordinaire violence dans le monde de l'entreprise. Et une extraordinaire ambivalence parce que tout le monde est la fois bourreau et victime : victime de l'échelon hiérarchique supérieur et bourreau de l'échelon inférieur. Cette violence est à la mesure des enjeux que tous les individus doivent préserver dans ce nouvel univers qui a élu la concurrence comme principe directeur. C'est ce qui est terrible. Il y a des gens, aujourd'hui, à la tête de l'État, qui font de la concurrence une philosophie d'existence, c'est-à-dire le meilleur principe susceptible d'organiser la société.

Or, la concurrence est au contraire un principe qui fait régner une sauvagerie sans pareille. Les individus se comportent comme des sauvages et on ne peut pas attendre autre chose de leur part à partir du moment où leurs intérêts essentiels sont en danger.

Vous voulez dire que personne n'a plus aucune marge de manoeuvre ?

Il n'est pas facile de conduire l'analyse jusqu'au bout parce que si l'on veut être rigoureux, je crois qu'il faut absolument, au moins dans un premier temps, la débarrasser de toute considération morale et donc de tout jugement. Il faut regarder tout ça presque comme une physique. Il y a des forces à l'oeuvre. Elles ne tombent pas du ciel, ce ne sont pas les forces du cosmos. Ce sont les forces des structures ou d'une certaine configuration des structures du capitalisme. Et, quelle que soit la vertu individuelle que les agents peuvent opposer, elle ne sera jamais aussi forte que ce à quoi les structures les contraignent.

Les agents se comportent toujours comme les structures les déterminent à se comporter. D'où cette ambivalence : le bourreau est lui-même victime des forces qui le dominent. Ça ne veut pas dire que toutes les victimes se valent. Mais, c'est vrai, les patrons sont à leur manière victimes de la nouvelle configuration de ces structures.

Certains, notamment des patrons de PME, subissent des pressions absolument redoutables.

Alors, bien sûr, la souffrance du patron de PME n'est pas celle de l'ouvrier. Mais, pour la qualité de l'analyse, il ne faut pas se précipiter vers le méchant, le salaud, "On va le pendre par les tripes", etc. En tout état de cause, et c'est ça la chose à laquelle il faut aboutir et qu'il faut absolument garder en tête, c'est que, si on veut modifier les effets, il faut modifier les causes. Et, si on veut modifier le travail des forces, alors il faut modifier la configuration des structures. Le capitalisme restera exactement le même si on laisse ses structures en l'état. En revanche, pour changer les choses, il faut réagencer toutes les structures que nous avons sur les bras depuis deux décennies. Il se trouve qu'il y a une crise monumentale de la finance – pas de la finance actionnariale en première analyse, de la finance de marché, de la finance spéculative, des produits dérivés, etc. Mais elle est d'une ampleur telle qu'elle ouvre une opportunité historique sans précédent de questionner à nouveau ce qui ne l'a pas été depuis deux décennies, à savoir les structures du capitalisme et, au premier chef, les structures de la finance, une opportunité à saisir si on veut changer le monde tel qu'il fonctionne actuellement. Parce qu'une occasion de ce calibre, il ne s'en présentera pas d'autre avant un moment.

Citer
Interview de Marie-Anne Dujarier

Marie-Anne Dujarier est sociologue du travail et des organisations, maître de conférences à Paris III-Sorbonne Nouvelle et à l'École polytechnique, chercheuse au Laboratoire Interdisciplinaire pour la Sociologie Économique (CNAM-CNRS). Elle a publié L'Idéal au travail, aux Presses universitaires de France, en 2006 et Le Travail du consommateur, à La Découverte, l'an dernier.

Qu'est-ce que la sociologie du travail et quel est son objet ?
La sociologie du travail observe et analyse l'évolution du lien social au travail, ainsi que l'évolution des rapports sociaux. L'enjeu est de comprendre ou expliquer "ce qui nous arrive" au travail, que ce soit entre nous ou en nous.

Sur quoi ont porté vos recherches ?
J'ai analysé le phénomène d'idéalisation de la prescription dans les organisations et ses effets sur les travailleurs. Puis j'ai examiné la question de la subjectivité au travail, notamment autour des questions de reconnaissance et de santé. Une troisième recherche visait à démontrer que le consommateur, cette main d'oeuvre gratuite, disponible et motivée, travaille pour produire ce qu'il achète. Je mène actuellement une recherche sur la manière dont les dirigeants conçoivent le réel au moment de prescrire et contrôler le travail des autres.

Comment et pourquoi avez-vous été contactée pour travailler sur ces films ?
Christophe Nick m'a contactée en mars 2008 après avoir lu L'Idéal au travail pour me proposer de collaborer aux films de Jean-Robert Viallet. C'est la première fois que j'étais sollicitée dans le cadre d'un documentaire – j'ai, depuis, un autre projet portant sur « le travail du consommateur », avec René Baratta et Camera Lucida Productions. Au vu des premières images et après un échange avec l'équipe, j'ai volontiers accepté d'être "conseillère scientifique". Mon rôle consistait à visionner les rushes et à en proposer une lecture sociologique. Nous avons débattu des interprétations à donner et des manières de les commenter.

Avez-vous retrouvé dans ce matériel filmé un écho de votre propre expérience de terrain ?
Les images rapportées par Jean-Robert ont l'intérêt d'être très proches de la réalité observable dans les organisations. Les travailleurs pourront le confirmer : ce qu'il a filmé est tout à fait représentatif – banal, pourrait-on dire – de ce qui se passe dans la plupart des entreprises. C'est une des grandes qualités du film. Elle est d'autant plus remarquable que réalisateurs comme sociologues savent à quel point il est difficile d'avoir accès à ces données empiriques sans les altérer.

Malgré ou plutôt grâce à la rigueur de l'enquête et de l'argumentation, La Mise à mort du travail s'apparente à une certaine forme de critique sociale. Cette démarche est-elle différente de celle de la recherche ?

Jean-Robert Viallet a effectivement réalisé trois films critiques et même alarmistes – comme l'exprime le titre de la série – sur l'évolution du travail contemporain. C'est rare et courageux dans le contexte actuel. Le mot critique a deux sens : c'est d'abord une prise de position citoyenne politique à propos du travail et de son organisation sociale. Jean-Robert le fait pour la télévision, avec les outils et le style de ce média. Ils sont évidemment distincts du discours académique. Mais il propose simultanément une autre forme de critique, au sens sociologique du terme cette fois. Il "dévoile" avec une minutie pédagogique, les processus socio-économiques à l'oeuvre dans ce capitalisme financier, jusque dans leurs recoins les moins connus. Dans ses films, nous voyons presque tous les acteurs du monde du travail, en situation : actionnaires, dirigeants, cadres intermédiaires, techniciens, employés, ouvriers, mais aussi formateurs, consultants, psychologues, médecins et inspecteurs du travail, juges prud'homaux... Le téléspectateur a la possibilité de comprendre leur situation, comportement et discours et, surtout, de comprendre les rapports entre eux, bien qu'ils soient invisibles. Les films sont remarquables à cet égard.

Cette série de documentaires fait le constat que « quelque chose ne va pas » dans le travail salarié aujourd'hui. D'une certaine façon, la critique sociale n'a cessé de le répéter depuis deux siècles.

Une caractéristique du capitalisme salarié est l'ambivalence du travail. Pour celui qui le fait, le travail est un moyen de subsistance, certes. Mais rares sont ceux qui ne travaillent « que pour l'argent ». Le travail est aussi un moyen d'être utile au monde, d'obtenir de la reconnaissance, de se socialiser et de se développer par une activité. L'emploi est un moyen de bâtir une identité et d'accéder à de nombreux droits sociaux. Mais, pour l'employeur, le même travail est vu comme une "ressource humaine". Elle s'achète, sur le marché (du travail) en vue d'être "exploitée" au mieux. On voit bien alors la tension qui peut s'instaurer entre ces deux attentes à l'égard du même travail. Le rapport de force est permanent, pour tenter de faire prévaloir « sa » valeur travail. Dans les périodes, comme celle que nous vivons, où le chômage est à la fois durable et massif, il est favorable aux employeurs.

Et dans ce rapport de force, se joue la question de la santé et de la souffrance au travail. En quoi la situation actuelle est-elle inédite ?

Le travail peut être blessant et tue régulièrement : ceci n'est pas nouveau. Actuellement, le développement de la précarité, de la sous-traitance et de l'individualisation accroît les risques pour la santé. La souffrance au travail est autre chose : elle n'est pas une maladie (même si l'on peut être amené à "en faire un maladie"). Psychologues et sociologues du travail identifient plusieurs causes. Les plus communes sont l'intensification du travail (cadences accélérées conjuguée à une pression consumériste), la fragilité ou l'inexistence du collectif, la marchandisation des services publics et la contrainte à bâcler le travail.

La Mise à mort du travail montre bien que l'entreprise est aussi le lieu d'un discours, d'autant plus efficace qu'il prend la forme de l'évidence : "Il faut s'adapter", "On n'y peut rien", "Il faut être les meilleurs ou disparaître", etc.

Effectivement, ces films montrent très bien également l'état du discours dominant aujourd'hui au travail. Celui-ci tend à enchanter les résultats à atteindre : bénéfices, satisfaction du client, éthique, climat social, qualité, sécurité... tout doit être parfait et en progrès continu. Actionnaires et dirigeants fabriquent ainsi des contradictions dont la résolution est repoussée sur des travailleurs déclarés pour l'occasion "autonomes et responsables".Ceux-ci doivent alors trouver, le plus souvent seul et dans l'urgence, des solutions pratiques qui soient socialement et subjectivement acceptables aux contradictions qui surgissent dans l'activité productive. Le plus souvent ils n'en ont ni la légitimité ni les moyens.

Dans ce contexte, ce n'est pas le travail qui fait souffrir mais bien cette délégation du « travail d'organisation » fait de tensions, dilemmes et impasses. Ils doivent souvent faire face à des paradoxes managériaux, à des changements de projets intempestifs, à une désorganisation bureaucratique. A l'heure où tout le monde parle de qualité, les travailleurs souffrent souvent d'être contraints à mal travailler, de devoir mal traiter leurs collègues, usagers ou clients. Ils sont alors physiquement et moralement en tension. Ils ont peur de mal faire ou, pire, de faire mal.

Et cette situation est acceptée ?

La grande difficulté aujourd'hui dans les rapports de force au travail, outre l'existence d'un chômage très élevé, c'est l'abstraction du pouvoir : il est très difficile de trouver "un" responsable de la situation (les sociétés sont "anonymes"et les dirigeants toujours en mouvement)... et de dialoguer avec lui. Ceci affaiblit les possibilités de négociation et de contestation traditionnels.

JacquesL

#1
Biblio La mise à Mort du Travail

Le magazine Santé et Travail édite des dossiers thématiques sur les problématiques liées à la santé au travail. "Mal-être, dépression, suicide... Pourquoi le travail fait souffrir" est l'objet d'un de ces dossiers paru dans le N°64 en octobre 2008. Le magazine est disponible en kiosque à partir depuis le 15 octobre 2009.

Yves Clot : La fonction psychologique du travail, Presses Universitaires de France, Collection Le Travail Humain. 1999.

Yves Clot : Travail et pouvoir d'agir, PUF. 2008.

Christophe Dejours : L'évaluation du travail à l'épreuve du réel, Paris, INRA éditions. 2003.

Christophe Dejours : Souffrance en France, Seuil. 1998.

Marie-Anne Dujarier : Le travail du consommateur, La découverte. 2008.

Marie-Anne Dujarier : L'idéal au Travail, Puf. 2006.

Thomas Philippon : Le capitalisme d'héritiers : la crise française du travail, Seuil. 2007.

Vincent de Gaulejac : La société Malade de la gestion, Seuil. 2009.

Frédéric Lordon : La crise de trop, Fayard. 2009.

Frédéric Lordon : Jusqu'à quand ? Pour en finir avec les crises financières, Raison D'agir Eds. 2009.

Marie Pezé : Ils ne mourrait pas tous mais tous étaient touchés, Village Mondial. 2009.

Annie Thébaud-Mony : Travailler peut nuire gravement à votre santé, La Découverte / Poche. 2008.

Philippe Askenazy : Les désordres du travail, Seuil, la République des idées. 2006.

Christian Baudelot et Michel Gollac : Travailler pour être heureux ? Le bonheur et le travail en France, Fayard. 2003.

Robert Castel : La métamorphose de la question sociale, une chronique du salariat, Point Seuil. 1999.

Alain Ehrenberg : Le culte de la performance, Hachette Littératures, Pluriel. 1999.

Michel Gollac : Les conditions de travail, La découverte, Collection Repères. 2000.

Dominique Lhuilier : Placardisés. Des exclus dans l'entreprise, Seuil. 2002.

Danièle Linhart : Travailler sans les autres, Seuil. 2009.

Pascale Molinier : Les enjeux psychiques du travail, Petit Bibliothèque Payot. 2008.

Valérie Brunel : Les managers de l'âme. Le développement personnel en entreprise, nouvelle pratique de pouvoir ?, La Découverte, Entreprise et Société. 2004.

Michel Lallement : Le travail. Une sociologie contemporaine, Folio Essais. 2007.


http://programmes.france3.fr/mise-a-mort-du-travail/bibliographie.php
Bernard Maris : Antimanuel d'économie, Editions Bréal. 2005.

Thierry Pillon et François Vatin : Traité de sociologie du travail Toulouse, Octarès, Collection Travail et activité humaine. 2003.

Hélène Weber : Du ketchup dans les veines, Pourquoi les employés adhèrent-ils à l'organisation chez Mc Donald ?, Erès, Collection Sociologie clinique. 2005.

Naomi Klein : No logo. La tyrannie des marques, Traduit de l'anglais par Michel Saint Germain, Actes Sud, Babel. 2007.

Alain Supiot : Critique du droit du travail, Puf. 2007.