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L'envie de comprendre est-elle universelle ?

Démarré par Mateo, 15 Juillet 2013, 07:16:40 PM

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Mateo

Jean-Luc G. a écrit :
Je conteste l'affirmation selon laquelle l'envie de comprendre est universelle, parce que je ne vois pas sur quoi elle se base. Il faudrait donc l'étayer par une argumentation rigoureuse (nous sommes entre scientifiques).

Jean-Jacques D. a répondu :

je pense à Cassirer ( http://fr.wikipedia.org/wiki/Ernst_Cassirer ) :

L'homme n'est pas seulement un être organique et spirituel,
mais un être qui demande et fabrique du sens.
La relation de l'esprit et du corps doit être elle-même restituée dans le champ du sens.
Comme porteur du sens, l'homme est qualifié d'animal symbolicum :
par cette définition, Cassirer fait écho à la définition traditionnelle de l'homme comme animal rationnel,
mais l'élargit en même temps à toutes les « formes symboliques »
qui ne sont pas directement des produits de la raison.
Il souligne ainsi que « le concept de raison est totalement inapproprié,
si l'on veut saisir les formes de la culture dans leur plénitude et leur diversité » (Essai sur l'homme).

Même quand il s'agit de sport, le besoin de comprendre et de donner du sens au spectacle
est présent. Quant aux conquistadors, réduire aux faits de guerre leurs actions,
me semble une simplification infantile. Il suffit de regarder le film : Aguirre, la colère de Dieu ( http://fr.wikipedia.org/wiki/Aguirre,_la_colère_de_Dieu )
pour se rappeler la polysémie des conduites humaines.

Si l'on constate l'apathie apparente des élèves devant l'accès à la culture,
rappelons-nous le Panem et circenses ( http://fr.wikipedia.org/wiki/Panem_et_circenses ) dont les formes actuelles
(société de consommation, télévision et autres jeux de divertissement)
peuvent donner un embryon d'explication.

Cornélius Castoriadis ( http://fr.wikipedia.org/wiki/Cornelius_Castoriadis#Le_mode_d.27.C3.AAtre_sp.C3.A9cifique_de_l.E2.80.99Homme ) propose un concept qui, maintenant, est largement partagé,
celui d'imaginaire social :

L'humain se distingue des autres êtres vivants du fait de son « mode d'être » particulier,
caractérisé par ce qu'il nomme « l'imagination radicale »,  [...]
Cette défonctionnalisation de « l'imagination » humaine,
et donc en l'occurrence du fonctionnement de sa psyché, [...]
autrement dit le fait que son fonctionnement n'est pas « asservi
à une finalité qui concernerait le substrat biologique » se manifeste dans le phénomène du suicide,
qui indique clairement qu'elle n'est pas entièrement soumise à un instinct de conservation de soi.
[Elle] se rapporte à la capacité de l'humain à éprouver du plaisir non pas seulement par la sensation,
mais aussi et surtout par le biais de ses représentations. Ainsi, au-delà du strict « plaisir d'organe »,
la psyché humaine est capable d'investir comme source de plaisir des idées
ou plus généralement des « significations imaginaires sociales »,
et ce à tel point que ce type de plaisir peut prédominer, et prédomine souvent le plaisir d'organe.
Il illustre ce phénomène en prenant notamment l'exemple de la foi religieuse, du patriotisme
ou encore de convictions politiques, qui renvoient à des représentations
et significations sociales (Dieu, la patrie, la liberté, etc.) pour lesquels la plupart des individus
qui les investissent sont capables de se sacrifier en leurs noms,
ou, dans le cas de l'ascétisme religieux, de renoncer aux plaisirs sensuels.

On voit bien que les obstacles ne sont pas les élèves cossards,
mais l'ambiance culturelle et idéologique
dans laquelle ils sont noyés.

--
Jean-Jacques D.
Mateo.

JacquesL

#1
Tarataboum sur l'universalité de l'envie de comprendre...
Dans un échange de courriels, la didacticienne Laurence Viénnot soulignait les caractéristiques universelles du raisonnement populaire spontané, avec notamment sa tendance à stopper tout travail d'investigation ou de raisonnement dès qu'il trouvait une cause semblant bonne, et de là à se satisfaire de causes uniques, parfois correctes mais insuffisantes, et le plus souvent farfelues.

En fait, le raisonnement populaire déteste raisonner, et préfère faire semblant, pour vite, vite, vite obtenir la victoire sur ses adversaires et concurrents dans le bac à sable. Puisque la victoire lui assurera les territoires et mettra toutes les femelles, ou tous les mâles, et les autres aussi, à ses pieds. Le raisonnement populaire spontané ne peut s'étudier seul, mais en lien dialectique avec des millénaires de manipulations qui le flagornent dans ses infirmités préférées, par des populistes, des prêcheurs, des grands prêtres, des gourous et autres charlatans, et en lien dialectique avec les moeurs de la concurrence.

Là où Laurence Viénnot se laissait emporter à son tour par la précipitation à tout attribuer à chaque fois à une cause unique, est qu'elle voulait rattacher à ce genre d'insuffisance, la bourde du rédacteur du sujet de Bac de Pondichéry : http://udppc.asso.fr/forum/viewtopic.php?t=1639
Alors qu'il s'agit en réalité d'une bourde savante et communautaire.

Degré suivant dans le "raisonnement" populaire dans sa descente aux enfers, le "raisonnement" par insultes, hyper-répandu, même chez ceux que l'on croirait scientifiques.
Voir par exemple "Mad" (Marc Dubois) recourant à toutes les insultes et violences bureaucratiques, pour éliminer le témoin gênant de son adhésion à une escroquerie à l'échelle planétaire (le RCA de l'IPCC) :
http://impostures.deontologic.org/index.php?topic=193.msg553#msg553

Voir la chasse au bouc émissaire, dès que j'ai mis en évidence que les boulons pour éclisses, spécifiés et approvisionnés vers 1983-1984, ne tenaient aucun compte des connaissances déjà banales à l'époque, sur les concentrations de contraintes qui favorisent les fissurations et ruptures en fatigue, et que donc il y avait faute professionnelle à cette époque (pénalement prescrite depuis longtemps), une des causes de sept homicides involontaires par imprudence :
http://www.cheminots.net/forum/topic/36383-deraillement-dun-train-intercites-a-bretigny-sur-orge-ou-les-elucubrations-de-pseudos-experts-ferroviaires/page-61 et suivantes.
Et je pourrais sortir encore des dizaines d'exemples, que j'ai eu parfois le flair de sauvegarder.
Et pas mal de sketches de Coluche sont de la même veine (contre "les technocrates", par exemple).

Le "raisonnement" populaire déteste raisonner, il préfère insulter, c'est moins fatigant, et à court terme les bénéfices en dominance sociale sont garantis.
Et sur le Net, pour économiser encore sur l'effort, il préfère les souriards :
http://citoyens.deontolog.org/index.php/topic,1455.0.html

Dans les films de John Wayne vieillissant, et dans les histoires préférées des québécois, c'est encore plus expéditif : le coup de poing dans la gueule est l'argument préféré.

Une autre source du caractère essentialiste, et de préférence insultant, du raisonnement populaire, est la propagation descendante des vices des élites à la française. Déjà au 16e siècle, Agrippa d'Aubigné avait déjà brocardé les moeurs futiles et essentialistes de la cour de Henri III, catégorisant tout ce qui leur est étrange, par quelque adjectif attribut à l'italienne : "C'est un saltarin, baladin, un prieur de dieu", etc. A la cour, il fallait produire des traits d'esprits très brefs, avant qu'un autre ne vous coupât la parole, pour briller cruellement aux dépens de son prochain. De classes en classes, cela s'est propagé de l'aristocratie à la bourgeoisie, puis de là à tout ce qui gobe la presse qu'elle détient.

JacquesL

#2
Citation de: Mateo le 23 Août 2013, 07:17:34 PM
l'expression "raisonnement populaire", qui a sûrement au départ un définition technique mais qui sonne désagréablement employée hors contexte. Moi, j'aurais employé un autre mot que "populaire".

Mmh, du mal  à apprécier l'abîme qui nous sépare, nous les sur-instruits, de ceux qui depuis le CP, refusent l'instruction et détestent les instruits.
Le récit est de troisième main : c'est arrivé au fils d'un collègue, durant son service militaire. Un soir il se trouve devant une nuit étoilée, à côté d'un conscrit pâtissier. Le pâtissier pose une ou deux questions sur ces étoiles et planètes, et le fils de prof explique. Une petite vulgarisation d'astronomie, voire d'astrophysique. Le pâtissier se lève alors et conclut : "Oh, et puis tout ça, c'est rien que des conneries !".

JacquesL

Exemples de raisonnements très populaires :

CiterUn homme qui a des problèmes au lit est un «impotent».
Une femme qui a des problèmes au lit est avec un «impotent».

Une fille qui joue à des jeux vidéo est une femme forte et compétitive dans un milieu dominé par les gars.
Un gars qui joue à des jeux vidéo est un nerd qui risque d'attaquer son école secondaire avec un plan terroriste tout droit sorti de Counter Strike.

Si une femme prend du poids, c'est qu'elle a des problèmes.
Si un homme prend du poids, c'est qu'il se néglige et ne fait pas assez d'exercice.

Si une femme quitte son mari et ses enfants, c'est qu'elle n'était plus heureuse et qu'elle veut s'épanouir.
Un homme qui quitte sa femme et ses enfants est un salaud qui veut courir la galipote.

Une femme qui se promène avec des vêtements super moulants affirme sa sexualité.
Un homme qui regarde les seins et les fesses d'une femme qui se promène avec des vêtements super moulants est un cochon.

Une femme qui «prend des vacances sexuelles» le fait pour se divertir et se valoriser.
Un homme qui «prend des vacances sexuelles» est un désaxé et devrait suivre une thérapie.

Une femme infidèle qui refuse de partir avec son amant a le sens des responsabilités.
Un homme infidèle qui ne rompt pas avec sa femme et ses enfants est un lâche.

Un homme d'affaires est un méchant néolibéral qui exploite ses employés et les enfants du tiers-monde.
Une femme d'affaires est une super woman dynamique.

Si une femme est frigide, c'est probablement à cause d'un traumatisme qu'un homme lui a causé dans son enfance.
Un homme qui ne bande pas est un looser.

Une femme qui dépense 300$ en fringues, c'est normal.
Un homme qui dépense 50$ pour un outil, c'est de la folie.

Une femme qui travaille en service de garde aime les enfants, est capable d'en prendre soin et de répondre à leurs besoins.
Un homme qui travaille en service de garde est louche.

Porno
Une femme qui tourne des films pornos est une rebelle qui participe à renverser les stéréotypes sexuels en affirmant que la gente féminine a le droit d'assumer haut et fort son désir et ses fantasmes.
Un homme qui tourne des films pornos est un vieux cochon.

Violence
Une femme qui bat ses enfants est une victime de la société qui mérite notre compassion, notre pardon et notre compréhension.
Un homme qui bat sa femme est un écoeurant qui mérite d'être jeté en prison.

Amour de la jeunesse
Une sexagénaire ridée qui sort avec un homme de 30 ans est une battante qui mord dans la vie, lutte contre les préjugés et prouve qu'il n'y a pas d'âge pour aimer.
Un sexagénaire ridé qui sort avec une femme de 30 ans est un vicieux.

Infidélité
Une femme qui trompe son mari est une hédoniste qui fuit les liens étouffants du mariage pour renouer (enfin !) avec sa sexualité endormie.
Un homme qui trompe sa femme est un être irresponsable, égoïste et infantile.

Divorce
La femme divorcée veut obtenir la garde de ses enfants parce qu'elle les aime.
L'homme divorcé veut obtenir la garde de ses enfants parce qu'il ne veut pas payer de pension alimentaire.

Rock
Mick Jagger est un vieux croûton pathétique qui continue de chanter pour pouvoir baiser des jeunes filles.
Cher est une artiste accomplie qui prouve que l'énergie créatrice ne diminue pas avec l'âge.

Danses à six
Une femme qui va dans un club de danseurs le fait d'abord et avant tout pour avoir du fun, rire avec ses chums de filles et jeter un regard ironique sur le vieux pattern de la domination sexuelle.
Un homme qui va dans un bar de danseuses est un voyeur qui se masturbe dans les toilettes.

Agressivité
Une femme qui boxe est un modèle, car elle montre à toutes les jeunes filles que l'agressivité peut être une force constructive.
Un homme qui boxe est un moron qui gagne sa vie en tapant sur les autres.