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"L'art d'avoir toujours raison", revu par Christian Navis

Démarré par JacquesL, 19 Juin 2012, 11:46:47 AM

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JacquesL

CiterSchopenhauer n'a pas écrit que des livres sérieux décortiquant Kant, Hegel ou Platon.
Un de ses ouvrages les plus plaisants à lire est : "L'art d'avoir toujours raison".
Arthur y répertorie 38 stratagèmes pour enfumer ses adversaires et retourner à son avantage toute discussion, ou à défaut l'enfermer définitivement dans une impasse.
Je me suis permis de l'adapter à notre époque.

Dans son intro, il expose qu'une mise en condition de l'adversaire est nécessaire pour qu'il se sente d'emblée sur la défensive.
Pour cela, rien de tel que l'attaque à la personne. Mais pas d'injures. Du moins, pas tout de suite...

- Commencez par une collecte de renseignements sur les propos et les comportements passés de "l'ennemi" souvent dans des situations qui n'ont aucun rapport avec le débat en cours. Même s'il s'agit de vulgaires rumeurs, elles feront l'affaire ! Et tandis que votre adversaire cherchera à s'en dépêtrer, vous aurez le champ libre.
Déconsidérer l'adversaire plutôt que réfuter ses propos est un bon début, mais insuffisant pour le terrasser.
La suite doit être plus musclée !

- Abusez du prêt-à-penser :
votre adversaire est homme, il manque de finesse. Femme, elle pêche par défaut de logique.
Homo, c'est une folle. Hétéro, un homophobe.
Blanc, c'est un raciste. Noir, jaune ou bleu c'est aussi un raciste !
Tout le monde est raciste (ou fasciste) sauf vous !
L'important est d'obliger l'ennemi à apporter la preuve négative qu'il n'est pas ce que vous prétendez.

- Adoptez un ton condescendant :
Il n'est pas bien informé et, de toute façon, c'est trop compliqué pour lui.
Un intello vit dans les nuages, un manuel ignore l'abstraction.
Un spécialiste est forcément limité à son domaine.
Un béotien évidemment n'y connait rien.
N'hésitez pas à détourner ses propos en feignant de ne pas comprendre. L'intéressé s'explique mal. Il doit avoir des choses à cacher !

- Administrez-lui une bonne douche écossaise :
tenez des propos conciliants d'un ton patelin, pour le mettre en confiance.
Après une bonne avoinée, il sera demandeur d'armistice.
Incitez-le à se découvrir, en lui faisant croire qu'il dispose enfin d'une occasion de s'expliquer.
Il tombera d'autant plus haut ensuite !
Le poisson ayant mordu à l'appât, le ferrer fermement.
En suscitant sa colère. Par quelque insolence, applaudie par votre claque.
Et des huées s'il réplique sur le même ton.
Votre propos est dur mais juste.
Le sien est de l'agressivité gratuite.

- Sortez quelques uns de ses propos de leur contexte, en le poussant à se déjuger, c'est très déstabilisant.
Il est alors temps de révéler (sinon inventez !) des détails croustillants sur la vie privée de votre concurrent.
Ses échecs commerciaux ou amoureux. Les procès qu'il a perdus. Ses fréquentations douteuses depuis l'école maternelle.

- Embrouillez l'adversaire et préparez l'épuisette.
La bête se débat, mais l'hameçon est bien planté.
Renforcez encore sa colère, en alternant dérision et mépris, en lui coupant la parole, et en criant plus fort que lui.
Puis, comme un bon flic face à un criminel endurci, entortillez-le en posant des questions décousues. En passant du coq à l'âne. En exigeant qu'il produise ses preuves.
Mais en ne lui laissant pas le temps de répondre.
Et comme il n'a pas réponse à tout, répondez à sa place !
Très peu de gens parviennent, sans entraînement, à conserver leur calme dans ces circonstances.
Même les politiciens professionnels sérieusement coachés finissent par trébucher.
Alors pensez, un amateur !

- Détournez le sens des mots.
Que l'antonyme devienne homonyme et vice versa !
Avant l'invention de la novlangue, Schoppy a écrit :
"Utilisez des termes approximatifs, à double sens, et si ça ne suffit pas orduriers pour disqualifier une thèse et celui qui la soutient."
De digressions oiseuses en questions hors sujet, faites lui perdre le fil du sujet. Puis recadrez-le en le traitant d'inconsistant
ou de lunatique. Schoppy a écrit : "Ce stratagème fonctionne admirablement avec les timides et les lents d'esprit."

Avec les moins timorés et les plus vifs, il faut frapper plus fort !
La recherche des paradoxes est efficace.
Quel être humain un peu structuré, qui a un vécu, ne porte-t-il pas en lui des paradoxes ?
Là on ne finasse plus, on bétonne.
Tu ne peux pas être de droite avec un grand-père polonais puisque la droite n'aime pas les étrangers.
Tu ne peux pas être écolo puisque tu roules en diésel.
Tu ne peux pas être de gauche puisque tu as une maison de campagne.
C'est incohérent. Mais dans le feu de la discussion, ça peut fonctionner.

Le moment est venu d'alterner insinuations perfides et critiques bien dosées.
Ses doigts croisés trahissent ses complexes, sa façon de s'habiller fait pitié, son élocution est pâteuse, son accent ridicule.
Plus redoutable encore : le renversement de dialectique.
Retournée comme une peau de lapin, l'apagogie achève l'adversaire tout en mettant les rieurs de votre côté :
Amenez le à admettre que tous les ruminant ont des cornes.
Une fois qu'il a acquiescé, traitez-le d'ignare.
Les camellidés n'ont pas de cornes.
Sauf si Madame Chamelle est volage.
L'exception devient la règle et il est déconsidéré.
Après, toutes les fantaisises surréalistes sont possibles :
qui vole un oeuf vole un boeuf. Donc qui mange un oeuf mange un boeuf et crèvera du cholestérol.
A froid, ça a l'air idiot. Mais dans le feu de la discussion, ça passe très bien.

- Enfin, il y a la mystification souvent liée à l'instinct grégaire qui permet d'utiliser une soi-disant "opinion universellement reconnue" comme argument d'autorité.
Mais là, je m'efface devant le maître qui a écrit :

"Ce que l'on appelle l'opinion commune est l'opinion de deux ou trois personnes et nous pourrions nous en convaincre si nous observions comment naît une telle opinion. Nous verrions que ce sont deux ou trois personnes qui l'ont admise ou avancée et qu'on a eu la bienveillance
de les croire.
Préjugeant de la compétence de celles-ci, quelques autres se sont mises également à adopter cette opinion à leur tour, et un grand nombre de personnes se sont fiées à ces dernières, leur paresse les incitant à croire d'emblée les choses plutôt que de se donner le mal de les examiner.

Ainsi s'est accru de jour en jour le nombre de ces adeptes paresseux et crédules.
Car une fois que l'opinion eut pour elle un bon nombre de voix, les suivants ont pensé qu'elle n'avait pu les obtenir que grâce à la justesse de ses fondements.
Les autres ont alors été contraints de reconnaître ce qui était communément admis pour ne pas être considérés comme des esprits simples s'insurgeant contre des opinions universellement admises ou comme des impertinents se croyant plus malins que tout le monde.

Adhérer devient alors un devoir.
Désormais, le petit nombre de ceux qui sont capables de juger est obligé de se taire et ceux qui ont le droit de parler sont ceux qui sont absolument incapables de se forger une opinion et un jugement à eux, et qui ne sont donc que l'écho de l'opinion d'autrui.

Ils en sont cependant des défenseurs d'autant plus ardents et intolérants que ce qu'ils détestent chez celui qui pense autrement, ce n'est pas tant l'opinion différente qu'il prône que l'outrecuidance qu'il a à vouloir juger par lui-même.
Ce qu'ils ne font bien sûr jamais eux-mêmes, tout en ayant conscience dans leur for intérieur de leur incapacité.

Très peu de gens savent réfléchir, mais tous veulent avoir des opinions !
Que leur reste-t-il d'autre que d'adopter celles que les autres leur proposent au lieu de se les forger eux-mêmes ?"

--
Les 6 constats de décès du journalisme citoyen
http://christian.navis.over-blog.com

JacquesL

Les internautes belliqueux répliquent :
Citer
Le 13/06/2012 22:46, Christian Navis a écrit :
> Oui, les cyber-forums sont des vivariums de premier choix
> pour observer des amateurs (certains assez doués !)
> utilisant des techniques de manipulation mentale
> reposant sur le bluff, l'approximation, l'intimidation,
> la répétition ad nauseam, et l'instinct grégaire.

Vous savez, la plupart de ces choses sont des modes de communication instinctif chez l'être humain. Ce sont pour ainsi dire des modules livrés en bundle avec l'ego, puisque ça rendre dans le cadre normal des diverses tentatives de "se sauver soi-même", qui passe la génération spontané de la mauvaise foi, des mensonges, et la manipulation de l'auditoire.

Voir aussi : http://fr.wikipedia.org/wiki/Bouc_%C3%A9missaire#Sociopsychanalyse_et_psychiatrie

--
Usenet, demain, j'arrête...

Citation de: Christian Navis

On 13 juin, 23:28, sedenion <r...@sedenion.42> wrote:

> Vous savez, la plupart de ces choses sont des modes de communication
> instinctif chez l' être humain. Ce sont pour ainsi dire des modules
> livrés en bundle avec l'ego, puisque a rendre dans le cadre normal des
> diverses tentatives de "se sauver soi-même", qui passe la génération
> spontané de la mauvaise foi, des mensonges, et la manipulation de
> l'auditoire.

Vous avez raison. En partie seulement.
Sinon, cela voudrait dire que les humains ne savent se servir que de leur archaïque cerveau reptilien (ou crocodilien).
Les plus retors le combinant avec leur cerveau limbique pour trouver des réponses immédiates, primaires bien qu'un peu plus élaborées.

Fort heureusement, la plupart des gens s'ils subissent l'influence des deux strates les plus archaïques ne se laissent pas gouverner par elles.
Le néocortex remet un peu d'ordre dans tout ça, et induit des comportements de pacification et de compassion au niveau de l'affect, et gère l'intellect par l'anticipation, le raisonnement et l'abstraction.

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Les 6 constats de décès du journalisme citoyen
http://christian.navis.over-blog.com

Nous sommes surtout les seuls bestiaux qui outre des aires linguistiques développées, disposent de naissance des moyens neurologiques pour tenir - parfois en le sachant, le plus souvent en ne s'en doutant guère - un Grand Livre des loyautés dues et des loyautés reçues, à valoir à son tour. Ce sont les rares différences neurologiques entre nous et les grands singes anthropoïdes.

A Bourg d'en Haut des Saintes, un seul homme votait communiste. Après chaque élection, les autres saintois allaient lui casser la gueule. Et il restait fidèle. Quand il avait été émigré chômeur à Paris, chien perdu sans le sou, avec son teint sombre, il avait été secouru par un couple de militants communistes. Il n'oublia jamais, jusqu'à sa mort.

Neurologiquement, nous sommes donc très bien équipés pour la coopération. Le développement du logiciel libre en est une preuve vivante. Lorsque j'ai posé mes premières questions sur Open Office, la première réponse fut d'un Sud-africain, et la seconde réponse fut d'un Magyar.

Culturellement, notre environnement est moins brillant... Chez nous, un représentant typique du "Shoot them up" fut l'évêque qui durant la guerre contre les albigeois donna la consigne "Tuez les tous ! Dieu reconnaître les siens."
Depuis le Néolithique, le principal facteur de la sélection sexuelle demeure la guerre. Il a par exemple été prouvé que suite à la conquête du pouvoir militaire par les bandes de saxons en Grande Bretagne, les mâles brittons ont été évincés de la reproduction, et leur gènes sont éteints.

Toutefois, une trace génétique certainement antérieure au Néolithique, d'un avantage sélectif aux peuplades qui respectent et écoutent leurs vieux : le blanchissement par plaques de notre toison, cheveux et barbe notamment. Ces bandes alternées noires et blanches ne procurent aucun avantage sexuel aux femelles : elles sont alors ménopausées. Guère d'avantage sexuel aux mâles âgés, voire aucun ou négatif. Et pourtant cette particularité génétique a été sélectionnée dans notre patrimoine.
L'hypothèse la plus plausible est que ces individus mûrissants étaient - en moyenne, aux déments et aux paranoïaques près - une bibliothèque d'expériences vivante, et que la peuplade qui en prenait soin survivait mieux que ses concurrentes. Je l'interprète comme un indice que l'hominisation avait développé des techniques de coopération, en particulier entre mâles, et entre générations, nettement plus fines et solides que dans les espèces concurrentes.

Si la coopération est taillée en pièces et mise en ruines par la culture ambiante, des moyens culturels permettent de lutter contre cette ruine. Les artistes sont souvent à signaler, depuis La Bruyère et Voltaire, et plus récemment dans l'allégorie principale de "L'homme sans passé", qui voit les gueux des terrains vagues autour des docks d'Helsinki coopérer efficacement pour en chasser les malfrats.

J'avais donné une courte bibliographie pour les apprentis auteurs, qui les oriente vers les principes du management éthique :
http://debats.caton-censeur.org/index.php?option=com_content&task=view&id=62&Itemid=58

Bien qu'il ait conseillé des présidents conservateurs, bien que 4% de ses textes m'horripilent quand il parle de religion, un auteur à prendre en considération demeure Stephen Covey, quand il a un bon traducteur. Il rappelle que vous ne pouvez exiger de loyauté et de coopération chez les autres que si vous commencez par nourrir leur compte affectif, au lieu de les agresser et les affamer.

L'éthique et la loyauté sont les principales armes du psychothérapeute.

Il doit s'y tenir et demeurer exemplaire même lorsque la personne en face de lui regorge de griefs accumulés, et lui manifeste toute sa défiance. Ce n'est pas une position facile, car elle requiert non seulement une force de caractère personnelle, mais aussi une puissance sociale à la mesure des besoins de la personne à aider à grandir. Eric Berne commençait par faire travailler ses groupes thérapeutiques à lister et cartographier les limites de la puissance et de la liberté du groupe : voir où sont les frontières dangereuses à ne pas transgresser, sous peine que la thérapie même subit une attaque externe dont elle ne survivrait pas.

Voici un exemple d'ennemi public, une fort dangereuse "psychothérapeute" autoproclamée, qui viole le code de déontologie de 1996 autant qu'elle peut, racontée par sa victime :
http://debats.caton-censeur.org/index.php?option=com_fireboard&Itemid=27&func=view&id=190&catid=27
Lien mort depuis ; voici son actualisation :
https://forum.aristeides.info/index.php?topic=190.0

Et hélas, nous en avons plein d'autres exemples, de tels ennemis publics, acharnées à détruire son prochain, unter der banner des Feminazismus.
http://deonto-famille.info/index.php?topic=25.0 ...

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Le militantisme victimaire rend-il davantage fou, qu'il n'attire les déséquilibrés ? Ceux qui veulent devenir bourreaux ou bourrelles à leur tour ? Je m'inquiète des antidotes...