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La Tunisie vit sous la menace mafieuse des hommes de main de l'ancien régime

Démarré par JacquesL, 04 Mai 2011, 07:14:47 PM

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JacquesL

La Tunisie vit sous la menace mafieuse des hommes de main de l'ancien régime

http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/05/04/la-tunisie-vit-sous-la-menace-mafieuse-des-hommes-de-main-de-l-ancien-regime_1516779_3232.html
http://www.lemonde.fr/imprimer/article/2011/05/04/1516779.html

CiterLa Tunisie vit sous la menace mafieuse des hommes de main de l'ancien régime

Avec le calme que donne la certitude, Ali lâche : "Dégueulasse est un mot propre pour dire ce qu'ils ont fait." 48 ans, dont 23 sous Ben Ali, Ali a honte. Depuis son poste d'observation, vingt-huit ans de taxi, il a tout vu, tout entendu, tout ressenti. La saloperie humaine, le vice et la perversion qu'autorise l'argent roi des mafieux. La suprématie du fort, financièrement parlant, sur le laborieux qui chaque matin courbait l'échine sous peine de prison, d'interdiction de travail, de confiscation de sa marchandise. Pour Ali, rien n'est fini.

"Ils sont encore là", jauge-t-il, les yeux plissés. Ce qu'il dit sans ambages, ils sont de plus en plus nombreux à le murmurer. Lorsque le despote quitta le pays, le 14 janvier à 17 h 52, les klaxons retentirent dans tout le pays. Deux heures plus tard, des 4×4 déboulèrent, vitres baissées, chargés de miliciens armés du dernier cri. Les desperados du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD) avaient pour ordre de brûler le pays. Cinq jours de crimes suivirent le départ de Zine El-Abidine Ben Ali. Cinq jours entre enfer et espoir. Cinq jours durant lesquels la population tunisienne érigea des barrages de fortune, des barricades de bric et de broc. Avec des planches, des voitures calcinées, des meubles, chaque quartier s'organisa pour enfreindre le "à tombeaux ouverts" des partisans de M. et Mme Ben Ali. Un élan de courage, de solidarité que le peuple tunisien ne doit jamais oublier.

La révolution s'est jouée le 14 janvier et les cinq jours qui suivirent. Hommes, femmes, vieillards, jeunes, handicapés et enfants, tous furent des comités de quartier. Une vigueur nationale dont ils n'eurent pas le souffle de se rendre compte. Personne n'a pu fêter la grande victoire. Aucun, aucune, n'a pu danser, chanter le triomphe du peuple sur la force. Une révolution confisquée par cinq jours de terreur. Résultat : aucune union nationale. Et une grosse fatigue que les partisans de Ben Ali et des Trabelsi entretiennent.

Règne de la peur

Désormais, la Tunisie vit sous la menace des hommes de main de l'ancien régime. Policiers, mafieux, voyous, notables de l'ex-RCD : tous s'unissent pour salir, casser, tabasser le pays. Leur objectif : instaurer le règne de la peur. Se venger. Tuer la révolution. Chaparder le pouvoir. Quelques exemples : samedi 30 avril, ce sont trois prisons qui sont incendiées afin que 800 détenus s'échappent. Samedi encore, ce sont 500 salafistes qui font violence, avec la complicité de la police politique, avenue Bourguiba. Dimanche 1er mai, c'est un hôtel international de Tunis qui est attaqué comme dans le plus mauvais des westerns. Total : la multiplication des opérations coup-de-poing menée par de petits mercenaires rémunérés par les ex du RCD.

On s'explique difficilement que certains Trabelsi puissent encore faire du business à distance. On ne comprend pas que les prisonniers du type d'Imed Trabelsi bénéficient d'un régime digne d'un palace. L'armée et ses 43 000 soldats ne peuvent tout faire. La police de Ben Ali comptait 200 000 membres, sans compter les indics, vigiles et espions du quotidien. Ils n'ont pas disparu. Ajoutons au tableau le voisin libyen qui tente d'exporter sa guerre sur le sol tunisien avec force obus, mortiers... Kadhafi n'a jamais pardonné que son ami Ben Ali soit viré comme un voleur. Alors il frappe, via ses mercenaires, le grand sud.

Pour les amateurs de symboles, la Tunisie est devenue une destination de choix. On y fait du tourisme de grandes déclarations. A Tunis, le défilé continu de dirigeants étrangers donne lieu à des multitudes de déclarations, d'encouragements. Mais de concret, peu. Pour parler cash, il faut déverser des tonnes de flouz sur la frêle démocratie. L'aider sans compter. Les besoins immédiats sont estimés à 4 milliards de dollars par la Banque mondiale. Le prix à payer pour remettre le pays sur les rails de la croissance. Et le sauver définitivement des complots fomentés par ceux qui firent fortune sous Ben Ali et perdraient tout sous un régime démocratique.

Située entre l'Algérie et la Libye, la Tunisie occupe une place géostratégique qu'il serait idiot de sous-estimer. Si l'on ne veut pas assister à la mise à sac de la révolution, si l'on ne souhaite pas le come-back de la mafia, si l'on a un minimum de respect pour un peuple qui a su s'affranchir de la peur pour déloger un mafieux, un clan, ses gangs, alors il faut aider la Tunisie. Aujourd'hui. Sans attendre une minute de plus. Demain, il sera peut-être trop tard.

© Benoît Delmas