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Le coton Bt de Monsanto détruit la terre et les agriculteurs. Suicides paysans.

Démarré par JacquesL, 19 Mars 2010, 03:29:33 PM

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JacquesL

Le coton Bt de Monsanto détruit la terre et les agriculteurs.

http://mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=12437

CiterLe 24 fevrier 2009
Institute of Science in Society

L'Inde est le 3ème producteur mondial de coton après la Chine et les USA. L'état du Gujarat est tourné vers l'agriculture et en particulier vers la production de coton


La biosécurité vise à faire en sorte que les OGM ne nuisent ni à l'environnement ni à la santé.



La terre, sa fertilité et les organismes qui entretiennent sa fertilité, sont un élément vital de l'environnement, en particulier dans le contexte de la production alimentaire et agricole.



Une récente étude scientifique réalisée par Navdanya, a comparé la terre des champs où du coton Bt a été planté pendant 3 ans avec celle des champs adjacents, plantés de coton naturel ou d'autres cultures. La région couverte incluait le Nagpur, l'Amravati et le Wardha de Vidarbha, ce qui représente les plus grandes plantations de coton OGM en Inde, et le taux le plus haut de suicides de fermiers (4000 par an).



En 3 ans, le coton Bt a réduit la population d'actinomycètes de 17%. Les actinomycètes sont indispensables pour dissocier la cellulose et créer l'humus.



La population bactérienne a été réduite de 14%. La biomasse microbienne totale a été réduite de 8,9%.



Les enzymes bénéfiques, vitales pour la terre, qui rendent les nutriments disponibles pour les plantes, ont aussi été considérablement réduites. Le phosphatase acide, qui contribue à l'assimilation des phosphates, a été réduit de 26,6%. Le nitrogénase, les enzymes qui catalysent la fixation de l'azote moléculaire, a été réduit de 22,6%.



À ce rythme, une dizaine d'années de culture de coton OGM, ou de tout type de culture génétiquement modifiée dotée de gènes Bt, pourrait entraîner la destruction totale des organismes du sol, laissant la terre morte, incapables de produire la nourriture.



Dans son dernier communiqué, l'International Service for the Acquisition of Agri-Biotech Applications a déclaré qu'il y a 7,6 millions d'hectares de coton Bt en Inde. Cela veut dire que 7,6 millions d'hectares de terre sont en train de mourir.



Habituellement, l'impact des OGM sur les organismes du sol n'est pas étudié. C'est une lacune redoutable, car la toxine Bt des cultures comme le maïs MON 810, le coton Bt ou l'aubergine Bt, a un grave impact sur les organismes bénéfiques du sol.



Le gouvernement de l'Inde cherche à ratifier l'homologation de l'aubergine Bt sans faire l'étude de biosécurité concernant les conséquences sur les organismes du sol. La Commission européenne tente de faire pression sur les pays exempts d'OGM pour introduire le maïs MON 810.



L'étude de Navdanya, la première à avoir examiné l'impact à long terme du coton Bt sur les organismes du sol, est un appel au réveil pour les organismes de réglementation du monde entier. Elle montre aussi que les affirmations de l'industrie biotechnologique sur l'innocuité des cultures génétiquement modifiées sont mensongères.



Pour obtenir une copie du rapport de l'étude et pour de plus amples renseignements, veuillez contacter :



Navdanya
A-60, Hauz Khas

New Delhi – 110 016

Téléphone : 91-11-26535422 / 26532124

Courriel : vandana@vandanashiva.com

Site Internet : www.navdanya.org





Article original en anglais : Monsanto's Bt Cotton Kills the Soil as Well as Farmers, le 23 février 2009.

Traduction : Pétrus Lombard.

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http://www.lesmotsontunsens.com/ogm-monsanto-a-falsifie-ses-donnees-scientifiques-selon-un-ancien-directeur-7075

CiterGêne éthique. Un ancien directeur de Monsanto India, Tiruvadi Jagadisan, vient de déclarer que la firme avait déjà refourgué des "données scientifiques falsifiées" aux autorités indiennes pour obtenir des autorisations de mise sur le marché.

Depuis plusieurs semaines, un grand débat enflamme l'Inde. Faut-il, ou non, autoriser une aubergine génétiquement modifiée de Monsanto ? Devant le manque de données scientifiques fiables et les risques potentiellement induits par une telle culture, le gouvernement a décrété un moratoire. Ce qui n'attristera certainement pas Tiruvadi Jagadisan, 84 ans, qui a travaillé pour Monsanto pendant près de deux décennies, dont huit ans comme directeur général des opérations en Inde. Le week-end dernier, l'homme a bruyamment rallié les anti-OGM, précisant que son ancienne maison mère avait soumis "des données scientifique falsifiées" aux organismes gouvernementaux pour obtenir les autorisations de commercialisation de ses produits sur le territoire indien, rapporte India Today.

Auberg(in)e espagnole dans les OGM indiens

"Le Central Insecticide Board [organisme de sécurité sanitaire indien] était censé prendre ses décisions à partir de données spécifiques à l'Inde. Mais il s'est finalement contenté de données provenant de l'étranger, fournies par Monsanto. Ils n'ont même pas un tube à essai pour valider les données qui, parfois, ont été truquées" a déclaré l'ancien directeur, avant de continuer : "Je me suis retiré de la compagnie lorsque j'ai senti que Monsanto USA exploitait notre pays".

Pas de démenti...

Invité à démentir l'information, un porte-parole de Monsanto a simplement répondu avoir "toute confiance dans la réglementation indienne, qui possède son système de contrôles et de mesures pour s'assurer de l'exactitude et de l'authenticité des données qui leur sont fournies". Ce qui n'est pas en soi un démenti, tout juste un passage de patate (OGM) chaude... La firme a en outre affirmé qu'"aucune plante biotech n'est autorisée sur le marché sans qu'elle subisse de sévères évaluations sur la sécurité des cultures". Très sévères en effet, puisqu'en général, les autorités se contentent de lire les conclusions des études des firmes semencières, sans même chercher à les vérifier.

Et encore... les Canadiens, eux, se contentent de "s'attendre à" ce que Monsanto ait réalisé des études scientifiques... sans même chercher à se les procurer !

http://www.dailymail.co.uk/news/worldnews/article-1082559/The-GM-genocide-Thousands-Indian-farmers-committing-suicide-using-genetically-modified-crops.html
Traduction à : http://www.amisdelaterre.org/Le-genocide-OGM.html

Citer3 novembre 2008,
Par Christian Berdot

Des milliers de paysans indiens se suicident après avoir utilisé des OGM

Les partisans des OGM nous expliquent que ces "plantes extraordinaires" aident à lutter contre la pauvreté et la faim dans le monde. Au lieu de se contenter de lire les revues ou les rapports de l'industrie, Andrew Mallone est allé sur le terrain. Dans cet article, il nous raconte ce qu'il a vu en Inde : "En fait, comme le montre cette enquête, c'est encore PIRE que ce que l'on craignait."

C. BERDOT

Article de Andrew Malone, paru dans le Daily Mail, le 3 novembre 2008

Lorsque le Prince Charles affirma que des milliers de paysans indiens se suicidaient après avoir utilisé des OGM, il lui fut reproché de jouer sur la peur. En fait, comme le montre cette enquête, c'est encore PIRE que ce que l'on craignait.

Les enfants étaient inconsolables. Prostrés dans le silence, sous le choc, et luttant pour retenir leurs larmes, ils se blottissaient contre leur mère, tandis que les amis et voisins préparaient le corps de leur père pour la crémation sur le bûcher embrasé, situé sur le sol craquelé et nu des champ derrière leur maison.

Tandis que les flammes consumaient le cadavre, l'avenir qui attend Gajanan, 12 ans et Kalpana, 14 ans est très sombre. Alors que Shankara Mandaukar avait espéré que son fils et sa fille auraient une vie meilleure grâce au boom économique que connaît l'Inde, ce qui les attend, c'est un travail d'esclave pour quelques centimes par jours. Désormais sans terre et sans toit, ils feront partie des plus pauvres, parmi les pauvres.

Shankara était un paysan respecté, un bon mari et un bon père, mais il s'est suicidé. Moins de 48 heures auparavant, et confronté à la perte de ses terres pour cause de dettes, il a bu un pesticide chimique.

Dans l'incapacité de payer l'équivalent de deux années de revenus, il était désespéré et ne voyait plus aucune issue

Sur le sol, on pouvait encore voir les traces qu'il avait laissées lorsqu'il se tordait, agonisant. D'autres paysans avaient regardé - sachant par expérience que toute intervention serait vaine - plié en deux sur le sol, hurlant de douleurs et vomissant.

Gémissant, il avait rampé jusque sur un banc devant sa petite maison située à 180 km de Nagpur en Inde Centrale. Une heure plus tard, tout son cessa et sa respiration s'est arrêtée. A 5 heures, ce dimanche la vie de Shandakar Mandaukar avait cessé.

Alors que les voisins se rassemblaient pour prier devant la maison familiale, Nirmanan Mandaukar, 50 ans, leur raconta comment elle était revenue précipitamment des champs pour trouver son mari mort. « C'était un mari aimant et attentionné » dit elle en pleurant. « Mais il n'en pouvait plus. L'angoisse psychologique était trop forte. Nous avons tout perdu. »

La récole de Shankara a été mauvaise deux fois. Bien sûr la famine et les épidémies font partie de la vieille histoire de l'Inde. Mais la mort de ce paysan respecté est due à quelque chose de bien plus moderne et sinistre : les plantes modifiées génétiquement.

On a promis à Shandakar comme à des millions d'autres paysans comme lui, des récoltes et des rentrées d'argent incroyables, s'il passait de la culture de semences traditionnelles à la culture de semences GM. Séduit par ces promesses de richesses futures, il a emprunté l'argent afin d'acheter des semences transgéniques. Mais les récoltes ne furent pas au rendez-vous et il se retrouva dans la spirale de l'endettement et sans revenu.

Shankara n'est qu'un de ces fermiers – on estime leur nombre à 125 000 - à se suicider à cause de cette offensive brutale qui utilise l'Inde comme champ d'essais pour OGM.

Cette crise appelée « Génocide OGM » par les militants a reçu un coup de projecteur lorsque récemment, le Prince Charles affirma que la question des OGM était « une question morale mondiale » et que le moment de mettre une fin à son avancée inexorable était venu.

S'adressant par vidéo à une conférence qui se tenait dans la capitale indienne New Delhi, il provoqua la colère des dirigeants des biotechnologies et de certains politiciens en condamnant « le taux vraiment effroyable et tragique de suicides chez les petits paysans indiens ayant pour cause... l'échec de nombreuses variétés d'OGM ».

En face du Prince, on trouve de puissants lobbyistes pro-OGM et des homme politiques importants qui prétendent que les plantes modifiées génétiquement ont transformé l'agriculture indienne en donnant des rendements plus élevés que jamais. Le reste du monde devrait choisir « l'avenir » et suivre cet exemple.

Alors qui dit la vérité ? Pour le savoir, je suis allé dans la « ceinture des suicides », dans l'état de Maharashtra.

Ce que j'ai découvert est extrêmement dérangeant et a de profondes implications pour les pays – y compris la Grande-Bretagne – où l'on débat pour savoir si on autorise ou pas la culture de semences manipulées par des scientifiques pour contourner les lois de la nature

Car même les chiffres officiels du Ministère Indien de l'Agriculture confirment que, dans un contexte de crise humanitaire immense, plus de 1000 paysans se suicident chaque mois.

Des petites gens de zones rurales, qui meurent dans une lente agonie. La plupart ingurgite de l'insecticide – une substance bon marché dont on leur avait pourtant promis lorsqu'ils furent obligés de cultiver des plantes GM coûteuses, qu'ils n'en auraient plus besoin.

Il apparaît qu'ils sont très nombreux à être endettés massivement auprès des prêteurs de fonds locaux, après avoir sur-empruntés pour acheter les semences OGM.

Pour les pro-OGM, les vraies raisons de ce chiffre épouvantable sont la pauvreté rurale, l'alcoolisme, les sécheresses et le « désespoir agraire ».

Mais comme j'ai pu le découvrir lors de mon voyage de 4 jours dans l'épicentre de la catastrophe, ce n'est qu'une partie de l'histoire.

Dans un petit village que je visitais, 18 paysans s'étaient suicidés après avoir été engloutis dans les dettes dues aux OGM. Dans certains cas, les femmes ont repris le ferme de leur mari défunt, mais pour finalement se suicider elles-mêmes.

Latta Ramesh, 38 ans but de l'insecticide, après une mauvaise récolte – deux ans après que son mari ne disparaisse lorsque les dettes OGM étaient devenues trop importantes. Elle a laissé un fils de 10 ans, Rashan, confié à des parents. La tante de la défunte, assise sans énergie à l'ombre près des champs, raconte « qu'il pleure lorsqu'il pense à sa mère ».

Village après village, des familles me racontent comment elles se sont endettées après qu'on les ait convaincues d'acheter des semences GM au lieu des semences de coton traditionnelles. La différence de prix est vertigineuse : 15 euros pour 100 grammes de semences OGM, par rapport à moins de 15 euros pour 100 kilos fois de semences traditionnelles

Mais les vendeurs ainsi que les représentants du gouvernement avaient promis aux paysans qu'il s'agissait de « semences magiques » avec de meilleurs plantes, sans parasites ni insectes.

En fait, dans une tentative pour promouvoir l'adoption des semences OGM, les variétés traditionnelles ont été interdites dans de nombreuses banques de semences gouvernementales.

Les autorités avaient un intérêt matériel dans la promotion de cette nouvelle biotechnologie. En essayant désespérément d'échapper à l'extrême pauvreté des années qui succédèrent à l'indépendance, le gouvernement avait accepté d'autoriser les nouveaux géants des biotechnologies comme le numéro un du marché, l'états-unien Monsanto à vendre leur nouvelles créations semencières

Déjà dans les années 80 et 90, l'Inde qui avait autorisé l'accès au marché du second pays le plus peuplé de la planète avec plus d'un milliard d'habitants, s'était vu garantir en contre-partie des crédits du fond Monétaire International, ce qui l'a aidé à lancé une révolution économique

Mais si des villes comme Mumbay et Delhi ont vécu un boum économique, la vie des paysans est retombée dans une période sombre.

Bien que la surface indienne plantée en OGM ait doublé en 2 ans – passant à 17 millions d'ha – pour de nombreux paysans, le prix à payer est terrible.

Les semences de coton GM, garanties protégées contre les parasites, se sont révélées ne pas être les semences magiques promises, mais ont été infestées par le vers de la capsule, un parasite vorace.

On n'avait pas prévenu les paysans non plus que ces variétés nécessitaient deux plus d'eau. C'est ce qui a fait la différence entre la vie et la mort. Avec l'absence de pluie, ces deux dernières années, les plantes GM ont tout simplement séché et sont mortes, laissant les paysans paralysés par les dettes et sans moyen pour les rembourser.

Comme l'argent a été emprunté à des prêteurs locaux à des taux d'usuriers, des centaines de milliers de petits paysans se sont vus perdre leurs terres lorsque les semences coûteuses ont été un échec.

Dans le passé, lorsqu'une récolte était mauvaise, les paysans pouvaient toujours conserver des graines et les replanter l'année suivante.

Par contre cela n'est pas possible avec les semences GM qui contiennent la technologie « Terminator », ce qui signifie qu'elles ont été modifiées génétiquement afin que la plante ne puisse plus produire de semences viables.

De ce fait, les paysans doivent chaque année acheter de nouvelles semences au même prix exorbitant. Pour certains il s'agit là aussi de la différence entre la vie et la mort.

Prenez le cas de Suresh Bhalasa, un autre paysan qui était incinéré cette semaine, laissant derrière lui une femme et deux enfants.

Lorsque la nuit fut tombée après la cérémonie et que les voisins se regroupèrent dehors, tandis que les vaches sacrées étaient ramenées des champs, il ne faisait aucun doute pour sa famille que tous les ennuis avaient commencé au moment où on les avait encouragés à acheter du coton Bt, une plante modifiée génétiquement par Monsanto.

« Nous sommes ruinés maintenant » dit la femme du défunt, âgée de 38 ans. « Nous avons acheté 100g de coton Bt. Notre récolte a été mauvaise deux fois. Mon mari est devenu dépressif. Il est parti dans les champs, s'est allongé et a bu de l'insecticide. »

Les villageois le mirent sur un rickshaw et se dirigèrent sur des chemins ruraux cahoteux, vers l'hôpital. Alors que sa famille et les voisins s'amassaient dans la maison pour lui rendre un dernier hommage, elle racontait : « Il a crié qu'il avait pris de l'insecticide et qu'il était désolé ».

Interrogée pour savoir si le défunt était un ivrogne ou souffrait de « problèmes sociaux » comme l'affirment les responsables pro-OGM, cette assemblée calme et digne explosa de colère. Un des frères du défunt nous expliqua « Non ! Non ! Suresh était un brave homme. Il envoyait ses enfants à l'école et payait ses impôts ».

« Ce sont ces semences magiques qui l'ont étranglé. Ils nous vendent ces semences en nous disant qu'elles n'ont plus besoin de pesticides coûteux, mais ce n'est pas vrai. Nous devons acheter les mêmes semences aux mêmes compagnies chaque année. Ca nous tue. S'il vous plait, dites au monde ce qui se passe ici. »

Monsanto a reconnu que la croissance de la dette était « un facteur de cette tragédie ». Mais, en pointant sur le fait que la production de coton avait doublé ces 7 dernières années, un porte-parole ajoutait qu'il y a d'autres raisons pour la crise récente, comme « des pluies au mauvais moment » ou des sécheresses, soulignant que les suicides avaient toujours fait partie de la vie de l'Inde rurale.

Les responsables soulignaient aussi le fait que de nombreuses études d'opinions montraient que les paysans indiens voulaient des semences GM – sans aucun doute encouragés qu'ils sont par des stratégies de marketing agressive

Durant le cours de mes enquêtes au Maharashtra, je rencontrai trois observateurs « indépendants » parcourant les villages pour se renseigner sur les suicides. Ils insistèrent sur le fait que les semences GM n'étaient que 50% plus chères – mais admettaient plus tard que la différence était de 1000%.

(Un porte-parole de Monsanto insistait ensuite, affirmant que leurs semences ne coûtaient que le double du prix « officiel » des semences traditionnelles, mais admettait que la différence pouvait être beaucoup plus grande, si les semences traditionnelles étaient vendues par des marchands « sans scrupules » qui vendent souvent aussi de « fausses » semences GM qui sont sujettes aux maladies.)

Alors qu'il y des rumeurs comme quoi le gouvernement proposerait de façon imminente des compensations pour stoper la vague de suicides, de nombreux paysans disaient qu'ils ont un besoin désespéré de toute forme d'assistance. « Nous voulons juste nous sortir de nos problèmes. Nous voulons de l'aide pour que plus aucun d'entre nous ne doive mourir ».

Le Prince Charles était si frappé par la détresse des paysans qui se sont suicidés qu'il a lancé une association caritative, la Fondation Bhumi Vaardan, pour aider ceux qui sont touchés et afin de promouvoir des plantes biologiques indiennes au lieu des OGM.

Les paysans indiens commencent aussi à se battre. Alors qu'ils ont pris en hôtage des distributeurs de semences et organisé des protestations de masse, un gouvernement attaque Monsanto en justice à cause du prix exorbitant de ses semenes.

Tout cela arrive trop tard pour Shandakar Mandaukar qui devait 80 000 roupies (1 500 euros) lorsqu'il s'est suicidé. « Je lui ai dit que nous pouvons survivre » nous dit sa veuve, ses deux enfants toujours à ses côtés, alors que la nuit tombe. « Je lui ai dit qu'on trouverait un moyen de s'en sortir. Il a juste répondu qu'il valait mieux qu'il meure ».

Mais la dette ne meurt pas avec lui : à moins qu'elle ne trouve un moyen de la rembourser, elle ne pourra plus payer l'éducation des enfants. Ils vont perdre leur terre et rejoindre les hordes que l'ont voit mendier par milliers, le long des routes de ce pays immense et chaotique.

Il est cruel de voir que ce sont les jeunes qui souffrent le plus de ce « génocide OGM », cette même génération censée pouvoir sortir de cette vie dure et miséreuse, grâce aux « semences magiques ».

Ici, dans la ceinture indienne des suicides, le coût de l'avenir modifié génétiquement est meurtrièrement élevé.

Traduction : C. Berdot pour les Amis de la Terre

JacquesL

La question des causes demeure controverséee. Autre point de vue :

http://laurent.berthod.over-blog.fr/article-chronique-des-boniments-anti-ogm-les-pretendus-suicides-des-paysans-indiens-cultivant-du-coton-ogm-113369080.html
Citer
Chronique des boniments anti-OGM – Les prétendus suicides des paysans indiens cultivant du coton OGM



Hormis le maintien du prestige de la monarchie britannique, envers et contre toutes les avanies, dont elle a pourtant été elle-même souvent à l'origine, je ne sais pas ce que l'actuelle reine d'Angleterre a produit de bénéfique.



Par son souci des convenances d'un autre temps elle a conduit sa sœur au suicide par éthylisme, sa bru au suicide par conduite dangereuse autodestructrice.



N'ayant accordé que peu de manifestations d'affection à ses enfants, elle en a fait des grands dadais, le prince Charles en particulier, qui cherche à compenser le manque  d'expression d'amour maternel par une espèce d'hypostasie néo-animiste de la nature, la Pachamama de la mythologie du grand chef d'État bolivien, le caudillo Evo Morales.



Il semble bien que ce prince ait donné une impulsion décisive au mythe, mille fois repris depuis lors sur Internet, du suicide des paysans indiens prétendument acculés à la ruine par la culture de coton OGM.

C'est du moins ce que l'on peut penser à la lecture d'un article du Daily Mail relayé en France par les Amis de la Terre publié le 3 novembre 2008, bien que la rumeur eût couru, à bas bruit semble-t-il, depuis au moins l'année 2007.



Cette rumeur court encore, sans interruption depuis lors, colportée par les sites environnementeurs. Exemple : article du 27 février 2012 de la grande affabulatrice devant l'Éternel !



Les agriculteurs indiens se seraient endettés pour acheter des semences de coton OGM qui n'auraient pas donné les résultats attendus, et devant l'incapacité à rembourser leur dettes, se seraient suicidés en grand nombre.


Pourtant, dès 2009, une étude conduite avec rigueur mettait à mal cette fable.

Dans une interview mise en ligne par l'Association française pour l'information scientifique (Afis) l'auteur de l'étude déclare notamment qu'en Inde :



Beaucoup de cas de suicide se retrouvent dans des zones arides, qui souffrent de sécheresses répétées, et dans lesquelles il n'y a pas ou peu d'infrastructure d'irrigation. Dans ces cas, l'agriculteur peut tout perdre en une saison. Quant aux dépenses, le prix des graines des variétés hybrides (par exemple dans le cas du coton Bt) n'est qu'un facteur possible ; l'agriculteur paie aussi ses produits phytosanitaires, entre autres.
(...)

Le total des suicides d'agriculteurs n'a pas connu de changement majeur ces dernières années, alors que l'adoption du coton Bt a explosé.

Et encore :




Cette méta-analyse montre que le coton Bt a été en moyenne très efficace : en réduisant les dommages des ravageurs de manière beaucoup plus efficace qu'auparavant, le coton Bt a permis des gains de productivité importants (avec une baisse de l'usage des pesticides et augmentation des rendements). Au niveau de l'Inde entière, il est clair que le coton Bt a contribué au doublement des rendements de coton indien entre 2002 et 2007.

Pour en savoir plus sur les raisons qui poussent des paysans en Inde à se suicider, on se référera utilement à cette interview ou à l'étude (en anglais).


Pour en savoir plus

Lire l'étude en question (in english)

L'interview de l'auteur de l'étude, sur le site de l'Afis

L'article du Daily Mail, traduit en français par les Amis de la terre*

L'article du 27 février 2012


Lire aussi

Chronique des boniments anti-OGM

L'introduction du coton Bt et le suicide des agriculteurs en Inde
Vérité ou rumeur ?

Interview de Guillaume Gruère - SPS n° 286, juillet-septembre 2009

L'Inde est un pays en pointe au niveau mondial dans l'utilisation des plantes génétiquement modifiées. Les détracteurs de l'utilisation des OGM dans l'agriculture mettent parfois en avant une recrudescence de suicides d'agriculteurs en Inde imputable, selon eux, au déploiement du coton OGM dans ce pays. Certains parlent même de « génocide OGM » et évoquent « des milliers de paysans indiens [qui] se suicident après avoir utilisé des OGM »1. Guillaume Gruère est chercheur associé à l'International Food Policy Research Institute (IFPRI, Institut International de Recherche sur les Politiques Alimentaires), qu'il a rejoint en 2005 après avoir soutenu une thèse (PhD) en économie agricole sur les politiques d'étiquetage et le commerce international des OGM alimentaires à l'Université de Californie Davis. C'est dans ce cadre qu'il a réalisé une importante étude sur l'Inde, et publié les conclusions dans un rapport détaillé intitulé « Le coton Bt et le suicide des agriculteurs en Inde : revue de faits »2. Il répond ici aux questions de Science et pseudo-sciences.

http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article1214
Citer
L'introduction du coton Bt et le suicide des agriculteurs en Inde
Vérité ou rumeur ?


Interview de Guillaume Gruère - SPS n° 286, juillet-septembre 2009

L'Inde est un pays en pointe au niveau mondial dans l'utilisation des plantes génétiquement modifiées. Les détracteurs de l'utilisation des OGM dans l'agriculture mettent parfois en avant une recrudescence de suicides d'agriculteurs en Inde imputable, selon eux, au déploiement du coton OGM dans ce pays. Certains parlent même de « génocide OGM » et évoquent « des milliers de paysans indiens [qui] se suicident après avoir utilisé des OGM »1. Guillaume Gruère est chercheur associé à l'International Food Policy Research Institute (IFPRI, Institut International de Recherche sur les Politiques Alimentaires), qu'il a rejoint en 2005 après avoir soutenu une thèse (PhD) en économie agricole sur les politiques d'étiquetage et le commerce international des OGM alimentaires à l'Université de Californie Davis. C'est dans ce cadre qu'il a réalisé une importante étude sur l'Inde, et publié les conclusions dans un rapport détaillé intitulé « Le coton Bt et le suicide des agriculteurs en Inde : revue de faits »2. Il répond ici aux questions de Science et pseudo-sciences.

CiterLa thèse des suicides pour cause d'OGM

« Lorsque le Prince Charles affirma que des milliers de paysans indiens se suicidaient après avoir utilisé des OGM, il lui fut reproché de jouer sur la peur. En fait, comme le montre cette enquête, c'est encore PIRE que ce que l'on craignait [...].

Cette crise appelée « Génocide OGM » par les militants a reçu un coup de projecteur lorsque récemment, le Prince Charles affirma que la question des OGM était « une question morale mondiale » et que le moment de mettre une fin à son avancée inexorable était venu.

S'adressant par vidéo à une conférence qui se tenait dans la capitale indienne New Delhi, il provoqua la colère des dirigeants des biotechnologies et de certains politiciens en condamnant « le taux vraiment effroyable et tragique de suicides chez les petits paysans indiens ayant pour cause... l'échec de nombreuses variétés d'OGM ». [...]

Car même les chiffres officiels du Ministère Indien de l'Agriculture confirment que, dans un contexte de crise humanitaire immense, plus de 1000 paysans se suicident chaque mois.

Des petites gens de zones rurales, qui meurent dans une lente agonie. La plupart ingurgitent de l'insecticide – une substance bon marché dont on leur avait pourtant promis lorsqu'ils furent obligés de cultiver des plantes GM coûteuses, qu'ils n'en auraient plus besoin.

Il apparaît qu'ils sont très nombreux à être endettés massivement auprès des prêteurs de fonds locaux, après avoir suremprunté pour acheter les semences OGM. »

Article de Andrew Malone, paru dans le Daily Mail, le 3 novembre 2008, traduit et mis en ligne par Les Amis de la Terre. http://www.amisdelaterre.org/Legeno...



Qu'est-ce qui a motivé la réalisation de votre étude ? Quelles hypothèses vouliez-vous examiner ?

En juin 2006, l'IFPRI eut la visite du ministre de l'agriculture indien M. Pawar à Washington. Durant cette réunion, le directeur de l'IFPRI demanda au ministre quels étaient les principaux problèmes qui le préoccupaient. L'un des trois problèmes évoqués par le ministre était les suicides des agriculteurs indiens. M. Pawar a même demandé que l'IFPRI mène une étude sur le sujet et lui en rende compte. De même, en août 2006, l'IFPRI organisa une table ronde sur les politiques de biosécurité en Inde à New Delhi, et l'une des sessions portant sur le lien entre la sphère publique et les OGM a vite tourné à un débat sur la surmédiatisation des cas de suicides d'agriculteurs et leur lien suggéré avec le coton Bt.

L'année suivante, mon équipe a donc décidé de réaliser un bref état de fait des allégations sur les liens entre l'utilisation du coton Bt et les suicides en Inde. Mais en voyant le nombre de publications portant sur ce sujet, ce qui était parti pour être une courte exposition des faits est vite devenu une analyse plus poussée du problème.

Dans cette étude, nous évaluons deux séries d'hypothèses portant sur la recrudescence ou non des suicides d'agriculteurs en Inde depuis 2002, et sur le lien de causalité possible entre l'adoption du coton Bt et les suicides d'agriculteurs.

Comment s'est réalisée l'étude ? Avez-vous collaboré avec des chercheurs Indiens ?

Contrairement à d'autres de nos travaux sur l'Inde, il faut d'abord noter que cette étude n'est pas une étude de terrain, mais une revue complète et approfondie des données et publications disponibles sur le sujet. Néanmoins, nous avons contacté un certain nombre de spécialistes de ces questions en Inde, et avons fait appel à un groupe de discussion du Programme de Développement des Nations Unies réunissant des spécialistes sur la question de la micro-finance et des questions liées à l'accès aux crédits en Inde. De plus, l'une de mes deux co-auteures indiennes est basée à Ahmedabad dans l'état du Gujarat, et a beaucoup travaillé avec des agriculteurs indiens sur le coton Bt.

Notons cependant qu'à notre connaissance, aucune étude quantitative de terrain fondée sur un échantillon représentatif n'a effectivement été menée sur ce sujet en Inde. Dans ce contexte, notre revue

analytique de la littérature et des données disponibles, bien qu'imparfaite, a le mérite de pouvoir exposer l'étendue des connaissances sur la performance du coton Bt et son lien possible avec les suicides d'agriculteurs en Inde. Même si notre rapport ne permet pas de mesurer de façon précise quel rôle le coton Bt a pu avoir dans chacun des cas de suicides, il permet de rejeter des hypothèses fondamentales sur la présence d'une causalité possible.

Le suicide d'agriculteurs Indiens n'est pas nouveau. Pouvez-vous nous décrire plus précisément ce que vous avez appris à ce propos ?

Certains rapports évoquaient déjà des suicides en Inde du nord après la révolution verte dans les années 80. Plus récemment, à la fin des années 90, d'autres études faisaient état d'une augmentation des suicides d'agriculteurs avec l'ouverture partielle du marché indien au commerce international et la chute des prix du coton. Pour ce qui concerne les années 2002-2007, qui font l'objet de notre étude, les données du bureau national du crime en Inde rapporte qu'il y a eu entre 17 000 et 18 300 suicides d'agriculteurs par an, un nombre considérable, mais relativement limité comparé au nombre total de suicides en Inde (autour de 115 000 par an).

La conclusion principale que nous tirons de notre analyse sur les suicides des agriculteurs en Inde est qu'il s'agit d'un phénomène complexe. Il est clair que le surendettement a un rôle central dans de nombreux cas, de même que la pression des banques sur les individus endettés, et de la disponibilité de pesticides toxiques à portée de main dans tous les villages des zones rurales. Le surendettement est généré par un manque de recettes ou un excès de dépenses. Selon de nombreux rapports, le manque de recettes des agriculteurs suicidaires serait lié aux conditions précaires de production auxquelles ils font face. Beaucoup de cas de suicide se retrouvent dans des zones arides, qui souffrent de sécheresses répétées, et dans lesquelles il n'y a pas ou peu d'infrastructure d'irrigation. Dans ces cas, l'agriculteur peut tout perdre en une saison. Quant aux dépenses, le prix des graines des variétés hybrides (par exemple dans le cas du coton Bt) n'est qu'un facteur possible ; l'agriculteur paie aussi ses produits phytosanitaires, entre autres. En marge de ces dépenses de production, on retrouve aussi souvent d'importantes dépenses familiales souvent irrécouvrables : mariage des enfants ou organisation de fêtes diverses. Le manque de système de crédit gouvernemental dans de nombreuses régions oblige les agriculteurs à avoir recours à des prêteurs privés proposant des taux d'intérêt très élevés, les mettant en risque d'insolvabilité. À ce tableau complexe, se rajoute la pression sociale : la plupart des suicides ne sont pas parmi les castes les plus pauvres, mais parmi les agriculteurs de revenu moyen qui ont des acquis matériels. Dans ces sociétés, s'endetter au point de ne plus satisfaire sa famille peut être synonyme de déshonneur complet, voire de perte de statut social, au point parfois de préférer perdre la vie pour s'assurer que la famille vivra sans dette. Enfin certaines politiques de soutien ont apparemment eu un effet pervers : en accordant des compensations aux familles d'agriculteurs après un suicide, il semble que les autorités aient dans certains cas poussé à plus de suicides.

L'Inde est un pays en pointe dans l'utilisation des OGM pour l'agriculture. Quelle réalité cela recouvre-t-il ? Cela induit-il des bouleversements économiques spécifiques ?

Il est vrai qu'il existe un certain nombre de pôles de recherches publiques et privés sur les OGM en Inde. Néanmoins, il faut quand même noter que jusqu'à présent, seul le coton Bt a été commercialisé. Si le gouvernement indien est très favorable au développement des OGM, il a aussi mis en place un système de réglementation de biosécurité très complexe et coûteux pour les développeurs. L'un des problèmes majeurs de la recherche publique indienne dans ce domaine est lié à la déconnexion entre les efforts de recherche publique sur les OGM et le développement de produits et leur évaluation dans le cadre des réglementations de biosécurité. On trouve donc des équipes de recherches qui avancent vite, mais qui obtiennent des variétés qui resteront au stade du laboratoire parce qu'il n'y a pas d'agence publique pour les évaluer ou les faire avancer vers une commercialisation.

Dans le cas du coton Bt, à l'origine, seules quelques variétés officielles étaient disponibles. Elles venaient de la firme Mahyco, seule propriétaire du gène Monsanto utilisé, et elles étaient vendues à un prix très élevé. De plus, les variétés de base utilisées pour l'introduction du gène Cry1Ac (exprimant la toxine Bt) n'étaient pas adaptées à des conditions climatiques de sécheresse. Puis de nombreuses firmes indiennes de petite ou moyenne taille ont acquis le droit d'utiliser ce même gène dans leurs variétés, et d'autres gènes sont venus s'ajouter. En 2007 il y avait 135 variétés de coton Bt disponibles. Ce regain de compétition a permis de diversifier l'offre disponible dans de nombreuses régions et a encouragé l'adoption progressive de variétés hybrides de coton Bt mieux adaptées aux conditions locales que les variétés initiales.

Dans une section du rapport, nous analysons de manière détaillée les études économiques publiées jusqu'à 2007 sur les performances et l'impact du coton Bt en champ. Cette méta-analyse montre que le coton Bt a été en moyenne très efficace : en réduisant les dommages des ravageurs de manière beaucoup plus efficace qu'auparavant, le coton Bt a permis des gains de productivité importants (avec une baisse de l'usage des pesticides et augmentation des rendements). Au niveau de l'Inde entière, il est clair que le coton Bt a contribué au doublement des rendements de coton indien entre 2002 et 2007. En même temps, ces conclusions générales masquent une variabilité géographique importante. Le coton Bt a été particulièrement efficace dans certains États (Gujarat), moins dans d'autres (Andhra Pradesh). Et initialement, avec le faible pool de variétés disponibles et le manque d'informations disponibles sur les technologies, un certain nombre d'agriculteurs ont connu des pertes, principalement dans des régions touchées par la sécheresse. La présence de fausses variétés Bt a aussi contribué à des échecs ponctuels. Mais l'augmentation du nombre de variétés disponibles, les contrôles des prix des graines à l'échelle des États, la mise en place de programmes anti-fraude, et le développement de campagnes d'information ont contribué à rendre le coton Bt profitable dans un plus grand nombre de régions. L'énorme croissance de l'adoption du coton dans toutes les régions de productions, ainsi que les rendements record en Inde ces dernières années, témoignent de la réussite de cette technologie.

Finalement, quelles conclusions tirer quant au lien entre l'introduction de coton Bt en Inde et les suicides d'agriculteurs dans ce pays ?

Nos conclusions sont claires mais nuancées. Tout d'abord, de manière générale, l'usage du coton Bt n'est ni une condition nécessaire ni une condition suffisante pour le suicide des agriculteurs en Inde. Le total des suicides d'agriculteurs n'a pas connu de changement majeur ces dernières années, alors que l'adoption du coton Bt a explosé. De plus, le phénomène des suicides est loin d'être nouveau, et certains des États indiens (comme le Gujarat) qui ont le plus adopté le coton Bt ont le moins de suicides répertoriés. Il n'y a donc pas de preuve valide d'un supposé lien de causalité entre suicides d'agriculteurs et coton Bt en Inde. Néanmoins, dans certains districts d'États du centre de l'Inde (Maharashtra et Andhra Pradesh), et pendant les premières saisons, il est possible que l'introduction du coton Bt, fait dans de mauvaises conditions (manque d'information sur les technologies, mauvaise variété, prix élevé des semences, sécheresse, etc.), ait pu contribuer au surendettement des agriculteurs indiens, et donc à des cas de suicides. Ce lien n'a pas été prouvé de manière quantitative, mais s'il était confirmé, le coton Bt serait un facteur parmi d'autres dans la détresse de ces agriculteurs endettés, qui, sous la pression des créditeurs, et ayant accès à des pesticides toxiques, auraient mis fin à leurs jours.

Si aucun lien général de causalité ne peut être tiré entre Coton Bt et suicide des agriculteurs, quelles recommandations pourraient être, selon vous, formulées pour le développement d'une agriculture durable en Inde ?

La question de l'agriculture durable est beaucoup plus large que celle de l'adoption du coton Bt. L'agriculture indienne a de nombreux progrès à faire, notamment dans sa gestion de l'eau, les services de vulgarisation, et les infrastructures. Les zones arides de l'Inde abritent un très grand nombre de familles touchées par la malnutrition, à des années-lumière des millionnaires des villes. Dans un tel contexte, la contribution d'une technologie comme le coton Bt ne peut être que limitée, même si elle a apparemment été significative pour un grand nombre de cultivateurs de coton, et de petits entrepreneurs dans le secteur des semences, qui ont en moyenne utilisé moins de pesticides et obtenu de meilleurs rendements qu'auparavant.

Qui a financé votre étude ? Qu'est-ce que l'IFPRI ? Quel accueil a été réservé à votre étude ?

À l'IFPRI, nous travaillons avec deux types de financement : des financements spécifiques sur des projets bien définis par les donateurs (par exemple notre programme sur les systèmes de biosécurité dans les pays en voie de développement, fondé par l'Agence Américaine de Développement International (USAID) ou notre étude sur les effets socio-économiques des plantes transgéniques sur les petits exploitants soutenue par le Centre de Recherche sur le Développement International (CRDI) du Canada, en partenariat avec Oxfam-America) et des financements de base qui nous permettent de conduire d'autres études (« core funding ») définies selon nos propres objectifs dans notre domaine d'expertise. Dans le cas de cette étude, le financement est venu du « core », c'est-à-dire de la base de fonds de mon unité de recherche, qui en 2007-2008 venait principalement de l'Union Européenne et de l'agence de développement suédoise (et des compléments d'autres fonds généraux d'IFPRI). Néanmoins, puisqu'il s'agit de fonds de base, et non de projet, ces donateurs n'ont eu aucune influence quelle qu'elle soit dans le thème choisi ou l'étude menée par l'équipe.

L'IFPRI est une organisation publique internationale de recherche sur les politiques alimentaires dans les pays en voie de développement. Créé en 1975, l'IFPRI est l'un des 15 centres du Groupe Consultatif sur la Recherche Agricole Internationale (CGIAR), tout comme l'Institut International de Recherche sur le Riz (IRRI) aux Philippines, celui sur le maïs et le blé (CIMMYT) au Mexique, ou celui sur la pomme de terre (CIP) au Pérou. Mais contrairement à ces autres centres, l'IFPRI mène des recherches sur les politiques et stratégies à mener plutôt que sur le développement de nouvelles semences ou de nouvelles pratiques agricoles.

Les équipes de l'IFPRI regroupent surtout des économistes agricoles et du développement, mais aussi un certain nombre de sociologues, géographes et scientifiques spécialistes de modélisation. Les recherches de l'IFPRI portent principalement sur les régions les plus pauvres d'Afrique subsaharienne, d'Asie du sud et du sud-est ou d'Amérique centrale et du sud.

Touchant à un sujet controversé, l'étude a néanmoins été relativement bien perçue dans la presse internationale. Le rapport a tout d'abord été mentionné dans de nombreuses newsletters spécialisées sur Internet, puis par la presse anglaise (The New Scientist, The Guardian, Nature Biotechnology), dans la presse indienne (Livemint, Press Trust of India), et dans d'autres journaux européens (Daily Mail, BBC News, The Irish Times, Die Welt, Der Spiegel). Il a aussi fait l'objet d'une critique assez approfondie par un groupe anti-OGM (GM watch) et par Vandana Shiva, qui affirme que notre rapport est « toxique ». Et il a été l'objet de nombreuses discussions sur Internet dans des blogs environnementaux, que ce soit aux États-Unis, en Angleterre, en Irlande ou même en Italie, Espagne, et France (e.g., effets de terres). Enfin nous avons reçu des commentaires relativement encourageants de quelques personnalités politiques indiennes, et l'étude a été transmise au ministre indien de l'agriculture qui la demandait.