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Politique française / La France est sur le pied de g...
Last post by JacquesL - 15 Mars 2024, 09:50:07 PM
La France est sur le pied de guerre sans savoir où cela va la mener

Publié le mars 15, 2024 par Wayan




Par M.K. Bhadrakumar – Le 14 mars 2024 – Source Indian Punchline



Depuis son ignominieuse défaite lors des guerres napoléoniennes, la France se trouve dans la situation difficile des pays pris en sandwich entre deux grandes puissances. Après la Seconde Guerre mondiale, la France a remédié à cette situation en formant un axe avec l'Allemagne en Europe.

Prise dans une situation similaire, la Grande-Bretagne s'est adaptée à un rôle subalterne en s'appuyant sur la puissance américaine à l'échelle mondiale, mais la France n'a jamais abandonné sa quête pour retrouver sa gloire en tant que puissance mondiale, et elle continue d'y travailler.

L'angoisse des Français est compréhensible car les cinq siècles de domination occidentale de l'ordre mondial touchent à leur fin. Cette situation condamne la France à une diplomatie constamment en sursis, entrecoupée de brusques accès d'activisme.

Mais pour que l'activisme soit orienté vers des résultats, il faut des conditions préalables telles que le profilage de groupes d'activistes, de dirigeants, d'associés, de partisans et de sympathisants partageant les mêmes idées – et, surtout, le soutien et la logistique. Sinon, l'activisme ressemble à des crises d'épilepsie, une maladie incurable du système nerveux.

Les jours heureux du président français Emmanuel Macron dans la diplomatie internationale ont pris fin avec la récente dissolution de l'axe franco-allemand en Europe, qui remontait aux traités de Rome en 1957. Alors que Berlin a fait du transatlantisme son dogme en matière de politique étrangère, le poids de la France a diminué dans les affaires européennes.

Les enjeux de la réunion de réconciliation de vendredi sont élevés, car Macron se rend à Berlin pour rencontrer le chancelier Olaf Scholz, qui l'a non seulement snobé en excluant l'utilisation de troupes terrestres des pays européens dans la guerre en Ukraine, mais qui a également aggraver le problème du missile Taurus en faisant valoir qu'il impliquerait l'affectation de personnel allemand en soutien à l'Ukraine, ce qui, a-t-il annoncé mercredi au Bundestag, est tout simplement "hors de question" tant qu'il reste chancelier.

Bien sûr, il ne s'agit pas de décrier le formidable intellect de Macron – comme lorsqu'il a déclaré dans une interview sans détour fin 2019 avec le magazine The Economist que l'Europe se trouvait "au bord d'un précipice" et devait commencer à se considérer stratégiquement comme une puissance géopolitique, sous peine de "ne plus être maître de notre destin". La remarque prémonitoire de Macron a précédé de trois ans la guerre en Ukraine.

Selon le journal Marianne, qui a interrogé plusieurs soldats français, l'armée estimerait que la guerre en Ukraine est déjà irrémédiablement perdue. Marianne cite un officier supérieur français qui déclare avec dérision : "Il ne faut pas se tromper face aux Russes, nous sommes une armée de majorettes" et l'envoi de troupes françaises sur le front ukrainien ne serait tout simplement "pas raisonnable". À l'Élysée, un conseiller anonyme a affirmé que Macron "a voulu envoyer un signal fort... (avec) des mots millimétrés et calibrés".

Natacha Polony, rédactrice en chef de Marianne, a écrit : "Il ne s'agit plus d'Emmanuel Macron ou de ses postures de petit chef viril. Il ne s'agit même plus de la France ou de son affaiblissement par des élites aveugles et irresponsables. Il s'agit de savoir si nous allons collectivement accepter d'entrer en guerre comme des somnambules. Une guerre dont personne ne peut prétendre qu'elle sera maîtrisée ou contenue. Il s'agit de savoir si nous acceptons d'envoyer nos enfants mourir parce que les États-Unis ont insisté pour installer des bases aux frontières de la Russie".

La grande question est de savoir pourquoi Macron agit de la sorte, allant jusqu'à rassembler une "coalition de volontaires" en Europe. Plusieurs explications sont possibles, à commencer par la posture de Macron, qui tente de gagner des points politiques à moindre coût, motivé par des ambitions personnelles et des frictions intra-européennes avec Berlin.

Mais jusqu'à il y a peu, Macron était partisan du dialogue avec Moscou. La perception dans la plupart des capitales européennes, y compris à Moscou, est que Macron tente d'amener la crise ukrainienne à un nouveau niveau en annonçant publiquement le déploiement de forces de combat occidentales contre la Russie, ce qui constitue une manipulation politique évidente.

Sur le plan géopolitique, Macron qui, il n'y a pas si longtemps, appelait au dialogue avec Moscou et proposait sa médiation, qui a fait la fameuse déclaration d'une "Grande Europe" en 2019 et qui a maintenu des contacts avec le président russe Vladimir Poutine, n'a pas hésité à faire appel à la diplomatie de l'Union européenne pour éviter l'humiliation de Moscou ; puis, dès février dernier, évoquait la "défaite certaine" de la Russie en Ukraine, appelait à éviter "l'humiliation" de Moscou, qui a souligné à plusieurs reprises son attachement à la matrice diplomatique attribuée à Charles de Gaulle, qui assignait à la France le rôle de "pont entre l'Est et l'Ouest", a basculé dans l'autre extrême d'une rhétorique euro-atlantiste dure.

Cette effroyable incohérence ne peut être considérée que comme découlant de l'évolution défavorable des événements dans le scénario de la crise ukrainienne, la perspective d'une défaite russe dans la guerre n'étant plus envisageable, même de loin, et étant remplacée par la possibilité croissante que la paix ne puisse finalement être obtenue qu'aux conditions de la Russie. En d'autres termes, la dynamique du pouvoir en Europe est en train de changer radicalement, ce qui, bien sûr, a un impact sur les ambitions de Macron de "diriger l'Europe".

Entre-temps, les relations russo-françaises ont également connu une phase de concurrence et de rivalité féroces – voire de confrontation – dans un certain nombre de domaines. Pour commencer, le ministre français des affaires étrangères, Stéphane Sejournet, a déclaré dans une interview accordée au Parisien, en janvier, que la victoire de la Russie en Ukraine entraînerait le contrôle de 30 % des exportations mondiales de blé par Moscou. Pour Paris, il en va de la pérennité de l'un des secteurs clés de l'économie nationale française.

L'agriculture française est marquée par une histoire qui a commencé avec les Gaulois en 2000 avant Jésus-Christ. Il faut comprendre que dans l'histoire moderne, la Révolution française de 1789, qui a bouleversé tous les aspects de l'ordre social français et a conduit à l'abolition des privilèges des classes supérieures, était aussi une Révolution agricole, qui a permis une large redistribution des terres. Autant dire que l'attachement des Français à leur agriculture est très fort.

Aujourd'hui, les États africains modifient la structure des importations de céréales en raison des réglementations techniques introduites par l'Union européenne dans le cadre de son programme vert et les agriculteurs français doivent donc faire face à une augmentation des coûts, sans parler de la perte imminente de parts de marché régionales au profit de la Russie.

Cette situation s'ajoute aux progrès réalisés récemment par la Russie en matière d'exportation d'armes vers le continent africain. Sur le plan politico-militaire également, la France a perdu du terrain face à la Russie dans la région du Sahel, riche en ressources, qui est traditionnellement son ancienne colonie et son terrain de jeu. Le fait est que les stratégies néocoloniales de la France en Afrique sont de plus en plus critiquées, mais Paris préfère rejeter la faute sur le groupe russe Wagner, qui est venu combler le vide sécuritaire dans la région du Sahel, alors que des forces anti-françaises ont pris le pouvoir dans plusieurs pays à la fois – Mali, Niger, Burkina Faso, Tchad, République centrafricaine.

Dans les meilleures traditions de la géopolitique, la France a commencé à prendre des mesures de rétorsion dans des régions sensibles aux intérêts russes – l'Arménie, la Moldavie et l'Ukraine – où la présence militaire russe est dans le collimateur de la France. Sans surprise, l'Ukraine est le territoire le plus stratégique où Macron espère renforcer la présence française.

Grâce à cela, Macron espère faire progresser ses ambitions de leadership en Europe en tant que navigateur de la stratégie de politique étrangère de l'UE dans un large arc allant du continent africain à la Transcaucasie, en passant par la Méditerranée, et potentiellement jusqu'à l'Afghanistan.

Tout cela se déroule dans le contexte historique d'un retrait inévitable des États-Unis en Europe, alors que la région indo-pacifique s'emballe et que la rivalité qui couve avec la Chine devient une passion dévorante pour Washington. Parallèlement, la présence imposante de la Russie en Europe commence à se faire sentir intensément alors qu'elle s'impose comme la première puissance militaire et économique dans l'espace stratégique entre Vancouver et Vladivostok.

Aujourd'hui, le paradoxe est que le président russe de l'époque, Dmitri Medvedev, avait proposé dès 2008 un traité de sécurité paneuropéen juridiquement contraignant, qui développerait une nouvelle architecture de sécurité en Europe, impliquant la refonte des institutions existantes et la création de nouvelles institutions et normes réglementant les relations de sécurité en Europe dans un espace géopolitique plus large s'étendant à l'est "de Vancouver à Vladivostok". Hélas, les États-Unis ont encouragé les Européens à considérer l'"initiative Medvedev" comme un piège visant à affaiblir l'OTAN, l'OSCE, l'UE et d'autres organismes européens, et à rejeter cette merveilleuse idée qui aurait ancré fermement l'ère de l'après-guerre froide sur une architecture de sécurité contraignante.

M.K. Bhadrakumar

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.

https://lesakerfrancophone.fr/la-france-est-sur-le-pied-de-guerre-sans-savoir-ou-cela-va-la-mener
#22
Politique française / Macron s’en va-t-en guerre… (...
Last post by JacquesL - 15 Mars 2024, 12:06:56 PM
Macron s'en va-t-en guerre...  (suite)



par Olivier Chambrin

Macron s'en va-t-en guerre, mironton, mirontaine...

*

Certains éléments rendus publics permettent de préciser l'analyse des possibles conséquences de l'engagement de l'armée française directement contre les forces russes. Nous allons revenir sur les déclarations de différents responsables politiques dans ce cadre. Cela préparera à l'écoute des déclarations du président français le 14 mars 2024 sur le sujet.


«Nous irons pendre notre linge sur la ligne Surovikine»

En premier lieu, on peut considérer que l'hypothèse selon laquelle les déclarations du président français ne sont pas (uniquement) une lubie personnelle mais s'inscrivent dans une stratégie partagée est validée : Une forme de coalition semble bel et bien se dessiner au sein de l'OTAN1. La décision claire de Washington de ne pas envoyer de troupes au sol officiellement ne signifie nullement un refus d'intervenir. On peut penser qu'il s'agit plutôt d'éviter une confrontation avec un adversaire nucléaire et de privilégier l'approche indirecte qui fut caractéristique de la guerre froide. Tenant compte d'une opinion défavorable (après le traumatisme du Viet Nam, les désillusions de l'Irak et de l'Afghanistan) qui revient volontiers à un certain isolationnisme -réactivé par le candidat Trump2-, cette stratégie a porté ses fruits. Les USA apparaissent comme les principaux bénéficiaires de la guerre en Ukraine et activer les proxys otaniens paraît logique et profitable, dans un contexte qui rappelle superficiellement celui des années 1938/19413.



Le président tchèque Petr Pavel alors qu'il était encore général de l'OTAN et pas encore président


«Nous étions vingt ou trente brigands dans une bande»

  • Les pays baltes, par russophobie et voisinage direct pourraient participer. La première ministre estonienne Kaja Kallas a ainsi refusé «de garantir que l'armée estonienne ne serait pas envoyée en Ukraine», la Lettonie, qui accueille l'exercice de l'OTAN steadfast defender est également engagée dans une démarche de préparation à un affrontement et crée des difficultés aux communications terrestres vers l'enclave russe de Kaliningrad depuis le début de la SVO et sous la pression de Bruxelles, une interdiction des céréales russes. Le ministre des affaires étrangères lithuanien Gabrielius Landsbergis a déclaré qu'il était «nécessaire de discuter de l'envoi de troupes de l'OTAN en Ukraine» ; il a envisagé «d'abolir les lignes rouges qu'ils se sont eux-mêmes imposées, en envoyant des troupes en Ukraine».
  •  La Pologne tient également une posture belliciste. Donald Tusk, européiste et otanien convaincu, a maintenu la position russophobe des précédents dirigeants, majoritaire au sein des Polonais. Le ministre des affaires étrangères Sikorsky a déclaré que la présence de troupes de l'OTAN en Ukraine «n'était pas impensable». Le Chef d'état-major (CEM) Dymanowski a évoqué la possibilité que 300 000 soldats de l'OTAN (?) puissent arriver sur son sol «avant la guerre». Le réarmement polonais, qui ambitionne d'en faire la première puissance militaire d'Europe, avait subi un arrêt, lorsque l'Allemagne, qui a le même objectif, avait bloqué les fonds européens nécessaires pour acquérir les armements étatsuniens, Coréens et israéliens ; cependant, une aide des USA de deux milliards d'USD été annoncée par le conseiller présidentiel étasunien Jake Sullivan, ainsi que la livraison de 69 hélicoptères d'attaque Apache, de missiles longue portée JASSM (1000 km) et de missiles Air-Air AIM adaptés aux F16 et F35 acquis par la Pologne. Le ministre Sikorski a également considéré que la proposition du président Macron serait «utile pour influencer la Russie».
  • La Finlande nouvellement membre de l'OTAN a récemment élu un président très anti-russe, qui surfe sur une opinion traditionnellement hostile à Moscou et dispose de forces armées convaincantes au plan tactique, des bases seront ouvertes aux forces étasuniennes sous couvert de l'Otan. En l'absence de revendications territoriales (la Carélie n'est plus récupérée depuis des années «que bouteille de bière par bouteille de bière» 4, comme l'on dit en Finlande) il est cependant improbable que les troupes d'Helsinki mènent une action offensive sur la frontière russe. Elles procéderont probablement avec les Suédois à la neutralisation du nouveau «lac otanien» de la Baltique, ce qui posera indirectement une menace sur Kaliningrad, isolée sur le plan terrestre par ses voisins hostiles 5.
  • La République tchèque a initié un rachat d'obus hors de l'UE que le conseiller du premier ministre Tomas Pojar a annoncé «à partir de juin» ; le président tchèque a accepté l'idée d'envoi de soldats en Ukraine, comme «instructeurs». La Roumanie se contente de fournir des bases aux appareils d'espionnage de l'OTAN en mer Noire et accueille déjà un bataillon français qui aurait été projeté6 à Chisinau en vue d'un déploiement à Vinnitsa et/ou autour d'Odessa. Il ne s'agit que d'une présence symbolique probablement destinée à permettre l'activation de l'article 5 de la Charte, ce qui est un facteur de risque. Le président roumain Iohannis a déclaré «qu'il refusait l'envoi de troupes roumaines en Ukraine». Le premier ministre serbe Vukich, en position délicate car sous la pression de l'UE et de l'OTAN, considère que «l'engagement de l'OTAN aura lieu».




La première ministre estonienne Kaja-Kallas avec un ATGM Javelin destiné à être livré à Kiev


«Krieg, groß Malheur !»

La position de l'Allemagne est plus ambiguë. Le «triangle de Weimar» (France, Allemagne, Pologne) sera réuni à Berlin le 15 mars. On peut s'interroger sur les réticences germaniques, volonté de ne pas mettre un doigt dans l'engrenage ou tactique pour faire monter les enchères et s'assurer un leadership comme vassal des USA après leur désengagement progressif ? Les gesticulations médiatiques doivent être prises pour ce qu'elles sont et non pour argent comptant en la matière (Berlin «réticente» a fourni 18 milliards d'Euros à l'Ukraine, alors que Paris va-t-en guerre n'a donné «que» 640 millions de matériel de guerre). Naturellement, les agendas politiques internes et au sein de l'UE pèsent sur des décisions parées de vertu. Les écoutes de généraux allemands qui ont illustré la volonté d'organiser militairement les livraisons d'aides à Kiev mais sans apparaître directement, ainsi que les atermoiements pour livrer des missiles Taurus (qui pourraient aboutir à un «commerce circulaire» via le Royaume-Uni et l'échange avec des missiles Storm Shadow) ne peuvent cacher que Berlin est totalement inféodée à Washington depuis 1945. 7. D'ailleurs le refus de livrer des Taurus fait suite au refus de livrer des Chars Leopard 2 qui ont finalement constitué le matériel le plus nombreux dans les brigades blindées de Kiev, ce qui en relativise la portée. L'attitude du chancelier Scholz a certainement à voir avec des pressions internes et probablement une volonté de poignarder dans le dos l'ancien partenaire français.




La vision du président Macron est  orientée en fonction de l'UE

En complément, on notera que Londres continue son action subversive contre la Fédération de Russie et semble envisager d'être présente à Odessa.

«Respirons maintenant, dit la Mouche aussitôt : J'ai tant fait que nos gens sont enfin dans la plaine.»

Autres données périphériques, suite à la conférence d'Antalya, la Turquie pourrait obtenir du gaz via le Turkmenistan pour limiter ses achats à la Russie tout en maintenant son contrôle sur l'Azerbaidjan (producteur de pétrole), alors que le gouvernement arménien Pashinyan souhaite le départ des Russes de la base de Gyumri, le retrait de l'OTSC (Organisation du traité de sécurité collective) et une possible intégration dans l'UE avec un rapprochement marqué vers Paris. L'Ouzbékistan, enfin, déclare vouloir se rapprocher des USA militairement et de l'UE économiquement. On décèle une volonté anglosaxonne de réactiver le défunt Pacte de Bagdad voire pour Londres de raviver le «grand jeu» livré contre Moscou dans la région. Le traité d'organisation du Moyen-Orient («pacte de Bagdad»), du 24 février 1955 rassemblait le royaume d'Irak, la Turquie, le Pakistan, l'Iran impérial et le Royaume-Uni. Avec le départ de l'Irak et l'entrée des USA en 1958, l'Alliance devient l'Organisation du traité central (Central Treaty Organisation, CenTO), dans le cadre de la stratégie d'endiguement (containment) mise en place par les USA au moyen d'alliances (OTAN, OTASE).




Le président turc Erdogan appose son autographe sur un drone dans la région de Batman


Ces différentes positions dont les conséquences réelles restent à déterminer, n'impliquant pas une action militaire directe, mais participent d'une stratégie de tension qui contraint la Russie à mobiliser ses forces sur des fronts multiples.

«Qui aures habet, audiat

Autre source d'information, le récent discours du président russe. En effet, alors que les médias français les écartent ou n'en retiennent que des éléments tronqués et biaisés, Vladimir Vladimirovitch Poutine a toujours tenu une position cohérente et argumentée, donc particulièrement utile pour tenter d'analyser les conséquences des propos présidentiels français.

  • Alors que l'on omet de le signaler avant le discours du président Macron prévu le 14 mars pour expliciter sa position et la justifier en dénonçant la «menace russe», le président Poutine a déclaré «souhaiter négocier pour résoudre ce conflit de manière pacifique». Il a cependant désiré «une conversation sérieuse. Mais nous devons comprendre clairement qu'il ne s'agit pas d'une pause que l'ennemi veut prendre pour réarmer, mais bien d'une conversation sérieuse avec des garanties de sécurité pour la Russie». Ce souci s'explique aisément, après la tromperie des accords de Minsk en 2015, l'avortement commandé des négociations russo-ukrainiennes de mars 2022, celui du traité sur les céréales à Ankara. Disposer de garanties fiables («je ne voudrais pas dire ça, mais je ne fais confiance à personne») restera un problème difficile à résoudre (les objectifs de la SVO visaient à obtenir ce résultat en neutralisant l'Ukraine sur le modèle retenu contre l'Allemagne nazie).
  • Toujours pour justifier la posture française, les médias de grand chemin ont mis en avant une supposée «menace nucléaire du Kremlin». A ce sujet, le président russe a répondu au journaliste Dmitri Kisselyov, à propos de la possibilité et de la faisabilité d'utiliser des armes nucléaires dans le cadre d'une opération militaire spéciale «qu'il n'était pas nécessaire d'utiliser des armes nucléaires tactiques, comme toute autre arme de destruction massive, au cours de l'opération militaire». Interrogé sur l'idée d'utiliser ces armes, Vladimir Poutine a répondu «qu'une telle idée ne lui était jamais venue à l'esprit»En revanche, il a rappelé la doctrine russe, qui envisage le recours au nucléaire dans des circonstances d'ailleurs identiques à celles qui prévalent en France dans le cadre de la Dissuasion. Le président russe a également signalé que «D'un point de vue militaro-technique nous sommes bien sûr prêts. Nos forces nucléaires sont constamment prêtes au combat». Cela est tout simplement l'essence même de la Dissuasion et s'applique à tous les États dotés, un rappel qui n'est ni nouveau, ni spécialement agressif. Le président russe a toutefois évoqué l'évolution technologique qui permet d'envisager une confrontation avec les autres États dotés dont les USA. 8.
  • Concernant les déclarations du président Macron, la réponse russe repose sur la notion de réciprocité, fondement du Droit International, lorsqu'il est dit «Quant aux États qui déclarent ne pas avoir de lignes rouges concernant la Russie, ils doivent comprendre que la Russie n'aura pas non plus de lignes rouges par rapport à eux».

  • Enfin, Vladimir Poutine a considéré «que les militaires des pays occidentaux sont présents en Ukraine depuis longtemps. Ils étaient présents avant le coup d'état (de 2014) et après. Mais si nous parlons de contingents militaires officiels d'États étrangers cela ne changera pas la situation sur le champ de bataille. De même que la fourniture d'armes ne change rien».

Ce dernier point est important car il semble indiquer que le Kremlin ne considère pas que cette présence de troupes de l'OTAN sur le sol ukrainien justifierait un recours à des armes nucléaires. Si ces forces sont frappées autrement, c'est l'OTAN qui aurait l'initiative d'une escalade par l'article 5, option qui semble ne pas recevoir l'aval de toutes les parties (retrait US, refus italien, hongrois et slovaque, prudence allemande, silence espagnol...).

Les propos poutiniens sur l'envoi de troupes étrangères démontrent également une volonté d'insérer un coin dans l'Alliance en ravivant des différends historiques : «Si des troupes polonaises entrent sur le territoire de l'Ukraine, pour couvrir la frontière biélorusse par exemple, je pense qu'elles n'en sortiront jamais. Parce qu'ils voudront récupérer ces terres qu'ils considèrent historiquement comme leur appartenant et enlevés par Josef Vissarionovitch Staline «le père des nations» et transférées à l'Ukraine.  Bien sûr ils veulent les récupérer.» Ces différends sur les tracés frontaliers historiques ne sont pas sans évoquer le principe d'intangibilité des frontières coloniales qui nourrit tant de conflits en Afrique9

Dans le cadre de négociations de sortie de guerre, on ne peut exclure une résurgence de ce facteur, La Pologne revenant à l'alliance polono-lithuanienne et récupérant LVOV et sa région à défaut d'Intermarum, la Hongrie reprochant à Kiev la manière dont sont traités les magyarophones par suite du dépeçage du Royaume de Hongrie après la chute de l'Empire austro-hongrois, et la Roumanie ne voyant certainement pas d'un mauvais œil de récupérer la Moldavie arrachée par l'URSS. Exclue dès 2022 par les responsables occidentaux, cette option n'apparaît toutefois pas plus irréaliste ou injuste que le démembrement de la Yougoslavie en 1992, puis de la Serbie en 1999, ou la récupération du Karabakh par Bakou en 2020, entre autres10.



Les manœuvres de l'OTAN en Pologne visent à dissuader la Russie et à prépositionner
des troupes et des moyens

S'il est probable que la France va tenter de nuire à la Russie par tous les moyens dont elle dispose, y compris par le truchement d'alliances, ses six brigades (2 blindées, deux mécanisées, une parachutiste et une de montagne) ne peuvent pas être déployées intégralement et ne pèseraient pas très lourd avec une demi- semaine d'autonomie de feu. Cependant, la dangerosité d'armées occidentales avancées même impropres à la guerre de haute intensité industrielle, reste importante comme l'illustre le cas britannique. Paris dispose de nombreuses options pour exister par sa capacité de nuisance, qu'il ne nous appartient pas de développer ici. Le défaitisme apparent de Kiev11 semble pouvoir s'expliquer par une campagne psychologique visant à créer un excès d'optimisme russe et à générer un courant de sympathie et une résurgence de l'aide occidentale, dans le cadre de démarches comme celle du président Emmanuel Macron. Ce dernier est inamovible jusqu'en 2027 et dispose de facto de tous les leviers de commande malgré une absence de majorité absolue au Parlement. Un facteur qui semble minoré voire méconnu dans les analyses des médias français, tient aux critiques que subit le candidat à sa réélection en Russie. Loin de la simple formalité que les médias présentent, la présidentielle russe a mis en évidence des critiques d'un pouvoir qui commence à s'user après deux décennies : Non seulement celles des «libéraux» qui veulent faire pencher la Russie vers le mode de vie occidental et s'appuient sur des forces financières et l'investissement partiel de l'appareil d'État, mais aussi de ceux qui ont connu l'URSS et reprochent au président actuel une ligne trop «molle». Le traitement de l'immigration, la répartition de la richesse et sa capture par des nantis, les relations avec «l'étranger proche», la confrontation avec l'Occident sont autant de sources de reproches, certes peu virulents mais réels. L'implication de plus en plus criante de l'Ouest aux côtés de Kiev renforce la stature et la décision du président russe, qui a su faire comprendre que la SVO était devenue une guerre existentielle. Cela, toutes proportions gardées, fait songer au fameux discours de Staline le 3 juillet 1941 «toutes les forces du peuple pour écraser l'ennemi !».

La suppression des «lignes rouges» ne permet pas de deviner quelles seront les rétorsions russes, mais l'hypothèse nucléaire paraît s'éloigner en l'état. Il est possible que les élections passées (présidentielle en Russie, européennes en France, voire présidentielle aux USA) la pression retombe un peu. A moins bien sûr que le président russe n'ait lui aussi cultivé la fameuse «ambiguïté stratégique» pour conserver un effet de surprise dont les forces françaises pâtiraient. Un survol des capacités respectives suscite quelque inquiétude :

  • Le Royaume Uni dispose de 64 Trident-2 sur quatre SNLE, emportant normalement 160 ogives W-76/Mk4, dont l'emploi est subordonné à l'autorisation des USA. Il s'agit de missiles stratégiques. La composante française aligne 64 M-51.1 et M-51.2 sur quatre SNLE transportant un total de 384 ogives TN-75 et TNO. L'Armée de l'air et de l'espace dispose de 40 missiles air-sol ASMP-A avec ogives nucléaires TN-81. Les têtes nucléaires nordaméricaines stationnées dans les bases de l'OTAN s'élèvent à 180 bombes (20 à Kleine Brogel (Belgique), 20 à Buchel (Allemagne), 70 à Aviano, Ghedi Torre (Italie), 20 à Volkel (Pays-Bas), 50 à Incirlik (Turquie). La totalité de ces moyens peuvent frapper au-delà de 1000 km. Il n'y a plus de vecteurs à courte portée.
  • La Russie dispose d'armes à moyenne portée avec 30 bombardiers Tu-22M3 (sur 330 dans les années 1980) et 10 chasseurs MiG-31K armés de l'ASBM Kinjal. Les moyens opérationnels et tactiques (jusqu'à 1 000 km) se composent des 24 missiles Iskander 12 SPU 9P78 de la 52ème Brigade à Tchernyakhovsk. La Biélorussie a reçu des lanceurs mobiles 9P78-1 et TZM 9T250 du complexe Iskander (remplaçant les vieux Totchka à tête conventionnelle) et de chasseurs SU-30 pouvant être armés de missiles à tête nucléaire mais rassemblés dans une seule base à Baranovichi. Pour les forces stratégiques russes, 1 674 ogives sont déployées, 834 en silos et 640 sur des SNLE. Les 3215 ogives restantes sont stockées au 12éme GUMO (12e division en charge du transport, de la sécurité et du stockage) et non déployées dans leurs unités de lancement pour des raisons de sécurité. Du moins était-ce le cas. On ne sait si la mise en condition d'alerte évoquée par le président russe a compris la mise en place des ogives à des unités de lancement (brigades de missiles, régiments de bombardiers) sur tout le territoire. Ce stock peut être complété par 1400 ogives déclassées mais toujours prêtes à l'emploi, soit un total théorique de 5889 têtes nucléaires opérationnelles. De plus certains vecteurs comme les missiles Kalibr, Zirkon et Onyx peuvent porter aussi bien des têtes conventionnelles que nucléaires.
On conclura toutefois en se rassurant, le tempo opérationnel russe ne laisse pas envisager une avancée sur Kiev ou Odessa avant des mois, ce qui laisse du temps pour évoluer aux orientations et positions politiques, avant que les éventuelles forces françaises avancées ne soient menacées directement.

*

Un souverain ne saurait lever une armée sous le coup d'un mouvement d'humeur et de sentiments de colère ou d'exaspération. Entreprendre une telle action ne doit être que le fait d'intérêts sereinement calculés et partagés par les intéressés.

N'oubliez jamais que votre dessein, en faisant la guerre, doit être de procurer à l'État la gloire, la splendeur et la paix, et non pas d'y mettre le trouble, la désolation et la confusion.

Car si la joie peut succéder à la colère et la sérénité à l'irritation, les nations anéanties ne ressuscitent pas de leurs cendres, ni les morts à la vie.

Sun Tzu, l'art de la guerre, chapitre XII, les cendres de la victoire

  •  On rappellera qu'une semblable idée de coalition contre le Hamas formulée par le président Macron, mais il est vrai, non téléguidée par l'hégémon US qui gère en direct son proxy israélien, est aussitôt tombée dans les limbes de l'Histoire
  • Qui fut le seul président US depuis 1945 à n'avoir pas livré de guerre
  • En se méfiant des comparaisons faciles, car le fait nucléaire n'existait pas à l'époque
  • La bière finlandaise Karjala porte le nom de la province rattachée à l'URSS après 1945
  • Qui, parmi les politiciens français qui se prévalent abusivement de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale se rappelle de «mourir pour Dantzig» ?
  • Information non confirmée officiellement le 14 mars 2024
  • L'industrie germanique, impactée par la guerre et la crise de l'énergie, se délocalise, Mercedes Benz vient de décider de quitter le pays pour s'implanter en Chine, alors que d'autres industries notamment chimiques se redéploient aux USA.
  • Le complexe Avant-garde est annoncé comme capable de défaire la défense antimissile des USA
  • Certains en Russie mettent en cause la validité juridique et l'applicabilité des démembrements de l'URSS, voire de la réunification de l'Allemagne
  • Nous excluons volontairement toute mention à Israël et à la Palestine, sujet trop complexe et polémique
  • Les difficultés sont réelles, mais il existe toujours des réserves, des munitions pour appuyer les actions, des drones parfois supérieurs et un effort de préparation de l'intégration de nouveaux équipements, missiles et aéronefs. Malgré un repli désordonné à Avdieivka, il n'y a pas d'écroulement généralisé et systémique.

https://reseauinternational.net/macron-sen-va-t-en-guerre-suite/
#23
Politique française / Macron s’en va-t-en guerre, mi...
Last post by JacquesL - 15 Mars 2024, 11:51:10 AM
Macron s'en va-t-en guerre, mironton, mirontaine...



par Olivier CHAMBRIN

Les récentes déclarations «dont chaque mot est pesé, mesuré et assumé» du chef de l'État français, puis de ses ministres, évoquant un déploiement militaire de troupes au sol en Ukraine, ont initié de nombreux commentaires. Sans être ni psychiatre, ni responsable politique, et en s'interdisant toute position contraire aux intérêts de la France, il paraît cependant utile de proposer quelques réflexions sur le sujet, avant les clarifications et orientations qui seront faites devant les chefs de partis et le Parlement français.

A splendid little war1

Alors que les thuriféraires du régime français ont vanté «l'ambiguïté stratégique» qui résulterait de cette proposition, certains (notamment des opposants intérieurs) ont qualifié les propos présidentiels «d'erreur servant les intérêts de Poutine» ; les homologues internationaux du chef de l'État rendant publics des commentaires moins tranchés mais réfutant l'hypothèse, et le Kremlin prenant acte en rappelant les conséquences d'une cobelligérance officialisée.



À l'analyse, la tenue de ces propos semble pouvoir s'expliquer par différents motifs, éventuellement cumulés : On ne peut totalement écarter des explications psychanalytiques (narcissisme compensatoire, tendance avérée à la provocation et à la recherche de «buzz», sentiment de rivalité personnelle à l'encontre du président russe), ni un dessein tactique à l'occasion des élections européennes (par une stratégie de la peur comparable à celle suivie relativement au COVID en 2020), dans une volonté stratégique de promotion de l'européanisme (en valorisant l'UE comme unique sauvegarde contre la pseudo menace Russe). Tous ces mobiles sont compatibles, en une probable recherche d'un leadesrship européen avec l'onction de Washington.

Il parait envisageable que, loin d'être une erreur, cette menace ait été effectivement mûrement calculée et intégrée dans la stratégie globale occidentale définie Outre-Atlantique. En effet, le conflit en Ukraine a essentiellement servi les intérêts étatsuniens :

  • en dissociant durablement le bloc eurasiatique (recréation d'un rideau de fer, inversant le glacis imposé aux démocraties populaires par l'URSS après 1945),
  • en sapant l'économie européenne et neutralisant la rivalité économique de l'Allemagne,
  • en imposant l'hégémonie stratégique et politique étatsunienne via l'OTAN élargi,
  • en relançant le complexe militaro-industriel yankee.

L'objectif affiché était d'obtenir ce découplage en défaveur de Moscou, de discréditer la politique internationale hostile à l'hegemon (ce qui semble moins réussi), de saper économiquement la Fédération de Russie au terme de sanctions financières et d'une guerre industrielle d'attrition (ce qui semble également discutable en l'état).

Le désengagement apparent des USA ne remet pas en cause leur leadership, mais permet d'épuiser davantage encore les États de l'UE, devenus fournisseurs de fonds et de matériels et qui semblent rivaliser pour devenir le vassal préférentiel de Washington.

Dans ce cadre, le maintien du conflit apparaît nécessaire. Actuellement, la Russie a démontré une capacité de passer en économie de guerre et de mener une guerre industrielle de haute intensité sans remettre en cause ses objectifs de développement interne, ni sa politique internationale. L'Occident collectif a fait montre de faiblesses insoupçonnées à cet égard et il lui faut du temps pour relancer la machine de guerre (pour les USA) et rebâtir des instruments militaires performants (pour les États de l'UE). Différentes options ont été explorées pour parvenir à ces résultats : Perfuser l'armée de Kiev en moyens, doctrine, commandement et renseignement ; la main d'œuvre, malgré les pertes, reste hélas la plus grande richesse que l'Ukraine puisse offrir ; elle est encore suffisante pour continuer les combats, même au prix de retraits territoriaux et de la mobilisation des forces vives dont les femmes.

C'est l'option que semble suivre le nouveau CEM Oleksander Sirsky2, catastrophiquement favorable à tenir sans esprit de recul à Artyemovsk/Bakhmut, malheureux à Lyssitchansk, mais auréolé de succès autour de Kharkov en 2022. Son surnom de «boucher» évoque plutôt bien sa tendance à accepter les pertes et à tenir les positions. Or, une stratégie défensive consomme moins de ressources, est plus facile à exécuter par des troupes de qualité déclinante, est relativement aisée à mettre en oeuvre en étant adossé à des alliés à l'Ouest et en s'appuyant sur des moles urbains (Nord, Est et Centre). En revanche elle est peu «vendeuse» ; ce n'est pas très gênant en interne puisque le régime de Kiev dispose des outils de coercition nécessaire (les élections étant même remises sine die) mais davantage vis-à-vis des alliés dont les populations se lassent. Une intervention directe de ces derniers trouverait alors son sens.

Dans cette optique, on remarquera que les propos du président français font écho à ceux, depuis un mois et demi, de responsables britanniques, Allemands, Polonais, Danois, Suédois, Finlandais, de la Commission européenne, du Pentagone et de l'OTAN, qui tous ont évoqué sous un délai variable la nécessité de se préparer à une guerre avec la Russie. Les dénégations actuelles ne signifient pas grand-chose, pas davantage que les différentes «lignes rouges» qui ont été successivement violées, sur la fourniture d'équipements non létaux, puis d'armes de défense, puis d'artillerie à longue portée, puis de chars de combat, puis d'aéronefs de combat. L'énoncé du traité signé par Kiev et Paris (et Berlin) parait un pas significatif vers la cobelligérance et l'engagement (pour dix années) à assister Kiev dans sa guerre contre Moscou. Peu après les déclarations françaises, Londres évoquait d'ailleurs l'envoi possible de deux unités britanniques (volume inconnu) en Ukraine, et le Canada d'engager des troupes «non combattantes». Dans ce schéma, les propos de Emmanuel Macron peuvent aussi bien tenir de «coups de sonde» de l'opinion, que ressortir de son conditionnement préparatoire, ou les deux.

Le secret de Polichinelle

Dans les faits, la présence d'Occidentaux en Ukraine est avérée ; elle était connue sinon reconnue. Elle explique en particulier les frappes réussies sur les bâtiments de surface de la flotte de la mer Noire. Servants de matériels sophistiqués comme les complexes de missiles anti-aérien, opérateurs ISR, myriades de techniciens au sol nécessaires au maintien en condition et à la conversion au standard OTAN des moyens techniques, et même opérateurs spécialisés dans l'infiltration, le sabotage et l'assassinat, sont identifiés et parfois localisés3. Leur statut varie, de volontaires (mercenaires pour Moscou), à assistants techniques, retraités ou en disponibilité, contractuels et pour certains opérationnels clandestins4.



Caricature affichée sur les arrêts de bus devant l'ambassade de France à Moscou: «Garçon, vite! Les léopards sont déjà cramés!»

Ce «secret» largement éventé a cependant son intérêt. Il évite une confrontation ouverte et directe. Cela est confirmé par les échanges entre généraux de la Bundeswehr rendus publics, à propos de l'engagement allemand pour détruire le pont de Crimée et organiser l'envoi de missiles Taurus. On peut se demander si cette «fuite» est le fruit d'un excellent espionnage russe, ou si l'Allemagne l'a organisée elle-même, pour empêcher une escalade et se dédouaner par exemple5. En effet, si des troupes sont d'ores et déjà projetées dans le cadre de la stratégie périphérique, au Nord (fermeture du lac otanien qu'est devenue la mer Baltique, manœuvres actuelles de l'OTAN en Scandinavie et Pologne6), sur le flanc Sud (positionnement d'éléments mécanisés français en Roumanie7, vols d'aéronefs en mer Noire) et sur le flanc Sud-Est (collaboration avec l'Arménie, qui dénonce ses accords OTSC avec Moscou, prospective politico-économique au Kazakhstan), cela reste du domaine de la gesticulation et ne met pas en cause des intérêts fondamentaux russes8. En revanche, un déploiement en Ukraine (la politique de «boot on the ground») modifierait très dangereusement cette situation.

Jusque lors, la stratégie otanienne a été de fournir des moyens accrus dans le cadre d'une escalade contrôlée, sans que les objectifs de la SVO n'aient été modifiés en contrepartie. Après une phase statique qui semblait permettre de privilégier une solution dite «à la coréenne» en figeant les positions respectives, l'offensive de Kiev était censée permettre de revenir aux frontières de 1994. L'échec de cette offensive et la montée en puissance des forces russes conduisent à une stratégie compensatoire, en amplifiant les actions terroristes sur le territoire même de la Fédération. La fourniture de missiles a accru le rayon de nuisance, ce qui explique la réticence allemande à fournir des Taurus en complément des SCALP français/Storm Shadow britanniques. La création d'une nouvelle flotte aérienne de F-16 permettra de disposer de vecteurs de missiles de croisière complétant cette bulle d'effectivité, très en amont du front. Cette stratégie complète l'action de déstabilisation et de radicalisation des diasporas et de l'opposition intérieure en Russie (avec une tentative de capitaliser sur la mort de Navalny en cristallisant les Liberalnyi restant en Russie) en marge des élections présidentielles, pour réactiver des fissures religieuses, ethniques et sociales.

Parallèlement, les actions récentes donnent l'impression d'une volonté de «vider le ciel» pour les F-16, en liquidant la flotte réduite d'AWACS K-50U russes (8 en service pour 50 alignés par l'OTAN) ; cela aurait aussi pour effet de réduire l'efficacité des VKS, qui avec la capacité de tir des bombes guidées FAB ont permis d'écraser la ligne de fortification kiévienne à Avdievka et le saillant de Robotino. Les actions en mer Noire visent évidemment à neutraliser la flotte russe, ce qui est presque obtenu, et à faciliter la destruction du pont de Kertch, objectif symbolique majeur. Mais si on ajoute ces constats à l'évocation d'un envoi de navires britanniques à Odessa, se dessine la perspective d'un plan de grande ampleur, visant à contrecarrer l'avancée des forces russes sur le littoral et le poumon maritime de Kiev, tout en fragilisant la Transnistrie et en consolidant la ligne d'arrêt sur la rive Ouest du Dniepr (opération ratée par la Wehrmacht en 1944). Pour cela, deux postulats sont actuellement non réunis. En premier lieu, l'ouverture des détroits par Ankara9 et en second lieu l'acceptation d'un affrontement direct en mer. Car il est difficile d'en faire davantage de manière clandestine. Les forces otaniennes assurent déjà la formation, le maintien en condition, voire l'intervention pointue et le conseil direct10. Les missions secondaires évoquées publiquement (formation, surveillance des frontières, défense anti-aérienne des bases citées par le premier ministre français) sont déjà confiées à du personnel territorial ou policier de Kiev.

Paris, combien de divisions ?

La France, voire les États-membres de l'UE et de l'OTAN sont-ils en mesure de déployer davantage qu'un rideau dissuasif testant la volonté russe ?



En l'état, la capacité livraison d'armements issus des stocks, surplus et rachetés à l'étranger, semble épuisée ; la reconstruction d'un complexe militaro-industriel hors USA, capable d'alimenter une production militaire sera à la fois chronophage et très couteuses pour des économies déjà mises à mal et des États en rivalité économique11. Rééquiper à la fois les forces de Kiev et les différentes armées nationales sera également fort complexe. La supposée supériorité technologique occidentale ne paraît pas en mesure de compenser la faiblesse quantitative, d'autant que la domination qualitative est devenue discutable face aux développements russes.

Les capacités de déploiement hors USA bénéficient d'armées scandinaves performantes, capables de défendre leur territoire et d'interdire les côtes et la mer Baltique. La position turque conserve une ambiguïté qui rend son déploiement sur le flanc Sud de l'OTAN incertain. Dans les Balkans, la Grèce se défie d'Ankara, la Bulgarie a une opinion hostile et une armée réduite, l'Albanie est obsolète au regard des standards, la Roumanie également. Les États ex yougoslaves se regardent en chiens de faïence et mobilisent des armées réduites. Ces pays offrent surtout la disposition de bases importantes. La Pologne se veut le nouveau moteur militaire de l'Europe, mais son rééquipement n'est pas réalisé et les perspectives financières pourraient le compromettre. Le pays offre une excellente base contre la Biélorussie et la Russie et dispose de troupes non négligeables. Les États baltes ont une capacité de nuisance certaine mais ne peuvent numériquement tenir une position stratégique même pour étouffer Kaliningrad. Le Royaume Uni se remet difficilement de ses engagements en Irak et Afghanistan et son armée de Terre, de qualité, manque de moyens et de capacité de recrutement ; même l'emblématique Royal Navy connaît des difficultés importantes. Malgré sa puissance économique mise à mal depuis 2022, l'Allemagne aligne une Bundeswehr déclassée et cumulant les faiblesses logistiques et de recrutement. L'Espagne et surtout l'Italie disposent de forces terrestres convaincantes mais ne semblent pas très désireuses de les déployer. Danemark et Pays Bas peuvent alimenter en moyens de pointe mais n'ont pas de masse critique, ce qui est également le cas de la Belgique, de la Tchéquie. La Slovaquie et la Hongrie ont des positions anti-guerres, claires.

La France a-t-elle donc les moyens de ses ambitions ?



Selon la typologie des classements, elle est considérée comme la deuxième armée en Europe (après l'armée russe)., parfois la quatrième (hors nucléaire). On peut toutefois déplorer que l'armée française définie pour 2030 corresponde aux besoins de 2015 ; sa capacité de projection si elle permet un déploiement rapide, pâtit de moyens limités. Si la loi de programmation militaire 2024-2030 tente de répondre aux nouveaux impératifs mis en évidence en Ukraine, l'effet d'inertie rend improbable un véritable sursaut capacitaire. Conçue à côté de la force de frappe nucléaire comme une armée échantillonnaire («modèle d'armée complet»), adaptée au format bataillonnaire intégré de l'OTAN, l'armée française a excellé dans la guerre asymétrique (sans gagner, plus par limitation politique que technique). Toutefois, sans masse ni moyens de durée, elle dispose d'unités d'infanterie légères de qualité mais d'effectifs très réduits. Lancée vers le Cyber, le Renseignement, découvrant le drone à large échelle, elle souffre d'un déficit en moyens classiques, chars, artillerie, moyens d'appuis. Les choix pour les véhicules de nouvelle génération ne semblent pas bien adaptés à la haute intensité ni au terrain ukrainien et les moyens sophistiquées (chars de combat, hélicoptères de l'ALAT) montrent un taux de disponibilité plutôt bas. La capacité industrielle indispensable pour supporter les forces fait actuellement défaut. L'aviation aligne des pilotes et des aéronefs très performants, supérieurs aux appareils soviétiques de Kiev et aux F-16, et peut-être même à ceux de la VKS russe. Mais l'arme aérienne, si elle permet d'envisager une action sur les forces adverses et ses bases, n'offre pas la maitrise du terrain et connaît la vulnérabilité de ses propres bases, si la fiction du non-alignement ne protège plus celles-ci à l'Ouest. Des données détaillées sont disponibles en source ouverte pour qui le souhaite, mais on peut résumer la capacité militaire française ainsi :

  • 200 chars Leclerc rénovés (c'est un objectif le nombre disponible n'est pas rendu public),
  • Un objectif de nouveaux véhicules du programme Scorpion (900 VBMR Griffon et 150 EBRC Jaguar, 450 blindés-multi-rôles léger VBMR-L) en cours de livraison,
  • Une cible de 110 canons de 155mm Caesar (certes précis et furtifs mais à l'usure inadaptée à la guerre de haute intensité d'après les RETEX de Kiev),
  •  80 hélicoptères de combat EC665 Tigre, 130 hélicoptères de manœuvre EC725 Caracal (de disponibilité opérationnelle relativement médiocre).
  • 217 avions de combat Rafale et Mirage 2000-D, Mirage 2000 C et -5, 4 systèmes de détection et de commandement aéroportés (AWACS), 14 avions ravitailleurs (MRTT), 50 avions de transport (CASA CN-235, C-130 Hercules et Airbus A400M Atlas).
  • 4 SNLE de classe Le Triomphant, 3 SNA de classe Rubis, 2 SNA de classe Suffren, un Groupe aéronaval, 2 frégates de défense aérienne de classe Horizon et 8 frégates multimissions de classe Aquitaine (équivalent OTAN destroyers), 5 frégates légères furtives de classe La Fayette (équivalent OTAN frigates), 6 frégates de surveillance de classe Floréal, renforcés par des bâtiments de patrouille, de lutte contre les mines, de soutien logistique et de commandement et amphibie. Une belle marine mais écartelée dans le monde entier et disposant de peu de bases navales militaires en Métropole (Brest, Cherbourg et Toulon).

Cette force est complète mais assure des missions en rapport avec le considérable domaine maritime français et les projections à l'international. La totalité des moyens déjà amputés par ces missions ne pourrait évidemment être transférés en Ukraine. En se gardant des hypothèses trop incertaines, il semble que les moyens maritimes de surface seraient exposés à un sort comparable à celui de la flotte russe, en mer Noire mais peut-être même en mer Méditerranée. L'armée de l'Air et de l'espace serait vraisemblablement capable d'assurer en partie la supériorité aérienne et de porter des coups importants dans le cadre de l'appui au sol ou des frappes à longue distance, mais serait tributaire des bases et confrontée à des bulles redondantes de défense antiaérienne d'une ampleur qu'elle n'a jamais connue. Les troupes de l'Armée de Terre montreraient vraisemblablement le courage et le professionnalisme habituels mais manqueraient totalement de masse et de capacités d'appui pour faire face à un «Verdun moderne»12. En résumé on peut affirmer sans trop prendre de risque que l'armée française déployée pour être davantage qu'une forme de «casques bleus» serait capable de frapper fort, mais pas longtemps (d'autant qu'il n'y a aucune réserve pour l'exploitation). Evidemment, les modalités de déploiement, les partenariats et le support logistique (il y a actuellement moins d'une semaine de capacité de feu) sont des facteurs non connus et qui influeraient fortement sur les performances de la force engagée.

Sur un théâtre qui concentre 33 équivalents Divisions ukrainiennes et 50 équivalents divisions russes, ce déploiement de l'armée française paraît peu crédible, mais dangereux.

L'Unconditionnal surrender

La stratégie militaire est définie par une volonté politique qui est d'obtenir la défaite de la Russie, laquelle a été affirmée et réitérée par le président français, le secrétaire général de l'OTAN et des responsables de l'UE. Elle n'est pas sans rappeler la position des Alliés (dont l'URSS) à l'encontre des puissances de l'Axe de 1945. Cela pose problème puisque cela semble exclure toute voie négociée13 et surtout parce que ce but de guerre met clairement en cause les intérêts fondamentaux de la Fédération de Russie. Tout comme la dissuasion française, la doctrine russe permet en effet l'engagement de la force nucléaire dans ce dernier cas. Le seuil d'engagement russe (la fameuse ambiguïté stratégique) a été déclaré par le Pentagone comme «plus bas» qu'envisagé initialement par l'OTAN14. Lorsque le président russe évoque le fait, cela est considéré par la presse française comme une menace, alors qu'il s'agit plutôt d'un avertissement sur des modalités de réponse. Le calcul que semble faire le président français (et nous pensons qu'il s'intègre dans une réflexion globale, probablement au niveau de Washington) est que la présence officielle de troupes OTAN, a fortiori françaises, dissuadera forcément une attaque russe, par le risque d'enclenchement de l'article 5 de la Charte et/ou de riposte nucléaire française.

Une destruction mutuelle assurée ?

Ce raisonnement semble présenter des failles. En premier lieu, la dissuasion doit être crédible. Peut-on vraiment considérer que la destruction d'un corps expéditionnaire à l'étranger correspond aux critères de défense des intérêts vitaux de la France, justifiant un feu nucléaire qui engendrera à son tour une riposte de plus grande ampleur ? L'emploi de l'ultima ratio nucléaire était lié à celui de sanctuarisation du territoire national. Les forces conventionnelles étaient destinées à s'opposer le temps nécessaire à activer la force nucléaire et à obtenir le renoncement d'un ennemi placé devant un dilemme stratégique de destruction mutuelle (MAD, mutual assured destruction, doctrine forgée dans les années 70, ce qui avait conduit à des stratégies périphériques, mais aussi à des accords, d'ailleurs tous dénoncés par les USA puis la Russie dans les années 2000).




Les missiles M51 des quatre SNLE français sont en effet capables, sinon d'annihiler, du moins de causer des pertes majeures à une Russie qui concentre la majorité de ses habitants dans un nombre relativement réduit de métropoles. Mais, outre l'aspect éthique (de la part d'une UE et d'une France qui se refusent à employer des moyens de force pour contrer une invasion migratoire et qui ne cessent de mettre en avant leur conception des Droits de l'Homme et de l'Humanisme) de frappes anticité15 théoriquement rejetées, la riposte étant, elle, en mesure d'effacer la France de la surface de la Terre, ce recours ultime est-il justifiable hors sanctuaire national ? Ce dilemme ne concerne que la France en Europe, puisque l'autre unique puissance dotée, le Royaume-Uni, ne peut employer ses propres SNLE sans l'aval de Washington. Si on peut imaginer que les plans otaniens sont limités à une intervention conventionnelle, l'ambiguïté stratégique sert justement à créer le doute dans l'esprit de l'adversaire. Or, en cas de menace majeure de cet ordre, il semble bien que la riposte russe envisagée risquerait d'être une frappe préalable.

Les autres États membres de l'OTAN feraient-ils bloc face à ce risque avéré ? Hormis les russophobes rabiques des Pays baltes, de Finlande et de Pologne (qui n'ont pas de moyens stratégiques) cela semble incertain, quoi que prévoie la charte de l'Organisation de l'Atlantique Nord (ce ne serait pas la première fois qu'un traité deviendrait un «chiffon de papier»16. La position de Berlin à cet égard semble assez révélatrice. Quant à celle du suzerain, l'Histoire est assez riche en duplicité et cynisme stratégique pour penser qu'après avoir sacrifié un pion et obtenu un rabaissement considérable et irréversible de la puissance russe, il ne serait pas jugé opportun d'encourir une frappe en second par des missiles hypersoniques ou des SNLE conservés après l'attaque française. Les déclarations de l'administration Biden sur l'envoi -ou plutôt le refus d'y procéder- de Boys en Ukraine semble corroborer un refus du duel nucléaire, bien avisé17. 0n peut même imaginer que les autres membres de l'OTAN seraient soulagés et féliciteraient Washington pour sa retenue et sa sagesse en la matière. Ne conjecturons pas davantage et rappelons que la France a démantelé sa capacité tactique (Pluton puis Hades) ce qui signifie que la «riposte graduée» n'existe plus depuis trente ans, conduisant Paris à ne pouvoir jouer qu'un va-tout.

Laissant de côté le cas français, l'analyse n'est guère plus rassurante. Certains observateurs russes prophétisent la remise d'engins nucléaires tactiques à Kiev18 dans le cadre de la montée aux extrêmes qui accompagne les échecs terrestres. Il semble que le sujet soit un souci du président Poutine. Ce dernier doit, contrairement à ce que diffusent les médias occidentaux, compter avec une opposition qui le juge «trop mou», trop conciliant et prêt à négocier19[19]. Vladimir Vladimirovitch Poutine, chef suprême des armées, dispose de moyens intermédiaires, la Russie ayant conservé les armes de théâtre ou «tactiques». Mais il y a en réalité peu d'options rationnelles d'emploi en Ukraine même :

  • La Russie a manifesté une retenue certaine (bien que contestée à l'Ouest) dans ses frappes sur les cités considérées comme des villes russes, ne réduisant en gravats que les Festungen de Kiev (Marioupol, Soledar, Artyemovsk/Bakhmut, Avdievka...). Une stratégie anticité créerait un risque majeur pour l'attaquant lui-même.
  • Les forces de Kiev sont conduites à une stratégie de desserrement du fait de la menace de l'aviation et des drones et présentent donc peu de concentrations susceptibles d'être traitées à l'atome.
  • Les centres de production militaire ont déjà été détruits.
  • Les sites industriels et énergétiques sont trop enclavées dans les villes.

Il apparaît donc que les meilleures cibles seraient les bases militaires et logistiques en amont du Boug, c'est-à-dire les moyens concentrés dans les pays de l'OTAN frontaliers de l'Ukraine. Cette perspective extraordinairement dangereuse a été écartée jusque lors grâce au paravent de la non-intervention directe, au point que même les vols de drones et d'appareils de l'OTAN qui ont permis de couler des bâtiments russes n'ont pas fait véritablement l'objet de mesures de représailles. De même, les voies maritimes à partir d'Odessa pour exporter du blé et importer du matériel de guerre n'ont pas été ciblées par les SNA de la Flotte de la mer Noire.

La seconde option d'emploi d'un armement nucléaire «tactique» serait justement de poser un ultime avertissement démontrant que la menace n'est pas un bluff. Dans ce cadre, peu importe finalement la cible, l'effet recherché n'étant plus tactique mais stratégique.

Briser ce tabou a été une décision, probablement «réfléchie et pesée», mais qui ouvre la boîte de Pandore de manière réellement très inquiétante.



source : Stratpol

  • Selon les mots du secrétaire d'Etat Hays à propos de la guerre hispano-américaine à Cuba
  • Né près de Moscou, il est devenu «ukrainien» parce qu'il a refusé de quitter son commandement d'une unité soviétique basée dans la RSFR d'Ukraine prés de Kharkov, lors de la séparation d'avec l'URSS en 1991
  •  A plusieurs reprises des «conseillers étrangers» ont été frappés lors de rassemblements dans des restaurants, des PC, des zones de logement...
  • Les combattants de la SMP Wagner avaient rendu le même service lors de la création, les combats lors de la SVO ayant modifié cet état et leur positionnement
  •  Il en va de même pour les documents «fuités» aux USA et au sein de l'OTAN, soit par des opposants intérieurs, soit dans un cadre de manipulation à grande échelle.
  • Steadfast defender, Nordic response,
  • Le 7 mars sera signé un accord avec la Moldavie qui bénéficiera certainement de troupes françaises pour faire pièce au détachement russe en appui de la Transnistrie qui a également sollicité une protection
  • Sauf Kaliningrad, mais une action directe semble improbable, l'enclave ayant reçu des missiles nucléaires tactiques récemment pour ce motif
  • La position française face à la Turquie en Méditerranée, la volonté de devenir protecteur de l'Arménie qui se heurte à la stratégie panturque, la peu connue mais réelle implication d'Ankara en Afrique, sont autant d'obstacles que Moscou ne se privera certainement pas d'utiliser ; en revanche, la position britannique est moins hostile, dans la continuité historique de sa position pour sauver la sublime porte qui avait conduit à la guerre de Crimée, avec un empire français plus ou moins contraint de suivre. Londres bénéficie de plus des filtres italiens, français et allemands pour ralentir les flux de la voie migratoire de la Méditerranée orientale, qu'Ankara utilise comme moyen de pression sur l'UE.
  • Parfois au détriment des Ukrainiens comme pour l'attaque sur l'IL-76 transportant des prisonniers échangés apparemment décidé par des Britanniques
  • Voir la manière dont la Pologne emploie les fonds européens pour acheter ailleurs, comment l'Allemagne a poignardé dans le dos son partenaire français, le Royaume-Uni facilite les plans étatsuniens pour faire de même dans les ex-dominions en sabrant les ventes françaises par exemple...
  • On peut craindre que l'armée française en défensive en Ukraine connaisse davantage un Dien Bien Phu qu'un Verdun !
  • Par ailleurs compliquée du fait de la cynique volonté de ne pas appliquer les accords de Minsk en 2015, puis celle de faire échouer les tentatives bilatérales entre Kiev et Moscou en mars 2022, mais toutefois pas exclues par Moscou.
  •  La Russie s'est donné le même droit que les USA de procéder à une éventuelle frappe préventive il y a trois ans.
  • Se dit d'une mise en œuvre d'armes nucléaires stratégiques visant à atteindre les villes et les centres économiques d'un pays adverse pour briser toute résistance de la population.
  • On rappellera les accords de Minsk mais on pourrait également citer les accords relatifs à la réunification de l'Allemagne, dont quasiment tous les articles relatifs au volet militaire ont été violés, et tant d'autres...
  • Le président Poutine juge à cet égard le président Biden comme davantage prévisible que son challenger Trump. Qu'en est-il du président Macron ?
  • On évoque même dans certains milieux la récupération de deux ogives nucléaires britanniques sur le site de Gostomel, objet de l'opération aéroportée au début de la SVO.
  • De même que Navalny, artificiellement adoubé comme « opposant majeur » le fameux Igor Strelkov (pseudonyme d'un acteur important de la structuration du combat prorusse dans le Donbass après 2014) purge actuellement une peine pour « extrémisme ». Ce chef d'accusation correspond à celui retenu en France pour qualifier les islamistes, alors qu'il est considéré par les médias comme une marque de dictature en Russie. On n'évoquera pas les mânes de Evgeny Prigojine mais il avait sa place dans le cœur de nombreux Russes à la fois comme combattant dédié à la Russie et critique d'une partie de la nouvelle nomenklatura en place, que le dernier discours de V.V. Poutine a d'ailleurs stigmatisé, au bénéfice des combattants de la SVO

https://reseauinternational.net/macron-sen-va-t-en-guerre-mironton-mirontaine/
#24
Europe / Poutine : Le bal des vampires ...
Last post by JacquesL - 15 Mars 2024, 09:45:44 AM
Poutine : Le bal des vampires touche à sa fin (Interview par D. Kisseliov)



Vladimir Poutine répond aux questions de Dmitry Kisseliov [Directeur général adjoint de VGTRK (Société nationale russienne de télévision et de radiodiffusion, ВГТРК en russe), directeur général de l'agence Rossiya Segodnya — NdT]

D. Kisseliov : Vladimir Vladimirovitch, en énonçant votre Message [à l'Assemblée fédérale], vous avez, au sens figuré, sorti de votre manche [Tel un magicien — NdT] des billions [Billion : mille milliards, appelé «trillion» en russe — NdT] et des billions. Vous avez ainsi proposé un plan de développement du pays absolument stupéfiant — absolument stupéfiant. Il s'agit d'une Russie différente, avec une infrastructure différente, un système social différent — un pays de rêve, tout simplement.

Cela me donne envie de vous poser votre question préférée de Vyssotsky [Auteur-compositeur-interprète et acteur de théâtre et de cinéma, «conscience» du peuple soviétique — NdT]: «Où prendre l'argent, Zine ?» [*Voir la note en bas — NdT] L'avons-nous vraiment gagné, cet argent ?

V. Poutine : Oui, bien sûr.

Plus que cela : tout d'abord, tout cela a été planifié au cours du travail minutieux de la communauté des experts, des spécialistes du Gouvernement et de l'Administration [du Président]. Tout est parfaitement conforme aux règles budgétaires et, en fait, assez conservateur, car certains experts pensent qu'il devrait y avoir et qu'il y aura plus de revenus. Cela signifie que nous aurions dû prévoir davantage de dépenses, car cela devrait avoir une incidence directe sur les perspectives de développement économique.

En général, c'est exact, mais en 2018, nous avions également prévu d'allouer 8 billions supplémentaires au développement de l'économie et de la sphère sociale, et nous avons ensuite augmenté ces dépenses. Je pense qu'il est tout à fait probable que, si les choses se passent comme le disent les optimistes du groupe d'experts que j'ai mentionné, nous pouvons — nous devons et nous pourrons — augmenter ces dépenses dans différents domaines.

D. Kisseliov : Nous parlons donc d'une période de six ans ?

V. Poutine : Exactement. Nous parlons d'une période de six ans. Nous sommes en train d'élaborer un budget pour une période de trois ans — une période de planification de trois ans, comme on dit. Mais, bien sûr, lorsque nous préparions le discours — je dis «nous préparions le discours» parce qu'il y a toute une équipe qui travaille sur ce sujet — nous avons supposé que nous calculerions nos recettes et nos dépenses dans les domaines que nous considérions comme clés, prioritaires, pour six ans.

D. Kisseliov : Il n'en reste pas moins qu'il y a des projets littéralement stupéfiants. Par exemple, l'autoroute Sotchi-Djoubga : 130 kilomètres, dont 90 kilomètres de tunnels, le reste étant probablement des ponts, à en juger par le paysage. Un milliard et demi [En fait, billion et demi — NdT] rien que pour les trois premières années, et l'autoroute devrait idéalement être prête en 2030. Quel est le montant nécessaire et sera-t-il suffisant pour gagner ?

V. Poutine : Les gens ont besoin de cette autoroute. Les familles avec enfants ne peuvent pas se rendre à Sotchi en voiture. Tout le monde s'arrête quelque part près de Gelendjik ou de Novorossiysk, parce que l'autoroute est très difficile — une route en serpentin.

Il existe plusieurs options de construction. Nous allons littéralement en discuter dans les prochains jours : soit la construire jusqu'à Djoubga, soit la construire d'abord de Djoubga à Sotchi. Certains membres du Gouvernement suggèrent de procéder par étapes. D'autres pensent qu'il faut faire le tout en même temps, sinon il y aura un couloir étroit de Djoubga à Sotchi.

La première partie, si vous regardez depuis Novorossiysk, est plus ou moins décente, et la couverture n'est pas mauvaise, mais elle est très étroite. Si nous arrivons à Sotchi comme la première partie, des embouteillages risquent de se produire dans ce petit espace, et il y en a suffisamment aujourd'hui.

En général, nous déterminerons cela avec des spécialistes — comment, par quelles étapes, mais cela doit être fait. Bien sûr, nous devons déterminer le coût final du projet et veiller à ce que tout le monde reste dans les limites des plans financiers.

L'intérêt de la gent d'abord, mais aussi de l'économie. Le développement des territoires dans le sud du pays est très important.

D. Kisseliov : Si nous pouvons nous permettre des investissements d'une telle ampleur, cela signifie que le pays s'enrichit rapidement, surtout dans les conditions de l'Opération militaire spéciale, dans les conditions de près de 15 000 sanctions, qui sont absolument sauvages. De plus, nous nous sommes donné pour mission de réduire la pauvreté, y compris chez les familles nombreuses. N'est-il pas trop audacieux ?

V. Poutine : Non. Écoutez, si nous revenons à cette autoroute. Lorsque j'en ai discuté avec des membres du Gouvernement — comme vous le savez, le ministère des finances est toujours avare dans le bon sens du terme, toujours très conservateur en matière de dépenses — le ministre des finances [Antone Silouanov] m'a dit, presque mot pour mot : «Uniquement ceux qui n'ont jamais emprunté cette route s'opposent aujourd'hui à sa construction».

D. Kisseliov : C'est-à-dire qu'il faudrait y promener l'ensemble du Gouvernement.

V. Poutine : Et il a raison, car c'est particulièrement [important] pour les familles avec enfants.

Quant à savoir si nous nous enrichissons ou non. L'économie croît — c'est un fait, et un fait qui a été enregistré non pas par nous, mais par les organisations économiques et financières internationales. Nous avons en effet dépassé la République fédérale d'Allemagne en termes de parité de pouvoir d'achat, prenant sa place — la cinquième — parmi les plus grandes économies du monde.

L'économie allemande s'est contractée, je crois, de 0,3% l'année dernière, alors que nous avons connu une croissance de 3,6%. Le Japon a progressé d'un petit point de pourcentage. Mais si les choses continuent à évoluer au même rythme qu'aujourd'hui, nous avons toutes les chances de prendre la place du Japon et de devenir la quatrième économie mondiale dans un avenir assez proche.

Pourtant il faut être honnête, objectif : il y a une différence entre la qualité de nos économies. En termes de parité de pouvoir d'achat, c'est-à-dire en termes de volume, nous sommes vraiment cinquièmes et nous avons toutes les chances de prendre la place du Japon. Mais la structure de leurs économies, bien sûr, se distingue avantageusement de la nôtre.

Nous avons encore beaucoup à faire pour que, non seulement en termes de parité de pouvoir d'achat, mais aussi [en termes de PIB] par habitant, nous occupions une position décente — c'est premièrement. Deuxièmement, la structure elle-même doit changer pour devenir beaucoup plus efficace, plus moderne et plus innovante. C'est à cela que nous allons travailler.

En ce qui concerne le revenu, la parité du pouvoir d'achat est un indicateur très important. C'est le volume, la taille de l'économie. Cela signifie que l'État reçoit des fonds pour résoudre des tâches stratégiques par le biais du système fiscal à tous les niveaux. Cela nous donne la possibilité de nous développer comme nous le pensons nécessaire pour notre pays.

D. Kisseliov : À propos, vous parlez de la structure, de la nécessité de changements structurels dans notre économie. Après tout, c'est exactement ce qui a été énoncé dans votre discours, et c'est ainsi que la tâche est fixée : que les industries innovantes se développent plus rapidement que l'économie en moyenne.

V. Poutine : Oui, bien sûr.

Je l'ai déjà dit : c'est sur la structure que nous devons travailler. L'avenir de notre économie, l'avenir des ressources en main-d'œuvre, l'efficacité et la productivité du travail en dépendent.

L'une des principales tâches aujourd'hui est d'augmenter la productivité du travail. En effet, dans un contexte de pénurie de travailleurs, de ressources en main-d'œuvre, nous n'avons qu'un seul moyen de nous développer efficacement, à savoir augmenter la productivité du travail. Cela signifie que nous devons accroître le potentiel d'innovation de l'économie, par exemple en augmentant la densité de la robotisation. Aujourd'hui, nous avons dix robots, je pense, pour 10 000 travailleurs, et nous avons besoin d'au moins mille robots pour 10 000 travailleurs. Je pense que c'est le cas au Japon.

Et pour que les gens puissent travailler avec ces nouveaux équipements — non seulement pour utiliser la robotique, mais aussi d'autres moyens de production modernes — nous devons les former. Un autre problème se pose, celui de la formation du personnel.

Nous avons des zones entières réservées à cet effet, y compris la formation en ingénierie. Je suis sûr que vous avez remarqué que nous avons déjà lancé 30 écoles d'ingénieurs modernes à travers le pays. Cette année, nous en lançons 20 autres, soit 50 au total. Et nous prévoyons d'en lancer 50 autres dans les années à venir.

Ces orientations sont donc l'avenir de notre pays. Nous avancerons et nous nous développerons dans ce sens.

D. Kisseliov : Pour en finir à la question des sanctions : plusieurs ont exprimé l'idée de créer un organe spécial qui s'occuperait des sanctions, de leur réflexion et, en général, de la défense contre les sanctions. Cette idée est-elle envisagée ou n'a-t-elle pas de sens ?

V. Poutine : Ce n'est tout simplement pas nécessaire. Nous analysons — le Gouvernement, la Banque centrale, le Conseil de sécurité — tout ce que font nos ennemis. Beaucoup de choses sont faites non pas pour des raisons politiques ou militaires, bien qu'elles soient défendues de cette manière, mais simplement pour des raisons de concurrence...

D. Kisseliov : Une concurrence déloyale et sans scrupules.

V. Poutine : Une concurrence déloyale — qui se cache derrière des considérations politiques ou militaires. C'était le cas dans l'industrie aéronautique, et c'est le cas dans de nombreuses autres industries.

Nous vivons dans le monde tel qu'il est et nous nous y sommes adaptés. Nous comprenons à qui nous avons affaire. Et jusqu'à présent, comme vous pouvez le voir d'après les résultats de notre travail, nous avons été assez efficaces.

D. Kisseliov : Mais la perfidie de l'Occident ne se limite pas aux sanctions. Voici un extrait de votre Message [à l'Assemblée fédérale] : «l'Occident tente de nous entraîner dans une course aux armements, nous épuisant ainsi et répétant le tour qu'il a réussi dans les années 1980 avec l'Union soviétique». Quelle est notre marge de sécurité dans le cas d'une course aux armements ?

V. Poutine : Nous devons nous assurer que chaque rouble investi dans la défense nous rapporte le maximum. En effet, à l'époque soviétique, personne ne comptait ces dépenses, personne, malheureusement, ne recherchait l'efficacité. Les dépenses de défense représentaient environ 13% du PIB du pays, de l'Union soviétique.

Je ne me référerai pas à nos statistiques, mais à celles de l'Institut de Stockholm : l'année dernière, nos dépenses de défense s'élevaient à 4 %, et cette année à 6,8 %, ce qui signifie que nous avons progressé de 2,8% [En fait, de 2,8 points de pourcentage — NdT]. En principe, il s'agit d'une augmentation notable, mais elle n'est absolument pas critique. En Union soviétique on dépensait 13%, alors qu'aujourd'hui on dépense 6,8%.

Je dois dire que les dépenses de défense accélèrent l'économie, la rendent plus énergique. Mais il y a bien sûr des limites, nous le comprenons. L'éternelle question consiste à savoir qu'est-ce qui est plus rentable, les canons ou le beurre ? Nous l'avons en vue.

Toutefois, je le répète, notre industrie moderne de la défense a ceci de bon qu'elle ne se contente pas d'influencer indirectement les industries civiles, mais qu'elle utilise également les innovations nécessaires à la défense pour produire des produits civils. Il s'agit là d'un aspect extrêmement important.

Nos dépenses ne sont évidemment pas comparables. Combien sonnt-ils déjà aux États-Unis ? Huit cent...

D. Kisseliov : Presque neuf cent déjà.

V. Poutine : Presque 900 — 860 ou 870 milliards [de dollars]. Ceci est absolument incomparable à nos dépenses à nous.

D. Kisseliov : J'ai l'impression qu'ils sont en train de chaparder là-bas, parce qu'ils n'ont ni d'hypersonique, ni rien [de pareil]... Qu'est-ce que c'est ?

V. Poutine : Laissez-moi vous expliquer de quoi il s'agit. Le fait est qu'ils dépensent énormément d'argent pour l'entretien — et pas seulement pour les salaires, mais aussi pour l'entretien des bases dans le monde entier. Et là, comme dans un trou noir, tout y passe — on ne peut pas le compter. C'est là que l'essentiel de l'argent est chapardé. Bien que dans la production de moyens de destruction et d'armes en général leurs dépenses sont aussi difficiles à estimer.

Si vous calculez ce que leur a coûté, par exemple, le fameux système de défense antimissile et l'un des principaux éléments de franchissement de ce système de notre côté à nous — Avangard, un missile intercontinental, une unité planante à portée intercontinentale — ce sont des valeurs tout simplement incomparables. Et nous avons en fait remis à zéro tout ce qu'ils ont fait, tout ce qu'ils ont investi dans ce système de défense antimissile. C'est ainsi qu'il faut procéder.

Et bien sûr, sans aucun doute, l'économie même de nos forces armées doit répondre aux exigences d'aujourd'hui.

D. Kisseliov : Le mot «équité» est un mot magique pour la langue russe. Vous l'utilisez avec beaucoup de précautions, mais une fois que vous l'avez prononcé dans votre discours, il a fait l'effet d'un coup de tonnerre. Vous avez dit que la répartition de la charge fiscale devrait devenir plus équitable en Russie, et vous avez suggéré que le Gouvernement y réfléchisse. Dans quelle direction devons-nous réfléchir ?

V. Poutine : Vous savez, la répartition de la charge fiscale devrait être équitable dans le sens où les sociétés, les personnes morales et les individus qui gagnent plus, en termes simples, devraient allouer davantage au Trésor public pour la résolution des problèmes nationaux, en premier lieu pour la résolution des problèmes liés à la réduction de la pauvreté.

D. Kisseliov : Un impôt progressif ?

V. Poutine : Oui, en fait, un impôt progressif.

Je ne voudrais pas entrer dans les détails maintenant, nous devons y travailler. Et nous devons construire ce système de manière à ce qu'il ait vraiment un impact important sur la résolution, avant tout, des questions sociales et des tâches auxquelles l'État est confronté dans ce domaine.

Nous prévoyons par exemple de réduire la charge fiscale des familles nombreuses et de prendre un certain nombre d'autres mesures dans ce sens. Il me semble que la société acceptera cela tout à fait normalement. Premièrement.

Deuxièmement. Qu'est-ce que nous demandent les entreprises elles-mêmes ? Elles demandent que nous décidions du système fiscal, mais que nous n'y touchions plus après, qu'il soit stable. C'est la demande et l'exigence la plus importante des entreprises.

Le Gouvernement devrait se pencher sur cette question dans un avenir très proche et soumettre des propositions en collaboration avec les députés de la Douma d'État.

D. Kisseliov : Impôt progressif — nous ne ferons fuir personne ? Autrefois nous avions toujours peur de faire fuir les entrepreneurs par cet impôt progressif.

V. Poutine : Non, je ne pense pas. En principe, nous avons mis ce système en place. Même ceux qui étaient d'ardents défenseurs du barème uniforme, les auteurs du barème uniforme, pensent aujourd'hui que, dans l'ensemble, nous sommes mûrs pour une approche beaucoup plus sélective.

D. Kisseliov : Lors de votre Message vous avez remercié les « collègues du Gouvernement » — c'est ainsi que vous l'avez formulé. Cela signifie-t-il que le Gouvernement de Michoustine — si vous gagnez — restera en place ?

V. Poutine : À vrai dire, nous devrions en parler après le scrutin, après le décompte des voix. Il me semble que c'est tout simplement incorrect aujourd'hui. Mais dans l'ensemble, le Gouvernement travaille — comme nous pouvons le voir, les résultats sont évidents, ce sont des données objectives — il travaille de manière tout à fait satisfaisante.

D. Kisseliov : Vous avez mentionné la réduction de la charge fiscale des familles nombreuses. Les enfants et la situation démographique — ces sujets ont occupé une place importante dans votre Message. En effet, la question est très douloureuse, car la Russie est en train de fondre démographiquement. L'année dernière, le taux de natalité a battu tous les records.

V. Poutine : Je crois que le taux de natalité était de 1,31 ou de 1,39....

D. Kisseliov : 1,39 enfant par femme capable de donner naissance.

V. Poutine : En âge de procréer.

D. Kisseliov : L'idéal serait peut-être de le doubler, c'est-à-dire de le porter à trois. Car c'est littéralement un désastre pour la société.

Vous avez proposé un programme de soutien à la maternité et de stimulation démographique de grande envergure. Peut-on croire que ces mesures permettront d'inverser la trajectoire descendante vers une trajectoire ascendante ?

V. Poutine : D'une manière générale, si nous prenons toutes les mesures destinées à soutenir les familles avec enfants, nous prévoyons de dépenser jusqu'à 14 billions de roubles au cours des six prochaines années, par le biais de différents canaux. C'est une somme énorme.

Il existe de nombreux domaines d'aide aux familles avec enfants : de l'aide sociale générale — construction ou rénovation de jardins d'enfants, construction de nouvelles écoles, réparation d'anciennes écoles, remise à niveau — à l'aide aux femmes, depuis la grossesse à l'âge de son enfant de 18 ans. En effet, près de 400 000 femmes bénéficient aujourd'hui de prestations. Il s'agit pratiquement d'une femme sur trois qui attend un enfant. Et plus de dix millions d'enfants reçoivent des allocations. C'est une chose sérieuse.

Nous avons maintenu le système de capital maternité. Nous avons maintenu les versements — ces décisions sont en train d'être prises — de 450 000 roubles par famille, si un troisième enfant apparaît, pour le remboursement d'un prêt hypothécaire. Nous avons maintenu les avantages liés aux prêts hypothécaires pour les familles avec enfants. D'une manière générale, il existe toute une série de domaines très différents pour soutenir les familles.

Bien sûr — vous l'avez déjà dit — c'est aussi la lutte contre la pauvreté, parce que, bien sûr, c'est beaucoup plus difficile pour les familles avec enfants que pour les familles sans enfants. C'est compréhensible, les dépenses sont plus grandes. Néanmoins, nous avons réussi à faire beaucoup dans ce domaine.

Il y a 20 ans, 29% de la population vivait sous le seuil de pauvreté, soit 42 millions de personnes. Aujourd'hui, ce pourcentage est de 9,3%, selon les dernières données, mais cela représente quand même 13,5 millions de personnes. Bien sûr, c'est beaucoup. Bien sûr, nous devons tout faire pour le réduire à 7% tout au plus. Et pour les familles nombreuses, le chiffre est plus modeste, mais il faut aussi l'améliorer.

Par où commencer quand on parle de problèmes de natalité ? Je l'ai déjà dit à maintes reprises, et les experts en ont parlé, ce sont des choses objectives, à savoir : nous avons connu deux très fortes baisses du taux de natalité. Pendant la Grande Guerre patriotique, en 1943-1944. Il y a eu aussi une baisse comparable immédiatement après l'effondrement de l'Union soviétique. Idem, la même baisse du taux de natalité.

La raison en est claire : le système de soutien social s'est effondré. Aussi faible qu'il ait été en URSS, si nous pouvons en parler, il existait encore, mais après l'effondrement de l'Union soviétique, il a presque complètement disparu et la pauvreté a commencé à être totale. Inutile d'en parler aujourd'hui. Quoi qu'il en soit, l'horizon de planification familiale a reculé pendant ces années, et le taux de natalité a chuté jusqu'aux années de guerre. Ensuite, il y a eu une reprise. Aujourd'hui, nous avons un grand nombre d'enfants, de jeunes gens qui, dans quelques années, entreront dans l'âge adulte et dans l'âge de procréer, et nous supposons que nos taux augmenteront également.

Ce que vous avez dit est une tendance mondiale. Seuls quelques pays aux économies développées affichent une dynamique démographique positive, alors que dans tous les autres pays, tout devient négatif. Il s'agit d'un problème complexe lié à l'économie et aux priorités des femmes dans la vie. Il vaut mieux ne pas s'y attarder maintenant, laissons les démographes s'employer de nous en parler et de nous proposer la solution.

Mais vous savez ce qui nous procure de l'optimisme ? L'état d'esprit de la société. 70 % des hommes et 72 % des femmes souhaitent avoir deux enfants ou plus, et l'État doit les soutenir. C'est tout un ensemble de mesures de soutien que nous prévoyons — elles doivent être mises en œuvre, et nous le ferons.

D. Kisseliov : Mais il n'est toujours pas certain que ces mesures permettront de renverser la situation.

A la fin des années 90 — c'est une histoire bien connue, vous l'avez racontée vous-même — vous avez sauvé vos enfants d'un incendie : vous êtes entré dans une maison en feu, au premier étage. Et seulement après vous vous êtes souvenu qu'il y avait de l'argent ailleurs. L'argent a brûlé dans l'incendie. Cela montre vos priorités : les enfants d'abord, l'argent ensuite.

C'est peut-être la même chose aujourd'hui à l'échelle nationale. Devrions-nous renoncer — non pas à 14 [trillions], mais à tout, et créer un tel programme pour veiller à ce que cette situation soit inversée ?

V. Poutine : Vous savez, il faut regarder le cours des choses, comme on dit. Au début des années 2000 nous avons pris un certain nombre de mesures dans le domaine de la démographie, y compris l'introduction du capital maternité et un certain nombre d'autres mesures qui ont eu un résultat positif évident. Nous pouvons donc atteindre les objectifs dont nous avons besoin.

D. Kisseliov : Il y a donc une telle expérience ?

V. Poutine : Nous avons de l'expérience, bien sûr, nous avons de l'expérience. Et grâce à cette expérience et à d'autres développements modernes, nous devons nous attendre à atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés. Et en fonction des événements, nous ajusterons ces mesures ou ajouterons quelque chose d'autre aux mesures que nous appliquerons.

Par exemple, nous venons de déclarer l'Année de la famille. Nous avons un nouveau projet national appelé «Famille». Il comporte des éléments que nous n'avons jamais utilisés auparavant. Par exemple, 75 milliards de roubles seront alloués aux régions où le taux de natalité est inférieur à la moyenne nationale. Il s'agit principalement des régions centrales de la Russie et du nord-ouest. 75 milliards de roubles, c'est de l'argent décent. Il suffit de le gérer judicieusement.

Il y a aussi une composante «soins aux personnes âgées». Il existe d'autres mesures de soutien. Nous devons augmenter le taux de natalité et l'espérance de vie, afin de stabiliser la population du pays. C'est l'indicateur intégral le plus important de notre succès ou, peut-être, du travail qui nécessite une attention supplémentaire de la part de tous les niveaux administratifs et des autorités.

D. Kisseliov : Oui, mais partout dans le monde, il existe un troisième outil pour résoudre les problèmes démographiques : l'immigration. Quels sont les chiffres dont nous pouvons parler au cours de cette période de six ans et quel serait un travail systémique dans ce domaine ?

V. Poutine : Si nous parlons des travailleurs immigrés, nous n'en avons pas beaucoup par rapport à d'autres pays — ils représentent 3,7% du nombre total de travailleurs. Mais ils sont concentrés dans les régions où la vie économique est la plus active, et là-bas ils sont bien sûr beaucoup plus nombreux. Il s'agit de l'oblast Moscovien, de la ville de de Moscou, de la région du Nord-Ouest et de certaines régions du Nord, où le niveau des salaires est décent. Mais il s'agit sans aucun doute d'une question qui requiert une attention particulière de la part des autorités — locales, régionales et fédérales.

Que voudrais-je dire ici ? C'est une chose très importante. Après tout, lorsqu'on embauche des travailleurs immigrés, on évoque toujours la nécessité de le faire en raison de la pénurie de main-d'œuvre. Nos entrepreneurs doivent comprendre que la situation en termes de disponibilité de la main-d'œuvre ne changera pas pour le mieux dans les années à venir — ils seront confrontés obligatoirement à une pénurie de main-d'œuvre.

Cela signifie que pour résoudre ce problème de manière cardinale — je reviens à ce dont nous avons déjà parlé, — nous devons augmenter la productivité du travail et réduire le nombre de travailleurs dans les domaines où cela est possible, en obtenant des résultats encore plus importants grâce à l'introduction de la technologie moderne. Pour ce faire, nous devons investir dans ce domaine et former le personnel — nous en avons déjà parlé. C'est la chose la plus importante à laquelle nous devons penser.

D'une manière générale, bien sûr, la politique migratoire est un outil important pour l'économie. Ce n'est pas un péché de s'inspirer de l'expérience d'autres pays. Tout d'abord, bien sûr, nous devons parler du rapatriement de nos compatriotes. Ce qu'est le rapatriement et ce que sont les compatriotes — nous disposons déjà d'un cadre normatif qu'il n'est pas nécessaire de répéter ici.

Nous devons parler d'accueillir des personnes qui n'ont peut-être pas l'intention de s'installer dans la Fédération russienne, mais qui, en raison de leurs qualifications et de leurs talents dans divers domaines, peuvent apporter une contribution significative au développement de notre État, de la Russie. Nous serons également heureux d'accueillir telles personnes.

En ce qui concerne les travailleurs migrants traditionnels, nous devons également réfléchir à la manière de les préparer à venir en Russie, y compris avec nos partenaires dans les pays où ils vivent. Cela signifie qu'ils doivent apprendre la langue russe, nos traditions, notre culture, etc. Nous devons prendre soin d'eux ici, les traiter humainement. Pour qu'ils s'intègrent naturellement dans notre société. Tout cela devrait avoir un effet positif correspondant, je l'espère.

Oui, et bien sûr, tout le monde doit respecter nos traditions et les lois de la Fédération russienne. Et bien sûr, le respect des normes sanitaires et autres est très demandé. La sécurité des citoyens de la Fédération russienne doit passer avant tout.

D. Kisseliov : Les Russes sont probablement la nation la plus divisée au monde. Vous avez eu un entretien avec « Les leaders de la Russie » et l'un de vos interlocuteurs a déclaré que dans l'oblast Zaporojien nous avons découvert qu'ils étaient aussi russes que nous. Pour eux, c'était une révélation. En général, c'est vraiment comme ça, et nous sommes en train de développer nos nouvelles régions, et Odessa est une ville russe. Je suppose qu'il y a beaucoup d'espoir dans cette direction également ?

V. Poutine : Bien sûr. La densité de population dans ces régions a toujours été assez élevée et le climat est merveilleux.

Quant au Donbass, c'est une région industriellement développée, même à l'époque de l'Union soviétique. Combien l'Union soviétique a-t-elle investi dans cette région, dans ses mines de charbon, dans son industrie métallurgique ! Oui, bien sûr, des investissements sont nécessaires pour que toute la production soit à jour, pour que les conditions de vie et de travail de la population soient construites d'une manière complètement différente — pas comme elles l'étaient il y a quelques décennies.

Quant à la Novorussie, c'est une région où l'agriculture développée est bien accusée. Ici, nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour soutenir à la fois les domaines d'activité traditionnels et les nouveaux domaines qui s'intègrent organiquement dans ces régions et dans le désir des gens de les développer. Et, vous le savez, les gens y sont très talentueux.

De plus, comme je l'ai déjà mentionné, les impôts prélevés dans ces régions sont déjà versés au budget fédéral. Oui, à ce stade, elles ont besoin d'être aidées, soutenues et tirées vers le niveau russien républicain, fédéral. Elles fonctionneront, ces régions, et très rapidement.

D. Kisseliov : Historiquement, il est évident que les régimes nazis ne se dissolvent pas d'eux-mêmes, mais disparaissent à la suite d'une défaite militaire. Ce fut le cas en Allemagne, en Italie, au Japon. Il en sera de même pour le régime nazi banderiste. Nous avançons maintenant sur toute la ligne de front, à en juger par les rapports du ministère de la défense et de nos correspondants de guerre.

Mais a-t-on réussi à trouver une façon de combattre qui permette de réduire les pertes à l'offensive par rapport à la défense ? C'est une tâche peu triviale pour l'art de la guerre, mais qui freine toujours l'offensive. C'est une économie qui se justifie parfaitement par rapport à nos guerriers héroïques. Mais une question se pose : comment avancer avec un minimum de pertes ?

V. Poutine : La question est compréhensible et juste. Mais la réponse est également simple : nous devons augmenter les moyens de destruction — le nombre et la puissance des moyens de destruction, augmenter l'efficacité des forces et des moyens utilisés. L'aviation — à la fois l'aviation tactique et l'aviation d'armée, ainsi que l'aviation stratégique. Je parle bien sûr des composantes acceptables pour les conflits armés de ce type. Il s'agit des moyens terrestres de destruction, y compris les armes de haute précision. Il s'agit de l'artillerie, des véhicules blindés. Nous développons cette technologie, sans exagération, à pas de géant.

D. Kisseliov : Dans cette direction ?

V. Poutine : Oui, c'est ce qui se passe. C'est la réponse à votre question : plus il y a de puissance et de moyens de destruction, moins il y a de victimes.

D. Kisseliov : Mais la question reste posée : quel prix sommes-nous prêts à payer — le mot « projet » n'est peut-être pas approprié ici — pour tout ce défi auquel nous avons été contraints de faire face au cours de l'Histoire ?

V. Poutine : Ecoutez, chaque vie humaine n'a pas de prix, chaque vie. Et la perte d'un être cher est un immense chagrin pour une famille, pour n'importe quelle famille.

Mais en quoi consiste la question ? La question est de définir le fait même de ce que nous faisons. Que faisons-nous ? Aujourd'hui, lors d'une rencontre, vous venez de le remarquer, l'un des participants à la conversation a dit : nous avons été surpris de constater qu'il y avait des Russes tout à fait comme nous là-bas. Nous sommes venus pour aider ces gens. Voilà, en principe, la réponse à votre question.

Si nous abandonnons ces gens aujourd'hui, demain nos pertes pourraient être multipliées, et nos enfants n'auront pas d'avenir, car nous ne nous sentirons pas en sécurité, nous serons un pays de troisième ou quatrième classe, personne ne nous prendra en considération si nous ne pouvons pas nous défendre. Les conséquences pourraient être catastrophiques pour l'État russien. Telle est la réponse.

D. Kisseliov : Les Américains semblent parler de négociations, de stabilité stratégique, mais en même temps, ils déclarent qu'il faut infliger une défaite stratégique à la Russie. Notre position est la suivante : «Nous sommes ouverts aux négociations, mais le temps des gestes aimables est passé, il est révolu». Il n'y aura donc pas de négociations ?

V. Poutine : Nous n'avons jamais refusé de négocier.

D. Kisseliov : Mais comment est-ce possible sans gestes aimables, donc sans compromis ? Comment ?

V. Poutine : Je vais essayer de l'expliquer. Lorsque nous avons négocié en Turquie, à Istanbul (je l'ai déjà dit à maintes reprises, mais il faut le répéter, je vais le faire) avec les négociateurs de la partie opposée, nous sommes aboutis à un épais folio, un document, en fait un traité, un projet de traité. Un extrait de ce traité a été paraphé par le chef du groupe de négociation de la partie ukrainienne, M. Arakhamiya. Il l'a fait, il y a sa signature (nous l'avons dans l'Administration). Mais ensuite, comme vous le savez, M. Arakhamiya lui-même l'a dit publiquement au monde entier, également lors d'un entretien, je pense, avec des journalistes, avec des journalistes étrangers même : l'ancien premier ministre britannique, M. Johnson, est venu et les a dissuadés de finalement signer et, par conséquent, d'exécuter cet accord. Et le sujet que vous venez de mentionner a été abordé : nous devons vaincre la Russie sur le champ de bataille.

Sommes-nous prêts à négocier ? Oui, nous le sommes. Mais seulement voilà : nous sommes prêts à négocier non pas sur la base de « souhaits » quelconques après la consommation de psychotropes, mais sur la base des réalités qui ont pris une telle tournure, comme on dit dans ces cas-là, sur le terrain. C'est premièrement.

Deuxièmement. On nous a déjà fait de nombreuses promesses. Ils ont promis de ne pas étendre l'OTAN à l'Est, et nous les voyons à nos frontières. Ils ont promis, sans entrer dans l'Histoire, que le conflit interne en Ukraine serait résolu pacifiquement, politiquement. Si nous nous souvenons bien, trois ministres des affaires étrangères sont venus à Kiev, la Pologne, l'Allemagne et la France, et ont promis qu'ils seraient les garants de ces accords — et le lendemain il y a eu un coup d'État. Ils ont promis de respecter les accords de Minsk, puis ont annoncé publiquement qu'ils n'étaient guère disposés à tenir ces promesses, mais ont seulement obtenu une pause pour armer le régime banderiste en Ukraine. On nous a promis beaucoup de choses, de sorte que les promesses seules ne suffisent plus.

Négocier maintenant, uniquement parce qu'ils sont à court de munitions, serait quelque peu absurde de notre part. Néanmoins, nous sommes prêts pour une conversation sérieuse et nous voulons résoudre tous les conflits, et celui-ci en premier lieu, par des moyens pacifiques. Mais nous devons comprendre clairement et distinctement qu'il ne s'agit pas d'une pause que l'ennemi veut prendre pour se réarmer, mais d'une conversation sérieuse avec des garanties pour la sécurité de la Fédération russienne.

Nous connaissons les différentes options qui sont discutées, nous connaissons les « carottes » qui vont nous être montrées pour nous convaincre que le moment est venu. Nous voulons, je le répète encore une fois, résoudre tous les différends et ce différend-ci, ce conflit-ci par des moyens pacifiques. Nous sommes prêts à le faire, nous le voulons. Mais il doit s'agir d'une conversation sérieuse avec la sécurité de la partie adverse, c'est-à-dire que dans ce cas, nous sommes principalement intéressés par la sécurité de la Fédération russienne. C'est sur cette base que nous procéderons.

D. Kisseliov : Vladimir Vladimirovitch, il me semble que nous avons l'air un peu trop noble. N'arrivera-t-il pas que nous concluions quelque chose avec eux, qu'ils nous trompent à nouveau et que nous nous consolions en nous disant que nous avons été honnêtes, mais qu'ils nous ont trompés ? Notre destin est-il, après tout, d'être toujours le dindon de la farce ?

Les Américains ont frappé à eux-mêmes des médailles dans les années 1990 pour avoir gagné la guerre froide, et toutes les décennies qui ont suivi ont été des décennies de gros mensonges. Comment pouvons-nous espérer qu'ils concluront enfin un traité honnête avec nous, qu'ils respecteront et qui comportera des garanties pour nous ? Je ne sais pas du tout comment traiter avec eux ? Croyez-vous vraiment que cela soit possible ?

V. Poutine : Navré de dire cela, mais je ne crois personne.

D. Kisseliov : Ah bon.

V. Poutine : Mais nous avons besoin de garanties. Les garanties doivent être explicitées, elles doivent être celles qui nous conviennent et auxquelles nous pourrons croire. C'est de cela que nous parlons.

Il est sans doute prématuré de parler publiquement de ce qu'elles pourraient être. Mais nous n'accepterons certainement pas des promesses creuses.

D. Kisseliov : Je crains que l'on ne vous cite de manière extensive. Ne faites-vous confiance à personne du tout, ou faites-vous référence aux partenaires occidentaux dans ce cas lorsque vous dites que vous ne faites confiance à personne ?

V. Poutine : Je préfère être guidé par les faits plutôt que par les bons vœux et par des appels de faire confiance à tout le monde. Voyez-vous, lorsque des décisions sont prises à ce niveau, le degré de responsabilité pour les conséquences de ces décisions est très élevé. C'est pourquoi nous ne ferons rien qui ne soit dans l'intérêt de notre pays.

D. Kisseliov : Vladimir Vladimirovitch, qu'est-il arrivé à Macron ? A-t-il perdu la tête ? Il va envoyer des troupes françaises combattre notre armée, il ressemble à un coq guerrier gaulois, et il a effrayé tous les Européens. Comment devons-nous réagir à cela ?

V. Poutine : Le fait est que les forces militaires occidentales sont présentes en Ukraine depuis longtemps, même avant le coup d'État, et qu'après le coup d'État leur nombre s'est multiplié. Aujourd'hui, elles sont présentes directement sous la forme de conseillers, elles sont présentes sous la forme de mercenaires étrangers et elles subissent des pertes. Mais s'il s'agit de contingents militaires officiels de pays étrangers, je suis sûr que cela ne changera pas la situation sur le champ de bataille – c'est le plus important, tout comme la livraison d'armes ne change rien.

Deuxièmement, cela peut avoir de graves conséquences géopolitiques. Car si, par exemple, des troupes polonaises pénètrent sur le territoire de l'Ukraine, comme cela semble être le cas, pour couvrir la frontière, disons, ukraino-biélorussie ou dans d'autres endroits pour libérer les contingents militaires ukrainiens afin qu'ils participent aux opérations de combat sur la ligne de contact, je pense que les troupes polonaises ne quitteront plus jamais ce territoire. C'est ma conviction. Ils ne rêvent que ravoir ces terres, qu'ils considèrent comme historiquement les leurs et qui leur ont été enlevées par le « père des nations » Joseph Staline et données à l'Ukraine. Ils veulent les récupérer, bien sûr. Et si des unités polonaises officielles y pénètrent, il est peu probable qu'elles s'en retirent.

Mais d'autres pays qui ont perdu une partie de leur territoire à la suite de la Seconde Guerre mondiale pourraient suivre cet exemple. Je pense que les conséquences géopolitiques pour l'Ukraine, même du point de vue de la préservation de son statut d'État dans sa forme actuelle, vont bien sûr se manifester dans toute leur splendeur.

D. Kisseliov : Si on revient à Macron, peut-être a-t-il décidé de se venger de la Russie pour le fait que nous lui avons «marché sur les pieds» en Afrique, et que nous avons dû «rester là et avoir peur» ? Il ne s'attendait probablement pas à ce que nous soyons aussi actifs là-bas.

V. Poutine : Oui, je pense qu'il y a un certain ressentiment, mais lorsque nous étions en contact direct avec lui, nous avons parlé assez franchement de ce sujet.

Nous ne nous sommes pas fourrés en Afrique, nous n'en évincions pas la France. Le problème est ailleurs. Le célèbre groupe Wagner a d'abord réalisé un certain nombre de projets économiques en Syrie, puis s'est rendu dans d'autres pays d'Afrique. Le ministère de la défense apporte son soutien, mais uniquement parce qu'il s'agit d'un groupe russien, rien de plus. Nous n'avons évincé personne. Tout simplement les dirigeants africains de certains pays se sont mis d'accord avec les opérateurs économiques russiens, ils voulaient travailler avec eux, ils ne voulaient pas travailler avec les Français à certains égards. Ce n'était même pas notre initiative, mais celle de nos amis africains.

On ne voit pas pourquoi nous en vouloir à cet égard, si un État indépendant veut développer des relations avec ses partenaires d'autres pays, y compris la Russie, il veut développer des relations avec la Russie. Nous ne les avons pas touchés, les anciens colonisateurs français, dans ces pays. Je le dis même sans ironie, parce que dans beaucoup de pays où la France a été historiquement une métropole, on n'a pas trop d'envie de traiter avec eux. Cela n'a rien à voir avec nous. Peut-être est-il plus commode d'en vouloir à quelqu'un que de voir ses propres problèmes. Peut-être qu'une réaction aussi aiguë et plutôt émotionnelle de la part du président français est liée, entre autres, à ce qui se passe dans certains États africains.

Bien que je connaisse d'autres pays d'Afrique qui ne voient pas d'inconvénient à ce que les Français restent et qui disent «oui, cela nous convient, nous sommes prêts à travailler avec eux», il n'en reste pas moins que dans certains pays ils ne veulent pas le faire. Cela n'a rien à voir avec nous. Nous n'incitons personne là-bas, nous ne montons personne contre la France.

Nous ne nous fixons pas de telles tâches. Pour être honnête, nous n'avons pas là-bas de tâches nationales au niveau de l'État russien. Nous sommes simplement amis avec eux, c'est tout. Ils veulent développer des relations avec nous — de grâce, nous allons à leur encontre. Il n'y a pas lieu de nous en vouloir.

D. Kisseliov : Mais maintenant, ils disent en France qu'il n'y a plus de «lignes rouges» par rapport à la Russie, que rien n'est impossible et que tout est possible. En général, ils veulent d'une certaine manière nous parler sur la base d'un équilibre des forces. Ce qu'il arrive entendre depuis la France, l'Ouest, la Lituanie... En général, il s'agit d'un chœur dissonant, mais hostile.

Peut-être devrions-nous, nous aussi, opter pour des solutions non conventionnelles et, à un moment donné, demander l'aide de l'armée nord-coréenne, forte de deux millions d'hommes ? Par exemple, en échange de notre «parapluie nucléaire» sur la moitié de la péninsule coréenne ? Pourquoi pas ?

V. Poutine : Tout d'abord, la République populaire démocratique de Corée dispose de son propre parapluie nucléaire. Elle ne nous a rien demandé. C'est premièrement.

Deuxièmement. En principe, comme nous pouvons le constater aujourd'hui au vu des résultats obtenus sur le champ de bataille, nous nous acquittons des tâches que nous nous sommes fixées.

Quant aux États qui disent ne pas avoir de «lignes rouges» à l'égard de la Russie, ils devraient comprendre que la Russie n'aura pas non plus de «lignes rouges» à l'égard de ces États.

Quant aux petits États européens, premièrement, nous les traitons tous avec respect, quoi qu'il arrive. Deuxièmement, lorsque ces petits États appellent à une politique plus dure à l'égard de la Russie et à certaines mesures extrêmes, y compris, par exemple, l'introduction de troupes, etc., ils restent des États, et ils le comprennent, qui ne ressentiront pas les conséquences de leurs déclarations provocatrices. Et ceux qui peuvent en ressentir les conséquences se comportent avec beaucoup plus de retenue. Et ce, à juste titre.

D. Kisseliov : Et toutes ces danses allemandes avec les missiles Taurus ? Scholz dit «nous ne fournissons pas», mais il y a des forces qui insistent pour fournir des Taurus à l'Ukraine, et les Britanniques ont pris leur propre initiative : laissez-nous transiter par l'Angleterre, nous sommes prêts à les envoyer. La cible est le pont de Crimée, les généraux allemands planifient déjà des opérations, comme nous l'avons entendu, non seulement sur le pont de Crimée, mais aussi sur des bases militaires, comme ils le disent, au plus profond du territoire russien. Certains affirment déjà que ces missiles pourraient atteindre le Kremlin. D'une manière générale, n'ont-ils pas dépassé les bornes dans leurs rêves ?

V. Poutine : Ils fantasment, ils s'encouragent eux-mêmes, premièrement. Deuxièmement, ils essaient de nous intimider.

En ce qui concerne la République fédérale d'Allemagne, des problèmes de nature constitutionnelle se posent également. Ils disent eux-mêmes à juste titre que si le Taurus atteint la partie du pont de Crimée qui est certainement, même selon leurs concepts, un territoire russien, il s'agira d'une violation de la Constitution de la République fédérale d'Allemagne.

Le fait est que l'opposition en RFA se comporte de manière encore plus agressive. Nous verrons bien sur quoi ils se mettent d'accord. Nous suivons cela de près. On utilise des missiles britanniques et américains. Cela ne change rien à la situation sur le champ de bataille. Oui, ils nous causent des dommages, c'est évident. Mais, en fait, cela ne change pas le cours des hostilités et les conséquences qui s'ensuivent inévitablement pour la partie adverse.

C'est ce que nous entendons aujourd'hui dans cette même RFA, vos chaînes et les chaînes étrangères, les chaînes allemandes, montrent combien ils en ont, combien sont dans un état défectueux, combien ont besoin d'être améliorés, modernisés, etc. Laissez-les travailler. Comme vous l'avez dit à juste titre, il y a certaines choses auxquelles ils devraient réfléchir. Ceux qui sont plus intelligents y réfléchissent.

D. Kisseliov : Et les nouveaux membres de l'OTAN, la Finlande et la Suède, en général, qu'ont-ils échangé contre quoi ? Le ministre suédois des affaires étrangères, Tobias Billström, a soudainement déclaré aux Turcs que la Suède était opposée à l'installation de bases de l'OTAN sur son territoire. Quoi, ils n'ont pas du tout réalisé où ils avaient adhéré ? Que leur est-il arrivé ?

V. Poutine : Vous devriez leur demander ceci à eux, moi je n'en sais rien. Nous avions d'assez bonnes relations, des relations stables avec ces pays, et je pense qu'ils ont davantage profité du fait qu'ils adhèraient à la neutralité, parce que cela leur donnait certains avantages, au moins en tant que plateforme de négociation pour réduire les tensions en Europe.

Nos relations avec la Finlande étaient parfaites, tout simplement parfaites. Nous n'avions pas la moindre revendication l'un envers l'autre, notamment territoriale, sans parler d'autres domaines. Nous n'avions même pas de troupes, nous avons retiré toutes les troupes de la frontière russo-finlandaise. Pourquoi ont-ils fait cela ? À mon avis, pour des raisons purement politiques. Ils voulaient probablement être membres du club occidental, sous une sorte de parapluie. Je ne comprends franchement pas pourquoi ils ont eu besoin de faire cela. C'est une démarche absolument insensée du point de vue de la préservation de leurs propres intérêts nationaux. Néanmoins, c'est à eux de décider, ils l'ont fait.

Nous n'avions pas de troupes là-bas, maintenant nous les y aurons. Il n'y avait pas de systèmes de destruction là-bas, maintenant ils y apparaîtront. À quoi bon ? Nos relations économiques étaient très bonnes. Ils utilisaient notre marché, nous leur achetions beaucoup de choses. Qu'y a-t-il de mal à cela ? Mais la situation va changer. Avec plusieurs de leurs marchandises ils ne sont pas bienvenus sur d'autres marchés, et ils n'ont plus accès aux nôtres. Je ne comprends pas.

D. Kiselev : Sur ces entrefaites, aux États-Unis, il y a un...

V. Poutine : Vous savez, c'est une chose banale, mais quand même. Ces dernières années, les roubles russes ont été acceptés à Helsinki, et plus encore dans les zones frontalières de la Finlande. Y compris à Helsinki, dans les grands supermarchés, vous pouviez acheter tous les produits que vous vouliez pour des roubles. Toutes les publicités étaient en russe.

D. Kisseliov : Aujourd'hui, la région frontalière est tout simplement en train de faire faillite.

V. Poutine : Oui, que dis-je ? D'un autre côté, d'un point de vue économique, c'était très bien — les prix de l'immobilier ont été maintenus à un niveau assez bon. Du point de vue de l'économie, c'était bien, mais il y avait apparemment des forces, plutôt conservatrices de droite, nationalistes, qui n'aimaient pas beaucoup ce rapprochement avec la Russie. Certains pensaient même que c'était excessif : pourquoi les Russes achètent-ils des maisons et des appartements ? Tout ici est en russe...

Je ne pense même pas, je sais que cette russophobie a commencé à se développer au niveau national. Peut-être que certaines forces politiques à l'intérieur du pays ont décidé de tirer parti de ce préjugé national, peut-être. L'ensemble de ces facteurs a conduit à cette décision. Il me semble que c'est le cas, mais je ne peux pas en être sûr à 100%. Quoi qu'il en soit, cela n'améliore certainement pas la situation en matière de sécurité dans les relations bilatérales et dans l'ensemble de l'Europe.

D. Kisseliov : Mais entre-temps, il y a une course active aux élections présidentielles aux États-Unis. Elle ne peut se passer de vous. Vous y êtes invisiblement impliqué, puisque vous êtes mentionné par chacun des candidats des partis républicain et démocrate dans leurs discours et leurs arguments. D'une manière générale, il semble que vous ne quittiez pas les pages des journaux et les titres des journaux télévisés et que vous soyez un argument dans la campagne électorale de chacun. Vous ne faites que jeter de l'huile sur le feu.

V. Poutine : Comment ça ?

D. Kisseliov : En disant que l'un des candidats est préférable pour nous. Mais si un président étranger dit que l'un des candidats d'un autre pays est préférable, il s'agit d'une ingérence classique dans les élections. D'une manière générale, dans quelle mesure interférez-vous de cette manière dans les élections américaines en disant que Biden est préférable pour nous ? Et dans quelle mesure est-ce même vrai ? S'agit-il d'un trolling ou de quoi s'agit-il en général ?

V. Poutine : Non, vous savez, je vais vous dire une chose qui vous montrera que rien ne change dans mes préférences ici. C'est premièrement.

Deuxièmement. Nous n'interférons en aucune manière dans les élections et, comme je l'ai dit à maintes reprises, nous travaillerons avec n'importe quel dirigeant en qui le peuple américain, l'électeur américain, a confiance.

Mais voici ce qui est curieux. Au cours de sa dernière année de présidence, M. Trump, le candidat à la présidence d'aujourd'hui, m'a reproché d'être un sympathisant de Biden. C'était il y a plus de quatre ans. C'est ce qu'il m'a dit dans l'une de ses conversations. Désolé, je vais le dire comme il l'a fait, c'est son discours direct : «Vous voulez que Joe le Dormeur gagne».

C'est ce qu'il m'a dit quand il était encore Président. Et puis, à ma grande surprise, on a commencé à le harceler pour notre présumé soutien de M. Trump en tant que candidat. Une divagation complète.

Quant à la situation électorale d'aujourd'hui, elle devient de moins en moins civilisée. Je ne voudrais pas faire de commentaires à ce sujet.

Mais je pense qu'il est évident pour tout le monde que le système politique américain ne peut pas prétendre à être démocratique dans tous les sens du terme.

D. Kisseliov : Pour être honnête, votre préférence pour Biden me semble plutôt étrange. Après tout, en 2011, Biden est venu à Moscou et vous a persuadé de ne pas vous présenter à l'élection présidentielle.

Vous souvenez-vous de cette histoire ? Il l'a racontée à l'époque, lors d'une rencontre avec l'opposition russienne à la Spaso House. Garry Kasparov a écrit à ce sujet que Biden avait raconté qu'il était venu à la Maison Blanche russienne pour voir le Premier ministre Poutine et l'avait dissuadé par tous les moyens possibles de se présenter à la présidence, ensuite il avait commencé à mettre en place un printemps arabe dans notre pays. Biden ne vous aimait donc pas beaucoup à l'époque. Vous avez eu un duel historique avec lui. Ou est-ce que cela a passé chez vous ?

V. Poutine : Pour être honnête, je n'y ai pas vraiment prêté attention.

D. Kisseliov : C'est passé, n'est-ce pas ? Vous n'y avez même pas prêté attention.

V. Poutine : Une sorte de duel...

D. Kisseliov : C'était donc grave pour lui, mais pas pour vous.

V. Poutine : C'est un signe d'ingérence...

D. Kisseliov : Oui, il s'agit d'une ingérence flagrante à 100%.

VLADIMIR Poutine : ...dans nos processus politiques internes. Nous avons déjà dit à maintes reprises, et j'ai dit à maintes reprises : «Nous ne permettrons à personne de faire cela».

D. Kisseliov : Bien.

Si l'on s'éloigne de l'ingérence, des batailles préélectorales, en fait, l'escalade se poursuit. On a l'impression que les deux superpuissances — la Russie et les États-Unis — jouent à ce qu'on appelle en Amérique le « jeu de la peau de poulet » : c'est quand les poulets se jettent l'un sur l'autre, et là-bas, c'est un jeu où des types en voiture se foncent dans le front l'un de l'autre, pour savoir qui fera l'écart le premier. Il semble que personne ne va s'écarter le premier. La collision est-elle imminente ?

V. Poutine : Pourquoi ? Aux États-Unis, ils ont annoncé qu'ils n'allaient pas introduire des troupes. Nous savons ce que sont les troupes américaines sur le territoire russien. Ce sont des interventionnistes. C'est ainsi que nous les traiterons, même si elles apparaissent sur le territoire ukrainien, ils le comprennent. Je vous ai dit que M. Biden était un représentant de l'école politique traditionnelle, cela se confirme. Mais outre M. Biden, il y a suffisamment d'autres spécialistes dans le domaine des relations russo-américaines et de la dissuasion stratégique.

Je ne pense donc pas que tout va se jouer ici de manière frontale. Mais nous y sommes prêts. Je l'ai dit à maintes reprises, il s'agit pour nous d'une question de vie ou de mort, et pour eux, il s'agit d'améliorer leur position tactique dans le monde en général, mais aussi en Europe en particulier, et de préserver leur statut parmi leurs alliés. C'est également important, mais pas autant que pour nous.

D. Kisseliov : Il est intéressant de noter que vous avez dit que nous sommes prêts pour cela. Le philosophe Alexandre Douguine, expert en géopolitique, appelle à une préparation directe et pratique à la guerre nucléaire. «Mieux nous y serons préparés, moins une telle guerre sera probable», déclare Alexandre Douguine. Comment pouvons-nous nous y préparer ? Sommes-nous vraiment prêts pour une guerre nucléaire ?

V. Poutine : D'un point de vue militaro-technique, nous sommes bien sûr prêts. Nous les [les troupes] maintenons en permanence en état de préparation au combat. C'est premièrement.

Deuxièmement. C'est aussi une chose universellement reconnue : notre triade nucléaire est plus moderne que toute autre triade, et seuls nous et les Américains possédons une telle triade.

Nous sommes beaucoup plus avancés dans ce domaine. L'ensemble de la composante nucléaire est plus moderne. Dans l'ensemble, nous sommes à peu près à égalité en termes de porte-avions et de charges, mais les nôtres sont plus modernes.

Tout le monde le sait, tous les experts le savent. Mais cela ne veut pas dire que nous devons nous mesurer au nombre de porteurs et d'ogives, mais nous devons le savoir. Et ceux qui doivent savoir, je le répète, les experts, les spécialistes et les militaires, le savent très bien.

Ils se donnent à présent pour mission d'accroître cette modernité et cette nouveauté, et ils ont des projets en ce sens. Nous sommes également au courant. Ils développent tous leurs composants, et nous aussi. Mais cela ne signifie pas, à mon avis, qu'ils sont prêts à déclencher cette guerre nucléaire demain. S'ils le veulent, que pouvons-nous faire ? Nous sommes prêts.

D. Kisseliov : Peut-être pourrions-nous procéder à des essais nucléaires à un moment donné pour être plus convaincants. Après tout, nous n'avons aucune restriction internationale à ce sujet.

V. Poutine : Il existe un traité interdisant de tels essais, mais les États-Unis ne l'ont malheureusement pas ratifié. Par conséquent, afin de maintenir la parité, nous avons retiré notre ratification. Comme le traité n'a pas été ratifié par les États-Unis, il n'est pas entré définitivement en vigueur parce qu'il n'a pas reçu le nombre requis de ratifications, mais nous adhérons néanmoins à ces accords.

Nous savons que les États-Unis envisagent de tels tests. Car, comme le pensent certains experts, lorsque de nouvelles ogives apparaissent, il ne suffit pas de les tester sur un ordinateur, il faut aussi les tester en nature. De telles idées circulent dans certains cercles aux États-Unis, elles ont lieu, nous les connaissons.

Et nous nous y intéressons également. S'ils effectuent de tels tests, je ne l'exclus pas, pas nécessairement que nous en ayons besoin ou non, nous devons encore y réfléchir, mais il est possible que nous fassions de même.

D. Kisseliov : Mais sommes-nous techniquement prêts pour cela ?

V. Poutine : Oui, nous sommes toujours prêts. Je tiens à préciser qu'il ne s'agit pas d'armes ordinaires, mais d'un type, d'une branche des forces armées qui est en permanence prête au combat.

D. Kisseliov : Vladimir Vladimirovitch, pendant les moments difficiles, je ne sais pas, l'année dernière au front en relation avec Kharkov ou Kherson, avez-vous pensé aux armes nucléaires tactiques ?

V. Poutine : Mais à quoi bon ? C'est à la suggestion du commandement du groupement de l'époque que nous avons décidé de retirer les troupes de Kherson. Mais cela ne signifiait guère que notre front s'effondrait là-bas. Rien de tel ne s'est produit. Nous l'avons fait pour ne pas subir de pertes inutiles au sein du personnel. C'est tout. C'était le motif principal, car dans les conditions des opérations de combat, lorsqu'il était impossible de ravitailler complètement le groupement situé sur la rive droite, nous aurions simplement subi des pertes inutiles de personnel. C'est pourquoi il a été décidé de se relocaliser sur la rive gauche.

La justesse de ce choix a été confirmée par ce que le commandement ukrainien a tenté de faire sur certaines parties de la rive gauche, dans ce village de Krynki déjà fameux : ils y ont simplement jeté leur peuple comme dans un hachoir à viande, et c'est tout. Ces derniers temps, ils y courent pieds nus, au sens littéral du terme. Ils ont essayé d'y jeter des munitions à l'aide de vedettes rapides et de drones. Qu'est-ce que c'est que ça ? Un pur et simple massacre, un envoi à l'abattoir.

J'ai demandé un jour au Chef de l'état-major général, il n'y a rien de secret là-dedans, je lui ai dit : «Écoutez, qu'en pensez-vous qui prenne de telles décisions de l'autre côté ? Celui qui prend la décision se rend-il compte qu'il envoie des gens à une mort certaine ?» Il me répond : «Oui.» J'ai dit : «Celui qui prend la décision, pourquoi le fait-ils ? Ça n'a pas de sens.» — «Ça n'a pas de sens d'un point de vue militaire.» J'ai dit : «Et de quel point de vue ?» — «Je ne sais pas, dit-il, probablement les hauts responsables politiques, sur la base de considérations politiques, croient qu'ils ont une chance de percer notre défense, une chance d'obtenir de l'argent supplémentaire, se référant au fait qu'ils ont une tête de pont sur la rive gauche, une chance de présenter magnifiquement leur position lors de réunions internationales. La commande passée, tous les patrons inférieurs l'exécutent».

D'ailleurs, les prisonniers qui ont été capturés là-bas et qui se sont rendus disnt qu'ils ne savaient même pas dans quelle situation ils s'engageaient. On peut supposer qu'aux nouvelles unités envoyées là-bas on dit disent : «Il y a une défense stable là-bas, allez-y, continuez, aidez-les». Tandis qu'ils n'ont même pas pu atteindre la rive gauche.

D. Kisseliov : Une tragédie.

V. Poutine : Une tragédie naturelle. D'un point de vue humain, absolument.

Alors pourquoi avons-nous besoin d'utiliser des moyens de destruction massive ? Cela n'a jamais été nécessaire.

D. Kisseliov : Cette idée ne vous est donc pas venue à l'esprit ?

V. Poutine : Non. Pourquoi ? Les armes existent pour pouvoir les utiliser. Nous avons nos propres principes, que disent-ils ? Que nous sommes prêts à utiliser des armes, y compris toutes les armes, y compris celles que vous avez mentionnées, s'il s'agit de l'existence de l'État russien, d'une atteinte à notre souveraineté et à notre indépendance. Tout est expliqué dans notre stratégie. Nous ne l'avons pas modifiée.

D. Kisseliov : Vladimir Vladimirovitch, lorsque le président sortant Eltsine vous a proposé de vous présenter à l'élection présidentielle, votre première réaction a été de dire : «Je ne suis pas prêt».

V. Poutine : Exactement, c'est un discours direct.

D. Kisseliov : Depuis, bien sûr, vous avez beaucoup évolué. Si vous deviez vous écrire un télégramme à vous-même à cette époque, quel texte aurait-il contenu ?

V. Poutine : Vous voyez, c'est comme «Un Yankee auprès de la cour du roi Arthur» ou quelque chose comme ça. Il est impossible de répondre à cette question, parce qu'elle a été posée à l'époque, dans le contexte historique et économique dans lequel se trouvait le pays, dans cette situation politique interne en termes de sécurité intérieure. Et tout cela m'a conduit à la réponse que j'ai donnée : «Je ne suis pas prêt pour cela». Non pas parce que j'avais peur de quelque chose, mais parce que l'ampleur des tâches était énorme et que le nombre de problèmes augmentait chaque jour comme une boule de neige. Je l'ai donc dit sincèrement, non pas parce que, je le répète, j'avais peur de quelque chose, mais parce que je pensais que je n'étais pas prêt à résoudre tous ces problèmes, à Dieu ne plaise, j'aurais fait quelque chose de pire. C'est de cela qu'il s'agissait. J'ai donc dit tout à fait sincèrement et, si je devais y revenir, je répéterais la même chose.

D. Kisseliov : Et qu'est-ce qui a été décisif ? Vous y êtes allé après tout.

V. Poutine : Probablement mes conversations avec Boris Nikolaïevitch.

Le plus important, c'est qu'il m'a finalement dit : «D'accord, très bien, je comprends, nous y reviendrons». Et nous y sommes revenus plusieurs fois.

À la fin, il m'a dit que j'avais de l'expérience, que je savais ce que je faisais, ce que je proposais, et il m'a dit d'autres choses. C'est probablement gênant de faire mon propre éloge, mais il a dit des mots si positifs. Plus tard, il l'a confirmé à nouveau, d'une manière très positive, je n'en parlerai pas maintenant.

Et quand le travail a commencé, c'était complètement différent. Vous savez, quand vous travaillez, vous pensez : vous avez besoin de ceci, de cela, de cela tout de suite, de cela maintenant, de cela demain — et ainsi de suite. Lorsque vous vous engagez dans le travail, c'est une toute autre histoire.

D. Kisseliov : Il n'y a plus de temps pour avoir peur.

V. Poutine : Ce n'est pas une question de peur, c'est une question de compréhension et de capacité à résoudre ces problèmes. Vous vous souvenez de ce qu'a été l'an 1999 dans l'économie, la sécurité, la finance, dans tout.

D. Kisseliov : Vous m'avez dit un jour que la préparation de l'entrée à l'université de Leningrad avait été un tournant pour vous. C'était une situation où vous deviez vous lancer à corps perdu, en réalisant : soit je le fais maintenant et je me débrouille, et alors je mettrai en œuvre les plans que je veux (et vous alliez déjà travailler au KGB à l'époque), soit je perds, et alors tout est différent et il n'y a pas de chance. La Russie se trouve-t-elle aujourd'hui dans une situation telle qu'il est nécessaire de jouer le tout pour le tout ?

V. Poutine : Tout d'abord, je n'étais pas dans une telle position à l'époque. Oui, je voulais travailler dans le service de sécurité de l'État.

D. Kisseliov : C'était l'aveu, c'était un tel tournant, ce sentiment, n'est-ce pas ? C'est ça ou ça ?

V. Poutine : Pas exactement. Je me suis simplement présenté à la réception et j'ai dit : «J'aimerais travailler. De quoi avez-vous besoin pour cela ?»

L'alternative était simple, on m'a dit : il faut soit faire des études supérieures, et de préférence un diplôme de droit, soit servir dans l'armée, soit avoir au moins trois ans d'expérience professionnelle, mais c'est mieux de servir dans l'armée. Si je n'avais pas été admis à l'université, je serais allé servir dans l'armée.

Certes, le chemin vers l'objectif que je m'étais fixé était peut-être plus long, mais il était quand même là. Il y a toujours une alternative.

D. Kisseliov : Mais vous l'avez fait avec tension.

V. Poutine : Oui, bien sûr, parce que j'ai étudié dans une école à dominante chimique et mathématique, alors qu'ici je devais passer des cours de sciences humaines. J'ai dû quitter l'une pour étudier l'autre.

Oui, bien sûr, il y avait des tensions. J'ai dû apprendre une langue étrangère par moi-même, l'allemand en l'occurrence, j'ai dû étudier l'Histoire, la littérature, etc.

D. Kisseliov : La Russie est également à la croisée des chemins : soit ça marche, soit...

V. Poutine : La Russie n'est pas à la croisée des chemins. Elle est sur la voie stratégique de son développement, et elle ne s'en écartera pas.

D. Kisseliov : Dans quelle mesure ressentez-vous le soutien de la société russienne dans sa nouvelle qualité ? Après tout, une nouvelle qualité de la société russienne est apparue.

V. Poutine : Elle était toujours là, elle n'a fait que se manifester. Et c'est très bien d'avoir donné à cette société russienne profonde l'occasion de sortir du bois. J'ai le sentiment que les gens attendaient cela depuis longtemps, que le citoyen ordinaire serait sollicité par le pays et l'État, et que le destin du pays dépendrait de lui. C'est ce sentiment de liaison profonde avec la Mère Patrie et de leur importance dans la résolution de problèmes clés, en l'occurrence dans le domaine de la sécurité, qui a fait remonter à la surface la force du peuple russe et des autres peuples de Russie.

D. Kisseliov : Vous en nourrissez-vous ?

V. Poutine : Toujours. Ce n'est même pas que quelqu'un s'en nourrisse, c'est que je vois les exigences de la société. C'est la chose la plus importante : répondre aux demandes de la société.

D. Kisseliov : Mais il est temps de reconnaître que vous jouez un rôle clé non seulement en Russie, mais aussi dans le monde, parce que des milliards de personnes associent à vous l'espoir d'une équité internationale, de la défense de la dignité humaine, de la protection des valeurs traditionnelles. Comment se sent-on face à une telle responsabilité ?

V. Poutine : Pour vous dire la vérité, je ne la ressens pas du tout. Je travaille simplement dans l'intérêt de la Russie, dans l'intérêt de notre peuple. Oui, je comprends ce que vous dites et je suis prêt à le commenter. Mais je n'ai pas l'impression d'être une sorte de maître des destinées du monde. Croyez-moi, j'en suis loin. Je ne fais que remplir mon devoir envers la Russie et envers notre peuple, qui considère la Russie comme sa patrie.

Quant aux autres pays du monde, ils sont étroitement liés à la manière dont nous sommes traités dans le monde. C'est intéressant. C'est un tel phénomène, c'est certain.

Je voudrais attirer l'attention sur ce point. Vous avez tout à fait raison, de nombreuses personnes dans le monde nous regardent, regardent ce qui se passe dans notre pays et dans notre lutte pour nos intérêts.

Voici ce qui est important à mon avis. Pourquoi cela se produit-il ? Pas parce que nous sommes officiellement membres des BRICS ou que nous avons des relations traditionnelles avec l'Afrique. C'est également important, mais l'essence, à mon avis, est tout à fait différente. Le fait est que ce soi-disant «milliard d'or» parasite pratiquement les autres nations depuis des siècles, 500 ans déjà. Ils ont lacéré les malheureux peuples d'Afrique, ils ont exploité l'Amérique latine, ils ont exploité les pays d'Asie, et personne ne leur a passé l'éponge sur cela. J'ai le sentiment que ce ne sont même pas les dirigeants de ces pays, bien qu'ils soient très importants, mais les citoyens ordinaires de ces pays qui ressentent dans leur cœur ce qui est en train de se passer.

Ils associent notre lutte pour notre indépendance et notre véritable souveraineté à leurs aspirations à leur propre souveraineté et à leur développement indépendant. Mais cela est aggravé par le fait que le désir de geler l'état injuste actuel des affaires internationales est très fort chez les élites occidentales. Durant des siècles elles se sont habituées à se bourrer le sac de chair humaine et les poches d'argent. Mais elles doivent se rendre compte que ce bal des vampires touche à sa fin.

D. Kisseliov : Faites-vous allusion à leurs tendances colonialistes, comme vous l'avez dit dans votre Message ? C'est de cela que vous parlez.

V. Poutine : C'est ainsi que les choses se passent.

D. Kisseliov : Mais aujourd'hui, vous avez brossé un tableau tout à fait juste, où les gens voient un peu d'espoir en la Russie. Comment se fait-il que la propagande occidentale, avec toute sa puissance, ses ressources et ses outils colossaux, n'ait pas réussi à envelopper la Russie, à l'isoler et à créer une fausse image d'elle, même si elle a essayé de le faire dans l'esprit de milliards de personnes ? Comment cela s'est-il produit ?

V. Poutine : Parce que ce que je viens de dire est plus important pour les gens. Les gens du monde entier le ressentent dans leur cœur. Ils n'ont même pas besoin d'explications pragmatiques pour comprendre ce qui se passe.

D. Kisseliov : Donc, malgré l'étendue de cette saleté ?

V. Poutine : Oui. Dans leurs propres pays, ils trompent aussi les gens, et cela a un effet. Dans de nombreux pays, ils pensent que c'est dans leur intérêt, parce qu'ils ne veulent pas avoir un grand pays comme la Russie à leurs frontières. Le plus grand pays du monde en termes de territoire, le plus grand pays d'Europe en termes de population — une population qui n'est pas si importante à l'échelle mondiale, qui n'est pas comparable à celle de la Chine ou de l'Inde, mais qui est la plus grande d'Europe — et maintenant aussi la cinquième plus grande économie du monde. À quoi leur sert un tel concurrent ? Ils pensent : non, il vaut mieux, comme l'ont suggéré certains spécialistes américains, le diviser en trois, quatre, cinq parties — ce sera mieux pour tout le monde. Ils partent de là.

Et une partie, au moins, des élites occidentales, aveuglées par leur russophobie, se sont réjouies lorsqu'elles nous ont amenés à la ligne après laquelle nos tentatives d'arrêter par la force la guerre en Ukraine déclenchée par l'Occident depuis 2014 ont commencé, lorsque nous sommes passés à l'Opération militaire spéciale. Ils se sont même réjouis, je pense. Parce qu'ils pensaient que maintenant ils en auraient fini avec nous, maintenant sous ce barrage de sanctions, pratiquement une guerre de sanctions déclarée contre nous, avec l'aide des armes occidentales et de la guerre par les mains des nationalistes ukrainiens, ils en auraient fini avec la Russie. D'où leur slogan : «Infliger une défaite stratégique à la Russie sur le champ de bataille».

Mais plus tard, ils se sont rendu compte que c'était peu probable, et encore plus tard que c'était impossible. Et l'on s'est rendu compte qu'au lieu d'une défaite stratégique, ils étaient confrontés à l'impuissance, et ce malgré le fait qu'ils s'appuyaient sur le potentiel des États-Unis tout-puissants. Ils se sont retrouvés impuissants face à l'unité du peuple russien, aux fondements du système financier et économique russien, à sa durabilité et aux capacités croissantes des forces armées de la Fédération russienne.

C'est alors qu'ils ont commencé à penser — ceux qui sont plus intelligents, ont commencé à penser — qu'il serait nécessaire de changer de stratégie à l'égard de la Fédération russienne. Puis l'idée de reprendre le processus de négociation, de trouver des moyens de mettre fin à ce conflit et de chercher où se situent les véritables intérêts de la Russie. Ce sont des gens dangereux, d'ailleurs, parce que les autres qui sont guidés par des principes aussi bas sont plus faciles à combattre.

Vous souvenez-vous de ce que l'on disait en Russie ? Le bonheur de certains au niveau du ménage, qu'est-ce que c'était ? «Rassasié, ivre et le nez au tabac». Oui ? C'est plus facile avec ces gens-là, quand ils sont rassasiés et ivres. «Le nez au tabac», parce qu'ils utilisaient du tabac à priser. Maintenant, on a le nez à la cocaïne. Peu importe, il est plus facile de traiter avec ceux-ci, mais il est plus difficile de traiter avec les personnes intelligentes — elles sont plus dangereuses, parce qu'elles influencent la conscience de la société, y compris la nôtre, elles jetteront toutes sortes de leurs «souhaits» sous l'apparence de «carottes» pour nous.

Vous avez déjà attiré l'attention sur ce point lorsque vous avez posé une question sur la possibilité d'un processus de négociation. Mais il n'en reste pas moins que les contradictions au sein de la communauté occidentale existent. C'est une évidence, nous le voyons.

Nous n'allons pas nous occuper des scissions là-bas — ils le feront eux-mêmes avec brio. Mais nous nous efforcerons certainement de faire en sorte que nos intérêts soient respectés.

D. Kisseliov : Je ne peux m'empêcher de poser la question. Ces attaques contre les oblasts Belgorodien et Kourien — les actions militaires qui se déroulent dans nos régions. Ils se comportent de manière plus effrontée — ressentent-ils quelque chose ? Quelle en est la raison ?

V. Poutine : L'explication en est très simple. Tout cela se produit sur fond d'échecs sur la ligne de contact, sur la ligne de front. Ils n'ont atteint aucun des objectifs qu'ils s'étaient fixés l'année dernière. De plus, l'initiative est maintenant complètement passée à nos forces armées. Tout le monde le sait, tout le monde le reconnaît. Je ne pense pas pouvoir dire quoi que ce soit de nouveau. Face à ces échecs, il faut au moins montrer quelque chose, et l'accent doit être mis principalement sur l'information.

Sur la ligne de la frontière de l'État, l'ennemi tente d'attaquer principalement par des groupes de sabotage. Le dernier rapport de l'état-major général fait état de 300 personnes, dont des mercenaires étrangers. Les pertes de l'ennemi s'élèvent à plus de 200 hommes, soit environ 230. Sur les huit chars utilisés, l'ennemi en a perdu sept, sur les neuf véhicules blindés — neuf, dont sept de fabrication américaine, Bradley. D'autres véhicules blindés ont également été utilisés, mais principalement pour amener le personnel : ils l'amènent, le jettent et repartent aussitôt. Il s'agit de la partie belgorodienne de la frontière. Un peu plus vers le sud, je pense, à un endroit — avec une force de loin moindre. Néanmoins, l'objectif principal, je n'en doute pas, est sinon de perturber l'élection présidentielle en Russie, du moins d'empêcher d'une manière ou d'une autre le processus normal d'expression de la volonté des citoyens. C'est premièrement.

Deuxièmement. Il s'agit de l'effet d'information, que j'ai déjà mentionné.

Troisièmement. Si quelque chose réussit, obtenir une chance, un argument, une carte maîtresse dans un éventuel futur processus de négociation : nous vous rendrons ceci, et vous nous rendrez cela.

Mais je vous ai dit que les gens qui sont guidés par les principes «rassasié, ivre et le nez à la substance bien connue» sont plus faciles à aborder parce que vous pouvez calculer ce qu'ils vont faire. Ils essaieront de faire la même chose dans quelques autres aires, mais nous le voyons.

D. Kisseliov : Nous avons évoqué l'épisode où vous avez sauvé des enfants d'un incendie, mais vous avez déjà des petits-enfants. Quel genre de pays aimeriez-vous laisser à vos petits-enfants ?

V. Poutine : Vous savez, dans un premier temps, nous devons réaliser tout ce qui a été dit dans le Message à l'Assemblée fédérale il y a quelques jours. Nous avons de grands projets. Ils sont très spécifiques en termes de développement économique, de développement social, de soutien à la maternité, à l'enfance, aux familles avec enfants, et de soutien aux retraités. Nous en parlons très peu ces derniers temps ou nous n'en parlons pas, mais nous veillons à ce que les ressources appropriées soient mises en place dans ce domaine également. Il s'agit de l'indexation des pensions, des prestations diverses et des soins de longue durée pour les personnes qui en ont besoin.

J'aimerais dire que c'est grâce aux personnes de l'ancienne génération que nous avons aujourd'hui un État et une économie relativement solides et stables. En effet, malgré toutes les vicissitudes et les épreuves sévères subies par l'économie dans les années 90, celle-ci a survécu grâce à leur travail héroïque après la Grande Guerre patriotique et pendant la reprise économique. C'est pourquoi nous ne devrions jamais oublier les mérites de l'ancienne génération. Nous devons toujours nous en souvenir et veiller à leur bien-être. L'avenir est aux enfants, c'est pourquoi j'ai déjà parlé de programmes dans le domaine de la maternité et de l'enfance.

Tout cela se fait uniquement sur la base de l'économie. Je m'attends à ce qu'elle soit plus technologique, plus moderne, basée sur les réalisations modernes en matière de science et de technologie, de technologie de l'information, d'intelligence artificielle, de robotique, de génétique, etc. Notre agriculture se développe à perfection. Là aussi, nous avons besoin de technologies modernes. Elles sont utilisées activement et continueront à l'être.

Bien sûr, le pays sera autosuffisant en matière de sécurité et de défense. Nous devrons multiplier tout cela ensemble, et l'avenir sera assuré.

D. Kisseliov : Merci, Vladimir Vladimirovitch. Votre certitude est contagieuse. Bonne chance dans vos nobles entreprises.


V. Poutine : Merci.


D. Kisseliov : Merci.

source : Kremlin


Note. «Où prendre l'argent, Zine ?» (Где деньги, Зин?) est une Phrase culte tirée du «Dialogue devant la télé», une chanson-pièce pour deux personnages de Vladimir Vyssotsky. Les époux Vanya et Zina tiennent une conversation devant la télévision, dans laquelle les questions de la vie quotidienne alternent avec une discussion sur un spectacle de cirque. La chanson, riche en éléments de la vie soviétique des années 1970, recrée l'atmosphère de cette époque ; elle contient des symboles reconnaissables et des détails quotidiens qui reproduisent l'état d'esprit du public en URSS dans la seconde moitié du XXe siècle. Les chercheurs incluent l'œuvre dans les différents cycles poétiques de Vyssotski et y trouvent l'influence des couplets comiques populaires dans les années 1950 et des nouvelles de Mikhaïl Zochtchenko. Au fil des décennies, les répliques des personnages de la chanson ont acquis le caractère d'expressions ailées et ont été ajoutées aux dictionnaires d'aphorismes modernes.


Traduit par Valerik

https://reseauinternational.net/poutine-le-bal-des-vampires-touche-a-sa-fin-interview-par-d-kisseliov/
#25
Europe / Les armes nucléaires russes, ...
Last post by JacquesL - 15 Mars 2024, 09:00:17 AM
Les armes nucléaires russes, le "bal des vampires" occidental, les plaintes de Trump. Les principaux points de l'interview de Poutine


Publié le mars 14, 2024 par Wayan
 


Le 13 mars 2024 − Source RT



Le président russe Vladimir Poutine s'est longuement exprimé sur la confrontation entre Moscou et l'Occident, dans un entretien avec le journaliste Dmitry Kiselyov, directeur de Rossiya Segodnya, publié à quelques jours de l'élection présidentielle.

Voici les principaux points à retenir de l'entretien avec Poutine.

Le "bal des vampires" occidental prend fin

Les pays non occidentaux aspirent à la souveraineté et observent avec intérêt la confrontation entre la Russie et les États-Unis et leurs alliés, a déclaré Poutine.
Les élites occidentales ont "mis en pièces [les] peuples pauvres d'Afrique" et exploité l'Amérique latine et l'Asie pendant 500 ans, a-t-il affirmé, ajoutant que l'Occident cherche désespérément à protéger son avantage déloyal.

CiterPendant des siècles, ils se sont habitués à remplir leurs estomacs de chair humaine et leurs poches d'argent. Mais ils doivent se rendre compte que ce "bal des vampires" touche à sa fin.

Selon Poutine, la récente rhétorique alarmiste du président français Emmanuel Macron pourrait avoir été une crise émotionnelle due au fait que son pays a été obligé de se retirer de ses anciens domaines coloniaux en Afrique. Paris a accusé Moscou de lui porter atteinte, bien que Poutine ait insisté sur le fait que la Russie "n'a évincé personne" du continent.

Pas de « lignes rouges »

Macron a affirmé que l'Occident ne devrait pas avoir de "lignes rouges" lorsqu'il s'agit d'affronter la Russie, mais Moscou réagira en conséquence à toute nation qui adoptera cette politique, a averti Poutine. Cette rhétorique n'est toutefois que le fait de politiciens qui "fantasment et s'agitent", a-t-il suggéré.

Poutine a également affirmé que l'envoi de troupes occidentales pour aider Kiev menacerait le statut d'État de l'Ukraine. La Pologne est particulièrement rancunière pour les territoires perdus au profit de l'URSS après la Seconde Guerre mondiale, a affirmé le dirigeant russe, ce qui signifie que si Varsovie déployait des forces militaires en Ukraine, elles "n'en partiraient plus".

Moscou reste attachée à la paix avec l'Ukraine, mais ne se contentera pas de la "liste de souhaits alimentée par la drogue" venant de Kiev, a souligné Poutine. La sécurité de la Russie doit être garantie de manière à combler le fossé de confiance créé par les promesses non tenues de l'Occident, a-t-il ajouté.

Kiev "massacre ses propres troupes pour les relations publiques"

Le manque de victoires de l'Ukraine sur la ligne de front pousse son gouvernement à des actions imprudentes qui n'ont aucune valeur militaire, a affirmé Poutine, citant la tentative de Kiev d'établir un point d'appui à l'est de la rivière Dniepr.

"Ils envoient leur peuple dans le hachoir à viande. Les soldats étaient littéralement pieds nus récemment [en raison de problèmes d'approvisionnement]", a affirmé le président.

Moscou estime que Kiev sacrifie des hommes dans l'espoir de dissimuler sa situation désespérée et d'obtenir davantage d'aide occidentale.

La Russie prête à une guerre nucléaire

L'envoi par les États-Unis d'une force militaire importante en Ukraine constituerait une "ligne rouge" pour la Russie, a déclaré Poutine, ajoutant qu'il jugeait ce scénario peu plausible.

"Pour nous, [le conflit ukrainien] est une question de vie ou de mort ; pour eux, il s'agit d'améliorer leur position tactique [dans le monde et en Europe]", a déclaré le président.

Poutine a insisté sur le fait que la Russie était prête si les États-Unis tentaient de "jouer à la poule mouillée". Moscou est prête à utiliser des armes nucléaires et considère que son arsenal est "plus avancé que celui de n'importe qui d'autre", a-t-il averti.

Washington dispose de suffisamment d'experts en dissuasion stratégique, dont le président Joe Biden, pour éviter une conflagration nucléaire, a suggéré le dirigeant russe, mais il a ajouté que si les États-Unis abandonnaient leur moratoire de facto sur les essais nucléaires, Moscou ferait de même.

Les bases militaires américaines : un trou noir de corruption

Le secteur russe de l'armement doit "tirer le meilleur parti de chaque rouble investi", a insisté Poutine, soulignant que le pays n'est pas l'URSS, qui ne tenait pas compte des dépenses de défense.

L'armée américaine est un exemple de dépenses colossales minées par un manque d'efficacité, selon le dirigeant russe.

"Ils dépensent des sommes colossales pour entretenir des bases militaires dans le monde entier. L'argent part dans un trou noir, sans qu'il soit possible de le comptabiliser. C'est là que se produit la corruption", a-t-il affirmé.

Le développement par la Russie du planeur hypersonique à capacité nucléaire Avangard était un bon investissement car il "annulait" le système national américain de missiles antibalistiques, a affirmé Poutine.

Trump a accusé Poutine de favoriser "Sleepy Joe"

Kiselyov a demandé si Poutine préférait réellement Joe Biden à Donald Trump dans la course à la présidence des États-Unis, ou s'il "trollait" les Américains lorsqu'il a désigné son favori le mois dernier.

Poutine a révélé que lorsque Trump était en fonction, le Républicain avait accusé le dirigeant russe de favoriser son rival Démocrate.

Il a dit textuellement : « Voulez-vous vraiment que "Joe l'endormi" gagne ? »

La course présidentielle actuelle aux États-Unis est de plus en plus "incivile", ce qui prouve que la démocratie américaine est défectueuse, a affirmé Poutine.


Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.

https://lesakerfrancophone.fr/les-armes-nucleaires-russes-le-bal-des-vampires-occidental-les-plaintes-de-trump-les-principaux-points-de-linterview-de-poutine
#26
Politique française / Réquisitions : Dans quel sens ...
Last post by JacquesL - 12 Mars 2024, 02:15:38 PM
Réquisitions : Dans quel sens vont réellement ces textes ?




Nouveaux articles du Code de défense issus de la Loi de Programmation militaire d'août 2023

En tant qu'étranger, sujet de Sa Britannique Majesté, Mendelssohn n'a pas les clefs pour comprendre le chevauchement des différents Codes et Lois en France.

Puisqu'en droit, un mot sera placé pour en cacher un autre.

Ainsi, Mendelssohn invite les juristes dotés de qualifications que lui ne possède pas, à nous décortiquer l'imbrication des textes législatifs dont il est question ci-dessous.

(Dans le cas où des personnes sans enfants seraient tentés de se voiler les yeux – Papa Mendelssohn en a cinq, tous en âge ou presque d'être mobilisés, sans en venir même à la réquisition...)

*

En ouverture des festivités, quelques lignes de rappel historique figurant sur un site officiel :

CiterLes réquisitions et le Service de travail obligatoire – 1943
Le tournant du STO

Alors que les exigences allemandes ne cessent de s'accentuer, le gouvernement de Vichy adopte un nouveau dispositif de réquisitions avec la loi du 16 février 1943 qui institue le «service du travail obligatoire» (STO). Tous les jeunes Français nés en 1920, 1921 et 1922 déclarés aptes après une visite médicale doivent partir travailler en Allemagne pour deux ans.

D'importantes mises en garde sont immédiatement adressées à ceux qui n'obéiraient pas. Les sanctions auxquelles ils s'exposent  sont des amendes allant de 200 à 100 000 francs et des peines d'emprisonnement allant de 3 mois à 5 ans, susceptibles, en cas de récidive, d'être portées au double.

La France est le seul pays occupé d'Europe où les réquisitions ne sont pas la conséquence d'ordonnances allemandes mais d'une loi adoptée par l'État français.

*

Si Mendelssohn a bien compris, la Loi de Programmation militaire votée en août 2023 modifie entre autres, le Code de défense. Ce sont donc les nouveaux articles du Code de défense dont il est question ici.

https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/article_jo/JORFARTI000047915043

Titre Ier

Réquisitions pour les besoins de la défense et de la sécurité nationale

Chapitre II

Principes généraux

«Art. L. 2212-1.-En cas de menace, actuelle ou prévisible, pesant sur les activités essentielles à la vie de la Nation, à la protection de la population, à l'intégrité du territoire ou à la permanence des institutions de la République ou de nature à justifier la mise en œuvre des engagements internationaux de l'État en matière de défense, la réquisition de toute personne, physique ou morale, et de tous les biens et les services nécessaires pour y parer peut être décidée par décret en Conseil des ministres. (...)

Mendelssohn s'interroge :

1) En droit, la sécurité juridique exige que le citoyen comprenne de quoi on parle. Il faut donc que chaque terme utilisé soit défini sans ambiguïté.

Dans le cadre de cet article, que veut dire

– menace
– actuelle
– prévisible (d'ici six semaines ? six ans ? six décennies ?)
– activités essentielles à la vie de la Nation (supermarchés Leclerc ? Officines pratiquant des tests PCR ?)
– «menace de nature à justifier la mise en œuvre des engagements internationaux de l'État en matière de défense»

Il existe de multiples niveaux hiérarchiques d'«engagements» internationaux d'un état. Par ailleurs, le terme «engagement» n'est pas, sauf erreur, un terme juridique dans ce contexte précis.

Parle-t-on de traités ? D'engagements écrits ? Non-écrits ? Tenus secrets (présence de «mercenaires» en Ukraine) ? Sous le radar (activités militaires de la France en Afrique) ?

Ou encore, d'accords uni-personnels entre le Micronien et X, tel celui du 16 février avec l'actuel président ukrainien1 accord dont la légalité est plus qu'incertaine  ?

(Nous reviendrons prochainement sur ledit accord bilatéral de sécurité du 16 février : à part engager des milliards ayant l'impôt comme source, des milliers de militaires et spécialistes Français devraient partir instamment vers l'Ukraine, à supposer que la France veuille et puisse s'y conformer).

*

«Art. L. 2212-2.-Lorsqu'il n'est pas fait application de l'article L. 2212-1 et sans préjudice de l'article L. 4231-5, en cas d'urgence, si la sauvegarde des intérêts de la défense nationale le justifie, le Premier ministre peut ordonner, par décret, la réquisition de toute personne, physique ou morale, de tout bien ou de tout service».

– le texte ne dit pas «en cas de guerre ou d'invasion», ou «si péril imminent le justifie» mais «si la sauvegarde des intérêts de la défense... le justifie». On introduit donc à dessin la notion de «sauvegarde» et celle «d'intérêts», termes dont le flou est aussi parfait que celui de la «défense», puisque les «intérêts» de l'Establishment militaire (MIC ?) ne sont pas nécessairement ceux de la nation.

*

«Art. L. 2212-6.-Dans le respect du présent titre, peut être soumis à une mesure de réquisition

1°- Toute personne physique présente sur le territoire national ;

2°- Toute personne physique de nationalité française ne résidant pas sur le territoire national ;

3°- Toute personne morale dont le siège est situé en France ;

4°- Tout navire battant pavillon français, que l'armateur soit de nationalité française ou étrangère, y compris en haute mer ou dans des eaux étrangères».

Questions :

– «toute personne physique présente...» Il s'agit donc aussi bien de citoyens de pays étrangers. Si je comprends cet article, un citoyen de l'Indonésie ou du Pérou se trouvant par hasard en France au moment où le Décret deviendrait exécutoire, pourrait, sans jugement et en violation du droit international (encore, sauf erreur), être soumis à réquisition.

*

«Art. L. 2212-9.-Est puni d'un emprisonnement de cinq ans et d'une amende de 500 000 euros le fait de ne pas déférer aux mesures légalement ordonnées en application des articles L. 2212-1 et L. 2212-2.

Question :

– En droit, le principe de proportionnalité est fondamental. En Europe, on ne décapite plus un homme pour le vol d'un mouchoir. Ici, le texte propose de stigmatiser en ruinant financièrement et à vie, le citoyen lambda désobéissant, tout en le condamnant à une peine de prison équivalente à celle susceptible d'être imposée à un meurtrier. Dans la réalité, vu les très faibles revenus du Français moyen, cela signifie déchéance à vie de droits civiques.

Si le cas de figure concernait un soldat régulièrement enrôlé qui, sur le champ de bataille, désobéit à un ordre légitime – après déclaration de guerre légitime – une peine de prison semblable (mais certainement pas une amende de 500 000 euro) se comprendrait. Là, il s'agit de simples citoyens dans un contexte législatif de vagues «menaces», «actuelles» ou «prévisibles»... ainsi que nous venons de le voir.

Ce texte, qui contient de nombreuses autres euh «anomalies» a manifestement été rédigé dans la perspective de mettre la peur au ventre du peuple français, car la Russie n'en a cure de la Micronie. En rédigeant ces mesures outrageusement disproportionnées au prétendu «crime», on imagine le petit cercle de rédacteurs se caressant le ventre dodu sous leur gilet de costume sur mesure, en gloussant «tu dis 500 000 euros plutôt que 200 000 ? T'es le plus fort !»

*

Le panorama étant suffisamment tracé, passons sur les articles consacrés à la réquisition des industriels et entreprises.

Mais y aurait-il encore mystère sur l'intention avec laquelle ces articles ont été rédigés ?

Est là pour nous éclairer l'exposé des motifs, tout à fait officiel et sur la page même de ces textes de loi2. Frappant dans cet exposé, tout hérissé qu'il est d'effets dits «inéluctables» mais sans cause, est la jouissance de celui qui se vautre dans l'arbitraire.

L'article 23 modernise et adapte le régime des réquisitions du code de la défense (il semblerait qu'il s'agisse désormais de l'article 47)... Ces dispositions apparaissent toutefois largement obsolètes (et...) obèrent les capacités des autorités compétentes à les mettre en œuvre dans des situations d'urgence, pour plusieurs raisons.

(...) En effet, hormis quelques hypothèses limitées, les réquisitions militaires ne peuvent être utilisées qu'en cas de mobilisation partielle ou générale, ce qui apparaît particulièrement restrictif.

Aussi, concrètement, il n'est pas possible de recourir à une réquisition afin de répondre à une situation d'urgence susceptible d'affecter les forces armées sans qu'une menace sur la vie de la Nation ne soit réellement caractérisée.

Ce constat témoigne de la nécessité de simplifier les règles en vigueur afin de les rendre pleinement applicables pour garantir plus efficacement les intérêts de la défense nationale, particulièrement dans le contexte d'un retour des tensions sur le continent européen.

À l'aune de ces constats, l'article 23 procède à la rénovation complète des réquisitions relevant du code de la défense.

(...) Eu égard aux prérogatives constitutionnelles du président de la République (...) il lui revient d'ordonner de telles réquisitions, par décret délibéré en conseil des ministres. Il pourra le faire alors même que la menace ne serait pas immédiate, mais seulement prévisible, afin de garantir une préparation plus précoce de la Nation face à la montée des périls pouvant l'affecter (...).

(...) Par ailleurs, l'utilité des réquisitions n'est assurée que si les personnes, biens et services susceptibles d'être réquisitionnés sont identifiés en amont des périodes de crises ou des situations d'urgence. Par conséquent, des dispositions de recensement des biens et personnes susceptibles de faire l'objet d'une réquisition, mais également d'organisation d'exercices sont-elles prévues...

L'évolution récente de la situation internationale, marquée par la résurgence d'une guerre de haute intensité sur continent européen comme par les risques de pénurie de matières premières, rend plus que jamais nécessaire de sécuriser et de fluidifier l'approvisionnement en matériel et en munitions des forces armées françaises.

D'autre part, l'article 24 introduit dans le code de la défense un nouvel article L. 1339-2 ouvrant la possibilité pour l'État d'ordonner l'exécution prioritaire des commandes qu'il a passées à une entreprise dans le cadre d'un marché de défense et de sécurité.

«Ce dispositif a pour objectif de garantir à la fois la continuité des missions des forces armées et d'honorer les engagements internationaux de la France. Il pourra aussi être mis en œuvre pour rendre prioritaire l'exécution des contrats d'armement passés par une entreprise française avec une organisation internationale ou un État tiers».

Mendelssohn Moses


https://reseauinternational.net/requisitions-dans-quel-sens-vont-reellement-ces-textes/
#27
Politique française / La guerre est une chose trop s...
Last post by JacquesL - 12 Mars 2024, 12:10:55 PM
La guerre est une chose trop sérieuse pour la confier à Emmanuel Macron



par Régis de Castelnau

Emmanuel Macron a donc décidé de prendre la tête d'une croisade contre la Russie. Il est difficile de bien identifier la motivation principale. La première qui vient à l'esprit est bien évidemment le narcissisme puéril qui habite ce personnage, et dont on a mesuré le caractère vertigineux dès les premiers jours de son avènement à la suite d'un coup d'état judiciaire. Mais probablement aussi un calcul politicien pour évacuer l'impact de la catastrophe médiatique de sa pantalonnade au salon de l'agriculture. Voire, sachant qu'il les exécute immédiatement, un ordre venu de Washington de prendre le relais en Ukraine d'une Amérique qui semble vouloir se consacrer à autre chose. Peut-être un mélange de tout cela, mais ce qui est sûr c'est que Macron, fidèle à lui-même et armé de ses différentes incompétences, fait une nouvelle démonstration de son irresponsabilité, et de son incapacité à diriger la France de façon rationnelle.

Il a donc dit à ses interlocuteurs, avant de le faire confirmer officiellement, «que vis-à-vis de la Russie, la France ne s'interdisait aucune ligne rouge». Sachant que notre pays est une puissance nucléaire, c'est donc un avertissement donné à la Russie. Que si nous envoyons nos 15 000 hommes disponibles, dotés d'environ huit jours de munitions, occuper une trentaine de kilomètres d'un front qui en fait 1200, et que ça se passe mal, gare. Parce que nous aussi, nous pouvons vitrifier les moujiks.

À une panoplie de défauts particulièrement fournie, Emmanuel Macron ajoute semble-t-il une incapacité à évaluer les ordres de grandeur et à comprendre des choses simples comme la règle de trois.

Le voilà qui toise la Russie du haut de nos 300 missiles nucléaires dont la dernière tête fut fabriquée en 1996 après l'essai nucléaire nommé Xouthos, qui a eu lieu en Polynésie française sur ordre de Jacques Chirac. Le dernier missile nucléaire français fabriqué était le missile Hadès. Il a été démantelé le 23 juin 1997. Depuis nous n'avons plus de missile sol-sol, et peu de vecteurs mer-sol.

Il ne nous reste presque plus que des missiles air-sol dont nous avons testé avec succès un missile nucléaire modernisé de type ASMPA (air-sol moyenne portée) en 2022. L'ancienne version de ce missile, qui fait partie de la composante aérienne de la dissuasion française, est en service depuis 2009 et sera remplacée vers 2035 (!).

En 2025, nous devrions aussi être livrés du missile mer-sol M51.3 de riposte pour équiper les sous-marins français.

La puissance de nos missiles est d'environ 300kt et ils volent à la vitesse supersonique de mach 3 avec une portée maximale de 500km, ce qui impose à nos avions d'entrer profondément sur le territoire russe pour espérer atteindre Moscou. En clair, une frappe nucléaire française détruirait tout sur un rayon de 5000m et ferait de gros dégâts sur un rayon de 15km.

De leur côté, les Russes disposent de plusieurs missiles antimissiles hypersoniques, donc proportionnellement 5 à 10 fois plus rapides. Par exemple le S-500 Prometeï intercepte à une vitesse hypersonique de mach 20 tout missile volant même à une altitude de 200km (soit 10 fois plus haut que le plafond de nos missiles).

En ce qui concerne la capacité de riposte des missiles russes, examinons les ordres de grandeur d'un seul d'entre eux et qui n'est pas le plus puissant : l'ICBM RS-28 Sarmat (SATAN 2).

Tout d'abord les Sarmat sont déployés sur toute la Russie et certains sont équipés de détecteur de radiation et programmés pour décoller automatiquement en cas de détection d'une frappe nucléaire ennemie sur sol russe.

• Le Sarmat est hypersonique et vole à mach 21 (25 900 km/h)

• Il atteindrait Paris en 2 minutes et New York en 18 minutes

• Un seul Sarmat est doté d'une ogive nucléaire à fragmentation qui transporte 10 ogives individuelles qui raseraient une zone de frappe d'environ 650 000km², ce qui est comparable à l'ensemble du territoire français.

Bref, en lançant sur la Russie toutes nos têtes nucléaires disponibles et à supposer que la Russie n'en intercepte aucune, alors qu'il est plus probable que toutes seraient interceptées, nous détruirions tout au plus quelques centaines de km² russes. Inversement sur les 8000 têtes russes, un Sarmat seul, qui à ce jour n'est pas susceptible d'être intercepté, raserait toute la France d'un coup.

Par conséquent, le moment n'est pas aux rodomontades, aux coups de menton, aux déclarations à l'emporte-pièce qui sont autant de sottises.

Décidément, la guerre, nucléaire ou pas, est une chose trop sérieuse pour la confier à Emmanuel Macron.

source : Vu du Droit
#28
Asie, Pacifique / Israël “contraint” les travail...
Last post by JacquesL - 11 Mars 2024, 11:01:52 AM
Israël "contraint" les travailleurs de l'ONU ; en les torturant carrément


Publié le mars 11, 2024 par Wayan




Par Moon of Alabama – Le 9 mars 2024

Chaque fois que l'on pense que la dépravation des fanatiques sionistes a finalement atteint une limite, ils présentent fièrement un comportement encore pire.

CiterUn rapport de l'UNRWA indique qu'Israël a contraint certains employés de l'agence à admettre faussement des liens avec le Hamas – Reuters, 9 mars 2024

CiterL'agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens a déclaré que certains employés libérés à Gaza après avoir été détenus par Israël ont déclaré avoir subi des pressions de la part des autorités israéliennes pour qu'ils déclarent faussement que l'agence a des liens avec le Hamas et que le personnel a participé aux attaques du 7 octobre.

Contraints, sous pression, ... Peut-être ont-ils eu une discussion musclée ?

Non. Ils ont carrément torturé, à la Abu Grahib, ces travailleurs de l'ONU. Certains d'entre eux en sont morts :

CiterLe document indique que plusieurs employés palestiniens de l'UNRWA ont été détenus par l'armée israélienne, et ajoute que les mauvais traitements et les abus qu'ils disent avoir subis incluent des coups physiques sévères, le waterboarding, et des menaces envers les membres de leur famille.
...
Outre les allégations d'abus subis par les membres du personnel de l'UNRWA, les détenus palestiniens ont plus généralement décrit des allégations d'abus, y compris des coups, des humiliations, des menaces, des attaques de chiens, des violences sexuelles, et des décès de détenus à qui on avait refusé un traitement médical, selon le rapport de l'UNRWA.
...
Reuters n'a pas pu confirmer de manière indépendante les récits de coercition du personnel de l'UNRWA et de mauvais traitements infligés aux détenus, bien que les allégations de mauvais traitements concordent avec les descriptions faites par les Palestiniens libérés en décembre, février et mars et rapportées par Reuters et d'autres médias.
CiterRemi Brulin @RBrulin – 0:44 UTC – 9 mars 2024

"Nous avons torturé quelques gars" est plutôt méchant

"Nous avons torturé quelques gars pour pouvoir détruire une énorme organisation de secours indispensable pour faire face à une énorme crise humanitaire que nous avons créée en premier lieu" est.... d'un autre niveau.

Que sont censés faire les gens civilisés avec ces mécréants ?

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
https://lesakerfrancophone.fr/israel-contraint-les-travailleurs-de-lonu-en-les-torturant-carrement
#29
Asie, Pacifique / Tel Aviv : sur la piste de la ...
Last post by JacquesL - 10 Mars 2024, 08:28:37 PM
Tel Aviv : sur la piste de la torture, ou le rôle d'Israël dans le scandale d'Abou Ghraïb



par William Van Wagenen


Les artisans de la guerre d'Irak, tels Cambone, Rumsfeld, Feith & Wolfowitz, ont vu la dévastation engendrée comme un moyen d'arriver à leurs fins : neutraliser les menaces potentielles pour Israël.

La torture et les mauvais traitements infligés par Israël aux Palestiniens peuvent être comparés aux tactiques employées par les États-Unis pendant l'occupation de l'Irak, mais un examen plus approfondi révèle leurs origines distinctes, enracinées dans l'entité sioniste.

Les artisans de la guerre d'Irak, comme Cambone, Rumsfeld, Feith & Wolfowitz, considéraient la dévastation engendrée comme un moyen d'arriver à leurs fins : neutraliser les menaces potentielles pour Israël.

Cinq jours seulement après le début de la guerre contre Gaza, des soldats et des colons israéliens ont arrêté trois Palestiniens dans le village de Wadi al-Seeq, en Cisjordanie occupée. Déshabillés jusqu'à leurs sous-vêtements, ils ont eu les yeux bandés, ont été sauvagement battus avec un tuyau de métal, ont été photographiés pendant qu'ils subissaient leur humiliation et ont été soumis à l'indignité ultime : on leur a uriné dessus.

L'une des victimes, Mohammad Matar, racontant son calvaire au journal israélien Haaretz, a comparé cette barbarie au tristement célèbre scandale d'Abou Ghraib en Irak. «C'est exactement ce qui s'est passé là-bas», a-t-il déclaré. «Abou Ghraib avec l'armée [israélienne]».

Les humiliations sexuelles et les tortures infligées aux Palestiniens se sont poursuivies – et amplifiées – après l'invasion terrestre de Gaza par Israël deux semaines plus tard. Rapidement, les soldats israéliens ont détenu et humilié un grand nombre d'hommes et de femmes palestiniens, les soumettant à des abus sexuels dans divers centres de détention.

Le 21 février, Khaled al-Shawish a été le neuvième Palestinien mort dans les prisons israéliennes depuis le 7 octobre, probablement sous la torture.

Toutefois, les similitudes entre les tortures perpétrées contre les Palestiniens aujourd'hui et contre les Irakiens 20 ans plus tôt en Irak ne sont pas surprenantes. Israël et les techniques de torture mises au point par ses services de renseignement au cours de décennies d'occupation ont joué un rôle important et largement ignoré dans le scandale de la prison d'Abou Ghraib en 2004, notamment en recourant à l'humiliation sexuelle et au viol.

Les sous-traitants civils

Au lendemain de l'invasion illégale de l'Irak par les États-Unis en 2003, le général de brigade Janis Karpinski, qui n'avait aucune expérience préalable de la gestion des prisons, s'est retrouvée à superviser Abu Ghraib et d'autres centres de détention – 15 au total, dans le sud et le centre de l'Irak. Bien que la police militaire sous son commandement soit mal équipée pour les interrogatoires, le général de division Geoffrey Miller, tristement célèbre pour son mandat au camp X-Ray de Guantanamo Bay, a plaidé en faveur de leur implication dans le processus.

Karpinski a déclaré qu'après la visite de Miller, un grand nombre de contractants civils ont commencé à arriver à Abu Ghraib pour conduire des interrogatoires. Ces prestataires civils ont ensuite donné des ordres aux policiers militaires réservistes subalternes qui ont pratiqué les tortures décrites d'après les fameuses photos de torture publiées par la suite dans les médias.

Elle note en outre que les policiers militaires que l'on voit torturer et humilier des Irakiens sur les images divulguées ont été déployés à Abou Ghraib juste avant que les premières photos ne soient prises. Cela signifie qu'ils ont commencé à torturer les prisonniers irakiens de manière sophistiquée dès leur arrivée à la prison :

«Ils ont remplacé l'unité de la garde nationale qui y servait parce qu'elle était en mission depuis un an. Les soldats ne décident pas un beau matin d'aller torturer des prisonniers... Certaines photographies sont datées de la fin octobre ou du mois de novembre. Que s'est-il passé ?»

Parmi les sous-traitants chargés d'interroger les prisonniers se trouvaient des employés de la société de sécurité privée CACI. L'un des interrogateurs, Eric Fair, était en poste à la prison d'Abu Ghraib et dans la ville instable de Fallujah en 2004. Il a déclaré que les interrogateurs en Irak avaient appris à utiliser un instrument de torture connu sous le nom de «chaise palestinienne» par l'armée israélienne au cours d'un exercice de formation commun.

En janvier de la même année, le président de la CACI, Jack London, s'est rendu en Israël dans le cadre d'une délégation de hauts fonctionnaires du Congrès américain, de sous-traitants de la Défense et de lobbyistes pro-israéliens.

Au cours de cette visite, le ministre israélien de la défense de l'époque, Shaul Mofaz, a remis à London un prix lors d'un dîner de gala pour ses «réalisations dans le domaine de la défense et de la sécurité nationale».

Le voyage comprenait une visite à Beit Horon, «le camp d'entraînement central pour les forces anti-terroristes de la police israélienne et de la police des frontières», en Cisjordanie occupée par Israël.

Le général de brigade Karpinski a également noté la présence d'interrogateurs israéliens en Irak. Elle a expliqué que dans un centre de renseignement de Bagdad,

«j'ai vu un individu que je n'avais jamais eu l'occasion de rencontrer auparavant, et je lui ai demandé ce qu'il faisait là-bas». Il m'a répondu : «Eh bien, je fais une partie des interrogatoires ici. Je parle arabe, mais je ne suis pas arabe, je viens d'Israël».

Qui est Stephen Cambone ?

En novembre, à peu près au moment où les premières photos montrant des actes de torture à Abou Ghraib ont été prises, le lieutenant-général américain Ricardo Sanchez, commandant en chef en Irak, a signé un ordre visant à transférer le commandement d'Abou Ghraib de Karpinski au colonel Thomas Pappas, commandant de la 205e brigade de renseignement militaire.

À l'époque, le renseignement militaire américain était placé sous le contrôle du Secrétaire à la Défense pour le renseignement, Stephen Cambone. Le poste a été créé pour lui en mars 2003, au moment où l'invasion de l'Irak était en cours.

Le journaliste Jason Vest a rapporté à The Nation que le poste de Cambone avait été conçu à l'origine par le Secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld comme une «mesure centralisatrice», un moyen de lui donner «un seul cheval à abattre»plutôt que «toute une troupe» d'agences de renseignement de défense civiles et en uniforme.

Bien que Cambone n'ait aucune expérience dans le domaine du renseignement, Rumsfeld le considérait comme un protégé et un partisan loyal. Sous le patronage de Rumsfeld, Cambone est passé du poste d'adjoint principal au sous-secrétaire Doug Feith, un autre artisan de la guerre en Irak.

M. Vest a ajouté qu'un mémo du Secrétaire à la Défense Paul Wolfowitz, le supérieur immédiat de M. Cambone, indiquait que ce dernier avait le pouvoir de superviser et d'orienter les activités de renseignement de toutes les organisations au sein du ministère de la Défense des États-Unis.

En d'autres termes, Cambone contrôlait le renseignement militaire américain, qui contrôlait Abu Ghraib en novembre 2003, lorsque les premières photos de torture ont été prises.

Comme Feith, Rumsfeld et Wolfowitz, Cambone était un néoconservateur pro-israélien qui avait travaillé pour le Project for the New American Century (PNAC), un think tank américain qui a accueilli des néocons républicains hors du gouvernement pendant la présidence Clinton dans les années 1990.

En 1998, le PNAC s'est fait connaître en prônant une évolution vers une politique étrangère américaine plus affirmée, incluant le renversement de Saddam Hussein, qui n'interviendrait qu'à la suite «d'un événement catastrophique et catalyseur, une sorte de nouveau Pearl Harbor».

Des similitudes frappantes

Un article paru en novembre 2003 dans le Los Angeles Times décrivait les relations étroites entre les services de renseignements militaires israéliens et américains sous la direction de Cambone.

«Ceux qui sont confrontés à des problèmes similaires ont tendance à partager leurs informations du mieux qu'ils le peuvent», aurait déclaré M. Cambone. Un haut responsable de l'armée américaine a également déclaré au journal :

«[Les Israéliens] ont certainement une grande expérience, d'un point de vue militaire, de la terreur domestique, de la terreur urbaine, des opérations militaires en milieu urbain, et il y a actuellement un grand partage de renseignements et de connaissances, ce qui est tout à fait logique... Nous puisons certainement dans leur expérience pour savoir ce qu'il faut faire dans ce genre de situation

Les tortures infligées aux Irakiens à Abu Ghraib ont été révélées deux mois plus tard, en janvier 2004, après qu'un député de la prison, Joseph Darby, a transmis à la division des enquêtes criminelles (CID) de l'armée un CD contenant des photos montrant les tortures.

Les tactiques utilisées pour torturer les détenus ont été résumées dans un courriel qui a circulé au sein du ministère de la Défense. Le courriel indique que 10 soldats ont été montrés, impliqués dans des actes tels que

«Des détenus masculins posant nus pendant que des gardiennes pointaient leurs organes génitaux, des détenues féminines nues devant les gardiens, des détenus se livrant à des actes indécents entre eux, et des gardiens agressant physiquement des détenus en les battant et en les traînant avec des chaînes d'étranglement.»

Ces tactiques ont été décrites plus en détail par le major général Antonio Taguba, chargé d'enquêter sur les événements survenus à Abou Ghraib.

En mai 2004, Taguba a été convoqué à une réunion avec Rumsfeld, Wolfowitz, Cambone et d'autres fonctionnaires du ministère de la Défense, qui ont tous avoué ignorer ce qui s'était passé à Abou Ghraib.

Taguba a déclaré : «J'ai décrit un détenu nu allongé sur le sol mouillé, menotté, avec un interrogateur qui lui enfonçait des objets dans le rectum, et j'ai dit : 'Ce n'est pas de la maltraitance, c'est de la torture'. Le silence s'est fait».

Taguba a déclaré ailleurs qu'il avait vu «une vidéo d'un soldat américain en uniforme sodomisant une détenue» ainsi que "des photographies d'hommes arabes portant des culottes de femmes». C'est ce qu'il explique :

«D'après ce que je savais, les soldats ne prennent pas l'initiative de faire ce qu'ils ont fait sans que la hiérarchie en soit informée.»

Mais Taguba n'a été autorisé à enquêter que sur la police militaire, et non sur la brigade de renseignement militaire qui contrôlait la prison après le mois de novembre, ni sur aucun responsable supérieur supervisant le renseignement militaire, comme Cambone, ni sur d'autres hauts responsables du ministère de la Défense ayant des liens étroits avec Israël, notamment Rumsfeld et Wolfowitz.

«Ces troupes de la police militaire n'étaient pas si créatives... Quelqu'un leur donnait des directives, mais la loi m'empêchait d'enquêter plus avant sur les autorités supérieures.»

La plus célèbre des photos de torture montre un Irakien, Saad, debout sur une boîte, vêtu d'une couverture noire et d'une cagoule, avec des fils électriques attachés à ses mains, à ses pieds et à son pénis.

Le site 1391

Mais les techniques de torture «créatives» axées sur l'humiliation sexuelle et le viol ont une origine très claire.

Les interrogateurs israéliens enseignaient aux entrepreneurs et aux députés américains des techniques de torture qu'Israël utilise depuis longtemps contre les Palestiniens et autres Arabes.

En novembre 2003, alors que Cambone louait Israël pour son aide en Irak, The Guardian publiait un rapport détaillant les tortures auxquelles Israël soumettait les prisonniers dans une prison secrète connue sous le nom de «Facility 1391».

«J'étais pieds nus et en pyjama lorsqu'ils m'ont arrêté, et il faisait très froid», raconte Sameer Jadala, chauffeur de bus scolaire palestinien. «Lorsque je suis arrivé, ils m'ont demandé de me déshabiller et m'ont donné un uniforme bleu. Puis ils m'ont donné un sac noir» pour la tête.

D'autres anciens prisonniers du site 1391 ont décrit comment ils ont été déshabillés pour être interrogés, ont eu les yeux bandés, ont été menottés et menacés de viol.

Le rapport du Guardian explique en détail comment la torture a été pratiquée dans ce centre pendant des décennies. Les premiers prisonniers du centre étaient des Libanais enlevés par les forces israéliennes au cours de leur occupation du Sud-Liban durant 18 ans à partir de 1982.

Le cheikh Abd al-Karim Obeid, chef spirituel du groupe de résistance libanais Hezbollah, a été enlevé en 1989 et emmené au centre 1391. Obeid avait participé à des opérations de guérilla visant à expulser les forces israéliennes qui occupaient le pays. Il a été enlevé à son domicile dans le village de Jibchit, dans le sud du Liban, par des commandos israéliens arrivés par hélicoptère.

Au cours du raid visant à s'emparer d'Obeid, les forces israéliennes ont également enlevé un jeune homme, Hashem Fahaf, qui rendait visite au cheikh pour obtenir des conseils religieux. Fahaf n'a jamais été accusé d'un crime, mais il a été détenu dans des prisons israéliennes, dont le site 1391, pendant les onze années qui ont suivi.

Israël a détenu Fahaf et 18 autres Libanais comme otages, ou comme monnaie d'échange, pour obtenir le retour de l'aviateur israélien Ron Arad, dont l'avion s'est écrasé au Liban alors qu'il bombardait des cibles de l'OLP.

Haaretz rapporte qu'un colonel de réserve de l'unité 504, connu sous le nom de "Het», a raconté comment un interrogateur de l'installation «a déshabillé un suspect et l'a forcé à boire du thé ou du café dans un cendrier rempli de cendres de cigarettes, puis a introduit la crème à raser ou le dentifrice dans la bouche du suspect».

Het se souvient d'un autre cas où l'interrogateur, connu sous le nom de «Major George», a introduit «une matraque dans le rectum d'un suspect et lui a demandé de s'asseoir sur la matraque à moins qu'il ne veuille parler».

Plutôt que de poursuivre le major George, les autorités israéliennes ont ouvert une procédure pénale contre Het pour avoir révélé les tortures pratiquées dans l'installation 1391.

Diviser l'Irak pour servir les intérêts d'Israël

La colère suscitée par les révélations d'Abou Ghraib est largement considérée comme ayant alimenté l'insurrection irakienne visant à expulser les forces américaines. L'insurrection elle-même a commencé après que les mêmes conservateurs pro-israéliens de l'administration Bush ont pris la décision fatidique de dissoudre l'armée irakienne.

Cette bévue a laissé sans emploi des centaines de milliers de militaires qualifiés, dont beaucoup ont ensuite rejoint les rangs de l'insurrection. Grâce à leur connaissance intime des armes et des tactiques de l'armée irakienne, ces anciens soldats sont devenus de redoutables adversaires dans la campagne contre les forces d'occupation américaines.

La violence a rapidement échappé à tout contrôle et s'est transformée en une guerre civile sectaire, divisant les populations sunnites, chiites et kurdes de l'Irak. Des centaines de milliers d'Irakiens ont été tués alors que le pays était déchiré.

Wired a souligné des années plus tard que, bien qu'un consensus ait fini par se dégager au sein de l'establishment de la défense américaine sur le fait que «le choix d'envahir l'Irak était irréfléchi et que le plan initial pour stabiliser le pays était bien pire», Stephen Cambone avait un autre point de vue.

Pour l'ancien chef des services de renseignement de Donald Rumsfeld, la guerre en Irak et le chaos qu'elle a engendré constituent «l'une des grandes décisions stratégiques de la première moitié du XXIe siècle, si elle ne s'avère pas être la plus grande».

Aux yeux des néoconservateurs sionistes, le coût en vies et souffrances humaines était un sacrifice nécessaire pour atteindre leurs objectifs de longue date en Asie occidentale. Les artisans de la guerre d'Irak, notamment Cambone, Rumsfeld, Feith et Wolfowitz, considéraient la dévastation qu'ils ont engendrée comme un moyen d'arriver à leurs fins : neutraliser les menaces potentielles pour Israël.

Pourtant, il est clair, à la lumière des actions entreprises par la Résistance islamique en Irak, que leurs grands projets ont finalement échoué.

source : The Cradle via Spirit of Free Speech

https://reseauinternational.net/tel-aviv-sur-la-piste-de-la-torture-ou-le-role-disrael-dans-le-scandale-dabou-ghraib/
#30
L'actualité, les media / Les gourous de la désinformati...
Last post by JacquesL - 10 Mars 2024, 06:48:30 PM
Les gourous de la désinformation nous présentent : Le monde à l'envers

 

par Serge Charbonneau

Attention ! Attention !
«Dérives sectaires !» 

Les dirigeants français ne reculant devant rien pour protéger la population française contre les gourous malicieux pouvant engendrer des «dérives sectaires», mettent en place une loi salutaire ! 

En effet, les députés français réintroduisent un article clé dans leur projet de loi 4 contre la «provocation à l'abandon de soins» !1

Prenez le temps de redire à haute voix que cette loi est contre :

«LA PROVOCATION À L'ABANDON DE SOINS !» 

• «Un délit de provocation à l'abandon de soins»


• «Un projet de loi crée un délit de provocation à l'abandon de soins»


• «Vers un délit de «provocation à l'abandon de soins»


Le projet de loi du gouvernement servant à lutter contre «les dérives sectaires» a été récemment présenté à l'Assemblée nationale française. Le but du brave gouvernement français est de renforcer les sanctions possibles contre les nouveaux gourous.

Quiconque expose la population à un risque grave pour sa santé en mettant en doute la science (sic) gouvernementale mondiale pourra être passible d'une année de prison et de 15 000 euros d'amende.  

Finis les discours où le doute subsiste !


Le doute ne sera plus permis.

Tous les scientifiques devront tenir un discours ne suscitant aucun doute.

Exactement comme l'exercent, depuis déjà quelques années, tous ces valeureux médecins de plateaux. 

Nous assistons donc à un virement majeur en science !

Jadis le doute était l'un des éléments importants en recherche scientifique.

Le doute était aussi, avant l'avènement de la propagande, l'un des guides éthiques en journalisme.2  

Nous assistons donc à la consécration des valeureux médecins de plateaux.

Ces fantassins de la pensée exempte de doute. Ces gens qu'on présente comme étant des «Spécialistes» et qui nous livrent avec assurance et fermeté «LA» «Vérité». 

Le doute est pourtant l'une des caractéristiques des cerveaux en fonction. Une personne qui doute est une personne qui démontre par le fait même de son doute que son cerveau réfléchit, analyse, remet en question, bref que son cerveau «pense».

Le doute est en fait la preuve que nous pensons. Un cerveau qui ne doute pas est un cerveau éteint. Un gouvernement qui sévit contre les gens qui doutent est un gouvernement totalitaire qui veut avoir des sujets ayant le cerveau éteint. Et quoi de plus merveilleux pour un système fasciste que des sujets ayant le cerveau hors fonction ! 

Le gouvernement français, et sans doute d'autres gouvernements suivront, légifère donc pour mettre à l'abri ces désinformateurs de métiers, mieux connus sous l'appellation «médecins de plateau». 

La guerre de l'information sévit de façon flagrante depuis des années et ne semble pas s'affaiblir. Les désinformateurs possédant et contrôlant les grands moyens de diffusion et ayant des ressources financières inépuisables combattent sur tous les fronts. Leurs attaques sont constantes. Ces manipulateurs de l'opinion publique savent aussi comment protéger leurs fidèles soldats livrant leur désinformation, c'est-à-dire, leurs médecins de plateau.



Au Québec le plus illustre des médecins de plateau est François Marquis, spécialiste des soins intensifs de l'hôpital Maisonneuve-Rosemont de Montréal.  

Ce médecin a fait, avec ferveur, la promotion de cette injection expérimentale qui nous fut présentée comme étant un vaccin. Cet individu s'est présenté comme étant un spécialiste ! On peut sérieusement mettre en doute ses connaissances en virologie et en immunologie.  


En vantant les faux mérites de cette injection expérimentale, le Dr Marquis a bafoué le premier article du code de déontologie médical disant «Primum non nocere». Cette locution latine qui signifie : «en premier, ne pas nuire» ou «d'abord, ne pas faire de mal». C'est le premier principe de prudence appris aux étudiants en médecine : ne pas nuire à ses patients.      

On constate qu'avec les récentes données des effets secondaires graves qui découlent de l'injection expérimentale, ce médecin de plateau qui travaillait à convaincre les citoyens à se faire injecter cet élixir mettait en danger la santé des gens. Le Dr Marquis doit donc être poursuivi pour manquement élémentaire à son devoir déontologique. 

Cette injection était nocive. La réalité remet les pendules à l'heure. Des études établissent les méfaits de ce produit expérimental. Récemment on pouvait lire : «Il existe bien un lien entre troubles menstruels et vaccins anti-Covid, selon une étude». Une étude française met en évidence un risque de troubles menstruels augmenté, une augmentation de 20% du risque de saignements menstruels abondants ayant nécessité une prise en charge à l'hôpital pendant 1 à 3 mois. 

Il est aussi établi que «Les vaccins n'empêchent pas l'infection par le virus du Covid-19 et ne limitent donc pas sa transmission». 
L'Agence européenne des médicaments (EMA) rapporte (à la page 7 du rapport) que les vaccins contre la COVID-19 ont eu, dans l'Union européenne, une issue fatale pour 11 448 personnes,



  • 8368 pour le vaccin Pfizer BioNTech (soit 1345 décès de plus en 2022).
  • 1579 pour le vaccin d'AstraZeneca.
  • 1161 pour le vaccin Moderna.
  • 339 pour le vaccin Janssen.
  • 1 pour le Nuvaxovid.
  • 0 pour le vaccin traditionnel inactivé Valneva. 
• «Agence européenne du médicament [EMA] : 11 448 décès dus aux «vaccins COVID»»

L'Agence fait état d'un total de 11 448 décès provoqués par les «vaccins COVID» qui lui ont été signalés et qui sont repris dans la base statistique EudraVigilance dans son dernier rapport de situation le 8 décembre 2022. 

En novembre 2023, lors d'une conférence de presse, le député européen néerlandais Marcel de Graaff dénonce les mensonges des gouvernements et des médecins de plateau. Il explique avoir écrit à l'EMA, l'agence du médicament européenne, pour lui demander «de retirer l'autorisation de mise sur le marché des vaccins Covid». Il ajoute, à 3'40 du début, que «à quelques exceptions près, personne de moins de 60 ans n'aurait dû être vacciné». 

La réalité montre que faire la promotion de cette injection expérimentale mettait clairement en danger la vie des gens. Le Dr Marquis a donc commis une faute grave en mettant ainsi en danger de mort tous ces gens qui l'écoutaient. En sa qualité de médecin, son devoir était non pas de faire la promotion d'un produit expérimental dangereux, mais plutôt d'informer la population sur les dangers de cette injection.  

Le Dr Marquis a-t-il agi ainsi par incompétence ou par cupidité ? Un procès sérieux avec un véritable juge honnête devrait pouvoir éclaircir cette question, mais peu importe la raison, des sanctions sérieuses devraient être prises contre ce médecin voué à la propagande vaccinale. 

Cependant à l'instar de la France avec son article 43 et au Royaume-Uni4 ainsi que dans plusieurs autres Pays5 où l'on légifère contre une supposée «désinformation», les dirigeants au service d'une oligarchie mondiale qui cherchent à bâillonner les peuples passe des lois pour protéger le mensonge et faire taire les lanceurs d'alertes.  

Ces gouvernements de plus en plus tyranniques cherchent à protéger leurs soldats de la désinformation. Il est à prévoir que le gouvernement québécois risque grandement d'emboîter le pas au gouvernement français6 et tous les prétextes peuvent servir pour produire une loi du type contre «LA PROVOCATION À L'ABANDON DE SOINS !». On peut utiliser le prétexte du danger de l'IA (intelligence (sic) artificielle ou de la «désinformation» (sic) ! Les trouvailles de l'institut McKinsey défient souvent l'imagination ! 

Ainsi toute personne voulant poursuivre «le bon» (sic) docteur Marquis pourrait alors voir le scénario s'inverser et se retrouver elle-même accusée de provoquer le refus de l'injection expérimentale et donc d'inciter à la provocation à l'abandon de soins 

Il faut être conscient que le pouvoir tente de mettre en place une dictature médicale.7 

Pour avoir une idée de ce qu'est la désinformation et comment on nous la présente comme étant la Vérité, écoutez Olivier Véran nous en faire la démonstration.8 

Qui donc désinforme MAGISTRALEMENT ?

Voici une analyse des propos d'Olivier Véreux.

Prenez aussi le temps d'écouter celui qu'on présente comme étant un gourou9. Il nous explique que «La science, c'est la négociation entre le ministère et l'industrie pharmaceutique».


https://reseauinternational.net/les-gourous-de-la-desinformation-nous-presentent-le-monde-a-lenvers/